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L'ANNÉE
GÉOGRAPHIQUE
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PUBLICATIONS DU MÊME AUTEUR
POUR PARAITRE EN 1873, A LA LIBRAIRIE HACHETTE
Dlettoniialre anlTersel de géographie modeme, contenant,
sur un plan entièrement neuf;, la description de toutes les contrées et
de tous les peuples^ et la nomenclature de toutes les localités notables
du globe, d'après les documents officiels, les relations anciennes et
récentes, et tous les travaux modernes de topographie, d'ethnogra-
phie, d'archéologie, etc.; à l'usage du commerce, de l'industrie, des
publicistes, et de toutes les études historiques, économiques et na-
turelles. Deux volumes à 2 colonnes, format gr. in-octavo Jésus, de
plus de 2000 pages chacun.
L'ouvrage sera publié en fascicules de 16 feuilles (320 pages).
Atlas Universel de Géographie moderne, ancienne et du moyen
âge, en 95 feuilles, format grand-jésus (55 centim. sur 66), gravé sur
cuivre par les meilleurs artistes, avec un texte analytique et critique.
Sera publié par livraisons de 3 à 4 cartes.
Atlas Manuel de géographie classique, ancienne et moderne, à Tu-
sage des collèges, des écoles secondaires et spéciales, du commerce
et des gens du monde. 100 feuilles grades sur cuivre, forniat raisin
(45 centim. sur 55). \
Sera publié par fascicules à l'asage dés classes, conformément aux
programmes.
Histoire de la Géographie; un gros volume in-S** accompagné d'un
atlas historique spécial de 11 cartes.
En juillet ou août.
Typographie Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.
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L'ANNÉE
GÉOGRAPHIQUE
REVUE ANNUELLE
ÛES VOYAGES DE TERRE ET DE MER
DES EXPLORATIONS, MISSIONS, RELATIONS ET PUBLICATIONS DIVERSES
RELATIVES AUX SCIENCES GÉOGRAPHIQUES ET ETHNOGRAPHIQUES
M. :pVIEN DE SAINT-MARTIN
Président honoraire de la Société de géographie
Membre correspondant de TÂcadémie royale de Berlin
des Sociétés géographiques de Saint-Pétersbourg, de Berlin, de Vienne, de Darnittadt
(le Dresde, de Genève, de Rio de Janeiro, de Leipzig, de New» York
Membre correspondant de la Société des Antiquaires de l'Ouest
de la Société d'émulation du Uonbs, etc., etc.
Chevalier de la é^ion d'bonnvnr
ONZIÈME ANNÉE (1872)
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET C"
BOULEVARD SAINT-GERHAIN, 79
1873
Droits d« propriété et de traduction réservés
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^
'iH'^0/
JUL e 1883 ^
r
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Voici le dixième volume de notre Année Géographique,
volume qui serait le onzième si les lugubres événe-
ments de 1870 n'y avaient apporté une interruption
forcée* Après cette période déjà longue, j'éprouve le
besoin de remercier ici publiquement tous ceux — et
le nombre en est très-grand, je puis le dire — dont j'ai
reçu la bienveillante approbation. Même en un temps
d'indifférence trop générale, les encouragements n'ont
pas manqué à cette œuvre modeste, poursuivie à tra-
vers d'autres travaux considérables dont la publication
est maintenant prochaine. Aujourd'hui qu'une heu-
reuse réaction se manifeste dans les dispositions gé-
nérales, et que le Gouvernement lui-même se montre
disposé à seconder un mouvement de rénovation si
longtemps attendu, je n'en poursuivrai ma tâche qu'a-
vec plus de cœur, A'ayant d'autre but que d'être utile
et d'apporter ma part à l'œuvre commune.
10 mars 1873.
l'an, géogr. XI. a
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TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
NOTE «DPPUÉKENTAJBB , XV-XXXII
AFRIQUE.
Pages.
I. Afrique tropicale da Sud. Livingstone 1
Bibliographie Ibid,
§ 1. Les courses et les itinéraires de Liringstone dans
la région du Tanganîka, depuis le commencement de
Texpédition actuelle en 1866. Aperçu rétrospectif.... 2
§ 2. Expédition organisée à Londres au commencement
de 1872, pour aller à la recherche de Livingstone. . • . 9
§ 3. Un coup d'audace du journalisme américain. Lere-
porter H. Stanley. Sa mission, son voyage, son re-
tour, ses récits 10
g 4. M. Stanley près de Livingstone. Leur excursion jus-
qu'à rextrémite nord du Tauganîka. Le grand lao et
son écoulement : une question réglée 13
$ 5. Informations transmises par le D* Livingstone lui-
même. Le système hydrographique de la région du
Tanganîka 16
S 6. Informations transmises par Livingstone. Suite.
Quelques notes ethnographiques 19
II. Afrique tropicale du Nord. Schweiofurth 2l
Bibliographie Z^t<ï.
III. Les autres explorations du haut Nil 28
§ 1. Excursion de M. Ern. Marno en 1871 dans la vallée
du Bahr-el-Azrek , . Ibid.
S 2. Sir Samuel Baker , 29
§ 3. M. de Bizemont. La longitude de Khartoum. Re-
marques 30
§ 4. Nouvelles lignes d'exploration à ouvrir dans l'A-
frique équatoriale 31
S 5. Expéditions projetées 33
IV. Nubie et Abyssinie 35
Bibliographie., Ihid,
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VIII TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
§ 1. M. MunziDger et ses explorations 35
§ 2. La reconstitution politique de rAbyssinie 37
y. Afrique australe 38
Bibliographie Ibid,
§ 1. Le capitaine Miles sur le pays des Somâl 40
§ 2. Suite des explorations de M. Garl Mauch, entre le
pays Transvaal et la Zambézi 42
§ 3. Coup d*œil rétrospectif sur les anciens voyages des
Portugais dans l'Afrique méridionale. Les ruines de
Zimbâoué 44
§ 4. Notes sur le Transvaal 47
VI. Madagascar / 48
Bibliographie Ibid.
VII. Afrique occidentale. Le Congo. L'Ogovaï. Le Gabon 52
L'Ogovaï 53
VIII. Afrique occidentale. Suite. La Guinée 59
Bibliographie Ibid.
IX. Région Nord-Ouest de l'Afrique. Le Maroc 60
Bibliographie Ibid.
L'expédition du Oued-Ghir 61
X. Algérie 64
Bibliographie Ibid.
§ 1. La nouvelle carte topographique de l'Algérie 65
§ 2. Les études scientifiques en Algérie 72
S 3. Hypsométrie algérienne 75
XI. Tunisie 78
Bibliographie Ibid.
XIÏ. Sahara Ibid,
Bibliographie Ibid,
XIII. Egypte 79
Bibliographie Ibid,
Sur les changements qu'éprouve la côte du Delta 80
ASIE.
I. Syrie, Palestine et Sinaï 83
Bibliographie ' Ibid.
§ 1. Les travaux de la Commission anglaise de la Pales-
tine. Géodésie. Archéologie ... . 85
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TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES. IX
§ 2. Une excursion archéologique à l'est de la Mer Morte. 88
§ 3. Les travaux des ingénieurs français en Palestine. . 90
§ 4. Un des anciens sites de ]a Palestine retrouve 92
II. Arabie 94
Bibliographie Ihid,
§ 1. État phvsique, géographique et politique de Tangle
sud-ouest de l'Arabie, d'après les informations réunies
par M. de Maltzan 97
§ 2. Expédition archéologique de M. Jos. Halévy. Im-
mense récolte épigraphique. Reconnaissance d'un pays
inexploré 101
m. Anatolie 113
Bibliographie Ihid,
§ 1. M. G. Perrot et son ouvrage monumental sur l'an-
cienne Galatie Ibid,
§ 2. Le site de Troie. M. Schliemann et ses fouilles 117
IV. Caucase. Arménie. — Kurdistan 118
Bibliographie , '. - Ihid.
V. Perse 119
Bibliographie Ihid,
§ 1. Reconnaissance de la frontière E. et S. E. de la Perse
par des officiers anglais du corps du génie Ihid
§ 2. Quelques notes de géographie ancienne 122
Vï. Inde 123
Bibliographie Ihid.
§ 1. Étude adûiinistrative des territoires de l'Inde an-
glaise. Le district de Ghazipoûr 128
S 2. Étude historique et économique du Bengale. Le livre
de M. Hunter 131
§ 3. Le livre du capitaine Forsyth sur le haut pays de
l'Iode Centrale 135
§ 4. Les castes de l'Inde, leur origine et leur distribu-
tion. Le livre de M. Esquer 137
§ 5. Le passé et l'avenir de la domination anglaise dans
l'Inde. Le livre de M. Torrens 142
YII. Tibet..... 148
Bibliographie Ihid.
Les lettres de M. l'abbé Desgodins Ihid.
VIII. Le Turkestan. Turkestan indépendant. Yarkand. Kach-
gar, etc 149
Bibliographie Ihid,
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X TABLE' ANALYTIQOE DES MATIÈRES.
Les explorations anglaises de lat haute' région du NDEd-
OaestddFInde., *...,. ^ .. 152
§ 1. Le Hlna.,... f...« ^^.. *..*... Ibid.
g 2- Le Havildar * . 1 55
IX. Turkestan (suite) . — Turkestan russe • . . ►, .^ . . / 1 57
Bibliograp^hie. ^. . ^ Ibid,
§ 1. Les parties inexplorées ou peu connues du Turkes-
tan russe. Notes de M. Fedchenko. . . 159
§ 2. La passe principale du Thian-Chan. Première re-
connaissance russe 161
§ 3. L'ancien lit de l'Oxus 163
X. Asie russe (suite). Sibérie. Territoire de rAmoûr^ou Mand-
chourie russe 164
Bibliographie ,^^., . . Ibid.
XI. Mongolie. Corée.. • ^....^ 166
Bibliographie • « . . • ,... Ibid»
§ 1. Excursions dans le Nord de la Chine et le Sod-Ouest
de la Mongolie. M. Tabbé David 167
S 2. Le pays d'Ourato Ibid.
§ 3. Une traversée de la Mongolie orientale. Le relief du
Plateau. M. Przevalski 170
XIL Chine 175
Bibliographie Ibid,
Notes diverses sur la Chine. M. Tabbé David • 1 76
XIII. lado-Ghine; Gochiiiohiaft fraoçaisâ. ••.... .i^ 1 82
Bibliographie. ,,,, Ibid.
§ 1. Quelques notes sur la Coehinofaine' française. Le
présent et Parvenir de la oolonie . ^ ........ .^ 185
S 2. Un spécimen de la race bliBoho» de Textréme Asie. 187
XIV. Le Japon ^ 189
Bibliographie , .«. ..... •*.■. Ibid,
S 1. Le mouremeiiJb social au Japon. L'influence, des
races. Japonais et Chinois. Ibid,
g 2. Détails fournis par les correspondances I9ût
% 3. Ëtit actuel du Japon. Aperçu administntifi^. moiad^
industriel et financier..... ..«. ....• 193
§ 4. Yéio.etlesAInoB , 198.
XV. Grand Archipel Asiatique. 199
Bibliographie Ibid.
y Google
TABLB ANALYTIQUE DBS MATIÈRES. XI
OCÉANIB.
I. Généralités 201
Bibliographie Ibid.
IL Australie K 202
Bil)Uogf aphie Ibid.
§ 1. filiidé» sur la race a!)origène de rAustralle. Neu-
mayer. Beckler. Topinard 204
§ 2. Vesliges de l'expédition de Leichhardt 205
in. Mélanésie. — Nouyelle*Guinée. NoaTelIe-Calédonie, etc.
Nouvelle Zélande ^ «. 207
Bibliographie •.».«.••••»*.... Ibid,
L'île desPins.. *•• 208
Opérations géodésiques à la Nouvelle-Zélande ••«••• 2U
lYé Polynésie. — Région Antarctique • 212
Bibliographie « p Ibid,
AMÉRIQUE DU SUD.
I, Pérou 213
Bibliographie. • . .». ^. • Ibid
Explorations hydrographiques dans le Pérou 214
II. Chili. République Argentine. — Patagonie. Um^oay. Para-
guay 216
Bibliographie ....•.«•..... Ibid,
iffv Brésil 218
BfiHîOifttipliie : Ibid.
§ 1, Les publications géographiques sur le Brésil 220 .
§ 2. Lacartogra^hie duBrésil. 222
IV. VénézQéla et Colombie — Guyanes 225
0flbfâogi«^hM^ «.«..r.... «... Ibid,
§ 1. Une exploration dans lâ Gùysne anglaise 226
S' 2. LesArayaks 227
V* Antilles ,. 230
Bibliographie Ibid,
AMÉRIQUE; BC NORD.
Iw. Amérique Centrale ....•...•• 233
li*, Mexique *-... 234
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XII TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
m. États-Unis 234
Bibliographie , Ibid,
Développements 240
§ 1. Les études sur la géographie physique des terri-
toires de l'Union américaine Ibid,
§ 2. Les travaux géodésiques dans la région de l'Ouest. 246
§ 3. La région du Far West. Suite. La Californie. Géo-
désie. £tat politique et social 253
.§ 4. Le dernier recensement des États-Unis 258
§ 5. Les Indiens 260
§ 6. Notes archéologiques 264
§7. Sociétés savantes et Associations scientifiques 269
. S 8. L'Alaska. 274
IV. Confédération du Canada pominion) 276
Bibliographie Ibid.
La grande ligne de chemin de fer du Canada 278
La ligne de démarcation anglo-américaine dans le détroit
de Fuca. Quelques détails. La sentence arbitrale de Pem-
pereur Guillaume 280
RÉGION ARCTIQUE.
Bibliographie 285
Les études et les expéditions polaires. Résultats de 1872.
Campagne de 1 873 290
§ 1. Vue générale Ibid.
$ 2. L'expédition autrichienne des lieutenants Weyprecht
et Payer. 291
S 3. L'expédition de M. Octave Pavy 295
§ 4. Expédition américaine. Le capitaine Hall 297
§ 5. L'expédition suédoise dans les mers du Spitzberg.
M. Nordenskjôld. — Courses diverses dans les mômes
eaux. M. de Heuglin. M. Smith. Les baleiniers. , 299
§ 6. Résultats géographiques 302
§ 7. Projet anglais d'une nouvelle expédition arctique.. 303
§ 8. Ëtude sur le Gulf Stream 306
EUROPE.
I. Russie 311
Bibliographie Ibid.
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TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. XIII
Un mot sur la géographie militaire de la Russie 313
II. Turquie d'Europe. Principautés 316
Bibliographie Ihid.
§ 1. Ouverture des chemins de fer dans la Turquie d'Eu-
rope. Ëtudes orographiques. M. de Hochstetter. M. Ka-
nitz 318
§ 2. L'Albanie 323
III. Grèce 330
Recensement du royaume de Grèce en 1870 Ibid,
IV. Autriche '. 383
Bibliographie i&td.
y. Allemagne. Empire 335
Bibliographie Ihid,
L'île Helgoland 336
A propos de l'Allemagne. De l'impassibilité philosophique
en histoire 337
VI. Royaume de Prusse. Empire d'Allemagne 340
Bibliographie Ibid,
VIL Pays-Bas. — Belgique. — Suisse 341
Bibliographie Ibid»
Vin. Italie 343
Bibliographie Ihid,
IX. Espagne. — Portugal 344
Bibliographie Ibid.
Quelques données sur l'origine des Basques 345
X. Grande-Bretagne. — Angleterre. Ecosse. Irlande 347
Bibliographie Ibid,
XI. France 348
Bibliographie Ibid,
§ 1. Généralités Ibid.
§ 2. Géographie physique. Frontières. 349
Sur l'hydrographie et le régime de la Seine 349
§ 3. Géographie économique. Statistique territoriale. ... 352
Mines . . 356
Population 358
§ 4. Becensement de 1872 359
§ 5. Bibliographie départementale * 371
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XIV TÂBi.£ ANALYTIQUE DES MATIÈRES*
Les DictioDuaires topograpbiqiaos de la France^. • «. 382
Sur r Histoire de Paris entreprise sous l'admiiiistration d»
M. Haussmann 385
S 6. Géographie historique. Gaule. Moyen âge 387
S 7» Colonie* ,,.v.. ,..,.. 391
GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE.
ETHNOLOGIE.
I. Traités généraux. Géographie mathématique et physique. . 393
Bibliographie Ihid.
§ 1. Traités généraux Ibid,
§ 2. Géographie astronomique..' ....••...•.., 394
§3. Géographie mathématique .....•.•. 396
§ 4. Géographie physique 403
§ 5 . Hydrographie. Géographie sous-marine •«•....-... 404
n. Géographie historiqwa, ..•.,.... ., 415
§ 1. Géographie classique .,.,., ..«...*,•, Ibid,
§2- Moyen âge -..* .....^. 418
§ 3. Sociétés géographiques ^.,.... .*. 419
S 4. Journaux géographiques..,, 421
ni. Etude. Enseignement géographique .«.«.... « • . 423
Bibliographie .-v* « 423
§ 1 . Sur renseignement géographique « . . . . 424
S 2. Le Collège; de France et U cham é& géegrapiiâe., • 430
§ 3. Graade eaf te de P£ttt-*Mit^ et ses s^ioatioas*. . . 433
m Ethnographie....' .,.* 436
Bibliographie. IhidL
Ni<aoLOGiE. — Appum. — Babinet. — Black.. — B^tning^ — ■
Ghapman. — Ghesney. — Daumas. — EUis. — Geistaecker. —
Ivachïnsoff. -^ King. — Krolczyk. — Kutzner. — MalleviUe. —
Maklay-Miklûwka. — Mirrkham'. — Mànrer. -^ MoTlien. —
Oersted. — Paravef. — Partlïeyt — Pat Sokian. -««Poiain. —
t. — > Rougô^ — Scoaier. — Smith. -- SomerviUe.
Voiliez. — Waddington. — • Welwitsch. — Wood 443
Table alphabétique des noms de voyageurs et d'auteurs . • 457
Table alphabétique des noms de paya et localités 463
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NOTE SUPPLÉMENTAIRE
Plusieurs oavrages importante, parns dans le cours de
rimpression du prése&t volume, me sont parvenus trop
tard pour que j'aie pu les menliomier à la place qui leur
appartient. Je regrette de n'avoir pu parler en son lieu de
la reprise des Monuments de V Egypte de Ghampollion,
œuvre glorieuse, dont le fondateur de la science égyptolo**
gique avait réuni les àiatériauz, qu'il ne lui fut pas donné
de mettre en œuvre* J'aurais voulu mentionner la Revue
annuelle que M« Garcin de Tassy, le savant professeur,
consacra k la littérature hîndoustanie^, travail particulière*
ment important en ce qu'il nous fait assâater au double
mouvement qui se manifeste aujourd'hui dans l'Inde : d'un
c6té» les tentatives anglaise» de r^éneration de la société
brahmanique par l'éducatic»! européenne ; d'un autre côté,
la réaetion ransulmsne contre la prépondérance morale et
matérielle des maîtresi actuels de la Péninsule. J'aurais,
eu à parler aussi do second volume que M. Âmédée Tar-
dieu vient, d* donner de sa tjadoctian de Strabou (le pre**
môer volame a. para, en l&d7), travail diffidle auquel le
savant traducteur apporte une application consciencieuse,
et qui prendra rang parmi les plus considérables que notre
époque ait entrepris sur la géographie des temps classi-
ques, surtout si JV£« Tardieu, âpre» la troisième volume •
qui terminera l'intefTprétation du texiev y ajoute le complet*
ment dont il nourrit le dessein,, je veux dire jsh commen-
taire critique aor l'ienvre. du géographe d'Amasée. Nul.
I. la IsBgve eila Utiéaratur«^ifldttiutadie»efi.l8T3>,nvuAaB2iuelle;;
Paris, 1873, 109 pages.
Digitized by VjOOQIC
XVI NOTE SUPPLÉMENTAIRE.
auteur ancien plus que Strabon n'appelle iin pareil commen-
laire, qui devra remuer l'antiquité tout entière, dans son
histoire, sa philosophie, sa science, ses rapports politiques
et commerciaux, non moins que dans le développement
des notions et des doctrines géographiques. C'est l'œuvre
d'une vie, d'une vie laborieuse et soutenue. Je ne me per-
mettrai pas d'apprécier le livre en tant que traduction,
sachant d'ailleurs que les juges spécialement compétents
en portent le jugement lé plus favorable ; je puis dire seu-
lement que par l'allure libre et franche d'un style toujours
pur, le travail de M. Tardieu prend tout à fait le caractère
d'une œuvre originale.
II est surtout un ouvrage qui parait en ce moment, et
qui ne saurait être ajourné à notre prochain volume : c'est
le grand ouvrage de la commission du Mékong ^ Cette
œuvre monumentale est la grande publication de Tannée,
et une des plus importantes de notre temps. Elle jette un
jour tout nouveau sur la géographie, l'histoire, les anti-
quités et l'ethnographie de Tlndo-Chine orientale, c'est-à-
dire sur de vastes contrées qui étaient jusqu'alors au
nombre des moins connues de l'Asie.
Pour la science comme pour les intérêts du commerce
et de la politique, notre présence en Cochinchine devait
avoir de prompts résultats. C'est en 1859, comme on sait,
1. Voyage d'exploration en Indo-Chine, effectué pendant les années
1866; 67 et 68, par une Commission française présidée par M. le capi-
taine de frégate Doudart de Lagrée, et publié par les ordres du minis-
tre de 4a Marine, sous la direction de M. le lieutenant de vaisseau
Francis Gamier, avec le concours de M. Delaporte^ lieutenant de
vaisseau, et de MM. Joubert et Thorelj médecins de la Marine, mem-
bres de la Commission. Ouvrage illustré de 250 gravures sur bois, d'a-
près les croquis de M. Delaporte, et accompagné d'un atlas. Paris,
1873, 2 vol. grand in-4*' avec un atlas grand in-folio de 22 cartes et
plans, et un album (même format) de 48 planches, vues, types ethno-
graphiques, etc. 200 fr. (Hachette).
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NOTE SUPPLEMENTAIRE. XVII
que le drapeau français flotta sur les remparts de Saïgou,
et qu'à la suite d'une campagne vigoureuse provoquée par
les persécutions barbares dont nos missionnaires étaient .
victimes, un traité dicté par le chef de nos escadres fit pas-
ser sous notre domination trois des six provinces de la
Basse-Gochinchine ^ Les trois autres provinces ont été
ajoutées plus tard à notre colonie. Â peine établis dans
notre nouvelle possession, le premier soin de nos officiers
fut d'en lever la carte. Le Mé-kong, qui y débouche, y
forme un vaste delta coupé d'un nombre infini de branches
et de canaux : on en fit une reconnaissance complète. Dès
1862, on avait remonté le fleuve jusqu'au cœur duEam-
bodj, royaume autrefois important, aujourd'hui très-réduit,
qui s'interpose entre Siam et la zone Annamite et qui
couvre au nord notre propre territoire ; là nos premiers
explorateurs virent les ruines du sanctuaire d'Ângkor
situées vers l'extrémité septentrionale d'un grand lac lui-
^ même fort remarquable par la singularité de son régime
périodique. Ângkor, déjà visité quelque temps auparavant
parMouhot, est un desplusbeauxetdespluscurieuxmonu-
ments, sinon le plus curieux, le plus grandiose et le plus
beau, dont la propagation du bouddhisme a autrefois cou-
vert rindo-Ghine. Dès cette époque, la pensée de plus
vastes explorations assiégea l'esprit de nos officiers ; l'un
d'eux, M. Francis âarnier, celui-là même à qui devait
être confiée plus tapd la tâche honorable de diriger la
belle publication que nous avons sous les yeux, appelait
dès lors, sur ce sujet la sérieuse attention du gouverne-
ment. Le ministère de la marine était alors occupé par
M. le marquis de Ghasseloup-Laubat. Le ministre accepta
d'autant plus volontiers les vues qui lui étaient soumises,
que dans sa propre pensée la France avait un grand rôle
1. Voir le tome III de V Année Géographique, 1864, 191 et suiv.
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XVIII MOTO «ÔFPL'éMENTiiaB.
à prencbe daaf ees parties «exUiëfiaetda Tiàm* Une omiii-
mission fut {Bu&édMÛtement 4»i]gaBisée« Les msvic&B jmtnr-
relies et k gMogie^ ies obsarmtioiis pbympies «tastno*
nomiqaes, Tethnologie, le levé rc^pde du terrain^ Tftrokjéo-
lo^e, le dessin des sHes et des types indigènes y fuimoit
représentés, et la co&diiite de rexpédiâon fut donnée k isn
offieier supérieur af^aartenast à la marine , M. Dondeft
de Lagrée, dent la prudence et les eapaûtés étaient éprou-
vées.
Le passage suivant des instructioas transnûses i M. de
Lagrée résume bien Tobjet et la pensée de l'entreprise.
En même temps on y indique d'une manière précise quelle
était, au moment de Texpédition, la limite des notions afC*-
quises'sur rindo^Ghioe orientale :
« Nous connaissons le cours du Mékong depuis son em-
bouchure jusqu'aux rapides de Samboc-sombor (immédia-
tement au-dessus de Gratièh. Au delà , nous n'avons que
les renseignements vs^es et contradictoires fournis par
les indigènes, et quelques fragments de relations incom-
plètes ou fort anciennes.
« Au-dessus de Luang-Prabang, dernier terme du
voyage de Mouhot, nous savons moins encore, et les notions
recueillies ne semblent avoir aucune valeur sérieuse. En-
fin, nous ignorons en quels lieux le fleuve prend naissance»
« On peut donc dire que le Mékong nous est inconnu.
Et cependant ce fleuve, le plus grand de Tlndo^Ghine, l'un
des plus considérables du monde, offre un champ fécond
de découvertes. On y parle vingt idiomes différents;
toutes les races de l'Asie orientale se sont rencontrées sur
ses bords, et la tradition y conserve le souvenir de
royaumes riches et puissants. Ne serait*il pas possible de
ramener la vie dans ces contrées, de renouer les anciennes
relations commerciales, et peut-être d'attirer vers nous la
majeure partie des productions de la Chine centrale ?
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KOTE SCPPLéMENTAmS. XIX
« Les Intérêfts généraux 4e k eÎTilisatieny et plus ptrtî-
eiilièremecit eeux île notre colonie Betesante, nous frât «n
devoir de faire eesser eee ineeitHades, et t'est dans oeCle'
pensée que k voyage que vous allez entreprendre « été
décidé.
« Déterminer géographiquement le eonrs du fleuve par
une reconnaissance rapide poussée le plus loin possiMe ;
chemin faisant, étudier les ressources des pays traversés,
et rechercher par quels moyens efficaces en pourrait unir
commercialement la vallée supérieure du Mékong au Cam-
bodge et à la Goehinchine: tels sont, en résumé, les
objets essentiels que vous ne devez jamais perdre de
vue. »
L'expédition partit de Saigon le 5 juin 1866; sa première
étape fut aux ruines d'Angkor, que M. de Lagrée voulait
étudier en détail, et dont on devait lever les plans. Ces
ruines vraiment splendides furent dessinées dans leur en-
semble et leurs principaux détails, et les inscriptions
furent estampées ou relevées avec un soin extrême. Ces
inscriptions sont de différentes époques. Les plus anciennes
sont sûrement en pâli, c'est-à-dire dans la langue sacrée
du bouddhisme primitif de Geylan et de l'Indo-Chine ; les
prêtres kambodgiens, qui en déchiffrent plus ou moins les
caractères, n'en comprennent pas le sens. D'autres, plus
récentes, sont en kambodgien moderne, et se traduisent
aisément. En somme, ce que Ton en connaît jusqu'à pré-
sent, pas plus que les chroniques locales qui existent en-
core, ou les témoignages chinois que Ton a recueillis, ne
fournit aucune notion tant soit peu précise sur les auteurs
et l'époque de ces merveilleuses constructions. Mais les
monuments parlent pour eux-mêmes; et sans prétendre
fixer une date proprement dite, on ne peut guère, à ce qu'il
semble, se refuser à reporter l'érection du sanctuaire
d'Ângkor au temps où la propagation bouddhique, partie de
Geylan, était dans sa ferveur première, et où les souvenirs
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XX NOTE SUPPLEMENTAIRE.
encore récents de l'Inde inspiraient la représentation des
scènes qui se rattachent aux cultes populaires de la Pénin-
sule gangétique. En d'autres termes, les probabilités qui
se tirent de la vue des sculptures nous reportent à des
temps qui oscillent autour de l'ère chrétienne, soit au delà
soit en deçà, et conséquemment nous placent à des époqties
qui sont aussi celles de tant de monuments bouddhiques
de l'Inde elle-même, dont la date, pas plus que celle des
constructions du Kambodj, ne se détermine avec la préci-
sion chronologique que nous cherchons dans l'histoire.
Après avoir étudié avec un vif intérêt, et fixé dans une
suite de plans et d'admirables dessins ces restes curieux
de l'art reh'gieux du bouddhisme oriental, M. de Lagrée,
et les autres membres de la Commission, regagnèrent, par
le grand lac, la branche principale du Mékong, dont ils
allaient maintenant remonter le cours. Le 9 juillet on
était à Gratièh, dernier village kambodgien dans la vallée
du fleuven par 12^ 28' environ de latitude N. (Saigon est
un peu en deçà du IP degré). Bientôt après on sort de
Kambodj, et après avoir franchi une zone de pays à peu
près désert et couvert de grands bois, on entre dans le
Laos.
Le Laos est une contrée d'une étendue très-considérable,
dont les chefs, qui portent encore le titre de rois, recon-
naissent depuis longtemps la suzeraineté du gouverne-
ment siamois. Il est renfermé de l'est à l'ouest, entre la
Gochinchine et le royaume de Siam proprement dit; du
sud au nord il mesure en ligne directe de six à sept degrés
de latitude, c'est-à-dire au moins 700 kilomètres. Le Mé-
kong, qui en traverse la partie moyenne, y décrit un vaste
circuit et de nombreuses sinuosités. C'est un pays monta-
gneux, surtout dans sa partie nord, déjà notablement élevé
au-dessus du niveau de la mer, et beaucoup plus tempéré
qu'on ne le croirait d'après sa situation dans la zone tor-
ride. En latitude, il s'étend à peu près du 13" au 20'' paral-
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NOTE SUPPLÉMENTAIRE. XXI
lèle. Les missionnaires du Tonkin (la Bissachère notam-
ment), et plus récemment notre compatriote Mouhot qui y
est mort en 1861, avaient déjà donné d'assez bonnes
notions sur ce pays intérieur; mais les informations re-
cueillies par la Commission sont infiniment plus étendues,
plus précises et plus sûres. Le sol est représenté comme
très-fertile, la contrée comme éminemment pittoresque et
très-variée, le climat comme agréable et salubre. On y
rencontre à profusion, dit M. Gamier, tous les produits
naturels des régions les plus favorisées de l'Asie tropicale.
Si l'activité européenne peut s'y transplanter un jour et y
stimuler l'indolence indigène, il y aura là un admirable
foyer de mouvement commercial.
La population laocienne offre un sujet d'étude scienti-
fique d'un très-grand intérêt. Je ne parle ni des mœurs, ni
du costume, ni des habitudes domestiques, sur lesquels la
relation, aidée des belles gravures qui y sont répandues à
profusion, nous donne les informations les plus circonstan-
ciées: pour des pareils détails il faut renvoyer à l'ouvrage
même. Je m'arrête au côté purement ethnologique, c'est-
à-dire aux détails physiques et à la langue.
Les observations de la Commission ont été forcément
restreintes, tout à la fois par la ligne de route dont elle ne
pouvait pas beaucoup s'écarter et par le temps qu'elle y
pouvait donner; néanmoins elle a pu reconnaître, en thèse
générale, que la population, prise dans son ensemble, se
partage en deux grands éléments : l'élément laocien propre,
et un élément très-distinct relégué dans les hautes vallées,
au sein des forêts, en un mot dans les parties les moins
fréquentées du pays et les moins accessibles. Les Laociens
propretnent dits occupent principalement la grande vallée
du Mékong; c'est la partie relativement industrieuse et
policée de la population. L'autre élément, l'élément monta-
gnard, en est la partie sauvage, ou tout au moins inculte.
Entre ces deux éléments de la population du Laos, les
rl'AN. GÊOGR. XI. h
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XXÂl Noms. SUPBLEMENTAiBE.
différences scmt profondes^, ety Von peut dice^ absoluasi.
Quoique le docteur Tfaor el, le médeoiiL Batoraliste chaxgi
particolièrement de» oba^rvatioiis': ftuthropologiquefi», exH*
piime le regret de n'avoir pu, à beaucoup près, pouBser.
aussi loin qu'il l'eût voulu, ses investigations et son^ étuda^
et bien que M. Francis Garnier,, le principal rédajcteurdft^
larelatiouy se. tienne à cet égard dans des'généraUtés u&
peu vagues, l^urs indications n'en ont pas moins, surplus
d'un point essentiel, une granite knportiuioe ; et d'aiUeur»
ce que Ton peut regretter de ce côté est amplement com;-
pensé par une auliie partie de la pubUcation.. Dans leiriche
et bel Album dû au crayon habile du lieutenant de marina
L. Delaporte, un des membres de la mission, une planche
spéciale est consacrée à. la reproduction dea< principaux
types rencontrés dans le cours du voy^e^. Les portraits
sent vivants et forment une admirable galerie. Or, sur les
quinze figures que Ton y voit représentées, treize appar-
tiennent au Laos, et de ces treize portraits sept ont été
pris dans divei*ses tribus de la population sauvage^. Chaque
portrait constitue une individualité bien accusée. Les traits,
l'expression, la physionomie, sont différents , mais au-des-
sus de ces diversités individuelles plane une frappante uni-
formité de type. Ce type n'a rien de commun avec la confia
guration mongolo-tibétaine , qui caractérise Timmense
majorité de- la population de l'ïndo-Ghine; la tète tout à
fait chinoise d'un Annamite qui se trouve sur la même
planche (6gure V) semble placée là pour accuser le con*
traste. Toutes ces figures des montagnards sauvages du
Laos sont absolument européennes; elles ont toutes ce que,
faute d'une meilleure expression, nous appellerons le type
Gaucasîque. Ces traits, sauf la nuance jaunâtre ou basanée
1. Album, PI. l"'.
2. D'autres portraits sont répandus dans TAIbuni, et dans le cours
de la narratioQ.'
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NOTE SUPPLEtfENTAIRfi* XXm
de la peaus. pauvent. nous rappeler mie connaissance, un
ami>f à chaque pas noua Ies> veneonirona autour de nous»
La face est Gommonément d'ua beL ovide; le nez est droit
et saillani, l'oeil^.lionzontal ei bien fendu, est noir comme
les cheveux.
Cette particularité sîngiiliàre d'une race à type européen
^u milieu même du domaine de la raoe mongolique aurait
de quoi nous surprendre profondément, si déjà des obser-
vations analogues* ne nous y avaient préparés. Des cas
isolés de Gonformatiou4MLU6aeique aidaient été signalés par de
récents voyageurs^ dans^ les mdntagnes du Tsiampa et vers
les confins orientaux de notre oolonie; et nous*même, il y
a moins d'un an^ dans une Note* lue au sein de la Société
do Géographie, nous avons fait ressortir le. fait considé-
rable, et jusqu'alors trop peu remarqué, d'une race
blanche à type caucasique qui semble avoir eu pour foyer
primordial les grandes iles de l'Archipel Asiatique, d'où
ses embranchements ont rayonné dans deux directions
principales : au nord, vers le Japon^ Yéso et les Kouri-
les; à l'est, à travers les nombreux archipels du Grand
Océau»^ U n'y a pas de témérité, croyons-nous, sans d'ail-
leurs nous aventurer sur le terrain périlleux des origines,
a rattacher à la même famille les tribus de même confor-
mation qui occupent une partie de l'Indo-Ghine ; d'au-
Xdjït plus que nos informerions, à mesure qu'elles s'é-
tendent, ajoutent de nouveaux faits aux faits déjà connus.
C'est ainsi qu'on est fondé à croire, d'après des rensei-
gnements récents, que la plus ancienne population du Sud
de la Chine, représentée par les Miao-tsé ( « les Fils du
Sol » ) et par d'autres peuplades incivilisées, appartient,
elle aussi, à la race non-mongolique du Sud-Est de l'Asie.
Toutes ces données se rattachent entre elles et se forti-
fient. Bien des observations, bien des études à peine tou-
chées par les précédents voyageurs et que la mission du
Mékong elle-même n'a pu qu'effleurer dans sa marche,
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XXIV NOTE SUPPLEMENTAIRE.
sont encore nécessaires avant qu'il soit permis de rien for-
muler de précis et de définitif; mais déjà on peut entre-
voir quel chapitre considérable va s'ajouter ici à Tethnolo-
gie du globe. C'est à ce point de vue que j'ai dû insister
sur cette partie aussi neuve qu'importante de la relation.
Il faut ajouter que les montagnards sauvages du Laos se
distinguent des Laociens proprement dits, autant par la
langue que par les traits. Leurs idiomes, dont M. de La-
grée et M. Francis Garnier ont recueilli quelques spéci-
mens, ont tous une affinité commune, en même temps
qu'ils diffèrent absolument du Laocien ; ils se rapprochent
de la langue du Kambodj. On sait que la langue du Laos
est une branche de la famille Thaï, dont le siamois est le
spécimen le plus cultivé et le plus connu, grâce aux tra-
vaux de M. l'évèque Pallegoix; le kambodgien, selon
M. Garnier qui s'appuie des études de M. Janneau, diffère
radicalement du laocien et du siamois.
Quant à la configuration physique et à la physionomie,
les Laociens proprement dits, ceux qui habitent les villes et
les villages échelonnés dans la vallée du Mékong, et qui
nous sont indiqués comme la partie policée de la nation,
ne présentent plus du tout, comme les tribus sauvages des
montagnes, la pureté originale d'un type nettement accusé.
Leurs traits rappellent ceux des Chinois et des Tibétains,
mais à demi effacés par un contact étranger. Tandis que Içs
Siamois, leurs frères par la langue, ont le type pur de la
race jaune, les Laociens ont les traits indécis et mêlés des
populations mixtes. L'histoire, ou pour mieux dire les tra-
ditions qui se sont transmises depuis des siècles, expli-
quent cette différence des deux rameaux de la même race.
Il est dit que la branche laocienne de la nation Thaï, lors-
qu'elle vint s'établir sur le Mékong, y trouva une popula-
tion antérieure qu'elle soumit ou qu'elle expulsa. Cette po-
pulation antérieure, ce ne peut être que les ancêtres des
tribus sauvages refoulées dans les montagnes ; et l'on se
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NOTE SUPPLÉMENTAIRE. XXV
rend bien compte ainsi du caractère métis que la race con-*
quérante a contracté*
Je me suis arrêté longtemps, comme la Commission elle-
même, sur un sujet dont je n'ai pas à faire ressortir l'in-
térêt ; nous allons maintenant, avec l'expédition, reprendre
la suite du voyage.
A moins de 200 kilomètres au-dessus de Gratièb, c'est-
à-dire vers le \k^ degré de latitude, le lit du Mékong, jus-
que-là d'une navigation facile sur des eaux larges et pro-
fondes, est coupé de rochers qui y forment de dangereux
et violents rapides. Ces barrages, qui se renouvellent sur
plusieurs points, y arrêtent forcément la navigation par la
vapeur. U fallut transborder sur des barques indigènes le
chargement du steamer, et continuer au moyen du halage
la marche ralentie. Cette condition du Mékong est très-
£lcheuse ; elle crée une grande gêne pour les futures rela-
tions . Elle est, du reste, commune à tous les fleuves de l'Indo-
Chine ; aucun d'eux ne fournit une navigation continue sur
une étendue considérable à partir de la mer. Cette succes-
sion de chutes et de rapides sur tous les grands courants
accuse assez le relief général de la Péninsule, où le sol
adossé à l'énorme massif qui porte le plateau tibétain, s'a-
baisse vers la mer en une suite étagée de paliers et de
ressauts.
Près de dix mois s'étaient écoulés dans cette première
phase de l'expédition, consacrée à l'excursion du Kambodj,
à l'examen du temple et des ruines d'Augkor, et enfin à la
navigation de la moitié inférieure du Mékong. Le 28 avril
1867, la Commission faisait son entrée dans la ville de
Luang-Prabang.
Luang-Prabang est la ville la plus importante du Laos et
la résidence du principal dignitaire national, auquel la cour
de Bangkok a laissé le titre de roi. Yièn-Ghang, autrefois
la capitale du royaume, à 2 degrés plus au sud, est aujour-
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XXYI NOTE «^JPPLÉMnENTAIKE.
d'hui en mines. LuiM^-Prabang, la capitale actuelle, est
une place de 15 à 16 000 habitants, selonfeertime (assez in-
certaine) de la Ciommission; le lieu, d'après les observa-
tions astronomiques de M. Francis '&amier, est au 19"* de-
gré 54' W de Itflitude W., par 99* 46' de longitude à 1"!!.
de Paris*. Luang-Praibang est 'le principal centre com-
mercial du Laos ; M. Gamier y verrait volontiers l'appui
futur et le pivot de nos ^dations avec Tintérieur. C'est dans
cette ville que notre compatriote Moùfaot succomba le
10 novembre 1861, au milieu de ses explorations ; les indii*
gènes conservent de lui un bon souvenir. M. de Lagrëe
fit élever un modeste monunuent à la mémoire du voyageur^
sur le lieu où ses restes Teposent i soin pieux que ses com-
pagnons devaient bientil^t lui rendreii Itd-niëme, au fond de
ces contrées lointaines .
La mission quitta Luang-Prabang le 25 mai, continuant
de remonter le Mékongqui fait ici un grand détour à l'ouest
avant de reprendre sa direction au nord. A un degré 1/3
environ au nord de la ville, vers le 21* parallèle, le terri-
toire soumis à l'autorité siamoise se termine, et i'on entre
dans une large zone de pays qui sépare le Laos siamois
du Yunnan, la plus méridionale des provinces delà Chine.
Cette zone est très-monti^euse, et peuplée dans sa plus
grande partie de tribus incivîlisées, de même sang, et au
fond de même langue que les Laociens. La partie occiden-
tale appartient au Barmâ ; la partie orientale, qui confine
au Tong-king, était administrée par des agents du gouver-
nement chinois avant Finsurredion des musulmans du Yun-
naô. La plupart des tribus natives portent le nom deKhaSy
auquel se joint communément une dénomination spéciale :
1. Longitude obtenue par six séries de distances lunaires, mais seu-
lement occidentales. Le prompt départ de la Commission n'a pas per-
mis d'observer les distances orientales. M. Gamier croit son cbiffre de
longitude un peu trop faible, et il le porterait volontiers à 100® en
nombre rond.
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NOTE SCFPPLÊMENTArRfi. JEXTII
MhiSj «n Ihiâ, signifie iiomme. On sait que la lâfime «ppol-
Isliion se retrouve dans tout f Himalaya, 'partioulièreiaenl;
tlams la région orientale^ et qu'il 7 |yrend la forme de
Khania^ qui e'écrit hkasyas 'ÔABBlt géograpbie «ansorile.
Diverses tribus des pa<rties phis méridionales dé Flndo-
Cibne, les Karfins notaimDaQf, ont auRsi 'leurs analogues,
et jBÛronent leur point de dëpart, dans cette zone intermé-
diaife qui oenstitue le Laos birman, — ou, plus correcte-
ment, bftrmft. On y retrouve, du reste, le mélange de sang
et do'types signalé dans le Laos siamois : une paortio des
Irîlms est «marquée au type chinois ; d^autres, au oentraire,
ont la tête longue, le profil «aillent, ie nez arqué, et dans
r<enBentble <c un faux air arabe. » Toujours l'iâdice évident
des doux raoes absolument dissemblables.
Bans œtle paitie du voyage où la rcrate de la mission
continue, 'pendant plusieurs journées encore, dei^monter
la vallée du Mékong (M. Francis Garnier donne constam-
ment à cette grande artère fluviale le nom purement local de
Ka/mbodjj en quoi je ne saurais le suivi*e),dans cette partie
au voyage, dis-je, le fleuve prend un anpect nouveau, mais
toujours imposant. Je transcris la description de M. Gar-
nier : « Quelques milles au-dessus de Yièn-Ghang, t'an-
manne métvopde du Laos, le fleuve s'enoaisse définitive-
ment entre deux rangées de collines qui reeserrent et do-
minent son lit de toutes parts. Ses eaux qui, jusque-lft ma-
jestueuses et 'tranquilles^ s'étaient paisiblement déroulées
dans la vaste {Plaine du Laos central, accélèrent leur course
et bouillonnent au milieu des ro<ihes. Le noble fleiuve, qui
comptait parfois sa largeur par kilomëtres, endigué main-
tenant entre deux barrières dont l'élévation \ra sans cesse
en augmentant, se trouve contenu tout entier dans un fossé
large de cinq à six oents mètres, qu'il ne réussit jamais à
franchir. Aux eaux basses^ il n'occupe même plus qu'une
minime partie de cet espace, et son lit ne présente au re-
gard qu'une sur&ee rocheuse inégale, mosaïque grandiose
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XXVIII NOTE SUPPLÉMENTAIRE.
OÙ l'on rencontre de curieux échantillons de toutes les for-
mations métamorphiques, marbres, schistes, serpentines,
jades même, vivement colorés et quelquefois admirable-
ment polis. Au centre, une étroite fissure, sorte de canal îr-
régulier, dont la largeur n'est parfois que de 40 mètres,
mais dont la profondeur est pour ainsi dire inconmiensu-
rable, renferme toutes les eaux du fleuve^ qui coule inipé-
tueux entre deux murailles complètement à pic. Â de rares
interruptions près, tel est l'aspect du Gambodj jusqu'à sa
sortie du Thibet, et très-probaJ)lement jusqu'à ses sources.
Aucun ûeuve n'offre, sans doute, sur un aussi long espace,
une physionomie aussi singulière et aussi remarquable. »
Ajoutons que des marques faites en quelques points sur le
rocher accusaient une différence de 50 pieds environ entre
l'étiage ou hauteur normale des eaux (qui est elle-même
très-considérable) et le point où atteint l'inondation.
Un des objets essentiels de la mission avait été, on le
sait, de reconnattre aussi loin que possible le cours du Mé-
kong, d'en constater la direction supérieure, et de rapporter
des informations précises sur son origine. Ce dernier point
aurait été d'autant plus intéressant, que la région élevée
d'où le fleuve descend est aussi le point de départ de beau-
coup d'autres rivières, les plus grandes et les plus impor-
tantes du sud-est de l'Asie ; mais il faudmt pour cela pé-
nétrer dans la région inexplorée où la Chine occidentale
confine au Thibet, et le temps n'est pas venu encore où une
telle exploration, qui aura tant d'importance à tous les
points de vue, sera praticable. Il n'était pas possible à la
Commission de poursuivre au delà du Laos la reconnais^
sance du fleuve (dont le cours supérieur continue de nous
être connu seulement par les cartes chinoises) ; on dut s'en
éloigner définitivement un peu avaiit d'avoir atteint, le
16 octobre, la frontière méridionale du Yun-nan, qui se
trouve ici à peu près sous le 22'' degré 1;2 de latitude.
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NOTE SUPPLEMENTAIRE. XXIX
En touchant à la limite de la Chine, on entrait dans un
monde nouveau et relativement connu. Ici je n'ai plus i
suivre pas à pas les traces de rexpédition. Depuis son entrée
dans leYun-nan jusqu'à son arrivée à Chang-hai en descen-
dant le Yang-tsé-kiang sur une immense longueur, l'itiné-
raire fournit cependant encore plus d'une note utile pour la
géographie, pour les renseignements ethnographiq«es et
l'économie politique ou commerciale. Le chef de la mission,
M. de Lagrée , ne devait pas recueillir l'honneur d'une
entreprise qu'il avait conduite avec autant d'hahileté que
de dévouement. Atteint d'une affection de foie développée
parles fatigues matérielles du voyage, il succomba àTong-
tchouèn-fou, dans le Yun-nan, le 12 mars 1868, sans avoir
eu, à ses derniers moments, la triste consolation de serrer
la main de ses compagnons, qui l'avaient devancé dans une
excursion à l'ouest de la province. Ses restes ont pu être
rapportés en France.
Quelques mots encore sur la distribution matérielle de
la relation. Elle se compose de deux magnifiques volumes
grand in-quarto, accompagnés d'un atlas géographique et
d'uD album ethnographique et pittoresque. Le premier
volume renferme la narration historique du voyage, à la-
quelle se rattachent, outre une notice sur les découvertes
géographiques en Indo-Chine antérieures à l'expédition,
on mémoire de M. Francis Gamier sur les monuments
kambodgiens et le temple d'Ângkor,im essai historique sur
le Kambodj, un aperçu sur le Laos, son culte et ses popu-
lations, etc. Le deuxième volume est consacré à l'exposé
spécial des résultats scientifiques de l'expédition. Il con-
tient un résumé des observations astronomiques, avec une
Note de M. Gamier sur la rédaction des cartes ; l'exposé
des observations météorologiques ; la géologie et la miné-
ralogie, parM.E. Joubert ; les remarques anthropologiques,
par le docteur Thorel ; les observations sur l'agriculture de
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XXX NOTE. SUPPLEMENTAIRE*
L'iAdo^Ghiiiay pas le. mëxae ; et enfiai uni ireeueiL de: ^^oca-
hulairesi^ précédé d'une in^odacdon, par M. Fraacia
Le nombre daâ positions astJroBomiqxienieint déterminée»
dans le Goar&du voyage est de soixaate^atre, non com/^
pnis. vân^su poeitioBa modifiées sur la carte dee> jésuitea.
dans rintérieur dh Yunnum, d'après ks nelëvés* de riti—
nécaire. La. constmction de la. caste générale , rédigée
par M. Garnier,. &'appuieauff osa données. Yoici.qtielques
points^ principau]^^
BaAS lis: Kambodi; :{
• Sombor^ latit.- N. 1^2*» 28^' — tongit;. E. I03<» 41' 30"
Dans lé Laos :
Bassac, latil
t". 14« 54' 2fO',
lbngit:I03«2r'30"*
Oubôn,
15«» W
Angkor (Temple),
13« 19' 45%
lOP 33' 35"
Sanyabouri,
170 i^Qf
100<> 1'
Sièng-Gang,.
ir 54'
Luang-Prabang,
19« 54/ 20*'
990 45'
Muong-Long,
21» 35' 20^
98« 22'
Sièng-HongV
22» » 18f
98» 28'
Dans le Yuû-naô :
Se-mao.
22* 47^ 18"
980 43'
Yuen-kiang-tcheou,
23P 36' 10"
99» 47' 30»
Lin-ngafir-fou,
230 37' 50"
1000 48'
Yun-nan-fou,
250 4' 19"
100« 16'
Tong-tchouèn-fou*,
260 25' 34"
100* 42'
Ta-li-fou,
250 43/
98» 8'
Souï-tobeou-lbu,
28* 47' 30"
lOa» 22' 30"
U II faut voir dims. le texte \e^ remarques de IL Gamîer sur quel*
ques-unes de ces déterminations.
2. Où Texpédition a quitté le Hékong pour se portendlirectcment sur
le Yufi'-nan.
3. Où est la tonba de M. de Lagrée.
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Il seraii supâxfln df insisier do nouveaa sur la gnandaxur
de rexpédUion du Mékoiig et sur Timportance de ses ré^
saltatsw C'est 8aD& eontiredît la. pins grande, entreprise
sdeDiifiqiae qui ait eu lieu jusqu'à présent dans rintérieur
de rindo-Ghine» et une des plus marquantes dans This*
toire géograpluu|ae de F Asie. Un fleuve immense,, qua ron
ne connaissait guère: que de nom,, exploré, sondé, levé snr
une étendue de près de 5(9iÛ lieues ;. de vastes contrées dont
les voyageurs eurapéens. avaient k peine entrevu quelques
pointS' isuliés, reconnues pour la première fois d'une maf-
nière exacte et suivie ; des populations mal connues on
tout à fait ignorées^ dont on nous a décrit les mœurs, le»
habitudes, le culte et les traits physiques; des données
toutes nouvelles^, aussi précises que significatives, appor-
tées k Tun des plus, grands et des plus curieux problèmes
que puissent aujourd'hui se poser les études ethnologiques;
un des plus beaux monuments religieux de TAsie, et au-
jourd'hui un des plus célèbres, pour la première fois étu-
dié, décrit, représenté dans ses moindres détails ; par-dessus
tout, une voie nouvelle d'investigations scientifiques et de
communications politiques ou commerciales ouverte à l'ac-
tivité de notre jeune colonie: ce sont là, pour ne citer que
les points principaux, des faits acquis dont nul ne saurait
méconnaître l'immense portée. Ge que la géographie seule,
l'objet principal sur lequel se porte ici notre attention, a
gagné à ce fructueux voyage, nous pouvons l'apprécier en
présence de l'atlas rédigé par M. Francis Garnier : la
carte de l'Indo-Ghine orientale a changé de face. Il reste
sans doute encore énormément à faire; mais grâce au
gouvernement qui a compris l'honneur et l'utilité de l'expé-
dition, grâce au ministre qui l'a organisée et patronée,
grâce aux savants officiers qui y ont déployé une habileté et
une énergie que l'on ne saurait trop reconnaître, la route
est tracée et les jalons posés.
La vaste péninsule qui se développe entre le delta du
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XXXII NOTE SUPPLÉMENTAIRE. /
Grange et le golfe du Tonkin est actuellement dévolue à
^active émulation, je ne veux pas dire à la rivalité, des
deux grandes nations maritimes de l'Europe, la France et
l'Angleterre : à TÂngleterre, maîtresse de l'Ârrakan et du
Pégu,les explorations de la région occidentale ; à la France,
dont le drapeau fiotte sur la Basse-Gochinchine, la région
orientale, — et nous pourrions dire aussi la région centrale :
car les meilleures notions, et les plus complètes, que l'Eu-
rope possède sur le royaume de Siam, c'est à un prélat
français qu'elle les doit, à monseigneur l'évêque Pallegoix.
L'Angleterre a beaucoup fait déjà dans l'écendue de son
domaine, par ses agents politiques, par ses ingénieurs, par
ses voyageurs et ses missionnaires * : du premier coup, par
son expédition du Mékong, la France s'est mise au môme
niveau, que des entreprises nouvelles vont élever encore
dans un avem'r prochain.
1. Crawfurd, Francis HamiltoD, Mac Leod, Masson, Phayre, Yule,
Sladen, etc.
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L'ANNÉE
GÉOGRAPHIQUE
1872
AFRIQUE
AFRIQUE TROPICALE DU NORD
LIVIN6ST0NE
1. Letters aDd despatches of D' Livingstonb , November 1871 to
Jaly 1872) published in London Times and others jour-
' nais, etc.
2. Liyingstone's Despatches. Parlementary Papers. Lond, 1872.
3d. 1/2.
3. Livingstone Search and relief expédition. Varions commuDica-
tions. Proceedings of the Rcy. Geogr. soc* toI. XVI, n" 3, july
1872, p. 145, 158, 184, 203, 225, 241.
4. M. Stanley's communications to the British Association.
Brighton, Aug. 1872 ; Athenseuniy n* 2339, p. 246.
5. Discussions, Notes and Memoirs of D*" Cb. T. Bekr on Li-
vingstone's Letters and Stanley's communications, Times, Athe"
nœum, and priyate letters.
l'année GÉOGR. XI. 1
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2 AFRIQUE. (n°»1-10.)
6 e finding of Livingstone by H. M. Stanley. Lond. 1872, in-S»
139 p. 1 sh. (Hotten).
Réimpression des Jettres adressées par M. Stanley au New York
Herald.
7, H. M. Stanley. How I found Livingstone; including travels and
adventures in Central Africa, and four Month's résidence with
D' livingstone. Lond. 1872, in-8^
S I^EiTH J'OHNSTON. À Sketch map of the Lake région of Eastem
Africa, sdowing D' Livingstone*» discoverfes and routes from
1866 to 1872. Edimh. (and Lond.), 1872, 1 f>« 1 sh. 6 d.
9. E. Behm. D' Livingstone's Erforschung der oberen Congo.
MittheiL de Petermann, 1872, nMl, p. 405-412.
M. Belim, dans ce mémoire de géographie physique, a parfaitement
établi que le système d'eaux du Loualaba, reconnu par le D** Livings-
tone à ro. et au S. 0. du Tanganika, ne peut appartenir au bassin du
Nil ; mais je ne sais s'il est permis encore d'affirmer qu'il appartient au
bassin du Zaïre, bien qu'il y ait de grandes probabilités. Je doute que
les notions acquises autorisent à mettre dès à présent hors de cause
rogovaï et surtout le Zambézi. Il me parait sage de suspendre son ju-
gement.
10. H. G. Adams. Livingstone's Life and Adventures; Lond, 1872,
in-12. 3 sh. 6 d.|
S !•'. Les courses et les itinéraires de Livingstone dans la région de Tanganika^
depuis le commencement de l'expédition actuelle en 1866. Aperçu rétro-
spectif.
Les vives appréhensions qne le manque absolu de nou-
velles directes de Livingstone durant près de quatre années
avait fait naître, sont enfin dissipées. On a depuis quelques
mois des lettres écrites de la main du voyageur. Il ne semble
pas, jusqu'à présent du moins, que les investigations du
grand explorateur aient embrassé, à beaucoup près, le
cercle qu'il voulait parcourir, ni que ces investigations aient
beaucoup avancé la solution des grands problèmes qui se
rattachent à la région centrale de TÀfrique : les communi-
lions que l'on vient de recevoir, dispensées d'une main un
peu avare, contiennent trop peu de notions positives nettes
et précises. Leur tracé sur la carie n'y remplirait pas jus-
qu'à présent de bien grands vides. On ne saurait dissimu-
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LIVINGSTONE. 3
1er qu'il y a de ce côté de sérieuses déceptions. Mais enfin
les amis du voyageur sont rassurés, si les amis de la science
éprouvent plus d'un regret; et peut-être, d'ailleurs, les
documents que l'on tient en réserve nous ménagent-ils
quelque surprise. On se fait difficilement à l'idée que sept
années de courses dans une région inexplorée n'aient pas
donné à un voyageur tel que Livingstone de résultats
plus décisifs et d'une plus haute importance.
Mais procédons par ordre.
' lit d'abord rappelons sommairement les antécédents da
VQyage.
La plupart de nos lecteurs n'ignorent pas sans doute que
l'expédilipu actuelle est la troisième à laauelle Livingstone
s'est dévoué dans les régions australes de l'Afrique, — sans
compter ses travaux antérieurs, comme missionnaire de-
puis 1840, dans les contrées situées entre la colonie du
Cap elle Zambézi. Ces premières courses apostoliques furent
pour lui une excellente préparation ; elles l'habituèrent au
climat tropical, et elles lui rendirent familières les mœurs
et les habitudes des populations natives. Les études médi-
cales de sa jeunesse (il est né en Ecosse en 1815) étaient
d'ailleurs pour lui le meilleur des passe-ports au milieu des
Noirs; et de plus il avait acquis la pratique des observa-
tions scientifiques, et en particulier des relevés astronomi-
ques. Jeune, instruit, énergique, vigoureux et plein d'ar-
deur, Livingstone était dans les meilleures conditions qui
•se puissent imaginer, lorsqu'on 1852 il entreprit son pre-
mier voyage d'exploration, qui est encore son grand titre
d'honneur. Cette première expédition, qui ne dura pas
moins de quatre années, de 1853 à 1856, le conduisit du
centre du continent, où il était arrivé par le sud, à Loanda
sur la côte du Congo, et le ramena du Congo à Quilimané,
sur la côte de Mozambique, lui faisant accomplir ainsi, le
premier et jusqu'à présent le seul des voyageurs européens,
la traversée entière du continent d'une côte à Tautre, et
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4 AFRIQUE. (n°» 1-10.)
enrichissant la carte presque vide de cette région de TAfrique
du tracé du Zambézi snr une partie très-considérable du
cours de ce grand fleuve.
La deuxième expédition, de 1858 à 1861, a eu pour ré-
sultat une reconnaissance plus précise du Zambézi infé-
rieur, l'exploration complète du Ghiré, affluent extrêmement
remarquable du grand fleuve un peu au-dessus du Delta,
et la découverte — car on peut la qualifier ainsi — du vaste
lac auquel le Ghiré sert de déversoir. Les Portugais du
seizième siècle avaient eu quelque notion de ce lac^
que d'Anville , d'après leurs mémoires, inscrivit sur sa
grande carte de 1749, sous le nom de Maravi ; mais ces
anciennes notions portugaises étaient tellement vagues et
flottantes, que les géographes de la première moitié du
siècle actuel l'avaient effacé de leurs cartes. Il figure ac-
tuellement sur les nôtres sous le nom de Nyassa, — nom
qui n'est qu'une appellation générique désignant une
« grande eau, » et qui se retrouve à l'équateur sous la forme
Nyanza. Il est tout à fait convenable de lui conserver le
nom consacré de Maravi, qui est celui de la plus puissante
des tribus riveraines.
G'est en 1865 que Livingstone a entrepris son expédition
actuelle, qui est la troisième. Indépendamment des vues
philanthropiques qui l'inspirèrent en partie, — Livingstone
n'ayant jamais cessé de travailler de tout son pouvoir à la
complète extinction du trafic des esclaves dans le Sud de
l'Afrique, — les investigations purement scientifiques y
devaient avoir une grande part. L'explorateur s'y propo-
sait quatre objets principaux : remplir le vide qui existait
encore sur nos cartes entre leNyassa du sud (le Maravi) et
le Tanganîka; achever la reconnaissance de ce dernier lac^
dont Burton et Speke, qui le virent les premiers en 1858,
n'ont pu donner qu'un aperçu très-incomplet; étendre les
reconnaissances aussi loin que possible dans la contrée ab-
solument vierge qui est à l'ouest du Tanganîka, dans la di-
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LIVINGSTONE.* 5
rection de l'Atlantique ; enfin, porteries explorations anssi
avant que possible au nord du Tanganîka, dans la di-
rection de réquateur, où se pressent, non résolues, tant de
questions complexes qui tiennent à l'origine du Nil. Ce
plan, avec ses ramifications nombreuses, est bien en effet
celui qui s'impose à tout explorateur scientifique de cette
région centrale; c'est à la nature et à l'étendue des réponses
positives que ces questions auront reçues, que se mesurera,
en définitive, la valeur du voyage.
En quittant l'Angleterre dans les derniers mois de 1865,
Livingstone s'était rendu directement à Bombay ; c'est de là,
après avoir terminé les derniers préparatifs de son voyage,
qu'il gagna la côte orientale d'Afrique au mois de
mars 1866. (Voir Y Année géographique^ t. VI, 1867, p. 40
et suiv.)
Après avoir touché à Zanzibar et tenté sans succès de
pénétrer dans l'intérieur par la Rovouma (rivière qui dé-
bouche à la mer des Indes vers 10^ et demi de latitude sud,
et dont les sources sont dans les montagnes qui couvrent à
l'jest lelacMaravi), Livingstone rétrograda de 25 milles dans
la direction de Zanzibar, jusqu'à la baie de Makindani.
C'est de ce point qu'il s'enfonça décidément dans l'intérieur
et gagna la Rovouma. On reçutà Zanzibar des lettres datées
de cette rivière le 18 mai 1866 : bien des mois devaient
s'écouler avant qu'on n'eût d'autres nouvelles.
Livingstone avait franchi les montagnes et gagné le lac,
dont il contourna, lui et son escorte, l'extrémité méridio-
nale. Mais de l'autre côté du lac , une partie de ses
hommes, refusant d'aller plus loin, l'abandonna; et revenus
à Zanzibar (au commencement de décembre 1866) où les
rappelait l'appât d'une rémunération promise, ils imagi-
nèrent, pour justifier leur retour, une histoire sinistre qui
fit croire pendant longtemps à la mort violente de l'explo-
rateur.
Livingstone, cependant, poursuivant sa route successive-
>
uiyiiizeu uy >.^« v^ v^'pc iv^
6 AFRIQUE. (n°» 1-10.)
ment à l'ouest, au nord et au uôrd-ouest, arriva lé 28 jan-
vier 1867, neuf mois après son départ de là côte, à uti lieu
appelé Bemba, dont il détermina la position à lOMÔ' de
latitude australe ; ce lieu est au nord-ouest du lac Ma-
ravi, dans la direction du Tanganîka. Une caravane qui se
rendait à la côte lui donna Tôccasion dé faire parvenir
de ses nouvelles à Zanzibar, et par Zanzibar â ses amis
de Londres. Ses lettres de Bemba, oii il séjourna deux
mois, tracent un bon itinéraire de la route qu'il avait
parcourue, et font bien connaître la nature des pays tra-
versés. Ces lettres ont été rapportées au t. VU (1868), de
Y Année gèograghique^ p. 259 et suiv.; et M. Habenicht,
dans les MîUheilungen de Petermann (année 1870, carte
n° 9), a construit fort habilement sur ces données la route
du voyageur.
Après les dépêches du 3 février 1867, un long silence se
fait de nouveau; la difficulté des communications isole eu*»
coreune fois le voyageur. Cependant un an plus fard,
presque jour pour jour (le 5 février 1868), on avait â Zan-
zibar de nouvelles informations apportées par un marchand
arabe qui arrivait du Grand Lac, c'est-à-dire du Tadgânîka ;
ces nouvelles lettres étaient datées de la ville de Cazembé,
et elles allaient jusqu*aù 14 décembre 1867. La ville de
Cazembé, dont Ift vrai nom est Lunda, ou plutôt Lucenda,
(Cazembé est le titre du chef nègre qui y a sa résidence, et
le nom du royaume), la ville de Cazembé, disons-nou«, est
une place considérable et un centre important; elle avait
déjà été vue, depuis la fin du dernier siècle, par plusieurs
Portugais, par Lacerda, notamment, en i 798, et par le
major Monteiro en 1831.Livingstone y aura sûrement fait
des observations, mais il n'en est pas question dfns ses let-
tres; les données approximatives déduites des itinéraires la
mettent par 8** \ environ de latit. S., vers le 26* degré
de longitude à TE. du méridien de Paris. Les aperças
transmis par Livingstone sur la configuration générale et
uiymzeu uy ■v_jv^v>'^i^
LIVINGSTONE. 7
Thydrographia de la région qui enveloppe au sud et à Touest
le Tanganîka, sont très-ûnportants et entièrement nouveaux.
Le caractère général de toute cette contrée est celui d'une
grande région lacustre. Le voyageur y a vu trois lacs d'une
étendue considérable (beaucoup moins, cependant, que le
Tanganîka), et on lui en a mentionné d'autres. L'un de ces
Jacs, appelé Liemba^ que le voyageur a contourné en par-
tie, paraît avoir son écoulement dans le sud du Tanganîka.
Trois autres grands lacs, le Bangouéolo^ leMoéro elVOulen-
ghèy se suivent dans cet ordre du sud au nord ou au nord-
ouest, le troisième de ces lacs étant situé, par approxima-
tion, à deux degrés à l'O. du méridien central du Tanganîka,
c'est-à-dire à 200 kilomètres, un peu plus ou moins. Le
lac le plus méridional, le Bangouéolo, doit être à peu près
sous le 12* degré de latit. S. Il paraît que ces trois der-
niers lacs sont reliés entre eux par une suite continue
d'eaux courantes. Le Bangouéolo s'écoule dans le'Moéro
par une rivière appelée Louapoula; le Moéro va se déver-
ser dans rOulenghé par le Loualaba; et TÔulenghé, d'a-
près les rapports, porte ses eaux au Loufira^ grande rivière
qui coule à Fouest des lacs et se dirige au nord. Une autre
rivière considérable, le Tchambézê^ — qu'il faut se garder
de confondre avec le Zambézi, quoique les noms soient au
fond les mêmes, — le Tchambézé, disons-nous, coule de
l'E. à rO. au sud du Tanganîka,. et vient aboutir au Ban-
gouéolo. Je tâche d'exposer clairement l'ensemble de ce
système d*eaux ; mais Tesquisse ci-contre que j'en ai tracée
.en donnera mieux encore une idée nette. Une grande ques-
tion est de savoir où va le Loufira, qui reçoit, d'après les
informations qui précèdent, les eaux de la chaîne de lacs
commençant au Bangouéolo. Le D"^ Livingstone est très-
disposé à y voir la tête la plus méridionale du bassin du
Nil, et cette hypothèse s'est même emparée de son esprit
d'une manière un peu exclusive. Elle a néanmoins contre
elle de fortes raisons physiques. Il y aurait plus de proba-
uigiuzeuoy Google
fi AFRIQUE. (n«' 1-10.)
bilité à en faire la tête du bassin du Zaïre, ainsi que
M. Behm de Gotha l'a montré, dans un récent mémoire,
par de fortes raisons (ci-dessus, n® 9) ; il n'y en aurait pas
moins, sinon plus, à le regarder comme appartenant au
bassin supérieur du Zambézi. C'est aux futurs explorateurs
à vider d'une manière définitive ces questions capitales,
sur lesquelles il pourrait être dangereux d'asseoir des spé-
culations anticipées.
Tous les noms qui viennent d'être mentionnés se repré«-
sentent si souvent dans les dépèches récentes de Livingstone,
auxquelles nous arriverons tout à l'heure, qu'il était indis-
pensable de les remettre sous les yeux du lecteur.
Nous reprenons la suite des marches de Livingstone.
Après les lettres écrites de Gazembé le 14 décembre (867,
on en reçoit d'autres encore, datées de la même ville, le
8 juillet 1868 : c'est dans celles-ci que se trouvent les dé-
tails physiques que nous venons de résumer (Voir le t. IX
de VAnnée géographique, p. 239;. Puis quatre années
s'écoulent sans nouvelles directes. On n'a plus, durant
ces quatre années, que çk et là des percées accidentelles
sur les mouvements du voyageur. U était arrivé à Oud-
jidji, sur le bord oriental du Tanganika, et il avait fait de
là diverses excursions sur lesquelles nous n'avons pas de
détails.
Le 10 mars 1871, le docteur Kirk reçut des lettres de
deux voyageurs arabes, lui apprenant que « le voyageur
chrétien » se trouvait, en octobre ou novembre 1870, dans
une localité nomméeMonakoso,à Ménama (Manyéma, pro-
bablement, canton à l'ouest du Tanganika), avec Moham-
men ebn Gharib, « sans secours, sans ressources, et accom-
pagné d'un petit nombre de serviteurs » [helpless^ without
means^ wilh few followers).
De trente-quatre lettres qu'il avait adressées en Angle-
terre jusqu'en juin 1869, aucune n'était parvenueà destina-
tion. A cette époque il était sur le point d'explorer le lac
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LIVINGSTONE. 9
à roaest du TaDganika, « dans Tespoir de rejoindre le
Nil.»
S 2. Expédition organisée à Londres an commencement de 1872,
pour aller à la recherche de Livingstone.
Ces informations, parvenues à Londres, excitèrent dans
le public et au sein de la Société de géographie une légi-
time émotion. Sur la proposition de son président, sir
Henri Rawlinson, la Société décida, à la fin de 187 1 , qu'une
expédition serait envoyée à la recherche de Livingstone,
pour lui porter l'assistance morale et au besoin le secours
matériel qu'il attendait depuis longtemps. Un appel fut
fait au sein de la Société, et une somme importante promp-
tement réunie. La commission fut immédiatement désignée;
elle se composait du fils même de Teiiplorateur, M. Oswald
Livingstone, et de deux officiers de la marine royale, le lieu-
tenant Henn et le lieutenant Dawson. C'est ce dernier qui
eut la direction de l'entreprise. L'expédition quitta l'An-
gleterre le 9 février; elle gagna promptement le Caire et de
là Suez, où devait se trouver un paquebot en partance
pour la côte orientale d'Afrique (Voir ci-dessus le n* 3 de
la bibliographie).
Une caravane dbvait être organisée à Zanzibar, o& la
commission était arrivée vers le milieu de mars. Mais là se
rencontrèrent, à ce qu'il paraît, des difficultés de plus d'une
sorte. La saison des pluies, Tinsuffisance des moyens,
peut-être le manque d'énergie ou le défaut d'accord : on ne
sait trop. Toujours est-il que l'expédition a complètement
échoué, ou, pour mieux dire, qu'elle n'a même pas franchi
le seuil africain. Les Anglais, qui n'appuient pas volontiers
sur les petits mécomptes de l'orgueil national, ont entouré
celui-ci d'un silence prudent. Il fautdire aussi que l'inac-
tion du lieutenant Dawson et du fils de Livingstone a pu,
jusqu'à un certain point, trouver son excuse dans ce que la
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10 AFRIQUE. (n^ 1-10.)
commission apprit à Zanzibar de l'expédition individuelle
d'un Américain, qui depuis un an avait fait, seul, ce qu'elle-
même projetait de faire» c'est-à-dire s'était lancé résolu-
ment à la recherche du grand explorateur. Cet Américain
est M. Stanley, dont nous avons maintenant à raconter
1 intrépide odyssée.
S 3. Un conp d'audace da journalisoM atnéricain. té reporter H. Stanley.
Sa mission, son voyage, son retour, ses récits.
Si la république Nord- Américaine n'a pa^ le monopole
des choses extraordinaires, des entreprises marquées au
coin d'une audacieuse écergie, elle en offre du moins des
exemples qu'aucun peuple n'a surpassés. Le voyage de
M. Stanley n'en est pas un des 'moins singuliers.
M. Henry Stanley est un simple reporter attaché au prin-
cipal journal de New Yoï'k, ce que dans le journalisme
français nous appelons un correspondant; sa mission est de
parcourir le continent européen, d'être présent partout où
se produit quelquQ événement à sensation, et de faire en
sorte que son journal devance, coûte que coûte, les infor-
mations des entreprises rivales. Dans le courant de 1870,
on commençait à se préoccuper d'une manière sérieuse du
long silence de Livingstone; en Amérique, en Angle-
terre, et même en France où la guerre n'avait pas encore
éclaté, de fréquents articles dans les journaux et les revues
surexcitaient déjà le sentiment public. Le directeur du iVeto
York Heraldy M. James Gordon Bennett , qui se trouvait
alors à Paris, pensa qu'il y avait là un élément d'intérêt et
de curiosité de premier ordre, « La recherche de Living-
stone, » dût-elle même ne pas aboutir, devait éveiller vive-
ment la curiosité générale. De la pensée k l'exécution, il n'y
eut que l'intervalle d'un télégramme. Appeler M. Stanley,
qui était en Espagne, et lui -confier la périlleuse mission
comme la chose du monde la plus naturelle, ce fut l'affaire
yGoogk
STANLEY. 1 1
de deux jours : Télectricité et la vapeur ont supprimé les
distances. Parti de Paris sans avoir pris le temps de dé-
boucler sa malle, M. Stanley arrivait à Zanzibar vers la fin
de décembre, et dès les premiers jours de' 1871 il s'occu-
pait activement de recruter ses porteurs, d'organiser son
escorte, de disposer sa caravane, de tout préparer pour sa
mise en route. Il s'informait près des ihdigènes et des
Européens, notant avec soin les renseignements utiles, ac«
cueillant assez mal les observations dictées par la prudence.
« Son plan paraissait arrêté, nous disait dernièrement un
témoin oculaire ; M. Stanley recevait avec mauvaise humeur
tout avis de nature à y apporter le moindre empêchement,
le plus léger retard. » Son directeur lui avait dit ; Allez !—
comme le serviteur oriental, il aurait volontiers répondu :
« Entendre, c'est obéir. » Il apportait dans la mission qu'il
avait reçue sa ponctualité professionnelle, et c'est ainsi qu'il
l'a remplie. Il est certain que sous celte impulsion vigou-
reuse, M. Stanley a fait ce que tous jugeaient impossible,
ce que même après lui la piété filiale n'a pas cru pouvoir
entreprendre.
Malgré tout, M. Stanley ne put se mettre en route avant
les premiers jours d'avril, se proposant de gagner Oudjidjî, -"
sur le Tanganîka; deux mois après, au commencement de
juin, il arrivait àOunyâ-Nyembé, centre de la colonie arabe
de rintérieur. Là un incident imprévu l'arrêta. Le roi de
Mirambo, entre Ounyâ-N;yembé et Oudjidji, avait déclaré
qu'à l'avenir il ne laisserait passer aucune caravane sur son
territoire. On en vint aux coups, il y eut des morts et des
blessés. Échappé à la bagarre, mais affaibli par la fièvre,
— dangereux tribut que l'Européen paye inévitablement à
ces climats, — M. Stanley dut s'arrêter deux mois à Ounyâ-
Nyembé. Obligé de contourner le territoire de Mirambo,
ayant à lutter contre toutes sortes de difficultés, Tintrépide
reporter n'en arriva pas moins le 3 novembre en vue d'Oud-
jidji. Il faut ici lui laisser la parole :
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12 AFRIQUE. (n*** 1-10.)
« Voulant faire mon entrée avec tout l'éclat possible, je
disposai ma petite troupe de manière à lui donner une ap-
parence respectable. En tête flottait le drapeau américain;
ensuite venait l'escorte armée, qui reçut l'ordre de faire
une décharge de mpusqueterie. Venaient ensuite les ba-
gages, lés chevaux et les ânes; enfin je marchais moi-même
à la tête de Tarrière-garde. Le bruit des armes à feu amena
au-devant de la caravane tous les habitants, qui firent re-
tentir l'air de leurs acclamations et de leurs instruments de
musique.
« Quand le cortège entra dans la ville, je remarquai, à
ma droite, un groupe d'Arabes au centre duquel se tenait
un homme de race blanche, pâle, à barbe grise, et dont
l'aspect contrastait avec les visages brûlés par le soleil des
personnes qui Tentouraient, Il portait une jaquette de laine
rouge et une casquette galonnée d'or de marin ; je reconnus à
l'instant le D' Livingstone.
« Mon premier mouvement fut de me précipiter vers lui
et de l'embrasser ; mais j'étais en présence des Arabes, qui,
habitués à cacher leurs sentiments, devaient être disposés
à m'eslimer moi-même suivant que je saurais maîtriser les
miens. De. plus, un chef arabe d'un ordre élevé se tenait à
côté de moi, et me confirma dans la résolution de ne mani-
fester aucun signe de joie ou d'émotion. Je m'avançai donc
lentement vers le grand voyageurjelesaluaietlui dis: «Le
docteur Livingstone, je suppose? » A quoi celui-ci se borna
à répondre : « Oui. » Ce ne fut que quelques heures plus
tard que seuls ensemble, assis sur une peau de chèvre,
nous pûmes échanger nos félicitations et nous raconter nos
aventures. »
.M. Stanley put constater que le D' Livingstone était
très- bien portant, plein de force, inébranlé par les épreu-
ves qu'il avait traversées, et bien résolu à terminer la
tâche qu'il s'est imposée.
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STANLEY ET LIVINGSTONE. 13
S 4. M. Stanley près de Livingstone : suite. Leur excursion jusqu'à l'ez-
trémité nord du Tanganika. La question du grand lac et de son écoulement
est réglée.
M. Stanley est resté quatre mois et quatre jours près du
D' Livingstone, du 10 novembre 1871 au 14 mars 1872.
Ces quatre mois, selon les récits de l'heureux reporter, ont
été des mieux employés. Des courses fructueuses ont été
faites de compagnie, et même le monde savant n'apprendra
peut-être pas sans quelque surprise que c'est à l'instiga-
tion du journaliste américain que Livingstone doit d'avoir
enfin compris l'importance d'une complète reconnaissance
du Tanganîka dans sa partie du nord, et d'avoir résolu
cette grande question depuis si longtemps en suspens. Il
faut entendre là-dessus M. Stanley : c'est à Brighton que
cette révélation assez inattendue a été faite. « Lorsque je
proposai à M. Livingstone une course en commun à la tète
du lac, le docteur ne doutait pas que le Tanganîka commu-
niquait avec l'Albert Nyanza. D avait aperçu, pensait-il,
un courant constant des eaux du Tanganîka vers le nord,
et tous les Arabes, ainsi que les nègres, persistaient à dé-
clarer que la rivière Rousizi sortait de l'extrémité nord du
lac. Dès que je lui eus montré de quel intérêt et de quelle
importance était la solution définitive de cette question, il
se prépara au voyage sans perdre un instant. Jusque-là, me
disait-il, il n'avait attaché aucune importance à cet objet
{he hadnot regarded the subject asof any importance) ^ la
ligne centrale de drainage (c'est-k-dire le Loualaba) ayant
absorbé tout son temps et toute son attention.... » Il est à
croire que la relation du D' Livingstone ne présentera
pas les choses absolument sous le même jour; mais au fond
le sujet est d'un sérieux intérêt. Continuons le récit.
« Partis d'Oudjidji sur un bateau (c'était le 20 novem-
vembre), et nous dirigeant au nord, nous continuâmes de
serrer la côte d'Oudjidji et d'Urandi, explorant soîgneu-
uiyiuzeuDy Google
14 AFRIQUE. (n°' 1-10.)
sèment du regard chaque crique, chaque enfoncement, afin
que rissue que Ton disait être par là quelque part ne pût
nous échapper. Nous faisions de 15 à 20 milles par jour.
Nous passâmes en vue de montagnes ayant jusqu'à 2 et
3000 pieds au-dessus du niveau du lac, et chaque soir nous
fûmes en danger d'être attaqués par les naturels; mes
hommes faisaient bonne garde toute la nuit pour éviter les
surprises. Il nous fallut dix jours pour atteindre Textrémité
du lac. Sur la côte opposée, des montagnes très-hautes et
très-escarpées limitaient la vue et semblaient impénétra-
bles. Le lac est d'une très-grande profondeur; je jetai la
sonde à 2 milles de la côte, et je ne trouvai pas le fond avee
190 mètres de ligne. Plus au sud, le docteur Livingstone,
dans une traversée, n'avait pas trouvé fond avec une sonde
de 550 mètres. Les montagnes qui enveloppent l'extrémité
nord du Tanganîka le serrent de si près, sans aucune ou-
verture pour laisser échapper les eaux, sauf les ravins et
les gorges étroites par lesquelles descendent les courant»
tributaires, que l'eau vînt-elle à s'élever de 150 mè-
tres au-dessus de son niveau actuel, le contour du lac
n'en éprouverait pas de changement notable. La veille
encore de notre arrivée au Rousizi, un Noir affranchi de
Zanzibar nous affirmait, en réponse à nos questions, qu'il
avait été sur la rivière la veille même, et qu'elle sortait du
lac. Sur cette affirmation si positive nous délibérâmes, le
D' Livingstone et moi, sur ee que nous aurions à faire
dans le cas oii nous trouverions là un canal naturel condui-
sant à r Albert Nyanza'; et nousdécidâmes que le cas échéant
nous descendrions jusqu'à ce dernier lac et que aous en
1. P'après le tracé plus ou moins hypothétique de nos cartes, VAU
bert Nyanza, ou lac de Baker, qui se trouve à peu près sous le même
méridien que le Tanganîka^ n'en serait séparé que par una assez faiblo
distance; mais il est bien probable que l'Albert I^yan^a, quelle que
soit sa forme encore ignorée dans cette direction, descend beaucoup
moins au sud qu'on ne Ta supposé*
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STANLEY ET LIVINGSTONE. 15
côtoierions le pourtour/ où peul-être nous pourrions ren-
contrer sir Samuel Baker.
«r Nous trouvâmes enfin la bouche de la rivière. Elle est
au {ond d'une petite baie d'un mille de large environ,
et elle est masquée par une épaisse forêt de roseaux.
L'entrée n'en était pas visible; nous nous mîmes à la
suite de quelques canots qui disparaissaient mystérieuse-
ment à travers d'étroites ouvertures au milieu des ro-
seaux. C'est ainsi que nous trouvâmes l'entrée cen-
trale.
« Ici tous les doutes sur cette question si la rivière sor-
tait du lac ou si elle y entrait, s'évanouirent bientôt, car un
fort courant d'eau brunâtre vint nous assaillir, et ce cou-
rant avait une telle violence qu'il nous fallut de grands ef-
forts pour le surmonter. Plus haut, la rivière s'élargit en
lagunes à droite et à gauche. La plaine alluviale à travers
laquelle le Rousizi s'écoule dans le lac a au commence-
ment une larg^ar d'environ 12 milles (une vingtaine de ki-
lomètres), sur 15 milles de longueur; elle se rétrécit gra-
dvellement et 9e termina en pointe» Les chaînes de montJi-
gnes des deux cptés SQ rapprochent »lors de manière à ne
laisser entre ^IIbs qu'un i,ntervalle de 2 milles, la chaîne de
r#st dépassant le point où celle de l'ouest se termine. Plu9
loin dans le N. 0*, on n'aperçoit plus qu'un véritable chaos
de montagnes.
c Le chef Raubinga, dont la résidence est voisine da
apu9iû, et qui est un grand voyegeur, discutait volontiers
av»c nous les quesiions de géographie; il nous dit que le
Rousizi sortait du lai3 Kivp, nappe d'eau d'une journée de
longueur sur une demi-joumée de large, d'où la rivière
s'échappait par une ouverture dans la montagne. A une
vingtaine de milles au-dessus de son embouchure (3Q kilo-
mètres environ), le Rousizi reçoit le Louanda, ou Rouanda,
rivière qui vient du N. 0. ; on compte en outre dix-sept
autres tributaires. Roubinga avait été jusqu'à six journées
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16 AFRIQUE. (n°* I-IO.)
vers lé nord*, et il n'avait pas entendu parler d'aine grande
nappe d'eau telle que l'Albert Nyanza. Ce lac ne peut
donc avoir du côté du sud l'extension considérable que Ba-
ker lui attribue.
A notre retour vers Oudjidji,.nous suivîmes la côte oc-
cidentale du Tanganîka. Nous relâchâmes à Ouvira, où
Ton nous montra la plage où les canots de Burton et Speke
s'étaient ensablés. Non loin vers le sud se dresse le pic de
Sumbourizi^ à une hauteur de près de 1400 mètres au-
dessus du niveau du lac. »
S 5 . Informations transmises par le D' Livingstone lui-même.
Le système hydrographique de la région du Tanganîka.
M. Stanley a rapporté un journal de la main du D' Li-
vingstone, et en même temps toute une série de dépêches et
de lettres adressées au ministre des affaires étrangères à
Londres, au Président de la Société de Géographie, h ses pa-
rents, à ses amis, et enfin au directeur du journal améri-
cain qui lui a dépéché l'inappréciable secours de M. Stanley.
Du journal de l'explorateur, rien encore n'a transpiré au
dehors, pas même une indication des documents qui peu-
vent y être contenus; mais plusieurs lettres livrées aux
journaux renferment des aperçus d'un grand intérêt, aper-
çus d'une nature tout à fait générale, à la vérité, mais ce-
pendant suffisants pour calmer la première impatience.
En attendant que des points astronomiques permettent de
fixer sur la carte les données assez vagues fournies par
les communications actuelles, il faut les recueillir cepen-
dant, et les grouper de manière à en faire ressortir la
liaison.
L'attention s'y concentre sur deux points dominants : la
1. Ce qui nous porte bien près du l" [degré au sud de l'équateur, et
confirme ce que j'ai dît plus haut au sujet du tracé hypothétique de
TAlbert Nyanza sur nos cartes.
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LIVINGSTONE. 17
ligne de partage qui sépare les eaux appartenant au bas-
sin du Zambézi de celles qui s'écoulent (là du moins où
elles sont connues) dans la direction du nord et de l'ouest,
à l'occident du Tanganîka; et, en second lieu, ce que l'ex-
plorateur a pu observer ou apprendre de ce dernier sys-
tème d'eaux.
On a vu que le D' Livingstone serait très-disposé à af-
firmer, — si même il n'affirme positivement, — que ces
eaux, qui forment une suite de lacs, ou qui s'écoulent en
rivières considérables au sud et à l'ouest du Tanganîka, re-
présentent la tète du bassin du Nil ; mais c'est là, nous le
répétons, une pure hypothèse que rien de positif ne justi-
fie, que de fortes raisons repoussent, au contraire. Il faut
donc écarter ce qui n'est que conjecture et spéculation, et
s'en tenir aux faits observés par l'explorateur.
Après une vue générale des hautes terres, pleines d'une
quantité innombrable de sources et d'eaux courantes, qui-
forment la ligne de partage entre le bassin fermé du grand
lac central et les eaux allant au Zambézi, Livingstone ajoute
que sur les 700 miUes de longueur de cette ligne de par-
tager il en a reconnu 600; mais il n'abandonnera pas la
tâche, dit-il, qu'il n'ait vu les derniers 100 milles de cette
région, qui doivent en être la portion la plus intéres-
sante. Et l'explorateur développe son opinion dans un long
paragraphe consacré aux Montagnes de la Lune de Ptolé-
mée, marquées par le Géographe alexandrin « précisé-
ment au douzième parallèle de latitude sud », paragra-
phe où nous ne suivrons pas le courageux explorateur,
car au point de vue de la géographie critique il renferme
plus d'erreurs que de mots. Ces erreurs purement théori-
ques ne touchent en rien, heureusement, à l'excellence des
investigations de l'observateur. Que Livingstone s'égare
dans de fausses notions sur la géographie classique, ou
dans des théories pour le moins très-hasardées sur les
sources du Nil, peu importe : il en sera de ses recherches
l'année CÉOGR. XI. 2
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18 AFRIQUE. (n«^ 1-10.)
comme de celles des astrologues et ded alchimistes, qui,
tout en poursuivant leurs théories chimériques, n'en ont
pas moins travaillé à Tayancement de la Chimie et de la
science des astres.
Voici maintenant ce que Liviugstone rapporte dti Cotirfe
de la grande rivière qui se forme de celte multitude dô
courants descendus de la ligne de partage, — le Loualaba
central, comme il l'appelle. Entré dans le lac Bangouéolo
sous le nom de îchamhèzé (entre le 11» et le 12* degrë de
latitude australe), le grand courant central eii ressort sous
le nom de Lôuapoula, pour aller directement att nord, & la
distance de plus de 2 degrés, se jeter dans le lac Mdéfd
après avoir passé non loin de la ville de Gazembé. « Bled-*
tôt après avoir quitté le lac Moéro, continue Lîvingstôûô
(dépêche au comte de Clareûdon, écrite le 1" novembre
,1871), la grande rivière, appelée ici Loualaba, décrit vers
l'ouest un large circuit d'au moins 180 milles; ptiig, aprèi
avoir couru au nord pendant un certain espace, elle décrit de
nouveau une large courbe à l'ouest d'environ 120 mille«,
en inclinant quelque peu au sud, après quoi elle tourne
au N. E., et reçoit le Lomamé, ou Loéki, grande rivière
qui traverse le lac Lincoln. Après le confluent, la rivière
rencontre un grand lac qui renferme des lies nombreuses.
C'est le quatrième lac du drainage central, et ce ne peut
être le lac Albert; car en admettant comme passablement
exacte la lougitude que Speke assigne à Oudjidji *, et sup-
posant que mon estime n'est pas énormément fautive, la
grande rivière lacustre centrale est â cinq degrés environ
à l'ouest du Tanganîka *.
ce La moyenne des nombreuses observations comparées
faites sur le haut Tanganîka d'après le baromètre et le
1 . A peu pr&s 30« E. (te Greenwich, 27»40' E. de Paris.
2. Ceci modifie considérablement l'esquisse de M. Aug. Petermann
au vol. de 1870 des MiUheilungen (carie u« 9, déjà citée). Mais il con-
vient d'atleudre la publication des journaux mômes du voyageur.
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LIVINGSTONE. 19
point d'ébullition de l'eau, est de 2880 pieds anglais (878
mètres) ; mais j'ai plus de confiance dans les baromètres
que dans Tautre procédé, et ils indiquent un peu plus de
3000 pieds (à peu près 915 mètres). Il y a un pouce de
moins sur la partie inférieure du Loualaba central, ce qui
revient à peu près à l'altitude attribuée à Gondokoro (près
de 2000 pieds, eûyiron 600 mètres). »
En tout ceci, on ne voit pas bien clairement ce qui ap^
partient à Texplorateur, et ce qui provient seulement d'in-
formations. Le journal seul pourra donner à chaque chose
sa valeur réelle.
S 6. Informations transmises par Livingstone. Suite. Quelques notes
ethnographiques.
Voici maintenant une note d'une autre nature, dont l'in-
térêt est purement ethnographique. Le pays de Manyéma,
auquel la note se rapporte, est à l'ouest du Tanganîka, aux
environs du lac Oulenghé. Non-seulement aucun Européen
n'avait jamais visité le peuple du Manyéma avant Livings-*
tone, mais les traitants arabes eux-mêmes ne se sont jamais
avancés jusque-là. Aussi la valeur de Fivoire y est-elle tout
à fait inconnue. Les défenses des éléphants sont abandon-
néçs dans les forêts avec les animaux tués.
<c Beaucoup de femmes du Manyéma sont très-joUes,
dit Livingstone; leur teint n'est pas très-foncé, et leur phy-
sionomie est d'un aspect agréable. Les hommes et les fem*^
mes sont d*une condition très-supérieure à celle de leurs
esclaves, qui paraissent avoir conscience de leur infériorité.
La plupart des hommes sont d'une taille élevée, et n'ont
rien des caractères que nous croyons appartenir à la race
nègre. »
On voit que si les communications du D' Livingstone
laissent à désirer jusqu'à présent bien des indications pré**
•■■>
uigiiizeu uy >.^« v^ v^'pt iv^
20 AFRIQUE. (N^' 1-10.)
cises, indispensables à la géographie positive aussi bien
qu'à la cartographie, elles ouvrent déjà de vastes horizons
sur les parties inconnues du plateau de l'Afrique australe.
M. Stanley quitta Lîvingstone le 14 mars 1872^ et rega-
gna heureusement la côte, ^oyi il est revenu en Europe. Le
24 juillet^ il débarquait à Marseille.
La première impression, li faut le dire, ne lui a pas été
favorable. L'étonnant succès d'une mission où tant d'autres
avaient échoué, et que l'on s'était h:ibituéà regarder comme
entourée de difficultés insurmontables; quelques détails
singuliers, qui semblaient contraires au caractère, à la phy-
sionomie, en quelque sorte, du I> Livingstone ; certaines
particularités de mise en scène, la qualité môme et la pro-
fession de M. Stanley, le souvenir de supercheries restées
fameuses dans l'histoire des voyages africains, et aussi
quelques réticences dans les communications qui effaçaient
en quelque sorte la hgure austère du grand explorateur
derrière le personnage nouveau qui venait s'imposer ino-
pinément à l'attention publique : tout, dans le premier mo-
ment, souleva une défiance universelle. La Société de Géo-
graphie de Londres elle-même partagea cette défiance, et
Texprima sans beaucoup de ménagement dans une lettre
de son président au plus important des journaux de Lon-
dres. Elle était pourtant injuste, il faut maintenant le recon-
naître ; la masse de documents que Ton a auj ourd'hui sôus
les yeux ne laisse plus place au moindre doute. Il faut re-
connaître aussi que dans l'accomplissement de sa hasar-
deuse entreprise, M. Stanley a déployé une énergie, une ré-
solution, un sang-froid et une intelligence que peut-être
bien peu d'hommes, à sa place, auraient eus au même de^
£?ré.
Parmi les lettres de réhabilitation publique — l'expres-
sion n'est pas trop forte — qui ont été adressées de très-
haut lieu à M. Stanley, je citerai seulement celle du fils
du D' Livingstone, revenu de Zanzibar en Europe avec 1ère-
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SCHWEINFURTH. ' 21
porter américaiD, à cause des particularités qu'ellerenferme
sur le journal du grand explorateur :
« M. Henry Stanley , dit cette lettre, m'a remis aujour-
d'hui le journal du D' Livingptone, mon père, écrit jour
par jour, signé et cacheté par lui, avec des instructions écri-
tes de sa main extérieurement. Nous devons à M. Stanley,
pour le soin qu'il a apporté à ces dépêches et en même temps
pour tout ce qu'il a fait pour mon père, nos meilleurs re-
mercîments. Nous n'avons pas la plus petite raison de dou-
ter que ce journal ne soit pas celui de mon père, et je cer-
tifie que les lettres que M. Stanley nous a apportées sont
des lettres de mon père et non d'autres personnes. ^
II
AFRIQUE TROPICALE DU NORD
SCHWEINFURTH
11. Briefenund Notizen in die Berl. Zeitschrift der Geogr.,und Pe-
termann's MiUheilungen, 1872, avec cartes.
12. D' Schweinfurth*s Bericht ûber den Verlauf seiner Reise;
Zeitschr, der Gesellsch. fur hrdkunde au Berlin, VI, 1872
(n- 39), p. 284-288.
13. D' G. Schweinfurth's Hôhenmessungen in Chartum, dem
Djur-Land un Dar Fertit, berechnet von D*" J. Hann. MiUhei-
lungende Petermann, 1872 (n" 11), p. 432-33.
La pensée finale des explorations de Livingstone est la
recherche de l'origine du Nil. Cette recherche séculaire, at-
taquée aujourd'hui avec la vigueur et la persévérance que
notre temps apporte aux investigations scientifiques, doit
inévitablement, dans un temps prochain, aboutir à un ré-
sultat décisif. En même temps que le grand explora-
teur anglais y consacre dans le sud son indomptable éner*
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%i AFRIQUE, (n*»' 11-13.)
gîe, d'autres poursuivent le problème par le nord en
remontant le fleuve Blanc et ses branches supérieures. Parmi
ceux-là, le D' Schwemfurthestmaintenantaupremierrang.
M. Schweinfiirth, s'écartant de Ta ligne ouverte par Speke
et qu'a si heureusement suivie M.Baker, s'est jeté résolu-
ment à Tonest du fleuve Blanc et de Gondokoro, dans
une région que Ton regarde comme le domaine des fièvres
et des cannibales. C'est là que coule le Diour, fréquenté par
les traitants d'ivoire ; c'est de là que vient le Bahr el-Gha-
»1, qui se réunit au fleuve Blanc sous le 9^egré de latitude,
et qui prend aujourd'hui dans l'hydrographie du haut Nil
une importance qu'on n'avait pas soupçoonée. Les courses
du D' Schweinfarth se sont étendues très-loin dans cette
direction de l'Ouest (à 100 lieues au moins de Gondokoro) ;
«t il a remonte jusqu'à près de trois degrés N. de l'équateur
(voirie vol. précédent de VAnnée^ p. 250). Ses récoltes en
ethnographie et en histoire naturelle paraissent avoir été
d'une grande richesse, en même temps que ses relevés et
-ses itinéraires apportent à la carte de ces contrées en-
core si peu connues une quantité d'informations nou-
velles.
Dans une communication verbale à la Société de Géogra-
phie de Berlin (V. ci-dessus, n* 12), M. Schweinf urth a ré-
sumé l'ensemble de son voyage depuis l'origine; nous tirons
de cette intéressante communication l'aperçu suivant, qui
donne une haute idée de la somme d'acquisitions scientifi-
ques qu'aura fournies cette laborieuse expédition.
Parti d'Europe au milieu d'août 1868, le D' Schwein-
farth était à Khartoum à la fin du mois de novembre. Le gou-
yerneur général du Soudan égyptien, Djafèr Pacha, se mon-
tra très-favorable à l'entreprise, et usa de son influence pour
mettre le voyageur en rapport avec Ghattas, un des princi-
pau35 traitants d'ivoire dans la région du Diour, à l'ouest du
haut fleuve Blanc, Sans l'appui et le concours d'un homme
tel que ce Ghattas, qui jouit d'une grande prépondérance
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SCHWEINFURTH. - 3
près des chefs et des populations, il n'y aurait pas eu, dit
le docteur, de réussite possible.
•c Le commerce des esclaves et celui dç l'ivoire sont les
deux principaux aliments du trafic entre Khartoum et la ré-
gion des sources du Nil. Le troque de Tivoire aboutit à une
exportation annuelle de la valeur de 500 000 thalers ; elle
est dans les mains de six grandes maisons et dune douzaine
de petites qui leur sont associées. Pour tenir leur approvi-
sionnement complet, les traitants sont obligés de pénétrer
toujours plus avant dans l'intérieur; ils y sont suivis par les
explorateurs européens, et aussi par le marchand d'escla-
ves arabe, le fléau de ces contrées. Chaque marchand d'i-
voire exploite un district particulier où d'habitude il installe
son séribaj c'est-à-dire un dépôt central que la population
indigène est obligée de pourvoir de vivres, et d'oîi les agents
européens rayonnent dans un cercle plus ou moins étendu.
Une population musulmane d'environ 12 000 âmes s'est
^insi installée *dans le pays, tenant en servage 200000 in-
digèoes sur un territoire d'au moins 70000 kilomètres
carrés ^ »
te 5 japvier 1869, le D' Schweinfurth quittait Khar-
toum pour remonter le Nil. Le principal sériba de Ghat-
tas, le grand traitant de Khartoum, est un village ap-
pelé Mesçhéra-el-Rek, composé de huttes en paille
comme tous les centres d'habitation de cette région. Mes-
çhér& est près du Bahr el-Ghazal , fleuve considérable
formé par la réunion du Bahr el-Arab et du Diour, le
premier venant de l'ouest, le second du sud, tous deux
jtlimeutés par de nombreux affluents. De ces deux bran-
ches supérieures, le Bahr el-Arab est de beaucoup la plus
considérable par sa profondeur et le volume de ses eaux;
aussi le D"" Schweinfurth ne serait pas éloigné de lui at-
1. L'équi raient de douze départements fraiiçais.
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24 ' ' AFRIQUE. (N^» 11-13,)
tribuer la primauté sur le Kir*, patmi les grandes riviè-
res dont se forme le Nil supérieur.
Meschéra-el-Rek, qui devint alors le quartier-général dn
voyagenr, est situé dans le pays des Dinka. Ceux-ci, de
même que les Nouèrs et les Chillouks, deux peuples qui
habitent les terres basses, forment un remarquable con-
traste avec leurs voisins du sud et de l'ouest, les Bongo,
les Mitou, les Nyam-Nyam et les Kredj , peuples qui vi-
vent dans les terres hautes, sur un plateau de grès rouge
abondant en fer. Ces derniers ont une certaine nuance
rouge sur leur peau noire ; ils sont plus trapus et moins
grands que les Nègres du plat pays. Les Bongo, que les
Dinka nomment Dor| furent la peuplade que le voyageur
apprit d'abord à connaître ; ils sont agriculteurs, et la
traite des esclaves en a fort diminué le nombre ^.
M. Schweinfurth fit ensuite connaissance avec une autre
peuplade agricole, les Mitou, qu'il rencontra dans une
excursion à l'est, sur la rivière Roi, et à Mvolo, lieu déjà
visité par Petherick. Sur ces entrefaites, il fut invité par
Aboû-Sammat, l'un des traitants du bassin du Bahr el-
Ghazal, à accompagner une expédition dans le pays des
Nyam-Nyam, Il accepta avec empressement, et Ton par-
tit à la fin du mois de janvier 1870. L'explorateur a dû
à cette excursion de très-intéressantes découvertes.
« A peine eut-on traversé le Tondj , un des affluents du
Diour, que l'on rencontra les premiers Sandé, — c'est le
nom que se donnent les Nyam-Nyam. Bans son extérieur,
et ses habitudes, ce peuple a une physionomie très-carac-
térisée. Il porte des tresses de cheveux descendant jusqu'à
mt-corps ; ses grands yeux en amande sont très-écartés l'un
1. Nom indigène du fleuve Blanc au-dessus du confluent du Bahr
el- Ghazal.
2. M. Schweinfurth, dans sa communication, a donné des détails
étendus sur la physionomie et les mœurs de ces peuples.
y Google
SCHWEINFURTH. 25
de Tautre, le nez est large mais long, la taille est moyenne,
. le bnste est assez long, bien que la plus grande stature
ne dépasse pas 1 mètre 80 centimètres. Ils s'aiguisent les
canines en pointe, afin de s'en servir comme d'une arme
dans les combats ; ils s'habillent de peaux et gardent la
tête nue, à l'exception des chefs qui ont seuls le droit de
s'orner le front d'une coiffure en peau de béte. Ils se ser-
vent peu de l'arc et de la' flèche; leurs armes habituelles
sont la lance, et une espèce de couteau en forme de fau-
cille. Ils chassent et ils pèchent, mais à peine s'ils grat-
tent le sol, qui leur fournit sans travail une foule de plan-
tes nourricières. Ils n'ont pas de bestiaux ; ils entretien-
nent des chiens et des poules, et sont grands amateurs
de chair humaine. J'ai rapporté à Berlin plusieurs crânes
d'hommes servis dans leurs repas d'anthropophages. Les
Nyam-Nyam obéissent à des chefs nombreux ; rien que
dans la portion orientale du territoire, j'en ai compté une
vingtaine, tous investis d'une grande autorité sur le menu
peuple. Le premier-né hérite du pouvoir, et ses frères
sont établis comme vassaux sur les divers districts. Il y a là,
naturellement, une cause de fréquentes guerres civiles. Le
territoire des Nyam-Nyam , qui s'étend très-loin dans
l'ouest, représente certainement plus de 160 000 kilomè-
tres carrés.
a Au sud des Nyam-Nyam, à partir du quatrième degré
de latitude N., habite la tribu des Mombouttou, qu'un
peuple mixte cantonné au nord 4© rOuëllé sépare des
Nyam-Nyam. L'Ouêllé est un puissant fleuve de huit
cents pieds de largeur, et de 20 pieds de profondeur là
où je l'ai traversé ; il coule dans la direction de l'ouest,
et ce ne peut guère être que le Châri qui va déboucher
dans le lac Tchad. Au sud du Ouêllé, on est chez les
Mombouttou.
c Ge peuple et son pays firent sur moi une impression
de nouveauté plus grande encore que les Nyam-Nyam.
u,y,uzc*uoy Google
26 ' AFRIQUE. (n" 11-13.)
Une végétation splendide, des palmiers oléifères, des
cannes à sucre, des bananiers, d'autres plantes tropicales ;
des hommes d'un teint encore plus clair que les habitants*
du plateau de grès rouge, qui d'ailleurs se prolonge ici ;
des gens couleur de café moulu, des hommes vêtus d*é-
çprces de figuier, des femmes presque nues, des chignons
cylindriques sur toutes Jes^ têtes : voilà ce qui me frappa
towt d'abord chez les Mombouttou. L'anthropophagie est
ici plqs enracinée encore que chez les Nyam-Nyam ; et
cependant les Mombouttou sont loin de manquer d'intel-
ligence. Ils ont un état social réglé, ils connaissent plu-
sieurs arts, et s'entendent mieux que les Nyam-Nyam et les
BoDgo à la iabrication du fer et du cuivre. Leur roi
Mounsa, plus puissant que ses voisins, nous accueillit
amicalement ; il donpa même des fêtes en notre hon-
neur, où figurèrent des Akka,
« La nation naine des Akka réside au sud des Mom-
bouttou, et leur est en partie soumise. Les Akka n'attei-
gnent jamais plus d'un mètre et demi- Leur prognathisme
est très -prononcé ; ils ont de petites mains, de petits
pieds. Très-agiles de leur nature, ils se servent fort ha-
bilement de la lance et de l'arc pour chasser l'éléphant.
Je voulais çmmener uu de ces nains en Europe ; mais
l'Akka que j'avais choisi est mort en Nubie, dans le cours
du voyage de retour.
fi En revenant, dans le pays des Nyam-Nyam, la cara-
vane eut à repousser une attaque, et son chef, Aboû-Sam-
pat, fut grièvement blessé. Pendant l'arrêt nécessité par
la guérison de cette blessure, je fis un petit voyage aux
sources du Dipur. Au mois de juillet, je rentrais enfin dans
le ^ériba de Ghattas.
« De courtes excursions remplirent les mois suivants.
J'entrepris ensuite une seconde exploration dans le pays
des Nyam-Nyam, à la suite d'une expédition pour laquelle •
tous Içs possesseurs de sériba avaient réuni leurs forces.
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SCHWEINFURTH. ^ 27
Mais là je vis pâlir ma bonne étoile : le !•' décembre 1871,
un incendie détruisit le sériba de Gbattas et anéantit une
grande partie de mes coUectioas et de mes provisions ; en
même temps nous recevions la nouvelle d'une défaite com-
plète de Tavant-garde de Tarmée des traitants.
ce II fallut songer an retour ; mais, avant de reprendre
le chemin de l'Europe, j'utilisai les six mois pendant les-
quels je dujfepcore rester dans le bassin du Bahr el-6hazal.
Je poussai une pointe à l'ouest, «dana h pays des Kredj;
J9 dépassai de quatre fortes journées de marche l'endroit
le plus occidental atteint précédemment par M. de Heû-
gHn*. Les Kredj, les Golo et les Séré ont été réduits par
la traite d'une manière terrible; l'année dernière il y avait
encore 5700 marchands d'esclaves chez ces misérables
peuplades. La plupart de ces marchands sont de petits
trafiquants qui arrivent dans ces pays avec des ânes char-
gés de coton ; ils échangent leur coton contre quatre ou cinq
têtes noires, puis repartent pour le Nord. Le commerce de
l'ivoire sauve jusqu'à un certain point de ce fléau les ter^
ritoires situés plus à l'Est. »
Le 8 juin 1871, M. Schweinfurth s'embarquait en canot
pour descendre le Nil; le 27 juillet, il était à Khartoum ;
le 26 septembre, il partait de Souakim. Le 2 novembre, il
touchait le sol européen, à Messine, après trois ans et
quatre mois d'absence.
1. M. de Heuglin accompagnait en 1861 les dames de Tinné dans
leur pénible voyage.
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APRIQDË. (n»' 14-16.)
III
LES AUTRES EXPLORATIONS DU HAUT-NIL.
14. Alfr. Penet. Lettres du Nil Blanc; Gorrespondanoe inédite clas-
sée et publiée par M. Cl. Perroud. Annales de VAin, p. 97-176,
Bourg-en-Bresse, 1871, tn-8*.
Notes d'un grand intérêt ponr Thistoire géographique du haut bassin
du Nil, depuis 1840 jusqu^en 1860.
15. Ernst Marno's Nacbrichten. Mittheil. de Petermann, 1872, n'S,
p. 319; n» 12, p. 450-456, avec une carte.
16. Nouvelles de sir Sam. Baker, oct. 1871, dans les Proceedings
de la Soc. de Géogr. de Londres, vol. XVI, n» 3, p. 1S7.
S 1. Excursion de M. £m. Marno en 1871 dans la yallée du Bahr el-Airek.
Nous avons fait connaître, dans notre précédent volume
(p. 253), le trèsyintéressant voyage de M. Ernest Marno
dans les parties du bassin du Bahr el-Azrek qui relèvent
de Tautorité égyptienne, et sa tentative de traversée du pays
des Gallas. En 1871, M. Marno a renouvelé ses courses
dans les mêmes parages, mais il ne paraît pas qu'il ait
songé quant à présent à une seconde tentative d'explora-
tion des contrées inconnues qui touchent fiu sud-ouest de
l'Âbyssinie. M. Marno a fait parvenir au D' Petermann
une relation de son pren^ier voyage, avec les matériaux
d'une carte qui s'élabore actuellement à Gotha, et dont
l'actif directeur des Mittheilungen annonce la publication
prochaine. M. Marno a atteint le 10" degré 45' de lalit. N.,
par 31^ 49' environ de longitude à l'Est du méridien de
Paris.
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SAMUEL BAKER. 29
S 2. Sir Samuel Baker.
Depuis les dernières lettres de M. Baker, que nous
avons publiées dans notre dernier volume (p. 255), on a
reçu à Londres des nouvelles du voyageur. On n'aura pas
oublié que le double objet de la mission armée confiée à
M. Baker par le vice-roi d'Egypte est de fonder près du
fleuve Blane, au-dessus de Gondokoro, un établissement
assez fort pour mettre fin à la chasse ^aux esclaves, et en
même temps de pousser les investigations géographiques
dans la direction des grands lacs. Sur ce dernier point,
aucun fait nouveau n'est encore annoncé ; mais rétablisse-
ment égyptien est en bonne voie de formation. Voici ce
qu'on lit dans les dépêches parvenues du Caire au Fordgn
Office f à Londres, à la date du 21 janvier 1872 :
«c Les dernières lettres de sir S. Baker sont du 22 octo-
bre 1871; à cette date, il était«à 20 milles au nord de Gon«
dokoro, sur le fleuve Blanc.
< Sir Samuel était parti de Taoufikiya, par 9^ 26' de
latît. N.y le 11 décembre 1870% avec son escadrille de
cinquante-neuf barques armées, et son propre steamer,
suivi de sa dahabièh ; il avait atteint Gondokoro (latit. 4^55')
le 15 avril. La flottille entière ne rejoignit que le 22 mai.
c Sir Samuel prit officiellement possession du pays au
nom du khédive, et s'efforça de persuader aux indigènes
(les Bari) de se soumettre volontairement au gouvêrneinent
égyptien. Les Bari ne s'y montrèrent pas du tout disposés,
et ils commencèrent les hostilités contre l'expédition ; sir
Samuel, alors, dut prendre à sq^ tour l'initiative, afin de
les soumettre par la force.
< Quoique l'expédition fût à court de provisions, et que
l'on eût dû rationner la troupe, sir Samuel n'en a pas ntoins
1, Voirie précédent volume de VÀnnée géogr.y p. 255.
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30 . AFRIQUE. (n^» 14-16.)
pris possession d'une des parties les plus fertiles du pays
des Bari; il y a trouvé du blé eu abondance, et de ce côté
il se montre assez tranquille ^ »
S té M. de BiÂeAoïit. ta longlttidtf de &hlirt<ram. RemttiitiM.
Nous savonA quelles circonstances ont inopinément rap*
pelé en France notre compatriote M. de Bisemont^ qui
accompagnait rex{>édition égyptienne; M. Baker a perdu
là un aosiliaire scientiiique d'une grande valeur '• Dans
une lettre adressée au secrétaire général de la Société de
Géographie de Paris, M. de Bisemont fait connaître le ré-
sultat de ses observations astrcmomiques à Kbartoum :
ft J'ai trouvé par vingt et une séries de distances lu-
naires la fongitude de Kbartoum 30^ 16' 45'' E* de Paris,
ou 32* 4a' kr E. de Londres, au lieu de 3P dO' 58'' don-
nés par Linant Bey; j'aurais^cru la différence plus grande.
Telle qu'elle est, elle peut tenir seulement à la différence
des latitudes, qui était de 3'. 11 n'en faut pas davantage
pour faire là' sur la longitude *. »
1. D'après une lettre écrite de Khartoum par M. Marno le 6 dé-
cembre 1S71, écho des rumeurs qui ciiculaient alors dans la capitale
du Soudan égyptien^ les choses n'auraient pas été si complètement sa-
tisfaisantes dans rexpédition de sir Sam. Baker {MittheiL 1872^ n* 8,
p. 319).
2. V. notre précédent volume, p. 255 et 261.
3. Nous ne pensons pas que Linant Bey ait rapporté ses observatiom
au méridien de Saint^Paul à Londres (ce qui donnerait en effet la dif-
férence de 12' notée par M. de Bizemont)i mais bien^ selon l'usage
universel consacré par le Nautical Almanach^ au méridien de l'Obser-
vatoire dOxGreenwich près de Londres, ce qui réduit à environ 6' l'écart
entre le chiffre de Liuant Bey, résultat d'une observation d'aUleors
peu sûre, et celui de M. de Bizemont. Dans tous les cas, nous avions
une détermination faite dans de meilleures conditions pour la longi-
tude de Khartoum , et que jusqu'à présent les cartographes ont en gé-
néral adoptée avec raison : c'est celle du lieutenant Letorzec, compa-
gnon de Cailliaud. Celle-ci donne le chiffre de 30» 17'30"àl'E.de Paris,
et Gonséquemment elle ne diffère de celle de M» de Bizemont que de
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NOUVELLES LIGNES D EXPLORATION. 31
S 4. Nouvelles lignes d'exploration à ouvrir dans l'Afrique ^quatoriale.
Qu'il ûonê soit permis d'eiprimer le regret que dans
ces grandes entreprises qui se poursuivent au cœur de
rAfriqtiê il n'y itit maintenant à citer que des noms étran-
gère* M. de Bizemont y nous venons de le yolr, qui avait
pu s'âSsôéier, il y a trois ans^ à l'expéçiition actuelle de
sif Samuel Baker^ a été rappelé en France par les désas^
ttêuîk événements de 187D; trois ans auparavant, LesainI
avait succombé aux atteintes du climat , au moment où il
abordait, sous les auspices et avec les instructions de notre
Société de Géographie » le seuil des grandes explorations
équatoriale*d. Ce vide est d'autant plus regrettable, qu'en
regard des explorations actuelles ou projetées dans la ré-
gion des sources du Nil, il est une autre ligne que nul n'a
suivie ni tentée encore^ et que nous appellerions volontiere
là ligne française. Toutes les tentatives ont été faites jus-
qu'à présent du^Nord au Sud, ou à l'inverse, du Sud au
Nord$ soit en remontant le Nil et le fleuve Blanc, soit en
partant de l'Afrique Australe pour gagner Gondokoro et.
Khartoum : la ligne que nous voudrions voir aborder (et
que nous signalions, il y a déjà dix ans, à l'attention dés
explorateurs^), couperait le continent dans l'autre seps, dd
rOuest à l'Est dans le sens de l'équateur. C'est la direction
que devait prendre Lesaint, si ce n'est qu'il se portait de
l'Est à l'Ouest. L'exploralion nouvelle pourrait partir du
Grabon, et sans s'attarder dans les basses terres, s'avancer
hardiment vers la contrée des Fân, au Nord où au Nord-
la quantité absolument insignifiante de 4ô". La détermination de
M. de^izemont n'en est pas moins précieuse^ en ce qu'elle contrôle et
confirme à la fois celle du Lieutenant Letorzec.
1. On peut voir le tom. I" de VÀnnée géographique, 1862, p. 52.
Un peu plus tard nous avoos développé la môme vue dans une ieitre
au secrétaire général de notre Société de Géographie, à l'occasion du
voyage projeté de Lesaint».
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32 AFRIQUE. (n^^ 14-16.)
Est, pour atteindre le plus vite possible les hauts pays,
c'est-à-dire la région des soiirces. C'est dans cette haute
région, dont nul encore ne s'est approché, qu'est le grand
intérêt de l'entreprise, l'intérêt tout à la fois physique,
ethnographique et géographique ; c'est là que sont réelle-
ment les recherches et les observations qui immortalise-
raient le voyage et le voyageur, en conduisant directement
et à. coup sûr à la solution du grand problème, la décou-
verte de la tête, de la vraie tête du Nil. Ce qu'il s'agit de
trouvep et de reconnaître, ce n'est pas seulement tel ou tel
lac, qui ne saurait jamais être qu'un point de départ se-
condaire, puisqu'il n'est qu'un récipient d'eaux supérieures:
c'est le point de départ, la source de ces eaux supérieures.
Il faut d,onc se porter au cœur de [la région d*AIpes qui
doit indubitablement exister dans la zone équatoriale de
l'Afrique, et d'où rayonnent les grandes artères qui sillon-
nent le continent, — le Nil, le Ghâri, le Tchadda, bran-
che orientale du Dhiolibâ, le Zaïre, et peut-être l'Ogovaï,
tributaires de l'Atlantique, et enfin le Zambézi, affluent
de la mer des Indes,' — comme du massif de nos Alpes
d'Europe rayonnent le Rhône et le Rhin, et Tlnn vraie tête
du Danobe, et le Tessin vraie tête du Pô. C'est donc la ré-
gion alpine qu'il faut atteindre : là est la branche mère du
Nil et le nœud du problème. Qu'il y ait là de grandes
difficultés et de grands périls, cela est certain ; pas plus
grands, après tout, que ceux que Barth, il y a vingt ans, a
si résolument bravés, et dont il ir si adminiblement triom-
phé; pas plus grands non plus^ moins grands peut-être,
que ceux que l'explorateur rencontre dans les parties déjà
suivies des grands lacs et du fleuve Blanc. Deux voyageurs
instruits, vigoureux, résolus, bien préparés, mèneraient à
bien l'entreprise, j'en suis convaincu. Et quelle gloire dans
le succès i
Entre les grandes explorations qu'appellent encore les
vides dç U carte d'Afrique, — toute la zone équatoriale,
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EXPÉDITIONS PROJETÉES. 33
r«space immense compris entre le Tanganika et leGabon,
le revers occidental du mont Kénia, toute la région des
montagnes de Kong au-dessus de la Guinée, la région
inconnue entre le Tchad et la Nubie, etc., etc., — entre
ces grandes et difficiles expéditions qui sollicitent encore
le dévouement des explorateurs, aucune ne conduira aussi
promptement que celle que nous venons de suivre par la
pensée k de grands résultats, à des résultats d une nature
aussi générale. Nous l'avons qualifiée de ligne française :
puisse notre prévision se réaliser, et se réaliser dans un
temps prochain I
S 5. Expéditions projetées.
Au surplus, Tattention se porte maintenant de ce côté. Le
docteurKirk, consul d'Âugleterre à Zanzibar, dans une lettre
du 15 janvier 1872 adressée au Président de la Société de
Géographie de Londres {Proceedings of the soc, vol. xvi,
n*» 3, p. 226), s'exprime ainsi : «J'aimerais voir quelques ex-
plorateurs suivre les caravanes marchandes qui chaque an-
née partent de Pacgani et de Mombaz, longent le pied du
Kilimandjaro, et traversant les plaines salines couvertes
d'épais dépôts de carbonate de soude, coupent le territoire
sauvage iies Masaï et des Ouakouasi pour gagner les
lacs du haut bassin du Nil, où elles se rencontrent avec
les gens d'Ouganda et de Karagoué. Un pareil voyage se-
rait plein d'intérêt et de nouveauté... »
D'un autre côt,é, nous lisons la note suivante dans YAthe-
nœumàn 9 novembre 1872 : «Deux expéditions, munies
des instructions delà Société de Géographie, vont très-
prochainement quitter l'Angleterre pour TAfrique cen-
trale. L'une , dont la conduite est confiée au lieutenant
Grandy, de la marine royale, est désignée sous le nom
d'expédition Congo-Livingstone ; elle prendra terre à Saint-
Paul de Luanda et remontera le cours du Zaïre ou fleuve
l'awnéb GÉOGR. XI. V 3
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34 AFRIQUE, (n^' 14-16.)
du Congo, afin de rechercher les rapports que ce fleuve
peut avoir avec le Loualaba*. M. Young, le vieil ami de Li-
vingstone, a mis généreusement à la disposition de la So-
ciété une somme de 2000 livres pour l'expédition Graudy.
« L'autre expédition, sous les ordres du lieutenant Ga-
•méron, de la marine royale, accompagnera sir Bartle Frère,
yn des vice-présidents de la société (que le gouvernement
vient de charger d'une mission spéciale), et partira de Zan-
zibar pour pénétrer dans l'intérieur, sous les auspices et
avec les instructions de sir Bartle. »
L'Angleterre, on le voit, veut se relever de l'échec de
la mission Dawson. G'est une noble et généreuse ambi-
tion.
Le lieutenant Grandy a dû s'embarquer à Liverpool le
30 novembre; sir Bartle Frère avait quitté les côtes d'An-
gleterre dès le 21.
Enfin, on lit dans les journaux allemands : « A l'une des
dernières réunions de la Société de géographie de Berlin, il a
été décidé qu'il serait formé une commission permanente
allemande pour l'exploration de l'Afrique centrale, en pre-
nant pour base la côte ouest, du cinquième degré nord au
sixième degré sud de latitude, à l'embouchure du Gongo.
Les autres sociétés de géographie de l'Allemagne seront in-
vitées à se joindre aux dépenses qu'il y aura lieu de faire et
pour lesquelles on aura recours aux souscriptions. Une
somme considérable a été immédiatement souscrite dans la
salle de réunion de la Société de géographie. On espère ob-
tenir le concours du gouvernement. Le duc de Weimar a ,
déjà promis son assistance; il a exprimé cette opinion qu'il
serait désirable que plusieurs expéditions partissent simul-
tanément de différents points. »
C'est un mouvement très-remarquable qui se produit en
Ilarope. Il est profondément regrettable que par l'effet des
1. Voy« ci-dessus, p. 7 et suiv<
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HAUTE NUBIE. 35
circonstances qu'elle traverse^ la France se trouve en dehors
de cette grande impulsion, dont elle a en la première ini
tiative.
IV
NU3IE ET AipYSSINIE
n. W. MuNZ(NGBR. Die nôrdlicbe Fortsetzung der abessinischen
Hochlande; neue Forschungen in den Gebieten der Beni-Amer
und Habab, 1871. Mittheilungen de Pelermann, 1872 , n» 6
p. 201-206.
Avec une grande carte de l'extrémité méridionale de la Nubie, entre
la frontière N. E. de l'Abyssinie (vers le parallèle de Massâoua), à peu
près par 15* A de latit. N. et 17' i de latitude.
18, Prof. A. IssEL. Viaggio nel Mar Rosso e tra i Bogos(1870);
MilunOy 1872; in-S" 132 pages, avec 2 cartes et 18 figures dans
le texte. 2 1. f
En 1870, la lociété Italienne de Géographie envoya à la mer Rouge
une expédition scientifique, composée du marquis Antinori, naturaliste
déjà connu par ses voyages dans le haut bassin du fleuve Blanc, du
botaniste Beccari, et du géologue Arihur Issel, professeur à Tuniversité
de Gènes. La mission a visité labaied'Assab, Tarchipel Dahlak, le pays
des Bogo, et d'autres territoires des confins N. E. de l'Abyssinie, à
Touest de Mass&oua. Le volume ci-dessus est la relation personnelle
du professeur Issel ; les relations de MM. Antinori et Beccari doivent
paraître dans le 9* volume du Bollettino de la société Géographique
d'Italie, accompagnées de cartes.
Avant de nous éloigner des contrées du haut Nil, quel-
ques mots encore sur la Haute-Nubie et sur TAbyssinie,
où nous retiennent d'intéressantes publications, et où vient
de s'accomplir un événement important.
% i". M. Munxioger et les ezplorationi.
La communication de M. Werner Munzinger, à qui la
science doit déjà de si précieuses études sur les territoires
et les populations du sud-est de la Nubie^ ajoute de nom-^
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36 AFRIQUE. (n«' 17-18.)
breux renseignements aux notions antérieures et enrichit
notablement la carte encore si incomplète de ce coin de
l'Afrique. M. Munzinger, qui a été investi par le khédive
des fonctions de moudir de Souâkïn, ou gouverneur du
Soudan maritime (et qui exerce en outre à Massâoua celles
de consul de France), met à profit sa position nouvelle pour
étendre ses investigations sur une contrée qui est devenue
pour lui comme une seconde patrie*. 11 y a trois ans,
c'était une excursion dans le pays des Afar (voir le dernier
volume de VAnnée^ p. 264); aujourd'hui c'est une course
chez les Habab et les Beni-Amer, deux tribus importantes
qui se rattachent très-probablement à la famille abori-
gène des Bedjah. M. Munzinger promet un travail spécial
sur ces deux tribus; sa communication actuelle se rapporte
aux principaux traits physiques du pays, plateau monta-
gneux dont le versant oriental s'abaisse par étages vers la
mer Rouge où vont se perdre de nombreux torrents tempo-
raireSy et que surmontent des pics nombreux d'une assez
grande élévation. Un massif qui paraît être le point culmi-
nant de toute la contrée et d'où se détachent trois sommités,
est situé vers le 16'' degré 40' de latitude; il a par estime
une altitude de 8000 à 9000 pieds (2500 à 2800' mètres)..
Des autres sommets où M. Munzinger a pu porter son ané-
roïde, le plus élevé est l'Enyélat (latit. 16" 32'), 2579 mètres.
Ce sommet ne domine cependant que de 1 76 mètres le pla-
teau sur lequel il repose. Un peu plus au nord (entre 1 6^40'
— 16*50 de latitude), et à 60 ou 70 kilomètres de la côte, le
plateau forme un magnifique cirque appelé Nakfa, entouré
1. M. Munzinger est Suisse de naissance. Depuis 1871, le Soudan
égyptien , dont Khartoum est la capitale, a reçu une nouvelle organi-
sation. 11 forme actuellement trois divisions administratives. La pre-
mière, composée des moudirièh ou districts de Dongolah et de Berber,
relève directement du Ministère de l'Intérieur au Caire; la seconde,
composée des quatre moudirièh de Bahr el-Abyad, Kordofan, Sennâr et
Taka, a Khartoum pour capitale ; la troisième est le moudirièh de
Souâkïn, avec Massâoua et tout e littoral du pays Bedj.ih
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ABYSSINIE. 37
d'une ceinture de hauteurs. M. Munzinger signale cette '
localité, à laquelle son élévation donne la plus heureuse
température, comme appelée à devenir le site d'une \ille
importante. La notice toute topographique de M. Mun-
zinger est d'ailleurs peu susceptible d'analyse ; son meilleur
résumé est la grande et belle carte qui raccompagne, et
dont l'intelligent observateur a fourni les éléments. La
table des altitudes observées comprend 62 points; les
observations ont été calculées par M. Hahn, de l'observa-
toire de Gotha.
S 2. La reconstitution politique de l'Abyssinie.
En Abyssînie, le gouverneur de la province du Tigré,
après une lutte heureuse soutenue contre un compétiteur,
s'est fait couronner à Axoum, la capitale religieuse du
royaume; le nouveau souverain, après sa consécration par
l'Abonna ou Patriarche d'Ethiopie, a pris comme chef de
dynastie le nom de Joannos* Une correspondance de Mas-
sâoua donne les détails suivants sur la solennité, qui a eu
lieu le 14 janvier 1872 : «Kassaï (c'était le nom du nouveau
Négous avant son couronnement*) , parti le 4 janvier
d'Adoua, capitale du Tigré, arriva le 12 à Axoum avec sa
suite, ne faisant que de courtes étapes et s'arrêtant sou-
vent. Le 13, eurent lieu de grandes manœuvres auxquelles
assistèrent, comme spectateurs, environ trois mille prê-
tres abyssins, venus pour honorer la fête. Kassaï s'était,
placé au sommet d'une petite colline; le clergé était à sa
droite, l'armée occupait la gauche.
« Le 14 janvier au matin, Kassaï entra dans la cathédrale
d' Axoum, et s'y fit solennellement couronner. La cérémonie
terminée, il s'avança, suivi de la foule, vers le nouveau pa-
1. Le Négous Théodoros, tombé à Magdala dans sa lutte trop inégale
contre TAngleterre, s'appelait aussi Kassa! de son nom de prince.
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38 AFRIQUE. (n" 19-30.)
lais qu'il avait fait construire pour cette fête ; il y fit son
entrée la couronne sur la tête, et prit plac3 sur un trône
élevé de douze marches. La joie des assistants était extrême*
Les coups de fusil éclataient continuellement et remplirent
d'une fumée épaisse la salle-oùse trouvait le roi. Les festins
durèrent trois jours de suite; quatre cents hommes entraient
àla fois dans la salle ^ et faisaient place à d'autres aprèsavoir
mangé. Pendant ces trois jours, le roi ne quitta pas sa
place. Environ quatre mille vaches furent tuées, et plus de
cinq cents ocques de miel furent employés à faire Thy-
dromel.
c Le prince Kassaï, maintenant Negous Johannos d'E-
thiopie, a dû partir le 23 février pour Gondar. »
On ne pourrait qu'applaudir à cette promesse de reconsti-
tution politique, si malheureusement le nouveau règne ne
s'annonçait par des dispositions de persécTution contre les
missionnaires catholiques.
V
AFRIQUE AUSTRALE
19. Capt. S. B. Miles. On the Somali counlry. Proceedings of the
Roy. Geogr. soc, vol. XVI. n° 3, p. 149-157.
Rapport adressé d'Aden, le 17 avril l»7l.
20. RIch. K. BuRTON. Zanzibar^ city, island, and coast. Lond, 1872,
2 vol. petit in-8".
Souvenirs rétrospectifs de l'expâdition de 1858 en compagnie du
capitaine Speke, expédition qui a eu pour résultats la première recon-
naissance du grand lac central (le Tanganlka) et la décoaverte du Vic-
toria Nyauza, points de départ des voyages ultérieurs de Baker, de
LiVingstoue et de Stanley, qui ont si puissamment occupé et occupent
encore l'attention dn monde géographique.
21. Le R. P. HoRNER. Voyage à la côte orientale d'Afrique pendant
l'année 1866. Paris, 1872, in-12, 267 pages, 3 fr.
Zanzibar et contrées avoisinantes.
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AFRIQUE AUSTRALE. 39
i2. Keitb Johnston. Notes on the Bev. Thomas Wakefleld*s Map of
Eastem Africa; Proceed. of ihe Roy. Géogr. soc, vol. XVI. n« 2,
febr. 1872, p. 125-129.
Comparez ci-dessus, le w 8.
Sur la carte du Rev. Wakefield, missionnaire à Mombazi et les Noies
de AI. keith Johnston, voir notre précédent vol., p. 233, n«* 414 «t 413.
Cette carte, insérée an vol. XL du journal de la société de Géographie
de Londres, est une carte d'informations natives. Elle est basée prin-
cipalement sur les itinéraires et les notes obtenues d'un indigène, Sadi
bïn Ahédi, informations qui par leur précision et leur abondance < ont
presque la valeur d'une relation européenne. »
Je transcris deux ou trois remarques importantes do M. Keith-
Johnston :
c Les particularités les plus frappantes de là nouvelle géographie qui
nous est ainsi ouverte, particularités que Vdn pourrait presque quali-
fier de découvertes, sont l'existence de nombreux sommets, outre le
Kénia et le Kilima-Njaro, au long du bord extrême du plateau, entra
autres le Dôenyo Ngaï, déjà mentionné pal* Erbardt, et que l'on dit être
plus élevé que le Kilima-Njaro, quoique n'offrant pas un massif aussi
considérable.... La montagne volcanique de Njémsi présente cet intérêt
particulier, que sauf le volcan d'Artali décrit par M. Munzinger dand le
pays des Afar, c'est le seul cratère connu qui paraisse encore en acti-
vité sur le continent africain. Ce que Badi hïù Ahédi rapporte de ce
volcan est confirmé par d'autres informations recueillies par M. Erhardt
et par le D' Krapf.
I On a ici des indications spéciales sur la direction générale du lac
d'eau douce de Baringo (ou Bahari'Ngo), dont la situation par rapport
à roukara, ou Victoria Nyanza, est à peu près celle que lui assigne
Speke, si ce n'est qu'au lieu d'être en communication avec le lac Vic-
toria, il en est séparé par un canton montueux et bien peuplé. •
23. Nachrichten von Cari Maucfî im Inneren von Sttd-Afrika, bis
zum 27 Juli 1871. Antritt seiner neuen Reise nach Manica. Die
Gold- und Diamantenfelder in der Transvaal-Republik. MUthei-
lungende Petermann, 1872, n* 3, févr., p. 81-82,
— Cari Mauch's Entdeckung der Ruinen von Zimbaoe, 5 sept.
1871. Ibid. n« 4, mars, p. 121-126.
Voir le précédent volume de V Année, et ci-après nos développe-
ments.
24. (H. Habenicht). Die neuesten Forschungen in der Transvaal-
'Republik und dejn Matebele-Reich. Ihid n° 11 , p. 421-422.
Note explicative sur les bases et la construction de la grande et belle
carte qui accompagne ce cahier, et qui a pour titre : Ori^inalkarte der
neuesten Entdecknngsreisen in Sûd-Afrika, von Mauch, Mohr, Hûbner,
Baines u. A., nebst Utbersicht sàmmtlicher Forschungen in der
Transvaal-Republik und Mosihkatse s Reich (au 2 000 ooo«)-
25. Account of M. Baines's exploration of the gold-bearing région,
belween the Limpopo and Z?mbesi rivers. Prepared from
uiyiiizeu uy >^jv^v^^i>^
40 AFRIQUE. " (n°* 19-30.)
M. Baiiies's journals, by Rob. J. Mann. Journal of the Roy.
Geogr. soc, vol.. XLI, 1871, p. 100-131; with Map.
Bon itinéraire à rapporter à la carte de M. Mauch. Les données
scientifiques du journal de M. Baines, et en particulier les observa-
tions d'altitude, sont utilement groupées en forme de tableau, de la
p. 112 à 131.
26. République de l'Afrique Tnéridionale, ou de Trans-Vaal -Boers,
Hevue Marit. et Colon., sept. 1872, p. 427-435.
Renseignements extraits des Annaes do Conselho UltramarinOj par
M. G. Neveu, aide-commissaire de la Marine. Ces notes portent sur les
forces militaires, les ressources financières, Torgauisation intérieu-
re, etc. Quoique le sujet soit pour nous d'un intérêt médiocre, comme
il est- peu connu, nous en extrayons ci-après quelques passages.
27. Cap. Fred. Elt©n. Journal of exploration of the Limpopo river
(extract). Proceedings of the Boy al Geogr. soc, vol. XVI, n* 2,
p. 89-101.
— Extracts from the journalof an exploration of the Limpopo
river, undertaken of the purpose of opening up water communi-
cation, and a more convenient route from the seulement on the
Tati river to the sea coast. Natal, 1871, in-4* 35 pages.
Voir les Nitfheilungen de Petermann, 1872, n» 10, p. 402.
28. J. Mackenzie. Ten years north of the Orange river. A story of
every-day life and work among the South African tribes, from
1859 to 1869. Edinhurgh, 1871, in-8« 7 sh. ^ (Edmonstone).
Œuvre estimable d'an Missionnaire. Peu de matière géographique.
29. Th. Hahn. Beitrâge zur Kunde der Hottentotten. Jahreshe-
richt VI-VII -des Vereins fur Erdkunde zu Dresden, 1871,
p. 1-73.
Travail particulièrement recommandable au point de vue linguis-
tique. '
30. Côte méridionale d'Afrique. Du cap des Aiguil'es à la baie
Mossel. Paris, 1872, Dépôt de la Marine (n» 2935).
— De la baie Mossel au cap S. Francis (n» 2936).
S 1. Le capitaine Miles, sur le pays des Somàl.
Le capitaine Miles, qui a fait récemment, de compagnie
avec M. Munzinger, une très-intérelsante excursion dans
une partie jusqu'à présent inexplorée du Sud^-Ouest de
TArabie') a visité Tannée suivante (au commencement do
1. Nous en rendronii compta ci-après dans la section consacrée à
TArabie.
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SOMÂL. 41
1871) un canton non moins i^onnu du pays des So-
mal, sur la côte opposée du golfe d'Âden, où il a pénétré
dans rintérieur jusqu'à une grande vallée appelée Ouâdi
Djaïl. Le capitaine Miles a rendu compte de cette course
dans une note adressée à la Société de Géographie de Lon-
dres (ci-dessus, n^ 19) ; nous allons en extraire quelques
Bander Marayàh (Mouraïo des cartes), situé sur le golfe
d'Aden par 11* 43' de latitude nord *, est le pricipalfort
de la grande tribu somâli des Medjertaïn. La place est as-
sise au pied d'une rangée de hauteurs portant le même
nom ; cette chaîne s'élève, à un mille environ en arrière de
la ville, à la hauteur de 1200 mètres. La ville longe la baie
sur une longueur de près d'un demi-mille (7 à 800 met.);
elle compte au delà de 200 maisons. La population perma-
nente n'est que de 6 à' 700 âmes; mais à l'époque de la
grande foire, quand les caravanes arrivent de l'intérieur
avec des gommes et d'autres produits, et que les mar-
chands arabes traversent le golfe, ce chiffre peut bien être
doublé.
Quant à l'origine des Somâl, le capitaine Miles regarde
comme probable que ce peuple est issu d'une immigration
arabe venue dans le pays il y a plusieurs siècles, et qui
forma, par son mélange avec les Gallas, une population
mixte représentée par les tribus actuelles. Leur idiome,
composé de mots en partie gallas, en partie arabes, appuie
suffisamment cette hypothèse, à ce que pense M. Miles,
ainsi que leur culte qui est celui de Mahomet, et leurs tra«
ditions qui tiennent en grande vénération des ancêtres de
nation arabe. Ils font remonter cette immigration à quatre
on cinq siècles.
G^tte vue du zélé voyageur appelle quelques réser-
ves. Qu'une part considérable doive être faite à rélément
1. A 56 milles aDglaii vers TO. du cap Guardafuy.
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42 AFRIQUE. (n'»' 19-30.)
arabe dans la' nationalité ^mâli, cela est tout à fait indu-
bitable ; mais ce que Ton connaît de Tidiome des Somftl
paraît le rattacher directement à la souche galla, et dès
lors l'immixtion arabe, quelle qu'en puisse être l'impor-
tance historique, n'a plus, au point de vue ethnologique,
qu'une valeur secondaire. En d'autres, termes, les Somâl
sont un peuple galla mêlé d'Arabes, et non pas seulement,
comme le voudrait M. Miles, un peuple arabe enté sur un
fond galla.
Le nom de Somâl, quelle qu'en soit l'origine , n'a pas
été connu des anciens ; mais leur établissement dans la
contrée comprise entre le fond du golfe d'Aden et le cap
Gruardafuy n'en remonte pas moins à une époque de beau*
coup antérieure à Tère musulmane, ainsi que le prouvent
les noms mentionnés par les auteurs du temps des Ptolé'-
mées et. les périples de l'époque romaine, noms qui, pour la
plupart, se reconnalgsent encore dans la nomenclature ac-^
tuelle. Le capitaine Miles tente quelques rapprochements
de géographie comparée ; nous ne le suivrons pas sur ce
terrain classique, pour n'avoir pas à relever de grosses «
erreurs. Ces erreurs, trop communes chez les voyageurs
rarement préparés par des études spéciales, n'enlèvent
rien, heureusement, à la valeur des observations locales.
Celles du capitaine Miles, nous l'avons dit, nous portent
au milieu d'un territoire inexploré. Le voyageur a remonté
d'une cinquantaine de milles le Ouâdi Djaïl. Un croquis
topographique aurait été ici bien utile, pour suppléer à
l'insuffisance forcée de la description écrite.
S 2. Suite des explorations de M. Cari Maach, entre Id pays Transva&I
et le Zambézl.
Cari Mauch, l'explorateur allemand, poursuit active-
ment ses recherches dans la région à peu près vierge qui
s'étend entre le Zambézi et le Transvaal. Les Mittheilun''
gen du D' Petermann, ce précieux répertoire de toutes les
uigmzeuuyGOOgk
EXPLORATIONS DE CARLMAUCU. 43
informations récentes, ont re^ du voyageur, en même
temps que des lettres et de nouveaux mémoires (ci-des-
sus, n° 18), les éléments d'une carte complète de TÉtat de
Transva^l, dans laquelle M. Maach a résumé les itinérai-
res dont il a sillonné le pays depuis plusieurs années, les
nombreuses déterminations astronomiques auxquelles il a
rattaché ses lignes d'exploration, et les informations locales
de nature à compléter ses reconnaissances personnelles. Ce
sont là de ces travaux solides dont j'aime à saluer l'appa-
rition, de ces travaux qui tout à la fois enrichissent et
transforment la cartographie d'une grande région. (Ci-
dessus, n*» 23 de la bibliographie.) Il y a vingt-cinq ans à
peine, les vastes contrées de l'Afrique australe, sauf une
étroite zone littorale, ne présentaient qu'un vide immense
sur la carte du globe ; que de conquêtes dans ce court es-
pace d'une génération! Trois noms s'y inscrivent avant
tous les autres, Livingstone, Burton et Speke , noms glp-
riéux autour desquels se groupent bien d'autres noms
dignes d'honneur et de sympathie : — le missionnaire
Krapf, précurseur de Burton ; Baker, heureux émule de
Speke ; du Chaillu, l'explorateur zélé de la terre des Go-
rilles ; Ladîslaûs-Magyar, le révélateur du Congo, et tant
d'autres dont je ne puis dresser la liste. Parmi ces intré-
pides champions de la science, Cari Mauch travaille à sa
placer aux premiers rangs, entre les plus méritoires et les
plus glorieux.
On doit aussi à M. Baines, connu depuis longtemps
comme explorateur zélé et chasseur intrépide dans ces
contrées australes, un itinéraire que les cartographes con-
sulteront utilement (n<* 25). Une expédition encore plus im-
portante est celle du capit. Fred. Elton au Limpopo, en
1870, pour l'étude de la partie moyenne de cette grande
rivière (ci-desisus, n° 27), dont la partie inférieure avait
été déjà explorée en 1868 par M. W. Erskine*.
1 . Voir le précédent vol. de V Année, p. 226.
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44 AFRIQUE. (S^ 19-30.)
s 3. Coup d'œîl rétrospectif snr les anciens voyages des Portugais
dans l'Afrique méridionale. Les mines de Zimbâoué.
Un des résultats des récentes explorations de TAfrique-
Australe, est d'avoir fait sortir les vieux documents portu-
gais de la poussière où ils dormaient depuis de longues
années. On sait que dès le commencement du seizième
siècle le Portugal a fondé des établissements sur les deux
côtes du continent africain, au sud de Téquateur, et que
depuis trois cents ans les colonisateurs du Monomotapa
et du Congo se regardaient comme les maîtres d'une
grande partie de la Péninsule. D'anciennes notions recueil-
lies par leurs missionnaires, ou consignées dans des rap-
ports officiels, ont été ainsi remises en lumière^; mais en
même temps que Ton faisait levivre de vieilles informa-
tions à peu près oubliées, on a pu en constater la nullité
scientifique, même en descendant jusqu'à des époques plus
rapprochées de noijs. C'est à peine si dans les nombreu-
ses indications de nations ou de peuplades intérieures, de
villes, de lacs et de rivières, consignées dans les vieilles
relations ou dans les documents inédits, on en trouve un ou
deux où Ton ait apporté quelque précision. Pas d'études
de linpfuistique comparée, pas d'observations d'ethnogra-
phie sérieuse, pas d'itinéraires véritablement étudiés, ni de
déterminations astronomiques. Les documents portugais
ne laissent pourtant pas de fournir des indications bonnes
• à recueillir. C'est ainsi que le moine dominicain dos San-
tos (1587), et avant lui Thistorien Barros, parlent de restes
curieux d'anciennes constructions que Ton avait découver-
1. D'Anville, notre grand géographe du dernier siècle, avait utilisé,
avec critique et discernement, les vieux documents portugais sur
l'Afrique du Sud; et j'ai déjà fait remarquer que beaucoup d'indica-
tions qu'il avait ainsi portées avec discrétion sur sa grande carte d'Afri-
que (1749} avaient été effacées par les cartographes postérieurs » le
lac Maravj, notamment. Les explorations de Livingstone les ont resti-
tuées, en les précisant.
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RUINES DE ZIMbAouÉ. 45
tes dans la contrée aurifère de Sofala, à quelques journées
de la côte. Ces ruines ont été revues dans ces derniers
temps, et M. Mauch les' a visitées au commencement de
septembre 1871 (ci-dessus, n*» 23). Elles sont à 300 kilo-
mètres de la mer, et à 500 au sud du Zambézi, dans une
position dont Mauch estime la latitude à 20^ 14' S,, et la
longitude à 31H8', à TE. de Paris. Elles se composent de
deux groupes de constructions massives , en pierre dure
taillée à peu près en forme de briques, et assemblées sans
ciment. Des parties de murs encore bien conservées ont
trois mètres d'épaisseur à la base, et deux mètres et demi
au sommet. Une tour de dix mètres de hauteur, ronde à
la base, se termine en forme de cône. Le tout présente
l'aspect d'une sorte de forteresse, destinée sûrement à
protéger les mines, dont il existe aux environs des traces
manifestes. Le lieu est désigné par les Noirs sous le
nom de Zimbabî (Zîmbaoé dans les anciennes relation^
portugaises), mot que les indigènes emploient pour dési-
gner, en général, une résidence royale.
Qui a élevé ces constructions, et à quelle époque remon-
tent-elles ? deux questions qui se présentent tout d'abord à
la pensée, et auxquelles, jusqu'à présent, on n'a pu répon-
dre. Ce qui est hors de doute, c'est qu'elles n'appartien-
nent ni aux Noirs, qui jamais n'ont construit d'édifices de
cette nature, ni aux' Portugais qui les ont découvertes à
leur arrivée dans le pays. Les ornements assez grossiers,
tracés sur quelques-unes des parties saillantes, ne sau-
raient fournir d'indications à cet égard. La première idée, —
elle appartient aux anciens Missionnaires, et d'autres l'ont
reprise tout récemment^ — est que la contrée aurifère de
Sofala répond à l'Ophir des flottes de Salomon, et que les
constructions de Zimbâoé furent élevées par les Phéni-
ciens. On sait à quelles controverses a donné lieu la situa-
tion d'Ophir, « d'où les flottes ne revenaient que la troi-
sième année. » Outre l'Ophir du sud de l'Arabie, dont
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46 AFRIQUE. (n"" 19-30.)
Texistence est indubitable, les commentateurs ont cru de-
voir chercher une aulte localité, ou un pays de ce nom, sur
un point plus éloigné de la mer des Indes, à cause des
trois années de voyage. Les uns, & l'exemple des Mission-
naires que je viens de citer, sont descendus par la côte
d'Afrique jusqu'à Sofala, et ceux-là n'ont pas manqué de
rappeler la navigation phénicienne du temps de Nékhao
(vers 610 avant J. G.) ; d'autres, se fondant sur Tétymolo-
gie sanscrite d'une partie des objets précieux rapportés par
les flottes de Salompn, se sont tournés vers l'Inde. Un sa-
vant illustre, M. Lassen, a même cru pouvoir alléguer,
à l'appui de cette dernière thèse, le nom des Abhîra du
bas Indus, — ce qui est parfaitement insoutenable, soit dit
avec tout le respect que je dois à la science du grand in-
dianiste : d^abord parce que la tribu infime et méprisée
des Âbhîra ne saurait rien avoir de commun avep un grand
marché commercial ; en second lieu, parce qu'on ne voit
nulle part, ni dans les textes nationaux, ni dans les sour-
ces orientales, ni dans nos^écrivains classiques, qu'un em-
porium de cette nature ait jamais existé dans le delta du
Sindh. D'un autre côté, il est bien difficile, pour ne pas
dire plus, de faire remonter à 3000 ans au moins, dans
leur état de conservation relative, les constructions de Zim-
baoé. Tout bien considéré, laissant de côté la question
d*Ophir pour laquelle je m'en tiendrais volontiers à la mé-
tropole arabe (pour des raisons qu'il serait trop long de
déduire ici), je suis tout à fait d'avis, pour mon compte,
que les constructions du pays de Sofala sont tout simple-
ment l'ouvrage des Arabes, qui < pratiquaient ces côtes
avant la venue des Portugais, et qui en exploitèrent les
mines.
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TRANSVAAl- 47
$ 4. Notes snr le TransvaaI.
Lq budget étaity en 1860, de 437,000 francs de recette
environ, recette qui ne couvrait pas la dépense prévue.
L'armée comprend tous les hommes en état de porter
les armeS;de 16 ans à 60 ans, et, en cas de nécessité, tous
les hommes de couleur de l'intérieur du pays, dont les
chefs sont soumis à la République ^
Les individus élus à des grades militaires, qui, sans mo-
tif valable, refusent d'accepter, payent une amende : le lieu-
tenant, 25 rixdalers; le commandant, 100; le commandant
général, 200.
Tout jeune homme qui possède un chariot, un troupeau
de bœufs (ordinairement 8 ou 10) et un fusil pour la
chasse à l'éléphant, est apte à se marier; il choisit immé-
diatement une jeune fille, et le mariage se fait devant le
juge. S'il perd s^. femme, il ne reste pas longtemps veuf,
et réciproquement.
Us sont plutôt artisans que travailleurs ; c'est à peine
s'ils cultivent ce qui est nécessaire à Fentretien de leurs
familles. Il arrive souvent qu'au milieu de Tannée il leur
faut acheter du blé et du maïs, parce que le produit de
leur récolte est épuisé. On y rencontre d'excellents serru-
riers, charpentiers, charrons, fabricants de briques et ma-
çons. Il y a aussi de très-bons armuriers.
Les marchandises principales du commerce sont la pou-
dre, le plomb, l'étain, le café, le sucre, les indiennes im-
primées, le coton écru, des bretelles, différents remèdes
portant sur l'étiquette l'indication des maladies auxquelles
ces remèdes sont applicables; les armes de précision pour
1. La population, en 1864, était évaluée à 20 ou 25,000 colons, à côté
desquels Tit encore un groupe considérable de population aborigène,
de race betchouana, peut-être 250,000 âmes« Ces indications sont né"
eessairement assez vagues^
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48 AFRIQUE. (n*»* 31-32.)
la chasse des éléphants, des vêtements et des chapeaux
pour hommes et pour femmes, outre les menus objets de
ménage. On exporte de l'ivoire, des défenses de rhinocéros,
des dents d'hippopotame, des planches, des peaux de divers
animaux, du coton, des bœufs, des nattes, des corbeil-
les, etc. Ces exportations sont toutes destinées à la colonie
anglaise.
L'agriculture se borne à la culture du blé et du maïs.
Les fruits et les légumes sont assez abondants ; le raisin,
les pêches, les figues, les oranges, les pastèques, etc., y
viennent en grande quantité^ ainsi que les pommes de
terre, les haricots, les piments, les oigndns.
Le principal produit de l'industrie est le bois en planches
de 8 mètres de longueur, dont le prix est d'une demi-livre
sterling.
VI
MADAGASCAR.
31 . Alfred Gbandidier. Madagascar. Bulletin de la soc, de Géogra^
phie, avril 1872, p. 369-411.
Dans une précédente commanication faite à la société de Géographie
(V. le vol. précédent de VAnnée Géographique, p. 285-86), M. Grandi-
dier avait donné le tracé de ses itinéraires en diverses parties de Tile,
et en même temps esqaissé la physionomie générale de cette terre en-
core si imparfaitement connue; la communication actuellâ est principa-
lement consacrée aux productions et aux habitants. Elle est accompa-
gnée de trois petites cartes de l'île mises en regard sur la même
planche, Tune tirée de l'ouvrage d'Ellis, 1858, l'autre de la carte de
Robiquet, 1863, la troisième de la grande carte de M. Grandidier lai-
mém^. Ce rapprochement fait ressortir l'énorme changement que les
observations de M. Grandidier apportent dans le tracé orographique
de rue.
— Excursion chez les Antanosse.j émigrés. Ibid.^ février 1872,
p. 129-146.
Épisode de voyage. Aventures. Traits de mœurs. Tableaux d'in"*
térieur. ^
32. Etn. Blanciiaud. L'Ile de Madagascîfi'. Les tentatives de colonî-
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MADAGASCAR. 49
satioD. La nature du pays. Un récent voyage scientifique. Bévue
des Deux Mondes^ juillet, août, sept., oct., déc. 1872.
Le voyage de M. Alfred Grandidier marque une épo-
que capitale dans l'histoire géographique de Madagascar ;
il-en renouvellera complètement l'étude. Toute proportion
gardée entre le caractère scientifique des deux époques,
M. Grandidier sera le Flacourt du dix-neuvième siècle.
Dans sa communication actuelle, qui est de nature, comme
les communications précédentes, à faire attendre avec im-
patience sa relation complète, Ip savant voyageur touche à
^ rtistoire naturelle et à l'ethnographie, deux branches d'é-
tudes auxquelles la grande île africaine ouvre un champ
immense. Il présente aussi un aperçu de l'état politique du
pays. Voici ce qu'il dit à ce sujet:
L'Ile de Madagascar se divise aujourd'hui, au point de vue
politique, en deux parties bien distinctes qui sont à peu près
d'égale étendue : la partie dépendante des Ovas, et la partie
indépendante. Toute la région située |i l'Est du 44« degré de
longitude et au Nord du 22^ degré de latitude appartient aux
Ovas, qui, sous Andrianamponinimérine, Radama P»* et sa femme
Ranavaloune, . se sont successivement rendus maîtres des di-
verses provinces comprises dans ces limites. Je dois toutefois
ajouter que les habitants de la portion de la côte comprise en-
tre Manafiafe et la rivière Menanare se sont révoltés contre
leurs oppresseurs et ont secoué le joug ; ils sont aujourd'hui
indépendants. Sont aussi indépendantes les peuplades Saka-
laves qui habitent les baies çle Narrinda et de Madsamba, ainsi
que la côte voisine. — Quand à toute la partie Ouest et Sud de
Tîle, elle n'a pu encore être soumise par les Ovas, et elle est
gouvernée par une foule de chefs indigènes, à l'exception du
Sud du Ménabé qui s'est mis, il y a déjà longtemps, sous la
protection de la reine Ranavaloune.
Au commencement de ce siècle, la division politique du pays
était tout autre.
Mais si la moitié de l'Ile seulement appartient aux Ovas,
c'est de beaucoup la plus belle, la plus riche, la plus cultiva-
{.'annéb géogr. XI 4
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50 . AïJ'RIQUE. (n°" 31-32.)
ble. Les habitants de cette moitié forment en outre près des
sept huitièmes de la population totale.
Sur la population, au point de vue ethnologique :
Les habitants de Madagascar n'appartiennent pas plus à vtne
seule et même race que l'Ile entière n'appartient à un seul roi.
Les races caucasique, cafre, mongole, se sont mélangées et croi-
sées dans ce coin de terre avec les indigènes. Les autochtones
sont facilement reconnaissables sur la côte Est çù le type s'est
conservé plus pur; leur face est ronde et aplatie, leur nez est
écrasé à la racine, et leur chevelure touffue et globuleuse est
en tête de vadrouille. Les peuples de la région occidentale, qui,
de temps immémorial, sont en contact avec des nations étran.-*
gères, n*ont pas la laide physionomie des autres Malgaches;
les navires de, la Judée venaient jadis à Sofala, les jonques
chinoises se rendaient à la côte Sud-Est d'Afrique, et plus
tard les boutres arabes abordaient souvent sur la côte Ouest
de Madagascar : aussi y trouve-t~on parmi les hommes libres
beaucoup d individus à type caucasique, à cheveux lisses ou
ondulés, au teint assez clair. Chez les ^esclaves, on constate
les traces évidentes de croisements fréquents avec les Ga-
fres. Une troisième raço bien distincte des deux autres, qui
appartient évidemment au graad tronc mongolique, a aussi
fait irruptioa à Madagascar, et s'est longtemps conservée
au centre de l'Ile assez pure de tout mélange .\C3 sont Les
Ovas. Des yeux allongés et bridés, des pommettes saillantes,
des cheveux lisses et raides, un teint jaune ou cuivré, ne per-
mettent pas d*élever le moindre doute sur leur origine asia-
tique.
M. Grandidier ne croit pas qu'on puisse évaluer la papa
lation de Tîle à plus de 4 millions d'âmes. « La pro-
vince d'Imérine contient, dit-il, près d'un million d'Ovas,
et dans le pays de leurs voisins et alliés, les "Betsileos, il
peut y avoir 600 000 habitants. Près de 2 millions habi-
tent Test de l'île. Quant aux Sakalaves, aux Mahafales, aux
Antandrouïs et aux Bares, ils n'atteignent certainement
pas, à eux tous, le chiffre de 500 000 âmes. »
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M. GHANDIDIEH Â MADAGASCAR. 5t
L'article que la Revue des Deux-Mondes a reçu du pro-
fesseur Emile Blanchard (n* 32), est un travail considéra-
ble, d'un caractère sérieusement scientifique et profon-
dément étudié. Écrite a l'occasion des publications frag-
mentaires de M. Grrandidier, cette étude k fort élargi
le cadre d'un simple examen critique : c'est en réalité
un tableau de l'île, un tableau complet, historique, phy-
sique, ethnologique et économique. Quoique un travail
de cette nature, dans les conditions ordinaires, ne puisse
avoir l'autorité qui s'attache à une relation savante
écrite par Tobservateur lui-même, l'élude de M. Blan-
chard doit au nom de son auteur, non moins qu'à son
élaboration approfondie, une valeur tout à fait exception-
nelle.
Citons le jugement que le célèbre critique porte sur
l'exploration de M. Grandidier :
ce Jusqu'à nos jours, les indigènes avaient interdit aux
Européens l'accès de l'intérieur du pays. En présence des
obstacles, les plus entreprenants avaient été découragés. Le
moment est arrivé, néanmoins, ou les difficultés ont été
vaincues ; un de nos compatriotes, ferme dans son des-
sein, apportant à l'exécution d'un projet bien arrêté une
persévérance inébranlable, mettant à profit des relations
nouées avec adresse, est enfin parvenu à obtenir l'appui des
uns et àdéjouer la surveillance des autres. De 1868 à 1870,
M. Alfred Grandidier a. traversé l'île dans use partie de sa
longueur, et sur plusieurs points dans toute sa largeur
Dominé par l'unique ambition d'acquérir des connaissan-
ces nouvelles sur une région qui offre tous les genres
d'intérêt, le voyageur n'a pas visité une localité sans faire
les opérations astronomiques et géodésiques propres à
fixer avec certitude la position géographique;, il a tracé la
direction des cours d'eau, déterminé la hauteur des mon-
tagnes, étudié les reliefs du sol, décrit les aspects et Ja
condition du pays. Pendant plus de deux années, trois
uiyiuzeuuy^OOgle
52 AFRIOUE. (n*"' 33-35.)
fois chaque jour, il a noté la pression barométrique, et ob-
servé le thermomètre de façon à s'assurer des teippéra-
tures extrêmes. Partout, dans ses excursions, il a recueilli
les plantes et les animaux, et ses découvertes ont permis
d'élacider plusieurs questions relatives à Thistoire des
êtres. Ne négligeant aucun moyen d'information ou de con-
trôle, il a porté dans l'étude des races qui occupent Mada-
gascar un soin scrupuleux, et de nouvelles clartés se répan-
dent maintenant sur tout ce que nous avions appris à
l'égard des habitants de la Grande Terre. En un mot, un
voyage scientifique a été accompli, — voyage remarquable
par l'habileté de l'exécution, comme par Timpcftance des
résultats obtenus. »
VII
AFRIQUE OCCIDKNTALE. LE CONGO. l'oGOVAÏ. LE GABON.
33. C. Neveu, aide-commissaire delà Marine. Notes sur les colonies
du Portugal, et principalement sur la capitainerie générale de
Mozambique. Revue Maritime et Coloniale j nov. 1872. p. 247-
273.
« Il ne s'agit point ici d'une étude approfondie des colonies portu-
gaises; nous ne livrons au lecteur que de simples notes recueillies
presque toutes dans la publication périodique intitulée Annaes de Con-
selho UUramarino, et destinées à donner une idée delà population, des
produits et de l'état politique ou militaire de ces pays généralement
peu connus. >•
Les Notes de M. Neveu ne touchent pas seulement aux établisse-
ments d'Angola et de Mozambique, mais à toutes les autres colonies
portugaises, en Afrique et hors d'iAfrique.
34. P. Du Chaillu. The country of the Dwarfs. Lond. 1872, in- 8%
320 p. 3 sh. i (Low):
35. Vice-amiral Fleuriot de Langle. Croisières à la côte d'Afrique.
Tour du Monde, T. MUl, 1872, n" 593, 594, 595, p. 305-352.
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l'ogovaï. route d'exploration. 53
L*Ogovaï.
Une notice excellente sur rOgovaï, publiée récemment
dans le journal l'Officiel, mérite d'être reproduite comme
document à conserver. Cette notice est signée seulement
des initiales E. E.; mais elle sort évidemment d'une
plume autoris^ée, et je regrette de n'en pouvoir faire re-
monter nominalement^ le mérite jusqu'à son auteur. Elle
expose des faits et renferme des vues d'une importance
capitale pour les grands problèmes géographiques qui
s'agitent en ce moment, et les explorations qui ont pour
objet de les résoudre. L'Ogovaï est un fleuve de l'avenir. Les
Anglais ont choisi la ligne du Zaïre, qui leur appartient,
en quelque sorte, par droit de première reconnaissance; le
remarquable article que nous allons reproduire montre avec
évidence que les chances sont pour le moins égales du
côté de i'Ogovaï.
Aux environs de Téquateur on rencontre, en longeant la
côte ouest de l'Afrique, trois grands estuaires qui par
leurs dimensions doivent évidemment servir d'embouchure
à des rivières ou à des fleuves d'un volume considérable.
Ce sont, du nord au sud, le Gabon, I'Ogovaï et le Zaïre ou
Congo.
Au delà de ces embouchures, sur une étendue de plus
de cinq cents lieues de profondeur, s'étend précisément la
zone la plus inconnue de l'Afrique. Il y a trente ans, nous
n'avions pas la moindre notion sur cette immense contrée.
C'est à la marine française que revient l'honneur d'avoir
fourni celles, bien restreintes encore, que nous possédons
aujourd'hui. De la station que nous avons occupée au Ga-
bon pendant un certain nombre d'années, sont parties
presque toutes les expéditions de reconnaissance, et les
renseignements que nous leur devons viennent d'acquérir.
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54 AFRIQUE. (n°» 33-35.)
grâce aux dernières découvertes de livingstone, une im-
portance toute nouvelle.
N'ayant pu suivre jusqu'à leur terminaison les énormes
cours d'eau qu'il a rencontrés dans Fintérieur du continent ;
les ayant vu couler tantôt à l'ouest, tantôt vers le nord, le
célèbre voyageur s'est demandé successivement s'il avait
afi'aire aux sources du Congo ou à celles du Nil. La ques-
tion demeure encore indécise, et au cas où elle se résou-
drait dans le sens de la première alternative' , on comprend
de quel intérêt il deviendrait de reconnaître le cours des
grands fleuves équatoriaux de la côte occidentale, de bien
préciser la position, à peine soupçonnée, de leurs sources.
De toute façon, il est évident qu'au cœur de l'Afrique il
existe, sous cette latitude, des bassins hydrographiques de
premier ordre, dont les relations sont encore à déterminer.
Aussi, dès à présent, peut-on être assuré que des décou-
vertes considérables attendent les voyageurs qui pénéire-
ront dans ces contrées.
L'estuaire du Gabon, aujourd'hui connu, n'a géographi-
quement qu'une valeur secondaire. Il sert de déversoir
commun à un grand nombre de rivières qui sortent toutes
des Montagnes de Cristal, situées à une distance relative-
ment médîbcre de la côte. Le Zaïre ou Congo, le plus mé-
ridional des trois, et dont la partie inférieure seule est
bien connue, a beaucoup plus d'importance. Mais le plus
considérable est très-probablement l'Ogovaï.
Placé sous l'équateur, il se partage à son embouchure
en un immense delta qui conduit à l'Atlantique, à travers
un pays marécageux formé par ses alluvions, un énorme
volume d'eau. Au-dessus de ce delta, à une soixantaine de
lieues de la mer, il est formé par la réunion de deux
grandes rivières, TOkanda et le N'Gounyai. L'Okanda
vient du nord-est, peut-être du nord. Il forme avec la par^-
1. Voir cl-desfltts, p. ?•
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l'ogovaï. 55
tie inférieure de l'Ogovaï une vaste courbe dont la con-
cavité, tournée vers le nord-ouest, embrasse le bassin se-
condaire du Gabon.
Quant au N'Gounyai, il descend du sud, et son bassin
est évidemment limitrophe de celui du Zaïre. Les deux
fleuves, vers leurs sources, doivent être très-voisins l'un
de l'autre. M. Tamiral Fleuriot de Langle pense même
que certaines rivières considérées par Liviogstone comme
des affluents du Zaïre se déversent au contraire dans le
N'Gounyai. L'Ogovaï doit a ces affluents la particularité
qu'il présente : il a deux crues, qui concordent parfaite-
ment avec Thivemage tropical du Nord et du Sud. La pre-
mière, de mari^ h juin> et produite par l'Okanda, est la
plus forte. La seconde, de septembre à octobre, provient
du N'Gounyai.
Tous ces détails, inconnus il y a vingt ans, nous les de-
vons à la marine française. Un voyageur, dont les rèla- .
tions ont été trës-discutées, du Ghaillu, s'était bien engagé
déjà dans cette contrée. Mais ses descriptions, dont on a
depuis lors reconnu l'exactitude, manquaient de précision.
Certaines parties, par leur évidente exagération; avaient
d'ailleurs soulevé des doutes, et c'est de juillet 1862 que
date la première expédition sérieuse. ^
Entreprise par MM. Serval et GrifTon du Bellay sur l'aviso
le Pionnier, elle pénétra dans l'Ogovaï après avoir.reconnu
une partie du delta du fleuve. Mais arrêtée d'abord parles
eaux basses, puis par l'hostilité des naturels, elle fut obli-
gée de revenir sur ses pas avant d'avoir atteint TOkanda.
Dès le mois de décembre de la même année, les deux
voyageurs renouvelaient la tentative, mais par une autre
voie. Il existait une route de terre suivie, par les naturels
et conduisant du Rhamboé, affluent méridional du Gabon,
k la grande rivière inconnue. Ils s'y engagèrent, et M. du
Bellay ayant été arrêté par la maladie, M. Serval arriva
seul sur les bords de l'Okanda. Deux ans après, M. le lieu-
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56 AFRIQUE. (n°' 33-35.)
tenant de vaisseau Génoyer, puis un Anglais, M. Walker,
y parvenaient à leur tour par des routes analogues. Mais
dans ces tentatives, on avait pu seulement constater l'exis-
tence de la rivière; encore n'était-on pas sûr que les deux
voyageurs Teussent rencontrée au-dessus du confluent.
Plus heureux que ses devanciers, M. le lieutenant de vais-
seau Aymès réussit, en remontant l'Ogovaï, à pénétrer dans
rOkanda , à reconnaître son cours sur une étendue assez
considérable. Nous lui devons les seuls renseignements
que nous possédions encore, et ils confirment de tous
points ceux donnés par les naturels.
Les proportions de TOkanda sont à peine inférieures à
celles de TOgovai. Au-dessus du confluent, il coule au mi-
lieu d'une vallée de 10 à 12 000 mètres de large, qu'il cou-
vre au moment des crues ; et la rapidité de son courant,
l'énorme volume des eaux qu'il roule en toute saison, an-
noncent évidemment que la source qui l'alimente est des
plus puissantes.
• D'après les naturels, la rivière sortirait du lac Tem, si-
tué à une grande distance dans Tintérieur des terres, à dix
mois de marche de la côte. Elle franchirait peu de temps
après des montagnes qui la rendraient impraticable, et re-
prendrait ensuite jusqu'à son embouchure, à travers un
pays de plaines, un cours tranquille et une grande profon-
deur. Un second lac se trouverait m4me sur la rive gauche,
à une certaine distance du confluent. Ce serait lui qui re-
cevrait les rivières que Livingstone aurait à tort considé-
rées comme des affluents du Zaïre.
On s'est demandé dans quelle région de l'Afrique pou-
vait se trouver ce lac Tem, source de TOgovai; et comme
l'embouchure du fleuve est située sous le même parallèle
que les grands lacs reconnus par Speke et Baker à l'autre
extrémité du continent, on avait supposé déjà qu'il pouvait
descendre des massifs montagneux d'où sortent ces énormes
réservoirs. La découverte par Livingstone de grands cours
uigiuzeuoy Google
LOGOVAÏ ET SON ORIGINE. 57
d^eau qui coulent dans cette région même, et qui, slis ne
continuent pas leur course vers le Nord, doivent nécessai-
rement incliner vers TOuest, cette découverte est venue
compliquer encore le problème, lui donner surtout un in-
rêt des plus vifs.
Existe-t-il une relation entre le Tchambèze et la Lou-
fira de Livingstone, et les sources soit de TOgovai, soit
du Zaïre? Si ces cours d'eau sont indépendants les
uns des autres, quels sont les rapports de leurs bassins
respectifs ? Telles sont les questions qu'on se pose aujour-
d'hui. Seule, l'exploration pourra les résoudre et permet-
tre de choisir entre les nombreuses hypothèses auxquelles
elles ont donné naissance. Mais on voit par leur im-
portance et par ce qu'on sait déjà de l'étendue des fleuves
qui coulent en ces régions, que là se trouve certainement le
nœud du système hydrographique de l'intérieur de l'Afri-
que. Qu'on suive la route adoptée par Livingstone ou qu'on
remonte les grands fleuves de l'ouest, on n'ajoutera rien
d'essentiel, rien de décisif au moins, à nos connaissances,*
tant qu'on ne parviendra pas à résoudre ce grand problème
de la ligne du partage des eaux.
Ce n'est pas seulement au point de vue scientifique qu'il
offre de l'intérêt. Sa solution influerait certainement de la
manière la plus heureuse sur le développement des relations
de l'Europe avec le continent africain. Ces régions équato-
riales, notamment celles de la côte occidentale, sont d'une
incomparable fertilité. Sans culture, elles donnent à profusion
des produits qui déjà font Tobjet d'un trafic considérable :
l'huile de palme, la cire, la gomme, le caoutchouc, l'ébène,
rivoire, etc. Cultivées, elles sont susceptibles de fournir
tous ceux de la zone torride ; les arachides, le coton, etc., etc.
Les légumes y pousseraient à merveille. Les métaux, le
fer surtout, paraissent s'y trouver en grande abondance. Les
peuplades noires qui les habitent, partout où elles n'ont
pas été corrompues par le contact des Maures ou des négriers,
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68 AFRIQUE. (n" 33-35.)
loîa d'être hostiles aux Européens, les accueillent avec fa-
veur, les appellent môme avec empressement. Si rimpul-
Sîon leur était une fois donnée, elles se décideraient facile-
ment à cultiver le sol, pour obtenir les produits de nos
fabriques en échange des productions naturelles- du pays.
Ce qui jusqu'à ce jour a empêché des rapports de quel-
que importance de s'établir, c'était l'odieux trafic de la
traite, dont heureusement les débouchés sont maintenant
en gràïide partie fermés; c'est encore et surtout Tinsalu-
brité de la zone niaritime. Cette insalubrité est telle, que
non-seulement nulle colonie ne peut se fonder sur le litto-
ral, mais qu'on n'y peut maintenir les stations purement
militaires qu'on essaie d'y fonder pour la protection du
commerce. Dans l'intérieur du continent, il existe, au con-
traire, d'immenses régions aussi saines que fertiles. La
difficulté d'y pénétrer, l'ignorance de leurs conditions cli-
matériques et des populations qui les habitent, en ont
constamment éloigné le courant de la colonisation . Mais
il ne peut manquer de s'y porter lorsqu'elles auront été
reconnues et qu'on aura convenablement exploré les routes
qui peuvent y conduire, et surtout les fleuves, ces grands
chemins naturels. Aussi le commerce et l'industrie ne
sont-ils pas moins intéressés que la science à ce que le
voile qui couvre ces mystérieuses contrées soit enfin dé-
chiré.
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GUINÉE. 59
VIII
AFRIQUE OCCIDENTALE
Suite
LA GUINÉE.
36 Capt. J. B. Walker. Note on the Old Calabar and cross rivers.
Proceed. of the London Geogr. soc. y vol. XVI, n" 2, p. 135-136.
L'estuaire du Vieux Calabar, an fond du golfe de Bénin, et la région
qui Tavoisine, autrefois centre très-actif du commerce des esclaves, au-
jourd'hui marché considérable pour l'huile de palme, ont été particu-
lièrement pratiqués par le capitaine Walker. Ses relevés ont été utili-
sés dans la feuille 19 de la Côte Occidentale d'Afrique de l'Amirauté
anglaise.
Cette région est assez mal famée pour son insalubrité; le mont Ca-
meroun, qni la domine, est au contraire dans une admirable situation,
et dans des conditions telles que M. Rich. Burton, le célèbre voyageur,
alors consul britannique à Fernando Po, le signalait, il y a dix ans,
comme un point parfaitement, convenable pour l'établissement d'un
êanariurti (voirie l" VQ\.àGV Année Géogr., p. Ô8).
On annonçait dernièrement, dans les journaux allemands, qu'une ex-
pédition de botanistes, composée du professeur Buchhoitz de Berlin, du
docteur Luhder de Greifswald, et du docteur Reichenow de Charlotten-
burg, allait partir pour l'Afrique occidentale, se proposant de pénétrer
dans la Guinée supérieure, et en particulier dans la chaîne des monts
Camerouns.
37. Seventeen years in the Yoruba country. Memorials of Anna HiN-
T)ERER, wife of thè Rev. D. Hinderer; gathered from herjournals
and letters, with an Introduction, by the Vener. archdeacon
Hone. Lofid. 1872, petit in-8« with fig. 5 sh. (Seeley).
38. E. T. Hamy. Sar l'existence des Nègres brachycéphales sur la
côte occidentale d'Afrique. Bulletins de la soc. d'AnthropoL de
Paris, févr. 1872, p. 208-210.
39. Carte de la côte occidentale d'Afrique, des îîes Canaries à Sierra
Leone (n* 2835).
Publications du Dépôt de la Marine.
40. The Canarian; or, Book of the conquestand conversion of the
Canarians in the year 1402, by Messire Jean de Bethencourt.
Knight. Composed by Pierre Bontier, Monk, and Jean Le Ver-
rier, Priest. Translated and edited, with notes and an Intro-
duction, by Rich. H. Major, lond, 1872, in-8- (Printed for the
Hakluyt society} .
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60 AFRIQUE. (n~ 36-49.)
41. Karl VON PRITSCH. Reise des Frankfurter Naturforscher K. ▼.
Fritsch und D*" J. J. Rein nach den Ganarischen Insein und dem
marokkanischen Atlas, 1873. Vorlâufiger Bericht. MiUheil, de
Petermann, 1872, n" 10, p. 365-367.
IX
RÉGION NORD-OUEST DE L'AFRIQUE
LE MAROC.
42. E. DE LA Primaudaie. Les villes maritimes du Maroc. Revue
Africaine, journal de la Société Historique algérienne, 1872,
n-92, 93, 94, 95,96, 97.
Portulan descriptif. Recherches historiques et géographiques. Com-
merce, industrie, population, etc.
43. J. D. HooKER. Lettres sur le Maroc. Le Globe^ journal géogra-
phique de Genève, 1872, n« 1, Bulletin, p. 20-38.
traduction de lettres adressées au Gnrdner's Chronicle. Voir notre
précédent volume, p. 207.
44. J. Ball. On ihe orography of the chain of the Great Atlas (Lu
à la réunion de l'Association Britannique à Brighton, août 1872).
Je ne connais de ce mémoire que la courte note analytique qu'en a
publiée VAthenaeum; voici cette note:
« Les meilleures cartes récentes diffèrent singulièrement i l'égard de
la partie de l'Atlas située à l'est et au nord-est de la ville de Maroc.
Durant son voyage récent en compagnie du D** Hooker et de M. Maw ,
l'auteur s'est trouvé à même d'ajouter quelque chose à notre connais-
sance de la chaîne, malgré les empêchements que les chefs locaux, au
mépris des ordres du sultan, s'ingéniaient à mettre à tous les mouve-
ments de la petite expédition. Dans une ascension où il eut à lutter
contre une tempête de neige et de grêle, M. Maw parvint cependant, à
lapasse de Tagherot, à atteindre le sommet dont l'altitude fut trouvée
de 12 000 pieds anglais environ (à peu près 3660 mètres) au dessus du
niveau de la mer. Une deuxième ascension eut lieu au sommet du
Djebel Tezah, dont Taltitude est de 1 1 500 pieds (environ 3500 mètres).
La partie de la chaîne qu'on aperçoit de la ville de Maroc est beaucoup
plus élevée qu'on ne Ta généralement supposé ; un grand nombre de
sommets, le plus grand nombre, atteignent un niveau de 4200 à
4300 mètres. »
45. Gerhard Rohlfs. Mein erster Aufenthalt in Marocco, und Reise
sûdlich vom Atlas durch die Oasen von Draa und Tafilet. Bre-
men 1872, 10-8" 2 thlr. 20 ngr.
Voir le t. V de V Année, 1866, p. 372.
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LE OUED-GHIR. 61
46. Du même. DieBevœlkerungvon Marokko. Zeitschrift der GeselU
schaft fur Erdkunde %u Berlin, B"*. VII (n« 37), 1872, p. 56-75.
Les chiffres que donnent les voyageurs pour la population du Maroc
diffèrent beaucoup entre eux, ainsi qu'on peut s'y attendre alors qu'il
s'agit d'un pays où il n'existe pas de dénombrement régulier, et où un
étranger n'a aucun moyen d'établir un calcul basé sur d^s données
directes tant soit peu précises. Pour arriver à quelque chose de moins
arbitraire, M. Rohlfs fait un rapprochement qui nous paraît très-judi-»
cieux. « Si nous comparons, dit-il, le Maroc à l'Algérie, nous voyons
dans les deux pays une similitude de conditions de sol et de climat
qui comporte une très grande probabilité de densité analogue dans'la
population des'denx contrées. Or, l'Algérie a une population d'un peu
moins de 3 millions d'àmes (2 921 246, recensement de 1866); et comme
la superficie du Maroc dépasse au moins de gioitié celle de l'Algérie,
qu'il possède de plus de grandes oasis (Dra'a, Tafilèt, Touat), et qu'en-
fin il a au sud de l'Atlas de grandes et fertiles provinces (Sous et Ouèd-
Noun) sur le bord de l'Atlantique, ce n'est sûrement pas aller trop
loin que d'évaluer la population au chiffre de 6 500 ooo âmes. >
Le point de départ est bon ; mais la résultante n'en reste pas moins
encore assez incertaine, par la difficulté, dans l'état des notions actuel-,
les, d'établir une écl^elle de comparaison qui soit à peu près sûre entre
l'étendue relative des deux territoires.
47. Général de Wimpfen. L'expédition de TOued-Guir; Lettre à
M. le marquis de Ghasseloup-Laubat^ président de la Société de
Géographie. Bulletin de la Société, janvier 1872, p. 34-52.
Avec une carte de M. E. Picard, et une note analytique sur cette
carte, p. 53-60. Mais sur les données qui ont servi à l'établissement de
cette carte fragmentaire, il faut voir les remarques du capit. Kessler
(n» 48, ci- dessous), p. 44k.
48. Kessler, capit. d'état-major. Lettre à M. le Président de la So-
ciété (sur la même expédition). Ibid., avril, p. 444-446.
49. H. DuvEYBiER. Historique des explorations au sud et au sud-
ouest de Geryville. Ibid. sept. p. 225-261, cart.
Le terrain est personnellement connu de l'éminent voyageur.
Vexpédilion du Oued-Ghîr.
L'expédition française qui, aux mois de mars et d'avril
1870, a pénétré dans le Fighig et dans plusieurs autres
oasis du Sahara marocain, à la poursuite de tribus insur-
gées de la province d'Oran, a procuré d'utiles informations
sur* des territoires qu'aucun voyageur européen n'a visités
jusqu'à présent; il faut dire, toutefois, que le meilleur des
potions recueillies, particulièrement pour la carte des pays
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62 AFRIQUE . (n°' 36-49 .)
traver&éSy reste confiné dans les cartons du ministère de la
guerre (voir la lettre du capitaine Kessler, p. 445). Le gé-
néral de Wimpfen fait d'ailleurs ressortir en ces termes
les avantages que Ton a retirés de rexpéditîon pour la
connaissance générale du pays : « L'expédition qui vient de
s'accomplir a eu Timmense avantage, en dehors de ses
résultats politiques, de fixer complètement les esprits sur
le vaste territoire qui s'étend au sud-ouest de notre fron-
tière, et dont on çxagérait beaucoup les difficultés comme
ressources en eau, productions végétales et conditions cli-
matériques. Les eaux sont abondantes et de bonne qualité,
au point qu'une colonne ayant un effectif de cavalerie éle-
vé, a pu sans inconvénient parvenir à l'extrême limite.
. Le terrain, d'un parcours facile, offre sur la plupart des
points, à TétaF sauvage, des productioi;is très-utiles k la
nourriture des animaux ; un convoi de près i» ô,000 cha-
meaux a traversé tous les passages sans accident, trouvant
sur la route les pâturages nécessaires, ressources précieuses
qui ont aussi alimenté le gros troupeau de boeufs nous
fournissant la viande, et ont donné un appoint indispensa-
ble à l'orge de nos chevaux et mulets.
« Nos deux mois d'excursion ont en outre été favorisés
par une température agréable : pas de fortes chaleurs,
souvent un temps frais, quelques orages, des pluies dans
les derniers jours, et, en résumé, plutôt froid que chaud.
Ces circonstances , dues peut-être à une année pluvieuse,
permettent cependant de désigner les mois de mars, d'a-
vril et moitié de celui de mai, comme les plus convena-
bles pour voyager dans ce pays.
« Enfin, le territoire qui s'étend de l'Oued-Grhir à notre
frontière n'a aucun des caractères du désert ; il est habité
par' une population de 130,000 âmes environ, soit séden-
taire, soit nomade, ayant, fixés au sol, des intérêts matériels
considérables qui la rendent très-vulnérable. Les trois prin-
cipaux points d'appui de ces populations sont les oasis de
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LE OUED-GHIR. 63
Fighig et d'Aïn-Ghaïr, et la tribu des Douï-Menia*. Celte
zone s'est longtemps rattachée, sous le rapport politique
et commercial, à Tlemcen. L'état d'hostilité créé par notre
conquête, l'établissement d'une ligne de douanes et l'in-
terdiction de la vente des nègres sur nos marchés, ont
profondément modifié cette situation, au grand avantage
du commerce anglais qui inonde le Maroc de ses produits
et les expédié même jusqu'au Soudan^ Les relations n'ont
cependant pas complètement cessé avec Tlemcen, où les
Marabouts de Qenadsa, forcément appelés dai^ notre
Tell par leurs quêtes, s'approvisionnent en grande par-
tie ainsi que le prouvent les nombreux objets de cette
provenance que nous avons trouvés dans leur ksar. »
L'Oued-Ghir, par son importance historique et géogra-
phique au temps des Romains, présente un intérêt qui
relève les rares détails fournis par les documents moder-
nes sur cette rivière de l'Atlas marocain. Voici ceux que
donne le général Wimpfen :
« L'Oued-Ghir prend sa source an massif élevé qui donne
également naissance, au nord, à la Moulouïa. Il coule
d'abord dans un terrain accidenté et rocheux qui rétrécit
son lit et le rend impropre à la grande culture. Cette pre-
mière partie de son cours doit à la configuration du sol et
à l'absence de toute eau stagnante, une salubrité très-fa-
vorable aux habitations sédentaires ; aussi est-elle peuplée
de nombreux ksours, qui, aa moyen de petits barrages,
prennent à la rivière l'eau nécessaire à leurs jardins. A
Djorf-èt-Torba, la vallée s'ouvre, permet les irrigations,
et présente les premières cultures étendues. Le lit y est
large, obstrué de banes de sable et bordé de broussailles
de tamarix. Il roulait à notre arrivée un gros volume d'eau
rapide et limoneuse ; pour des imaginations françaises^
cherchant partout l'image de la patrie, il avait l'aspect de
certaines parties de la Loire.
« Do Djorf-èt-Torba, la vallée est cultivable jusqu'à Igil;
uigiiizeu uy >^« v^ Vv' pc i n^
64 AFRIQUE. (n*»* 50-56.)
mais les cultures se développent plus ou moins suivant ]a
nature des rives et les facilités d'irrigations. Ainsi, elles
présentent encore une* zone étroite jusqu'à quelques kilo-
mètres en amont de Goleïb-Chiheb ; elles s'élargissent sur
ce point, où deux fractions des Douï-Ménia, les Oulab-bel-
Ghiz et les Oulab-bou-Anân, possèdent des orges et des
blés très-bien arrosés, et elles atteignent toute leur éten-
due dans la région des Toumiât, pour aller en se rétrécis-
sant finir en amont d'Igli. »
On donne le nom de Bahariat^ c petites mers », à un
endroit de la vallée du Gbir où les eaux de la rivière
embrassent une large étendue du pays riverain. Sur une
largeur qui atteint 10 kilomètres et une longueur' d'au
moins 25 kilomètres, un faiscsau considérable de canaux
et de bras de rivière arrose de grands espaces couverts de
céréales. Les Tamarix, à l'exclusion de tout autre arbre,
croissent sur ce terrain en quantité telle, qu'ils forment
sur certains points de véritables forêts.
' ALGÉRIE.
50. Faye. Sur la triangulation géodésique du premier ordre, qui sert
de fondement à'ia nouvelle carte de l'Algérie du Dépôt de la
Guerre. Comptes-rendus des séances de l'Acad, des sciences^ 1 1
nov. 1872, p. 142-46.
51. G. Bourdon. Étude géographique sur la Dahra. 2" partie. Bul-
letin de la Soc. de Géographiey juin 1872, p. 593-612, avec la
carte du Dahra, au 400,000»; juillet, p. 59-91.
Voir le volume précédent de V Année Géographique, p. 195. — Dans
cette deuxième partie de son travail, Tauteur traite de l'ethnologie, de
l'histoire, de la statistique et des cultures du Dahra.
52. D' G. Naphegyi. Ghardaïa, or Ninety days among the Be'ni Mo-
zab. New York, 187Ï, in-12, 348 pages. 10 sh.
53. 0. Mac-Caathx> Altitudes des principales localités de l'Algérie,
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ALGÉRIE. 65
et des points culminants de ses différents systèmes montagneux.
Bulletin delà Société algérienne de Climatologie ^ 1872, n"* 1-3,
p. 17-19.
Voir ci-après.
54. TopiNABT). Rapport sur la population indigène de Toasis deBis-
kra. Bulletins de la Société d'Anthropologie de Paris, t. V, 1870,
p. 548-555.
Résumé sommaire de notes transmises par le B^ Seriziat.
55. E. Mercier. Ethnograpliie de l'Afrique septentrionale. Notes
sur l'origine du peuple berber. Bévue africaine , n" 90, nov.
1871, p. 420-433.
M. Mercier résume ainsi ses vues sur l'ethnologie de la région de
l'Atlas; nous ne discutons pas, noua rapportons :
!• L'Afrique septentrionale a dû être peuplée par une série d'immi-
grations très-anciennes de peuples sémitiques venus de la Syrie, du nord
de l'Arabie ou des bords de l'Euphrate.
2" Ces groupes araméens se sont assimilé des populations d'origines
diverses — basanées dans le sud, blondes dans le nord — trouvées par
eux dans le pays ou venues postérieurement à leur établissement.
3«' La réunion de ces éléments et leur assimilation ont formé la race
africaine ou berbère.
4» Cette unification a dû être complète dès uns époque si reculée,
qu'il est permis d'appliquer le titre d'autochthones aux Berbères de
l'Afrique .
56. Revue Africaine, journal des travaux de la Société Historique
algérienne, XVI" année. Alger, 1872, in-8'*. (L'année, 14 fr. —
Paris, Challamel.)
La Revue Africaiiie, organe de la Société Historique algérienne, est
dirigée par M . le professeur Cherbonneau, qui a succédé i la présidence
de la Société depuis la mort de M. Berbrugger. La Revue est consacrée
à la linguistique, à l'ethnologie, à l'histoire et à l'archéologie de nos
provinces algériennes.
57. Recueil des Notices et Mémoires de la Société archéologique de
la province de Constantine. T. XV, 1871-72. Constantine, 1872
in-8'», xxii-428 pages, et 1 pi.
La plus grande partie du volume est occupée par 1 Histoire des villes
de la prov. de Constantine. par M. Ch. Feraud, p. 1-380 (Sétif. Bordj-
bou-Arreridj. Msila. Bon-Sàda). — Il faut mentionner aussi les in-
scriptions de la province, par M. Poulie, p. 415-426.
S !•'. La nouvelle carte topographique de l'Algérie.
Le 11 novembre 1872, M, le Ministre de la guerre
l'année géog». XI. r^ ^ 1
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C8 AFRIQUE. (n*»' 50-57.]
guerre, ont forcé le Dépôt à s'attacher à un plan moins
grandiose, la scieDce géodésique n'en aura pas moins à se
féliciter d'être mise en possession de la mesure d'un ma-
guifiqne arc de parallèle à cheval sur le méridien de Paris,
et s*êtendant, du Maroc à la Tunisie, sur une étendue de
950 kilomètres.
f Yoilà pour la science pure. Quant à la question pra-
tique, si essentielle à notre colonie, la conséquence de ces
travaux a été là construction d'une grande carte de TAl-
gérie sur le même plan que la carte de France, à l'échelle
de irrîoïïô* J® ^^^ ^^^ ^® même plan, mais il ne s'agit pas
là d'imitation servile. La carte de TAlgérie présentera, en
effet, dans son ensemble, une supériorité notable sur celle
de la Frauce, grâce aux progrès de l'impression en cou-
leur. L'Académie en jugera par quelques échantillons que
voici, où Ton s'est attaché à mettre en relief le jeu des
cinq tirages successifs que la même feuille doit subir, pour
êire complète,, avec cinq pierres gravées différentes. Enfin
ia substitution des lignes de niveau aux hachures présente
des avantages sensibles pour les services publics.
• Je reviens à la Géodésie proprement dite. Divisons
d abord la chaîne des triangles de premier ordre en deux
parties : Tune de Blidah à la Tunisie, l'autre de Blidah
au M aroc ; la première mesurée par le capitaine Versi-
gny, la seconde, plus récente, par le capitaine Perrier, à
qui l'on doit, en outre, les deux grandes bases terminales
de Bone et d'Oran.
* Ce qui frappe tout d'abord dans cette chaîne, c'est
la bonne forme des triangles et le choix des stations et des
siguaux. Il n'y avait pas à faire usage, en Algérie, des
cbchers auxquels on attribue tant de petites erreurs; les
signaux ont partout été construits soigneusement avec une
maçonnerie en pierres sèches (M. Versigny), ou en pier-
res de taille et ciment (M. Perrier). On aurait voulu se
flprrir de l'héliotrope, sj généralement employé aujour*
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NOUVELLE CARTE DE l' ALGÉRIE. 69
d*hui à l'étranger, et dont M. Perrier vient de faire une
heureuse applicalion en France ; mais il n'était pas pos-
sible de détacher au loin des opérateurs isolés. Les sup-
ports des instruments de mesure n'ont pas été construits
avec moins de soin : rien n'a été négligé pour leur
donner la stabilité requise et les garantir des rayons du
soleil.
< On ne sera donc pas surpris, en examinant le détail
de ces opérations, du degré de précision obtenu dans ces
mesures délicates. Je trouve pour Terreur probable de
la somme des trois angles d'un triangle' quelconque de
M. Versigny, 3'', 12, et pour celle de M. Perrier, 3'',07
(ne pas oublier qu'il s'ajf^it ici, comme dans tout ce qui
émane du Dépôt de la guerre, de secondes centésimales).
C'est une précision rarement atteinte, qui place ces tra-
vaux au rang des meilleures mesures effectuées à l'étran-
ger depuis les perfectionnements tout modernes de la Géo-
désie, Cependant M. Versigny a dû employer les anciens
cercles répétiteurs de Gambey, tandis que M. le capitaine
Perrier a eu à sa disposition le^ excellents cercles azimu-
laux qu'il s'est fait construire par la maison Brunner,
mais le premier a su sans doute compenser, à force de
soins et de travail, l'infériorité de son outillage. L'Aca-
démie n'en tiendra pas moins compte au capitaine Per-
rier d*avoir introduit dans ses opérations les nouveaux
instruments et les méthodes nouvelles qui simphfient le
travail, tout en donnant, généralement, des garanties su-
périeures d'exactitude.
ff Pour la mesure des bases, nos officiers algériens ont
renoncé aux appareils anciens de Borda, usités pour la
carte de France, sans vouloir recourir à la méthode des
leviers à touche employée en Russie, ou aux coins de
verre dont les Allemands ont fait un si fréquent usage de-
puis Bessel. L'Académie, par l'organe d'une Commission
dont M. Largeteau était le rapporteur, avait approuvé le
70 AFRIQUE. (n"* 50-57.)
système qu'un habile ingénieur piémontaû, M. Porro,
Itti avait soumis. Sur la foi de celte haute recommanda-
tion ^ le Dépôt de la guerre voulut l'essayer, et il s'en est
bien fromé.
« Depuis iûT&y les officiers espagnols Font appliqué, à
kur tour, h. leur célèbre base de Madridejos, et ont eoû-
Brmé par un brillant succès la préférence accordée en
Algérie à ce système. Il est juste pourtant d'ajouter que
l'appareil dt^ Porro a été amélioré et construit par Biun-
ner. M. terrier a voulu s>asur«r de l'exactitude de ees
ojesures fondaïueotales en recommençant celle d'un tfOB-
çon de k base d'Oran. La différence des deux mesures a
été de 3 millimètres (3'"™,6) sur une longueur de 1180
mètres. Il en a déduit que l'erreur probable de ses trois
base^, en laat qu'elle résulte des accidents inévitables de
ropéraiiun, ne dépasse pas 1 centimètre. Notez qu'il s'agit
ici de friandes bases de 10 000 mètres.
Œ L'unt; d'elles, celle de Blidah, a servi au calcul des
eutéB des trîan^des; les deux autres ont servi de vérifica-
tion. \iyk\ les résultats : *
mètp. c.
La base de Bone, calculée par 42 triangles, donne. 10 325 29
La mesure ilirecte a donné , 10 325 17
Celle d'Orau, calculée par 22 triangles, donne.. 9363 Sk
La mesure directe a donné 9364 18
s Tel est le degré de précision qui a été atteint dans
TA Trique française : il dépasse ce qu'on pouvait légitime-
ment désirer pour la meilleure carte, et, lorsque les règles
algériennes auront été définitivement étalonnées par la
grande Commission internationale du système métrique,
il répondra complètement à toutes les exigences de h
sciencfl artuelle, qui sera appelée bientôt à tirer parti de
ces beaux travaux.
« J'aurais à rendre compte ici des opérations astrono-
miques de longitude, de latitude et d'azimut, si elles ne
uiyiiizeu uy >^jv^v^^i>^
NOUVELLE CARTE DE L ALGÉRIE. 71
devaient être publiée» dans la troisième partie du Haute X
du Mémorial, D^iUeuve, le MiaUtre de la guerre désire,
avant taut, ka faire eoimpléter par la déterwinatien télé-
graphique de la longitude d'Alger, ainsi que p^r celle de
l'amplitude totale de la chaîne. Très-certaineiuent il ré-
e)agsD«ra dans ce but le eoneours du Bureau de& longitudes
et de l'Observatoire de Paris. Il ne reste d(UM plua qu'à
dire quelques mot» du nivellement g&edéaique dont le ré-^
eeau algérien devait être nécessairementi accompagné. Qe.
nivellraaent s'étend sur la chaîne entière, et le calcul dea
altitude» fournit, poar chaque point, deu^ valeurs distinctes
dont l'accord ou le désaccord constitue une première
épreuve. Les discordances iont généraleoient trèa-faibles,
l^ee au soin avec lequel les distances zénithales des si.
gnaox ont été observées et à un emploi constant de la
méthode des distances réciproques (nçji simultanées).
Deux fois seulement ces écarts ont atteint 3 mètres; trois
atteignent 2 mètres; les autres sont de moins de 1 mètre.
La cbaîpe ayai^t été rattachée en trois points au niveau de
la mer, Tensemble des opérations fournit les deux vérifr-
cations suivantes : l'erreur des cotes d'altitude a été trou*
vée, à Bone, de 0"*,41, et, à Oran, de 0"»,195.
« Le coefficient de la réfraction, en AIg:érie, est er
ipoyenne de 0,072, valeur çpncordant avec celle que four-
}^\ Iç ^ivel^eçlent des régions plus septentrionales, partout
,où le rayon visuel ne passe pas par-dessus la mer.
« Qitons §nfin les poii^ts de la côte d'Algérie, d'où Ton
^^t voÂr la çô^te d'î;;ip«^ne ; ce sont :
mètr. c.
Tessala, altitude. 3061 25
Seba Chioukh 663 26
Nador de Tlemcen 1579 30
Le Filhoussen 1135^ 67
Le Zendal....^....,.t 6112 ^4
L'Académie oomprend dans quel but M< le cj^pitajne
Google
«
ûigitized by
72 AFRIQUE. (n^« 50-57.)
Perrier a relevé si soigneusement ces points-là; mais ^e
ne devancerai pas la communication qu'il compte bientôt
vous faire sur un sujet qui a excité autrefois tant d'es-
pérances parmi d'anciens et illustres membres de cette
Académie.
« En résumé, messieurs, j'exprime ma conviction que
le monde savant accueillera avec le plus vif intérêt l'ap-
parition du dixième tome du Mémorial du Dépôt de la
guei re dont M* le Ministre a désiré signaler à votre atten-
tion la partie principale, comme pour vous montrer que
nos jeunes officiers sont dignes en tout point de leurs sa-
vants prédécesseurs. ,
« N'oublions pas que les Français, qu'il est de mode
aujourd'hui d'accuser d'ignorance en fait de géographie»
sont les véritables créateurs de la Géodésie continentale
ou maritime, et qu'ils n'ont cessé, depuis les Gassini jus-
qu'à nos jours, de publier d'admirables travaux qui ont
servi de modèles à nos émules; les véritables hommes
de science, à l'éirauger, ont su de tout temps en apprécier
la valeur. »
S 2. Les études scientiûques en Algérie.
L'Académie des sciences, dans sa séance du 2 décembre,
a entendu avec intérêt une lecture de M. Paul Mares sur la
nécessité de créer en Algérie un centre supérieur de
travaux et d'études scientifiques.
Nous ne nous portons pas juge du plan développé par
l'éminent physicien auquel l'Algérie doit des études d'une
haute valeur (voir le t. IV de Y Année géographique, p. 68) ;
mais son mémoire renferme un aperçu plein d'intérêt sur
l'ensemble des travaux scientifiques dont notre grande colo-
nie a jusqu'à présent été l'objet. Voici le résumé que M. de
Parville en a donné dans le journal officiel.
Au moment où la France vient d'éprouver de si terribles re-
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LES ÉTUDES SCIENTIFIQUES EN ALGÉRIE. 73
vers, et de perdre 1 500000 habitants, il serait temps enfin de
penser à mettre en œuvre tous les moyens propres à aider à la
colonisation de l'Algérie. Les idées les plus erronées, dit l'au-
teur, ont encore cours en France sur cette magnifique contrée,
où plusieurs millions de Français vivraient à Taise et offriraient
à la mère patrie, à quelques pas d'elle, une source inépuisable
de richesse et de puissance. Les hommes intelligents et ins-
truits y sont nombreux; ils pourraient former rapidement un
corps savant capable de rendre les plus grands services pour
une investigation active de la colonie.
Dès 1838, le gouvernement, pénétré des avantages qu'on
pourrait retirer d'une création de ce genre, avait formé une
comnaission scientifique ; le zèle et le courage de nos savants
durent échouer, en partie du moins, devant les difficultés de la
conquête. Depuis, il s'est constitué un certain nombre de socié-
tés pour l'agriculture, les sciences physiques et naturelles, la
médecine, l'histoire, l'archéologie, etc.; leurs travaux sont im-
portants et, pour en tirer tout le fruit possible, il ne manque
qu'un lien qui les unisse entre eux. Il est facile de s'assurer,
par une analyse générale, des progrès scientifiques accomplis
en Algérie depuis quelques années.
Ainsi, dans les sciences mathématiques, la géodésie a été
l'objet de travaux suivis, grâce à l'initiative du ministère de la
guerre. La côte et tout le Tell sont couverts de triangulations:
la topographie est presque entièrement terminée. La marine a
repris les travaux du conunandant Bérard et a terminé un re-
levé topographique des côtes à 1/25000^. Le génie militaire a
rapidement établi un premier réseau de routes stratégiques ;
aujourd'hui, avec l'aide du génie civil, les plus grandes routes
sont achevées. Deux voies ferrées relient Oran à Alger, et Phi-
lippeville à Gonstantine.
Toutes les études qui se rapportent à l'observation des phé-
nomènes naturels trouvent en Algérie un des plus beaux champs
de recherches que puisse rêver l'homme de science. Le grand
massif de l'Atlas présente, entre la Méditerranée et le Sahara, un
développement de 300 kilomètres. Sa large croupe est occupée
tantôt par des plaines immenses dont le niveau se maintient
entre 650 et 1200 mètres d'altitude, tantôt par des massifs
montagneux dont les pics élevés dépassent 2000 mètres. Son
flanc sud se termine presque toujours par des rides linéaires,
dont les assises rocheuses, aussi régulières que de grandes di-
gues, plongent à pic dans les plaines sans limites du désert.
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Î4 ' AFRIQUE. (n*»9 50-57.)
Oetie dkpositicHa orograpbique, &b âcMftaant une grande Tar
Ftété àe elimats, mMltipUe ks sujets <i'étu4e. La météorolo^e,
ea partieulieF, paurrait en Algérie faire de rapides progrès.
C'est, en effet, Yers le Sahara algérien que vont se perdre
l^aocoup d'ouragans partis du Nord ; on pourrait étudier sur
plaee, i^vee grand profit^ ces piiéfLOixiènesk Le régime général
des teHi]^érature&, des ventsi, des pluies^ des pressions baromé?
t»qaes, n'est pas le même sur l'un et l'autre versant de l'Atlas.
La ^mîe n'a pas fait eneore d'investig&tions sérieuses, en
Afrique ; combien, cependant, présenteraient d^ntérèt àes rer
eber^hes ehimiques sur les v^étaux, les telles, le& eaux, les
roches diverses des montagnes dont les sédiments arrivent tons
le» ans en si grande quantité dan» les plaines et les vallées
»ous l'action des pluies, parfois diluviennes, de la saison d'hi-
, ver. Les études géologiques ont été poussées assez- loin, grâce
ans recherehes de MM. Rozet, de Yernettil, Fourael, Benoiu et
Ville ; on peut espérer plus encore, et surtout diriger les fer.
eheFches du côté des gisements miniers. Déjik on a trouvé des
minée très-productives; mais il existe encore beauoe^up d'autres
points qui n'ont pas été examinés sérieusement.
La botanique est une des sciences qui ont été le plus complè-
tement étudiées. II n'en est pas de pème de la zoc4ogie. De-
puis les travaux de la Commission scientifique de 1B39, M. Ma-
res ne cite que la publication, dans ces dernières années, de
deux volumes sur la faune marine et malacologiquede PAlgéfie,
par M. Wincauw, et les études de malacologie terrestre et flu-
viale de M. Bourguigoat.
L^agrieulture algérienne réclame impérieusement le concours
de la science; elle ne se trouve plus dans le& mêmes conditions
que l'agriculture française. L'agronome le plus habile d^Supope
se sent immédiatement dépaysé en Afrique. Les pluies sont
aboïidantes près du littoral ; elles tombent par intervalles pen-
dant huit et même neuf mois de l'année, et donnent 90 centi-
mètres aviron. La température est très-douce dans les
parties basses du Tell, et cette chaleur relative permet à la vé-
gétation de pousser dès les premières pluies de l'automne et
pendant tous les nK>is d'hiver. A la période humide sucoède un
soleil ardent qui amène une sécheresse excessive ; il résulte de
oes phénomènes une sorte de transposition des saisons, que l'a-
griculteur européen ne saurait trop observer.
La beauté générale du climat, la bonté des terres, l'action
puissante du soleil sur leur fertilité, tout concourt à faire de
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HYPSOMÉTmE ALGÉRIENNE. 75
rAlgéFie une ded plus ncbes contrées agricoles. Depuis l'oceu-
pation française, le commerce, qui était presque nul, s'est élevé
à 86 millions en 1851, et arrive aujourd'hui à 297 millions. Sur
ce dernier chiJGfre, les exportations de produits figurent pour
72 455 122 fr., dont il faut attribuer 70 275 000 fr. aux produits
seuls de l'agriculture algérienne. Et j)0ur arriver k ces résul-
tats, la population européenne, à laquelle ils sont presque ex-
clusivement dus, ne compte encore que 218000 âmes, dont
122 000 Français. Ces 218000 Européens n'occupent actuelle-
ment que 70 000 hectares sur 14 millions d'hectares que compte
le Tell seul, c'est-à-dire la zone montagneuse que nous pou-
vons coloniser.
La médecine a été très-bien représentée en Algérie: lestra-r
vaux du personnel médical ont été nombreux. On s'est facile-
ment convaincu, par Pinspection dQs statistiques, que les en*
fants croissent et furospèrent en Algérie avec une telle facilita,
que le nom.bre des Européens a pu augmenter progressivement.
En dix-huit mois, de 1861 à 1862, l'excédant des naissances sur
les décès a été de 3927^ et dans ces dernières années il donne
un chiffre de 146 p. 100 de décès.
La géographie ^.Igérienne a réuni de nombreux documents :
cours d'eau souterrains de plusieurs centaines de kilomètres de
longueur, climat, productions, races autochthones ou conqué-
rantes, ruines de tout âge de nombreux villages fortifiés que
l'on trouve à chaque instant dans l'Atlas et qui dévoilent des
massacres fréquents de tribus à tribus, tout a été soigneuse-
ment noté. Il serait facile, en tirant partie de ces documents,
de généraliser dans le peuple des notions claires et véridiques
sur le climat de l'Algérie, sur son histoire, et de faire tomber
ces idées, encore trop répandues, d'aridité, de sables saoa
limites, etc.
En résumé, en montrant ce qu'a déjà fait la science en Algé-
rie, l'auteur insiste sur l'utilité de la création d'un corps savant
permanent dans le pays. Le développement des arts industriels
et agricoles ne peut être rapide et sûr qu'à la condition d'être
guidé par les théories scientifiques qui dissipent les préjugés et
fécondent les recherches pratiques des masses laborieuses.
S 3. Hypsométrie algérienne.
M. Mac-Carthy, 4ont les études sur rAlgérie, histori-
ques ou physiques^ sont toujours dignes d'attention, a
uiyiiizeu uy >^« v^ Vv' pc i n^
76 AFRIQUE. (n°* 50-57.)
donné à un recueil algérien un résumé des principaux ré-
sultats acquis sur le relief de cette' partie de la région
de TAtlas. Gomme ce document est court, nous le repro-
duiaons.
Localités.
Aïn-Bi/ïda (prov. de Constantine)
Aïn-Té mouchent (prov. d'Oran)
AJprcr. La porte du Sa'hel.
— Point culmin. des Tagarins.
— Observai""** prov., à El-Biar.
Am mi- Moussa (province d'Oran)
A*niûiniji.
Aumalti*
hM'd (place d'Armes).
Biikra.,
Ilor'ar (Boghar).
Bardj-Hùiiîra.
Bordj-Bou-A'riridj.
Kuii-Friiik,
Bûtjkh;tAri (par erreur Bogban) .
Buu-Sii^ïa (Fort Neuf).
GoTistLiUtiue (la K'asba).
Dftr-Bc^ii-A'hd-Allah.
BjcllH.
Dia'-i^l'Mîzân.
Géryviile*
El-GùlÈït.
La Mar'nîa.
LarÏJuâL
Ma'î^k'ara.
j^Jâzouija.
MedU (la place).
MeUîlî.
Millana.
MoatagliaDfim (la place, chevet de
régJisf-J.
NeilroEiLu (pied du Minaret).
Orac.
Orlea.nsviJ[e.
Kl-ûuàd [chef-lieu du Souf).
Altitude Observateurs.
en
mètres.
800 Mac-Carthy, 1849.
258 Mac-Carthy, 1849.
143 Génie.
165 Mac-Carthy, 1862.
217 Ch. Bulard.
171 Génie.
396 Mac-Carthy, 1853.
850 État-Major.
1021 E. Renou.
260 Ponts-et-Chaussées.
125 P. Mares.
970 M.-Carthy, 1852-53 ; Mares.
431 Ét.-M.; Mac-Carthy, 1854. ,
915 Mac-Carthy, 1854.
58 Ponts-et-Chaussées.
633 P. Mares.
578 E. Renou.
644 État-Major.
1275 Mac-Carthy, 1849.
418 Génie.
1167 Mares.
447 État-Major.
1360 Mac-Carthy, 1855.
402 Henry Duveyrier.
279 État-Major.
365 Génie; M. Carthy, 1850.
780 M.-Carthy, 1852; Mares.
585 Mac-Carthy, 1855.
355 Génie.
920 M.-Carthy, 1852; Mares.
560-505 État-Major; Mares.
740 État-Major.
105 Ponts-et-Chaussées.
395 Mac-Carthy, 1850-55.
là 98 Génie.
136-140 Génie; M.-Carthy, 1853.
68-77 État-Major; Mares.
y Google
HYPSOMETRIE ALGERIENNE'.
77
Localités.
Altitude Observateurs.
en
mètres.
Ouargîa.
105-141 État-Major; Mares.
R'ardâïa.
530 Marèa ; Duveyrier.
Saȕda.
890 Mac-Carthy, 1855.
Saint-Denis du Sig.
70 Mac-Carthy, 1855.
Sebdou.
958 Mac-Carthy, 1849.
Setif.
1085 État-Major.
Sidi-Bel-Abbès.
490 Mac-Carthy, 1849; Et.- \
Sïdi-Bel-A'sel.
44 Génie.
Souk-Harras.
680 Génie.
Tebessa.
1088 Mac-Carthy, 1849.
Tenès (partie N. E. du plateau).
47 Mac-Carthy, 1855.
Teniet-el-fl'âd,
1161 État-Major.
Tîharet.
1083 Génie.
Tiemcên (place du Mechouar).
816 Mac-Carthy, 1849-51.
Tougourt.
52 État-Major; Mares.
Zamora (prov. d'Oran).
244 Génie.
POINTS CULMINANTS
Le Chellîia. Massif de l'Aou-
rès.
2320 Élat-Major.
Le Lalla-Chre- Massif de Djeur-
dîdja. djeura.
2308 État-Major.
Le Tamgout. Massif du Djeur-
djeura.
Le Djebel-K'sel. Massif s'ah'arien.
LeDjebel-Touîlet.
Mâk*na. Djebel- A'-mour.
L'Ouancherîch. Massif de TOuan-
cherîcb.
Les deux Babor's. Massif set'ifien.
Le l'oumzaït. Massif Tlemcê -
nien.
Le Dîra, Massif d*Aumale.
Le Guergour. Masàif set'ifien.
Le Djebel- Mou-
zaïa. Massif algérien.
Le Zak'k'ar de
rOuest. Massif algérien.
Le Guern-el-Bou-
K'ahîl. Massif s'ah'arien.
Le Seurdj - el -
A'ouda. Massif africain.
Le Djebel-Filaou-
sen^ Massif des Trara,
2066 État-Major.
2010 Mac-Carthy, 1855.
2000 Mac-Carthy, 1855.
1991 État-Major.
1965-70 État-Major.
1834 Ét.-M., Mac-Carthy, 1850.
1810 Êtat-Major.
1800 État-Major.
1608 État-Major.
1580 État-Major.
1370 P. Mares.
1370 État-Major.
114.5 Mac-Carthy, 1850
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78 ' ' AFRIQUE. (n°^ 58-70.)
Localités. Altitude Observateurs,
en
mètres.
LeTessèla, Massif du Tesbêla. 1022 Génie; Mac-Carthy, 1849.
Le Djebel-Éiliour'. Massif nuffiidien. 1004 Ét.-M.; Mac-Carthy, 1S40.
Le T'âdjra (Mon-
tagne-Carrée). Passif des T*râra. 864 Génie.
Le Djebel -boû-
ZarrlJa. Massif à'Àîger. 402 État-Major.
XI
ttJNISlE.
à8. Daux. Voyages et recherches en Tunisie, le ïour âii Éondey
n- 590, avril 1872, p. 257-272.
T\i. Daux, que l'Empereur avait chargé, en 1868, d'étudier à fond les
sites d'Utiqueet de Carthage, a publié il y a trois ans/danns un volume
epéiïlal, le résultat de ses recherches et de ses fouilles (voir Je vo-
lume précédent de V Année, p. 282, n« 46*0). Nous signalerons partibù-
lièremeiit, dans le pTé^ent article, la vue du site d'Utique dans son état
actuel, la belle planche où l'habile arehitecte^rchéologue adesshléàvol
d'oiseau une restitution hypothétique de la ville ancienne, et la repro-
duction photographique de plusieurs pierres tumulaires puniques et li-
byques. »
59» Carte dés côtes de Sicile et de la régence àe Ternis. Parfo, 1872.
(Public, du Dépôt de la marine, n" 2946.)
XII
60, D"" !^ACHTiGAL. Beschreibung von Wara, der Hîiuptsia<H von
Wadaiï. Zeitschr. det Gesellsch. (ûr Erdkunde su Berlin y B. Vil,
Gtes Heft (n« 36), 1871, p. 526-540 (avecle plan du Varâ).
Notice historique et descriptive. Sur rorigiûe de ces informations,
voir uotre précédent volume, p. 211 et 212.
61 . W» Zenker. Ueber das Depressionsgebiet der libyschen Wûs*te,
und den Flussohne Wasser(Bahr-Belà-Mâ).i6td., n" 39 (t. Vil,
3* cah.), p. 209-223.
V&lr notre -précédent voiume, p, 282, n« 455.
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ÉGYPTEk 79
xin
EGYPTE.
i*iSTHME ET Lfi CANAL tJfe SUEZ.
62. W. G. Stanley. A new Sea and an old Land. Being papers sug-
gfested hy a visit lo Egypt at ihe end of 1869. Lond., WÏ, in-8%
820 ç. 10sft. 1/^ (Mackie^.
63. A. Mariette Bey. Monuments divers recueillis ènïTgypte et en
Nubie 'j publié sous les auspices de S. A,. Ismaïl Pacha, khédive
d'Êgyï)tè. Paris j 1871 et suiv., în-îolio (Fraocfc).
Ouvrage publié par livraisons de 4 à 5 pi., avec texte. Cîrïique li-
vraison, 6 fr. On annonce environ èO ïivraiâofts.
64. Mahmoud Bey. Mémoire sur l'ancienne Alexandrie et son terri-
toire. Le Cairty 187Ô, in-S".
Extrait du Bulletin de VInstitut d^Égypte (voir le pi*écédeot volume
âe VAnnée Géogra^Mque, p. 268, n» 447). L'auteur est un astronome
distingué. « Mahmoud Bey, à dit M. de Sl^ne en présentant l'ouvrage
à TAcadémie des inscripiions, â'èist livré à des recherches longues et
persévérantes; tl a opéré des fouilles en nombre de points sur rempla-
cement de la cité disparue; il a relevé avec un grand soin les diffé-
rents niveaux du sol ancien. Grâce à ces études sur le terrain et à sa
connaissance approfondie des témoignages de l'antiquité relatifs à l'obéi
Jet qnl-l fee pro-possît, Mahmoud Bey es^ parvenu à fixerr avec la der-
nière précision les limites de l'enceinte, la direction des rues, l'empla-
cement dés ports, canaux, ponts, temples et palais.
« En tnesurftnt les pyramides par des procédés scientifiques, ajoute
M. de Slafte, et comparant ces résultats à ceux énoncés par Pline,
MfthfibO'ud Bey a pu donner &a, pied romain sa valeur exacte, qui est de
« m, 3959-; cinq pieds font un pas (1 m. 479&) ; cent pas font on stade.
Le 9tadÀ Tonrain équivaut «n conséquence à -147 m. &5, et le mille à
14T9 m. 59. C/est -là, comme on voit, tin système déctmirt. Le stade
greo, suivant l'auteur (celui du moins anqu«l Philon et Josèsphe font
îfllusion), est de t65 mètres. Deux certes -^«nS résument et rendent
plus sensibles les découvertes intéressantes de Mahmoud Bey.
65. E. de Régny. Statistique de l'Egypte, d'après des documents of-
ficiels. Alexandrie, 1872, in-S- (3« année),
66. Iabrodsse, ingénîeôr hydrographe. Étude sur les embouchures
du Nil et suî tes changemeàits qtii s'y sont «produits dans les
derniers siècles; d'après une reconnaissance hydrographique
exécutée en 1860. Jnnales hydrographiques , 1871, 2' se-
mestre, p. 282-309.
Cette ëtode «e coffi|>lète «par bu adrcëau 'inr Tort'Saîd, tiatë du
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80 AFRIQUE. (n°' 58-70.)
1" mai I87f,p. 309-313, et d'un rapport au Comité hydrographique
sur le Mémoire de M. Labrousse, p. 314-321 . Elle est accompagnée de
9 cartes ou plans : 1. Carte de la Basse-Egypte ; 2. 3. 4. Plans de la
Bouche de Rosette en 1860, 1799-1800, en 1687; 5. 6. Bouche de Da-
miette en 1860, en 1799-1800; 7. Bouche de Dibeh en 1798-1800, et en
1862; 8. Plan des ruines de Péluse; 9. Port-Saïd.
Pj7. Bulletin de l'institut égyptien. Années 1869-1871, n» XI.
Alexandrie^ imprimerie française Mourès et Cie, 1872, in-8%
144 pages.
Il n'y a guère de notable dans ce fascicule que la communication de
M. Mariette sur ses fouilles déjà anciennes sur le site de San, l'ancienne
Tanis^ dans la Basse-Egypte, et la découverte qu'il y a faite de statues
de l'époque des rois Pasteurs, dont ce lieu, identifié avec Avaris, était
la capitale.
(iS. Guido CORA. Da Brindisi a Sefer; sguardo fisico, politico, ethno-
grafico, storico, economico, sulla linea di navigazione da Brin-
disi a Suez, attraverso il Canala di Suez. Casale. 1870, in-8',
x-169 pages.
De Brindisi à Suez, à travers la Méditerranée et le Canal, l'auteur a
recueilli d'instructives et substantielles notices sur tous les lieux vus
ou touchés.
fi^ï. G. Revilliod. De Genève à Suez. Lettres écrites d'Orient.
Genève, 1870, in-8% 342 p. (Fick). 7 fr. 50.
70. G. Rayet. Recherches sur le climat de l'isthme de Suez. An-
nuaire de la Soc. Météorologique de France j 1869 (Paris, juio
1872), p. 118-144.
M. Rayet résume ainsi le résultat des recherches exposées dans son
mémoire ;
« Deux faits sont particulièrement remarquables. D'abord la prédo-
minance bien marquée des vents de la région N. Ces vents sont pres-
que les seuls qui soufflent pendant la période estivale; ils sont accom-
pagnés d'une sérénité constanie.du ciel, dont le bleu implacable n'est
bien souvent troublé par aucun nuage. Les rayons perpendiculaires da
soleil ont alors toute leur action, et la terapératiure s'élève à l'ombre
jusqu'à 41°. Mais — c'est ici le second fait qui nous parait important-
la faible humidité de l'air rend cette extrême chaleur facilement sup-
portable pour l'organisme, que retrempe la fraîcheur des nuits. »
Sur les changements qu'éprouve la côte du Delta.
M, le vîce-amiral Jurien de la Gravière, en présentant
h rAcadémie des sciences le mémoire de M. Labrousse
pur les embouchures du Nil (ci-dessus, n° 66), en a donné
Taperçu suivant :
Le mémoire de M. Labrousse sur Les embouchures du Nil
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CÔTE DU DELTA. 81
a pour objet de préciser les changements qui s'y sont produits,
en remontant aussi loin que le permettent les docum mts au-
thentiques que Ton possède sur cette partie de la côte, et en
comparant les plans conservés dans les archives du Dépôt de
la marine aux reconnaissances récemment opérées sur la de-
mande du gouvernement égyptien et de la Compagnie du canal
de Suez.
En ce qui concerne la bouche de Damiette, M. Labrousse a
pu constater que pendant les deux cents dernières années,
après des alternatives d'atterrissement et d'érosion, la pointe
principale de l'embouchure s'était avancée en moyenne de
3 mètres environ par an. A l'embouchure de Rosette, l'avance-
ment, pendant la même période, parait avoir été beaucoup plus
considérable. De 1687 à 1800, il aurait été en moyenne de
10 mètres par an, et se serait élevé à plus de 35 mètres dans
les soixante années qui ont suivi. Cette progression rapide
est attribuée par M. Labrousse à la position de l'embouchure
sur la côte, et au remous du courant du littoral formé par la
pointe d'Aboukir.
Parmi les modifications que subit actuellement la côte, il
faut encore citer les érosions des parties saillantes du littoral,
telles que le cap Burlos et le Lido, à l'est de Port-Saïd, tandis
que le fond des baies de Pelouse et de Dibeh s'est un peu en-
sablé. Sur cette côte, l'action incessante de la vague prédomi-
nante de l'Ouest tend à faire disparaître les inégalités du ri-
vage plus encore qu'à combler les golfes.
La création du canal de Suez et du port par lequel il débou-
che dans la Méditerranée, l'importance du mouvement mari-
time qui s'effectue déjà par cette voie, sont venues donner un
caractère d'actualité et d'intérêt pratique à une question qui
était restée jusqu'ici dans le domaine purement historique et
géographique : la question des atterrissements le long de la
côte de la Basse-Egypte. Il est devenu urgent de rechercher
l'origine et la marche de ces atterrissements, afin de se rendre
compte des effets qu'ils pourront produire sur le nouvel établis-
sement de Port-Saïd.
Avant de nous éloigner de TAfrique, enregistrons quel-
ques travaux qui touchent à la linguistique générale et à
Thistoire géographique du continent africain*
l'aknéb géogr. xi« 6
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r
2 AFRIQUE. (n"" 71-72.]
71 . w. F'EfiniFA. Délia lingue africane. Brève saggio d'idiomografia,
a cul fanao seguito copiose iUustrazioDÎ, ed un Glossario com-
parata în circa trenla lingue. Jfilano, 1871, in-16, 80 pages
(Clveïli).
!l. B. Baf^te. Sur les expéditions scientifiques en Afrique. Bulletin
de la Sqc. de Géographie de Paris, juillet 1872, p. 133- U9.
Artl<?.le posthume, annoté par M. Henri Duveyrier, sur la meilleure
ci/uiuUe à tenir par les Européens dans les expéditions en Afriquç.
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SYaiE* 83
ASIE
VAm a été l'objet, dans Taimé^ qui yient de s'écoulpr,
de travaux et de publications aussi uombrouz qu'importants.
Ba risihme de Suez, où notre voyage au pourtour de TAfri-
<|ue nous a conduits, nous nous trouvons naturellement
portés au seiûi de la presqu'île Sinaï|;ique et de la Pales-
tû^et V^i A'Qilt p9S été les moins largement partagées dans
cel «Bseaibli d'eiplorationa et de reGheiehee d'érudition.
I
SYRIE. '^
PALESTINE BT SINAl.
73. Voyag« d*ex]»ldTCitioB à la mer Morte, à Peira et sur la rive
gauche du Jourdain^ par M. le duc db Lutnes^ membre de
l'Institut. Ouvrage posthume, publié par ses petits-fils, sous la
direction de M. le comte de VogUé, membre de l'Institut. Paris,
1871-72, in.4«, pi. (1« et 2» livr.).
Chaque livraison composée de 5 plaBcfaes, 6 Ir. On aonoaca 20 oa
30 livraisoQS. Le texte formera k volumes in-fto.
74. V. GuÉBiN. Rapports sur une mission en Palestine. Archives des
Missions scientifiques, t. VII, 1872, p. 381430.
Trois rapports adressés an Ministre de l'instraction publique ; ils
sont datés da 19 mai et du l*' juillet 1870, et du 15 juin 1871. Simples
résumés dltinéraires, sans discussions ni développements.
7b, p. Lknoib. Le Fayoum, le Sina! et Petra; expédition dans la
lloyenne Egypte et i'A.rabie Pétrée, sous la direction de J. L.
Oétém9, FariSj t8T2| ia49i fig* 4 fr«
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tk ASIE. (N*^' 73-84.)
76. Rich. F. BuBTONand Ch.F. TyrwhittvDrake. UnexploredSyria:
Visit to the Libanus, the Tuial es-Safâ, ihe Anti-Libanus, the
iiorthern Libanus and the *Alâh. Lond., 1872, 2 vol. iii-8*, Map.
(Tinsley).
Sans être précisément inexplorées, les parties de la région syrienne
parcourues par MM. Burton et Drake sont au nombre des moins fré-
quemment visitées, et les investigations des deux voyageurs, qu^ se
partagent entre la géographie et l'archéologie, sont souvent d'un réel
intérêt. Même dans ses courses sans trêve où le pousse son incessant
besoin de locomotion à travers les deux mondes, le coup d*œil rapide
fit le vaste savoir de M. Burton donnent presque toujours à ses récits
une portée sérieuse, avec un caractère bien supérieur au commun des
touristes.
77* Rich. F. Burton. TheMoabite Stone. Àthenaeum, n"» 2320, 2321,
avril 1872, p. 464, 498.
Sur la découverte à laquelle se rapporte ce mémoire, voir le précé-
dci&t volume de V Année, p. 8 et 13.
7ti. Palestine exploration fund. Quarterly statement. New séries (2'
iiiinée), 1872, in-8* avec cartes et planches. London.
Cette publication trimestrielle, consacrée aux travaux de la Commis-
sion anglaise d'étude de la Palestine, bien que principalement occupée
ptir des documents plutôt narratifs que scientifiques, contient fréquem-
ment aussi des morceaux d'un plus sérieux intérêt. Il suffit d'en rele-
vtr les titres principaux.
Letters on the survey, from MM. G. Grove, capt. Rich. Burton,
Tyrwhilt- Drake, capt. Stewart, lieut. Conder (dans chacun des
cahiers).
Kemarks on the climate of Jérusalem, from observations mada by
D' Th. C/iflp/m (janvier).
Capt. Wiison, Récent discoveries at Jérusalem (avril).
Expédition lo the east of Jordan, by the Rev. E. Northey Çibid.).
Liste of names east of Jordan (avec la transcription arabe); juillet.
1 he country round Samaria (octobre).
Notices of Palestine in the cuneiform inscriptions (t^id.).
The Hamath inscriptions {ioid.),
"y» ùur Work in Palestine; being a complète account of the ope-
HLtions of the Palestina Exploration fund, issued by the Com-
Liiittee of the Society. Lond., 1872, in-8% 320 pages, with maps
iiiid numerous illustrations; 3 sh. 6 d. (Bentley).
W- ^V. Besant; and E. H. Palmer. Jérusalem : the city of Herod
;iad Saladin. Lond., 1872, in-8", 7 sh. 6 d. (Bentley).
tll. Ch. Clermont-Ganneau. La stèle de Dhibân, ou stèle de Mesa,
rtÀ de Moab, 890 ans av. J. C. Lettres à M. le comte de Vogué.
l'aris, 1870, in-4°, GO pages, pi. et carte.
Nous avons déjà entretenu les lecteurs de VAnnée de cet important
monument. (V. notre précédent volume, p. 13.) Il ne nous paraît ce-
pendant pas inutile de reproduire quelques passages d'une note analy-
tique insérée au Journal des Savants (juillet 1872)i où certaiiis faits
i
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PALESTINE. 85
et certaines questions sont nettement précisés. Il résulte du travail de
M. Ganneau que le Mesa de l'inscription, qui y célèbre ses victoires
sur les Israélites, est identique avec le Mesa de la Bible contemporain
d'Achab, de Joram et de Josaphat, et que les événements qui y sont re-
latés s'accordent parfaitement avec ceux du texte sacré. Ils ont trait
aux luttes dont fut le théâtre le territoire anciennement possédé par
les Moabites au nord du fleuve Arnon, où s'étaient établies les tribus
de Ruben et de Gad. L'importance de la stèle de Dhîbàn, au point de
vue paléographique et linguistique, ne le cède pas à sa valeur histori--
que. En effet, grâce à elle, nous possédons maintenant un spécimen
de l'alphabet phénicien, ou plutôt chananéen, d'un âge exactement dé-
terminé, et qui peut servir de point de repère dans l'échelle chronolo-
gique de la paléographie sémitique alphabétique. La langue de ce
curieux monument peut-être considérée comme de l'hébreu véritable
inclinant légèrement vers les dialectes arabes et araméens. Il apporte
en outre un nouveau témoignage de la diffusion générale de l'alphabet
phénicien chez les peuples du bassin de la Méditerranée, et même de
sa pénétration a une assez grande profondeur à l'intérieur. Un autre
fait extrêmement intéressant qui nous est révélé par cette inscription,
c'est que la division des mots et la séparation des phrases par des
signes de ponctuation étaient pratiquées dès la plus haute anti-
quité.... •
Nous avons noté ci-dessus, n*» 77, le mémoire de M. Richard Burton
sur ce sujet.
82. Du même : Résultats topographiques et archéologiques des
fouilles entreprises à Jérusalem par le Palestine Exploration
fund. Journ. Asiat.j août-sept. 1872, p. 145-156.
83. Ordnance survey of the Peninsula of Sinai, made by capts. C.
W. WiLSON and H. S. Palmer, Roy. Engineers, under the di-
rection of col. sir Henri James, R. E., director-general of the
Ordnance Survey. Lond., 1869-72,5 vol. gr. in-S^CSouthampton),
Les trois premiers volumes de ce grand et bel ouvrage, comprenant
les vues photographiées de tous les sites notables de la Péninsule, ont
paru il y a près de trois ans. Les tomes IV et V, qui paraissent actuel-
lement, comprennent les cartes, les planches et le texte.
Cette belle publication se complète par la relation de M. E. H. Pal-
mer, frère de l'ingénieur, publiée l'an dernier, et que notre précédent
volume deV Année Géographique a mentionnée (p. 7, n» 15). ,
84. Th. NOELDEKE. Die Namen derAraraàischen Nation und Sprache.
Zeitschr. der Deutschen Morgenlând, Gesellschaftj t. XXV, cah.
1-2, letpjï., 1871, p. 113-131.
S !«'• Les travaux de la Commission anglaise de la Palestine.
Géodésie. Archéologie.
L*extraît suivant des instructions données à la Commis-
sion organisée à Londres pour Texploration de la Palestine,
en fera bien connaître Tesprit et le hut :
lo Lever une carte du pays, sur laquelle seront exactement
uiyiiizeu uy >^jv^v^^iC
66 ASIE. (N" 73-84.)
indiqués, outre la coflfiguratioti topogràphîqtté, 1% site de
toutes les villes et villages, les tliiûes, les foutes, etc.;
3" Recueillir, autant que possible, les noms en usage parmi
les indigènes-, aidsi que les traditions qui se f atta(ihent à cha-
qufl placé;
3"^ Essayer de faire des fouilles partout où il sera néces-
saire;
4^ lastituer utie série d'ôbsôrVâtiônà météorologiques;
5*^ Recueillir autant de notes qu'il sera possible sur la géolo-
gie du paysj sur la botanique, la Hoologie^ eto.;
6° Ne laisser éôhâppelr âuisuhe occasion de fîtîrô à Jérusalem
des exCaValiôns propres à conduire à des résultais déci-
sifs;
7" ExamiflBf tbus ieU sites archéologiques que le pays ren-
ferme, en levët" dès t)làtis et en faire dies deSsinë.
Oii ne peut pas dite qu'il y ait en tout ceci rièû d'absolu-
ment neuf; tous les explorateurs savants qui ont parcouru
la Palestine depuis la fin du dernier siècle se sont attachés
aux objets signalés iti k ^attention deâ commissaifeis, et il
esdste déjà sui» la Tferrô Sainte une masse de tîâvâujc d'une
haute valeur. Outre Texpéditioa française de 1798) qui fut
roccasiGtl d'iiti levé militaire de la Palestine snoB la direc-
tion du bôlônél J^âcbtiti , et ^ui ddnha là pt*emièfe carte à
peu près •xacte qu'on en ait eue, les ingénieurB français,
profitant plus récemment, fen l8éD, d'utiô ôôCui^rencô politi-
que, ont aussi rapporté, comme nous h diroûs tout à
l'heure, des levés géodésiques qui ont été complétés en
1869, et dont on attend la publication. On sonnait les ad-
mirables résultats déposés, il y i tretiti5-deux aôs, par
Edward Robin son dans ses Biblical Researches , à la suite
d'une longue exploration topogra^hique et arohéblogique
dans laquelle le savant américain s'était attaché, conmie
le recommandent les instk'uôtiohâ du Comité de Ldtidre^ à
recQo&altre tous les anciens sites et à relever les noms lo<^
eaux usités par les habitants. Beaucoup d'autrea èprte lui
eat Êuivi la même voie ^ et ont enrichi de beaucoup de dé-
LA COMMISSION ANGLAISE DE PALESTINE. 87
tails nouveaux la carte ancienne et actuelle. II suffît de rap-
peler les nomô de M. de Saulcy, de Victor Guérin et du
duc de Luynes, sans oublier les travaux antérieurs de Gal-
lier et du comte de Bertou. Un ingénieur néerlandais,
M. Van de Velde, a consacré plusieurs années à sillonner
le même champ en archéologue et en topographe, et la belle
carte qu'il a publiée de toute la Palestine, appuyée d'un am-
ple mémoire analytique, sans avoir la précision rigoureuse
que peut donner un véritable levé géodésique, n'en est pas
moins, à tous les points de vue, un travail des plus remar-
quables. La nouvelle Commission anglaise n'a donc pas,
tant s^en fayt, à construire de toutes pièces un édifice dont
les matériaux sont déjà pour la plupart élaborés : sa lâche
— et je me hâte d'ajouter qu'elle est encore assez grande
et assez belle — est de contrôler , de coordonner, de com-
pléter Ce qui a été fait avant elle; elle est surtout de lever,
par des procédés rigoureusement scientifiques, une carte
complète de la Terre Sainte qui ne le cède pas aux plus
belles œuvres géodésiques de l'Europe. La Commission, je
m'empresse de le dire, a compris ainsi sa tâche, et elle pro-
clame bien haut qu'une telle carte est en première ligne
parmi lés travaux qui lui sont prescrits.
Elle s'est mise à l'œuvre dans les derniers mois de 1870,
et le travail a marché depuis lors sans interruption, La
Commisfiûon a commencé ses opérations par le sud-ouest,
pour les porter à lest et au nord. Si rien n'en vient entra-
ver la suite, on peut compter que le levé proprement dit
sera terminé en 1873, et que les minutes, transmise^ en
Angleterre, pourront être immédiatement réduites à une
échelle convenable pour la gravure. La Commission an-
glaise ne doit pousser ses opérations que jusqu'à la mer
Morte et au Jourdain, la Syrie Transjordanienne , déjà
étudiée par de savants explorateurs et par un ingénieur al-
lemandy M. Dôrgen, ayant été laissée à une commission
américaine qui a revendiqué l'honneur de participer au tra-
uigiiizeu uy "*^_« v^ v^' pc i n^
88 ^ ASIE. (n»» 73-84.)
vail des ingénieurs anglais. Les mémorables publications
d'Edward Bobinson et du lieutenant Lynch donnent aux
Américains du Nord un titre légitime pour avoir part k
cette grande œuvre.,
S 2. Une excursion archéologique à Test de la mer Morte.
En attendant l'arrivée de la Commission américaine, deux
explorateurs anglais, le R. D' Ginsburg et le R. G. Tris-
tram, ont fait au mois de février 1872 une course explora-
trice à l'est de la mer Morte, dans ce qui fut autrefois le
pays de Moab. Le double rapport que les deux explorateurs
ont fait à l'Association britannique réunie à Brighton au
mois d'août dernier, est plein de faits du plus haut intérêt.
La petite caravane, partie de Jérusalem le 30 janvier 1672,
contourna le sud de la mer Morte par le Ghor es-Safièh, et
gagna Kérak, l'ancienne Kir Moab , place que Seetzen vi-
sita le premier en 180Ç, et qui depuis a été bien décrite
par Biirckhardt , Irby et Manglee, et de Saulcy. Les mu-
railles sont d'une grande étendue et d'une énorme hauteur.
Les voyageurs furent retenus ici prisonniers par la rapacité
d'un chef, qui ne les relâcha qu'après le payement d'une
lourde rançon. Diverses excursions dans le pays environ-
nant ont permis, néanmoins, de reconnaître un assez grand
nombre de sites ruinés. A Araïr (Pancienne Âroër)^ un
message apportant de Jérusalem des nouvelles de famille de
nature affligeante, obligea M. Ginsburg de revenir sur ses
pas, laissant M. Tristram seul pour le reste du voyage.
Après avoir dépassé Dhibân, village près duquel a été
trouvée la stèle devenue si célèbre sous le nom de pierre de
Mésâ*, on atteignit une localité nommée Oum Rasas. Le lieu
est sur la route militaire de l'Empire romain, et doit avoir
été une des cités importantes de ces plateaux dans les pre-
miers siècles de l'ère chrétienne ; on y voit les restes d'une
1. V. ci-dessus, p. 84, n«81.
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LE PAYS DE MOAB. 89
église byzantine. M. Tristram examina, à Test d'Oum Ra-
sas, plusieurs sites qui n'avaient pas encore été visités.
L'un de ces sites, Khân Zébib, occnpe évidemment la
place d'une grande cité, dont les débris ont servi à con-
struire le village moderne ; un temple dorique existe en-
core près de là, du côté de Test. Le chemin , à partir
d'Oum Rasas, se porte au nord -on est; après avoir traversé
le Oaàdi Thëmed, M. Tristram, à quelque distance vers le
nord, visita Zarafân, où il existe un fort en grandes pierres
équarries au sommet d'un tell, et les restes de la ville au
pied de la hauteur, probablement le Naar Safari de la No-
tice de l'Empire. Plus loin au nord-est, est Oum-el-Ouéled,
une des ruines les plus importantes delà contrée. On y dis-
tingue trois types de constructions, le pré-romain, le ro-
main et le sarrasin. Le forum, autrefois entouré de colon-
nes dont les dés subsistent encore dans le sol, est entier; il
mesure quarante et un pas sur vingt-huit.
De là, se portant à Test, le voyageur vit Ziza^ lieu men-
tionné dans la Notice comme le quartier général de la ca-
valerie dalmatico-illyrienne. L'ancien site est parfaitement
conservé; plusieurs hectares sont couverts de débris sculp-
tés. Des travaux hydraulicpies fort remarquables avaient
été exécutés dans la partie supérieure de la vallée pour te-
nir approvisionné le grand réservoir.
Une des découvertes les plus intéressantes du voyage a
été faite dans ce canton, à quelques milles vers Test de Ziza,
sur les confins du désert. Là se voient les restes d'un palais
magnifique , beaucoup plus parfait qu'aucun autre monu-
ment jusqu'ici découvert dans le pays de Moab. Une en-
ceinte carrée en pierre? de taille environne un palais en
briques; ce carré, de 155 mètres de côté, est pourvu de
bastions semi-circulaires, — De chaque côté de Tunique
entrée qui existe est une façade sculptée, longue de 55 mè-
tres et haute de 5 mètres. Les animaux, les oiseaux, les
fleurs, les fruits et les hommes sculptés sont l'œuvre d'un
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90 ASIE. (n*»' 73-84.)
ciseaa habile et d'une grande délicatesse de touche ; le tout
est dans un ïnerveilleux état de consenration. Lee Toutes de
hi^ît des chambres du palais existent encore ^ et leur plan
aiïisi que les détails ont conduit M. Ferguson à penser que
c'était le conquérant perse Ghosroês qui avait fait bâtir oe
palais. — Quoi qu'il en soit , on peut fixer la date de œlte
construction à environ six cents ans avant Jésus* Christ. Le
nom que lui donnent les Arabes, Oum ChiUah^ ne jette au-
cune clarté sur son origine.
M, Tristram a fait une exploration complète de la vallée
de Uallirhoe , emplacement des bains thermaux où Hérode
le Grand chercha la guérisoii , et qui est située à l'ouest de
la route des pèlerins. Cette vallée était déjà connue, mais
M. Tristram le premier est parvenu jusqu'à Mtkaur, que
Bon nom moderne, et la similitude que le lieu présente
avec la description donnée par Josèphe , font certainémeot
reconnaître pour l'ancien Machaerus.
M, Tristram ne croit pas que l'oû ait jusqu'à présent
suffisamment signalé la grande dissemblance que présen«>
tent les deux rives de la mer Morte , là rive occidentale et
la rive moabite. On sait très-bien que la première n'est
qu'un désert de terrains calcaires, presque entièrement dé*
nue de végétation. La rive orientale, au contraire, est non-
seulement couverte de végétaux, ce qu'elle doit à une for*
mation géologique différente et à une quantité d'eau rela-
tive ment abondante; mais encore, à son extrémité nord,Iel
palmiers acquièrent une magnifique croissance dans les
fentes des rochers, surplombant la mer et poussant au loin
dans la montagne.
S 3. Les travaux des ingénieurs français en Palestine.
Nous avons déjà rappelé quelques-uns des travaux topo*
graphiques de nos officiers et de nos voyageurs dans le Li-
ban at la Palestine. Au mois de mars de Cette année (16T2),
uigmzeu uy -vj v^ v>'^ i>^
LES TRAVAUX FRANÇAIS EN PALESTINE, 91
M. de Saulcy rappelait à rAcadémie qu'en 1869 elle de-
manda au mim«tre de la guerre TeaToi en Palestine de
deux officiers d'état-major pour dresser la carte du pays
commencée lors de respédidon de Syrie, eh 1860.
MM* Derrien et MieUlet furent chargés de cette mission,
et s'en acquittèrent avec lèle.Ils sont revenus avec tous les
documents nécessaires pour construire la carte. Or, il serait
grandement désirable que ces matériaux fussent mis prompt
tement entre les mains des géographes. Si le résultat des
études de MM. Derrien et Mieulet n'est pas publié à bref
délai, la carte de la Commission anglaise précédera la nd-^
tre^ et nous aurons perdu l'honneur d'une initiative atquel
nous avons droit. M. de Saulcy a demandé à l'Académie
d'exprimer au ministre de la guerre le vœu que MM, Der-
rien et Mieulet soient mis en mesure de drelser sans r«^
tard la carte de la Palestine. D'autres menibres s'associent
à la proposition de M. de Saulcy, qui a été adoptée par
la Compagnie i
Ce vœu 6erâ-t«il entendu? C'est une autre question.
Ponir des publications de cette nature, l'inertie du dépat^
tement de la guerre est traditionnelle. Il y a sept ans,
d'abondants matériaux envoyés du Mexique pour l'état
blissement d'une carte de cette grande contrée, passèrent
par les mains de la Commission du Mexique, qui devait
îeâ mettre en œuvre : c'était un des principaux objets de
sa création, et sans contredit le plus important. L'admi-
nistration de la guêtre réclama l'emploi de ces documents,
6n promettant dé construire elle-même cette carte, qui se»
rait d'tm grand prix pour la science» La Commission fut
ainfei dépouillée, et les matériaux ont été s'enfouir dans lea
cartons d'où ils ne sortiront peut-être pas d'ici à un demi«^
siècle* Les administrations ont Cela de Cômniun avec la
dipldâiatie, qu'elles c^t bort^ur de la publicitéu
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92 ASIE. (n*»" 73-84.)
S 4 . Un des plus anciens sites de la Palestine retrouvé.
M. Clermont-Ganneau, agent consulaire français à Jé-
rusalem, dont le nom a récemment conquis une grande
notoriété au sein du monde savant par sa découverte de
l'inscription de Dhibân et par ses doctes commentaires sur
cet antique monument, a aussi enrichi la géographie bi-
blique d'une découverte dont la note suivante, qu'il a lue
au sein de l'Académie des inscriptions (16 août 1872), fait
ressortir l'importance.
ce La ville chananéenne de Gezer est une des plus an-
ciennes delà Terre Sainte, puisqu'elle est antérieure à l'ar-
rivée et à rétablissement des Israélites dans cette contrée.
Le livre de Josué la range parmi les villes royales du Gha-
naan. Son roi, Horam, fut battu par Josué au moment où
il se portait au secours de Lakisch, attaqué par les enva-
hisseurs hébreux. Plus tard, après la conquête, elle fut
comprise dans le territoire de la tribu d'Éphraïm, dont
elle marquait l'extrême limite occidentale. Les Éphraïmi-
tes y tolérèrent la population chananéenne qa'ils y avaient
trouvée. La ville fut attribuée aux Lévites de la famille de
Kehat. fille fut prise plusieurs fois dans les guerres de
David contre les Philistins, au territoire desquels elle
confinait. Sous le règne de Salomon, un Pharaon d'Egypte,
pour des motifs que nous ignorons, entreprit une expédi-
tion qui se termina par la prise et l'incendie de Gezer.
Elle avait une tôUe importance stratégique, que même
ruinée on lui jugeait encore assez de valeur pour figurer
dans la dot de la fille de Pharaon, devenue femme de Sa-
lomon. Le roi hébreu fit aussitôt reconstruire Gezer, et
Bethoren-la-Basse dont elle était voisine.
ce Gezer reparaît sous le nom de Gazara au temps des
guerres entre les Macchabées et les Séleucides; prise d'as-
saut une première fois par les Juifs, elle passa successive-
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GÉOGRAPHIE BIBLIQUE. 93
ment aux mains des deux partis qui attachaient à sa pos-
session une égale importance. Jean Hyrcan en fît son quar-
tier général.
«Malgré les indications très -précises contenues dans di-
vers textes sacrés et profanes, malgré les renseignements
fournis par YOnomasticon d'Eusèbe, qui place Gezer à
quatre milles romains d'Emmaùs-Nicopolis, localité au-
jourd'hui parfaitement connue, la ville de Gezer, en vain
cherchée, n'avait pu jusqu'à ce jour être retrouvée. C'est
en compulsant une vieille chronique arabe d'un cerlain
Nudjir-ed-diuj que M. Giermont-Ganneau a rencontré
accidentellement un passage qui Ta mis sur la. voie de sa
découTerte.
« L'historien arabe raconte que vers Tan 900 de l'Hé-
gire, un engagement sanglant eut lieu entre Djanboulat,
émir de Jérusalem, et un parti de Bédouins pillards, entre
le village de Khulda et le village de Tell-el-Gezer. Ce
dernier nom signifie à la lettre Colline de Gezer ^ et le
nom arabe est la reproduction aussi exacte que possible
du nom hébreu.
a Gomme le village de Khulda existe encore, et que d'a-
près les détails contenus dans la narration très précise de
Tauteur arabe Tell-el-Gezer en était assez rapprochée
pour que les cris des combattants fussent entendus d'un
point à un autre, cette dernière localité paraissait d'avance
facile à déterminer. Cependant, aucun village de ce nom
ne figurait sur les meilleures cartes de la Palestine.
« Après avoir déterminé théoriquement et a priori l'en-
droit exact où devait se trouver le Gezer arabe et hébreu,
M. Ganneau fit une excursion sur le terrain, afin de véri-
fier l'exactitude de son hypothèse. Au point marqué d'a-
vance, il retrouva le Tell-el-Gezer de Nudjir-ed-din et les
ruines d'une grande et antique cité occupant un vaste pla-
teau. L'explorateur reconnut aussi des carrières immenses
qui ont fourni les matériaux de construction pour la ville ;
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94 ASIE. (n'»- 85-97.)
d&g puitEf dsfl restes d^aquedues, anfiii une quantité eonfii-
dérable de tombeaux creusés dans le roc. U est vFaisem-
hhhle que des fouilles exécutées en ce lieu donneraient
d'importants résultats. L'identification de Gezer intéresse
la topographie générale de la Palestine ; la découverte de
sa situation doit modifier le tracé des limites des tarritoires
d'Éphraïm, de Dan et de Juda.
Je 06 puis que mentionner la communication faite par
M. Wetzstein ï la Société de géographie de Berlin, com^
municatian dont u^e courte analyse est insérée au journal
de la Société {ZeUsehrift, n« 38, 1872, p. 2051200).
II
ARAHIC.
85. 13' O.Blau. Arabische Sprachstudien. Zeitschriftder Dèutschen
Morgerdmdischen Gesellschafi, t. XXV, 4« cah., p. 525-592.
Travail très-savant et d'une application presque entièrement géo*
graphiqiïe, mais d'une lecttire singulièrepient laboriemie. Apràt toat,
c@ui que la géographie comparée de TAsie sémitique intéresse n'ont
pa» à regretter leur peine.
a5. D' Àloys Sprenûer. On the campaign of ^lius Gallus in Arabia.
Mémoire lu au mois de juin au sein de la Société royale de Littéra-
ture dç Londres (la Société de Littérature répond à notre Académie des
Inâcriptions).
Nous ne connaissons encore de ce mémoire qu*une courte analyse
inaérée dans VAthenaeum et dont voici la traduction :
Le P' Sprenger montre que la description de l'Arabie dans Strabon
«gt beaucoup plus obscure et plus maigre que celle qu'avait donnée
luha. avant la campagne; l'auteur en conclut que Strabon eut en vue
éc j a^tifier Gallus, qui était son ami personnel, du reproche de ne pas
avoir fait la conquête d'un pays si peu connu. Le D' Sprenger s'attache
eTiiîuite à identifier les diverses places mentionnées dans la description
d€ Jnba telle que Pline la rapporte, et dans Strabon. Parmi ces identi-
Ëcationi, la plus importante est celle des if moM des écrivains grecs
avec les Kindites de l'Arabie et des historiens byzantins. Le résultat
dës recherches du D' Sprenger est que l'armée romaine pénétra es
Arabie jusqu'^ Badm^ni et que }4 il f«t ramené eu arrière p^r \Sê
tribus que les Arabes comprennent sous le nom de Madgbij, secoudées
pttut-êire par iM ifibus hiflayftrMqofs 4'An^
V
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ARABiP- 9$
lion» |i,urQA8 k revenir (qqt & Theore sur <;(a«lquet-uQM 4e ces qi^es-
tions par Timportante relation de M. Ualèvy.
87. F. WtlSTENFELD, Die Strasse von Baçra nach Mekka, mit der
Landschaft Dharija^ nach arabischen Quelleil bearbeitet. Gœt-
Wigefiy 1872j in-4°, 43 pa^es et une carte. 8 fr. (Dieterlch).
Extrait des Mémoires de la Société des Sciences de Goettingue). —
Le D* Ferd. Wûstenfeld, à qui l'on doit déjà de nombreux et savants
travaux sur TArabie et ses populations*, poursuit dans cê nouveau mé-
moire le dépouillement des sources arabes sur les routes de caravanes
qui sillonnent la grande péninsule. Des travaux de cette nature ont une
double utilité, bien que la 4ate à laquelle ces matériaux remontent ne
laisse à beaucoup d'indications qu'une valeur historique : ils appor-
tent un utile complément à nos informations actuelles sur Tintérieur
de TArabie, et en oatre ils servent souvent à rectifier la nomenclature
des relations européennes. Après tout, les choses et les noms ont dans
ces contrées de l'Orient une fixité et une durée dont la mobilité
de l*Oeoident permet difficilement de se former une juste idée.
88. Heinr. Freih. v. Maltzan. Resultate einer im Winter 1870-71
unternommenen Reise în dea sftdwestlichsten Theil der Ara-
bischen Halbinsel. Zeitschrift 4er Ges^U$chafi fur Erdkunde
zu Berlin , VU (n- 37), 1872, p. 1-19.
Voir le précédent vpluine de YÂnnés Oéographiqttfit p« 19.
*ri<- Du même : Die Vôlker SMarabiens uod die Bewobner von
Adeii. Ibid,, YI (n* 35), 1871, p. 479-491.
{19. i)v lodoiQ : GeographischQ Forsohungen in Çiad^Arabiep. Mit-
Àeilungen de PertermanQ, 1872, n^ 5, p. 168-174, jivec une
carte rédigée sur les matériaux rapportés par M. de Maltzan,
et une Bote analytique de M. Haneœann sur cette carte
(p. 173-74).
— Du même : Ueber das Klima des westlichen und sûdlichen
Arabien. ïbid., n* 9, p. 330-835.
90. Du même ; Notes de voyage sur les régions du sud de l'Arabie.
le Glohey organe de la Société de Géographie de Genève,
i, X, 1871, p. 125-156 j avec l'esquisse d'une carte du pays
visité.
Dans cette communication an Journal géographique de Genève, aussi
bien que dans la suivante à la Société de Londres, M. de Maltzan repro-
duit au fond ses communications aux journaux çéo^^phiqaes de Berlin
et de Gotha.
1. Muhammed Ben-Habîb, ûber die Gleichheit und Verschiedenheit
der arabischen Stàmmenamen, texte arabe et introduction, 1 850, in-8»;
— Register zu den genealogischen Tahellen der arabischen Stàmme,
in-8« et atlas in-4*, 1853; -^ die von Médina oMlaufenden Hauptstras-
sen, in-4% 1862; — die WohntiUe midi Wanderungen der arabischen
StàmmCf in-4% 1868,
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96 ASIE. (n°' 85-97.)
91. Du môme : Geography of Southern Arabia. Proceedings of the
Royal Geogr. soc, ofLondon, vol. XVI, n» 2, 1872, p. 115-123.
92. Du môme : Beitràge zur Kenntoiss der geographischen und
sprachlichen Verhàltnisse von Sttdarabien. ZeiYsc/ir. der Deutec^.
Morgenlând, Gesellsch. B*». XXV, 3*« heft, p. 491-498. Leipii.,
1871.
Notes qui ont surtout pour objet de constater l'exactitude des rensei-
gnements donnés par M. de Wrede sur le Hadramaut. V. notre précé-
dent vol., p. 17.
93. Du même : Ueber den Dialect von Mahra, genannt Méhri, in
Sùdarabien. Zeitschr. der Deutschen Morgenlând, Gesellschafïj
t. XXV, cah. 1-2, p. 196-214. Leipx., 1871.
94. Geognostische Verhàltnisse Hadhramaut's. Ein Bruchstack aus
den nachgelassenen Papieren Ad. v. Wrbde's. Zeitschr. der
Gesellsch, fur Erdk. au Berlin, VII (n* 39), 1872, p. 224-234.
Voir le précédent vol. de VAnnée^ p. 15, n» 31, et p. 16.
95. Capt. S. B. Miles and Werner-Munzinger. Account of an
Excursion into the interior of Southern Arabia (1870). Joum, of
the Roy. Geogr. soc, vol. XLI, 1871, p. 210-245. Map.
A côté de la relation complète du capit. Miles, qui s'est étendue à
TEst depuis Aden jusqu'à Blr'Ali (un peu en deçà, de Râs el-Kelb), en
partie en longeant la côte, en partie dans l'intérieur, il faut mention-
ner le résumé qui s'en trouve dans les Proceedings (vol. XV, 1871,
p. 319-334), à cause des remarques du Rev. G. P. Badger. La carte de
MM. Miles et Munzinger complète sur plusieurs points celle que le
docteur Petermann a construite sur les matériaux du baron de
Maltzan.
96. Jos. Halévy. Rapport sur une mission archéologique dans le
yémen (adressé au Ministre de l'instruction publique le 21 juil-
let 1871). Journal Asiatique, jauv. 1870, p. 5-98.
Les inscriptions < sabéennes >, rapportées par M. Halévy au nombre
de 686, ont été publiées dans leur caractère original au cahier de
février-mars 1872 du Journal Asiatique^ p. 129-266, sans transcription,
annotations ou commentaire d'aucune sorte.
La traduction partielle et provisoire des inscriptions a été donnée au
cahier de juin, p. 489-547.
— Du même : Rapport sur une mission archéologique dans le
Yémen. Archives des Missions scientif. et littér., publiées sous
les auspices du Ministère de Vinstr. puhL, t. VIT, 1872, p. 233-
285.
Ce rapport ne diffère pas de celui qui est noté ci-dessus, au
n»g6.
Je reviendrai tout à l'heure sur le très-important voyage de M. Jos.
Halévy envisagé spécialement au point de vue géographique ; mais je
veux citer dès à présent le jugement que M* Renan a porté sur l'en-
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LE SUD-OUEST DE l'aRABIE. 97
semble de la mission, au nom d*ane commission spéciale nommée par
TAcadémie des inscriptions :
« La Commission est tombée d'accord, à runanimité, sur la haute
valeur des recherches exécutées par le. courageux voyageur. Avec des
ressources très-limitées, M. Halévy a réussi à pénétrer dans des pays
que jamais Européen n'avait visités depuis le consul £lius Gallus, au
tenrps d'Auguste, lors de son expédition aussi funeste pour lui que
stérile pour la science. La force d'àme avec laquelle notre modeste
missionnaire a supporté les fatigues et les périls de son entreprise,
ainsi que les privations inévitables au milieu de populations pauvres,
rapaces et soupçonneuses, est au-dessus de tout éloge. Avec une
patience des plus rares, il est parvenu à réunir environ 680 textes
épigraphiques, tous inconnus jusqu'ici. Plusieurs de ces textes sont de
^peu d'étendue ou* à peine lisibles; mais la plupart ont un développe-
ment plus ou moins considérable. Les plus modernes ne peuvent
guère descendre au-dessous du premier siècle de notre ère, et tous,
par un côté ou par un autre, sont d'un curieux intérêt pour la philo-
logie sémitique et pour l'histoire ancienne de l'Arabie. Les circonstan-
ces ont rendu impossible à M. Halévy de rapporter les empreintes des
monuments qu'il a découverts ; du moins s'est-il appliqué à en prendre
des copies exactement figurées. Ici, du reste, la nature presque monu-
mentale du caractère himyarite rendait le manque d'estampage moins
regrettable que s'il se fût agi d'un système d'écriture tant soit peu
cursive. En examinant les résultats du travail si considérable et si
minutieux à la fois que nous avons eu sous les yeux, eu tenant
compte des énormes difficultés qu'a dû surmonter le voyageur pour
mener à fin son entreprise, nous nous sommes dit plus d'une fois qu'un
Israélite oriental, réunissant toutes les qualités propres à sa race, la
persévérance, la sobriété, et d'autres encore, indépendamment de
l'étendue et de la solidité de son instruction, y pouvait seul
réussir.
97. A. Le Gras. Instructions pour naviguer dans la mer Rouge;
d'après R. Moresby et T. Elwon , et les documents les plus ré-
cents. Parts, 1871, in-S», 362 pages. ( Public, du Dépôt de la
marine. Bossange. 6 fr.)
S 1*'. État physique, géographique et politique de Tangle sud-ouest de
l'Arabie, d'après les informations réunies par M. de Maltzan.
A rextrémité sud-est de la péninsule arabe, sur la limite
sud du Yémên, entre l'entrée de la mer Rouge et Aden, et
plus à Test encore, entre Aden et la limite du Hadramaut,
il existe une contrée d'une étendue considérable où nul
Européen n'a jamais pénétré, sauf Seetzen, en 1811, qui
y est mort assassiné. Aussi cet angle extrême de la grande
péninsule en est-il une des parties absolument inconnues.
M. le baron de Maltzan, à qui Ton doit déjà tant de sa-
L*ANNr.E GÉ06R. XI. 7
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98 ASIE. (n«^ 85-97.)
vantes études et d'infatigables investigations sur quelques^
unes des régions les moins fréquentées des pays musul-
mans^, conçut la pensée, il y a deux ans, de remplir au
moins une partie de cette lacune. Quoiqu'il n'ait pu faire
tout ce qu'il aurait voulu, — ^» chose fort ordinaire en de
telles entreprises, — il a cependant rapporté de sa course
une quantité considérable de notions absolument nouvelles
et d'un grand intérêt. Joint aux informations recueillies
par le capitaine Miles et son compagujQn M. Munzinger,
ce voyage ajoute une page importante au livre chaque
jour moins incomplet de notre connaissance de l'Arabie,
et remplit, d'une manière au moins provisoire, une partie
blanche de la carte. Pour donner une idée générale de la
notice de M. de Maltzan, je vais en détacher quelques
passages.
« Au point de vue clîmatologique, l'Arabie du Sud a deux
régions bien différentes, Tune qui reçoit les pluies tropica-
les, l'autre qui ne connaît que les pluies d'hiver, sur les-
quelles on ne peut jamais compter avec certitude, car
elles font défaut quelquefois pendant trois ans. A cette
dernière région appartient tout le littoral. Malgré sa po-
sition sous les tropiques et sa grande proximité des terres
qui reçoivent les pluies tropicales, ces dernières lui font
complètement défaut. Lk où ces plaines portent une végé-
tation luxuriante, comme à Lahedj et à Abiân, ce phéno-
mène est dû uniquement à im ouâdi, qui, plus au nord,
reçoit les pluies tropicales et leur ramène de l'eau. Les
terres qui manquent de pareils ouâdis sont pauvres et ne
peuvent jamais compter sur une récolte assurée. Il est
vrai que quelquefois les hivers sont pluvieux. A Aden
même, on a vu les citernes se remplir jusqu'à déborder.
Mais ces faits sont rares et ne changent rien à la triste
condition générale du littoral. — C'est tout différent dans
1. Voir le précédent volume de V Année géographique, p. 283.
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tE SUD-OUEST i)E l'aRABIE. 99
Tintérieur. Là Tété et la saison des pluies sont régulières.
Elles tombent même avec une telle abondance , que pres-
que tous les ans on parle d'inondations. L'intérieur pour-
rait être un vaste jardin, si les indigènes y étaient aussi
industrieux que ceux de Lâhedj, qui ne perdent pas une
goutte d'eau inutilement, et qui retiennent toujours une
provision du liquide précieux pour les mois de sécheresse,
par le moyen des écluses.
ce Les habitants de ces vastes régions, presque tous Bé-
douins, appartiennent pour la plupart à la race himyarite*
Ils ont la peau noire, presque aussi noire que les nègres,
mais les traits et le corps d'une grande noblesse et d'une
grande régularité. C'est indubitablement le sang sémi-
tique qui coule dans leurs veines. Ils sont tous maigres,
mais forts et nerveux. Leur barbé est fort rare, quelques-
uns restent même toujours imberbes. La grande souplesse
de leurs articulations les rend les meilleurs monteurs de
chameaux de toute T Arabie....
« Dans la plupart des États règne la démocratie, ou plu-
tôt une anarchie presque complète. Toutes les tribus sont
libres. Le mot même de « tribu, » usité au pluriel, qui est
qobâyel en arabe, est synonyme aussi de liberté. Il est
vrai que chaque tribu a son chef, appelé ici aqel, et chaque
réunion de tribus son chef suprême ; mais leur autorité se
borne au commandement en cas de guerre. En temps or-
dinaire, elle est presque nulle. Ils ne peuvent ni prélever
des impôts, ni rendre la justice. Gelle-ci s'exerce par les
membres des tribus, d'après les traditions de la vendetta.
Toute tribu est solidaire pour chacun de ses membres....
c Presque tout sultan possède un certain nombre de
châteaux qui sont de vraies forteresses contre les indigènes
et leurs armes imparfaites. Dans les montagnes, ces châ-
teaux sont en pierre; dans les plaines, en briques cuites au
soleil. Ils ont tous au moins quatre étages, et sont flanqpiés
de tours couronnées de terrasses avec mâchicoulis. Les
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100 ASIE. (N~ 85-97.)
murs sont percés de nombreuses meurtrières. Les fenêtres,
toujours très-petites, ne commencent qu'à une hauteur de
cinq à six mètres. Outre le sultan, presque chaque membre
de m famille possède au moins un château. Les villes ren-
ferment ainsi souvent quinze ou vingt châteaux, habités par
les chefs et leurs soldats, une mosquée, un marché et une
inËûité de huttes en paille de palmier. Aucune ville n'est
murée : les châteaux suffisent à la défense. Dans tout centre
d'une tribu ou d'unesubdivision de tribu, il se trouve aussi un
pareil château, autour duquel sont distribuées les huttes de
paille ou de branches des indigènes. Les Bédouins mêmes
babltent de pareilles huttes. La vie sous la tente, si carac-
téristique pour les Arabes du Nord, est inconnue ici. Je n'ai
entendu parler que de trois tribus, dont les territoires soct
placés lout k fait au Nord, vers le Djôf, qui, à ce qu'on m'a
dit, possédaient des tentes. Parmi les châteaux, il y en a
quelques-uns d'une très-grande antiquité et d'origine himya-
rite. Ils sont bâtis avec de grandes pierres bien taillées
et d'une maçonnerie très-solide. Généralement, cependant,
les anciens châteaux himyarites sont délaissés. La sa-
per stitiou les croit le séjour de mauvais génies, de sorte
que les Arabes ont peur d'en approcher....
ic La seule industrie, pour ainsi dire, connue dans les
villes de rintérieur, telles que Qâ'teba, Niçâb, Habbân,
e^t celle de la teinture. Ces teinturiers ne se servent que
d'une seule couleur, celle de l'indigo, plante cultivée beau-
coup dans le pays. Presque tous les vêtements des Arabes
sont teints de cette couleur et très-rarement blancs. Les
juifs de quelques villes fabriquent des étoffes avec du co-
ton qu'ils font venir d'Aden, car le pays cotonnier d'Abiân
masque d'industrie et exporte ses cotons à Aden. »
M* de Maltzan donne la liste d'une douzaine de petites
principautés ou territoires qu'il a visités* dans un certain
rayon autour d'Aden. Il a recueilli de la bouche des Arabes
des notions sur beaucoup d'autres cantons et sur un grand
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M. JOS. HALÉVY. 101
nombre de localités, qu'il a marqués sur sa carte. Dans
ses enquêtes apprès des Arabes de rintérieur avec lesquels
il s'est trouvé en rapport à Âden, le voyageur s'est inspiré
de la méthode qui a donné de si bons résultats au général
Daumaô et à d'autres officiers de notre armée d'Afrique;
aussi est-on en droit d'espérer que l'exploration propre-
ment dite de ces territoires, lorsque des circonstances favo-
rables permettront à un voyageur européen de s'enfoncer
dans le pays et d'y porter l'observation scientifique, confir-
mera, tout en les précisant, les indications consignées sur
la carte de notre courageux investigateur.
S 2. Expédition archéologique de M. Joseph Halévy. Immense récolte
épigraphique. Reconnaissance d'an pays inexploré.
Nous avons cité la très-haute appréciation de l'Académie
des inscriptions au sujet de l'immense récolte de textes
himyarites rapportés du sud de l'Arabie par M. Halévy ;
nous allons de notre côté suivre l'explorateur dans sa
course périlleuse, en nous attachant aux résultats géogra-
phiques.
Dans son rapport au ministère de l'instruction publique
(ci-dessus, n" 96), M. Jos. Halévy rend compte des résul-
tats généraux de la mission dont il fut chargé en 1869.
Après une tentative infructueuse pour pénétrer dans l'in-
térieur en partant d'Aden, M. Halévy dut gagner le port de
Hodeyda dans la mer Houge, au nord de Mokha, et il ar-
riva à Sanâ par cette voie. Cette place, la plus belle et la
plus propre de l'Arabie, est à moitié ruinée. De là il se
rendit à Schirây petite ville du territoire des Ashab, à une
demi-journée vers le nord-est de Sanâ. Schirâ consiste en
plusieurs hameaux séparés, bordant un ouâdi. La localité
parait très-ancienne ; les monuments de l'époque sabéenne
y abondent, bien qu'un grand nombre de pierres à inscrip-
tions aient été détruites par les habitants pour en faire de
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102 ASIE. (n«» 85-97.)
la chaux. Une montagne contiguê contient des restes de
constructions que le voyageur qualifie d'hymîarites, et de
nombreuses traces d'inscriptions sa voient encore sur les
rochers.
A partir de ce point, la route du voyageur se tourne entre
le nord et le levant, d'après une esquisse que M. Halévy a
fait distribuer à la Société de géographie. Cette esquisse
est malheureusement bien incomplète et bien peu précise
(voy . ci-contre) ; néanmoins, comme on y a inscrit une flèche
marquant le Nord, et que l'itinéraire y paraît tracé avec un
certain soin, il semble qu'on doive avoir confiance dans les
directions indiquées. Le pays, quoique toujours montueux,
devient d'une extrême aridité. On est ici sur un plateau
dont l'escarpement^ désigné sous le nom de djebel Yâin,
domine la plaine de sable mouvant, le redoutable Ahqàf,
qui s'étend à l'est vers un horizon sans limite. Au pied du
djebel Yâm, une longue vallée, le ouâdi Saba^ marque la
lisière de l'Ahqâf . « Cette lisière, qui consiste en terre cul-
tivable, sinon cultivée, a tout au plus la largeur d'une
journée de marche. Après elle [c'est-à-dire à l'est] com-
mence un terrain pareil au Téhama, avec des dunes de sa-
ble en plus, qui se déplacent, s'accumulent, s'aplanissent
au gré du vent. Le Téhaina oriental [c'est-â-dire le plateau
intérieur, la haute plaine de sable] est, selon toute appa-
rence, de 2000 pieds environ plus haut que le Téhama
littoral. Cette position relativement élevée du désert el-
Ahqâf explique aussi le fait singulier, généralement connu
des habitants, que le vent du désert apporte la fraîcheur.
Les Arabes que j'ai questionnés sur ce phénomène m'ont
donné pour réponse que le vent se rafraîchit en passant au-
dessus de Bahr es-Sâfi, mer fabuleuse dont on parle aussi
dans le Hadramaut. Y aurait-il quelque fond vrai dans
la fable qui paraît indiquer l'existence d'un lac intérieur?
c'est ce que personne ne saurait dire. D'après mes- infor-
mations, il n'y a aucune communication entre le Djaouf et
uigiiizeu uy -v^JV^v^-i 1%^
DÉCOUVERTES DANS l'INTÉRIEUR DE l' ARABIE. 103
la côte d'Oman, et les Arabes les pins intrépides tremblent
au nom du terrible Ahqâf. 5>
Le Djaoufy que M. Halévy vient de nommer, est une
plaine basse formée de terres cultivables, une oasis au sein
du désert. Le nom, qui s'écrit aussi Djâf et qui signifie
« pays enfoncé », « dépression entre des hauteurs », est
une appellation générique que l'on retrouve en diverses
parties de la péninsule, notamment dans la région centrale,
entre le Nedjed et le Hedjaz, où un Djôf célèbre dans toute
TArabie a été visité et décrit par plusieurs explorateurs ré-
cents. Celui du sud, oii M. Halévy le premier vient de pé*
nétrer, présente, d'après les notes du savant voyageur, un
très-grand intérêt historique ; M. Halévy retrouva là, en
même temps qu'un centre d'habitation antique riche en in-
scriptions sabéennes, un des principaux noms que l'expé-
dition d'iElius Gallus, en l'année 24 av. J. G., fit parvenir
à la connaissance des Romains, le nom des iftnê^m, voisins
de Saba, de Mariaba (Mareb) et des Khatramotites (le Ha-
dramaut). On distingue ici deux ou même trois Djaoufs
contigus, un supérieur, un moyen et un inférieur, arrosés
par u^e rivière permanente ( chose rare en Arabie) qui a
son origine près de Schira, non loin de Sanâ, et qui de là
coule au nord-est vers les deux Djaoufs sous le nom d'el-
Kharid, disparaissant parfois dans le sol, et reparaissant
plus loin k la surface. Mais il faut laisser la parole au
voyageur.
« Le Djaouf inférieur et le Djaouf moyen contiennent,
à ma connaissance, plus de vestiges de l'antiquité que tout
autre pays arabe. Entre ces différentes ruines, la plus im*
portante au point de vue de l'histoire ancienne est, sans
contredit, celle qui porte encore aujourd'hui le nom de
àfe'ïn, représentant indubitablement la capitale des Mi-
néens, gens magna de l'Arabie d'après les auteurs classi-
ques.
c La partie fortifiée de la ville de Me'în occupe un mou-
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104 ASIE. (n°* 85-97.)
ticule qui mesure environ 280 mètres de longueur sur 240
de largeur. Des murs d'enceinte qui étaient placés aux
abords de la descente, il ne reste que certaines portions
du côté nord; mais en revanche, les portes opposées de
l'est et de l'ouest sont assez bien conservées, ainsi que les
tours voisines qui sont d'une hauteur considérable, et qui
présentent un aspect grandiose. Ces diverses constructions
consistent en d'énormes pierres taillées, juxtaposées sans
ciment, mais si bien unies qu'on croit voir un seul bloc.
La plupart d'entre elles portent des inscriptions qui ont
souvent une dimension prodigieuse. Dan^l'intérieur, pres-
que tous les monuments anciens ont péri par le vandalisme
des Arabes, qui ont essayé, à plusieurs reprises, de s'éta-
blir au milieu des ruines. Quelques années ont suffi pour
que les huttes en briques crues redevinssent de la pous-
sière; et même la mosquée, bâtie avec des pierres prises
des constructions antiques, est entièrement délabrée, tandis
que non loin d'elle un petit temple de l'époque himyarite,
renfermant plusieurs stèles, est presque intact, et con-
traste, par la symétrie de ses proportions, avec le chétif
édifice religieux de l'islamisme.
c A vingt minutes à l'est de la ruine principale, dans un
terrain très-déprimé nommé el-Mihyar^ se voient deux
longues rangées de stèles semblables à celles de Medinet-
Haram, qui paraissent avoir appartenu à deux temples
presque contigus, dont il ne reste que les deux portes ad-
jacentes* Le frontispice de la grande porte contient une
très-belle inscription en trois lignes, indiquant le nom du
roi qui a élevé le temple et celui de la divinité à laquelle
il l'a consacré, apparemment l'Astarté phénicienne. Trois
architraves, parmi celles qui se trouvent au-dessus de l'in-
scription, ont chacune au bout une courte inscription, qui
semble désigner un roi allié des Minéens, aux frais duquel
une portion du temple a été construite. »
Il n'est pas besoin d'insister sur l'importance de cette
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ARABIE INTÉRIEURE. SITES ANCIENS. 105
découverte du site où s'éleva la ville capitale des Minéens.
Cette découverte pose un jalon de plus, et un jalon de pre-
mier ordre, pour le tracé de l'itinéraire d'^Elius GaÛus.
On sait que jusqu'à présent la correspondance des Minaei
avait été laborieusement et inutilement cherchée, notam-
ment par Fresnel (Journal Asiatiqy£^ 4* série, VI, 1845,
p. 390).
M. Halévy ajoute : « Un coup d'œil jeté sur les inscrip-
tions que j'y ai recueillies m'a bientôt prouvé que le peu-
ple minéen possédait deux autres villes importantes, ce qui
m'a déterminé à faire tous mes efforts pour les découvrir.
J'ai eu le bonheur de retrouver la deuxième ville minéenne
mentionnée dans les inscriptions, et dont l'ancien nom
est déjà tombé dans l'oubÛ. Mais ce n'est qu'après une
longue recherche, et par un hasard singulier, que j'ai ren-
contré les traces de la troisième ville minéenne, qui m'a
livré le plus riche butin épigraphique.
« La population minéenne occupait une place à part par-
mi les tribus sabéennes. Les inscriptions de ces trois villes
sont toutes conçues dans un dialecte particulier, peut-élre
identique à celui qui figure sur les monuments provenant
du Uadramaut. La science aura à se prononcer un jour
sur la question de savoir si ce sont les Minéens qui ont
peuplé le Hadramaut, ou si, au contraire, ce sont les Ha-
dramotites qui ont colonisé en partie le] ouâdi Saba. Quelle
que soit du reste l'opinion à laquelle on devra s'arrêter, il
est déjà hors de doute que le noyau de l'empire sabéen se
composait au moins de deux peuples, parlantdeux dialectes. »
D'autres ruines avaient aussi attiré l'attention du voya-
geur. Il en visita une dizaine ; mais trois seulement lui ont
donné un résultat épigraphique. Le reste était dans un tel
état de destruction, qu'il n'y put découvrir une seule pierre
intacte. « Ces ruines sont généralement situées ^ntre le
Khârid et le djebel Laoud. Celles dont l'emplacement est
éloigné de la rivière étaient anciennement irriguées par un
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106 ASIE. (N« 85-97.)
réseau de canaux régulièrement creusés, lesquels, entrete-
nus avec soin par les Sabéens, ont procuré la nourriture et
le bien-être à d'immenses populations. Même à présent que
tous ces canaux sont obstrués et comblés, il suffît qu'une
pluie abondante vienne à temps pour fournir trois mois-
sons par an. *
Quand le voyageur crut n'avoir plus rien à découvrir dans
le Djaouf moyen, il se décida à aller au Nedjrân, contrée
située plus haut dans le nord. L'orientation du voyage,
telle que l'indique l'esquisse de la carte, met le Nedjrân
à peu près sous le même méridien que le Djaouf oriental
ou supérieur et le site de Mareb, conséquemment beaucoup
plus à Test que la position approximative qa'on lui a don-
née jusqu'à présent sur les meilleures cartes. La distance
depuis le Djaouf est de cinq à six journées. « Je pris la
route orientale, dit M. Halévy, avec l'intention de retour-
ner au Beled Hamdân par le Djaouf supérieur. J'ai voulu
ainsi reconnaître les deux routes différentes que le général
romain aurait prises, d'après le récit de Strabon, en allant
de Nagara à Saba, et en revenant du pays des Sabéens,
Comme, d'après l'écrivain grec, la première route était la
plus longue, et conduisait par des déserts arides où l'eau
manquait souvent, je conclus que cela devait être la route
orientale ; tandis que la route occidentale, qui passe par le
pays du Djaouf supérieur, assez bien peuplé aujourd'hui
même, devait présenter moins de difficultés pour l'armée
romaine. Cette considération me parut logique ; je pouvais
me tromper, mais j'étais décidé à faire des recherches sé-
rieuses. »
Le second jour, on traverse l'oasis de Ehâb, belle vallée
remplie de villages, mais où rien n'annonce une ancienne
habitation. De là, le voyageur gagna enfin le Beled
Nedjrftn, dont nul Européen, avant lui, n'avait foulé le sol
Il y a longtemps que dans ce nom, si souvent mentionné
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SITE DE LA CAPItALE DES MINÉENS. 107
par les auteurs arabes, on a cru reconnaître la ville de
Negrana ou Anagrana de la célèbre expédition romaine
d'iSlius Gallus ( ville que Ton a cru pouvoir identifier avec
la Nagara Metropolis de Ptolémée, ce qui est possible, mais
nullement certain) : il y avait donc, dans tous les cas, un
intérêt historique et géographique à examiner directement
ces localités, c Mes excursions dans le ouadi ont été bien
récompensées, dit le rapport de M. Halévy, par la décou-
verte de Nagara Metropolis ; les Arabes les nomment ac-
tuellement Medinet-el-Khoudoud, prononciation incorrecte
an lieu de el-Oukhdoud, nom qui se trouve dans le Koran,
et que les commentateurs ont à tort identifié avec Nedjrân^.»
On regrette l'extrême brièveté de cette partie du rapport.
Dans une sorte d'appendice consacré au « classement des
inscriptions, » M. Halévy ajoute seulement, au sujet du
Nedjrân et de ses ruines : « Beled Nedjrân^ vallée déli-
cieuse s'étendant de Test k l'ouest entre deux chaînes de
montagnes, et située à trois journées de marche au nord-
est de Sada^.... Medinet-el-Khoudoud est une grande
mine représentant la Nagara Metropolis de Ptolémée, si-
tuée à une heure à Touest de Ridjla, du côté méridional
du torrent*. » La partie sud et ouest du mur d'enceinte
est moins détruite que les autres. Ce mur est construit
avec du granit très-dur, et manque d'élégance. » C'est
tout.
L'identification des ruines d'el-Ehoudoud avec la Nagara
Metropolis du géographe alexandrin, supposée identique
avec YAnagranaoM Negrana de l'expédition d'iElius Gallus,
n'est encore, je le répète, que la simple répétition d'une
hypothèse qui ne s'appuie jusqu'à présent sur aucun fait
1. Le contexte de cette phrase n'est pas clair; je transcris.
2. Cest ce qu'avait déjà dit Niebuhr, d'après ses informations lo-
cales {Descr. de VArabie^ II, 114). Sada (Niebuhr écrit Saadé) est la
capitale du Beled Sahàn, dans le N. E. du Yémèn {id., p. 113).
3. Ridjla est marquée sur l'Esquisse de M. Halévy.
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108 ASIE. (n" 85-97.)
direct. C'est un point qui appelle encore la discussion cri-
tique, et sur lequel je ne pense pas que les découvertes
épigrapfaiques de M. Halévy, d'ailleurs si précieuses sous
d'autres rapports, puissent jeter beaucoup de lumière.
Revenons à la narration du savant voyageur : « Ayant
ainsi atteint la limite septentrionale de mon expédition,
il fallait penser à revenir au ouâdi Saba par le Djaouf
supérieur. Notre chemin, prenant une direction sud-ouest,
passa par des contrées fort montagneuses. Ces diffé-
rents pays, si intéressants sous le rapport de la géogra-
phie, n'ont rien donné en fait d'inscriptions.... Le Djaouf
supérieur n'a conservé que de très-faibles vestiges de son
ancienne splendeur. D'innombrables ruines couvrent le
sol, surtout dans le voisinage du Khâridy qui a ici une
respectable largeur. La destruction des monuments sabéens
a été plus complète en ce pays que dans leBeled Hamdân:
peu d'édifices restent debout. Tout a été démoli de fond
en comble, et je m'estime heureux d'avoir pu sauver quel-
ques fragments épigraphiques. Ce sont principalement les
environs du mont Silyâm qui ont donné un nombre satis-
faisant d'inscriptions. On peut en dire autant de tout l'es-
pace qui sépare le Djaouf supérieur du Djaouf inférieur.
Le nombre des ruines qui couvrent la plaine au long du
ouadi Médeb est incalculable. Outre les fréquents tell qui
représentent les maisons de campagne des anciens Sabéens,
on aperçoit des traces de villes importantes....
Se retrouvant à El-Ghayl (dans le Djaouf inférieur ) le
voyageur entendit les Israélites parler d'une ancienne ville
juive nommée Bérâkisch^ dont ils lui faisaient des descrip-
tions exagérées. M. Halévy voulut vérifier par ses yeux.
« Quelle ne fut pas ma surprise, dit-il, lorsqu'au lieu
d'un hameau juif je vis les restes imposants d'une cité
sabéenne, et justement de celle que je cherchais depuis
longtempscommedevantêtre la troisième ville des Minéens *!
1 . Le ouâdi Me'tn, dont il est question plus haut, est contigu au
uigiuzeuoy Google
MAREB. 109
Les parties du mur d'enceinte encore existantes sont litté-
ralement couTertes d'inscriptions artistement gravées....
Les décombres de huttes grossières cachent les magnifiques
restes d'édifices de l'époque antéislamique, A voir les
nombreux débris de stèles qui gisent partout, on ne peut
s'empêcher de penser que ce devait être une ville religieuse
par excellence, un lieu de pèlerinage pour les Sabéens.
Dans les iuscriptions, la ville porte le nom i'Ytoul ou Itâly
nom qui ne parait pas avoir été connu des auteurs grecs
et arabes. La place est k une demi-journée à Touest d'El-
Ghayl*.
M. Halévy se disposa alors à visiter le territoire célèbre
de Mareb, dont il était peu éloigné. L'antique cité de
Mareb, sur laquelle l'illustre Niebuhr recueillit, il y a
maintenant un siècle, d'excellents renseignements indi-
gènes, a depuis été visitée par un explorateur européen,
M. Arnaud, qui en a rapporté en 1843 une moisson d'ins-
cçiptions encore inexpliquées (voy. le Journ. Asiat. de 1845,
t. V et VI) ; la richesse môme de ce résultat du voyage
de M. Arnaud était une puissante incitation pour une
nouvelle tentative. En attendant un conducteur qu'il avait
engagé, M. Halévy parcourut pour la seconde fois le
ouâdi Me'în. Un des villages qu'il y rencontra porte le
nom d'Inabâ ; une conjecture de M. Halévy qui nous paraît
heureuse rapporte ce nom à Ylnapha de Ptolémée, quoi-
que par un de ces déplacements dus à la triste méthode du
géographe alexandrin la position se trouve beaucoup trop
éloignée dans les Tables de l'emplacement qu'elle devrait
avoir près de Mariaba,
Du ouâdi Me'in à Mareb la distance est de trois journées
faibles, et la direction au sud. Les détails descriptifs de
Djaouf inférieur où se trouve El-Ghayl. Cette dernière place n'a pas
d'inscriptions , non plus que ses environs immédiats.
1. Cette indication est ainsi donnée dans le Rapport (p. 85}; mais
sur la carte le site ruiné est marqué au nord d'Ël-Ghayl.
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110 ASIE. (n~B5-97.)
M. Halévy sur la vieille cité sabéenne et sur la digue qui
eu est voisiue u'ajouteut rieu d'essentiel aux infor^iations
de Niebuhr et aux notions rapportées de visu par M. Ar-
naud : nous les transcrivons, toutefois, à cause de l'intérêt
exceptionnel de ces sites historiques. < Ancienne capitale
du royaume sabéen, Mareb est actuellement détruite de
fond en comble, à Texception de la partie située sur la
colline qui forme la ville moderne de Mareb, entourée
d'un mur de pierres assez solide. La ruine qui s'étend le
long du ouâdi Ghibvân ou Dana, autour de la colline, peut
mesurer environ 500 mètres de diamètre. Au milieu des
décombres surgissent de nombreuses colonnes en marbre,
dont la plupart sont décapitées. Elles présentent plusieurs
faces ; la forme octogonale domine, et la forme cylindrique
est des plus rares. Sous le rapport de Tépigraphie, Mareb
est loin de répondre à l'attente de l'investigateur ; mes
recherches ajoutent peu de textes à ceux qu'on connaît
déjà.... Il faut cependant constater que les circonstances
ne m'ont pas permis de faire une exploration complète du
terrain ; je n'ai pas même pu copier les stèles que j'avais
entrevues au marché. Un futur voyageur pourra avoir
meilleure chance. La (digue est située à trois heures de
marche à l'ouest de Mareb, à l'entrée de la vallée étroite
enfermée entre les monts Balaq et formant le lit du ouâdi
Ghibvân ou Dana. La partie conservée dans la plaine fait
voir les restes du môle avec plusieurs écluses. Du côté
opposé, c'est-à-dire vers le sud-ouest, on signale un grand
édifice en pierre de taille d'une admirable construction,
adossé à la colline et s'appuyant sur un roc gigan-
tesque.... »
Là se termine à vrai dire le voyage d'exploration épi-
graphique de M. Halévy. Il dut renoncer à de plus
lointaines excursions, et reprendre le chemin de la côte
qu'il avait suivi en venant. De Mareb à Sanâ, il longea,
l'ayant sur sa gauche, un des deux Khaoulân ( le plus
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ARABIE INTÉRIEURE. SITES ANCIENS. lU
méridional ) que l'on connaît dans le Yémèn. Voici ce que
M. Halévy rapporte de ce canton jusqu'à présent inexploré.
« Le territoire de Khaoulân, malgré son sol très-accidenté,
est un des mieux cultivés de l'Arabie^ et les villages se
suivent k peu d'intervalle ; le pays abonde en céréales et en
fruits, n parait même y exister un bon nombre de ruines ;
mais les habitants se distinguent par un sauvage fanatisme,
nourri par la foule des chérifs qui peuplent plusieurs
villages. C'est là que se rassemblent annuellement les
caravanes de pèlerinage pour la Mecque.... »
J'ai tenu à donner un résumé complet de cet important
voyage de M. Halévy. Quoique les explorations géogra-
phiques n'en fussent pas Tobjet essentiel et qu'elles n'y
aient eu qu'une place secondaire, on a pu voir que même
sous ce rapport elles sont d'une importance considérable,
et qu'on en peut tirer des données qui apporteront une
amélioration notable à cette partie de la carte de l'Arabie.
Nous n'avons pas à nous arrêter à la deuxième partie
du mémoire de M. Halévy, consacrée au déchiffrement
provisoire des inscriptions sabéennes ; néanmoins nous y
trouvons çà et là des remarques bonnes à relever pour la
géographie comparée.
Dans l'inscription n** 187 de sa collection ( p. 497 ), M.
Halévy lit le nom d'une tribu de Gaban, qu'il rapproche
des Gebanitœ de Pline. H est question dans la même ins-
cription des rois de Me'în, c'est-à-dire des Minaei, un des
peuples principaux de l'empire sabéen.
L'inscription n** 192 lui fournit le nom de la ville de Qar-
naou, qu'il rapproche de CamoUy capitale des Minéens
[Carna^ comme écrit Strabon, ami d'iÊlius Gallus), place
que Fulgence Fresnel avait cru retrouver, d'après les
données fournies par M. de Wrede, dans Al-Kam, localité
du ouâdi Doân, au nord du Hadramaut. Toutes ces ques-
tiens restent ouvertes à la discussion ; mais les nouveaux
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m ASIE. (n" 85-97.)
faits que M. Halévy y apporte en seront de précieux élé-
ments.
L'inscription 280 mentionne une ville de Naschq, dans
laquelle M. Halévy retrouve Nesca^ une des places miné-
ejines détruites par rexpédition romaine. La localité où
l'inscription a été trouvée pourra fixer l'emplacement de
l'ancienne cité. Une autre inscription (n<> 327 ), relevée,
comme la précédente, à El-Baydâ, mentionne, selon la
lecture de M. Halévy, le roi et le peuple de Kaminahou,
« le Caminacum de Pline, dit le voyageur, chef-lieu d'un
petit royaume dépendant de Saba et détruit par iElius
Gallus. » Nous ne voyons pas que Pline ait mentionné au-
cun lieu du nom de Caminacum^ et nous ne devinons pas
d'où M. Halévy a tiré son indication.
Dans l'inscription 504, M. Halévy lit le nom de Qatabân
(ville ou territoire), qu'il rapporte aux Catabani que les
anciens ont connus dans le S. 0. de l'Arabie, et que
Strabon place vers la bouche du golfe Arabique (le Bab-el-
Mandeb). Niebuhr avait déjà rapproché l'indication de
Strabon du district de Qdtaha^ avec une ville du même nom,
au sud de Sana, dans la direction et à peu près à mi-dis-
tance du golfe d'Aden (Descr. de V Arabie, H, p. 75) ; peut-
être cette Qâtaba duYémên, et la Qatabân de l'inscription,
ne sont-elles qu'une seule et même place. La découverte
de M. Halévy confirme, dans tous les cas, les textes de
Strabon et de Pline, et rend inutile la conjecture de M.
Blau {Zeitschr, der deutschen Morgenl. Gèsellsch.y XXIV,
1870, p. 228), qui ^'après une variante des manuscrits
proposait de lire Gataphani dans le texte du second de ces
deux écrivains, en vue d'une obscure tribu de Gatafân.
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ANATOLIE. 113
m
ANATOLIE.
98. De Moltke. Lettres sur rorient; trad. de rallem. Paris, 1872,
gr. in-18, 408 pages.
Le maréchal de Moltke, alors simple officier d*état-major au servie
temporaire de la Porte avec rautorisation de son gouvernement, a
écrit ces lettres de 1836 à 1839; Toriginal allemand a été imprimé à
Berlin en 1841. M. de Moltke concourut dans le même temps, avec
d'autres officiers, au levé de plusieurs parties peu connues du bassin
de l'Euphrate. On peut voir à ce sujet notre Description de l'Asie
Mineure^ t. II, p. 803, Paris, 1845.
99. G. Perrot, E. Guillaume^ architecte^ et J. Delbet, D' en mé-
dec. Exploitation archéologique de la Galatie et de la Bithy-
nie.... 24" et dernière livraison. Paris, 1872, in-folio, 100 pages
et 2 pi. (la livr. 6 fir. 25 c. — Didot).
S l". M. George Perrot et son ouvrage monumental sur l'ancienne
Galatie.
M. Perrot vient de terminer sa grande et belle publica-
tion sar la Galatie. Quoique nous ayons suivi d'année en
année, dans chacun de nos précédents volumes, les livrai-
sons successives de ce savant et magnifique ouvrage consa-
cré à une des provinces les plus intéressantes de l'Asie
Mineure, nous reproduisons avec un vrai plaisir Taperçu
résumé que M. Waddington en a donné, en présentant
cette 24* et dernière livraison à l'Académie des inscrip-
tions.
« Les auteurs de la relation furent chargés de cette explo-
ration, d'après les ordres de l'empereur, par le Ministère
de l'instruction publique. Leur mission datp de dix années;
elle a eu des résultats importants qui font honneur à la
science française. M. Perrot s'est occupé de la rédaction du
texte et de tout ce qui touche aux recherches d'érudition ;
M. Guillaume a dessiné les monuments et levé les plans
topographiques.
l'année OÉOGR. XI. 8
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114 ASIE. (n" 98-99.)
« L'épigraphie a fourni tme ample moisson ; les textes
nouveaux ou les textes déjà connus, relevés avec toute
l'exactitude désirable, ont abondé surtout en Galatie.
M* Perrot est parvenu, de la sorte, à donner au monde
savant une série plus complète des légats romains de cette
province. La liste qu'il a établie ajoute aux noifîs men-
tionnés par les monuments publiés antérieurement des
personnages importants. L'histoire et la chronologie sont
intéressées à ces découvertes. La géographie en tirera aussi
profit. M. Waddîngton cite à cet égard une inscription qui
tranche la question jusqu'ici très-controversée de la divi-
sion administrative de la Dacie. Cette province comprenait
trois petits gouvernements procuratoriens.
« Les travaux les plus considérables de M. Perrot ont
porté sur la fameuse inscription du temple d'Ancyre, con-
nue sous le nom de Testament d'Auguste et qu'il faudrait
appeler, suivant le texte latin, Bes yestœ divi Augusti : Ex-
ploits du divin Auguste. Il s'agissait de dégager l'inscrip-
tion des constructions qui la couvraient, d'en faire une
nouvelle copie, aussi complète et exacte que possible, et
d'en prendre l'estampage * .
« Grâce aux. recherches et aux explorations minutieuses
de M. Perrot, nous avons aujourd'hui une copie et un es-
tampage du Testament d'Auguste; le temple d'Ancyre, qui
portait cette page historique de première importance, puis-
qu'elle est pour nous la source la plus authentique et la
plus pure où nous pouvons puiser pour rétablir la biogra-
1. L'estampage consiste à appliquer, sur la surface où les letties
sont gravées en creux, un papier épais préalablement mouillé ; puis à
l'aide d'une brosse, comme s'il s'agissait d'obtenir une épreuve typo-
graphique, on applique exactement sur toutes les parties du monument
la surface amollie du papier, qui prend et conserve les empreintes en
relief ou en creux du morceau de pierre. La fidélité de ces empreintes
est mathématique ; leur conservation est indéfinie ; l'estampage ainsi
- levé peut se classer dans des cartons et former des albums aussi pré-
cieux pour l'épigraphie que les herbier» pour la botanique .
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ANCIENNE GALATIE. 115
phie de cet empereur, cette page est maintenant presque
complètement dans nos mains. Je dis presque, parce qu'il
nous manque encore une colonne du texte latin, la neu-
vième du texte grec (l'inscription est bilingue) qui n'a pu
être retrouvée. U est à désirer que de nouvelles fouilles
nous mettent en possession de ce fragment^. »
Après Ancyre, l'exploration de MM. Perrot et Guillaume
se dirigea sur l'ancienne Pessinonte; ils dressèrent un
plan détaillé de la cité galate.
Malheureusement pour l'archéologie, il existe dans le
voisinage une petite ville turque dont la prospérité provoque
des constructions incessantes, et l'emplacement de Pessi-
nonte est devenu une sorte de carrière d'où Ton extrait des
matériaux. Les marbres les plus précieux, les antiquités
les plus importantes sont ainsi détruits journellement sans
rencontrer le moindre obstacle. — M. Perrot a émis le
vœu qu'on envoyât de temps en temps dans ces parages de
jeunes savants pour recueillir ou conserver ces débris.
M. Waddington croit aussi qu'il y aurait intérêt à agir de
la sorte.
L'ancienne Thalium, dont M. Perrot a déterminé avec
rigueur l'emplacement, lui a fourni peu de monuments nou-
veaux. Elle était, ce semble, le centre politique d'une tribu
galate inférieure en développement et en civilisation aux
deux tribus congénères. En Gappadoce, le but principal des
explorateurs était de rapporter des dessins fidèles des mo-
numents. L'absence de ces dessins causait des incertitudes
1. M. Beulé a expliqué comment cette lacune existe. U fallait, pour
dégager rinscription, démolir les constructions modernes qui la mas-
quaient. On n'en obtenait l'autorisation qu'à la condition de recon-
struire aussitôt ce qu'on avait démoli. C'est donc par fragments isolés
qu'on a relevé le texte. Les opérations terminées, on s'est aperçu qu'on
avait omis un des 'fragments; on a essayé alors de pénétrer de nou-
veau à Vendroit désigné; mais on s'est heurté à un refus obstiné du
Turc propriétaire de l'immeuble adossé à la partie qu'il s'agissait de
revori.
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116 ASIE. (n* 98-99.)
et des tâtonnements; elle détournait la plupart des numis-
matistes et des ëpigraphistes de l'étude approfondie des
monuments. MM. Perrot et Guillaume ont satisfait ample-
ment à ce besoin. Il résulte clairement des reproductions
consignées dans leur ouvrage, que la Gappadoce fut soumise
dans Tantiquité à l'influence assyrienne ; les traces de cette
influence sont désormais incontestables, évidentes. La con-
clusion à laquelle nous conduisent le3 recherches de
M. Perrot et les dessins de M. Guillaume était d'ailleurs
indiquée par les anciens historiens ; on avait fait trop bon
marché, comme il arrive souvent, de leur témoignage. Hé-
rodote, auquel il faut toujours revenir dans les questions
ethnologiques, avait donc eu raison d'écrire que les indi-
gènes de la Gappadoce, ou du moins d'une partie de cette
contrée, étaient des Leupo-Phrygiens , c'est-à-dire des
Phrygiens blancs, en un mot des Sémites. Une monnaie
d'un satrape de Gappadoce, frappée à Sinope, nous pré-
sente en effet une légende en caractères araméens; or, il
est vraisemblable que la légende était faite pour être lue et
comprise en Gappadoce. On en conclut logiquement qu'à
l'époque d'Alexandre, les Gappadociens se servaient de l'al-
phabet araméen et parlaient un idiome sémitique.
M. Waddington signale enfin les recherches de
MM. Perrot et Guillaume sur l'art phrygien, sur les tom-
beaux d'Âmasie et le champ de bataille de Zéla, où Phar-
nace fut vaincu par les légions romaines. Il termine en
félicitant les auteurs, non-seulement du soin et de la persé-
vérance qu'ils ont apportés dans leur travail, mais encore
de l'heureux exemple qu'ils ont donné en déposant leurs
estampages dans la bibliothèque de l'Université. Entre les
mains d'un épigraphiste tel que M. Léon Renier , leur
classement, leur conservation, le profit qu'on en retirera
pour les recherches et les vérifications ultérieures «ont dé-
sormais assurés. Il faut souhaiter que l'exemple soit suivi,
et que nos établissements publics s'enricjiissent de collée*
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LE SITE DE TROIE. 117
tions analogues. Elles serviront de contrôle aux résultats
acquis; elles deviendront une mine précieuse pour les sa-
vants à venir.
S 2. Le site de Troie. M. Schliemann et ses foailles.
Nous avons précédemment fait connaître les intéressants
voyages archéologiques de M. Henry Schliemann aux lieux
consacrés par les deux poèmes d'Homère {Année géogr.^
t. Vni, 1870, p. 364); et en exprimant notre sympathie
pour le caractère et les travaux du voyageur, nous ayons
cependant fait nos réserves quant à ses vues sur le site de
Troie. Avec une ardeur qui l'honore et que rien ne décou-
rage, M. Schliemann poursuit ses fouilles dans les champs
de la Troade. Il en a transmis les premiers résultats à l'A-
cadémie des inscriptions, en réclamant l'opinion de la
savante compagnie. Voici celle '^ue M. Ern. Renan a ex-
primée au sein de l'Académie : « J'ai reçu, ainsi que notre
confrère, M. Brunet de Presle, plusieurs communications
de M. Schliemann, relativement aux fouilles qu'il a entre-
prises à Issarlik, sur les hauteurs qui bordent la plainede
Troie. Jusqu'ici nous avons cru, en présence des indica-
tions qui nous étaient transmises et qui ne comportaient
aucun résultat bien sérieux, devoir attendre que les fouilles
fussent achevées pour en entretenir l'Académie. Mais
M. Schliemann iasiste pour que la communication ait lieu
sans délai. D'autre part, les journaux étrange]:s, notamment
la Gazette d'Augshourg^ se sont occupés des recherches et
des découvertes de M. SchUemann, et il n'est pas inutile
d'en dire notre avis.
« M. Schliemann est un archéologue doué d'un zèle sans
bornes, mais auquel la critique fait plus défaut que la bonne
volonté. Il professe pour les documents homériques un
respect qui le porte à les considérer comme des écrits his-
toriques d'une exactitude et d'une vérité absolues» H faut
uigiiizeu uy -<_« v^ v^ -c i >-
118 ASIE. (n*« 100-105.)
saDs donte l'encours^er dans les entreprises qui ont pour
but ravancement de la science ; mais il n'est pas inutile
de contrôler ses assertions et de se défier de ses conjec«-
tures. »
rv
CAUCASE. ARMÉNIE.
KURDISTAN.
100. B. DoRN.Auszûge aus zwei morgenlândischen Schriftelleni,be-
treffend das Kaspische Meer und angrànzende lAnder, Bulletin
de l*Acad. impér, de St-Pétersh., t. XVI, n" 1, mars 1871,
p. 15-41.
101. De Villeneuve. La Géorgie. Ouvrage publié par M. F. R. Des
Ayes, avec introduction. Illustré des armes royales de Géorgie.
PariSj 1870, in-12, 224 pages.
Esquisse historique. Nul pour la géographie.
102. A. CuNYNGHAME. Travcls in the Eastem Caucasus and the
Gaspian and Black seas, especially in Dagestan, and on the
• frontiers of Persia and Turkey, 1871. Lond., 1872, in-8% Maps
and illust., 18 sh. (Murray).
103. Aug. H. MouNSEY. A journey through the Caucasus and the
interior of Persia. Lond,, 1872, in-8", 14 sh. (Smyth).
104. D' G. Radde und D' G. Sievers. Reisen im armenischen Hoch-
land, 1871. Mittheil. dePetermann, 1872,n« 10 et n» 12, p. 367-
380, 445-450,
Il y a aussi une lettre de M. Raddé sur ce voyage au n» 6 des Mit-
theilungen^ p. 206-209.
106. The late Rev. Sam. A. Rhea. Brief Grammar and Vocabulary
of the Kurdish language of the Hakari dialect. Joum. of the
Amer, Oriental soc, vol. X, n» 1, p. 118-155. New Haven,1872,
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PERSE. 119
PERSE.
106. Major B. Lovbtt. Survey of the Perso-Kelat frontier. Proeee-
dings of the Roy, Geogr. soc., yol. XVI, n» 3, p. 219-222, 1872.
— Du môme : Route from Shiraz to Bam., Ibtd.,p. 261-264.
107. Major E. C. Ross. Report on a journey through Mekran (1865).
/&i(i., XVI, n° 2, p. 13W41.
Il 7 a de bonnes indications topographiques.
108. B. DoRN. Bamerkungen zur Géographie Persiens. Bulletin de
VAcad. de St-Pétersb, t. XV, n»3, nov. 1870, p. 263-268.
Remarques sur le mémoire de M. Mordtmann sur Hecatompylos
{Sitzungsberichte der K. Bayer. Ahaâ. 1869, oah. 4, p. 499). Discus-
sion de plusieurs points de géographie comparée : ReccUompyloSi
Semina^ Comiseney Zadrojoarta, TagaSt etc.
•
109. Jul. Oppert. Sur le site de l'anciemie "Pasar godas. Journal
Asta^, juin 1872, p. 548-555.
S 1*^ Reconnaissance de la frontière E. et S. E. de la perse par des officiers
anglais du corps du génie.
Bes explorations étendues ont été faites depuis quelques
années, notamment en 1870 et 1 87 1 , par des officiers anglais
dans les parties sud-est de la Perse. Ces explorations ont
eu sûrement pour point de départ des études prélimi-
naires se rattachant à la pensée d'une ligne de chemin de
.fer entre la Perse occidentale et l'Inde; mais elles ont pris
par suite le caractère quasi diplomatique d'un règlement de
la frontière persane du côté du Balouchistân et de l'Afgha-
nistan. Quelques communications, encore très-succinctes,
ont été faites à ce sujet au sein de la Société de géographie
de Londres; le passage suivapt de l'adresse de sir Henry
. BawlinsoA à la Société, dans la séance d'ouverture de la
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^
120 ASIE. (n°' 106-109.)
session de 1871-72 (13 novembre 1871), fournit d'utiles
indications:
En Perse, des progrès importants s'effectuent dans les explo-
rations géographiques. Une reconnaissance de la ligne fron-
tière entre le territoire persan et Kélat a déjà été faite sous
les ordres de sir Frederick Goldsmid, et le capitaine Saint-John
est au moment de partir de Tehran pour le Mékran, afin d'éta-
blir une carte régulière de cette région jusqu'à présent presque
inexplorée. M. Goldsmid lui-môme, ayant avec une très-grande
habileté conduit heureusement à terme la tâche préliminaire
d'amener les autorités persanes et balouches à accepter le rè-
glement d'une ligne frontière régulièrement déterminée entre
leurs territoires respectifs, est revenu en Angleterre rendre un
compte détaillé de ses opérations, et il est maintenant sur le
point de retourner en Orient exercer un arbitrage de môme na-
ture entre la Perse et le gouvernement afghan. Gomme il est
accompagné du capitaine Lovett, du corps des ingénieurs, qui
a (^éjà fait des relevés topographiques dans le Mékran, nous
pouvons nous attendre à ce que, dans le cours du printemps
de 1873, non-seulement la carte du Seïstan aura été levée scien-
tifiquement, mais que l'on ait sur toute la Perse orientale des
notions exactes et précises. Il est probable aussi, les projets
d'un chemin de fer entre TEurope et Tlnde prenant un caractère
de plus en plus positif, que bien des parties peu connues des
territoires intermédiaires serontrobjet d'opérations géodésiques,
et que de grandes améliorations seront ainsi apportées aux car-
tes de la Turquie d'Asie et de la Perse.
Les opérations antérieures du capitaine Lovett sur la
frontière et dans quelques parties du Mékran, auxquelles le
président de la Société de Londres vient de faire allusion,
ont été le sujet d'une communication au sein de la Société
(ci-dessus, n° 1 06) ; et cette communication elle-même a donné
lieu, tant de la part du président que de plusieurs membres
présents, à des remarques qui ont de l'intérêt pour la géo-
graphie du pays balouche, qui représente, comme on sait,
l'ancienne Gédrosie. M. Rawlinson retrace un aperça suc-
cinct des reconnaissances partielles qui ont été faites dans le
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Lfc MÉKRAN. 121
Balouchistan, reconnaissances qui ne datent que du voyage
de MM. Pottînger, Grant et Ghiistie en 1810. Ces officiers,
malheureusement, ne restèrent pas assez longtemps dans
le pays pour en prendre une connaissance intime et en dé-
terminer les traits caractéristiques. Ainsi, la dépression
remarquable entre deux chaînes parallèles qui se prolongent
si^r une longueur de 3 à 400 milles, ne paraît pas avoir at-
tiré leur attention, quoiqu'il y ait lieu de croire que c'est
cette vallée longitudinale qui fut suivie par Alexandre quand
il ramena son armée des bords de l'Indus au golfe Persi-
que. L'armée arabe qui' envahit le Sindhi suivit certaine-
ment la même ligne ; car on pourrait encore identifier une
partie des stations, dont les noms n'ont pas changé depuis
1200 ans. Dans les discussions récentes auxquelles ontdonné
lieu les lignes proposées pour le chemin de fer de Tlnde, il
a été souvent fait allusion à cette vallée comme à une sorte
de lit naturel pour un chiemin de fer. Cette région porte à
présent le nom de Mékrân, nom qui très-probablement (?)
dérive de l'ancienne tribu de Maka nonmiée dans les inscrip-
tions cunéiformes. Le pays était alors appelé Gédrosie, dé-
nomination dont rétymologie est inconnue.
M. Bartle Frère a fait observer que pour beaucoup de ceux
qui cherchent à se rendre compte de la configuration du pays,
c'est un grand sujet d'étonnement de voir que les villes
semblent se déplacer et se porter de çà et de là. Gela pro-
vient de ce qu'en nombre de cas, si la petite vérole se dé-
clare, par exemple, ou s'il perd un de ses enfants ou une
pièce de bétail, un chef mettra le feu aux huttes en bran-
chages dont sa capitale se compose, et la portera sur un au-
tre point ; si bien qu'à moins que sa ville ne soit fixée par
quelque circonstance particulière, comme un rocher sur le-
quel sa forteresse soit placée, il se pourra qu'elle soit trans-
portée dans un circuit peut-être de 8 à 10 milles.
Nous ferons remarquer que le sujet que nous touchons
ici, — la géographie du Mékran et les premières opérations
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122 . ASIE. • (n^ 106-109.)
des ingénieurs anglais, — a déjà été- mentionné au tomeYII
de V Année géographique (1868), p. 148 et suiv., n<* 123 à
125. Nous y avions noté deux morceaux du major Ross
imprimés à Earatchî en 1865, et dont cette année seule-
ment un court résumé a été inséré dans le Proceedings (ci<-
dessus, n* 107). M. Ross, dans ce résumé, donne une idée
générale de la configuration intérieure du Mékran et de ses
deux longues vallées parallèles (demmok en balouchî) si-
gnalées dans l'adresse de sir Henry Rawlinson d'après ce
document, configuration dont on ne trouve pas trace dans
la carte construite par M. Ed. Weller pour la Note du ma-
jor Goldsmid, au 37<» volume, p. 269, du journal de la So-
ciété de géographie de Londres.
S 2. Quelques notes de géographie ancienne.
Il y a de bonnes indications à recueillir pour la géogra-
phie classique dans les Remarques de M. Dom « sur la
géographie de la Perse » {n° 108). M. Jules Oppert, l'assy-
riologue, a lu à la Société asiatique de Paris un mémoire
assez étendu et quelque peu diffus sur l'emplacement de
Pasargadse (n® 109), pour lequel il n'admet pas Tidenlifica-
tion universellement reçue du voisinage de Mourghâb. Ses
raisons demanderaient toute une discussion d'une nature
trop spéciale pour que nous puissions l'aborder ici; disons
seulement que les notations de Ptolémée sur lesquelles il
s'appuie sont une base plus que fragile. Toutefois le mé-
moire de M. Oppert contient de savants aperçus, et méri-
terait, nous le répétons, une discussion contradictoire. C'est
une question réservée. M. Oppert croit pouvoir porter Pa-
sargades à Qal'a-i-Dârâ, à 50 kilomètres de la ville deForg,
conséquemment h, plusieurs journées de Mourghâb dans le
sud-est.
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INDE. 123
VI
INDE.
110. G. Latham. Nouvelle route de Flnde à travers TArabie turque;
trad. d'Éd. Simon. Mémoires et travaux de la Soc. des Ingé-
nieurs civils, avril-juin 1871, p. 171-197.
Ul* J. Garbett. a classical Dictionary of Indîa, illustrative of the
Mythology, Philosophy, Literature, Antiquities, Arts, Manners,
Customs, etc., of the Hindus. Lond., 1872, in-8*', x-792 p.
(Trùbner).
112. Edm. C. P. Hdll. The European in India; or Anglo-Indian's
Vade-Mecum. A Handbook of useful and practical information
for those proceeding to, or residing in the East Indies. Lond,,
1871, in-8«, 300 p. 6sh. (King).
113. Col. H. YuLE. Notes on Hwen Thsang's account of the Principa-
lities of Tokhâristân, in which some previous geographical
identifications are reconsidered., Lond., 1871, in-S', 29 pages,
avec une carte. (Extrait anticipé du journal of the Roy. Asiat.
soc.)
Le savant écrivain, mettant à profit les nouvelles informations ac-
quises dans ces derniers temps sur le Badakchân, les hautes vallées
de roxus, et en général sur les contrées qui bordent au nord la chaîne
de THindou-kôh, soumet à un nouvel examen Içs identifications que
nous avons établies ou proposées il y a douze ans pour cette partie de
ntînéraire du pèlerin chinois Hiouen-Thsang, aller et retour (Mé-
moire Mialytique sur la carte de VAsie centrale et de l'Inde, con-
struite d'après le Si-yu-ki et les. autres relations chinoises des pre-
miers siècles de notre ère, pour les voyages de Hiouen-Thsang dans
VInde, depuis Vannée 629 jusqu'en 645, par M. Vivien de Saint-Martin ;
formant un appendice de la traduction des Mémoires de Hiouen-
Thsang par' M. Stanislas Julien, t; II, 1858, ou à part, in-8*, 178 pages
avec carte), et après nous par M. Alex. Canningham (Ihe ancient
geography of ïndia^ Lond., 1871, in-S"). Nous n'accepterions pas sans
réserves tous les rapprochements nouveaux suggérés par le savant
critique, et en somme tous les jalons essentiels que nous avons posés
dans notre mémoire pour le tracé de l'itinéraire chinois subsistent ;
mais il est certain qu'avec les nouveaux moyens de comparaison que
Ton possède actuellement, notre travail ne pourrait que gagner à être
repris à fond pour cette partie ; C'est une tAche que nous pourrons
aborder dans un moment où les travaux que nous avons maintenant à
mener à terme nous laisseront plus de loisir : les observations du.colo-
nel Yule nous y seront d'un précieux secours. Nous nous plaisons dès
aujourd'hui à rendre hommage à la judicieuse remarque qui lui a fait
y Google
124 ASIE. (^'^ 110-152.)
assimiler à une joarnée de marche l'expression cent li si habituelle
chez le voyageur. Cette interprétation éclaircit et simplifie de la ma-
nière la plus heureuse nombre des passages de la relation.
114, Edw. Thomas. The revenues resources of the Mughal Empire in
India, from A. D. 1593 to A. D. 1707 : a Supplément to the
Chronicles of the Pathan kings of Delhi. Lond., 1872, in-8«,
60 p. 3 sh. 6 d. (Trûbner).
115. W. M. ToRHENS. Our empire in Asia : how we came by it. A
book of confessions. Lond,, 1872, in-8*, 426p. 14 sh. (Trûbner).
Voir les développements, ci-après, S 5.
U6. Major gênerai sir George Le Grand Jacob. Western îndia before
et during the mutinies. Pictures drawnfrom life. Lond,^ 1871,
in-8% 7 sh. 6 d. (King).
117. H. Griffin. The rajas of the Punjab, being the history of the
principal states in the Punjab, and their political relations with
the British government. Lahore, 1870, in-8% viii-18-662-xnT
pages.
118. Col. J. T. Walker. General Report on the opérations of the
Great Trigonometrical Survey of India, during 1869-70. Roorkee^
1870, in-4°, 113 pages, avec 5 cartes.
Depuis que les directeurs de la grande triangulation de l'Inde ont
pris la fructueuse détermination de faire explorer par des indigènes,
dressés à la pratique des observations, les contrées limitrophes du
nord et du nord-ouest de Tlnde, difficilement et périlleusement acces-
sibles aux Européens, les rapports annuels de la Triangulation, où
sont consignés les résultats de ces explorations complémentaires, en
reçoivent un haut degré d'intérêt géographique. Le rapport de cette
année contient l'exposé fort important du voyage d'un Persan déjà
précédemment employé dans les opérations géodésîques de l'Inde, et
qui n'est désigné que sous la dénomination de Mirza. Son voyage l'a
conduit de Kaboul à Kachgar par le Badakchàn et le plateau de Pa-
mir. Nous y reviendrons plus loin d'une manière spéciiûe, dans la sec-
tion consacrée au Turkestan.
119. Major T. G. Montgomerie. General Report on the opérations of
the Great Trigonometrical Survey of India, during 1870-71.
Dehra Doon, 1871, in-4*, 103 pages, avec 7 cartes.
Les remarques précédentes s'appliquent également à ce Rapport. Lo
voyage indigène dont il contient l'exposé et les résultats géographi-
ques est celui duHavildar, ou sapeur du génie, qui est allé de Peîchavèr
au Badakchàn par Tchitral. Nous y reviendrons également dans notre
section du Turkestan.
120. D. Brandis. On the distribution of forests in India. Océan
yGoogk
INDE. 125
Highways ; the Geographical Record, edited &y Cl. R. Markham.
Octob. 1872, p. 200-206.
Cet article est un véritable mémoire, et un mémoire d'une grande
importance pour l'étude physique et climatologique de la Péninsule
hindoue.
121. Capt. J. Forsyth, Bengal staff corps. The Higblands of Cen-
tral India; notes on their forests and wild tribes, natural
liistory,and sports. Lond,, 1871, in-8*, with map and illustr.
(Ghapman).
Livre d'une haute valeur pour l'ethnographie, l'histoire naturelle et
la géographie de Vïn^. La beauté de l'exécution et des accessoires
répond à l'importance de l'ouvrage. — Voir ci-après.
122. Wilton Oldham. North-Western Provinces. Historical and sta-
tistical Memoir of tbe Ghazeepoor district. Part 1. Allahabad,
1870, in-f», 6-4-120-xxin-vin pages; cartes. (Lond., Trûbner).
Ce volume, plein de faits, est le premier spécimen d'une série de
rapports descriptifs entrepris par ordre de l'administration supérieure,
et qui doivent embrasser successivement chacun des districts des Pro-
vinces du Nord-Ouest, c'est-à-dire tous les territoires du bassin du Gange
(et peut-être du Pendjab), composant la Présidence du Bengale, il est
présumable que les deux autres Présidences de l'Inde sont ou seront '
l'objet d'une mesure analogue. J'ignore si le rapport de M. Westland
sur le district de Jessore, dont je ne connais que le titre (ci-après,
n» 137], appartient à la même série. Une telle entreprise, dans ses
proportions colossales, ne peut être conduite à terme que par les
ressources et la volonté persistante d'un gouvernement. — Vojez ci-
après, aux développements, $ l",
123. W. W. HuNTER. Annals of rural Bengal. Lond., 1872, in-8», xvi-
475 pages. 5* édit.
Ouvrage capital pour l'histoire ethnologique et sociale de l'Inde. La
première édition est de 1868. — Voir ci -après.
124. Du même : Orissa; or, the vicissitudes of an indian province
under native undbrilisb rule. Lond, y 1872, 2 vol. in-8'>.
Cet ouvrage forme le complément du précédent.
125. Du môme : The indians Musalmans. Lond., 1872, in-8% 220 p.
10 sh. 6 d. (Trtlbner).
126. Du même : Guide to the orthography of indian proper names;
with a list showing the true spelling of ail post towns and vil-
lages in India. Calcutta, 1871, in-f", 159 pages,
127. Rev. M. A. Sherring. Hindu tribes and castes as represen-
ted in Benares. Lond., 1872, in-4% xxiii-405 pages; 2 1. 8 sh.
(Trûbner).
J28. EsQUER, président du tribunal de Pondichéry. Essai sur les castes
dans l'Inde. Pondichéry, 1870, iu-8% 500 pages.
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126 ASIE. (n- 110-152.)
— Rapport sur cet ouvrage fait à la Société de géographie de
Paris, par M. Vivien de Saint-Martin. Bulletin de la Société,
novembre 1872. (Voir ci-après, aux développements.)
129. Rev. W. A. Butler. The land of the Veda : being personal ré-
miniscences of India. iVeto York, 1872, in-8», 550 pages, carte.
20 sh.
130. Ed. Braddon. Life in India : a séries of sketches showing so-
mething of the Anglo-Indian, the land he lives in, and the
people among whom he lives. lond, , 1872, in-8% 350 p. 9 sh.
(Longmans). *
131. Gapt. A. F. P. Hargourt. Bengal staff corps. On the Himalayan
valleys. Kooloo, Lahoul. and Spiti. Journal of the Roy, Geogr .
soc, vol. XLI, 1871, p. 245-257. Map.
Notes recaeillies pendant une course en I8689 sur les traits physi-
ques, le climat et les productions, et sur le peupla des trois
vallées.
132. Will. T. Blanpord. Account of a visit to the eastem andnorthern
frontiers of independent Sikkim, with notes on the zoology of
the alpine and subalpine régions. Journal of the Asiatic society
of Bengal, 1871, Part 2, p. 367-420; with map.
133. S. E. Peal. Notes on a visit to the tribes inhabiting the hills
south of Sïbsâgar, Asam. Journal of the As. soc, of BengtU,
1872, Part 1, p. 9-31.
134. J. M. Foster. Note on Gargâon, Asâm. Ihid,, p. 32-41.
135. H. Blochmânn. Koch Bihâr, Koch Hâjo, and Asâm, in the
XVP"» and XVII* centuries, according to the Akbàrnàmah,
the Pàdishàhnàmah, and the Fathiyah i 'Ibriyah. Ibid., p. 49-
101. ■
136. H. L. Jenkins. Notes on a trip across the Patkoi range, from
Assam to the Hookoong valley. Journal of the Roy, Geogr, soc,
vol. XLI, 1871, p. 342-348; map.
La chaîne des monts Patkoî couvre au sud PAssam oriental, qu'elle
sépare du Barmà. D'après les indications du D' ûriffith, qui n'avait vu
qu'une portion de ces montagnes, on s'était formé Topinion qu'elles
constituent une barrière formidable entre cette extrémité de l'Inde et le
bassin da haut Iràvadi par lequel on pénètre ici sur les terres de
l'empire Barmà ; tandis que les informations recueillies par M. Jenkins
de la bouche des indigènes tendraient à établir, au contraire, qu'il s'y
trouve plusieurs passes d'une élévation médiocre. Au total, cette région
très-peu connue attend encore une exploration régulière, quoique la
carte des monts Garo, au sud de l'Assam, ait été faite récemment par
les ingénieurs de la grande carte de l'Inde.
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INDE. 127
137. J. Wbstland. a Report on the district of Jessore, its antiqui-
ties, itshistory, and its commerce. Calcutta, 1871.
138. Mrs. M. Mitchell. A Missionary's wife among the wild tribes of
South Bengal. Extracts from the journal of Mrs Murray Mit-
chell. With introduction by D' G. Smith. Edinb., 1871, in-12,
78 p. 1 sh.
139. BÂ6D RÂKHÂL DÂs Haldâr. An introduction to the Mundâri
language. Journ. of the As. soc. of Bengal, Part 1, 1871, p. 46-67.
Le Mowiddrt est un dialecte de la langue qui fut autrefois parlée
par tous les habitants aborigènes des plaines du Bengale, mais qui fit
place graduellement à la langue des Hindous brahmaniques, lorsque
ceux-ci, il y a bien des siècles, vinrent occuper le pays. L'idiome abo-
rigène ne se rencontre plus actuellement que dans les hautes terres de
l'Ouest, comprenant le Bîrbhoûm, le Mânbhoùm, le Singhbhoûm, le
Tchotâ Nâgpoûr et quelques portions des Provinces Centrales, cantons
où il est connu, selon ses diverses formes, sous les noms de Santâli,
Ho^ Moundârty Korvâ^ Kouri, etc. On en retrouve aussi quelques tra-
ces dans les dialectes de certaines peuplades montagnardes du Népal,
du Bhoùtan, de TAssam et du Barma. Le bengali moderne, dont le
fond est sanscrit, en a gardé un certain nombre de mots. On ne saurait
dire avec certitude sous quel nom la langue aborigène fut originaire •
'ment désignée. Le nom de Moundâri s'applique au dialecte usité dans
une partie considérab'e du plateau de Tchota Nagpour; mais les
Moundà eux-mêmes donnent à leur race et à leur langue le nom de
HorOf mot qui en moundarî signifie Homme.
140. Rev. Th. Jellinghaus. Sagen, sitten, und Gebràuche der Mun-
da-Kohls in ChotaNagpore {Zeitschr. fur Ethnologie, A. 1871,
b* cah., p. 326-337; 6* cah., p. 365-380).
141. Bâbu Râsh Bihâri Bose. Extracts from my diary regarding a
visit to Kharakpûr, in the district of Munger, and several places
in the Banka sub-divislon (Bhâgalpûr). Journ, of the As. soc.
of Bengal, Part 1, 1871, p. 22-33.
142. W. SowEBBT. Some account of the navigation of the Nerbudda,
or Narmadâ river; with remarks on the gulf of Cambay. Travr
sactions of the Bombay Geogr. soc, vol. XIX, Part 2, p. 17-
38, with Maps. Bombay, 1871.
143. J. BuRGESs. Index of the towns, villages, etc., in the Punâ
zilla of the Bombay Presidency; wich introductory remarks,
/bid., p. 39-120.
144. Rev. G. Richter. Manual of Coorg. A Gazetteer of the natural
features of the country, and the social and political conditiott
of its inhabitants. Mangalore, 1870, in-8% 485 p., with Map.
16 sh.
145. D' A. Chanot. Notes sur Mahé, Inde française. Archives de Mé-
decine navale, juillet 1872, p. 5-16.
Notes intéressantes sur notre petite colonie. La population de la ville
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128 ASIE. (N'* 110-152.)
était de 4S85 âmes, et celle des quatre aidées ou villages qoi en dé-
pendent de 3488 ; en toat 8073 habitants.
146. Annuaire des établissements français de Tlnde, 1872. Pondi-
chéry, 1872, in-18 (Paris, Challamel). 3 fr. 50 c.
147. D' £. Friedel. Ostindien auf der intemationalen Austellung
von 1871; zur Kulturgeographie des Orients. Zeïtschrift der
Gesellsch. fur Erdk. %u Berlin^ 1872 (n» 40), p. 314-336.
148. Kattyvar (Goudjérât) topographical survey. I(md.,1871, 8 feuil-
les (au63 366»).1871, 24sh.
149. Punjab and its dependencies, with portions of the North-West
provinces and Afghanistan, lond,, 1870, 1 f» (au 1013 856*).
8sli.
150. Map of the Punjâb, compiled in the surveyor-general's office,
Simla. Sheet. 5. 1872 (8 miles to 1 inch). 4 sh.
151. Skeleton Map of Oudh, compiled in the surveyor-generars of-
fice, Simla. 1872 (4 miles to 1 inch). 8 sh.
152. Atlas of India. Quarter-sheet, n» 11. N. W. Simla^ 1872^ 1 sh.
3 d. — Sheet, 72, S. W. I6id., 1 sh. 3 d.
S !•'. Ëtude administrative des territoires de llnde anglaise.
Le district de Ghazlpoûr.
Le gouvernement britannique de Tlnde rentre aujour-
d'hui d'une manière sérieuse dans l'investigation des vas-
tes territoires de la Péninsule ; et cette investigatifin, bien
qu'entreprise particulièrement à un point de vue d'utilité
administrative, n'en promet pas moins à toutes les bran-
ches de la science, à la géographie comme à l'histoire na-
turelle, à l'ethnographie, à l'histoire locale et à rarchéolo-
gie comme aux études économiques, une large récolte
d'informations précises. L'Inde n'est pas, assurément, un
pays inconnu ; toute une armée de voyageurs savants, sur-
tout depuis la fin du dernier siècle, en a rapporté une
masse prodigieuse de faits et d'observations : mais si les
explorateurs sont nombreux, le champ des recherches est
immense, et bien des lacunes restent à remplir. Il y a
d'ailleurs des renseignements intimes qu'une administra-
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INDE ANGLAISE. 129
tion puissante^ avec les moyens dont elle dispose, ))eat
seule obtenir; aussi accueillons* nous avec joie, nous qui
depuis longtemps suivons avec un vif intérêt la marche
des études indiennes et qui y avons eu une faible part,
l'annonce des publications dont le premier spécimen est
entre nos mains.
Il y a près de trente ans, en 1844, Tattention du gou-
vernement de Calcutta avait été appelée sur ce sujet.
M. Thomason avait élaboré un plan de travail complet
pour la description circonstanciée des « l^rovinces du nbrd-
ouest, y> c'est-à-dire des provinces dont se compose la
présidence du Bengale. La description devait être faite dis*
trict par district, et les éléments en étaient recueillis dans
chaque district par les agents mêmes de l'administration,
d'après un cadre uniforme dont il n'y avait qu'à suivre les
indications et à remplir les cases. C'est à peu près ce qui a
été fait en France sous le Consulat et au commencement
du premier Empire ; et dans Flnde même un travail ana-
logue fat poursuivi officiellement dans les provinces du
Gange inférieur, de 1807 à 1814, si ce n'est que la tâche
était confiée aux soins d'un seul et très-capable investiga-
teur, le D' Francis Buchanan (devenu plus tard sir Fran-
cis Hamilton), qui dut cependant la laisser inachevée.
Suivant le plan de M. Thomason, les informations réu-
nies dans chaque district venaient se concentrer à Calcutta,
où les matériaux seraient mis en œuvre. CeAe concep-
tion, quoique très-pratique, n'aboutit pas alors, ou du.
moins s'arrêta avant d'avoir donné de bien grands résul-
tats ; on y revient aujourd'hui, avçc la résolution de la
mener à bonne fin. Il semble même que sans chauger les
bases proposées, et surtout sans en altérer le caractère es-
sentiellement pratique au point de vue de l'administration,
on ne se refusera pas à y faire entrer les éléments pure-
ment scientifiques dans une proportion plus libérale. Du
Qioins, la description du district de Ghazipour, qui vient
^'année géogr. XI. 9
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130 ASIE. (n*' 110-152.)
d'être publiée sous la direction de M. Wilton Oldham (d-^
dessus, n"" 122), préseote-t-elle, sous ce rapport, des infoi^
mations très-abondantes.
Voici Tordre que Ton y suit :
Le 1"" chapitre est consacré à la géographie physique
du district, formes du terrain, élévation du sol^ rivières,
climat ;
Le 2*, aux antiquités et à l'ancienne histoire, y compris
les monuments, dont quelques-uns, les plus importants, ont
été figurés, notamment le pilier de Bitharî, avec un fae^
simile et la traduction de Titiscription appartenant à un
prince de la deuxième dynastie deS Goupta, qui régnait à
la fin du IV" siècle de notre ère.
Le S"" chapitre contient Ténumération historique et des-
criptive des tribus entre lesquelles se répartit la propriété
du sol;
Le 4* expose l'état du district sous le gouvernement mu-
sulman ;
Le 5* et dernier chapitre contient un historique eircoa-
stancié des radjahs de Bénarès, vassaux du nabab d'Aoudh,
jusqu'à la cession que ce dernier fut contraint de faife
de la cité sainte et de son territoire à la Compagnie,
en 1775.
;;:^ Suit une série d'appendices relatifs à différents objets
d'administration, d'histoire et de topographie, entre au-
tres une table des altitudes. Le point le plus élevé du dis-
*trict esta 291 pieds anglais (un peu moins de 89 mètrsf)
au-dessus du niveau de la mer. La partie supérieure du
Ghât principal de Ghazîpoûr (c'est-à-dire des gradins qui
descendent au Gange pour les ablutions des dévots hin-
dous) est à 57 mètres au-dessus de la mer.
Le tout est accompagné d'une série de cartes où le dis-
trict se présente sous ses diverses attributions, cartes où
l'on pourrait désirer — particulièrement dans la princi-
pale^ la carte physique — plus de détails et une plus grands
uiyiiizeu uy -v^jv^v^-c i>^
ÉTUDES SOCIALES SUR l'iNDE. 131
finesse d'exécation, mais qui renferment^ en somme, uno
quantité considérable d'indications importantes.
Ghazîpoûr est un des six districts dont se compose au-
jourd'hui la province de Bénarès, une. des grandes divi*
sions de ce que Ton a nommé les provinces du nord-duest|
dans la Présidence du Bengale. Il est situé au-dessous de
Bénarès (ch;-l. d'un autre district), presque tout entier
sur la rive galichedu Gange; sa superficie est de 2195 mil-
les carrés anglais (5685 kil. carrés), à peu près l'équiva-
lent d'un département français* La population, d'après des
relevés déjà anciens, était de 1 059 300 âmes, 186 habi-
tants par kilomètre carré.
S 2. Étudo historiqQe et économique du Bengale.
Le livre de M. Hunter,
A côté de ces grands travaux entrepris sous l'autorité
immédiate du gouvernement colonial, il se publie sur plu- "
sieurs parties du nord de l'Inde d'autres ouvrages considé-
rables dont les matériaux sont en grande partie fournis par
l'administration, et qui tirent de là un caractère demi-offi-
ciel. Telles sont les savantes et très-remarquables publica-
tions de M. Will. Hunter, directeur du bureau de statis-
tique du gouvernement de Tlnde ; tel est aussi le Gazetteer
ou Dictionnaire des Provinces Centrales, publié en 1867
par M. Charles Grant, et réimprimé en 1868 (V. notre
précédent volume, p. 24). Les études de M. Hunter se
rapportent au Bengale et aux territoires limitrophes;
elles ont pour objet principal les tribus aborigènes
ce qu'on peut appeler les couches inférieures de la po-
pulation. Un premier ouvrage s'est attaqué au côté linguis-
tique de ces études (V. le t. VII de XAnnèCy 1868, p. 130,
no 98); celui dont nous enregistrons aujourd'hui la S*' édi-
tion (ci-dessus, à la Bibliographie, n° 123) s'attache à la
vie physique et morale, aux habitudes, aux mœurs, aux
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132 ASIE. (n*^ 110-152.)
idées religieuses, aux antécédents historiques. « On a écrit
de beaux livres sur la puissance britannique dans Tlnde ;
mais ces livres s'attachent aux actes du goavernement et à
la biographie des gouverneurs, non à l'histoire du peuple.
Les millions d'êtres qui portent silencieusement notre joug
n'ont pas trouvé d'annaliste. »
£t ailleurs, après avoir cité ce passage de M. Hodgson :
« Dans les vastes djangles, dans les cantons montagtieux
de l'immense continent indien, il existe des centaines de
milliers d'êlres humains dont la vie ne diffère guère de
celle des Grermains telle que Tacite nous la décrit, »
après avoir, disons-nous, cité ce passage, M. Hunter
ajoute : < Qu'une branche de la famille humaine, qui
ne compte pas moins de trente millions d'âmes, ait vécu
durant un siècle sous la domination anglaise sans que le
monde civilisé ait rien appris de son origine, de sa lan-
gue, de son genre de vie, c'est un fait qui, certes,
donne matière à réflexion. Tandis que la race à peau
blanche, qui s'est emparée des plaines, est devenue l'enfant
d'adoption de la science contemporaine; les tribus à peau
foncée, les premiers maîtres du sol, sont restés ce que nous
les avons trouvés, des êtres négligés, oubliés, relégués au
fond des montagnes et des forêts primitives où ils cachent
leur vie méprisée. L'étude des langues ariennes a plus fait
on un demi-siècle pour expliquer l'histoire de l'homme,
que n'avaient fait auparavant les efforts de cinquante gé-
nérations de savants. De la découverte du sanscrit date une
nouvelle ère pour la pensée humaine. La grammaire sans-
crite est devenue la clef de voûte de la philologie, et la
doctrine des écoles brahmaniques a marqué de sa pro-
fonde empreinte la philosophie moderne. Mais on a com-
plètement négligé les autres races ; et cependant ces races
ont une histoire plus ancienne que les Aryas, — une his-
toire non moins instructive peut-être, si nous en pouvions
retrouver la trace. Le peu d'investigateurs qui, à une épo-*
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INDE. ÉTUDES SOCIALES ET POLITIQUES. 133
que déjà ancienne, prirent intérêt à ce snjet, ont été dé-
tournés de leurs recherches, ou les ont interrompues pour
une raison ou pour une autre, avant de les avoir poussées
assez loin pour qu'elles aient pu attirer , et encore moins
fixer l'attention des savants de l'Europe ; et le gouverne-
ment lui-même a trop généralement regardé les aborigènes
du Bengale comme des êtres non susceptibles d'améliora-
tion, — comme une race dont le mieux qu'on puisse es-
pérer est qu'elle se tienne tranquille jusqu'à sa complète
extinction. »
Sauf quelques réserves, il y a certainement un grand
fond de vérité dans ces observations ; je me permettrai
seulement de faire remarquer au savant auteur que les
magnifiques études dont la connaissance du sanscrit a été
le point de départ n'ont pas seulement profité à la restitu-
tion de nos origines et de celles de la race ftrienne en gé-
néral, mais qu'elles ont aussi projeté de grandes lumières
sur les populations non ariennes qui occupaient l'Inde
avant l'arrivée des Aryas. Ce que l'on sait de ces temps
primitifs et des tribus aborigènes, on le doit aux premiers
monuments de la littérature sanscrite. Que la science eu-
ropéenne, depuis un demi-siècle, se soit surtout attachée
au côté ârien de cette riche étude, faut-il s'en étonner?
Les races nobles de l'hi stoire retrouvaient là leurs pre-
miers titres perdus depuis le commencement des siècles.
Mais la race dépossédée, celle dont les restes isolés peu-
plent aujourd'hui les forêts de l'Inde et les vallées de
l'Himalaya, qu'a-t-elle donné à l'humanité ? Ce n'est pas
à dire, loin de là, qu'il faille exclure ces tribus déshéritées
du cercle de nos études; ce n'est pas à dire, surtout, qu'on
ne leur doive pas la protection et la justice qui sont les at-
tributs de la force, et M. Hunter a mille fois raison de
s'élever contre l'oubli méprisant dont on les a longtemps
frappées.
Toutefois, au point de vue de la science, cet oubli, tant
u,g,uzeuuy^.vJOgle
134 ASIE. (n" 110-152.)
8*enfaut, n'a pas été absolu. Une multitude d'observations
et de faits sont consignés dans les bonnes relations de
PInde, — et Dieu sait si elles sont nombreuses, — et plus
encore daus les recueils spéciaux. II est un homme qui à
lui seul a fait immensément sous ce rapport : c'est
M. Hodgson. Ce qui a été publié de ses recherches en est
la moindre partie : une masse de notes et de papiers rem-
plissait un coffre oublié dans les archives de la Compagnie
à Calcutta. Ce sont ces notes précieuses, retrouvée» par un
heureux hasard, qui sont devenues le point de départ, et
ont fourni le fonds des belles publications de M. Hunter;
lui-même se plaît à le proclamer *. Cela n'enlève rien au
mérite éminent du travail de M. Hunter, ni à la valeur de
sa mise en œuvre. Les matériaux dont il dispoas s'enno-
blissent par le but élevé auquel Tauteur les fait cuneourir.
Sa pensée ne s'arrête pas à la science abstraite : elle
est d'un philanthrope éclairé, d'un administrateur judi-
cieux et d'un homme de bien. « Dans Tespoïr, dit-il (avec
une nuance d'enthousiasme qui se reflète dans tout son
livre), d'intéresser également à ces races négligées
l'homme d'étude et l'homme d'Éiat, je me propose de faire
connaître ce que j'ai pu apprendre touchant l'histoire, la
langue, les usages et les aptitudes des montagnards . du
1. On ne saurait nommer M. Hodgson, simple fonctionnaire dans
le service civil de la Compagnie des Indes, et longtemps résidant à
. Dardjeling dans le Sikkïm, sans éprouver un sentiment de vénération
reconnaissante pour les services incalculables qu'il a rendus à la
science indienne sans Pombre de calcul ni d'intérêt personnel. Vers
1838 (la date précise m'échappe en ce moment), il fit don à la Société
Asiatique de Paris d'une suite unique des livres bouddhiques du Népal;
et ce fut l'étude de cette collection qui en portant Eugène Burnouf
dans cette direction, nous a valu le beau livre qui a pour titre Intro-
duction à V histoire du Bouddhismey 1845. Ainsi le zèle scientifique de
M. Hodgson a enfanté en Europe une branche d'études qui a pris une
grande place dans l'histoire philosophique de Thumanité, comme il a
produit dans l'Inde même, après une masse de recherches précieuses
sur les populations aborigènes, les travaux actuels de M. Hunter.
uigiiizeu uy >.^« v^ v^^pt i n^
INDE. PROVINCES CENTRALES. 135
Bîrbhoûm. L'homme instruit verra que leur idiome et
leurs traditions jettent une lumière importante sur un
chapitre ignoré de l'histoire de notre race. L'homme
d'État voué aux affaires de l'Inde s'apercevra que ces en-
fants de la forêt ne sont pas tombés aussi bas qu'il le sup-
posait au-dessous de l'état moral des autres nations, qu'ils
agissent, comme les autres hommes, sous l'impulsion de
leur intérêt, qu'ils sont accessibles aux mêmes influences
amélioratrices, et que l'extension future de nos eptrepri*
ses dans le Bengale repose en grande 'partie sur leur apti-
tude à la civilisation. »
Le'Bîrbhoûm, dont il est ici question, est un district si-
tué sur la limite occidentale du Bengale au nord-ouest de
Calcutta. C'est une contrée légendaire, ainsi que l'atteste
le nom sanscrit, Vîrabhoûmi. Les parties montueuséi de
l'intérieur sont occupées par une race inculte, les Santals,
qui a joué un certain rôle dans les dernières insurrections
du nord de l'Inde* C'est au tableau historique de ^e peu-
ple aborigène qu'est consacré en très-grande partie le livre
remarquable auquel M. Hunter a donné le titre A'Annals
of rural BengaL
S 3. Le livre du capitaine Forsyth sur le haut pays de Tinde centrale.
L'ouvrage du capitaine d'État-major J. Forsyth, the
Highlands of Central India (ci-dessus, n° 121), présentera
un autre point de vue que celui de M. Hunter, — à un
point de vue plus particulièrement pittoresque, mai» trèi-
important aussi pour l'histoire naturelle et pour l'ethno-
graphie, — présente, dis-je, un intérêt non moins grand.
J'en trouve dans le Bulletin de la Société de Géographie
(août 1872) une fort bonne analyse due à la plume très-com-
pétente dn lieutenant de marine Francis Garnier, l'éner-
gique et habile successeur de l'infortuné de Lagrée dans
Digitized by VjOOQiC
136 ASIE. (n«» 110-152.)
la conduite de notre expédition du Mékong; je puis me
borner à reproduire cette analyse.
Ce livre présente, sous une forme attachante et pittoresque,
la description physique, politique et ethnographique .d'une con-
trée restée inconnue jusqu'à ces derniers temps, et qui est en
dehors des tentatives de colonisation directe de TAngleterre.
C'est la partie montagneuse de Plnde qui s'étend à l'est de
Bombay et au sud des monts Vindhyâ, et qui comprend la vallée
de la Nerbàda et la partie supérieure du bassin delà Godavérl.
JA se sont réfugiés les débris des populations sinon autochthones,
du moins antérieures à Tinvasion arienne, et M. Forsyth donne
de curieux détails sur leurs mœurs, sur leurs traditions, sur
leur transformation successive au contact de la civilisation et
de Ik religion hindoues. Au milieu des forêts et des collines de
cette région où les bêtes sauvages disputent encore le terrain à
l'homme, vivent côte à côte trois races différentes : les Gonds
qui appartiennent au rameau dravidien qui habite le sud de la
Péninsule ; les Kohls et lesKorkous qui parlent, d'après 1&. For-
syth, une langue arienne, quoique n'appartenant pas à la race
conquérante de l'Inde ; enfin, les Bhils et les Bigas, qui auraient
possédé jadis le cours de la Djemnah, et qui, plus anciens que
les générations précédentes, auraient été refoulés dans les
monts Vindhyâ par l'arrivée des Aryas. Pour M. Forsyth, l'Inde
présente tous les caractères d'un pays très-récemment et très-
incomplétement colonisé, et il ne faut point remonter aussi
haut dans son histoire qu'on le croit communément pour re-
trouver les effets du premier contact des Hindous avec les
tribus aborigènes.
Au point de vue économique, le livre de M. -Forsyth contient '
des faits excessivement instructifs suries résultats de l'incendie
des djangles et de la destruction des forêts, sur l'importance que
prennent immédiatement les ressources naturelles de ces con-
trées sauvages dès que des voies de communication leur sont
offertes. Les erreurs commises par le gouvernement anglais,
quand il a vcfulu sauver de la destruction les essences fores-
tières les plus précieuses, telles que le tek et le sal (Shorea
robusia) prouvent combien les raisonnements les plus ingénieux,
appuyés sur les faits les plus concluants, reçoivent souvent de
l'expérience les démentis les plus inattendus. Somme toute,
après un long séjour et de minutieuses comparaisons faites sut
les lieux, M. Forsyth en arrive à se demander si les avantages
uigiiizeu uy >.^« v^ Vv' pc i n^
LES CASTES DE l'iNDE. 137
de rincendie des forôts ne remportent pas sur les inconvénients»
et si la réserve par principales essences de bois de charpente
n'a pas des effets plus nuisibles qu^utiles. Nous recommandons
vivement à nos colons et à nos administrateurs de Gocbinchine
Tétude de cette partie du livre du capitaine Forsyth. Elle tou-
che à des questions qtle nous devons rencontrer et que nous
rencontrons déjà chaque jour en Indo-Chine, et il serait bon de
nous inspirer de l'exemple de nos voisins et de profiter des
leçons que leur a données Pexpérience, au lieu de refaire les
mômes écoles et de passer par les mêmes hésitations et les
mêmes erreurs.
Au point de vue de l'histoire naturelle de Tlnde centrale,
Touvrage que nous analysons est plein de renseignements et de
faits bien observés, qui offrent aux spécialistes des particula-
rités curieuses. Ainsi, M. Forsyth croit découvrir un rapport
assez intime entre la faune et la flore de la contrée et la consti-
tution du sous-sol. Le tek, par exemple, parait se plaire aux
terrains d'origine volcanique, et le sal au contraire semble les
fuir. Des récits de chasse, souvent émouvants, toujours instruc-
tifs, mettent le lecteur au courant des ressources giboyeuses
de la contrée, et lui apprennent à connaître sous leurs noms
scientifiques les principaux hôtes de ces forêts dont ils décri-
vent les mœurs. On trouve dans ces récits toute la passion et
toute l'expérience d'un chasseur consommé, et Ton devine en
les lisant l'attrait qui a déterminé l'auteur à passer plusieurs
années de sa vie dans cette région, loin du confort et des rela-
tions qui rendent si agréable le séjour des autres parties de la
grande colonie anglaise. Les touristes en quête d'émotions,
les tireurs jaloux d^éprouver leur adresse, trouveront dans le
livre de M. Forsyth d'excellents conseils et de précieuses indi-
cations, si, fatigués des mesquines chasses de.PEurope, ils veu-
lent tenter le sport plus nbble du tigre et de Péléphant.
$ 4. Les castes de Tlnde, leur origine et lear distribation.
Le livre de M. Esquer.
L'ouvrage considérable sur les castes de Tlnde, publié
à Pondichéry par notre compatriote M* Escper, juge au
tribunal de cette capitale de>*rinde française, touche à la
fois à l'an des problèmes historiques les plus obscurs, à
uigmzeuuy Google
138 ASIE. (n^- 110-152.)
rail des problèmes sociaux les plus difficiles qui se ren-
contrefit dans l'iiistoire de Thumanité.
L'inde n'est pas, à beaucoup près, la seule contrée du
xoonde où la division des castes se soit introduite. On
peut dire que la nature en a déposé le germe au sein de
toutes les sociétés humaines, depuis les associations lea
plus infimes et les plus rudimentaires, jusqu'aux organi-
sations les plus élevées dans la hiérarchie historique et
philosophique. Les nations les plus grandes, les plus célè-
bres et les plus glorieuses, dans les temps anciens ou ac-
tuels, les ont reconnues sous différents noms et dans des
conditions plus ou moins absolues; mais nulle part elles
ne se sont développées d'une manière aussi étendue, aussi
complète, aussi profonde que dans l'Inde. Nulle part elles
ne sont devenues comme ici la base unique de la société
politique, religieuse et civile, l'institution fondamentale
d'où tout le reste dérivQ et à laquelle tout se rapporte.
L'honorable et savant magistrat de Pondichéry a voulu
aborder le sujet sous toute» ses faces et l'étudier dans
toutes ses conséquences. Il s'est proposé de remonter aux
temps antiques où le fait primordial s'est changé en insti-
tution ; il a voulu en suivre les phases, et en marquer les
conséquences sur le développement de la société brahma-
nique ; il en a étudié l'état actuel avec un détail qui donne
nn grand prix k cette partie de son travail; il a recherché
enfin par quels moyens efficaces, en brisant les liens
trente fois ^séculaires qui enserrent étroitement la société
hindoue, ou pourrait lui rendre l'initiative, la volonté,
l'énergie individuelle qui constituent la liberté de la
conscience humaine, et qui sont la condition, je veux dire
une des conditions essentielles du progrès moral aussi
bien que du progrès matériel.
Il y a ainsi dans la longue et consciencieuse étude de
M. Esquer trois points de vua successifs, trois parties dis-
tinctes : le point de vue historiaue^ qui nous fait remonter
• ûigitizedby VjOOQIL * '
LES CASTES DE L'iNDE.- 139
ver» les origine»; le point de vue social, qui suit les cas-
tes dans leur état actuel; et enfln le point de vue philoso-
phique, qui leur ouvre les horizons de l'avenir.
De ces trois divisions de l'ouvrage, la première, je dois
le dire y laisse quelque chose à désirer. L'auteur, qui con-
naît les sources, et qui pouvait d'ailleurs s'appuyer sur les
publications précieuses oii M. Muir les a savamment réu-
nies et judicieusement commentées,- ne se tient pas avec
assez de fermeté dans la seule voie utile et sûre, celle de
l'investigation directe. Il hésite parfois et se méfie de lui-
mécne. Cette défiance de soi-même, en de «tels sujets, est
bien naturelle ; mais c'est en revenant constamment aux
sources que l'esprit se fortifie, que la vue s'affermit. Des
ierivains à systèmes, de creux déclamatenrs sans valeur
sérieuse, des atiteurs étrangers aux éléments fondamen-
taux de la question, soit par leur préoccupation soit-disant
philosophique, soit simplement par la date de leurs écrits,
ne sont ni des guides ni des lumières en de pareilles étu-
des; Baynal et Court de Gibelin, aussi bien que les succes-
seurs et leurs émules, ne peuvent que troubler et fausser
les recherches. Ici la méthode et les aulorités sont d'une
importance exceptionnelle.
J'ai dit que l'aperçu tracé par M. Esquer de Tétat actuel
des castes dans l'Inde forme une portion extrêmement re-
marquable de l'ouvrage, la plus remarquable assurément
au point de vue de l'étude des faits, et celle qui restera à
titre de document historique. La position particulière de
l'auteur lui donnait pour cette investigation épineuse des
facilités spéciales. Rien de plus confus, de plus complicfhé,
de plus obscur que l'interminable classification des castes
existantes sous une multitude de dénominations, que la
distinction de leur position respective , que leur valeur et
leur importance relatives dans la société indigène telle
qu'elle existe aujourd'hui dans l'Inde. Non-seulement les
divisions et les subdivisions sont infinies, mais tout varie
ûigitized by VjOOQIC
140 ASIE. (n»' 110-152.)
de province à province. Un document officiel de 1865, cité
dans l'Appendice de la nouvelle édition de feu M. Henry
EUiot sur les populations du nord-ouest de FInde, porte à
560 le nombre actuel des subdivisions des quatre castes
fondamentales dans ces seules provinces. M. Esqner les
suit dans les diverses parties de la Péninsule, depuis les pro-
vinces tamoules du Midi jusqu'aux pays du Grange. Il nous
montre la caste autrefois dominatrice des Brahmanes des-
cendue en' une foule de cas à des fonctions subordonnées,
sinon serviles; les nobles kchatryas, les héros des grands
poèmes, conseryant dans deux ou trois provinces seulement,
sous les noms de Naïrs et de Radjpouts, la tradition et
quelques prérogatives de leur ancienne prépondérance mi-
litaire ; enfin la troisième caste arienne des anciens temps,
celle des Yaïçyas, qui forma jadis le fond de la nation
arienne , presque entièrement disparue, au moins de nom,
et fondue maintenant dans la classe innombrable des Sou-
dras qui fut originairement la caste impure et servile, et
qui Torme actuellement les neuf dixièmes de la nation in-
dienne. Cette révolution dans la prépondérance relative des
Yaïçyas et des Soudras date de bien loin, du reste ; elle a
eu certainement pour cause la réaction de l'élément
aborigène contre l'élément conquérant dans une grande
partie de la Péninsule , et nous voyons par les témoignages
historiques qu'elle était déjà consommée au temps du
voyage de l'ambassadeur Megasthène dans les pays du
Oange , c'est-à-dire au commencement du troisième siècle
avant l'ère chrétienne. Il n'est pas sans vraisemblance
qu'elle avait coïncidé, trois siècles plus tôt, avec la propaga-
tion de la réforme du brahmanisme par le bouddha
Çâkyamouni.
Cette vue nous ramène au qôté purement historique de
la question des castes. La distinction des castes, je l'ai dit,
était en germe au sein des tribus védiques, comme elle est
au fond de toutes les sociétés humaines. C'est son carac-
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INDE. CASTES. 141
tère indélébile et héréditaire, c'est sa limite infranchissable,
c'est sa consécration religieuse et d'institution divine qui
Tont marquée d'un cachet si profond dans la constitution
brahmanique, et lui ont donné, sur la destinée du peupie
hindou, une influence crue le même fait social, à difiérents
degrés de développement, n'a eu chez aucun autre peuple.
En vain interrogerait-on les livres indiens pour y trouver
la trace historique de l'origine des castes ; mais cette ori-
gine est écrite dans la nécessité même et dans le cours na*
turel des choses.
Elle fut le résultat de la conquête.
Elle est l'expression historique et sociale à la fois de
l'asservissement d'une race ignorante, grossière, de facultés
bornées, sans organisation politique, par une race infini-
ment plus développée et de facultés physiques et intellec-
tuelles très-supéyeures.
Si regrettable que cela puisse paraître au point de vue
abstrait de la morale absolue, si difficilement explicable que
cela puisse être au point de vue physiologique, Teiistence
sur le globo de races humaines inégalement perfectibles,
et la subordination des races inférieures aux races mieux
douées et plus nobles, n'en sont pas moins deux faits uni-
versels, qui ont eu depuis l'origine des temps une immense
inâuencê sur la marche des choses A les destinées de Thu-
manité.
Nulle part cette influence ies causes physiques sur le
développement moral n'a été plus marqué que dans l'Inde.
Je ne puis m'étendre ici sur ce sujet' il me suffit de
renvoyer au rapport inséré dans le Bulletin de la Société de
Géographie^ où le côté historique de la question a été déve-
loppé (V. ci-dessus la Bibliographie ^ n« 128). Je reviens
au livre de M. Esquer.
Les deux derniers chapitres del^Essai sur les Castes sont
consacrés à la civilisation nouvelle que l'abolition du ré-
gime des castes pourrait donner à l'Inde, Je ne sais jus-
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lk% ASIE. (n*» 110-152,)
qu'à quel point un changement aussi radical pourra jatBais
se réaliser. L'abolition absolue, au sein d'une nation d9
170 millions d'âmes, d'une institution qui remonte à
défi milliers d'années et qui est entrée si profondémeai
dans les entrailles de la société, cette abolition seipbla
bien difficile peut-être d'ici à plusieurs siècles : mais
ce qui paraît plus aisément et beaucoup plus prochai-
nement réalisable, c'est la modification des mœurs p^
l'éducation européenne , c'est le changement graduel 4eB
idées, des habitudes et des besoins, et, par suite, la
refonte progressive des vieilles institutions. C'est une tâche
qui revient aux Anglais, par suite de leur position politique
dans la Péninsule, et il faut dire que le gouvernement bri^
tannique en a compris l'étendue. Si cette tâche est réali-
sable, on peut dire qu'elle s'accomplira, car elle ne repose
pas seulement sur une idée théorique, si grande et si
généreuse qu'elle puisse être : elle répondpour les Anglais
à l'intérêt pratique de leur domination.
§ 5. Le passé et l'avenir de la domination anglaise dans l'Inde.
^Le Uyre de M» Toirens.
Ceci MOUS amène au travail historique de M. W. Torreas,
« Notre empire en Asid : comment nous l'avons acquis. »
Cet ouvrage (n"" 1 1 5), qui sort de la ligne commune des
histoires purement narratives, est un exposé de la formation
de l'empire anglais dans l'Inde. Il dit par quels procédés
plus ou moins avouables, plus ou moms légitimes, les par-
ties diverses de cette immense agglomération de territoires,
dont l'étendue égale aujourd'hui le quart de l'Europe,
sont venues, province à province, grossir le premier noyaa
créé par lord Clive en 1757. Un article de M. Mathy sur
ce livre, dans la Revue des Deux Mondes du 1" mars 1872,
présente sur la situation des Anglais dans l'Inde des consi-
dérations peut-être un peu sombres, mais certainement
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LES ANGLAIS DANS L INDE. 143
vraies au fond, et dont il nous parait intéressant de repro*
duire quelques extraits.
Une série de symptômes qui ressemblent à des lueurs
• d'orage appellent de mouveau l'attention des hommes d'État
sur l'Inde anglaise. L'assassinat du juge suprême Norman,
a été suivi de celui du vice-roi ; les fanatiques savent désor-
mais que les plus hauts représentants d'un pouvoir détesté
sont à toute heure justiciables de leurs poignards. Les at^
tentais et les rébellions se multiplient. A Lahore, doa
bandes d'indigènes p^u^courent les rues pendant la nuit et
les remplissent du bruit de leurs chants qui annoncent la
fin prochaine de la domination étrangère, et la ferme réso«
lution des opprimés de verser leur sang à torrents pour la
liberté et pour leur foi. D'un bout à l'autre de Tlnde, la
conviction se fortifie que le jour n'est pas éloigné qui verra
s'écrouler l'empire britannique en Asie, et que l'œuvre de
la délivrance doit s'accomplir par les Russes et les Chinois.
D'où vient cette croyance? On ne sait ; elle a été semée dans
l'ombre , elle a pris racine , elle se développe et elle com#
mence k porter ses fruits. Les .causes de cette hostilité
sourde des populations sont multiples, quoique pour Tex-
pliquer il sufOse du souvenir de ces traditions de terreur
et de mauvaise foi insigne qui ont permis à la Compagnie
des Indes de s'assujettir un pays de 150 millions d'habi**
tants. «I Une guerre de Bengalais, contre les Anglais, dit
Macaulay, en parlant des premiers temps de la* conquête,
était une guerre de brebis contre des loups. » Ce n'est que
depuis 1858, époque où la Compagnie fut dépossédée de
ses prérogatives presque souveraines, que le gouvernement
de la reine a fait quelques tentatives pour faire oublier dès
torts séculaires, en tse préoccupant sérieusement des intérêts
matériels de ses administrés, en créant des routes, des ca-
naux, des chemins de fer et des télégraphes, en favorisant
les progrés agricoles et industriels, en s'attachant à ré-
pandre l'instruction malgré la désapprobation des politi«
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144 ASIE. (n»» 110-152.)
ques de la vieille école. Ces avances tardives sont encore
loin d*avoir produit le résultat désiré; elles sont restées à
peu près sans effet sur la partie mahométane du peuple
hindou, dont le fanatisme religieux oppose à tout rapproche- .
ment une barrière invincible. Ces musulmans se soucient
bien^ du progrès et des bienfaits de la civilisation I Que leur
fait la sécurité des routes ou l'égalité de tous devant la loi?
Vouloir les réconcilier avec la suprématie chrétienne est
perdre sa peine. Il n'y aurait qu'un moyen de les con-
tenter : ce serait que tous les Anglais voulussent bien faire
leurs paquets et quitter au plus vite le pays. Les mahomé-
' tans de l'Inde ne peuvent oublier les temps où ils étaient
les maîtres de ces fertiles contrées, et ils n'ont pas renoncé
à voir revenir les jours de splendeur.
Des observateurs bénévoles cherchent parfois à se faire
illusion sur cette disposition des esprits. Si l'on en croyait
le colonel Nassau Lees, qui a été longtemps président du col*
lége musulman de Calcutta, les moslems de l'Inde seraient
aujourd'hui « parfaitement résignés à' supporter la supré-
matie des Anglais comme un mal qu'il faut subir, parce
qu'on ne peut le guérir ; » ils seraient « prêts à vivre aussi
paisibles et aussi satisfaits sous le règne britannique qu'ils
pourraient le faire sous tel gouvernement mahométan qui
lui succéderait, pourvu qu'on les traite avec circonspection
et qu'on les gouverne avec sagesse. » Or, celte condition
indispensable est loin d'être remplie, dit le savant colonel,
et il insiste sur la nécessité de modifier l'enseignement sco-
laire, la juridiction et les formes de Tadministration dans
le sens d'une plus grande autonomie des indigènes. On se
réjouit lorsqu'un mollah quelconque déclare que le pro-
phète ne défend pas absolument aux vrais croyants d'obéir
aux sectateurs d'une aut^e religion, s'ils reconnaissent au
moins l'un des quatre livres sacrés (Pentateuque, Psaumes,
Évangiles, Koran). Ces illusions d'entente cordiale ne tien-
nent pas devant les faits graves et significatifs qui se prq-
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LES ANGLAIS DANS l'iNDE. 145
dnisent chaque jour. Le docteur Hunier, dans un livre
publié récemment, nous trace un sombre tableau des rap-
ports qui existent entre les mahométans de Tlnde et leurs
maîtres chrétiens. Cette publication a soulevé une polémique
à laquelle ont pris part tous ceux qui, de près ou de loin,
croient connaître la situation de l'empire britannique en
Asie ; mais les événements ne donnent pas raison aux opti-
mistes. M. Hunter raconte l'origine et le développement
progressif de la conspiration ouahabite, qui, profitant de
toutes les fautes du gouvernement, a jeté ses ramifications
dans toutes les parties du territoire. Les Ouahabites, ces
puritains de l'islamisme, se montrent encore plus intrai-
tables sur les bords du Gange que dans leurs oasis de
l'Arabie. «Voilà bientôt trois ans, écrit M. Vambéry, que
les Ouahabis lancent avec une audace croissante leurs fusées
révolutionnaires de leur quartier général de Patna. Tantôt
ils fomenteront une petite rébellion des tribus montagnardes,
tantôt sous leur investigation unfedaji quelconque (c'est le
nom que se donnent les enfants perdus de la conspiration)
ira frapper un Européen înoffensif, afin de mériter le mar-
tyre, ou bien l'on verra un zélateur de cette secte prêcher
ouvertement aux régiments de cipayes la révolte et la guerre
sainte contre les infidèles, c'est-k-dire contre leurs maîtres.
Et que font les Anglais, en présence de ce jeu dangereux?
On est vraiment étonné qu'après les sacrifices terribles que
leur a coûtés la dernière guerre, ils n'attachent pas plus
d'importance aux manœuvres menaçantes d'un ennemi aussi
rusé que fanatique.... Quand on parle, en Europe, du
fanatisme mahométan, on ne pense jamais qu'à l'islamisme
de l'Asie occidentale; or, il ne faut pas oublier que le
cfieîk'il-islam de Constantinople lui-même n'est guère mieux
qu'un infidèle aux yeux de ses coreligionnaires dePeïchavèr,
de Dehli, de Lahore ; tel est le raffinement de la doctrine
au centre de l'Asie. Dans le nord de l'Inde, le flambeau d&
la vraie dévotion n'est point Stamboul, c'est Bokhara..,. »
l'ANNéE eéOGR. ZI. 10 \
uiyiuzeuuy^OOgie
146 ASIE. (n" 110-151)
Toutefois, on ne saurait disconvenir que la politique
actuelle du gouvernement anglais aboutit^ en définitive, è
l'amélioration matérielle et morale du pays et des popnk-
tions. Les impôts sont lourds — dans un sens relatif tu
moins ; mais le produit en est affecté pour la plus grande
partie à l'entretien de l'armée et aux travaux publics. Ofl a
consacré des sommes très-considérables à la construction
âe routes, de canaux d'irrigation, à la subvention des che-
mins de fer; le gouvernement a donné sa garantie aai
aetionnaires, qui ont dépensé un milliard et demi peur
l'établissement du vaste réseau de voie ferrée qui relie tous
les grands centres de l'empire en traversant les contrées les
plus fertiles. Le progrès existe donc et l'avenir se dessine;
et cependant tous ces encouragements acoordée au commerce
et à l'industrie ôommencent à peine d'exercer une infliteDAe
sur le sort des masses. Il ne faut pas non plus oublier qa»
les Anglais viennent rarement dans Tlnde pour s'y fixer; le
climat est contraire aux Européens, etiâs s'en vont lorsqa'ili
ont fait fortune. C'est ainsi que l'Inde paye chaque anaée
une rançon de cent einqu&nte ou deux cents miltions à des
Anglais qui s'y considèrent comme des étrangers* C'est on
drainage lent, mais sûr, qui ne peut mA&quer d'appauvrir
le pays, et qui explique bien des choses... .
c En fin de cause, n'oublions pas ce que fut l'état anté-
rietir de ce pays, déchiré sans cesse par de sanglantes luttes
intérieures; rappelons-nous la misère, l'abaissement de ces
races, le despotisme et les exactions de burs radjahs et de
leurs nababs. Elles ont changé de maitroB, c'estvrai; en les
contient par la sévérité, tant pis pour les rebelles i en re-
vanche, on leur octroie un avenir. Si la fin ne justifie pas
les moyens, d'un autre côté les moyens ne doivent pas nous
faire regretter la fin.... »
Et à ce propos citons encore un ou deux passages d'ua
récent article du Times à Toceasion de la mort de Gholam
Mohammed^ un des princes feudataires qui conservent eu
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l'empire anglais dans l'inde. 147
core, sous la protection anglaise, la souveraineté nominale
d'un de ces territoires qui ne sont pas compris jusqu'à pré-
sent dans Fune des trois Présidences. Cet article est inté-
ressant au point de vue de l'état politique de la Péninsule.
Le recensement de l'Inde, dit le journal anglais, montre que
la poj)ulatîon musulmane dans ce pays, est plus redoutable par
le nombre qu'on ne le supposait. Elle est particulièrement ex-
posée à des tentations de conspiration et de révolte. Les Hin-
dous ont reçu en héritage la tradition de la servitude, mais les
samsulmans ont vu les Anglais les remplacer dans leurs positions
de race conquérante et dominante ; ce fait n'est que d'hier. Il
est de la plus grande importance que les monuments visibles
de leur gloire passée disparaissent paisiblement, et que l'intérêt
amène les représentants des familles mahométanes à accepter
la loi de l'Angleterre. Gholam Mohammed naquit quand son père
était le souverain régDant, Taillé de la France victorieuse, et
l'antagoniste heureux des armes anglaises dans le Dékhan. Il
se rattachait ainsi directement et personnellement à l'âge d'or
de la domination musulmane dans le Sud de Tlnde ; heureuse-
ment aucun de ses parents n'est en situation de le remplacer
dans l'imagination de ses coreligionnaires. Le dernier roi de
Behli, dont après sa chute le gouvernement anglais a épargné
la vie compromise par sa complicité dans des crimes de lèse-
humanité, est mort récemment en captivité, et avec lui a dis-
paru un autre anneau de la chaîne qui rattachait l'Inde actuelle
à son passé.
Le Nizam reste le seul grand personnage encore investi du
pouvoir souverain, objet des aspirations des musulmans de
l'Inde; mais la fidélité de la cour d'Haïderabad pendant la ter-
rible épreuve de 1857, a montré que ce n'est pas de ce côté que
la désaffection peut trouver un appui. Il faut espérer que le gou-
vernement de rinde réussira à donner satisfaction à quelques,
unes des aspirations légitimes des mahométans; et quoiqu'ils
ne puissent espérer, sous la règle égalitaire du gouvernement
anglais, de recouvrer la prédominance dont ils ont usé et abusé
sous Haïder-Ali et Tippo-Saïb, un traitement généreux et bien-
Teiliant pourra lès amener avec le temps à oublier les mauvaises
traditiona de leur suprématie, et à accepter franchQment les
bienfaits d'un gouvernement impartial et d'un système social
équitable.
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148 ASIE. (N" 163-155.)
VII
TIBET.
153. Herm. von Schlàgintweit. Reisen in Indien und Hochàsien,
lg54-58. T. II. Hochasien : der Hymalaya. lena, 1871, in-S»
Il y aura un S« volame. Voir le précédent vol. de V Année, p. 27, n» 61.
154. Là Mission du Tibet, de 1855 à 1870, comprenant Texposé des
affaires religieuses, et divers documents sur ce pays, d'après
les lettres de M. Tabbé Desgodins, missionnaire apostolique ,
par C. H. Desgodins, Inspecteur des forôt^ en retraite. Verdun,
1872, in-8% iv-4l9 p., avec une esquisse du Tibet oriental.
(Paris, Palmé).
155. Itinéraire de Pa-tang à Terkalo, et description des vallées du
Kïn-cba-kiang '(fleuve Bleu) et du La&-sang-kiang (Gamboge),
entre le 30« et le 29* parallèles environ. Extrait d'une lettre de
M. Tabbé Desgodins à M. Francis Gamier. Bulletin de la soe,
deGéogr,,nov. 1871, p. 343-348.
La moyenne de cinq observations de hauteur méridienne solaire,
faites par M. Desgodins et recalculées par M. Garnier, a donné pour la
latitude de Yerkalo ag^'S'SO" N. Il y a une autre lettre de Tabbé Des-
godins à M. Fr. Gamier, au cahier d'octobre 1872 du BuUettn^ p. 419.
Les lettres de M. l'abbé Desgodins.
Un missionnaire français, M. Yshhé Desgodins, a recueilli
sur le Tibet en général des informations qu'il a consignées
dans sa correspondance de famillç, et que son frère a ré-
cemment publiées (n*^ 154). Le livre aurait gagné à ne ren-
fermer que les communications du missionnaire, sans addi-
tions étrangères sur lesquelles il y aurait fort à dire; tel
qu*il est, c'est encore une bonne acquisition sur un pays si
peu connu. On ne saurait oublier que le plus clair de nos
renseignements sur l'intérieur de la région tibétaine, c'est
aux missionnaires que nous le devons, au P. deUa Penna,
notamment et surtout à MM. Hue et Gabet. Le chapitre
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TURKESTAN ORIENTAL. 149
oonsacré aux tribus barbares de la frontière du sud-est, là
où' le Tibet confine à la Chine méridionale et k l'Indo-
Chine, n'est pas la partie la m(nns intéressante du livre de
M, Desgodins. Ces peuplades inhospitalières n'ont par elles-
mêmes rien de bien attrayant; mais, dans leur configuration
physique et dans leurs dialectes incultes, on retrouve sou-
vent, sur l'origine et le mélange des races, des données qui
n'existent plus ailleurs. Est-il besoin de rappeler quel ad-
mirable parti les études contemporaines de philologie com-
parée ont tiré de cM élément?
Les itinéraires de M. Fabbé Desgodins h travers un pays
frontière absolument inexploré seraient d'un grand prix
pour la géographie, s'ils étaient accompagnés d'observations
et de remarques précises. D'après des lettres adressées à
M. Francis Garnier (voir ci-dessus le n** 155), le mission-
naire aurait déterminé les latitudes de quelques points im-
portants dans la contrée qui touche à la frontière çud-est
du Tibet ; mais ces observations ne nous sont pas données
dans le volume actuel. Comme marque de sa haute estime
pour le zèle de M. l'abbé Desgodins, et pour lui faciliter
ses observations ultérieures, la Société de Géographie de
Paris a décidé qu'un compteur serait mis à sa disposition.
VIII
LE TVBILESTAN.
TURKESTAN INDEPENDANT. YARRAND. KACHOAR^ etC. *
156. Meer Izzut Oollah. Travels in Central Asia, 1812-13. Transla-
ted by Capt. Henderson, Calcutta^ 1872, in-8«.
Traduit da manuscrit persan. Ce voyage était déju connu par la ver-
sion partielle que Klaproth en a donnée en 1826 dans le 2* volume
de son Magasin Asiatique. Pour ceux qui n*auraient pas sous les yeux
cet important recueil, nous en lirons l'introduction suivante dans la»
quelle Klaproth fait bien connaître l'objet et la nature de la rela-
tion:
< En 18i2, M. Moorcroft, qui avait le projet de visiter les oontrôes
150 ASIE. (N"^ 156-162.)
situées an nord de THimâlaya lorsqif ane occasion favorable se reneoiH
trerait pour entreprendre cette excarsion, y envoya à Tavance Mir
l'zzet-Ullah, qui était attaché à son service. Celui-ci alla de Dehli au
Kachmtrj de là au Tibet^ Ae ce pays à Yarkand, de cette ville ^
Kachgar, d'où il gagna la frontière de la Chine, Il revint par Kho-
kandj Samarkandj Boukhâra^ Balkh, Khoulm^ Kabouly Bâmiân^ et
retourna dans les plaines de l'Hiadoustan. Pendant cette longue course,
il tint un journal exact dans lequel il nota les difTérents endroit? où II
passa, et les objets qui fixèrent son attention. Comme il était doué
â^inteiligoBoe et de sagafiité, il recoeillit beaucoup de renseignements
précieux, quoiqu'ils ne soient ni aussi détaillés ni aussi préoi« que
ceux de Moorcroft lui-ménie. •
157. Results of the observations teken by M. R. B. Shaw during his
journey to Yarkçind in the year 1870; calculated by W. ElUs,
of the Royal Observatory, Greenwich. Journal of the Roy.
Geogr. Soc.j vol. XLI. 1871, p. 373-392.
Les observations calculées par M. Ellis se rapportent à la latitude, i
la longitude par les distantes lunaires, à la déclinaison magnétique et
aux altitudes au-dessus du niveau de la mer. Les éléments de ces di-
verses observations sont consignés dans une suite de tableaux^ et d'au*
très tableaux contiennent les résultats. Il nous a paru utile de grouper
dans un tableau d'ensemble les principales données qui se tirent de ees
documents.
Longitude.
Altitude
DécliRfttSOn
Localités.
Latitude.
E. de
Greenw.
E. de
Paris.
en
delà
mètres.
boussole.
Tchagra.
4658
Mazimik, Passe.
6444
Pafflxal.
34» 14' 59"
4703
Gogra.
34 18 53
4791
Sommet du Col.
6025
Patsalang.
5244
,
Grim, Passe.
5093 ^
Tchouichou, Passe.
36 53 46
3257
Kochtak.
37 22 28
1721
Kargalik.
37 54 2
1263
Yanghl Bazar.
77° 8' 7"
74047' 57''
1115
Yarkand.
38 24 41
77 12 8
74 51 58
1000
20 15'
Ouîtoughrak,
77 42 23
75 22 13
1688
Olbek.
86 26 23
77 48 51
75 38 41
3434
4 45
Tchibra.
36 6 7
5126
5 37
Kara-Tâgh, col.
35 42 39
5379
2 35
âomdo.
78 30 52
76 10 42
5195
I.eh.
34T1
4 20
158. Du même : On the position of Peïn, Tcharchand, Lob Noor,and
other places in Central Asia. Proceed. ofthe Roy, Geogr, soc. y
XVI, n« 3, p. 242-253.
Essai d'éclaircissement de» chapitres de Marco Polo qui touchent à
ces parties de l'Asie Intérieure.
y Google
TURKESTAN ORIENTAL. 151
M. Shaw a aussi la à U réunion do TAssûoiation Britannique à
Brighton, au mois d'août dernier, un mémoire on the phijèioal feaiV"
res of the Pamir, and its Aryan inhabitants. Comme résultat de ses
• propres observations et de celles de M. Hayward (voif le précédent
volume de VAnnée, p. 35 et 44), M. Shaw représente les hautes step-
pes de Pamir non comme un plateau ouvert et continu, soutenu par
une chaîne méridienne appelée montagnes de Bolor (c'est Tidée qu'on
s'en est faite généralement jusqu'à présent), mais comme un ensemble
de chaînons dirigés parallèlement de TEst à l'Ouest, avec des lacs dans
les dépressions d'où s'épanchent des cours d'eau qui se portent les uns
au levant, les autres au couchant. Les traditions de deux grandes bran-
ches de la race arienne placent leur berceau dans cette région; aujour-
d'hui encore elle est occupée par une race entièrement différente des
populations tâtares, et qui se dit du même sang que les Tadjiks de
Bokhara, dont la langue est le persan. Leur peau est blanche, les che-
veux souvent de couleur claire, les yeux brun-clair, les traits fins, la
physionomie régulière et d'une soupe européenne. À en juger par le
court vocabulaire que l'auteur a pu recueillir, leur langue a une
affinité plus directe avec le sanscrit qu'avec le persan moderne.
159. Letters from M. G. W. Hayward on his explorations in Gilgit
and Yassin. Journal of the Roy. Geogr. Soc, vol. XLI, p. 1-46;
wiih Map.
On a réuni ici les dernières lettres de M. Hayward, mort assassiné
dans les hautes vallées de THindou-koh, et les détails que l'on a re-
cueillis sur la catastrophe (voir notre précédent volume, p. 35 et 38).
©n trouve à la suite plusieurs vocabulaires des dialectes de Ghilghit,
de Tchitral, et une série d'itinéraires qui seront d'un grand prix pour
la cartographie.
Voici quelques remarques et une ou deux observations de l'infortuné
voyageur ;
« Nos cartes placent une ville de Kachgar vers la tête de la vallée
de Tchitral ; il n'y a pas là de place de ce nom. Tout le pays est ap-
pelé Kachgar. » Cette assertion positive, venant d'un observateur tel
que M. Hayward, tranche la question si longtemps débattue des deux
Kachgar. Le voyageur ajoute : « Les districts de Yassïn, Ponyal et
Mastoûk forment le haut Kachgar; le Tchitral forme le Bas-
Kachgar. »
€ J'ai trouvé pour la latitude de Yassïn 36'>22'38" N., et 7765 pieds
au-dessus du niveau de la mer (2367 mètres), par le point d'ébullitioii
de l'eau. La vallée de Ghilghit varie en altitude de 5ooo à 5600 pieds
(de 1500 à 1700 m.). Les calculs d'altitude s'appuient sur l'altitude
adoptée pour Skardo par les ingénieurs de la grande triangulation,
2703 mètres.
« L*observation a donné pour la latitude de Ghilghit 35*'55*2''; et pour
la latitude de Yassïn 36»22'44''. »
La remarque suivante a surtout une importance capitale ; « J'ai tou-
jours été d'opinion que la vraie route de l'Inde à Yarkand est de Peï-
chavèr par la vallée de Tchitral, ou du Kachmir par les vallées de
Yassïn et de Ghilghit, et non par la chaîne de Karakoram. Je suis plus
que jamais porté à maintenir cette opinion, depuis que j'ai vu l'excel-
lente route qui remonte la vallée de Yassïn. »
160. Route d'iBBAHiM-KnlN de Kachmir à Yarkand par Yassïn, ea
uigiiizeu uy >.^« v^ v^' pc i n^
152 ASIE- (n" 156-162.)
1870. Proceedings ofthe Roy. Geogr, Soc., XVI, n* 3, p. 387-
392.
Cette roQte de l'Inde à Yarkand par les vallées da DardistaD, recoin-
mandée par-dessus toutes les autres par M- Hayward, est précisément
celle qu'a suivie en 1870 Ibrahim-Khàn, attaché aux travaux de la
triangulation de l'Inde, un des indigènes employés par M. Montgome-
rie dans la reconnaissance scientifique du Tibet et du Turkestan, c'est-
à-dire des régions de la haute Asie difficilement accessibles aux explo-
rateurs européens. Nous avons ici un itinéraire complet de Srlaagar
à Yarkand mesuré en kôs de station en station, mais sans di-
rections.
161. Major T. G. Montgomerie. A Havildar journey through Chitral
to Faizabadin 1870, Ibid. p. 253-261.
Extrait du rapport général du major Montgomerie sur les opérations
de la triangulation de l'Inde durant la campagne de 1870-71 (voir
ci-dessous, le S 2 des développements).
162. Du même : Eepori oî the Mirza's exploration from Caubul to
Kashgar (1868-69). Journal ofthe Roy. Georg. Soc.^ vol. XLI,
p. 132-193. Map.
Ceci est moins le Rapport proprement dit de l'explorateur persan
formé à l'école des ingénieurs anglais de l'Inde et que l'on ne désigne
que sous l'appellation de Mirza, qu'un mémoire du major Montgomerie
où le Rapport est accompagné d'un 'commentaire perpétuel. C'est un
morceau précieux pour la géographie de toute cette haute région.
(Voir ci-dessous, $ 1). — Le Rapport proprement dit fait partie du
General Report du colonel Walker on the trigonometrical survey
publié à Rourkî en 1870 en un vol. gr. in-4«> de 113 pages, avec 5 car-
tes. (Voir les Mittheilungen de Petermann, 1872, n° 1, p. 40.)
Les explorations anglaises de la haute région au nord-ouest de Tlnde.
S 1*'. Le Mirza.
On voit par ces relevés bibliographiques combien les ex-
plorations poursuivies avec persévérance depuis quel-
ques années par les Anglais dans la haute région qui con-
fine au nord-ouest de Tlnde sont importantes , et quels
résultats considérables en sont déjà sortis pour la connais-
sance physique et topographique de ces pays jusqu'à pré-
sent si peu connus. Parmi les voyages que nous avons notés,
celui du Mirza mérite une attention tout à fait particulière,
à cause du très-remarquable 'commentaire dont le major
Montgomerie Ta enrichi (ci-dessus, n® 162): nous nous y
arrêterons un moment,
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CONTRÉES AU N. 0. DE l'iNDE. 153
Le major Montgomerie , en traçant d'abord un aperçu
général de l'itinéraire du Mirza, depuis Kaboul jusqu'à
Kachgar, fait remarquer que dans le Badakchân et la vallée
du haut Oxus, les données fournies par le nouvel explora-
teur sont en parfait accord avec celles du lieutenant Wood,
compagnon d'Alexandre Burnes en Î836*.
c Pandja, d'après les déterminations chronométriques
du lieutenant Wood, se place au 72* degré 41' de longi-
tude orientale (ôreenv^r.), par 37® 2' de latitude; les obser-
vations du Mirza donnent pour la latitude 37" 5', et pour la
longitude 72^39'. » Ce rapprochement est, en effet, un
précieux certificat de la valeur du nouvel itinéraire.
« De Kaboul au Badakchân, et de là à Kachgar, le Mirza
a fait une reconnaissance complète de la ligne parcourue.
Les directions ont été notées au moyen d'une bonne bous-
sole prismatique, et les distances mesurées au pas, le Mirza
et deux ou trois de ses hommes se relevant dans cette tâ-
che. Ils avaient à la main un ctiapelet dont ils faisaient
glisser un' grain de cent pas en cent pas, avec un grain plus
gros pour marquer le millième. Des déterminations de la-
titude ont été prises' au moyen de l'observation du soleil et
des étoiles , sur différents points importants, à Kaboul, à
Khoulm, à Faïzabad, au Sirikoul, à Kachgar, etc. Jusqu'à
Pandja, on peut comparer ces observations de latitude avec
celles de Griffiths et de Wood, et les résultats concordent
généralement à 2 ou 3 minutes près, accord aussi satisfai-
sant qu'on peut le désirer, les voyageurs n'ayant sûrement
pas fait leurs observations précisément aux mêmes points;...
on peut donc conclure avec certitude que, sans avoir la pré-
1. L'intérêt que les nouvelles explorations ont ramené sur ces con-
trées où Si peu d'Européens ont pénétré, a fait penser à réimprimer
l'excellente relation du lieutenant John Wood, la première, et jusqu'à
ces derniers temps la seule que l'on eût sur TOxus supérieur [a Per-
sonal Narrative of a journey to the source of the river Oxus, Lond.
1841, 1 vol. avec carte). Un mémoire de M. Yule donne un nouveau
prix à cette réimpression (1872, J. Murray).
V
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154 ASIE. (n«' 156-162.)
oision rigoureuse qu'on ne peut guère attendre que d'un
astronome de profession^ les obnervationi du Mirza, là où
l'on ne peut les contrôler, donnent les latitudes vraies avec
un écart maximum de 4 à 5 minutes. »
Voici la liste des déterminations principales du Mina,
auxquelles le major Montgomerie a fait les corfeetions ju«
gées nécessaires :
Longitude.
Altitude
Localités.
Latitude.
E. de
Greenw.
Paris.
en
mètrfrs.
Khoulm (Tâchkourgân)*
86° 37'
67047'
65° 27'
Koundouz.
36 45
69 4
66 44
Houstak.
36 59
69 51
67 31
1554
Faîzabad.
37 2-
70 36
68 16
1554
Ichkaschïm.
36 45
71 88
69 18
3292
Pandja.
37 5
72 39
70-19
Lac Pamir, ou Barkât Ya3s(n.
87 <4
74 18
71 58
4054
Sirikoul (Tàchkourgàn).
37 4i
75 13
72 53
3348
Tanghi-Hissar.
38 58
76 26
74 6
1585
Kachgar (Yangha Chèhr, ou la
Ville-Neuve).
Le Vieux Kachgar^
39 26
76 16
73 56
1554
39 29
76 12
73 52
C'est sur cet ensemble de données que la ctirte qui ac-
compagne le rapport, ou, pour mieux dire, le mémoire du
major Montgomerie, a été construite.
Les altitudes ayant été déduites du point d'ébuUitîon de
l'eau, laissent place , ainsi que le fait observer M. Mont
gomerie, à un certain degré d'incertitude; elles peuvent .dn
moins fournir une approximation satisfaisante de Tahitnde
relative des différentes places.
M. Montgomerie fait remarquer que la position de
Kachgar, telle qu'elle se déduit des observations du Mirza,
est plus orientale que sur la carte du Turkestan construite
en 1867 sous la direction du colonel Walker, «déplace-
ment que j'avais prévu il y a déjà plusieurs années, ajoute
le major, lorsque j'essayai de fixer la longitude de Yarkand,
celle de Kachgar m'ayant paru dès lors devoir être portée
plus à Test, »
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LE badakchAn. 155
M. Montgoînerie fait encore remarquer à ce sujet que
d'après les récents explorateurs russes, la longitude de
Kachgar, telle que la donnent leâ cartes antérieures y de-
mande à être reculée d'environ 2 degrés vers l'est, ce qui la
mettrait par 75" 57' environ (GreenWi). « Mais il convient
de remarquer que cette approximation, qui est de 15' plus
occidentale que la longitude 76'^ 12' à laquelle je me suis
arrêté, ne se rattache encore qu'à un seul point fixé astro-
nomiquement, à savoir, l'extrémité occidentale du lac Issi-
koul, dont le chiffre pourra bien, peut-être, recevoir quel-
que correction. »
Dans rétat actuel des choses , les géographes auront à
chjisir entre ces deux approximations, celle des astrono-
mes russes et les combinaisons du major Montgomerie.
Dans Tincertitude, et, en attendant une vérification directe,
on pourrait s'arrêter à une moyenne provisoire.
S 2. Le Havildar.
Dans sa communication, également fort importante, sur
la reconnaissance faite par le Havildar (ou sapeur) de Peî-
chavèr au Badakchân (ci-dessus, n* 161), le major Mont-
gomerie en résume les principaux résultats dans le passage
suivant :
« La longueur de la route reconnue est de 286 milles
(460 kilom.), à travers un terrain tout à fait neuf pour l'ex-
plorateur européen. La route touche un grand nombre de di-
stricts, et détermine avec toute l'exactitude désirable un
certain nombre de places importantes. Elle donne à la géo-
graphie environ 13 000 milles carrés (de 33 à 34000 kil.
c.) de cette terra ignota, et elle aidera à ébaucher la géo-
graphie d'un area encore plus étendu. La route est éche-
lonnée par vingt observations de latitude faites sur cinq
points. Les observations du point d'ébullition sont très-
maigres, le havildar, qui en était à sa première expédition,
uiyiuzeuuy^OOgle
156 ASIE. (n~ 156-162.)
n'appréciant j)as suffisamment cette nature d'observations.
D'après l'existence d'un glacier et la présence de la neige
en septembre, ainsi que par d'autres inductions, il croit pou-
voir conclure que le col de Naksân (dans l'Hindou-koh
oriental) dépasse 17 000 pieds d'altitude (5200 mètres), et
que la passe de Dora peut être de 16 000 à 16 500 pieds
(de 4900 à 5000 mètres).
« La position de Tchitral a toujours été un grand desi-
deratum ; or, le bavildar en a déterminé la latitude par trois
observations concordantes auxquelles on peut avoir con-
fiance, et la distance parcourue, combinée avec cet élément,
donne vers le nord de Peîchavèr une position en longitude
qui ne peut pas s'éloigner beaucoup de la position vraie.
< En somme, le havildar a rempli sa mission d'une i&a-
nière satisfaisante, et, de plus, il a fixé, par le relevé des
directions, la position d'un certain nombre de pics, qui ai-
deront à préciser sur la carte les montagnes environ-
nantes. »
Le colonel Walker (dont la carte a été mise en cause) n'a
pas tout à fait la mêmQ confiance dans le concours des
auxiliaires indigènes, ni dans les résultats de leurs explo-
rations. Toutefois, il fait remarquer que la détermination
de l'altitude de Tchitral par le bavildar à un peu plus de
2100 mètres seulement au-dessus du niveau de la mer, est
un fait remarquable dans la géographie physique de cette
région. Quand on considère que les seuls pics de l'Hindou-
koh dont on a jusqu'à présent déterminé la hauteur, ont
de 6500 à 8500 mètres, ce fait que Tchitral descend pres-
que à 2000 mètfes, quoique situé à peu de distance de la
chaîne, a pu d'abord paraître très^douteux, jusqu'à la dé-
termination de l'altitude de Yassïn par M. Hayward à
7700 pieds anglais (2350 mètres environ) , Yassïn étant à
peu près à la même distance de la ligne de faîte de l'Hin-
dou-koh que Tchitral. Il paraît donc probable que la chaîne,
dans cette partie, éprouve yne dépression considérable.
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TURKESTAN RUSSE. 157
Quand nous connaîtrons mieux la géographie de cette con-
trée, nous aurons probablement à faire subir ^ de gi*â.nds
changements au système de montagnes tel que nos cartes
le représentent. Le massif fortement accentué qui repré-
sente actuellement la ligne de partage entre l'Oxus et le
Cophès se trouvera sans aucun doute beaucoup moins éle-
vé que nous ne le supposons, et il pourra bien arriver que
les plus hautes sommités du système soient au sud de la
ligne de faite.
IX
TURKESTAN.
Suite.
TURKESTAN RUSSE.
163. F. Marthe. RussischeArbeiten ûber Asien, ausdem Jahre 1870.
ZeUschr. der Gesellschaft fur Erdk, zu Berlin, 1871. n» 35,
p. 440-475.
Cet aperçu des travaux scientifiques des Russes en 1870 dans la zone
moyenne et le nord de TAsie, fait nécessairement une part considéra- ,
bit au Turkestan russe, où des reconnaissances étendues et d'impor-
tants levés topographiques ont eu lieu, appuyés sur les déterminations
astronomiques sans lesquelles il n'y a pas de géographie positive.
Quoique succincte, à raison du grand nombre de sujets qu'elle
embrasse, la Notice de M. Marthe est très-complète pour Tan-
née 1970.
1S4. A. Fedschenko. Reise in Kokan und zum Nordende der Pa-
mir, 1871. Mittheilungen de Petermann, 1872, n* 5, p. 161-
168.
La première relation de cette course scientifique de M. Fedchenko
dans les nouveaux territoires de Turkestan russe, a été publiée en russe
dans une brochure imprimée à Tachkent en 1871 ; outre la rédaction
allemande que nous en avons ici, M. Marthe en a aussi donné la tra-
duction dans le journal (Zeitschrift) de la Société de Géographie de
Berlin, 1872, n» 38, p. 170-189. A la suite de sa version, M. Marthe a
traduit (p. 190-301) un autre opuscule de M. Fedchenko intitulé :
• Catalogue des localités visitées par l'expédition scientifique envoyée
dans le Turkestan par la Société impériale des Amis des Sciences Na-
turelles, de l'AnthropologleJ et de l'Ethnographie, de 1869 à 1871,»
ûigitize'5% Google
158 ASIE. (N*»' 163-170.)
opuscule fort important par les données hypsométriques qu'il contient,
chaque localité étant accompagnée de sa cote d'altitude. Enfin, M. de
• K-hanikoff a bien voulu faire, pour la Société de Géographie de Pa-
ris, un extrait de ced documents que no as reproduisons ci-après, heu-
reux de rencontrer un tel eoUaborateux. Le D' Petermann annonce au
reste dans les Mittheilungen la publication prochaine d'une relation
plas développée, accompagnée d'une carte construite sur les documents
nouveaux, selon la coutume qui donne une si haute valeur au précieux
journal géographique de Gotha. — On avait déjà de M. Fedchenko un
aperçu descriptif de la vallée de la Zérafchân (dont la célèbre Samar-
kand est le centre), dont une traduction anglaise, accompagnée d'une
carte provisoire, a été insérée au t. XL du journal de la Société de
Géographie de Londres (voir le précédent vol. de V Année Géographi-
que, p. 51, n°94).
165. Du même : Note on the ruins in Samarcand; from the russian.
Proceedings of the Roy, Geogr, soc, XV, n« 5, p. 393-396.
166. D' Radloff. Das mittlere Serafschanthal. Zeitschrift der Ge-
sellsch. fur Erdk. zu Berlin, 1871, n" 35, p. 401 439; n» 36,
p. 497-526 (avec une carte construite par M. Radloff sur les re-
connaissances militaires de Pexpédition russe de .1868).
Ce morceau est le résultat d'un voyage fait par l'auteur en 1868,
avec les instructions de la Société de Géographie de Saint-Péters-
bourg.
167 Major-general Abramof, chief of the Zarafshan district. The
principality of Karategin. Transi, from the russian by R. Mi-
chell. Journal of the Roy, Geogr. soc, vol. XLI, 1871, p. 338-
342.
Premières informations un peu précises sur un canton jusqu'à pré-
sent inexploré et tout à fait inconnu, si ce n'est de nom. — Voir
ci-dessous la notice de M. de Khanikoff sur la relation du professeur
Fedchenko.
168. Chepelew, officier d'état> major. Le défilé et les glaciers de Mou-
zarte, dans la chaîne du Thian-chan (trad. du russe par M. Bros-
set îeixnQ). St.-Pétersh.f 1872, in-4% 16 pages.
L'original a été publié dans le Bulletin (Isvestïa) de la Société de
Géographie russe, t. VIII, 1872, n" 4, p. 113-137. La chaîne neigeuse
du Thian-chan (le Mouz-tàgh, ou Montagne de Glace, des Mongols), si
longtemps reléguée pour nous presque dans le domaine de la géogra-
phie mythique, va être enfin foulée par le pied des voyageurs euro-
péens. Ainsi que le fait justement remarquer M. SpSrer, dans son
Aperçu des travaux de la Société de Géographie russe en I87i (#t<-
theil, de Petermann, 1872, p. 213), la prise de possession du Tarbaga-
taï par les Russes ouvre un nouveau champ à l'activité des explorateurs
ru>s;s, dont Kouldja, par sa position, devient le centre naturel. Le
Thian-chan oriental cesse d*étre une région interdite à nos investiga-
tions. Voir ci-après aux développements, le S 2.
169. Stebkitzki. Les steppes des Turcomans. Bulletin delà Soc. de
Géogr, de Paris, avril 1871, p. 457-467.
Cette ji9te n*«8t qu'un court extrait d'un travail considérable adressé
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TURKESTAN RUSSE. 159
par M. Stebnitzki à la Société rasse de Géographie de Tiflis, et qai
donnera probablement lieu à une publication plus étendue. La relation
se rapporte aux steppes comprises entre la côte orieniale de la mer
Caspienne et la moitié inférieure du cours de TOsus ou Amou>déria, et
aux tribus torkomanes qui parcourent cette grande région entre Khiva '
. et le Khoraçàn, particulièrement à la borde nombreuse des Téké. La
partie aujourd'hui desséchée de Tancien Ozus est comprise dans ces
limites, et elle est l'objet d'une étude spéciale de l'auteur sur laquelle
nous reviendrons ci-dessous.
170. Les Turkomans Yomouds. Extrait de la Revue Militaire russe,
janvier 1872. Ibid. juillet, p. 158-170, et sept. p. 319.
S i^'. Les parties inexplorées ou peu connues du Turkeskan russe.
Notes de M. Fedehenko.
M. Pedchenko, professeur d'histoire naturelle à TUni-
versité de Kazan,areçu delà Société des Sciences naturelles
de Moscou la mission d'étudier les nouveaux territoires du
Turkefitan russe, et en particulier la célèbre vallée de Sa-
markand arrosée par laZarefchân. M. Fedchenkoafaitcon--
naître les résultats physiques et géographiques de sa mission
dans quelques publications fragmentaires qu'ont reprodui-
tes les deux principaux organes géographiques de rAlIema"
gne (ci-dessus n"^ 1 64 et 1 65) , et doat M. de Ehanikoff a donné
à la Société de Géographie de Paris une analyse succincte,
avec des remarques que nous reproduisons :
Les explorations de M. Fedchenko comblent des lacunes con-
sidérables dans nos connaissances du territoire de Khokand, et
redressent beaucoup de renseignements erronés admis sur la
foi- de rapports verbaux peu exacts. Le vaste terrain monta-
gneux qui s'étend entre la limite méridionale de Khokand et la,
chaîne de THindou-kouch n'est maintenant resté inexploré que
sur une longueur comparativement insignifiante, car il se borne
à l'espace compris entre le Kizil-soii, dernier point au sud visité
par M. Fedchenko, et le lac Siri-koul (lac Victoria) découvert et
déterminé astronomiquement par le voyageur anglais le capitaine
Wood.
La largeur de cette bande ne dépasse pas la distance de
Tachkend à Samarkand, à savoir, 420 kilomètres. M. Fedchenko
a donné à ses lecteurs une idée claire et assez détaillée sur
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160 ASIE. (n*»' 163-170.)
l'orographie et l'hydrographie du khanat de Khokand; mais ce
sont surtout les renseignements qu'il a fournis sur les confins
orientaux de cette province qui ont une haute importance géo-
graphique, car là le zélé voyageur a pu déterminer la positj^ n
du partage d'eau entre POxus et le Jaxartes, l'Amou et le Syr-
Daria des géographes modernes, de même que la position de
Ouzkend. Cette ville, qu'on plaçait à 120 kilomètres au sud -est
d'Andidjân, n'en est éloignée que de 63 kilomètres et se trouve
exactement à l'orient de ce dernier point. En général, le levé de
M. Fedchenko recule considérablement à l'orient la frontière
qui sépare Khokand des possessions de Yacoub Bek de
Kachgar.
. Les montagnes méridionales du khanat de Khokand ne sont
pas très-élevées, et s'étendent en collines alignées parallèlement
en plusieurs chaînes. Au delà de ces élévations, aux sources du
Sourkhab (Eau rouge, Kyzil-sou en turc) se trouve un plateau
élevé d'un peu plus de 8000 pieds anglais (environ 2400 mè-
tres), nommé Alaï. Il est borné au sud par une puissante chaîne
de montagnes, dont les cimes sont couronnées de neiges éter-
nelles. M. Fedchenko croit que la hauteur moyenne de ces
cimes n'est pas inférieure à 5500 ou 5800 mètres, mais que les
plus élevées ont certainement 25 000 pieds anglais de hauteur
absolue (7600 mètres). Quant à la hauteur de la ligne des neiges
éternelles dans cette partie de l'Asie, le voyageur russe la fixe
à 4300 mètres. M. Fedchenko nomme cette large bande de mon-
tagnes chaîne Trans-alaïenne, et dit que sa pente septentrionale
sert de limite au sud du territoire de Khokand, contigu en cet
endroit au khanat de Karatéghin, ou Karaduighôn, qui n'a pas
100 000 habitants, tandis que la population du khanat de
Khokand est évaluée par M. Fedchenko à 7 ou 800 000 hommes.
Karatéghïn est peuplé de Tadjiks purs, tandis que Khokand,
d'après le voyageur russe, est habité par des Sartes, mélange
de Turcs et d'Iraniens. En outre des Tadjiks, la province de
Karatéghïn contient aussi des nomades , les Kara-Kirghiz. Le
chef de Karatéghin se considère comme étant issu d'Alexandre
le Grand, et prend le titre de chah. Les chefs de district, à
Khokand, se nomment serkerdeh] dans le khanat de Kara-
téghïn, ils portent le nom de beks. L'administration du Kara-
téghïn est concentrée dans les mains d'un employé supérieur
nommé mirzadar^ qui a plus de pouvoir que le chah lui-môme.
Les impôts sont payés en produits de terre et en travaux pu-
blics. Chaque famille est astreinte à fournir annuellement au '
A
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LE THIAN-CHAN. 161
trésor on pot de beurre, deux bœufs, et une certaine quantité de
bois de chauffage ; en sus, elle est tenue d'envoyer un certain
nombre d'hommes pour cultiver les terres appartenant au
chah.
M. Fedcheoko admet l'existence du Pamir, que plusieurs
géographes considéraient comme problématique. D'après le
témoignage des iodigènes, il y a deux Pamirs, le grand et le
petit, Pamir % Kelân et Pamir i Khourd. Ce dernier est,
d'après M. Fedchenko, probablement celui qui figure sur les
cartes anglaises autour du lac Siri-koul ; quant au premier, le
voyageur croit qu'il s'étend au sud et à peu de dislance des
monts Trans-alaïens, et qu'il forme un vaste plateau jusqu'à
présent inexploré.
Nous n'irons pas jusqu'à dire, avec M. de Ehanikoff,qu6
la communication de M. Fedchenko a pour Torographie
de l'Asie la même signification que la (Recouverte des sour-
ces du Nil pour la géographie de T Afrique; car dans cet
ordre d'appréciations il faut faire entrer en ligne de compte
la notoriété historique. Les hauts plateaux qui constituent
la terre de Pamir ont d'ailleurs besoin d'être complètement
et régulièrement reconnus dans leur ensemble, avant que
Ton puisse se prononcer d'une manière définitive sur leur
nature et leur caractère.
S 9. La passe principale da Thian^chan. Première reeonnaiisance rasse.
Nous avons fait ressortir déjà l'intérêt du voyage de
M. Ghépéleff, un des officiers d'état-major du corps dW-
mée du Turkestan russe, dans la partie centrale du Thian-
chan, énorme chaîne à laquelle ses glaciers et ses neiges
perpétuelles ont valu le nom mongol de Mouz-tagh,
< la montagne de Glace 3». Cette partie de la chaîne, qui
sépare la nouvelle possession russe du Tarbagataî (la ci-de-
vant Droûngarie) des États aujourd'hui indépendants de
l^achgar et de Yarkand, a été pour la première fois l'objet
de reconnaissances partielles, en 1869 et 70, par deux qf-
ïv'année géoçb. xî. Ht
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l62 ASiÉ. (n*- 163-17O0
fiders rusi^étf, MM. Polttta.tsky et le BaK)ii de Kaùffiars.
Le nouvel explorateur, M. Ghépéîetf, s'est trouvé, en 1871,
dans de meilleures conditions que ses deux prédécesseurs,
et a ponssé plus avant ees reeonnaifRsances. Il s fraàchi
la grande et difficile passe de Mou^atrt, q'tti edt là roitité
ïa plus ôrcËinaire des caravanes, éi î| & piî levét et iûô-
surer à la chaîne l'espace qu'il a parcouru.
Le défilé de Mouzarl i^'ottVrefi^r la partie dn Tkîan-efaan
qui ô'éteïid à Kestde flssyk-koul. On le regardé? comme la
totfte la pîus directe éûtre la Dzoûngarie et le ïùrkestân
orientd. Selon le témoignage des Chinois, cette passe pré-
sente des difficultés extraordinaires et des dangers sérieux,
à cause des immenses glaciers qui l'entourent.
M. Chépéleff donne une description circonstanciée de ïi
passe et des opérations qu'il y à accomplies. Lé défaut dé
Baromètre (if n'avait pu s'en procurer ni & Tachkent ni i
1^enyï)ne lui £ pas permis de déterminer ïa bâufèur du col;
mais des considérations de diverses sortes lui font évaluer
a 4000 métrés environ l'attitude du sommet dé la passé au-
dessus du niveau de la mer. La longueur du défilé, de-
puis les premiers contre-forts du Thiân-ctafi jusqu'au som-
met du col, a été mesurée à la chaîné et s'est trouvée dé
50 verstes^ Si la pente méridionale a sensiblement la
même étendue que k p^tte mesurée, l'épaîsseur du mas-
sif formé par la chaîne est sur ce point d'une centaine de
verstes, c'eôt-à-dt^é d'un degré de latitude, un peu ptug ou
moins.
L'étendue de te Dffer de gl«eé qiie l€ tî>yâgëttf a visitée
àvdt près de 8 vérités âé lùtiguevtt Èuf une verëte et demie
h 2 teri^teâ de large; inâis à côm|yte^ àa sdmmet, visible à
Fest, jusqu'à t'exti^émlté, ee bâssiff gltfcé, q|ui a ùb€ pesite
bien apparente verô le sud, doit avoir titt parcours (FenvirôBr
14 ^erstes.
1 . On sait que \à \em.é ëet un feu j^lu^ l'ôtigué que l€ MStaètte,
ûigitizedby Google
l'ancien lit ûe l'oxus. iéi
Le Yoyâgemr termine ainsi sa commumcatton : « Kotis
ce saurions nons dire entièrement satisfaits des réèûHats de
notre voyage ; nous avions espéré faire une récolte autre-
ment abondante d'obi^ervations sûr la p'arfié sud dtt défilé de
Mouzârt. Là présénde du piquéft kacigàr, à {jèu de distance
du col, etlé iiianque de fourrage pour nos chevaux, nous ont
forcés, sotts pehie de très^graves inconvénients, àrebroussei
chemin plus tôt que nous ne l'aurions souhaité. NéaninoinSy
notre excursion a contribué à constater le fait de l'existence
d'immenses glaciers sur le veréant sud duThian-chan, et de
l'extrême difficulté du passage de Mouzart, dont nous en-
tretiennent les sources chinoises a^ec un degré d'exactitude
que nous sommes à même d'apprécier aujourd'hui. »
S 3. L*aDcien lit de TOxus.
M. Stébnitzli a donné sur le lit desséché du bas Oxus (ci-
dessus, n" 169) des notions précises fondées sur Tétude
sérieuse d'une partie Bolable de cet ancien Kt. Il a fait des
observations Baroinétriqueé, des nivellements, dès collec-
tions géologiqnes qui lui ont permis d'arriver k des con-
clusions presque certaines sur les lÛÛ derniers kilomètres
de réneien lif dé l'Oins, c'èet-à-dire sur k partie de ce lit
comprise entre la mer et le puits Âïdïn.
Les lieux explorés par M. Stebnitzki portent des traces
si évidentes du lit d'un fleuve jadis important, que l'on ne
peut s'y tromper. Ses deux rives, nettênïent dessinées, por-
tent encore les marques d'un dépôt alluvial^ on retrouve les
mèmeé vestiges sur les bancs et léâ mfoniicùles, qui, s'éle-
vant du fond du lit à différentes hauteurs, ont été peu à peu
attaqués par l'eau à mesure qu'elle btdssait. La netteté de
toutes ces traces est telle, qu'on serait porté à croire que
Tesu coulait dans ce lit il n'y à pas longtemps. Â droite et
à gauche de cette rigole, ïé terrain s'élève en pente et forme
une vallée qui n'a pas moins de 6 kilomètres de largeur.
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164 • ASIE. (n*» 171-178.)
Les sillons qui creusent le flanc des montagnes et descen-
dent jusqu'au lit de TAmou-daria sont creusés par ses af<
fluents. D'après les déterminatioi^s barométriques et les
nivellements exécutés par M. Stebnitzki, le lit du fleuve, sur
une étendue de 100 kilomètres, aune pente peu éensible
vers la mer Caspienne; c'est pourquoi il est difficile d'ad-
mettre que le soulèvement des côtes ait amené la dispari-
tion du fleuve.
X
ASIE RUSSE.
Suite.
SIBÉBIE. TERBITOIRE DE L^AMOÛR CD MANDCHODRIE RUSSE.
171. Bulletin de la Soc. de Géographie d*Irkoutz (branche Sibérienne
de la Société de Géographie russe). T.1, 1870-71, en 5 fascicules
(en russe).
Voici l'indication des principaux morceaux contenus dans le yoIu-
me : Boutïn^ expédition à la recherche d'une roate de commerce en
Chine par la Mongolie orientale. — P. Orloff, changement dans le ni-
yeau du lac Baïkal. — Dobrotvorsky, la partie méridionale de Tile
Sakhalïn. — Dybovtky et Hodlefsky, études sur Textrémité S. 0. du
lac Baîlcal. — G. Fritehé, déterminations astronomiques, hypsométri-
ques et magnétiques de vingt-deux points en Mongolie et dans le Nord
delà Chine; etc., etc.
172. G. Kennàn. Tent life in Siben'a, and adventures among the Ko-
raks and other tribes in Kamtchatka and T^orthem Asia. Lond.y
1871 , petit in-8».
L'auteur était attaché, en 1865 et 66, à la commission télégraphique
qui s'était proposé de relier TEurope à rAmérique par le Nord de
l'Asie. Quoique son tempérament tienne beaucoup plus du touriste que
du voyageur sérieux, on ne laisse pas de glaner çà et là quelque bonne
remarque sur les tribus de l'extrême Sibérie.
173. W. ScHOTT. Die fûrwôrtlichen Anhànge in den tungusischen
Sprachen und in Mongolischen. Abhandlungen der K, Akad,%u
Berlin. 1869. Berlin, 1870, 1" Partie, p. 267-307.
174. Fùrst P. Kropotkïn. Die bisher in Ost-Sibirien barometrfsch
bestimmten Hôhen. Mittheilungen de Petermann, 1872« n** 9,
p. 341-353. t
Le prince f, Krapotkln, à qu l'on doit déjà dlntéressantes commu-r
uiyiiizeu uy >.^« v^ v^' pc i n^
ASIE RUSSE.
165
nications sur la Sibérie orientale et le nord-est de la Mongolie {Année
géogr.y t. Y£, 1867, p. 212 et 216), a réuni ici, d'un grand nombre de
sources (auxquelles se sont jointes ses propres observations), ce que
la science possède jusqu'à présent de données hypsométriques sur la
Sibérie orientale. Non-seulement M. Krapotkïn a dressé une liste très-
étendue des cotes d'altitude fournies par les observateurs, mais il a
discuté à fond les données relatives à quelques points principaux, à
Irkoatsk, notamment, à Nertchinsk, au lac fiaîkal, etc. Nous tirons de
son ample catalogue quelques points particulièrement intéressants.
Longitude
Altitude
Localités.
Latitude.
E. de
Paris.
en
mètres.
Observateurs.
IrkovtalL.
52016'
1010 56'
370
— Niveau de l'Angara.
362
Balkal, niveau moyen.
390
Krasnovîarsk.
56 1
90 28
147
Nikolalefsk sur l'Amour.
53 8
138 25
12
Kirensk.
57 47
105 48
245
Erman.
lakttutelL.
62 1
127 25
98
—
Setioghinsk.
51 5
104 18
477
—
Niveau de la Selinga,
près de la ville.
455
Panzner.
Kiakhta.
50 19
104 10
705
Erman.
Nertchinsk.
51 58
114 15
444
— '
Okhotsk.
59 21
110 51
4
—
Plateau de la Vitïm, point
de partage du lablo-
novoï.
52 3
110 35
1140
Tchita (niveau de Tin-
Roda).
52 1
111 10
538
Confluent de la Bistraïa
et de l'Argoun.
52 12
118 22
441
Bargousïn.
53 37
107 20
437
Fuss.
Kansk.
56 12
93 19
192
lénlsnelak.
58 26
89 44
75
—
Nichneudinsk.
54 53
96 42
376
Syan-sïn (Mandchourie).
46 16
127 21
132
Oussoltzefi*.
Pé-toun (Id,)
45 17
122 40
192
—
Ghirïn (Id.)
• 43 47
124 28
210
_
Confluent de la Chilka et
de la Tchassovaïa.
53 25
117 42
346
Krapotkïn.
Confluent de la Mdîa et
de l'Aldan.
60 25
132 11
151
.—
Albazïn (niveau de l'A-
mour).
53 22
121 57
244
~
175. Archimandrite Palladius. Récent journey through Manchuria;
transi, from the russian. Proceedings of the Roy. Geogr. soc,
vol. XVI, n» 3, 1872, p. 204-217.
Nouvelles provisoires. L'archimandrite n'a pas encore transmis à la
Société géographique de Pétersbourg le rapport complet de son im-
portante excursion aa pourtour de la Mandchourie. Voir notre précé-
dent volume, p. 63.
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166 ASIE. (n^ 179-182.)
176. N. Puz^vAtsKr. Voyages dans les possessions russes de TOus-
souri, de 1967 à 1S69. St-Fétersh., 1870, in-8*, 356 pages^ayec
une carte (en russe).
177. Klikoff. Aperçu géographique, météorologique et ethnogra-
phique sur les côtes du golfe de Pierre-le-Grand (Mandchourie
russe). Traduit (du russe) par le éapit. Ghardonneau. An-
nales hydrographiques y 1872, 1*' trim., p. 106-148, avec une
carte.
178. Carte d.u détroit de Tartarie ej 4e Tembouchure du flewe Amour
(n- 2857).
Pablic. da Dépôt de la Marine.
.— Carte de la côte de Tartaiie russe entra la baie ÀxBMrica et
la rivière Tumen-Ula (n- 2858). Ibid.
— Côtp de la Tartarie russe, entre la baie San-Vladimir ef
baie Strelok (n« 2883).
XI
MONGOLIE.
CORÉE.
179. L'abbé Arm. David. Journal d'un • voyageur en Mongolie fait en
1866. Pam, 1872, gr. in-4% 83 pages, avec 6 cartes itinéraires.
(Extrait des Annales du Muséum,)
180. Àlph. HiLNE Edwards. Coup d'œil sur les mammifères de la
Chine et du Tibet oriental. Bulletin de la Soc. d^AcclimcUat.,
mai 1872, p. 239-252.
D'après les collections rapportées par M. l'abbé David.
181. Fr. Hanemann. Bemerkungen zur Karte der westlichen Mon-
golei. Mittheilungen^de Petermann, 1872, n«» 9, p. 326-330,
Carte.
La carte du Nord et de l'Ouest de la Mongolie qui accompagne cet
article est principalement basée sur celle que M. Venioukoff a publiée
en 1871 dans le t. VII du Bulletin (Isvestia) de la Société de géogra-
phie de Saint-Pétersbourg. La notice de M. Hanemann n'analyse pas
seulement les bases de la carte; elle trace l'histoire géographique de
la Mongolie, particulièrement au point de vue cartographique.
182. JouÀN. Expédition de Corée en 1866. Mémoires de la Soc, aca-
démique de Cherbourg, 1871, p. 145-228.
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MONGOLIE. 167
S 1*'« ll^cj^ions 4aas l^ fîorçl ^ la C^^nç e( U Svid-Qaest ()9 1^ Mongolie.
IM. l'abbé David.
Nouis ftvoQfl eu oe^asiony dans noiVQ jivéeié^îA volume
dd r4«ni6 géographigue (p. 70, i>° 123, «t p. 74), (i9 si-
gnaler les importants voyages de M* Ydbbé DaFÎd, de la
société des Lazaristes, en plusieurs parties de la China et
dans les contrées lip^itrophes à rOuest et au Nord-Ouest.
Nous aimons à faire ressortir ces travaux 4^s missionnai-
res catholiques, car ils ramènent notre pensée yerpi les
grands Missionnaires français du dix-septième et du dix-
huitième siècle, eur ceux de la Chine en particulier, qui
n'ont pas p«u aontrihné alors h l'édat et à l'autorité du
nom de laFranee aux yeux des nations lointaines. Quoi-
que les investigations dii voyage fossept principalement
dirigées vers l'histoire naturelle et la géologie, — les col-
lections qu'il a lormées dans ci^te double série sont d'une
richesse et d'une importance exceptionnelles, — la géogra-
phie n'a pas laissé d'en retirer plus d'une information
utile ; on en peut juger par la lettre sur laquelle nous se-
rons ramenés en nous occupant de la Chine, où il trace un
ap^erçu de ses courses. Nous n'avons à nous occuper ici
que de celles qui touchent à la Mongolie, et en particu-
lier au pays d'Ourato, canton d'une éteodoe considérable
situé au nord du grand conde du Hoang-ho , tout à fait à
l'écart des routes habituelles des voyegeurs. L'Ourato a
cet intérêt hietorique, que très-probablement il dx>it soA
nom aux OyrcU ou Oviiràif grande tribu que l'on trouve
motionnée dans l'histoire de Djingbîz-Kbftn, et qui cam-
fait sur la fronlière septentrionale de la Chine.
s 2. Le pays d*Oarato.
VQ%{ratQ (nous laissons parlfr M. l'abbé David) forme
un royaume resserré de l'Est k l'Ouest, mais très-étendu
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168 ASIE. {n«» 179-182.)
du Nord au Midi; il est limité à l'Est par le Toumèt^
pays de Kouï-hoa-tcheng (Kou-kou-Khoto), au Sud par le
fleuve Jaune, à TOhest par le royaume d'Ala-chan, mot
que les Chinois prononcent Holo-Chan, et au Nord par le
Targampeï-li et le Mao-ming-ngan, principautés distinc-'
tes dans l^esquelles les Chinois ont pénétré et qu'ils culti-
vent. Cependant le roi d'Ala-chan ne laisse pas encore cul-
tiver ses terres et les garde en pâturages.
Le pays d'Ourato n'est traversé par aucun cours d'eau ;
de petits ruisseaux coulent seuls au milieu des vallées
montagneuses. La chaîne nommée Oula-chan par les Chi-
nois est la continuation du Ta-tsing-chan, et s'étend à
rOuest jusqu'en vue de l'Âla-chan dont elle est séparée par
une vaste plaine humide. Au Sud des montagnes, le long
du fleuve Jaune, s'étend une plaine de quatre ou cinq
lieues de largeur moyenne, cultivée en majeure partie
jusqu'à la hauteur de la vallée de HatameL Au Nord, de
vastes terrains sont en partie réservés aux pâturages des
troupeaux mongols, et en partie cultivés par les Chinois,
qui escamotent la permission de labourer les meilleures
terres du pays, moyennant une rétribution annuelle en
giains. Ces habiles cultivateurs empiètent tous les jours, et
obligent les Mongols d'aller chercher ailleurs des pâtura-
ges. Toutefois on voit aussi des Mongols qui laissent le
soin peu fatigant des troupeaux pour s'adonner au travail
plus lucratif et moins chanceux de la culture. En effet,
chaque hiver un peu rigoureux fait périr une partie de leur
bétail et les réduit à une excessive pauvreté, tandis que
les industrieux fils du Royaume du Milieu sont comparati-
vement à leur aise. Les Mongols qui s'adonnent à l'agri-
culture ont adopté le costume chinois; mais les femmes
portent encore souvent les cheveux différemment arrangés,
surchargés sur les tempes de bijoux de métal ou de verre,
reliés à leurs boucles d'oreilles. Chez les Mongols pur-
sang d'Ourato, l'arrangement des cheveux seul constitue
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MONGOLIE. 169
la différence entre le costume des hommes et celui des
femmes. Les uns et les autres sont toujours chaussés de
longues hottes de cuiry portent un large pantalon à la chi-
noise, ainsi qu'une longue robe qui descend jusqu'aux ta-
lons et qui est liée par une ceinture fermée à droite par
cinq boutons ronds de cuivre. La coiffure consiste en une
assez jolie toque conique, à bords plus oii moins ornés,
faite de peau fine et de velours, ornée de rubans rouges
qui pendent sur le dos. Souvent aussi les femmes mettent
par-dessus leur robe une sorte de large gilet sans man«
ches.
Les Mongols que j'ai vus paraissent en général très-vi-
goureux et plus fortement constitués que les Chinois; ils
ont souvent la barbe rousse, assez bien fournie, et portent
des moustaches ainsi qu'une petite mouche au menton. Les
fournies sont loin d'être élégantes, mais elles sont très-
robustes et montent fort bien à cheval. Elles sont sou»
vent chargées de la garde des troupeaux et des travaux les
plus pénibles du ménage, qui consistent à récolter et à pré-
parer les argols ou fiente des animaux herbivores (seul
eombustible des plaines et des montagnes déboisées), à
traire les vaches, les brebis ou les chèvres, à faire le
beurre et le détestable fromage de ces pays. Les Mongols
se nourrissent très-pauvrement; quoiqu'ils ne négligent
pas de traire au beâoin leurs juments et leurs chamelles,
ils n'auraient pas cependant de quoi vivre s'ils ne tro-
quaient chaque année une partie de leurs animaux et de
leurs produits contre le millet et le blé-sarrasin de leurs
voisins chinois. Quelque peu de farine d'avoine ou de blé
bouillie à l'eau est pour eux un grand luxe de table ; leur
ordinaire consiste en quelques pincées de thé noir qu'ils
font bouillir dans une marmite en y ajoutant du sel, et
(s'ils en ont) du beurre ou du lait, et une petite quantité de
millet et de farine des plus grossières.
L'Ourato se divise politiquement en trois principautés :
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170 ASIE. (n^ 179-182.)
le Taung-Koung, le Tchoung^Kaimg et le Si-Kaung (prin-
cipautës Est, Centre et Ooest)^ régies pur autant de petits
princes. GenxHÂ se réunissent tous les ans avec les prinoes
dn Mao-ming-ngan et du Tiurgam-peï-li, pour traiter des
affaires communes. Tous les trois ans ils doivent aller à
Péking, rendre hommage à FËmpereur et en reoevoir des
cadeaux en argent.
Géographiquementy TOurate peut de même se diviser en
trois parties: l^ TOurato m^éridional, plaine resserrée entre
le fleuve Jaune et la chaîne parallèle de rOuIa-chan, mesu-
rant une centaine de lieues de Test à Touest; 2^ l'Ourato
central, région montueuse à constitution généralement gra-
nitique, mais dont les pics les plus élevés, nommés Matk-
non-oula par les Mongols, n'ont pas plus de 2Û00 mètres
d'altitude. Les montagnes occidentales oSrent esucove quel-
ques vallées boisées, tandis qu'ailleurs on ne reneontre
guère que de misérables broussailles qui disparaissent tous
les jours sous la hache et la pioche des Chinois; 3®r.Ourato
septentrional, renfermant de nombreuses montagnes assez
basses, et des plaines oà paissent les troupeaux mongols,
parmi lesquels comptent des yaks venus nutrefois du Tibet.
S 3. Une trayersée de la Mongolie orientale. Le relief da Plateau.
M.Przevalski.
M. de Przevali^î, auteur d'une importonte relatiopi
de l'Asie orientale imprimée en langue russe à Saint-Pé-
tersbourg en 1870, était chargé par le gouvemeiaent russe
d'une mission dont l'objet était de recueillir des matériaux
statistiques sur ises lointaines possessioQS, et de conetater
la siuiation des colonies n^litaires établies de distance QP
distance sur la rive droite de l'Oussouri. Les journaux géo-
graphiques d'outre^Rhin ont traduit eii allemapd différents
extraits que nous leur ^empruntons k potre tour ; en yom
un qui se rapp(»r(e à la traversée de k p^tie du Pi^au
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MONGOLIE. 171
de la Mongolie entre la haute Selinga et Péking. Ce mor-
ceau avait déjà paru dans le Bulletin {Isvestïa) delà Société
de G-éographie russe. M.Przevalski a fait cette traversée au
mois de mars 18711. Bien que se trouvant là sur un terrain
déjà foulé par de nombreux Européens, l'explorateur paraît
livoîr beaucoup ajoi^té à la précision des notions autérieures
sur les conditions physiques et la configuration de ce grand
trait du relief de TAsie.
De Kiakhta (800 mètres au-dessus de la mer}, le Plateau
de la Mongolie s'étend lespace de 200 verstes, jusqu'à la
iivière Karagol, sans changer sensiblement de niveau; là il
8'élève brusquement d'environ 450 mètres, puis on monte
eonstamment sur un parcours d'environ 150 verstes, pour
gagner un nouveau gradin dont Taltitude est de près de
&000 mètres. A une cinquantaine de verstes plus loin, on
atteint le maximum de l'altitude de cette région, 2180 mè-
tres; puis, sur un parcours de 340 verstes le niveau descend
graduellement à 1067 mètres, àmirchemin environ entrp
Ourga et Kalgan. Ici le terraia se relève de nouveau durant
un parcours de 380 verstes, et Ton gravit ainsi le troisième
étage du Plateau jusqu'à ce que se termine l'escarpement
méridional, et dont la hauteur est presque de 2000 mè-
tres.
Dans la contrée montagneuse du nord du Plateau il y a
des forêts qui plus au sud disparaissent entièrement. La
dernière forêt se trouve à une cinquantaine de kilomètres au
sud d'Ourga. Parmi les arbres de ces forêts domine le Pir
nus sylvestris^ auquel se mêlent çà et là le Pinus LariXy le
Betula et le Populus Tremula. Par contre, le fond des var-
iées et la pente des hauteurs se couvrent partout d'une
^erbe haute d'un pied à un pied et demi, qui fournit toute
l'année une pâture excellente aux troupeaux des Mongols.
A 250 verstes environ au sud d'Ourga commeuce le Gobi
proprement dit, désert qui s'étend de l'ouest à l'est sur un es-
pace immense, tandis que son éteudue du nord au sud^ là où
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172 ASIE. (n»' 179-182.)
le voyageur l'a traversé, n*est guère que de 600 verstes, à
peu près 650 kilomètres.
Le Gobi manque absolument de bois; çà et là seulement,
au pied d'une hauteur ou sur 1q bord d'un courant dessé-
ché, on trouve un arbre isolé, objet d'une vénération reli-
gieuse pour les Mongols. Dans la maigre flore du Gobi, lei
espèces dominantes sont les graminées et les composites.
La population diminue dans la même proportion que les
moyens de subsistance ; elle devient plus rare et plus dis-
persée à mesure que Ton s'enfonce dans la région qui vient
d'être décrite. Le Mongol rompu aux intempéries, et le
chameau son fidèle compagnon, peuvent seuls habiter ces
solitudes sans bois et sans eau, que brûle en été un soleil
tropical, et que pénètre en hiver un froid polaire.
La limite naturelle entre les hautes terres et les plai-
nes basses de la Chine est nettement et fortement marquée.
Elle est formée par une chaîne étroite d'un caractère bien
accusé, quoique sa hauteurverticale ne dépasse pas l'altitude
du Plateau. Des passes à parois verticales, des gorges pro-
fondes, des sommets escarpés et des masses colossales de ro-
chers à pic, enfin un caractère constant de stérilité sauvage :
tels sont les traits qui caractérisent cette chaîne frontiWe ,
au long de laquelle court la célèbre muraille de la Chine.
Le chemin qui la traverse conduit par un étroit défilé de 25
verstes de longueur jusqu'à la ville de Ealgan. Cette passe
descend par une pente rapide, particulièrement dans sa
partie supérieure. Plus loin la pente est moins raide ; en
somme, Kalgan est plus bas d'un millier de mètres que le
rebord du Plateau.
L'extrait suivant se rapporte an bassin de l'Oussouri.
Quoique cette descrij)tion nous ramène à l'article précédent
consacré à la Mandchourie russe, nous ne croyons devoir
ni la transposer ni la supprimer. La connexion physique do^
mine ici la division politique.
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PLATEAU MONGOL. 173
Lji partie russe' du bassin de TOussouri, que les Chinois ont
définitivement abandonné à la Russie par le traité de Péking
de 1860, s'étend du N. au S. depuis le 48« jusqu'au 42« degré
de latitude. Il est baigné à TE. et au S. par la mer du Japon,
jusqu'à la limite de la Corée, au voisinage du port russe de
Possièt, point oîi la ligne télégraphique russe se rejoint actuel-
lemeÀt aux lignes sous-marines de la Chine et du Japon. A TO. ,
c'est d'abord TOussouri qui forme la limite entre POussouri et
la Mandchourie chinoise ; plus haut le lacHanka, qui, toutefois,
appartient au territoire rasse, sépare les deux empires. Du lac
Hanka, la limite russo-chinoise se porte d'abord au S. 0., puis
au S., jusqu'au point oh les frontières russe, chinoise et co-
réenne se réunissent. Le territoire ainsi délimité, qui formait
antérieurement la partie orientale de la Mandchourie chinoise,
est aujourd'hui l'Oussouri russe dans le sens le plus général ;
dans une acception plus restreinte, les Russes appellent terri-
toire de rOussouri le pays arrosé par les affluents du côté droit
de la rivière, et ils appliquent communément le nom de Trans-
Oussouri, Sa-Oussourishy Krài^ au pays situé au sud du lac
Hanka, ce qui comprend ce côté du bassin du lac et la côte cor-
respondante.
Une chaîne de montagnes connue sous le nom de Sikhoté-
Aîin s'étend dans une direction parallèle à la côte et à peu de
distance de la mer du Japon, depuis l'extrémité sud du terri-
toire jusqu'à Fembouchure de l'Amour. La hauteur moyenne
de cette chaîne est de 1000 à 1200 mètres ; quelques sommités ,
cependant, s'élèvent jusqu'à 1600 mètres et plus. A l'est, du
côté de la mer, la pente est rapide et se termine fréquemment
en falaises escarpées ; à l'ouest, vers l'Oussouri et l'Amour, la
descente est beaucoup plus allongée, et arrosée d'un grand
nombre de cours d'eau qui vont aboutir à l'Oussouri. Cette der-
nière rivière a ses sources dans la partie méridionale du Si-
khoté-Alïn, à 70 verstes (73 kilom.) de la mer ; elle n'est là, à
son origine, qu'un ruisseau de quelques pieds de large. Elle
prend bientôt le caractère d'un torrent, se fraye sa route à
travers une étroite vallée, et jusqu'au point oîi, elle reçoit par
la droite la Lifoudin^ elle est appelée Sandogou. Plus loin, elle
prend le nom à^Oulakhé. C'est seulement après qu'elle s'est
grossie à gauche de la Dauhikhé qu'elle reçoit le nom mand-
chou d^Oussouri, C'est alors une rivière de 130 mètres environ
de large ; néanmoins, à cause de sa rapidité et de la fréquence
des b^ncs de sable, elle n'est encore accessible pour la vapeur
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174 ASIE. (n** 179-182.)
qu'avec des petit* «teame», et seulement atf temps des hautes
eaux. L'Oussoûri ne oommeàee à être navigable pout les ba-
teaux à trfpettf à toutes les époques de Tannée qu'après avoit
reçu à Fouest le Sonngadjii déversoir du grand lac Hanka. A
partir de ce point, POussouri, devenu une grande et no'bte' ri-*
vière, coule Au nord et reçoit de droite et de gauche dès tribu-
taires de plus en plus importants, notamment, à droite, Vlma^
la Biktn et le Por^ et par la gauche, le Nourèn et le Nùt. A son
confluent avec TAmoûr, près de Rabarofka, rOussôurî a î ki-'
lomètres de large. La lorigiieur de son cours est dé SOOverilteà,
environ 850 kilomètres.
Le lac Hanka, qui porte ses eaux à FOussouri, a là kfrriîë
d'une ellipse dont legraBfd axe se dirige' du sud ad noYd suruncf
longueur de 80 verstes, avec une largeur de 6GF vérstes environ.
Il est peu profond; on n'a trouvé que 7 oii 8 mètres dans ss
partie centrale. A une demi-verste des bords, On trouvé* à peine
2 mètres. Ce peu de profondeur, joint à la fréquenté agitation
des vagues sous des rafales violentes, gène sotrvetit là navi-
gation. De ses nombreux affluents, les principaux vieninent dâ
sud et de Fouest. Le plus ck)nsi(îérable est ïe LéfoU; il est navi-
gable pour les petits bateaux à vapeur sur une longueur d'un©
quarantaine de verstes au-dessus deson;embouchtfre: Ainsi qu'on
Fa dit plus haut, le Hanka se déverse dans FOussouri par le
Soun^dji. Bien que profond, le Soungadji est difficile pour
les grands steamers, à cause de ses nombreux méàndreis^^
Le bassin du lac Hanka est un pays plat ; des mafrécages im-
pénétrables s'étendent au sud, au nord et à Fest du lac. A FO.
et au S. 0., il est bordé par des steppes pontuea>ses, dont kr
sol extraordinairem!enii fertile est très -propre à Fagriculturé et
à l'élève du bétail. Déjà quelques colonies russes s'y sont éta-
blies.
La côte du nouveau territoire russe sur la mer du Japon pré-
sente plusieurs baies assez spacieuses ; les Jylus im]f)értaàtes por-
tent les noms russes de Saint-Vladimir y Saint-OlgaySaiePierre'
le-Grand (la Victoria Bay des cartes anglaises). Celle-ci, qèiest
tout à fait dans le sud, se ramifie en plusieurs baies ou anses
plus petites avec de bons mouillages.
A cette esquisse topographique du territoire de FOussouri,
M. Przevalski ajoute un tableau développé de hi végétâtioi^ de
cette région.
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CHIKE. 175
XII
(83. W.H. Medhorst. Brit. consul, Stiangaî. the fbreigner in far
Cathay. Lond,, 1872, petit in-Ô». Map. 6 sh. (Stanford)'.
Guide pràfîque.
184. D' Martin, de la légation de France à P'ékiti. Sûr la statistique
relative au dénoùibi'ément de la population en Chine. BuUetin
de la Soc, de Ùéogr,, juillet 1872, p. 120-132.
— Quelques généralités sur l'alimentation en Ghine. Bulletin
de la Soc. d'AccUmmationj ocï. 1»72, p. 66^-62:2.
— Étude générale sur la végétation dans le Nord de la Chine,
et son importance au point de vue de la question de l'acclima-
fatîon. îbid,, mars.
— Considérations sur la. valeur ethni(|Qe de la mutilation des
pieds de la femme chinoise. Dans le Bulletin de la Soe, d'An-
thropologie de Paris, nov. 1871, p. 304-313.
185. B*"F. V. RïchtAofen. Letter on thé prôvifioe» of Chékiaûg and
Nganhwel. Shanghai, t871, in-4% 17 pa:géS.
— Letter on the régions of Nanking and;Chinkiang. /6td.,1871,
iai-4% 17 pages.
Deux lettres adressées à la chambre de Commerce dé Châfljg^haL
186. Eug. Simon, Conàuî de France. L'àgricuîtùTe en Chiné, à propos
d'une carte agricole de la Chine. BuUetin de la Soc.de Géogr,,
déc. 1871, p. 401-423.
187. M. fàbbé DàViô. Lettré sur ses tbyâges e'û Chine, au secrétaire
général de la Soc. de Géographie. Ihid,, p. 465-478.
188. E. BuissoNNET. De Pékin à Shangaï, souvenirs de voyages. Pa-
ris, 1871, gr. în-18. 3 fr. 50. (Amyot.j
188. C** Ludovic de Beauvoir. Pékin, Teddo, San Francisco (3* vol.
du Voyage autour du Monde). Paris, 1872, gr. in-18 avec cartes
étfig., 4fr.
Voir le vol. précédent de V Année géogt., p. 88, n« Hk»
190. Fr. Garnier. Des nouvelles routes de commerce avec la Chine.
SmeHii dé la Sôt. Oe Géûgir., fevr. 1872, p. 147.160'.
L'auteur s^oecupé particalidrem^t des tentatives faites pxF ït àord
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176 ASIE. (n- 183-195.)
da Barmâ et par le Mékong, — la route anglaise et la route fran-
çaise.
191. P. Gave, Ileut. de vaisseau. L'Europe et la Chine. Revue Marit,
et Colon., janv., et févr. 1872, p. 5 et 217.
Étude historique, politique et commerciale.
192. H. Fritsche. Ueber die geographiscben Gonstanten Pekiogs.
Bulletin de VAcad. impér. de St-Péter$h,, t. XVI, n» 6, p. 465-
486. St-Pétersb., 1871, ln-4-.
Les résultats de M. Fritsche, déduits pour la longitude de 42 cnlmi-
nations lunaires, et pour la latitude également d'une longue série d*ob-
serTations zénitales, lui ont donné
en temps en arc
tongit. E. de Greenw. 7 h. 45 m. 54 sec. 55 = 1I6*28'44"
— (Paris — — il4« 8'35")
Lat. N. — — — 39«56'50"
La Connaissance des Temps (1872) donne
Longit. 114» 8'30'*
Latit. 39o54'13"
— Geographische, magnetische und hypsometrische Bestim-
mungeD aa 22 in der Mongolei und dem nôrdlichen China ge-
legenen Orten. St-Pétersh,, 1871, in-4*', 40 pages, avec une
carte. (Extr. du Repertorium fur Météorologie publié par TAcad.
impér.}.
193. Rev. J. Edkins. The Miau-tsi tribes; with a Vocabulary of the
Miau dialects.Foochow, 1870, in-8*, 17 pages. (Lond., Trttbner.
1 sh.)
194. Ney Elias. Map of the Yellow river. Lond., 1872, 2feuiUes (au
146 000*).
Cours inférieur du fleuve, Tancien et le nouveau lit.
195. D' J. BECHtiNGER. Het eyland Forriiosa. Batavia, 1871, in-4*,
20 pages.
Excursion sur la rivière Tamsouï. Notice sur les aborigènes.
Notes diverses sur la Chine. M. Tabbé David.
Dans une lettre adressée an secrétaire général de la So-
ciété de Géographie (ci-dessus, n* 187),rabbé David rend
compte des courses qu'il a faites sur différents points de la
Chine et dans qaelques-uns des territoires limitrophes; il est
arrivé dans le pays en 1862, et ne Ta quitté qu'en 1870. On
peut croire que durant ces neuf années, eii dehors de sonmi-
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SUR LA POPULATION DE LA CHINE. 177
nistère apostolique et de ses recherches d'histoire naturelle,
le savant abbé a beaucoup vu, beaucoup observé; il est re-
venu riche de matériaux nombreux qu'il espère être à même
un jour de publier. Quelques notes jointes à sa lettre sont
de nature à faire désirer la prompte réalisation de cette
espérance.
Voici ce que M. Tabbé David dit de la population de
l'empire, snjet difficile sur lequel il y a eu tant d'avis diffé-
rents :
« Mes voyages dan$ une grande partie de la Chine
m'ont convaincu que l'énorme population de quatre à cinq
cents millions d'âmes qu'on lui attribue n'est pas une exa-
gération^. Les ravages desTaïpings, des Nienfei^desTangs-
mao, des Mahométans,ont eu beau détruire les villes et les
bourgades, elles ressuscitent comme par enchantement et
en peu d'années. C'est qu'en Chine tout le monde se marie
de bonne heure, et qu'il faut très-peu à un ménage pour
vivre et prospérer, les Chinois ayant trouvé l'art de réduire
à leur plus" simple expression leurs besoins pour le loge-
ment, l'habillement et la nourriture. Aussi, l'accroissement
des familles est tel, que l'excès de la population commence
à se déverser en masses épaisses hors des limites de l'an-
cienne Chine. — * Ainsi, j'ai vérifié, dans mes voyages de
Mongolie, qu'un large espace de la région qui touche à la
Grande Muraille est devenu exclusivement chinois en peu
d'années. Même le grand pays des Ortous ou Ordos, qui
étkit encore tout mongol à l'époque dujpassage de MM. Hue
et Gabet, est maintenant habité et cultivé un peu partout
par les familles sorties du Chan-si et du Chen-si : de ma-
nière que la race mongole, qui dépérit et diminue à vue
d'œil, se refoule vers l'intérieur des hauts plateaux, en
abandonnant aux habiles envahisseurs leurs meilleures ter-
res. Il surgit en peu d'années d'innombrables hameaux, des
1. C'est aussi Topinion de M. leû' Martin. Ci-dessus, n° 184.
l'ànnéb géogr. tu ' 12
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!78 Asm. {f^ 183-1950
bourgs et des villes, qai continuent à dépendre des manda-
rins du lieu de leur origine, et non point des princes mon-
gols.
« D'un autre côté, legouv^mementimpérial a fait tout son
possible pour encourager et kvoriser le iamanismôf et il
a obtenu par là plus que ce qu'il prétendait par la giga»|efi-
que construction de la Grande Muraille, c'estTà-^dire la sé-
curité contre les incursions des populations turbulentes de
l'Asie centrale, où la vie nomade du pasteur n'est pas tev-
jours une ressource suffisante pour Texistence. En effet,
j'ai TU que maintenant toutes ^es lamilles mongoles safoiit
un devoir de consacrer au célibat du lamanismetaus les gar-
çons en général, à l'exception d'un seul; et, chose coriense 1
il paraît, d'un autre côté, qu'il y naît fort ^aeu de fflle^. Le
fait est que la population mongole estaujourd'bui t»Srcl«ir-
sçmée, et se soutient misérablema^t et avec peine du tb^
venu incertain de ses troupeaux, tandis que les indas^e»x
enfants de l'empire du Milieu profitent de toutes les occa-
sions pour avancer leurs empiétements. Et ils font bien :
l'activité et l'intelligence, avee l'aisance relative, cttaa-
placent peu à peu l'inertie et k misàre des pasteurs moa-
gols, qui paraissent avoir fiai leur temps, ou peu s'en &u4.
< Quant à l'intérieur de la Chine, j^dois observer f[ue
plusieurs des principales grandes vlUesde l'empire awt ;en
décadence évidente. Ainsi, on sait que depuis le passage
des rebelles, Nanking est à peu près vide d'liabitan48 à l'in-
térieur de ses musailles; sa fameuse tour de peroeiaine
n'existe plus. La réunion des trois villes d'Ou-tcbazig^ de
Han-keou et de Han-yang, dans le Hou-pé, qui faisait,
d'après les relations anciennes, un centre de population
porté à six ou sept millions ! ne contient plus peut*être que
le tiers de ce chiffre, grâce encore'aux ravages des Taipii^.
Péking lui-même ne renferme pas aujourd'hui un milUon
d'âmes, bien que les Chinois affirment le contraire : la
cause de cette diminution est dans la misère provenant de
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REMARQUES SUR LA CHINE. 179
h Gemati^ dea distribaijons de solde et de liz qi^ie le gou-
?emem^ impénal f^çait à ces deu^ ou trois oejut^le
tekyr)e» ou vexii^^es de la ville. Depuis une vingtaine
d'aniiées> les reibelles avaient occupé les plus riches provin-
068 de Teippire et détruit les l^firques impériales destinées
«« titiQsport d^ çéré^es de la capit;al^. »
l^i MoâUnUi pu Mioù-tsè. ce A quelques journées seuleoçienjt
àrauest de T€Éieâ*tou(Sé-tGhouaîi) se trouve \ine série dç
diaînes de montagnes et de rivières qui courent du çord au
mày depuis le Kan-eou jusqu'au Yun-nan, et forment l'an-
dMine et yéiitfibie frontière mitu^eUe entj:e 1^ Chine et les
pays des barbares Man-tsé indépendants. Politiquement,
ces nombreuses princÂpautés, répandues entre la Chine, le
Tibet et \^ MongQlie, dépendent plus ou moins d.^ manda-
m, lâce-rai de âé-t^iman, de mém^ que tput le Tibet;
mais, en réalité, la^ plupart dejs MaH-tsé font che? eu^
comme ils veulent. Un fait curieux, c'eçt q^'^ne de ces
principautés bigrbiares e^t gouvernée de drpit par une
femme^à laquelle les Chinois voisins donnent le titre de Nyr
« Lee peuples lîifaaï^teé içie parlent pa^ tOMS h znême l^'^
gaçy Çit n'pint poôixt la^me législation; il y aura là matière
à d'intéresi^imtes étu4c»s philologiques et ethnologiques. »
Géographie pkysiqifs. < Le pays des barbues est tout hé-
rissé à» montagnes de difficile accès, et partiellement boi-
sées. G'Qst \k q^ j'^i pbteiiu mes nouveautés géologiques
les pln^ in^éres^autes. G'e^st ^ussi 4^9 cette région que j'ai
rei]|CK)ntré les moin^gnes les plus hautes. Dans le nord de
k Qtùue et dans rOui;atp, ell^s ne dépasseut pas 2000
loètr^s d'altitude ; le I^-chan ou Luchfm» le somruet le
plus élevé connu du Kian-si, n'a que 1200 ou 1300 mè-
treç. — }ILw {m Séstchçiuan, la plaine de Tcheu-tou est
déjà ji 484 m^trfis d'altitude. La maison que j'ai habitée
près d'un an, dans la principauté de Moupîn, est à 2129
mètres au-dessus de la mer, et le chemin qui y mène
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180 ASIE. (n- 183-195.)
passe à plus de 3000 mètres. Le Hong-chan-tïn, ou « mon-
tagne au sommet rouge, » a environ 5000 mètres d'al-
titude : je suis le premier et je serai longtemps le seul des
Européens qui Taie gravi jusqu'à une de ses cimes princi-
pales. De cette hauteur j'ai aperçu vers le Nord et vers
rO. S. 0., des hauteurs tellement considérables, que ma
montagne ne me semblait qu'une colline. Le Hong-chan-
tïn a ceci de particulier, que sa partie supérieure reste dé-
couverte en hiver, tandis que les nuages s'arrêtent et se dé-
chargent de leur neige dans les vallées boisées et les montagnes
moyenues ; le contraire a lieu en été. Un autre phéno-
mène qui mérite d'être noté, c'est que dans l'immense enton-
noir formé par les montagnes qui entourent ma résidence
de MoupîQ, l'atmosphère est parfois tellement chaînée
d'humidité, qu'il suffit, pour la faire résoudre ^t tomber
en pluie^ que plusieurs personnes crient beaucoup ou dé-
chargent leurs fusils à la fois.
c A cause des forêts qui subsistent encore, ces régions
montueuses sont humides et plongées dans des brouillards
presque continuels, qui y favorisent la croissance des Coni-
fères et des Rhododendrons. Ces dernières plantes, dont j'ai
bien distingué seize espèces différentes, quelques-unes for-
mant de grands arbres, sont à feuillage persistant et à ma-
gnifiques fleurs rouges, roses, blanches, jaunes... «
« Quant à la distribution géographique des animaux, j'a-
jouterai que sur 110 espèces de mammifères sauvages que
j'ai notées dans la Chine septentrionale, il n'y en a pas dix qai
soient européennes. Pour les oiseaux, sur 470 espèces obser-
vées par moi au nord du Yan-tsé-kiang, et dont je viens de
donner le catalogue dans les- archives du Muséum, il y en a
plus d'un quart qui se retrouvent aussi en Europe ; et, sur
le nombre total, il y en a 140 que les naturalistes n'avaient
point encore signalées comme appartenant à la faune chi-
noise. »
Notes économiques et sociales. «L'ensemble des impressions
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REMARQUES SUR LA CHINE. 181
produites sur mon esprit par mes différents voyages dans
rintérieur, me porterait à croire que la Chine est bien moins
riche qu'on ne le croit généralement , et qu'elle suffît à grand'-
peine à nourrir son exubérante population (laquelle pour-
tant se contente de bien peu). En dehors de la houille, onn'y
connaît guère de mines métalliques importantes que vers
le Tun-nan; le pays est généralement déboisé, et il n'y
existe plus de restes de forêts que dans certaines monta-
gnes inaccessibles. Les Chinois ne plantent point d'arbres
fruitiers, ou très-peu; même pour la construction des cer-
cueils, on commence à importer du bois en Chine des pays
étrangers et même d'Amérique. En général, ces populations
sont paisibles, travailleuses et polies^pointadonnées à l'ivro-
gnerie, mais ne résistant pas à la passion toujours crois-
sante de l'opium, lequel n'enivre pas, mais ruine la santé
et la fortune des familles. Sans la jalouse et stupide influence
d'une partie des lettrés et des mandarins, les Chinois ne
haïraient point les Européens de bonne conduite. J'ajouterai
que les pures races jaunes des parties septentrionale et orien-
tale de l'Empire sont plus civilisées, plus retenues, plus
calculatrices, moins soumises au sentiment, moins accessi-
bles à l'affection que les races mélangées de l'Ouest et
du Sud; que les missionnaires catholiques vivent géné-
ralement en paix au milieu des indigènes, qui les res-
pectent quand même elles ne veulent pas écouter leur pré-
dication ; que les tracasseries à leur égard sont des faits
isolés provenant d'une certaine classe d'hommes, et, dans ces
derniers temps, artificiellement provoquées par les sociétés
secrètes, nombreuses en Chine. Malgré tout, il y a chaque
année, en moyenne, quinze à vingt mille adultes qui em-
brassent la religion chrétienne (une goutte dans l'Océan I);
et, par l'action des missionnaires, le nom de l'Europe, de
la France surtout, sont avantageusement connus, respectés
et estimés dans les provinces de l'intérieur, comme tous les
voyageurs peuvent le vérifier. Par aonséquent, Tœuvre de
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182 ASIE. (n«' 196-212-)
ces pionniers de la cÎTilisatiôn, Comme on les appeito, dok
être approuvée, encouragée et 'aidée par tons les honnêtes
gens, par tous ceux qui désirent sincèrement le bien.
é Je pais dire, d'un autre côté^opief je pense que la Chine
n'est pas préparée ni disposée à recevoir notre civilisation
6ti^ôpéenne ; elle n'éîi veut pas et elle n'en a pas hesoin.
£Ue possède chez elle les éléments de sa prospérité : sa per^
sonnalité, si originale, qui depuis quatre ou cinq mille
ans dure sans changements essentiels^ n'est-eUe pas là pour
proteste^ contre l'incessante mutabilité des nations occiden-^
taies? Je pense que le jour où la Chine commencera à vou-
loir introduire chez elle des réformes importantes^ marquera
l'heure de l'agonie de cet empire colossal, quarante ou cin-
quante fois séculaire,
« Quant à l'instruction scientifique, elle pénétrera iiU
ficilement chez les Chinois, à moins qu'ils ne se résolvent
k adoptei^ une langue européenne ou à introduire chez eux
(ce qui se^it mieux) un alphabet phonétique quelconque i
les Ghinoiii ont beaucoup d'aptitude pour tous les exemeee
dé méruoii^e. »
XIII
INDO-CHINE.
COCTIRCHINl PRâlT^AISB.
196. Major E. B. Slàbbn. Bxpeditioa from Burma, vift the Irraxraddy
and Bhamo, to South- Western China (1868). Journal of the
Roy. Ùeogr. soc, vol. XLI, l87l, p. 257-281. Map.
Voir notre précédent vol., p. 80, n« 143, et p. 82.
Î97. John Anderson. A Report on the expédition to western Tunan,
viâBhamô. Calcutta, 1871, in-K
Le D' John faisait partie, comme médecin et naturaliste, de l'èxpëdi-
tion da major Sladen.Une des parties les plasintéressaniea de son rap-
port pour la géographie, est celle qui touche à l'iravadî supérieur ; M. An-
derson en a fait l'objet d'un mémoire spécial, qui est imprimé aa
yGoogk
INDO-CHINE. 183
40* vol. (ISTO) du journal de la So<^été do Géographie de Londres. Voir
le précédent Tolome do V Année, p. 80, n« 115.
198. Capit. ViAL. La Birmanie anglaise; seé ressources, ses revenus
et son administration. 1864-68. Revue Maritime et Coloniale^
oct. )871, p. 417-469.
199. Capit. Ed. Wyts. Prise de possession des provinces de Winh-
long, Chaudoc et fla-tièn. Ibid., avr. 1072, p. 91Î-922.
Chapitre d'histoire rétrospective.
200. Là Cochinchine en 1871, par un officier de marine. Hefme des
Deux-Mondes, l"janv. 1872, p. 204-218.
i^ote écrite dans le but de pousser à Textpnsion des grandes cultures
industrielles, et en particulier de Tindustrie sucrière.
201. La Cochinchine jugée à l'étranger. Revue Marii. et Colon, j nov.
1872, p. ^5-63.
Note extraite du Recueil Ooneti^ire belge.
202. F. L. Cbémazy. Le commerce de la France dans l'extrême Orient. .
ibid,, mai, p. 221-252.
383. Capit.yiAL. L'instruction publique en Cochinchine. Ibid., mars,
p. 702-718.
204. Chronique royale du Cambodge, par M. Francis Garhier. Jour^
nal Àsiat., juillet et août 1872, p. 50 et 112.
205. P' E. T. Hamy. Coup d'oeil sur l'anthropologie du Cambodge ;
Rapport présenté à la Société d'Anthropologie. Paris^ 1872, în-
8% 26 pages.
Extrait du Bulletin de la Société d'Anthropologie.
Ce mémoire est destiné à servir d*instruct!ons pour M. Mondières,
chirurgien de marine en partance pour Saïgon. C'est un morceau de
consciencieuse et savante étude, bien qu'à notre avis il y ait de sé-
rieuses réserves à faire sur quelques points, — ce qui n'a rien de
surprenant en des études encore si peu avancées. H nous est, par
exemple, impossible d'admettre avec M. Hamy que « tout ce que nous
savons des Moi ([des hautes terres de la Cochinchine), c'est qu'ils sont
nègres ; » bien que l'auteur ajoute que « sur ce point tout le monde
est d'accord. » Outre que M. Hamy nous paraît employer ici le terme
Nègre pour Noir, confusion trop ordinaire dans la langue commune,
mais qui ne doit pas se trouver dans la langue scientifique, il est tout
au moins fort inexact de dire que « tout le monde est d'accord > à
regarder les tribus incultes des montagnes de la Cochinchine comme
des Nègres, — ou même comme des Noirs. Dans tous les cas, le trait
caractéristique de ces populations, d'après tout ce que ceux qui les ont
vues nous en apprennent, c'est la coupe européenne de leur visage et
leur physionomie presque caucasique, absolument distincte des traits
mongoloïdes des Indo-Chinois, aussi bien que deS Negritos des
Philippines. C'est là le point capital, sur lequel il fallait insister.
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184 ASIE. (n** 196-212.)
M. Hamy fait des Mounda une race i la fois indienne (antérieare
aux Aryas) et océanienne ; et il avance de plus que c tout autour des
massifs des Vindhyas» refttge des Noirs ulotriques, habitent les Gonds,
les Kohls, etc., noirs liotriqaes, parents plits ou moins proches des
Australiens.. > Toutes ces assertions, contre lesquelles s'élèvent les
faits connus, aussi bien que les analogies physiques et linguistiques,
sont, à notre avis, plus que contestables, et il nous est impossible de
ne les pas relever dans un travail d'ailleurs si estimable.
206. Brossard de Cdrbiont. De Saigon à Bangkok, par rintérieur
de rindo-Chine, janvier-févr. 1811. Revue Marit. et Colon, j
juin 1872, p. 440; juillet, p. 787; août, p. 45. (Avec une petite
carte itinéraire.)
Les remarques du voyageur, souvent intéressantes, sont néanmoins
écrites un peu au pied levé. Nous aurions aimé, nous Tavouerons,
qu'ayant à traverser une contrée encore si imparfaitement connue, un
officier de la marine française en eût pris occasion de quelques obser-
vations plus sérieuses et d'un itinéraire un peu mieux étudie.
207. G. Janneau. Manuel pratique de langue cambodgienne, conte-
nant de nombreuses listes de mots usuels.... et une carte poli-
tique du royaume deKhmêr. Publié par le gouvernement de la
Cochincbine française. Saigon y 1870, in-4*, 274 pages, autogr.
— Ëtude de l'alphabet cambodgien ^ par le même. Saigon, 1869,
in-8*.
208. Lieut. d'ÀRFEDiLLE. Notes sur un voyage au Laos fait en 1869,
par M. d'Ar feuille, lieut. de vaisseau, et M. Rheinart, capit.
d'infant, de marine. Revue Marit. et Colori; mars 1872, p. 465-
479.
209. L. DE Carné, membre de la Commission d'exploration du Mé-
kong. Voyage en Indo-Cbine et dans FËmpire Chinois. PariSy
1871, gr. in-8% 4 fr.
Relation posthume qui avait déjà paru eu une série d'articles déta-
chés dans la Revue des Deux-Mondes.
Le grand ouvrage de la Commission du Mékong, que les circonstances
ont suspendu depuis deux ans, se termine actuellement et va nous livrer
bientôt la plus belle publication qui ait été faite sur la Péninsule. En
attendant, voici les souvenirs d'un des membres de l'expédition, œuvre
posthume que la main paternelle dépose sur la tombe prématurée du
jeune voyageur.
21 0. Thorel. Notes médicales du voyage d'exploration du Mékong
et de Cochinchine. Paris, 1870, in-8«.
Notes d'un grand prix pour l'ethnologie.
211. E. H. Man. List of words of the Nicobar language, as spoken
at Camorta, Nancowry, Trinkutt and Katshall. Journal of the
Asiat. soc. ofBengal, 1872, Part. 1, p. 1-8.
212. De Qdatrefages. Étude sur les Mincopies et la race Negrito eo
général. Revue d'Anthropologie, n»* 1 et 2, 1872.
Iles Andaman.
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COCHINCHINE FRANÇAISE. 185
S l«r. Quelques notes sur la Cochinchine française. Le présent et Tavenir
de la Colonie.
Malgré les terribles ëvénements que la France a traver-
sés, et dont elle se relève, qne dis-je? dont elle s'est déjà
relevée avec une énergie , avec une puissance de vitalité
qu'elle tire de son passé et qui fait Tétonnement du monde,
sa lointaine et récente colonie de TÂsie orientale ne s'est
pas arrêtée dans son mouvement de développement écono-
mique. Les esprits éclairés et pratiques, tels que l'auteur
du travail intitulé « la Cochinchine en 1871 » (ci-dessus,
n' 200), lui consacrent de bonnes études propres à éclairer,
à assurer sa marche. « Jusqu'à ces dernières années, dit
r&rivain que nous venons de citer, s'est-on bien rendu
compte de l'avenir de notre conquête ? A-t-on compris que
notre établissement ppuvait avoir un autre sens que la prise
de possession d'un point militaire important dans l'extrême
Orient ? 11 est permis d'en douter. Tout dans le principe
s'opposait aux recherches agricoles : l'agitation du pays,
les expéditions fréquentes, l'incertitude qui entraînait avec
elle la pénurie de tout élément colonisateur. Ces causes de
troubles ont aujourd'hui disparu, l'œuvre d'établissement
semble durable et complète, et la confiance grandit à me-
sure que le pays révèle sa richpsse. » Et l'auteur, après
^voir exposé quelques-unes des entreprises vers lesquelles
se portent actuellement les capitaux, ajoute :
Les opérations considérable» dont quelques hommes entre-
prenants, soutenus par le Comptoir d'escompte de Saigon, as>
sument aujourd'hui k responsabilité, intéressent vivement l'es-
prit public. Si le résultat répond aux espérances que tout porte
à concevoir, la culture nouvelle gagnera rapidement du ter-
rain. Les agriculteurs de nos colonies sucrières prodiguent de-
puis longtemps leurs efforts sur un sol trop souvent appauvri,
mal sans remède en raison du peu d'étendue des terres à mettre
en exploitation ; beaucoup d'entre eux n'hésiteraient plus sans
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18$ ASIE. (n°* 196-212.)
doute à venir apporter en Gochinchine leurs capitaux et leur
expérience des cultures industrielles. Les plantations de café et
de poivre, les productions telles que Tindigo et les matières
textiles, qui n'exigent pas, comme la culture et la manipulation
de la canne, une première mise de fonds considérable, offrent
un large champ à Finitiative des cultivateurs, aux établissements
plus restreints ; le développement dé ce genre dé travaux au-
rait Pheureux effet de répandre dans Pintérieur l'élément eu-
ropéen et d'affirmer aux yeux des indigènes la valeur de nos
moyens d'action. L'Annamite se groupera sans peine autour de
ces petits centres d'exploitation, plus à portée de ses facultés
que les vastes entreprises ; témoin de nos succès, ne compren-
dra-t-il pas les avantages de ce travail de grand rapport, trans-
forma devant lui en riches produits d'exportation ? N'est-il pas
permis d'espérer qu'un jour, comme les Indes hollandaises, la
Gochinchine doit arriver à subvenir dans une large mesure
aux besoins de la métropole?
Il fut question un moment d'abandonner notre coloxiie.
« C'eût été pour la France une immense perte, et cepen-
dant l'esprit public n'en eût pas compris k grandeur. On
connaît peu la Gochinchine , elle n'a d'antre histoire que
celle de la conquête, et c'est à peine si quelques statistîqneis
ont donné une idée de l'étonnante fertilité de son sol. Au
lendemain de tant d'épreuves, la vérité doit se faire jour.
Travailler sans relâche, accroître jios productions, nous
créer des ressources nouvelles, telle est aujourd'hui la loi
qui nous est faite; elle s'impose à tous les cœurs vaillants
^ qui n'ont pas désespéré, comme le seul moyen de relever
nos ruines, d'effacer nos désastres. La Gochinchine est ou-
verte aux hommes d'initiative et d'intelligence ; elle peut
avec leur concours contribuer puissamment à l'teuvre de
réparation. « A côté de ces considérations dont nul ne mé-
connaîtra la force, il nous sera permis de tenir compte
aussi de tant de recherches nouvelles qu'appellent encore
la géographie^ l'ethnographie, les langues et les antiqui-
tés de l'Indo-Ghine orientale, devenue notre domaine. La
cartographie de la Péninsule est ébauchée à peine : c'est â
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LA RACE BLANCHE DE l'eXTRÊME ASIE. 187
BOUS de la eomptéter ao moiss pour une part conûéérablei
Dans ce coin de FAsie, comme en Egypte, comme sur Ift
Tigre, comme en Babylonie, comme en Syrie, comme au
Mexique, comme en Algérie, notre présence^ notre appa-
riti<in même passagère, seront devenues l'occasion d'études
et de publications qui donnent à la science de nouveaux
horizons. Le bel ouvrage de la Commission du Mékong
en sera l'inauguration.
S 2. Ùà spéôfméh de la ^ace blaàchB de Textrétné Asie.
Dans un mémoire dont j'ai inséré quelques extraits au
dernier volume de Vannée géographique {f. 90)^ je crois
avoir mis en évidence l'existence, au cœur du Grand Ar-
chipel Asiatique j d'uâe race autochth&ne qui dans ses traits^
dans la coupe du visage, dans sa douleur même et dans l'en-
semble tout entier dé sa configuration physique^ présente
les plus grandes analogies atec la race qualifiée de Gauca-
sique, dont elle paraît eepéiËdant bien distincte. Cette race^
dont on retrouve encore des représentants plus ou moins
jmrs dans les îles et dans les groupeil les plus considérables
du Gi^and Archipel, ^les Battas de Sumatra, les Daïaks de
Borïféo, les Bîzaiàs de Mindanao, etc. — a été l'élément
primordial dont s'est formée la race Malaise, par croisemente
contiiius avec des essaims de populations jaunes sortis de
FAsie orientale ; mais en dehors de ce croisement local, elle
â'esf ^mifiéi» dans doux grandes directioifd. Au nord^est,
à l'est et au sud-est, elle s'est répandue dans toute la Po-
lynésie, jusqu'aux îles Bavalj jusqu'aux Marquises et à l'île
de Pâques, jusqu'à la Kouvelle-Zélande ; au nord, elle a
peuplé originairement toutes les îles échelonnées en une
ligne immense en avant des côtes orientales du continent
asiatique : l'archipel du Japon^Sakkalîn^ les Kouriles. Une
des pârtkularités de cette race est d'être en quelque sorte
confinée dans des îles ; néanmoins elle a aussi pénétré dans
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1S8 ASIE. (n" 196-212.)
les parties littorales du continent. On en peut signaler des
échantillons aux extrémités N. E. de la Sibérie^ sur quel-
ques points de la Mantchourie maritime, en Corée, dans le
sud de la Chine et dans Tlndo-Chine orientale. Dans cette
dernière région, un des membres de l'expédition du Mé-
kongy M. le D"* Thorel (ci-dessus, n"* 210), nous en montre
un exemple remarquable.
M. Thorel, en effet, d'accord en cela avec le plus grand
nombre des voyageurs qui l'ont précédé dans la vallée du
Mékong, a décrit des sauvages à c type.caucasique » dont
le spécimen le plus pur serait représenté par la grande
tribu des Lo-los. Les Lo-los sont des montagnards confi-
nés sur les hauts sommets du Kambang. « Cette curieuse
tribu, dit notre voyageur, qui ressemble aux races indo-eu-
ropéennes noii-seulement par les traits, mais encore parla
manière de se vêtir, tout à fait différente chez les femmes
de celles des peuples indo-chinois, est composée d'individus
grands et vigoureux. Ils ont la figure énergique, les traits'
accentués, le profil droit, les yeux horizontaux et bien ou-
verts, le nez droit, assez développé et parfois busqué, les
pommettes non saillantes, le visage parfois ovale, le front as-
sez haut, la barbe souvent frisée et plus abondante que
chez les peuples voisins. Leurs formes sont accusées, leurs
muscles sont bien dessinés, mais leur teint est brun et ne
permettrait pas, si Ton n'avait les caractères précédents, de
les différencier des autres sauvages. L'angle formé par la
branche montante du maxillaire inférieur avec le corps se
rapproche beaucoup de l'angle droit, ce qui permet de les
distinguer assez facilement des Chinois, des Laociens, et
des autres tribus sauvages, chez lesquels cet angle est or-
dinairement très-ouvert. »
Il importe de recueillir tous les faits, toutes les observa-
tions qui se rapportent à ces divers rameaux, afin de re-
constituer scientifiquement une race qui réclame une place
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JAPON. 189
nouvelle, et une place considérable, dans la classification
ethnographique du globe.
XIV
LE JAPON.
213. B'Hertet de Saint-Denis. Mémoire sur l'histoire ancienne du
Japon, d'après le Ouèn'Hièn''Tong-Kao de Ma-touan-l!n. Joum,
Atiat., oct.-déc. 1871, p. 386-431.
Introdaction à ane tradaction de la partie de l'Encyclopédie hietori»
que de Matoaaolïn qai se rapporte au Japon. On sait qne l'encyclopé-
diste chinois vivait an treizième siètfle de notre ère. M. d*Heryey an*
nonce la tradaction complète des 2S livres de Matouanlïn qui h
rapportent aux peuples étrangers. Qaant an mémoire actuel, M. d'Her-
vey n*y touche pas à la question ethnologique qce le siyet coa-
porte.
214. Capit. T. Blakiston. Journey round the island oîYezo.Proeeed*
ofthe Roy, Geogr. soc, XVI, n« 3, p. 188-202.
Moreean d'an intérêt capital pour cette partie extrême et peu fré«
qaentée de l'archipel japonais. — Voir ci-après.
215. Capit. L. Lcwal. JLe port d'Hakodaté. Les intérêts commerciaux
européens dans le Nord du Japon. Revue Marit. et Coion., sept.
1872, p. 378-387.
216. Von Brandt, gênerai consul. Ueber die Aïnos. Zeitschrift fût
Ethnologie, 4* année^ 1872, 2* cah.. Mémoires, p. 23-30.
S i*'. Le mouvement social au Japon. LHnfluence des races.
Japonais et Chinois.
Le mouvement social et politique qui s'est déclaré au Ja-
pon se développe et s'accentue de plus en plus; ce qui fait
la force de ce mouvementi c'est que le gouvernement lui-
même en a pris la direction, et lui donne une impulsion de
jbar en jour plus décidée et plus vigoureuse. A la distance,
où nous sommes des événements, bien des motifs intimes nous
échappent, sans doute : mais cette immense rénovation de
tout le système politique, civil, administratif et religieux
d*an des vieux empires de TOrient^ n'en reste pas moine un
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190 ASIE. (n~ 213-216,)
des faits les plus extraordinaires, un des plus curieux spec-
tacles de rhistoire contemporaine. Le Japon^ vis-à-m de
la Chine, manifeste en ceci une fois de plus les différences
qui sortent des entrailles menues des deux races et de leur
diversité originaire. Il n'y a en effet rien de commun entre
la race japonaise, rameau de cette ^ande famille océanienne
dont nous signalions, il n'y a qu'un, moment (p. 187) Tau-
tonomie méconnue, et la raCe chinoise sortie de la famille
mongolique : il n'y a eat^re elles lien de coEusiun, rien que
les formes de la civilisation que le Japon a reçue autrefois
de la Chine, et un certain degré de mélange physique qui
s'esit opéré enlre elles, ce qui a &il longtemps coxifondre
les deux natio^^s. La Qhiixe e.çt imniphjQiisée dans le vieux
cadre de sa eii^Meatîoii matérielle : le Japonais est le re-
présentant éminent d'une race intellectuellement et mora-
lement perfectible, en même temps qu^fii^iment supé-
rieure au point de vue physique.
Nous nous bornerons à repr^uîre quekpes estzi^ts des
nombreuses correfifKmdances qui arrivent du Jupo» en Su-
rope.
S 2. DéM^ foujnîs par to^ correapondADcea.
On écrivait de Yédo, fin d'août 1872 :
Le Japon subit depuis deux ans une transformation qui sera
certainement Tun des phénomènes les plus* curieux de notre
é$>oque. Ce pays si longtemps acbar^é contre toute ic^e ou
toute coutume européenne, seçihle avoir r^Ojacê ^ deis préjugés
séculaires et s'engage résolument dans une voie véritablement
civilisatrice. Loin de montrer de Tantipathie contre les étran-
gers, il imite leurs modes, il s'assimile leurs progrès, il applique
leurs systèmes. Aucun peuple n'est plus observatear que le
peuple japonais. Chaque fois qu'une ambassade se rend en Eu-
rope, elle y étudie les institutions, Içs sts^tistiques conu;ner-
ciales, Jes découvertes scientifiques, et, à son retour, elle four-
nit au gouvernement des informations dont il ne manque pas
de tenir compte.
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MOUVEMENT SOCIAL AU JAt>ON. 191
L^xposiMon universelle frappa tout particulièrement les Ja*
ponais qui s'étaient rendus à Paris, et ce grand résumé de la
civilisation générale leur fit faire les réflexions les plus utiles.
D'autre part, le gouvernement s'aperçut que les traités signés
primitivement avec tant de répugnance devenaient une source
4e richesse pour le pays, et il se décida sans hésitation à ac-
cepter la concurrence commerciale et Témulatioii pacifique avec
les puissances étrangères. *
La situation du Japon, l'apaisement des discordes civiles, le
triomphe complet du Bô^ado, la soumission du taïkoun, celle
des principaux daïmios, contribuèrent à l'inauguration d'une
politique réforaiatrice. Le B»%ado, jeune souverain dont Tiur
teliigence est vive et les intentions libérales, s'efforça de sub-
stituer à l'ancienne organisation féodale du pays un système
de gouvernement fende sur des principes de centralisation
et d'unité. Ce changement n'est pigs encore tout à Êiit o|iéré.
Mais il est en bonne voie, et des résultats importants ont déjà
été obtenus. Les da![mios, ^iétaientnaguère de vrais seigneurs
indépendants, semblables aux grands feudataires de l'Europe
du moyen âge, tendent à se transfoi'mer en simples gouver-
neurs de provinces, en préfets, et l'action centrale du gouver-
nement pénètre déplus en plus dans les anciens clans, qui per-
dent peu à peu leur caractère séparatiste.
En même temps, le 'mikado, qui ne veut pas dépendre' des
daîmios au point de vue militaire, s^organise une armée à lui
et donne toute sa confiance à la mission militaire française char-
ge de l'iBstrucUon des troupes. Cette mission, dont le chef est
M. le colonel Marquerie, est depuis quelques mois à Yééo, où
elle a reçu le meilleur accueil et où elle accomplit sa tâche à
rentière satisf^iction du gouvernement japonais. Les désastres
de la France n'ont nullement altéré les sympathies du mikado
' pour cette grande nation, et le jeune souverain s'est plusieurs
fois exprimé en termes fort justes sur les preuves d'héroïsme
que les armées françaises ont fait admirer au milieu de leurs
défîtes. Il a donné une marque visible de ses sentiments, en
portai^t l'uniforme de général de division français. Il était re-
vêtu de ce costume, lorsqu'il a quitté récemment Yédo pour
se rendre dans ses États du Sud. Ge voyage produit un bon ef-
fet. Partout les populations accourent au-devant du monarque,
en lui faisant des ovations dont le caractère est aussi sincère
que spontané. '
L'étiquette adoptée par le mikado est de plus en plus ana-
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192 ASIE. (n- 213-216.;
logue à celle des cours de l'Europe. Il a aboli les génuflexions
et les prosternations. Lorsqu'il passe, le peuple salue, mais ne
se jette plus à genoux comme autrefois. Les représentants des
puissances étrangères sont reçus en audience privée dans le pa-
lais impérial. Cet honneur a été pour la première fois accordé
au ministre français, M. Gutrey, quand il a quitté Yédo, en
vertu d'un congé, il y a quelques mois. Le chargé d'affaires de
France, M. le comte Paul de Turenne, qui dirige actuellement
la légation en Pahsence du ministre, n'a pas été moins bien
traité. Ce diplomate a présenté, il y a quelques jours, M. l'ami-
ral Garnaud au souverain, et en a reçu Taccueil le plus copr-
tois. Le mikado s'est levé en voyant entrer le chargé d'affaires
et l'amiral, et il les a entretenus avec une grande bienveillance.
Ge monarque remplit avec zèle les mêmes devoirs que les
souverains européens. Il préside les conseils des ministres ; il
étudie les affaires; il s'occupe de Tarmée ; il passe des revues,
il visite les provinces, il donne des audiences, il se met en com-
munication avec son peuple et avec les représentants des puis-
sances étrangères.
Les Européens et les AJhéricains, auxquels sont ouverts cinq
ports outre Yédo, y font un commerce très-actif, aussi profitable
au Japon qu'à eux-mêmes, et il y a lieu d'espérer que les trai-
tés dont la révision se prépare en ce moment ne recevront que
dei^ modifications libérales, en rapport avec le progrès des idées
et le développement des transactions. L'expérience a démontré
l'insuffisance et les inconvénients de certaines clauses, et avec
du bon vouloir, avec un esprit conciliant de part et d'autre, on
arrivera très-facilement à des innovations heureuses.
Voici quelques passages d'une correspondance anglaise,
à peu près de la ùième dute :
Le nombre des jeunes Japonais choisis par le gouvernement
pour être élevés à l'étranger et y recevoir l'instruction néces-
saire, est de 250 en Angleterre, 200 en Amérique, 40 à 50 en
France, 30 à kO en Allemagne; on peut dire, en général, qu'ils
font des progrès remarquables.
Parmi les constructions en cours d'exécution ou déjà termi-
nées, il faut citer surtout l'arsenal de Yokoska et le dock de
Graving : le premier, muni de nombreuses machines pour la
construction des navires et des engins nécessaires; le second,
capable de recevoir des bâtiments de 2000 à 3000 tonneaux. Ge
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JAPON. 193
travail a été exécuté par des ingénieurs français. Environ 20
phares de la plus parfaite construction, armés des appareils
d'optique les plus nouveaux et les plus coûteux ont été établis
et sont en pleine activité. Ces phares, dont quelques-uns sont
situés aux endroits les plus dangereux, ont été élevés, pendant
les quatre dernières années, par des ingénieurs anglais choisis
par le bureau du commerce. Quarante milles de chemins de fer,
dont l'achèvement est prochain, ont été également construits
sous la direction d'Anglais, et 200 autres sont actuellement
en préparation. C'est encore sous la direction d'ingénieurs
anglais qu'on pose im fil télégraphique qui traversera le pays
et qui aura plus d'un millier de milles de longueur. La Mon-
naie impériale, qui est un établissement grandiose, possède un
essayeur et des fonctionnaires anglais. Des géomètres de même
nationalité sont occupés à tracer de nouvelles rues dans une
grande partie de Yédo, où Ton élève de solides bâtisses. A Yado,
sur la côte occidentale, oi!i se trouvent de grandes mines d'or,
un ingénieur des mines, d'Angleterre, a installé des machines
pour le broyage et le lavage du quartz aurifère. £n différentes
parties du pays, des médecins sont en train d'initier les indi-
gènes aux secrets de leur art ; des officiers de l'armée et de la
marine leur enseignent l'art militaire. On peut ajouter à ce ren-
seignt ment que des officiers français sont chargés d'une mission
semblable. On se propose enfin de fkire venir des ouvriers et
des machines d'Angleterre pour faire connaître à la population
ouvrière les procédés de la fabrication européenne.
Une lettre particulière nous apprend que l'on traduit le
Gode Pénal français, qui dorénavant servira de' base à la
législation criminelle.
S 3. Etat actuel da Japon. Aperçu administratif, moral,
industriel et financier.
Le Japon a une histoire écrite qui embrasse une période
continue de 2532 ans. Depuis l'an 660 avant J. G., les
souverains de ce pays n'ont formé qu'une seule dynastie,
qui dure encore. Son empereur actuel est le cent vingt-
deuxième de sa race.
Depuis vingt-cinq siècles, les mœurs du Japon n'avaient
L'ANNÉS GËOGR. XI. ^ 13
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194 • ASIE. (N°» 213-216.)
pas virtuellement changé, et voilà qu'aujourd'hui, après
s'être mis résolument en dehors de tout contact avec le
monde, ce pays abandonne tout à coup ses traditions, cher-
che à modifier complètement sa manière d'être, et s'efforce
d'adopter les lois et les coutumes européennes et de pren-
dre rang parmi les nations.
Le système de gouvernement du Japon est actuellement
emprunté pour une partie à l'Europe. Au point de vue
théorique, le mikado est un souverain absolu qui règne
et gouverne, mais en réalité, c'est le' grand conseil qui
traite les affaires. Les ministres, soit individuellement, soit
réunis en ce que nous appellerions un cabinet, décident
de toutes les questions ordinaires; *mais l'examen des
points d'une importance réelle est réservé au grand con"
seil, présidé par le mikado.
L'administration locale des provinces est dans les mains
des préfets. U y a un préfet résidant dans chacun dès
soixante-qtdnze districts qui forment actuellement la divi-
sion territoriale du Japon. Les pouvoirs et les attribjitions
de ces préfets sont beaucoup plus étendus que ceux d'au-
cun fonctionnaire du même ordre en Europe. Néanmoins,
il y a une limite à leur action judiciaire; ils ne peuvent,
faire exécuter les jugements qui emportent le bannisse-
ment ou Ja mort avant que le ministre de la justice les ait
confirmés. Dans les villages, les causes sont plaidées de-
vant les officiers civils subalternes. Toutefois, tout cela est
en train de se modifier.
Les finances sont nécessairement la grosse question.
C'est "pour la première fois dans l'histoire du Japon qu'un
budget pour l'année courante, un budget soigneusement
calculé, un budget sérieux, enfin, vient d'être préparé. Il
donne l'exposé des recettes et des dépenses pour 1872.
Le total des recettes est de 305 millions de francs (nous
négligeons les fractions); le total des dépenses, de 285
millions : l'excédant des recettes est donc de 20 millions
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i
JAPON. MOUVEMENT SOCIAL. 195
de francs. Mais à côté de ce chiffre^ des plus satisfaisants
en tant qu'état normal, il faut remarquer que le Japon a
aujourd'hui une dette élevée, près de 700 millions de
francs, dont 45 millions seulement vis-à-vis de l'étranger.
Après les finances, k question la plus importante aux
yeux des Japonais est l'éducation. Il y a, même des en-
thousiastes qui veulent que Punique devoir du gouverne-
ment soit d'enseigner le peuple : tout 1« reste n'est pas
digne de son attention. Un ministre de l'instruction
publique a été définitivement créé en 1871, et si l'on con-
sidère depuis combien de temps il existe, et les difficultés
sérieuses et diverses avec lesquelles il a eu à lutter, il a
parfaitement marché. Les écoles primaires publiques aug-
mentent rapidemdht en nombre, surtout dans les villes;
mais le mouvement est bien plus marqué dans les pro-
vinces occidentales et sur les eôtes qu'à l'intérieur. Jusqu'à
présent, ce sont les écoles privées qui sont les* plus nom-
breuses; et comme chacun peut en fonder une, n'étant
soumis qu'à une autorisation qui est toujours accordée,
elles surgissent, comme par enchantement, partout où le
Besoin s'en fait sentir. Il n'exista pas encore, néanmoins,
de statistique sur ce sujet. On ne peut citer ni faits ni
chiffres; mais on peçge au Japon que si ce mouvement
continue, il n'y aura probablement, dans la prochaine gé-
nération, pas un seul homme ni ime seule femme qui né
sachent lire et écrire. Ce qui aide particulièrement à ce
mouvement en faveur de l'éducation, c'est ce fait que
même sous l'ancien régime l'éducation était très-générale,
bien qu'il n'y eût aucune intervention du gouvernement.
• Les livres, surtout les traductions d'ouvrages étrangers,
augmentent avec une rapidité qui indique l'active curiosité
qui s'est emparée des classes moyennes aussi bien que des
classes supérieures. Les journaux et les presses locales se
multipUent, et le désir d'acquérir des connaissances peut
être, sans exagération, taxé de fiévreux^ surtout dans les
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196 ASIE. (n'»" 213-216.)
villes. Les livres qu'on lit le j)lu8 sont ceux qui racontent
l'histoire, les mœurs et les conditions intërieures des
autres pays, les traités d'économie politique et ceux qui
traitent les questions morales.
Les Japonais ont toujours eu une grande prédilection
pour la médecine. La science de l'ingénieur, les lyiines et
d'autres questions industrielles, commencent aussi à at-
tirer leur atteittion. Pour faciliter l'étude des langues
étrangères, le gouvernement a fait venir plusieurs profes-
seui^s, et a envoyé à ses frais des étudiants en Amérique et
en Europe. H faut même ajouter des dames à la liste, car
une ex-princesse et sa compagne ont débarqué à Marseille
il y a quelque temps. Elles étaient vêtues à la française, et
en ce moment elles sont en Angleterre où elles étudient la
grammaire avec ardeur.
L'agriculture a toujours été habilement pratiquée au
Japon, et, "hormis l'emploi de machines et l'introduction
de nouvelles plantes et d'engrais minéraux et chimi-
ques, il n'y a pas à signaler de progrès marqué. H n'est
pas un mètre de terre fertile qui ne soit utilisé, et une
irrigation bien organisée stimule Tactivité naturelle de la
végétation, particulièrement sous l'admirable climat des
districts fia midi et de l'ouest. Le*riz est, bien entendu,
le principal produit du pays; mais le thé, la soie et les
œufs de ver à soie (qu'on peut bien compter comme des
produits de l'agriculture), les haricots, les pois, et une
grande variété d'autres produits, y poussent en abondance.
Le Japon produit plusieurs plantes spéciales d'une valeur
considérable et d'une grande importance ; surtout le mûrier
à papier, dont Técorce et les jeunes branches servent prin-
cipalement à fabriquer le papier japonais, l'arbre à circule
laurier-camphre et l'arbre à gomn^e-laque. L'ornementa-
tion des jardins est arrivée dans ce pays à une grande per-
fection.
Le Japon est très-riche en métaux. On y trouve en
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JAPON. 197
grande quantité les métaux précieux et les métaux utiles.
Il en est de même du charbon^ et quelques mines sont
exploitées sur une grande échelle. Le cristal de roche est
abondant. On pêche le long de la côte des perles et du
corail; mais on n'y a trouvé jusqu'à présent ni diamants
ni pierres de valeur. On sait combien les Japonais sont
habiles dans l'art de travailler les métaux, surtout dans
l'art de la coutellerie et dans celui de travailler l'or et le
cuivre. Nous n'avons qu'une idée générale de l'incompa-
rable fini^ de la délicatesse de leur travail et du talent qu'il
révèle. Avec l'habilité qu'ils ont depuis si longtemps et
leur aptitude pour l'imitation (qu'-on n'oublie pas qu'ils
ont construit leur premier bateau à vapeur et sa machine,
uniquement d'après la description donnée par un livre
hollandais), on doit s'attendre à ce qu'avant peu ils fabri-
quent eux-mêmes ceux des outils et des ustensiles que
nous leur envoyons encore.
Il n'y a pas eu jusqu'à présent un grand développement
dans les manufactures^ bien que plusieurs articles d'Eu-
rope, tels que le verre à vitres, le vin de raisin et la bière
commencent à être fabriqués en petites quantités. Quant à
la fabrication de la laque, de la porcelaine et du crêpe de
soie, il n'y faut souhaiter aucun changement; elle est si
parfaite, que les étrangers ne sont pas parvenus à l'égaler.
n faut bien avouer que le secret de la bonne laque et
du filage de la soie n'a jamais été découvert en dehors
du Japon.
L'organisation de l'armée et de la marine commencent
seulement. L'armée est organisée d'après le mode fran-
çais ; elle porte des uniformes français. C'est une armée de
72 000 hommes, sans compter la garde du mikado com-
posée de 8300 soldats, triés pour ainsi dire. La marine
se compose actuellement de 19 navires de rangs divers.
Pendant que le gouvernement marche ainsi dans la voie*
du progrès, les sentiments de la population se modifient à
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198 ASIE. (n*»» 213-21&.)
l'égard de ceux qtii importent ces idées de progrès, et elle
leur accorde de plus en plus sa sympathie.
Il n'y a pas plus de deux ans, un étranger n'aurait pas
osé s'aventurer, sans une forte escorte militaire, dans les
rues de Yédo, le dernier des ports ouverts au commerce
européen; et dans le fait, les attentats audacieux auxquels
donnait lieu la haine de la population pour « les barbares
étrangers » conseillaient les plus grandes précautions. Au-
jourd'hui, Tétran^er réside dans la capitale du Japon aussi
tranquillement, aussi sûrement que chez lui.
Laptrpulation aisée de la capitale s'habille presque ex-
clusivement à Teuropéenne, et le sobriquet de Kétojin
(étranger velu), que Ton entendait retentir naguère à
chaque coin de rue, quand passait un Européen, a presque
complètement disparu de la bouche du peuple.
, S 4. Tézo et les Aïnos.
•
Nulle relation, avant M. Blakiston, n'avait donné des
détails aussi nombreux, aussi précis, sur la topographie
de rile de Tézo et sur les habitants. On n'avait vu jusqu'à^
présent que le littoral sud et ouest de l'île; le capitaine
Blakiston, pour son voyage autour de Tîle entière, était
pourvu d'une commission du gouvernement de Yédo.
Voici le portrait que l'explorateur, qui a eu les meilleures
occasions de voir et d'observer les Alnos, fdt de ce peuple
plus célèbre que connu :
« Les traits des Aïnos indiquent une origine absolument
différente des Japonais', des Chinois, des Mongols, des
Mantchoux et des Tibétains. 'Tandis que tous ces peuples
se distinguent par un visage, glabre et des yeux obliques,
les ÂïQos ont le crâne couvert d'une profusion de rudes
* 1. De ceux des Japonais qu^sont devenus quasi Chinois par le mô-
lange du sang à une époque ancienne, mais non des Japonais que ce
mélange n'a pas atteints. V. S. M.
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GRAND ARCHIPEL ASIATIQUE. 199
cheveux noirs qui tombent autour de la tête en lourdes
masses cpie le peigne n'a pas touchées, et qui se confon-
dent avec d'épaisses moustaches et des barbes descendant
presque jusqu'à la ceinture. Les yeux sont grands, rondS|
d'un noir brillant ; les pommettes ne sont pas proémi-
nent^; le nez est grand et d'une belle forme. Le corps,
cependant, paraît chétif et faible, et l'expression de leur
regard révèle à la fois une longue oppression et l'absence
de toute culture. Ils fabriquent leurs grossiers vêtements
avec des écorces d'arbres. Ils reçoivent de leurs patrons
japonais, qui les emploient à la pêche et à la chasse, des
rations et quelques objets d'habillement, mais non une
paye en argent qui serait pour eux sans valeur. On ne les
a pas encouragés à s'adonner à la culture du sol ; ils n'ont
guère d'établissements que sur la côte. Quoique beaucoup
d'entre eux soient des hommes de très-bonne mine, les
femmes, en général, sont loin d'être jolies * et les agré-
ments dont elles se tatouent les lèvres ne les embellissent
pas. »
XV-
GRAND ARCHIPEL ASIATIQUE.
2K. J. RiJNENB^G. De Oost-Indische Archipel. Beknopt aardrijskun.
dig leerboek en beschrijving der zeden en gewoonten van de
verschillende volsksstammen. Arnhegn, 1871, in-8*, 103 p. et
24 cartes (Willink).
218. Van Leent. Le» possessions néerlandaises des Indes orientales.
Bornéo (Contiibutions à la géographie médicale). Archives de
Médecine navale, janvier et février 1872, p. 5-22, 81-95,
219. Lient. C. de Crespigny. On Northejn Bornéo. Proceed, of the
Roy. Geogr. Soc, XVl, n» 3, 1872, p. 171-183.
Avec un vocabulaire de six langues ou dialectes de Bornéo.
1. Ce qui est le cas à peu pr^s de tous les peuples incultes, où les
femmes sont les bètes de somme de la tribu. V. S. M.
y Google
200 ASIE. (n" 217-222.)
220. A. Neveu. Timor et les Timoriens. Revue Marit, et Colon., mai
1872, p. 169-189.
Extrait d'un mémoire publié par M. A. de Castro dans les Annaes do
Gonselho ultramarino.
221. De Qu/tREFAGES. Les Negritos. BuUetin de la Soc. de Géogr.^
mars 1872, p. 306-310.
Voir ci-dessus, p. 184, n« 212.
222. Carte des îles Philippines, Gélèbes et Moluques. Public du Dé-
pôt de la Mar., 1872 (n» 3002).
— Mer de Chine (n« 3003).
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OGÉANIE
I
GÉNÉRAUTÉS.
223. G. Gerland. Die ethnographischen Verhâltnisse des Grossen
Océans. Mittheil. de Peterxnann, 1872, n" 4, p. 140-144. Carte.
M. Gerland résume ici les étades et la doctrine exposées dans le
6« volame da grand ouvrage de Waitz, Anthropologie derNaturvôlker,
Tolame consacré aux peuples Océaniens. La carte est celle^qui accom-
pagne le livre. Le D' Wtdtz est mort avant d'avoir pu compléter son
bel et savant ouvrage : M. Gerland, professeur au gyninase de Halle, a
accepté la tâche, toujours difficile, de compléter l'œuvre posthume. —
En dehors du Grand Archipel qu'il rattache avec raison à TAsie, l'au-
teur partage les peuples océaniens en quatre groupes : les Micronésiens,
les Polynésiens, les Mélanésiens et les Australiens, division plus géo-
graphique qu'ethnographique. Dans sa Notice, M. Gerland examine
succinctement les rapports qui existent de groupe k groupe dans cha^
cane de ses quatre divisions.
224. Dana. On corals and coral islands. New York, 1872, in-8».
Nous citons ce titre dtprès le Journal de Silliman, auquel nous
empruntons également la citation suivante, où l'auteur expose ses vues
sur la géographie sous-marine du Grand Océan :
Les lies de Corail sont littéralement des monuments construits sur
des terres disparues; et nous trouvons là un témoignage qui montre
que le Grand Océan a ses chaînes de montagnes sous-marines, ou des
Ûgnes de sommets volcaniques, non pas seulement sur des centaines,
mais sur des milliers de milles de longueur. Ce témoignage visible
prouve que quelques-unes des rangées de hautes îles ont une longueur
sons-marine plus grande que les chaînes émergées : par exemple, la
lign^ des tles Havaï ou Sandwich, dont la longueur n'est que de
400 milles depuis Havaï jusqu'à Kaouaï, on 530 milles jusqu'à Bird
island, le dernier Ilot rocheux du groupe à Touest, mais que l'existence
des lies de corail sous- marines nous fait suivre dans cette direction
jusqu'à la distance de 2(^oo milles à partir d^Havaï. Et combien au delà»
nous reste Inconnu, dans cette partie de l'Océan où la ligne des îles de
corail sous-marines dépasse la limite des mers de récifs madrépori-
ques, c'est-à-dire de la région où il est possible de constater la présence
des coraux?
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202 • ocÉANiE. (n^' 223-225).
< On a reconnu que d'autres rangées de sommets sous-marins s'éten-
dent à travers tout le Grand Océan central, là même où pas un rocher
ne s'élève au-dessus de la surface. Toutes les lies madréporiques qui
existent entre les lies Paumotou et Tile Wake, vers 170<> de longit. E.
(Greenw.) et ig'^ lat., au nord des groupes Ralik et Radak formant Tar-
chipel Marshall, sont disposées en lignes; et de même que les îles
hautes également disposes en lignes immédiatement au sud des pré-
cédentes, elles sont rangées d'une manière presque uniforme, en une
courbe portant au N. 0. à l'extrémité occidentale. Les îles de corail
couronnent donc le sommet des lignes d'élévations, et toutes ces lignes
constituent dans leur ensemble une immense suite de hauteurs de plus
de 5000 milles de développement. Les lies de corail sont donc les té-
moins de l'orographie sous-marine du globe terrestre, en même temps
que des changements de niveau que le temps a opérés lentement au
fond de l'océan. », , *
225, Courants de rOcéan Pacifique Nord. Annales hydrographi-
ques, 1872, 2*^ trim., p. 287-299.
Renseignements extraits de Vlfnited States Coast Survey Report
de 1867, par l'assistant G. Davidson chargé de la reconnaissance de
la côte d'Alaska. Ces renseignements dont très-précis et très-circon-
stanciés.
II
AUSTRALIE. ,
226. Ch. Ruelens. La découverte de rAustralie. Notice sur un
manuscrit de la bibliothèque de Bruxelles. ÀnverSy 1812^ in-8*.
Nous ne connaissons de cet opuscule que le titre. En Angleterre,
M. Major, à qui l'on doit déjà de boift travaux historiques sur l'Aus-
tralie, a lu au sein de la Société des Antiquaires de Londres on mé-
moire intitulé Fwlher facts in the history of the early discovery of '
Australia, Dans un précédent travail, M. Major avait montré que les
Portugais, longtemps avant les Hollandais, avaient eu connaissance du
continent australien ; dans ce nouveau mémoire, M. Major établit, sur
des documents jusqu'à présent ignorés, notamment d'après une carte
récemment acquise par le British Muséum, carte signée d'Oronce Fine
de Brian çon et datée de 1531, que les premières notions connues de ce
qui fut nommé plus tard la Nouvelle-Hollande se trouvent sur de»
cartes françaises fort antérieures aux découvertes portugaise^. Le mé-
moire de M. Major n'est pas encore imprimé; on en trouve une analysa
succincte dans la dernière Âddresa du président de la Société de Géo-
graphie de Londres, 27 mars m2{Proceedings de la Société, voLXVIy
no 4, p. 852).
227. D' Paul Topinard. Étude sur les races indig^nes de PAustralie.
Paris, 1872 , in-Ô% 120 pages. (Extrait du Bulletin de la Soc,
d'Anthropol, févr. 1872.) — Voir ci-après.
y Google
a\jstralie. 203
228. Nbdmayer. Ueber die intellectuellen und moralischen Eigens-
chaften der Eingeborenen Australiens. Zeitschrift fur Ethnolo-
gie, 1871,4* cah., Mémoires, p. 69-80.
229. D' H. Beckler. Die Ureinwohner Australiens. IX Jahreslericht
des Vereins fur Erdkunde %u Dresden, Dresd., 1872, in-S",
p. M8.
« Sur Tethnographie australienne, lire le résumé de M. Gerland (ci-
dessus, n» 223), au t. VI de V Anthropologie der NaturvôlJceTf p. 706-
810. •
230. Du même. Das Murray-und Darlin&Gebiet; eine geographische
Skizze. VII Jahreshericht des Vereins fur Erdk,zu Dresden.
Dresden, 1870, p.' 74-94.
231. Mrs. E. MiLLETT. An australian parsonage; or, the Settler and
the Savage in Western Australia. Lond.^ 1871, in-8 (Stanford).
232. J. FoRREST, govemment surveyor. Journal of an expédition to
explore the country from West Australia to Port Eucla, and
thenceto Adelaide, South Australia. Journal ofthe Roy, Geogr,
Soc, vol. XLI, p. 361-372. '
233. J. m! Gilmore's. Reisen in Central Australien, zur Aufsu-
chung von Spuren Leichhardfs, 1871. MiUheilungen de Peter-
mann, 1872, n« 12, p. 441-445, avec carte.
234. D' G. Nedmayer. Hypsometrische Messungen in Verbindung
mit den Arbeiten des Magnetical Survey of Victoria. Mittheilun-
gen de Petermann, 1871, n« 12, p. 441-450. Carte.
235. Ch. H. Eden. My wife and I in Queensland. Lond., 1872, in-8»
(Longmans) .
236. G. S. Baden-Powell. New homes for the old country. Lond, ,
1872, in-8« (Bentley).
237. Th. HaM. Map of Queensland (au 1 500 000). Brisbane, 1871,
4sh.
238. D' J. D. Macdonald. Notes sur la topographie et l'histoire na-
turelle de Tîle Lord Howe (trad. de l'angl. par le D' Rochefort) .
Archives de Médec, navalej avr. 1872, p. 241-250.
La belle île qui fait l'objet de ce rapport est située à 400 milles envi-
ron à TE- de la côte dii New South Walés, sous le parallèle de Port
Ik^acquarie (vers le 32« degré de lat. S.).
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204 OCÉANIE. . . (n*>» 226-238.)
S 1*'. Stades sur la race aborigène de TAustralie. Neamayer.
Beckler. Topinard.
Quelque bas qu'elle soit placée dans l'échelle morale et
physique, la population aborigène de TÂustralie n'en ap-^
pelle pas moins, au même titre que les autrep groupes de la
lamille humaine, les études sérieuses de l'anthropologie.
Déjà bien des rechercUlBS, bien des travaux partiels exis-
tent sur ce sujet, et aujourd'hui encore nous avons à noter
deux études intéressantes de M. Neumayer et de M. Beckler
(ci-dessus, n^ 234 et 229); mais jusqu'à présent le sujet n'a
été nulle part, à notre connaissance, traité dans son ensem-
ble d'une manière aussi complète que dans le Rapport du
D' Topinard n*> 227).
C'est un travail achevé, aussi judicieux que savant et pro-
fondément étudié.' Nous n'en pouvons faire connaître que la
conclusign, telle que l'auteur la formule : « En résumé,
j'admets qu'il existe en Australie deux éléments ethniques
primordiaux, qui par leur mélange en proportions variables
forment une série dont les deux extrêmes correspondent à
deux races distinctes.
« La première est dolichocéphale, de haute taille, ro-
buste et bien proportionnée de corps ; elle a les cheveux
longs, droits et lisses, les traits vigoureusement dessinés et
la peau couleur chocolat ou cuivre foncé. D'une intelligence
pi^oportionnée à des besoins restreints et appropriés au mi-
lieu où elle se meut, ses générations actuelles se refusent
à accepter la vie sociale comme la comprennent les Aryens .
Donc, comme toute création jetée hors de son milieu, elle
devra succomber. Ses représentants sont encore nombreux,
et constituent la masse de la popuUtion indigène du tsonti-
nent.
« La seconde est plus dolichocéphale encore, de petite
taille, mal faite.de corps; elle a le teint noir foncé, les che-
yGoOgl
t
LETCHHARBT. 205
veux frisés ou crépus, le crâne petit et rond, les mâchoires
très-prognathes, le sclérotique jaunâtre, les pieds plats, pas
de mollet, etc. ; ces caractères plus ou moins négroïdes à
Torigine restent d'ailleurs à préciser. D'une intelligence
moindre que la précédente, elle semble presque incapable
de subvenir à ses besoins. De notre civilisation elle n'a- .
dopte que les vices, et s'éteint d'autant plus rapidement que
les Européens sont entrés en contact avec elle les premiers.
Depuis longteipaps elle obéissait à A loi* de concurrence vi-
tale vis-à-vis de l'autre race ; l'intervention aryenne lui a
porté le dernier coup. 11 y a donc urgence d'étudier les
ifiisérables restes, représentés çà et là, dans les tribus mix-
tes, par les femmes surtout et par les cas d'atavisme ^ et
peut-être aussi dans quelques rares tribus iiiférieures. »Le
Rapport du D' Topinard est destiné à servir désormais de
manuel ethnologique aux explorateurs sérieux du continent
australien.
Précisément on annonce (Soc, de Géogr. ae Londres,
séance du 9 décembre 1872) que deux expéditions simulta-
nées sont au moment d'entreprendre l'exploration intérieure
de la moitié occidentale du continent. L'une des deux ex-
péditions a été mise çur pied par le gouvernement de South
Australia, et elle est placée sous le commandement de
M, W. Gosse; l'autre est une entreprise privée équipée
aux frais de M. Elder, et qui est munie de chameaux. L'une
et l'autre partent des stations permanentes de la grande li-
gne télégraphique, presque au centre du continent, et e^les
doivent se porter à l'ouest en suivant des lignes à peu près
parallèles, mais séparées par un intervalle d'au moins 100
milles, ou 160 kilomètres.
S 2. Vestiges de rezpédition de Leichhardt.
On a si souvent annoncé des découvertes qui semblaient de
nature à jeter quelque jour sur la catastrophe inconnue
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SOe OCÉANIE. (n^ 226-238.)
dîins laquelle ont dispacru, il y maintenant vingt-quatre ans,
Leiclibardt et sa caravane (voir le t. V deY Année géograph.^
p. 206 ; le t. IX, p. 100, etc.), que Tintérêt public s'est un
peu émoussé à ce sujet. Voici cepenaant une note répétée
par tous les journaux australiens, qui, en la supposant
exacte, comme elle en a toute l'apparence, dirait le dernier
mut dç ce lugubre mystère. *
V Argus de Melbourne raconte que des restes humains et
des fragments de vêtements européens, provenant proba-
blement de la compagnie d'exploration de Leichhardt, ont
été apportés à Melbourne par Tinspecteur de police Gil-
more, qui a récemment terminé son second voyage de re-
cherches dans l'intérieur du pays (ci-dessus, n*»-233 de la
bibliographie).
Dans son premier voyage, M. Gilmore avait pénétré jus-
qu'à *Wantat ta, localité située à l'ouest de Bftroo,près du 25®
degré de latit. et le 140" degré de longit. (Greenw.). Là il
trouva prës^l'une colline de sable des restes qui paraissaient
être ceux de quatre Européens, avec des débris de vêtements
également européens. Les naturels du pays lui dirent qu'en
ce lieu quatre blancs, et plus loin trois autres, avaient été
înes il y a longtemps. M. Gilmore ne pouvant continuer
ses recherches à cause des inondatiohs, revint à Brisbane
en luars 1871 avec les objets qu'il avait découverts.
Il commença sa seconde recherche le 13 septembre de la
même année, en partant de la station de police de fiulloo-
Barracks, située à environ 800 milles de Brisbane. D prit
une route différente de celle qu'il avait suivie la première
foiy^ et arriva à Wantatta où il trouva de nouveaux frag-
ments d'ossements humains, provenant, suivant toute ap-
parence, de crânes d'hommes de race européenne.
A environ cent milles à l'ouest de Wantatta, il arriva à un
vaste campement d'indigènes* Il découvrit une quantité de
riilir^ues européennes qui consistaient en débris d'habille-
ments tels qu'on en porte dans un voyage d'exploration,
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MÉLANÉSIE. 207
des pantalons, une moitié de bas, des morceaux de tissus
imperméables, des fragments d'une toile détente et de cou-
vertures blues, un briquet, du crin en quantité suffisante
pour rembourrer une selle. Deux chiens de berger existant
encore dans le pays prouvaient le passage des blancs dans
ces parages. De nombreux objets fabriqués en poil de
chèvre démontraient que les naturels avaient utilisé les trou-
peaux de chèvres que Leichhardt avait emmenés.
. in
MÉLANÉSIE. ,
MOUVELLE-GUINÉE. NOUVELLE-CALÉDONIE^ etC.
NOUVELLE-ZÉLANDE.
239. Guido Coba. Spedizione italiana alla Nuova Guinea. Roma, 1872
petit in-8% 39 pages.
240. Die Insel Tud in der Torres-Strasse, und ein Besuch an der
• Sûdkùste von Neu-Guinea. Mittheil, dePetermann, 1872, n" 7,
p. 254-256.
U semble que la Nouvelle-Guinée, restée jusqu^à présent une des
grandes lacunes de la catte du globe, soit sur le point de s'ouvrir
devant les efforts simultanés des explorateurs. Un jeune et zélé natu-
raliste italien, M . Odoardo Beccari, dont M. Cora nous raconte les
préparatifs ; un autre naturaliste, M. Meyer, qui a passé à Célèhes une
partie de 1871; une expédition préparée par le gouvernement hollan-
dais, et une pointe anglaise dirigée du cap Yorlc sur la côte opposée
du détroit de Torrès, doivent, selon toute apparence, aboutir enfin,
sur un point ou sur un autre, à des résultats importants. C'est
une «hose assez singulière qu'une terre grande deux fois cotime l'An-
gleterre et l'Ecosse, et qui forme, à vrai dire, le prolongement de
l'Australie, ait jusqu'ici excité si peu d'intérêt chez les investigateurs
ai^glais, pour ne parler que de ceux dont cette terre nouvelle est en
quelque sorte le domaine naturel.
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208 OCÉANIE. (n^'' 239-243.)
241. Notes d'un colon sur la Nouvelle-Calédonie.«Jîttîi€^m de la Soc.
de Géogr.j février 1872, p. 216-236.
Note instructive, faisant bien connaître Tétat actuel de la Noavelle-
Calédonie. (Voir aussi notre précédent volume, p. I0î2). Voici ce que la
Note dit des aborigènes : < La population indigène s'élève actuellement
à 95 000 habitants, chiffre plus supposé que vérifié. Les Néo-calédo-
niens sont d'une belle race, stature élancée et athlétique, comme celle
^ des montagnards en général ; ils sont braves et belliqueux, portent des
turbans pittoresques faits avec une étoffe fabriquée dans le pays,
quelques-uns formant un cûne au-dessus de leur tête ; ce costume est
complété par un pagne autour des reins. Letomahavirk est leur insé-
parsLble compagnon; tout honmie qui n'a pas de flèche en porte un.
Us mettent leur fronde dans le turban, ou roulée autour du cou et
pendante par derrière. Ils portent les projectiles dans un filet autour
de la ceinture; comme ces pierres sont effilées aux deux extrémités,
elles sont assez dangereuses. La fronde est leur mode oe combat le
plus ordinaire. L'usage des flèches ^t commun à tous les sauvages;
elles sont lancées au moyen d'une petite corde, lâche à une extrémité
et nouée à l'autre. A distance d'une portée de fusil, ces flèches ont
^ encore une grande vigueur et peuvent transpercer un homme. >
242. Parquet, ancien chef du service topographique à la Nouvelle-
Calédonie. Topographie de la Nouvelle-Calédonie septentrio-
nale. Revue Maritime et Colon,, août 1872, p. 291-294.
L*auteur de la Note a exécuté, à Téchelle du 20 ooo* et dû 50 000*,
le le/é de la partie nord de la colonie.
Llle des Pins.
Voici line notice sur l'île des Pins, où sont installés une
partie des déportés : •
Llle des Pins se présente, quan4 on arrive du large, sous
Paspect d'une terre peu élevée, dominée vers son centre par
un mamelon. A mesure que Ton avance,, et bien avant que Ton
puisse distinguer les détails de la côte, on voit surgir les cimes»
des pins qui croissent en abondance sur les bords de l'Ile prin-
cipale, et couvrent une partie des lies basses qui forment les
divers jnouillages de Kaa, de PAlcmène et de Gadji.
Placée à l'extrémité sud-est de la grande terre dont elle
semble n'être que le prolongement. Pile des Pins ];eçoit, en tou-
tes saisons, les vents frais de la mer, et la température, qui dé-
passe rarement trente degrés centigrades pendant le jour, est
toujours fraîche pendant la nuit en été et souvent presque
froide en hiver.
L'tle entière ne compte guère aujourd'hui que deux mille
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NOUVELLE-CALÉDONIE. 209
cinq cents habitants, parmi lesquels mille indigènes dei Tîle
Mare, qui, forcés par suite de guerres de religion, d^évacuer
leurs villages, sont venus, sous la conduite de deux mission-
naires catholiques, s'établir à Tile des Pins. On n'observe dans
rile aucune maladie épidémique ou endémique, et des Euro-
péens voués au travail ne pourraient se trouver nulle part dans
des conditions hygiéniques meilleures.
Quoique à première vue l'Ile paraisse exclusivement réservée
à Texploitation des bois de sapin, il y reste assez de terrain
libre pour qu'on puisse se livrer à l'élève du bétail et tenter les
plus importantes entreprises agricoles. £lle est formée d'un
vaste plateau large d'environ huit kilomètres au nord, s'amin-
cissant en courant vers le sud, et séparé de la mer par des
plaines assez basses auxquelles il se relie par des peates assez
raides. Le sous-sol de ces plaines est madréporique, poreux par
conséquent, et permettant, par l'Iufiltration, aux eaux qui pa
raissent stagnantes, de se renouveler en s'écoulant vers la mer.
C'est à cette constitution géologique qu'est due l'immunité de
fièvres paludéennes qui existe dans ces îles, malgré les marais
qui en bordent souvent les côtes. Le sol du plateau central est
impropre à la culture, n'étant composé que de scories ferrugi-
neuses sur lesquelles croissent quelques rares fougères, mais
il n^en est pas de même des plaines qui l'entourent ; là, la terre
est fertile, Teau abonde, la végétation est luxuriante. On y
trouve en un mot tous les éléments indispensables à rétablisse-
ment d'une colonie pénitentiaire.
Le choix qui a été fait, pour y fonder le premier centre agri-
cole, d'une des vallées de la plaine d'Uro, présente les avan-
tages suivants : proximité d'un mouillage d'accès relativement
facile; communication avec la grande terre sans avoir à passer
par le canal de la Havanah ; abondance d'eau douce, car, en
outre des deux ruisseaux qui existent entre Tapen et Kaa, les
premiers travaux d'installation qu'on a exécutés ont amené la
découverte de nappes d'èau à très-faibles profondeurs ; £nfîn,
facilité d'établir le long des contre-forts ufie route en dehors des
marais, de donner une position dominante à la force militaire
chargée de la surveillance des déportés et du maintien du bon
ordre.
Le gouvernement local de la colonie a déjà pris toutes les
dispositions pour organiser le service de la déportation.
Un commissaire-adjoint de la marine a été nommé directeur
de la déportation à Nouméa, et un lieutenant de vaisseau com-
l'année GÉOGR, XI, J4
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2ia OCÉANIE. (n^» 239-243.)
mandant à l'Ile des Pins. Un marché a été passé pour assurer
la délivrance de là viande fraîche aux déportés annoncés ; un
détachement d'infanterie de mariné, ainsi qu'un garde princi-
pal du génie, ont été envoyés à Uro pour, Tinstallation préparée,
recevoir à leur arrivée ceux des déportés qui auraient souf-
fert de la traversée.
Telles sont, en résumé, les bases sur lesquelles le service de
la déportation à Pile des Pins va reposer dès son début. Les
dispositions prises font face à tous les besoins d'une première
installation. Elles pourront être améliorées ou recevoir un plus
grand développement ; mais dès maintenant elles ne laissent au-
cune partie du service en souffrance, et suffisent pour assurer
Pexécution de la loi du 23 mars 1872 dans les conditions qui
ont été votées par PAssemblée nationale.
Des dispositions analogues ont été prises dans 2a presqu'île
Ducos, qui est voisine de Nouméa, et dans laquelle doivent être
internés les condamnés à la déportation dans une enceinte for-
tifiée.
243. H. Greffrath. Die politischen Zustânde auf den Fidschi-Inseln.
Zeitschr. der Gesellsch. fur Erdk. zu Berlin, VI, 1871 (n« 3C),
p. 540-548.
L'archipel Fidji est en train de se faire américain ; et de même
qu'aux lies Havaï, on y joue de la manière la plus comique au parle-
mentarisme constitutionnel. « A l'exception de quelques emplois infé-
rieurs occupés par des indigènes, presque tous les fonctionnaires sont
Américains ; on y trouve aussi quelques Anglais remplissant les fonc-
tions de juges, de ministres, le métier de maitres de poste, etc. Le
gouvernement a un organe officiel, la Ficlji Government Gazette, où
les décrets officiels sont insérés en anglais. Pâques est une fête
» publique, et le gouvernement a même établi, pour imiter les Améri-
cains, un jour solennel d'actions de grâces, U9 < Thankgivings day >
(11 avril), où Ton prie l'Être suprême de préserver l'Ile ou le groupe
d'îles des orages qui pourraient le menacer. »>
Il faut se souvenir, après tout; qu'il y a une vingtaine d*années, les
imsulaires étaient encore anthropophages. Dans les familles on étran>
glait les vieillards, de peur qu'ils ne devinssent â charge à la commu*
nauté. A la mort d'un chef, ses femmes et ses esclaves étaient offerts
en holocauste; les parents avaient le droit de tuer leurs enfants, les
maîtres leurs esclaves, les chefs, tous les gens du commun. Le meur-
tre et la guerre étant un passe temps, il n'y avait pas, â cette époque
une moitié de la population qui mourût de mort naturelle. Le goût de
la chair humaine n'est peut-être pas tout à fait passé chez les Fidjiens ;
cependant, en ces dernières années, il n*y a eu que très-peu de cas
d'anthropophagie. Les indemnités que les Américains ont réclamées
pour les victimes, ont suffi pour mettre un terme à cette abominable
coutume*
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NOUVELLE-ZÉLANDE. 211
Opérations géodésiques à la Nouvelle-Zélande.
M. H. Jackson, ingénieur en chef de Wellington (Nou-
velle-Zélande), et M. J. T. Thompson, ingénieur en chef
de la province d'Otago, ont fait en 1871 une série d'obser-
vations ayant pour objet de fixer rigoureusement la longi-
tude absolue d'un point qui deviendrait le méridien initial
dans toutes les opérations géodésiqfues de l'archipel. Les
deux observations ont déterminé en premier lieu, par la
méthode des cuhninations lunaires, la longitude absolue de
deux points extrêmes, l'observatoire de Hutt, àWellington, et
l'observatoire de Rgckyside à Gaversham, province d'Otago;
puis, comme moyen de vérification, on a déterminé l'inter-
valle en longitude des deux observatoires au moyen de l'ap-
pareil électrique. L'intervalle trouvé par ce procédé s'est
accordé d'une manière merveilleuse ^vec celui que les deux
observateurs avaient déduit de leurs observations astronomi-
ques : la différence, réduite en mesures linéaires, n'était que
de 7°*,6. La longitude de l'observatoire de Wellington, d'a-
près les observations astronomiques qui ont servi de base
k cette opération délicate, est, de 1 1 h. 39 min. 50 sec. 72
à l'E. du méridien de Greenwich (the Australasianj 16
déc. 1872).
Réduite en arc, la longitude de l'observatoire de Wel-
lington est de 174» 57' 40" E. Gr. = 172'» 37' 30" E. de
Paris. Cette longitude n'apporte pas de changement sensi-
ble à la position assignée par les cartes antérieures. C'est
une vérification.
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212 OCÉANiE. (n" 244-
IV
POLYNËSIR.
RÉGION ANTARCTIQUE.
244. Rev. Luther A. Gulick,.M. D. A Vocabulary of the Ponape dia-
lect, Ponape-English and English-Ponape ; with a grammatical
sketch. Journal of the Amer. Orient, Soc, ?ol. X, n» 1, p. 1-
109. New-Ba-o^, 1872, in-8".
Lllé ponapi, on Panipèt, est une des îles principales du groupe
oriental des Carolines.
245. Contre-amiral A. de Lapelin. Llle de Pâques (Rapa-Nuï). fi^vue
Marit. et Colon., nov. 1872, p. 105-125; déc., p. 526-544.
246. Carte des archipels Taïti, Pomotou, etc. Corrigée en 1872. Dé-
pôt de la Marine (n* 985).
247. Carte des" îles Hawaï; corrigée en 1872 (n* 1151).
248. Carte des lies Marshall et Gilbert; idem (n« 1153),
249. Carte des îles situées dans l'Océan Pacifique entre 12* latit. N.
— 6» latit. S., et 142» — 172« longit. 0.; idem (n» 1154).
— Iles situées entre 20» — 36» latit. S., et 127« — 156» longit.
0.; idem (n« 1158).
250. De Neumayer. Die Erforschung des Sûd-Polar-Gebietes. Zeitsehr,
der Gesellsehaft fur Erdk. xu Berlin, 1872 (n» 38), p. 120-170.
Carte.
Les expéditions ponr Tobservation da Passage de Vénas dirigent
déjà Tattention vers la zone Antarctique.
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AMERIQUE DU SUD
I
p£hou.
251. Clem. R. Markham. Reports on the discovery of Peru* Transla-
ted and edited, with notes and an Introduction. Lond,, 1872,
in-S" (Publications of the Hakluyt society).
Voir notre précédent volume, p. 160, n* 314. — Ce nouveau volume
de l'infatigable secrétaire de la Hakluyt society est une addition d*une
grande valeur et d'un grand intérêt à la série déjà si précieuse des
publications faites par l'association. Sur ce sujet, M. Markham est en
plein dans son domaine. Au milieu des travaux géographiques, aussi
variés qu'importants, entre lesquels le savant écrivain a partagé sa vie,
le Pérou tient une place considérable. Il a déjà traduit pour la société
Pascual de Andagoya, où se trouve la plus ancienne notice du Pérou ;
les voyages de Cieza de Léon, 1532-1550; la vie de DOn Àlonzo deGuz-
man, 1518-1543; une introduction à l'expédition d'Ursua et Aguirre,
'1560-61 ; et enfîn,les Commentaires Royaux des Yncas, écrits par l'Ynca
Garciladso de la Vega. M. Markliam a publié une Grammaire et un
Dictionnaire Quichua. De sa personne il a exploré le Pérou et les fo-
rêts des Andes orientales, de 1852 à 1854, et comme botaniste il 8*est
fait grand honneur en introduisant la culture de l'arbre à quinquina
de l'Amérique du Sud dans Tlnde, en 1860 et i861.
Le volume actuel, qui est à vrai dire un recueil, renferme au total
un exposé sommaire de l'épisode le plus émouvant qui se rencontre
tdails la merveilleuse histoire des conquêtes espagnoles ; et quoique ra-
contés avec moins de détails que dans Herrera et d'autres compila-
teurs, les faits y reçoivent un caractère particulier de fraîcheur et de
vie, de cette circonstance que les récits nous sont transmis par des té-
moins oculaires et des observateurs intelligents. Les documents com-
pris dans le volume sont au nombre de quatre :
1. Relation de la conquête du Pérou, par^Froncisco de Xer««, secré-
taire de François Pizarre;
2. Rapport de Miguel de Àstetey sur l'expédition de Fernand Pizarre
à Pachacamac ;
3. Lettre de Fernand Pizarre là l'Audience royale de Saint-Do-
mingue ;
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214 AMÉRIQUE DU SUD. (n*»' 251-254.)
4. Rapport da notaire Pedro Sancho sur la distribution de la rançon
d'Atahuallpa.
Ainsi qu'on peut bien le supposer, le morceau capital est le récit de
Garcia de Xeres, écrit sur les lieux par ordre de Pizarre.
Inutile d'ajouter que les additions de l'éditeur rehaussent singulière-
ment rintérét et la valeur de cet ensemble de documents.
ariî. Du même ; On the geographical positions of the tribes which
formed the empire of the Yncas; with an appendice on the
name of Aymara. Journal of the Roy. Geogr. Soc.j vol. XLI,
p. 281-338; avec un plan de la ville de Cuzco.
— Un extrait de cet important travail avait été déjà inséré au
vol. XV des ProceedingSy déc. 1871, p. 367-381, sous ce titre
d ifférent : on the races of the Peruvian Andes, and on the com-
munication between the Andes and the Atlantic.
2ïi^. 1, H. Rochelle, Président of the peruvian hydrographie Com-
mission of the Amazon. Geographical positions in the valley of
the Amazon. Proceedings ofthe Roy, Geograph, Soc, vol. XVI,
n- 3, juillet 1872, p. 271-274.
Les positions dont se compose cette liste sont au nombre de 57;
elles appartiennent au cours de TUcayati, du Huallaga et du haut Ama-
zone, et sont toutes comprises dans les limites du Pérou. Tous les
points sont fixés en latitude et en longitude, avec addition, pour quel-
ques-uns, de l'observation barométrique d'altitude. M. Henry Rochelle,
président de la commission hydrographique instituée au Pérou pour
l'exploration du bassin supérieur de l'Amazone, en communiquant la
liste au Président de la Société de Géographie de Londres (1871), y
ajoute cette annotation, que < toutes les positions que la liste com-
prend ont été obtenues par des observateurs soigneux et compétents,
pourvus de bons instruments. » C*est donc un document d'une valeur
considérable pour la carte du Pérou.
3S4. F. Chardonneau, capit. de frégate. Instructions nautiques sur
la côte du Pérou, d'après Aurelio Garcia y Garcia, capit. de la
marine péruvienne; avec additions. Paris, 1872, in-8*, vn-211
pages, 4 fr. (Public, du Dépôt de la Marine).
Explorations hydrographiques dans le Pérou.
Nous relevons le passage suivant dans YAddress du Pré-
sideût de la Société de Géographie de Londres^ le 22
mai 1871, document qui n'a été publié qu*au mois d'oc-
Lôhre suivant, a Le gouvernement du Pérou poursuit son
utilô et louable entreprise de faire explorer les parties
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PÉROU. 215
peu connues de Tintérieur du pays K La Société a été te-
nue au courant des progrès qui y ont été faits jusqu'à
présent par son correspondant à Lima, Don Felipe Paz
Soldan. Nous apprenons, par cette voie, que la reconnais-
sance et le levé dès rivières les plus importantes des par-
ties du Pérou situées à l'est des Andes, ont été continués
sans interruption.
Le gouvernement du Pérou attache une grande impor-
tance à cette œuvre, qu'il regarde comme indispensable à
la colonisation de ces fertiles régions, et à l'ouverture des
communications avec l'Europe par TÂmazone et l'Atlan-
tique. Pour la réalisation de ce plan, des steamers ont été
construits pour la navigation des rivières, et de coûteux
établissements ont été fondés sous la direction d'ingé-
nieurs et de topographes européens ou nord-américains.
L'exploration du rio Utcubamba et d'autres rivières a été
confiée à M. Arthur Wethermann, qui en a fait un relevé
exact appuyé sur une série nombreuse d'observations
astronomiques. Le rio Pachitea a été aussi très-soigneu-
sement examiné, et a été trouvé facilement navigable: —
résultat d'une grande importance, en ce qu'il confirme l'es-
poir du prochain établissement d'une grande route com-
merciale, conduisant des districts peuplés du Pérou en
Europe par la voie de FAmazone. Un peu plus au sud, on
a entrepris la reconnaissance des grandes rivières qui ont
leur origine au voisinage des mines d'argent de Gerro de
Pasco, et qui se portent vers l'Amazone. Trois rivières
considérables, le Paucartambo, l'Occobamba et le Tchan-
chamayo, s'unissent ici pour former le Perene, rivière de
plus de 100 mètres de large et de 5 à 6 mètres de profon-
deur. Un pt*oblème intéressant qui reste à résoudre, est
de savoir si le Perene est navigable jusqu'à sa jonction
•avec le Tambo et l'Ucayali : car dans ce cas une naviga-
1. Voir à ce sujet le t. VIII de VÀnnée Géographique, p. 142.
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216 AMÉRIQUE DU SUD. (n**» 255-261.)
tîon à vapeur d'une énorme étendue sera possible, en re-
montant les rivières à partir de l'Atlantique^ jusqu'à une
assez courte distance de Lima francMssable en chemin
de fer<
II
CHILI. RÉPUBLIQUE AR6ENTINF.
PATAGONIE.
URUGUAY. PARAGUAY.
2r>5. Dirgo Barros Arana. Principales rasgos de la jeografia de Chili
(Aperçu substantiel formant le 15® chapitre des Elementosdejeo-
orafia fisica de M. Arana, p. 296-330; Santiago de Chili, 1871,
m-é% Raymond).
2.>6, Fr* Seybold. Eine Reise in den Cordilleren von Chile. Mittheil.
dtr Geogr. Gesellsch. in Wien, 1871, n« 12, p. 601-603.
Fourvu de deux baromètres à mercure et d'un anéroïde, M. Seybold
a traversé deux fois (aller et retour) les Andes chiliennes au mois de
février 1871. Il a pris 64 mesures de hauteur dont il fera Tobjet d'un
tï-aT ni 1 ultérieur ; voici quelques-unes de ses cotes, qu*il communique
aaas sa lettre au prof. Hochstetter :
ï'ortillo occidental, ou de los Piuqnenes 4174 mètres.
Portillo oriental (Portillo proprement dit) 4568 »
Vlsta-Flor, estancia à l'entrée des plaines 1083 »
PCLQt le plus élevé de la passe Diamante. 37S7 - >
Laguna del Diamante 3330 »
Point de partage des eaux entre le. Chili et les
provinces Argentines, au sud du volcan Maïpé. 3413 »
Tilla de San José. 940 »
Santiago de Chile.. .^ 626 »
2S7. Kïch, C. Mayne. Instructions pour naviguer dans le détroit de
Mat^cllan.... Trad. de Tangl. par MM. E. Talpomba et de La-
pierre, Paris^ 1872, in-8% viii-176, p.
Public, du Dépôt de la Marine. Bossange.
SlàB. K. D. Thomas. Hanes Cymry America.... (Histoire des Gallois
■l'Amérique, par le Rev. R. D. Thomas. Utica (État de New
Tûik), 1872, in-8«, vM79-17 1-177-8-16 pages (T.'p^).
Une note du Journal des Savants (juillet (1872), évidemment sortie
d^nnfi plume particulièrement compétente, donne sur ce livre, destiné
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RÉPUBLIQUE ARGENTINE. 217
à nne publication restreinte, des détails dont il nous paraît intéressant
de reproduire an mqins quelques parties. < Il n'y a pas en Europe de
population plus digne d'intérêt et de sympathie que celle du pays de
Galles, que rattachent à la France de si étroites affinités de race.
Lorsque, après une lutte de deux siècles, la masse de la population
celtique de la Grande-Bretagne a été définitivement expulsée, dé-
truite ou asservie par les Anglo-Saxons, les Bretons et les Gambriens
surent, à force d'héroïsme, garder leur indépendance nationale et la
maintenir longtemps encore après la chute de la domination saxonne.
Us ont su depuis, ce qui n'est peut-être ni moins difficile ni moins
I méritoire, conserver leur langue, et, grâce à elle, tous les caractères
I distinctifs qui constituent une nationalité morale. La principauté de
I Galles {Cymru en gallois, Wales en anglais), compte aujourd'hui environ
I douze cent mille habitants restés en grande majorité fidèles à la langue
de leurs ancêtres, le cymraeg (le c se prononce toujours fc), idiome ap-
parenté de très-près à notre breton armoricain, et, de plus loin, au
gaélique d'Irlande et d'Ecosse. Chaque année, il se publie dans cette
langue une vingtaine de Revues ou de journaux politiques et littéraires,
ainsi qu'un nombre considérable d'ouvrages sur les sujets les plus di-
vers. Mais la principauté est trop étroite et trop peu fertile pour suffire
au rapide accroissement de sa féconde population; aussi les Gallois
émigrent-ils chaque année par milliers dans les grandes villes de l'An-
gleterre, en Australie, et surtout aux États-Unis d'Amérique. L'un de
ceux qui ont pris ce dernier parti, le Rév. R. D. Thomas, plus connu
de ses compatriotes sous le nom littéraire d'Iorthryn Gwynedd, s'est
proposé, dans l'ouvrage actuel dont le premier volume vient de pai
raitre, de faire l'histoire des divers établissements gallois de la grande
république, et de réunir tous les renseignements statistiques, géogra-
phiques, biographiques, bibliographiques et autres, qui se rapportent
à leurs intérêts moraux, nationaux ou matériels. Il a entrepris là une
tâche considérable, qui lui a déjà coûté de longues années de voyages
et de recherches, et dont il parait s'être acquitté avec beaucoup de
conscience et de soin. ,
fl M. Thomas donne en terminant quelques biographies de Gallois
américains. Il évalue le nombre des Gallois, ou descendants de Gallois
des États-Unis, à enviro» trois cent mille. D'après des éléments d'in-
formation assez incomplets, il en compte cent quinze mille comme par-
lant le gallois; ce chiflire est très-probablement inférieur à la vérité. Le
nombre des publioations périodiques en langue galloise y est de huit :
deux journaux hebdomadaires et six revues mensuelles. Malgré ces
louables efibrts, les établissements nouveaux, noyés au milieu des flots
toujours grossissants d'une population parlant l'anglais, ne pourront
éviter le sort des établissements plus anciens, qui n'ont plus aujour-
d'hui rien de gallois.
< Ne pouvant se résoudre à l'extinction de leur langue et de leur
nationalité, malheureusement probable dans un avenir plus ou moins
lointain, un certain nombre de Gallois patriotes résolut, il y a quelques
années, de fonder, loin de tout centre de population, une colonie pure-
ment galloise où ils pussent concevoir l'espérance de se développer
librement et de perpétuer indéfiniment la langue et le génie de leurs
aïeux. Une association se forma à cet efi'et dans la principauté, sous
la présidence de M. Michael D. Jones, directeur du collège indépendant
de Bala (comté de Merioneth), et, en 1865, un premier groupe d'émi-
grants vint commencer en Patagonie l'établissement d'une colonie au-
tonome sous la suzeraineté de la Confédération Argentine. Cette co-
y Google
213 AMÉRIQUE DU SUD. (N*»' 262-278.)
lonie naissante est située par 43 degrés de latitude S. environ,
sur les bords du Rio Chupat, que les émigrants appelèrent dans lenr
langue le Camwy (le sinueux). Pendant les premières années, ils eu-
rent beaucoup à souffrir et à lutter contre bien des difficultés. Us ont
aujourd'hui passé la période la plus difficile ; ils voient peu à peu leur
nombre s'augmenter et leurs ressources s'accroître.... »
269. D' Joâo Ribeiro de Almeida. Brèves consideraçôes âcerca de
alguns documentos trazidos do Paraguay. Revista trimensal do
instîtuto do Brasil, T. XXXIII, 1870, p. 186-206.
260. F. C. JoDRDAN. Atlas historico da guerra do Paraguay. Rio de
Jan,y 1871, in-f".
261. A. Brunel. Biographie d'Aimé Bonpland, compagnon de voyage
et collaborateur d*Alex. de Humboldt, Orléans, 1871, in-S",
189 p. et portrait {Paris, Guérin).
III
BRÉSIL.
262. Em. Liais. Cliniat, géologie, faune et géographie botanique du
Brésil. Paris, 1872, in-8». Carte.
263. Ern. Ferreira Franca Filho. Apontamentos diplomaticos sobre
os limites do Brasil. Revista Trimensal do inslituto do Brasil,
T. XXXIII, 1870, p. 213-236.
264. Fr. Almeida e Sa. Compéndio da geographia da provincia de
Paranâ. JRio de Janeiro, 1871, in-16, 88 p. 7 fr.
265. Joaq. Ferreira Moutinho. Noticia da provincia de Mato-Grosso,
sequida de un roteiro da viagem da sua' capital é. de San Paulo.
1871, in-8».
266. Memoria sobre o capitania do Cearâ; copia d'um documento
existente no archive publico. Revista Trimensal, T. XXXIV,
1871, p. 255-286. • ^
Document géographique, historique et économique daté de 1814.
267. D' César ^ug. Marques. Diccionario historico e geographico da
provincia do Maranhâo. Maranhao, 1870, in-folio. •
268. Ant. Bern. Pereira do Lago. Itinerario da provincia de Ma-
ranhâo, começado em Janeiro de 1820. Revista Trimensal,
T. XXXV, 2° trim. 1872, p.,385-422.
Manuscrit tiré des archives du gouvernement de Maranh3o
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BRÉSIL. 219
269. J. Vito ViEiRÀ DE Càrvai^hû. Alguns apontamentos da viagem
feila por terra d'esta corte a cidade de Cuyabâ (1865). Ibid,
p. 423-438.
La cartographie peut profiter, dans ce morceau, d'un itinéraire cir-
constancié de Goyaz à Cuyabâ. <
270. M. Tabbé Durand, ancien Missionnaire au Brésil. Considéra-
tions générales sur l'Amazone. Bulletin de la Soc. de Géogr.,
nov. 1871, p. 312-339.
M. l'abbé Durand, qui a longtemps figuré dans les rangs de nos. Mis-
sionnaires parmi les plus dévoués, les plus actifs et les plus instruits,
non-seulement résume ici les notions contenues dans les meilleurs
ouyfages généraux et particuliers sur le fleuve des Amazones, mais il
parle aussi en homme qui a vu, et bien vu, les contrées intérieures de
cet immense bassin. ,
271. Du même : Le Rio Negro du Nord et son bassin. Paris, 18^2,
in-8», 38 pages. (Extrait du Bulletin de UTSôC. de Géogr., janv.
et févr.).
272. Du môme : Coup d'œil sur l'ensemble des voies navigables de
l'Amérique du Sud, et du bassin de TAmazone en particulier
(Morceau lu au mois d'octobre 1872 à Bordeaux, dans une des
séances du « Congrès de l'Association française pour l'avance-
ment des sciences, » et imprimé dans le Monde, 7 novembre).
273. Du même : Les Indiens du Brésil, et en particulier du bassin
de l'Amazone (Lu à la même réunion, et imprimé dans le même
journal, 14 novembre).
274. Ch. Fred. H art t. On the tertiary basin of the Maranoij. The
American Journal of science, juillet 1872, p, 53-58.
Nous n'avons inscrit cette note, dont la spécialité géologique est en
dehors de notre cadre, qu'à raison de quelques remarques que nous y
trouw>ns sur le nom du grand fleuve américain. « Ce nom est propre-
ment Rio das AmazonaSy rivière des Â.mazone8 ; mais au Brésil on dit
communément o Amazonas^ l'Amazone. Le nom de Maragnon, espa-
gnol Maranon^ sur lequel il ^a eu tant de discussions, est indubita-
blement le même mot que le tupi Pa/ranâ, qui signifie rivière ; la
'forme portugaise de Maranon est Maranhao (Maranham). if et p sont
des consonnes permutables, ainsi qu'on le voit par un grand nombre
de mots de la moderne lingua gérai: morandû ou porandû (question-
ner), puraçei ou mura^ei (danser), etc. La voyelle finale de paranâ
est souvent plus on moins nasale ; de là les noms géographiques brési-
liens Paranan, Juparanan. »
275. L. R*** L'abolition de Tesclavâge au Brésil. Revue MarUime et
Colon,, janv. 1872, p. 148-155.
Considérations historiques et économiques. Texte de la loi du 28
sept. 1871, promulguée par la comtesse d'Eu, régente du Brésil^ pen-
dant le voyage en Europe de son père Don Pedro II, pour régler l'é-
mancipation des esclaves.
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220 AMÉRIQUE DU SUD. (n°' 262-278.)
276. Ch, Pradez. Nouvelles études sur le Brésil. Paris, 18T2, in-lî,
272 pages. (Thorin).
277- Krn. Mouchez, capit. de vaisseau. Atlas naudque du Brésil. Pa-
ris, 1872. (Public, du Dépôt de la Marine. — Voir ci-après.)
2TB, Revista Trimensal do instituto kistorico, geograpbico e ethnç-
graphico do Brasil. T. XXXIV, 1871, en 4 fascicules trimestriels,
455 pages; t. XXXV, 1872, 1" et 2* trimestres, 440 pages. Rio
de Janeiro,
S !•'. Les publications géographiques sur le Brésil. «
L'empire du Brésil a été l'objet, depuis quelques an-
nées, de relations et de publications descriptives fort re-
marquables : il suffit de rappeler les noms de Baril de
la Hare, Biard, Agassiz, Hartt, Wallace, Bâtes, Orton,
Mouchez, etc. Le nouvel ouvrage que vient de nous don-
ner M Liais sur cette immense contrée *, prendra rang
parmi les plus importantes de ces publications (ci-dessus,
n- 262).
On en jugera par l'appréciation que M. Élie de Beau-
mont en a faite au sein de T Académie des sciences :
L^ ouvrage de M. Liais, publié par ordre du gouvernement
impérial du Brésil, est un véritable monument élevé par notre
co ni patriote aux sciences naturelles. Chargé d'abord comme
ingénieur de diverses explorations pour les travaux de l'em-
pire brésilien et pour l'exploitation de mines, M. Liais a parcouru
le pays pendant plus de treize ans et a recueilli un nombre
énorme de documents. Il lui eût fallu pour tout dire un second
volume au moins égal à celui qui vient d'être publié, c Cette
ratnarque, ajoute-t-il, justifiera la forme exclusivement scien-
l . Oïl doit déjà à M. Em. Liais (aujourd'hui directeur de TObserva-
toire de Rio de Janeiro) deux ouvrages de premier ordre sur le Brésil :
Hytiiographie du haut San^Francisco, cartes et texte, grand in-f*,
Parii, 1865; Vespace céleste et la nature tropicalSj Paris, 1865, gr.
m-H"", Bien qu'ayant pour sujet en général la région tropicale du
T^ûu veau-Monde, le second de ces ouvrages touche d'une manière
plus «péciale au Brésil. Voir le T. IV de V Année géôgraphiquey
p. 2im.
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BRÉSIL. 221
tifique à laquelle je me suis arrêté, malgré tout le prix que
j'attache à la vulgarîsatîon de la science. » Il a fallu, en effet,
aller au plus pressé et consigner sans pdrases une multitude de
faits concernant la géologie, la géographie botanique de Tem-
pire. Ce très-grand nombre de renseignements, soigneusement
discutés, a nécessité de la part de Tauteur une science extrê-
mement générale et néanmoins très-approfondie. M. Liais,
malgré ces travaux multiples, n'en a pas moins continué avec
bonheur ses études astronomiques, et nous sommes heureux de
pouvoir dire que la science comptera bientôt au Brésil un éta-
blissement modèle ; des instruments d'observation sont en con-
struction en France, et Tobservatoire brésilien pourra bientôt
marcher de pair avec nos observatoires européens.
L'ouvrage de M. Emmanuel Liais est subdivisé en trois pai^
ties principales, comme Tindique^ son titre, et orné d'une carte
générale du Brésil. Toute la géologie de l'empire est mainte-
nant établie^ sa faune aux temps récents et quaternaires est
passée en revue ; toutes les espèces vivantes sont décrites et
en quelque sorte prises sur nature. Il en est de même pour la
flore, les climats et les curiosités naturelles du pays. Les cha-
pitres consacrés aux mines présentent un vif intérêt, et seront
lus avec d'autant plus d'empressement que l'auteur du livre a
contribué pour beaucoup à la découverte de plus d'un gise-
ment et réglé le meilleur mode d'exploitation à adopter.
L'exploitation des mines au Brésil est encore en ce moment
presque complètement limitée à Tor, aux diamants, et à quel-
ques pierres accompagnant le diamant, telles que les topazes
jaunes, les chrysobéryls, les béryls ou algues marines, et cer-
taines tourmalines vertes appelées aussi c émeraudes du Bré-
sil. 3) Il existe cependant des mines de fer, de plomb, de cuivre;
malheureusement les moyens de transport à bon marché font
encore défaut. Dans l'intérieur, à Minas Geraes, on exploite au
charbon de bois, et seulement pour la consommation locale, le
fer oligiste dont la qualité et la pureté sont renommées.
Les recherches de M . Plant ont fait connaître l'existence au
sud de l'empijre de vastes dépôts de houille de très-bonne qua-
lité, qui pourront être facilement exploités quand un chemin de
fer projeté permettra de porter le combustible à la mer. A
côté, on rencontre des dépôts de carbonate de fer et des mines *
de cuivre. Les filons plombifères sont très-abondants au Brésil ;
le minerai se compose de galène, et quelquefois il renferme de
l'argent. Il parait probable aussi qu'on découvrira^ sans be^U"
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222 ' AMÉRIQUE DU SUD. (N**» 262-278.)
coup chercher, du mercure; on a déjà trouvé des cristaux
de cinabre dans les dépôts quaternaires diamantifères.
L'exploitation des diamants se fait sur un assez grand nombre
de points de l'empire, notamment à Diamantina, à Bagagem
et dans les Ghapadas diamantinas de Tintérieur de Bahia ; mais
en somme, cette exploitation est très-limitée, quand on la com-
pare à Pétendue des dépôts diamantifères. Le mode d'extraction
usité est à peu près le seul possible . On amasse le casccUho en
tas sur le bord de Teau et on le lave ensuite dans des batias.
On en sépare à la main les plus grosses pierres, et on étale le
résidu graveleux dans la batia, après que Teau en a enlevé les
sables et les argiles ; puis on tourne ce vase de façon à faire
tomber les rayons du soleil dans son intérieur. Le diamant se
fait alors reconnaître par son éclat particulier, supérieur à
'celui des autres pierres. Pour des yeux moins exercés, une
couche d'eau au-dessus des pierres aide à le reconnaître, à
cause de son fort pouvoir réfringent ; il apparaît alors comme
une bulle lumineuse.
Beaucoup de placers aurifères ont été exploités au Brésil et
épuisés dans le siècle dernier; il en reste toutefois encore à ex-
ploiter sur jane multitude dé points, surtout dans le bas du Val
du Rio das Velhas.
M. Liais appelle l'attention sur le nombre énorme de filons
aurifères du Brésil, qui pourraient être avantageusement ex-
, ploités ; la question d'exploitation se réduit à broyer économi-
quement une grande*quantité de pierres, parce que si la teneur
par mètre cubique n'est pas aussi grande que pour certains
âlonsdelaCalifornie et de l'Australie, le volume est incompara-
blement plus considérable. On regagne par la quantité ce que
l'on perd en qualité. Avec les machines hydrauliques, un ren-
dement de 5 grammes d'or par mètre cube peut payer les frais
d'exploitation pour un filon pyriteux jusqu'à des profondeurs
moyennes.
Le bel ouvrage de M. Liais comble une lacune regrettable,
et il faut féliciter le gouvernement du Brésil d'en avoir or-
donné la publication; elle profitera certainement , aux progrès
de la science.
S 3. La cartographie du Brésil.
Au milieu des sanglantes et stériles agitations dans les-
quelles se cousumenty depuis un demi-siècle, les anciennes
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BRÉSIL. 223
colonies espagnoles du Nouveau-Monde , deux États , le
Brésil et le Chili, restent calmes et prospères ; aussi est-ce
là seulement que se poursuivent, d une manière fructueuse
et continue, les paisibles travaux de la science, et en par-
ticulier les études topogi*aphiques. Nous avons mentionné
le levé géodésique que le gouvernement chilien a fait exé-
cuter sur son territoire , et la carte à grande échelle qui
est maintenant en cours d*exécution. Le Brésil est trop
vaste pour songer, de longtemps, à une pareille œuvre;
mais, si nos informations sont exactes, le gouvernement a
décidé que tout ce que l'on possède dans les archives de
matériaux partiels, gravés ou manuscrits, — et il y en a
d'excellents, — que toutes les reconnaissances, les notices,
les rapports, etc., seraient mis à contribution pour en con-
struire, à une échelle convenable, une carte de l'empire
qui serait jusqu'à nouvel ordre la carte officielle. On doit
^tre maintenant à l'œuvre pour cette élaboration, qui
répond à un véritable besoin scientifique. L'empereur,
personnellement, attache un grand prix et porte un vif in-
térêt aux travaux de cette nature ; on a pu en juger pen-
dant le voyage qu'il a fait dernièrement en Angleterre et
en France, voyage de savant et d'artiste plutôt que de sou-
verain.
Au point de vue de l'hydrographie maritime, nulle 'con-
trée n'est aujourd'hui mieux partagée que le Brésil. Déjà,
depuis 1818, la longue ligne de côtes de ce vaste pays avait
été relevée par d'habiles marins, tant étrangers que natio-
naux. Dans ces dernières années, un des officiers les plus
instruits de la marine française , le capitaine Ernest Mouchez,
a repris et complété ce grand travail. £n présentant l'Atlas
nautique du capitaine Mouchez à l'Académie des Sciences
(10 juin), l'amiral Jurien de la Gravière a fait ressortir,
en quelques mots, le caractère et la valeur de l'œuvre. L'ap-
préciation d'un pareil juge est précieuse à recueillir.
«J'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie, a dit
uiyiiizeu uy >.^« v^ v^' pc i n^
224 AMÉRIQUE DU SUD. (n*** 262-278.)
l'amiral, sur un atlas comprenant 51 cartes, que M. le
capitaine de vaisseau Mouchez a levées sur les côtes du
Brésil depuis 1864. Ce levé des côtes orientales de TAmé-
rique du Sud a été exécuté pendant trois campagnes suc-
cessives, sur des navires attachés au service de la station
navale, navires qui ne pouvaient être que momentanément
distraits de leur mission militaire. Il a donc fallu recourir
à des méthodes rapides, à des procédés ingénieux, pour
terminer en aussi peu de temps et dans de semblables con-
ditions un travail qui comprend plus de mille lieues de
côtes entre TÂmazone et la Plata. On connaissait déjà le
levé sous voiles. M. Mouchez, en mettant à profit l'instru-
ment plus docile dont il disposait, nous a montré ce qu'on
pouvait attendre du levé sous vapeur; il a su combiner
très-heureusement les routes du navire et les détermina-
tions astronomiques, les stations faites à terre et les relève-
ments pris de la mer. Les détails de la côte, les sondages,,
ont pu être ainsi rattachés à un certain nombre de points
culminants dont la position avait été fixée avec toute la pré-
cision désirable.
c Quant aux ports, aux divers mouillages accessibles
aux navires européens, ils ont été levés avec assez de soin
et construits à assez grande échelle pour qu'on puisse les
fréquenter aujourd'hui avec une sécurité complète. Les
positions géographiques sur lesquelles s'appuie l'ensemble
de cette exploration ont été, de la part de M. Mouchez,
l'objet de nombreuses observations , exposées dans un mé-
moire particulier ^ »
1. Nous avons donné le titre de ce mémoire au t. VIII de V Année
Géographique y p. 90, n* 108. Voir aussi p. 117 du m6me volume.
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GUYANE. S2&
IV
VANÏSCÉUl et COLOMBIE.
GDTANES.
379. H. Bf. and P. V. N. Mtbbs. Life and nature under the tropics^
or sketches and travels among the Andes and on the Orinoco,
Rio Negro and Amazon». New York, 1871, in-8% 10 sh. (Ap-
pleton).
Section de Texpédition américaine de 1867, dont nne autre teetion,
celle deQaito i rAtlantiqne par i*Amazone, a en pour historien M. Or-
ton. (Voir le t IX de VAnnée Géogt,, p. 177).
280. H. A. WiCKHAH. Rough notes of a joumey through the wilder-
ness, from Trinidad to Para, Brazil, by way of the great cata-
racts of the Orinoco, Atabapo, and Rio Negro. Also a previous
joumey among the Soumoo or Woolwa, and Moskito indians.
Central Aoierica. Lond,, 1872, in-8*, illustr., 1& sh. (Carter).
281. Fr. Engel. National und Racen-Typen des Tropischen Amerika.
ZciUchr. fàrEthnolj 1871, p. 18-51.
282. A. Ernst. Die Goajiro Indianer. Eine ethnogr. Skizze. Ibid.,
1870, p. 328-336, 394-403. Avec Une carte et une pi.
283. Du même : Anthropological remarks on the Population of Ve-
nezuela. Memoirs read hefore Ihe AfUhropolog, sœ. of london,
1867-69 (vol. III). Lond,, 1870, in-8», p. 274-287.
L*autear rappelle d'abord les chiffres différents qai ont été donnés
de la population de la république. Hnmboldt Tévalnait, au commen-
cement du siècle, à soo ooo &mes ; Codaszi, en 1841, après nne longue
période de guerres, donnait le chifik'e de 701 633. Le recensement de
1344 fournit les données suivantes :
HabitenU libres i 173574
Itonomisos (demi-aflhmehis) 93 314
Esclaves 21 628
1213 716 habitants.
« Ce recensement, dit Tanteur, est le plus digne de confiance de tous
ceux qui ont été faits dans le Venezuela. » M. Emst ne pense pas, eu
égard aux conditions de diverse nature dans lesquelles le pays est
placé, que Ton puisse y évaluer à plus d'un pour loo l'aecroissement
normal actuel de la population. Partant de cette base, et s'appuyant
sur le recensement de 13U, on ne pourrait guère porter la population
de 1373 qu'à 1 S60 000 âmes.
Les éléments constitutifs de cette population sont les créoles blancs»
les faces métis à divers degrés» les étrangers» les iribus aborigènesi L^à
2ât| AMÉRIQUK DU SUD. (n*' 279-287.)
nègres liront jamais été nombreux A Vénézaela, maintenant moins
que jamais. Parmi les étrangers, les pins nombreux sont les ti{«Aai,
venus des lies Canaries. M. Ernst pense que leur nombre doit être ac-
tuellement de 35 à 36 000. G*ést une classe industrieuse et actïTe.
Après les Islenos Tiennent, pour le nombre, les Allemands, puis les
Mord-Américains, Il n\ a pas dans le pays .looo familles de purs créoles
blancs. Tous les eib^^i^' sèift éi»mm^^s;%'eAt le fond dominant
de la population. Au point de vue moral, Tauteur en fait un triste
portrait.
suiviç d'un recueil jj^ contes, îablês pt chansoçs en créofe, avec
iraductipn en regarct, notes et coœimentairès.lÊtuàé §urï»gram-
inaîré créole. AntibèSf 1872, in-â2, vi-îlô p.
??&• JDr j), G, 3RÎNTPW. T^e imw^î^ i*ug«?«ç ^ Qmm^ m its 1'»-
guUtic aod etbnologifal r^atipos. EUiadilphi^, 1871, in-4*,
^ 18 pages. 5 sh. (^filtrait d^ TrimMoctiom jofthe JtfiTeaMm Fhi-
io§(^h, m. y yol. py, Part 3j. — Voir .ci-^r^?, 1 2.
J»ojiç .4*a5tre9 trvrpni d» mèça^ Mogul^ spjr Iç» i^ipm^ améri-
<»ins, voir le précédent vof . deVAflnie^ p, IM. n»* 206 ejt ^67. M. Brin-
Un A aussi publié un puidè deiicnptif en Floride, 't>U, p. 120,
286. D^ A. P. ÂRA^GO. Snsa^ etnô|grafic(^ isobi:e Ips Iclïorigeiies dêi
Estado de Antioquia en ColcÀnMa. i*ari^,. 1871, în^, 82>.
ièi. PbÎTCE DE Léon y âtaria Paz. 6a{i;à ^eograèpa dé Ip$ ISsààx»
Unidos dé CoiuiïilÂa, antijgûa VÏvl€^ Grana&. Pkr% 1872, 4
$ V* V^^ èxploraJBon 4anii làà^yaii^ àujglàisê.
Noua appfènoûs paùr la ^erpi^TÇ A4^W % présideBt
de la Soci^t^ de Londres (mai isfi) su§ 403 Reconnais-
sanoes imporiantes ont en Iteti éft&ft h {Arliefl smpérieiires
de la (juyi»e anelaisè. M. G. B. Brown, âe la Commis-
sion géologique oe |a Guyane, déjà poui}n par la découverle
de la magnifique cascade de Kaïeieur dans Tintérieur de
la colonie, a continué è^$ exploirati<!fi^| sur un terrain fé-
cond en décourertes, même après o^Ues de Rob* Sièhom-
butyk. M. Btot^ à fiit un èlatpeîi jîip^qnô|anëé de la ré-
gion des sources dé l'iSsStBquibo et du Gorentyti : on
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QUYAÎ^K» $87
sait que la preimèr^ de ees deux rivières travwae du eud
an nord toujte la loQgneurde la Guyane anglaise, el que la
second^ sépare la colonie britannique de la Guyane bol-
landaise. M. Brown a reconnu également l'espace .9<mprie
entre 1^ tête des defuc fleuves^ et il a constaté que la ligne
de faîte comprise dans cet intervalle est très-diffënente de
ridée qu'on e'en forme d'après Torograpbie un peu fantai-
siste de pos cartes. « Là où elles dessinent une chaîne de
monti^nes d'un aspect formidable sous les noms de Sierra^
Aca/rai et de S. Tumuraqmj M. Brown a parcouru un pays
ondulé, élevé seulement de 200 mètres en moyenne au-
dessus de la mer, sans y rencontrer d'autre obstacle qu'une
épaisse forêt et des terrains marécageux. La montagne la
plus baute qui ait été observée n'avait qu'une altitude de
378 mètres : du baut de cette montagne, l'explorateur em-
brassa une vaste perspective sur le pays montueux qui
s'étend au sud, dans les provinces brésiliennes de Grâo-
Para et d'Amazonas. M. Brown put ae convaincre toi qu'il
n'y a pas de chaîne proprement dit^ dans cette partie de
la ligne du partage des eaui:. »
$ 3. Les Aravaks.
Le mémoire de M. Brinton sur les AYavaks (n** 485), tou-
che aux origines mêmes et aux migrations anôiennes d'une
fraction considérable de la race américaine du Sud ; ce
travail prend par là une importance qui nous oblige d'en
donner une analyse succincte.
Les Aravaks sont une tribu d'Indiens qui aujourd'hui
demeure dans la Guyane anglaise et dans la Guyane ho)"^
landaise, entre les rivières Corentyn et Pomeroun. Ils &o
nomment eux-mêmes Loukkounou; ce sont leurs voisins
qui leur appliquent la dénomination méprisante d^Arouaks
(dont les Européens ont fait Aroaquis, Aroacos, Aravaks,
etc.), c'cst-k-dîre dô « Mangeurs de farine », d'après leur
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228 A»IÉRIQUE DU SUD. (n'* 279-287.)
habitude paisible d'extraire un article important de nour-
riture de la moelle amylacée du Mauritia flexuosa, et de
la racine comestible du manioc (le cassave, sagou ou
tapioca),
La tribu ne compte guère que 2000 âmes; et eu égard à
ce peu d'importance numérique, il semble que les Aravaks
ne méritent pas plus qu'aucune des obscures tribus indien-
nes d'arrêter l'attention des ethnologues. Mais si Ton peut
montrer que dans les siècles passés les Âravaks ont occupé
toute la chaîne des Antilles jusqu'à proximité des côtes du
continent septentrional de TAmérique, ils prennent dès
lors une tout autre importance; et selon qu'il sera établi
que leurs rapports de parenté les rattachent aux populations
du continent du Nord ou de celui du Sud, nous serons
conduira à une vue différente de la marche des anciennes
migt ations chez les aborigènes du Nouveau-Monde. S'il se
trouve en outre que cette tribu des Aravaks est précisément
celle dont Christophe Colomb et Pierre Martyr ont dépeint
la simplicité touchante en une langue si poétique, Thistorien
éprouvera le désir de connaître plus intimement Tétat
passé et présent de ce petit peuple. Or, je crois pouvoir
montrer que telle a été autrefois l'habitation géographique
des Âravaks.
Bien que dans leur configuration générale il n'y ait rien
qui le» distingue des autres rameaux de la race Rouge, ils
n'en oui pas moins des traits nationaux fortement marqués.
Leur stature est plus petite que grande^ car elle atteint à
peine 1 mètre 6 cent, (moins de 5 pieds, ancienne mesure
française) ; mais ils sont fortement membres, agiles et bien
faits. Le front est bas, le nez plus caucasique qu'il n'est
habituel dans leur race, et le crâne a la forme que les crâ-
niûlogistes ont qualifiée d'orthognatho-brachycéphalique.
Aussi loin que portent nos témoignages, on reconnaît à
ce peuple un excellent caractère. Hospitaliers, d'humeur
pacifique, prompts à accepter les arts les plus humbles di
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GUYANE. S29
la civilisation et les préceptes les plus simples du christia-
Disme, ils ont toujours présenté un contraste frappant avec
leurs voisins, les cruels et belliqueux Garibes.
Les Âravaks sont divisés en une cinquantaine de familles,
dont la généalogie se conserve soigneusement dans la ligne
féminine; les mariages sont interdits entre les membres
de la même famille.
Après cette vue générale, M. firinton donne une esquisse
grammaticale de l'idiome aravak; puis il reprend : « Les
Âravaks sont essentiellement d'origine et d'affiliations sud-
américaines. Les plus anciens explorateurs du continent en
parlent comme d'un peuple qui demeurait sur les rivières
de la Guyane, et qui avait des établissetments jusqu'au sud
de l'équateur (de Laet, Novus Orbis, lib. xvii, c. 6). De
Laet, dans sa carte de la Guyane, place une grande tribu
d'Arowaccas à trois degrés au sud de la ligne, sur la rive
droite de TAmazone. Le docteur Spix, durant ses voyages
dans le Brésil, rencontra de leurs villages fixes près de
Fonteboa sur la rivière Solimoes, et près de Tabatînga et
de Castro d'Avelaes (Martius, Ethnographie und Sprachen-
kwnde Âmerika'Sy t. I, p. 687). Ils s'étendaient à l'ouest
au-delà des bouches de l'Orénoque, et il est même question
jusque dans la province de Santa-Marta, dans les monta-
gnes qui s'étendent au sud du lac Maracaybo » (Ant. Ju-
lian, la Perla de la Americay la provincia de Santa Marta,
p, 149.)
Vis-à-vis de ces affinités sud-américaines qui sont évi-
dentes, il faut remarquer qu'aucune affinité,' soit verbale,
soit grammaticale, n'existe entre l'aravak et le maya du
Tucatan, non plus qu'avec le chahta-muskoki de la Flo-
ride et de la côte nord du golfe du Mexique.
La chaîne d'îles qui s'étend de Trinidad à Porto-Rico a
été appelée îles Caribes ou « des Caraïbes. » Il faut pourtant
remarquer que les Caraïbes eux-mêmes ne se donnent nul-
lement comme ayant occupé ces îles durant un long espace
uigmzeu uy -vj v^ v^ -c i >^
â30 AMÉRÏOÙE DU SUD. (l^* 288-292.)
de tempi^. Ils sèf soutiennent fort bien que dil continent ils
passèrent dans tiës îles il y li tiné géûétation on deux, et
qu'ils les trouvèrent occupées par utié race paisible qu'ils
nomftient Inéri ou Ignéri. Ils exterminèrent les mâles de
cette race ou les refoulèrent dans l'intérieur, mais ils gar-
dèrent les femmes pour leur propre usage. De là est
venue une différence marquée, dans les lies Garibes, entre
ridiome àêB hommes et eeM des femmes, de que l'on
eoimatt de 1& langue de ces dernières montre clairement
qu'elles appartenaient k la race aravaque, et qtie les Ignéri
appartenaient ainsi à cette race.
Après avoir établi que les Aravaks oat occupé la chaîne
des Petites Antilles,^ M. Brinton se demaude si ce peuple
s'était également répandu dans les QrandeS Antilles ; et
l'examen de ce que l'on sait des anciens idiomes d'Haïti,
de Cuba, des îles Bahama, etc., le conduit à l'affirmative.
« Cette investigation, dit Fauteur en terminant, montre
qu'ici comme ailleurs, l'homme, dans ses migrations, suivit
le fil conducteur de la nature organique. Il est bien eotinu,
en effet, que la flore et la faune des Antilles appartiennent
à l'Amérique du Sud, de même que l'archipel s'y rattache
également par sa constitution géologique. Ainsi donc, les
ancêtres des plus anciens habitants connus de la longue
chaîne des Antilles eurent leur point de départ au loin dans
le Sud; et lentement, de rivière en rivière, d'île en lie, ils
s'avancèrent jusqu'à une très-faible distance du continent^
du Nord. »
ANTILLES.
288. Tb. B^ANQ. On t1}e physical geography and ^peology çf tbe Yf^^t
India islands. Proceedings of the Philosoph. soc, Philddelpkià,
XII,n»86,jân.-jùlil871.
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ANTILLES. 231
289. C. E. Caspari, ing' hydrographe. Une mission à la Guadeloupe.
Notes de géographie. Bfivue Marit. et CoUmiàle, cet. 1871,
p. 377-416.
Géologie. Côtes. Météorologie.
290.. £. PiCHÀRDo. Nueva Garta geotopographica de la isla de Cuba.
Éaiana, iStO, in-4*.
291. Bagot. The Bahamas; a Sketch. lond., 1871, pet in-8% 1 ah.;.
Map.
Tableau physique, économique, géographique et statistique.
292. Proceedings of the Scientific Association of Trinidad. Part 8,
1869. Port ofSpain (Trinidad), 1871 (Lond,, Trùbner), 5 sh.
Koua remarqaons dans ce cahier : Notes of a yisit to Dominica, hy
J. L. Ooppy, — ](ïotes of a voyage round the island of Trinidad, by
W. Carr, i»art. 2 ; — etc.
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AMÉRIQUE DU NORD
En franchissant la zone étroite qui sépare l'Amérique du
Sud de l'Amérique du Nord, nous entrons dans un do-
maine tout nouveau d'activité scientifique. C'est ce que
vont £aire ressortir tout à l'heure, dans la section consa-
crée k la grande République américaiiie, le nombre des
publications, la multiplicité des entreprises et l'impor-
tance des résultats.
AMÉRIQUE CENTRALE.
393. H. Gaumier. L'Amérique Centrale, son présent, son avenir; ou
Considérations générales sur cette importante et fertile région,
au point de vue du développement du commerce et de Tindus-
trie française. Carcassonne, 1872, in-4% 108 p.
294.' De Bizemont, lieut. de vaissean. Le percement de l'isthme de
Panama. Kev.MariU et Colon. ^ nov. 1872, p. 172-190.
Notes analytiques extraites de la publication soivante :
295. S. T. Albert. Is a canal practicable? Notes historical and sta-
tistical upon the projected routes for an interoceanic ship canal
between the Atlantic and Pacific Océans. Cincinnati ^ 1871,
in-8*, 87 pages, Map.
296. Alfr. Netmark. Le Honduras, son chemin de fer, son avenir
industriel et commercial. Pom, 1872, in-8», 76 p. 2 fr. 50.
(Dentu).
297. D. Crescendo Cabbillo, Presbitero. Bisertacion sobre la histo-
ria de la lengua Maya o Yucateca. BoUtin de la Sociedad de
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â34 AMÉRIQUE DU NORD. (n°* 293-317.)
Geografia y Estadistica de la republ. Mexicana, T. IV^ Mexico,
1872, p. 134-195.
tî9B, Bu même : Disertacion sobre la literatura antigua de Yucatan.
Ibid.y 1871, p. 257-271.
II
MEXIQUE.
29d. E. Mendoza. Ànahuac. Mexico. Tçnochtitlan. Éàlei^tik de la 5q-
deâaâ de ÏSéogrâphià ^ EsiddÛHcd ifèineàfiii, à* âér., t. ÎV,
1872, p.. 26«r273.
Hfiokerçhet étyioologiqms.
300. Fr. PixENTBi». efaserTàotopet a là âlsfft^cioj» «Q^e èl idtmxMi
Otomi, leida ^ la §ocie<iad Meipcana por e.l. S*" p. Crum^esiado
Hendoza'. /bid., p. 224-236.
iJDl. G. Hat. Apuntes geographicos, estadi'sticôs y hbtéricos deîdis-
trito de Texcoco. Ihid,, p. 236-250.
302. J* Pdtts. Chihuahua; apuntes descriptives de ese estado. Ibid^,
p. 279-283-
303. B. Ballbsteros. Ruinas de Chicomostoc, Zacatecas. Ibid,^
p. 250-256.
304. Man. Gdtibrrez. Ligerisimas Notioias sobre antiguedades de
Indios en la prbvineia de Nueta-Galicia. IhUL, 1S71, f, f77-M).
aû5. BuscHMiWîN. Der ^pDorischen Çràihmatiltî" iitthèiî.. ip/wiiM^
hiïigen aer kœn. Akadeiniè »u Éerlih^ 1$|9, 1, p. ë7-2o§.
y. le t. VU de VAnnée, p. 323, n» 385.
m .
ÉXAX«*UlnEt.
3iOa. J. D. 9* Ckh± the Oréàt tlépubHc. k descriptive, âUiistfdU
and liisioricài tieW of thé Sîtâte ànd Tèrritdriës of ifië îiiiericaii
Union. PhUadelphia, 1872, in-8», 1118 pages. 45 it:
307. AgHfiR and ^.bAMS. New ê6mtiiërciàl,top6ghlt)'fiiéât ând UtéM-
c&l Àtla^ and âazëttèer of tbe United ÈUx^, WHh lÉatià lifiowing
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ÉTATS-UNIS. 235
ttie DominioB of Canada^ Ëuropa, and a^und the world. New
Torhj 18T3, gr. in-f% lit) Maps, 252 pages. 260 fr.
308. G. W. Dean. Longitude - détermination across the continent.
The ArMricàn Journal of science, déc. 1871, p. 441-448.
Compte rendu 4'nne opératipn par le télégraphe électrique, pour dé-
terminer la longitude de San Francisco par rapport à robseryatoire de
Cambridge^ Mass^^ïhusçtts. La moyenne des résultats 4e Topération a
donné pour la longitude de San Èrancisco 3 h. 25 m. 7 s. 260 0. de
Cambridge. Voici quelques positions Intermédiaires :
Cambridge to Omaha ji> 89"^ i$< 159
— toSaltLake 2 43 4 257
Omaha to Sait Lake l 3 49 081
Omaha to San Francisco 1 45 52 094
Sait Lake io San Francisco o 42 3 024
309. List of élévations ând distances in thàt pôftîOft of the U. S. west
of the Mississipi river ; coUated ànd arranged by Prof. G. Tho-
mas, assistant U. S. Geological Survey Under D' F. V. Hayden.
Washington, 1872, in-12, 32 pages.
310. J. DisTuftNELL. Distance Tables acress the continent. Philadel-
phia, 1871, inrl8, 110 pages. 3 fr.
311. DU même : The gréât laked, ôr inlailid àeas of Affleriça. Phila-
delphia, 1871, in-8% 255 p. 8 fr,
312. Die néu entdeckten Geyser-Gebiete am bberen Yellowstone und
Madison rivers. Nach dem offiziellen Bericht ton F. V. Hayden.
Mittheilungen de Petermann, 187Î, n?' 7 et 9, p. 241-253, 321-
326. Carte.
313. Raoul LB Rot. Les Geysers de Californie. Revue des Deux-
MondeSy 15 janv.,1872, p. 449-461.
314. 0. W. HoLLET. Niagara, its history and geology, incidents and
poetry. Toronto, 1872, in-12, 165 p., with illuslr. (Huntér).
315. Edw. H. Hall. Àppleton's Handbook of american travels. The
Southern Tour s being a Guide through Maryland, district of
Columbia, Virginia, North Carolina, etc. Lond., 1872, in-8<>,
432 p., 8 slu (Low).
316. B. F. Dfi Costa. Rambles m Hount Désert With sketohes of
travel on the New England coast, from isles ef Shoals to Grand
Menau. New York, 1871, in-16, ^75 p. 11 fr.
317. Mount Washington in winter; or, the expériences éfa scien-
tific expédition upon the highest mountain in New England,
1870-71. Boston, 1871, in-12, 370 p., carte.
Digitized by VjOOQiC
236 AMÉRIQUE DU NORD. (n"* 318-342.)
318, £, M. Rdttenbbr. History of the indian tribes of Hudson ri-
ver : their origin, manners, and customs. Lond.f 1871, gr. in-
8% illustr. (Albany).
3Î9, J. M. Hawks. The Florida Gazetteér; New Orléans, 1871, in-8»,
216 pages. 11 fr.
3'ZD. A Guide to Florida, « the land of flowers, » containing an histo-
rical sketch.... New York, 1872, in-l6, 78 p. 3 fr.
TZ\. W. Brady. Glimpses of Texas, its divisions, resources. Houston,
1871, in-16, 83 p. Map. 5 fr. 50 c.
X12. H« Harrisse. Histoire critique de la découverte du Mississipi
(1673), d'après les documents inédits du Ministère de la Marine.
Mëvue Marit et Colon., mars 1872, p. 642-663.
Chapitre extrait de roavrage de M. Harrisse sur la Nouvelle-France
(ci-après, à la section da Canada). M. Margry, auteur de savants tra-
vnax sur l'histoire des navigations et des découvertes françaises du
xiT' au XVI» siècle (voir au t. VI de Y Année Géograph.f p. 562, n" 638
et S39), a contesté quelques points de Touvrage de M. Harrisse, dans
UDB Note imprimée au cah. de juin (1872) de la Revue Maritime,
IK ^55-559.
323^ Progrès et situation de q^elques tribus indiennes. Journal des
Missions évangéliques,6e]^t. 1872, p. 343-346.
Il s'agit ici des tribus cantonnées dans llndian Territory. Voir ci-
après, aux développements.
Wi. G. Watne. Kansas, her resources and developments. Cincin^
nfiii, 1871, in-8% 95p.3fr.
3'i5. Cb, (krleton CtoFFiN. *The Seat of Empire. Boston, 1871, petit
iri'8% viii-232 p., illustr. and Map.
Notes d'un touriste sur le Wisconsin et le Minnesota* La partie la
plus utile du livre est la carte qui y est jointe, et qui a pour titre
|j.irticuner : Map of the North West, from explorations by the U. S.
ecgineers and royal engineers of England, and Union and Northern
paciac R. R. surveys. 1870 (au 5 ooo ooo«).
J26. L. Bill. Minnesota, its character and climate....i^eti7 York y ISll,
10-12, 207 p. 8 fr.
ït3T. B. Mattocks. Minnesota as a home for invalids. Philad., 1871,
iu-16, 200 p. 8 fr.
328. Minnesota, its resources and progress, its beauty, heathfulness
aad fertility.... Compiled by the commissioner of statistics.
Minv^apolis, 1871, in-8% 80 p. Map.
3211» J, RiCHARDSON. Wonders of the Yellowstone. New York, 1872,
în-8", illustr. 7 fr. 50 c.
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ÉTATS-UNIS. 237
330. Fr. Parkman. The discovery of the Great West. 1871, in-8*,
10 sh. 6 d.
331. R. Byron Johnson. Very Far West indeed; a few rough expe*
riences and adventures on the N. W. Pacific coast. Lond,, 1872,
in-8*, 10 sh. 6.
332. J. H. TiCE. Over Ihe plains and on the mountains of Kansas and
Colorado. New Yorky 1872, in-8% 270 p. 6 sh.
333. Comte Ed. des Gourtis de La Groye. Rapport sur le territoire
de TArizona et les mines d'argent de Tumacacori. Paris, 1871,
in-4% 18 p. (Uchaud).
334. CI. Kmo. Montaineering in the Sierra Nevada. Boston, 1872,
in-8% 292 p , 10 sh.
335. Côte occidentale de l'Amérique du Nord. Côte de la Californie.
Instructions pour la navigation sur la côte de la Californie, de
la haie de San Diego à la baie San Francisco. Trad. de Paméri-
cain, et corrigées d'après les documents les plus récents, par
A. Frickmann, lient, de vaisseau. Paris, 1872, in-8% 76 pages.
1 fr. 50. (Bossange).
336. Côte occidentale de TAmérique du Nord. Côtes de POrégon et
du Territoire de Washington. De la baie Pélican à l'entrée du
détroit de Juan de Fuca. Instructions trad. de l'américain et
corrigées d'après les documents les plus récents, par le môme.
Paris, 1872, in-8-, 112 p. 2 fr.
Publications du Dépét de la Marine.
337. H. Hoffmann. Californien, Nevada, und Mexico. Wanderungen
eines Polytechnikers. Baself 1870, in-8*, iv-428 p. (Schweig-
hauser).
338. Rob. von Schlaointweit. Californien, Land und Leute. Leips,,
1872,in-8''(Mayer).
339. J. G. Plater-Frowd. Six mooths in Califomia. 1872, in-8».
(Lond. Longmans).
340. Prof. S. Knebland. The wonders of the Ybsemite yalley and of
California. Boston, 1871, in-4». 21 fr.
341. J. Blake. Remarques sur le climat de la Californie; trad. de
l'anglais par F. Berton. Le Globe, organe de la Société de Géo-
graphie de Genève, t. X, 1871, p. 111-123.
342. Récent geographical yfork in the United States. Thê American
Journal of science, mai 1872, p. 321*327.
Voir aui déyelopptmenti) «i-après^
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^^
238 AMÉRIQUE DU NORD. (n*** 343-358.)
943. Geographieal wbrfc in the United Staten dwlpg 18T1; |in ^d-
dress by Daniel G. Gilman at the American Geographiçal So-
ciety, 30 janv. 1872. New York, 1872, in-8-, 30 pages. '
Voir çi-après, aux développements.
344. F. V. Hatden. Preliminary Report of the United States geolo-
gical survey of Wyoming , and portions of eontiguons territo-
ries : being a second Annual Report of progress. yçw/iingftcm,
1871, in-8», 512 pages.
M* Hayden, chef de la commission géologique pour l'exploratioù dès
Territoires de TÛuest, à successivement rédigé une série dé rapports,
accompagnés de cartes, plans, coupes, etc., dont on peut voir le relevé
analytique aux JfiiftheUungen de Petermann, 1872, n» 11, p. 426.
345. F. V. Hayden. The hot springs and Geysers of the Yellowstone
and Firehole rivers. American Journal of science, febr. and
mars, 1872, p. 105-115, 161-176. Cartes. ,
346. Du même : The Yellowstone National Park. Ibid,, apr., p. 294-
297 ; carte.
347. Exploration in southem Nevada and Arizona. Ibid., mars,
p. 232.
348. J. D. Hagde and G. Kma. United States geographical explora-
tion of the 40* Parallel. Vol. 3. Wash., ^871, in-4*, 664 p., avec
37 pi. et un atlas de 14 pi. 0t cartes. 265 fr.
349. Ninth Census of the United States. Statistics of population. Tà«
blés 1-8. Washington, 1872, in-4», 392 pages. 21 sh.
3^50. Report of the superintendant of the 9* Census of tlie United
sûtes. Washington, 1871, in-4% 56 p. S sh.
351. Ninth Census of the U. S., 1870. Population of côunties, of
towns ànd yillages, and classified. New York, 1871, in-S**, 46 p.
Map.
352. De Bobelli. Sur les documenta officiels .du bureau du Cçsia à
Washington. Bulletins de la Soc. d* Anthropologie de Paris,
févr. 1872, p. 168-172.
353. Les Indiens aux £tats-Uni«. Extrait du Rapport du secrétaire
d'État pour l'Intérieur, du gouvernement de Washington. Bul-
letin de la Soc, de Géogr. de Paris, févr. 1872, p. ilâ^îiô.
354. H. Harrissb. BibliothecaAmericanavetusiissima; a description
of Works relalingto Ameriea, published j^twften XH years l^sn
and 1551. Additrons. Paris, 1871, in-4?.
Voir le t. Y de V Année Géographique, p. 389 et 299.
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STATS-UUÏS. 239
3§5* ^. B. Baldwbi. Ancifnt Anariea^ ia Kotes on americtn àr-
chaeoiogy. tond., 1872, petit iA-8t, 10 ^h. 6. (Trâbner).
356. G** J. H. Simpson. Coronado's march in search of the Seven
Cities of Cibola (1540), and discussion of their probable ioca-
tion« Armviai Report ^tbê hon^ ôf R^ffenU ofth^ S'mtthsonian
T/tsHtutioit forï869. Wask., 1871, în-è*, p. 309-34^. Map.
^^ au If* snivuit.
3&7. Annual fteport of tfae Boftrd of Régents <tf the Smitiisonian
Institution, for the year 1869. Washington , 1871, in-8», 430
PfBiges.
-* Id«m, for tfae year 1870. I&t4.)1872.
voici, dans ces deui volumes, les morceaul qui touchent à la géo-
SCap|iîi0 et à l'ethnographie.
Babinet, de TAcad. des soiencas de Paris. The Zfortbem seas ,
p. 286-296 (trad. d*an article sar le voyage du prince Napoléon dans
les faers dtl Nord, sur le yacht kt Rbine Sorignse.)— J. H* SiM-«
psoN. Coronado^s march in searoh of the m Seven Cities of Cibola, •
and discussion of their probable location ; p. 309-340. Après avoir suivi,
daAs un'éxpofté analytique, la marche de Gorotiado à la recherche des
Ètft eifés fh Cibola^ Tauteur aborde la question du site qu'il faut as-
aigner à ces sept viUes devenue^ légendaires. Le passage suivant de
son mémoire (p. 328) en résàiùe suffisafnmeiH les conclusions : « Gai»
Utin, squier, Whipplè, fè prdf. Turner èi Kern, se HOnt prononcés
pon^ Zalli et son voisinage. Eînory et Abèrt, au contrait, obt conjec-
turé que CiboUetta, Moquiflo, Pojnati, Cb'verù, Aeoflia, Laguna et Po-
blacon, groupe de [sept] villages situé à i«0 milles environ vers !',{:. de
ZUni, représentent lés ■ Sept Cités. » Enfin, 1\3. Morgan, dans la Korth
American RevièW a pensé que Tes ruines du Chaco, a une centaine de
milles vers le K. E. de Zufli, satisfont pltis complètement aux condi-
tions du probfême telles que lèb posent la relation de Côronado, celle
de Caslafieda, et d'antres. Quant à moi, je rais pour Zuili et le terri-
toire environnant* > -r J. Lunnocg. .The aoolal aftd r^Uj^ogs condition
of the lower races of Man; p. 3^1-362. — Becquerel. Forests and
fteir cKmatto influence*, p. 994-41 <l. ~ Le lôéâèfre Original de M. Bec-
querel (150 pages in-4^ et nue pL), 'est an t XXXV dés Mémoires de
VAcad, des sciences d$ Paris.
358. Territory of the United States, from the Mississipi river to the
Pacific Océan; compiled from authorized explorations, by lient.
X. Wa82«n nnd E. FiÈTHOLn, iinder the diteettoA cff the
chief of corps of Engineers. Nêfu) York, 1868, 4 feuilles (au
3000000*).
Cette belle carte, remarquable par la nouveauté des détails et la
^nesse de l'exécution, contient le résultat de toutes les études, d^
toutes lés explorations et de tous les levés géodésiques exécut&'s pajr
lea diveirses cônrinTseioiis et par les ingénieurs américains, |usqu*à Ik
date de sa publication, entre le Mississipi et le Grand Océan.
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240 AMÉRIQUE DU NORD. (N" 359-362.)
359. £d. H. KniOHT. Map of ihe countrj tributary to the Northern
Pacific Railroad. Compiled from english, canadian and ameri-
can officiai sources and original surveys. New York, 1871,
1 feuille.
Cette carte, qui donne, comme la précédente, tout le territoire com-
pris entre le Mississipi et TOcéan, s'étend moins an snd et davantage
an nord. Elle est comprise entre le 38* et le 60* parallèles, et consé-
quemment elle embrasse la moitié occidentale de TAmérique Anglaise.
Noas aTons mentionné plus haat la carte < des Ingénieurs » jointe
au livre de M. Carleton Coffin (n» 269), qui, pour beaucoup de détails
récemment acquis, complète, comme celle de Knight, la belle carte de
Warden et Freyhold.
360. Military Map of the United States, by E. Frethold. New York,
Office of the chief of Engineers, War department. 1870. 4 feuil-
les, aa 5 000 000*.
Cette carte ne donne pas le figuré du terrain; mais tontes les lignes
de communication y sont tracées.
, 361. Aug. Petbbmann. Neue Karte der Vereinigten Staaten von
Nord-Amerika, in 6 Blattern (au 3 700000").
Cette magnifique carte, dont 3 feuilles ont déjA paru, fait partie de
la nouvelle édition de TAtlas de Stieler. Elle est exécutée, sous la sa-
vante direction du D' Petermann, par les habiles auxiliaires attachés A
l'établissement géographique de Jol. Perthes A Gotha ; la gravure, aussi
bien que le dessin topographique, répondent A la perfection scienti-
fique et matérielle A laquelle sont arrivées aujourd'hui les productions
de ce grand établissement.
362- Capit. Raymond, and M' E. von Diezelski. The Yukon river,
Alaska, from fort Yukon to the sea,from a reconnaissance made
under the orders of Major General H. W. Halleck, U. S. army,
commanding the military division of the Pacific, by capt. Ch.
W. Raymond, corps of Engineers, assisted by M' J. Major, july-
sept. 1869. Wash. 1871, 1 feuille, au 1 OOOOOO'.
Cette carte apporte de notables modifications A celle de M. Dali (t. ix
de VAnnée Géographique^ p. 140). Voir ci-après, aux développements,
S 8.
D&VELOPPBMENTS.
S i». Les études sur la géographie physique des territoires de l^Union
américaine.
Gomme toutes les nations qui sont encore, si l'on peut
dire, à l'état de formation matérielle, les Américains du
Nord concentrent à peu près exclusivement leurs travaux et
leurs forces intellectuelles sur leur propre territoire^ Mais
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ÉTATS-UNIS. . 241
aussi ils y déploient une puissance de volonté, une étendue
de ressources, une habileté, une constance, une énergie,
qui sont vraiment faites pour étonner le vieux monde. C'est
la force de l'homme dans la virilité des ftges héroïques^
secondée, décuplée, par le concours de la science moderne.
De l'Atlantique au Mississipi, la terre est conquise et
domptée ; mais du Mississipi aux Montagnes Rocheuses,
des Montagnes Rocheuses à TOcéan, les Américains ont
devant eux un autre monde, un monde immense qui était
vierge encore il y a trente ans à peine, et qui commence
seulement aujourd'hui à s'animer de la vie civilisée. La
chaîne du géomètre y fait son œuvre en même temps que
la hache du pionnier et la charrue du colon.
Nous ne pouvons entrer dans le détail infini des études
et des travaux qui se poursuivent sans interruption sur ces
immenses territoires de l'Ouest : l'ingénieur des chemins
de fer, l'arpenteur, le géologue, le naturaliste, et souvent
avec eux î'ethnologiste et l'archéologue, s'y donnent la
main et marchent de front. Les ingénieurs jetèrent, il y a
vingt ans, le premier réseau d'une carte de ces contrées
alors presque inconnues. Leur œuvre, depuis lors, s'est
étendue et perfectionnée jour par jour; et l'on possède
aujourd'hui des cartes topographiques de ces territoires,
qui pour le détail et l'exécution le cèdent à peine aux plus
heaux travaux de la géodésie européenne (n** 358-362, etc.).
Une portion considérable de ces études ont pour objet
la géologie (n» 342-348.) ; car ce qui importe, en même
temps que la détermination topographique du sol, c'est
d'en connaître exactement la nature et les ressources ; mais
on sait combien l'étude du relief touche de près aux inves-
tigations géologiques. Ainsi, nous trouvons dans un tra-
vail de M. Thomas, assistant de M. Hayden, chef de la
commission géologique de l'Ouest (n** 345-347), un relevé
de l'altitude des points principaux du pa;s qui s'étend à
l'ouest du Mississipi; nous en détachons un des tableaux
l'année GÉOGR. XI. 16
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24Î AMÉRIQUE DtJ NOM. (N»* 293-362.)
(!e 1 1*} ot sont groupées les altitudes prineipales da Colo-
rado. Ce tableau a cela de particulièrement intéressant,
qu'il embrasse une partie considérable de ce qu'on peut
nommer le Massif Central des Montagnes Rocheuses,
c'est-à-dire de cette partie du système d'où les principales
mières du centre du continent américain descendent vers
les mers environnantes : la Tellow Stone river, la Plate
river et l'Ârkansas, vers le Missouri et le Mississipi; le
Rio Grande del Norte, directement vers le golfe du Mexi-
que ; le Rio Colorado, vers le fond du golfe de Californie;
la rivière Lewis, branche principale de l'Orégon, vers U
Grand Océan. Ces grandes rivières ne sortent pas toutes
directement du Colorado; mais toutes descendent du
massif dont le Colorado est le centre. Yoiei le tableau
dressé par M. Thomas.
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ÉTATS-UNIS.
S43
Pointé mesurés.
Altilude «tt^d^ms é« la mer
eo pieds angl. en mètres,
M. Harvard (Whitney.) .
Pic '6ray •
M.Lincoln ...,.
M. Xale •
Pî6Pikê(Parry).......
Pic Long .,...
Pic Barry.......
X. nota.
V. Wright iB. de la Passe Berthoud) .
Cherry Créék bivide.
BsoYtr.
Gold en Ci ty
M. Vembn. ........ ^ •.
Golden Gâte «
Confluent des Clear fcreeks N. el S. .
Black Hawk 1 ;
Centï^l City>
Missoury City ,.,,
Head Virginia Cafidà .«..
Idaho ,
Georgetown . . . .•
Passe Berthoud
Passe ^ai^der. «
Passe lônô
Passe Âig»tiiie,
Pas^e Çeorgia Gulch !
Passe Uté
Passe Vn^qUez (e^m^)
Hot 3prings (Idaho City) .
Hot dpriH§s tMiddlé PaH^
3odamiAgs (près le Pic Pike)
Gold ffill..
Jefferson (South Park)
Poôt Berthoui4 î>ai»
OsborB'slake.......
PicVelie
M. Aûdubon '..
U^ s«p4rie«r^ de ^ vf^étati^
guriencPikç...... ". ;
Sur le Snowy Range. . . . '. '. . .
Sarl•ll^>bldl]^n....
Sur le Pic Long
Sur tes tnonts "Wliid River
Sur le PicGilhtFt (M*- UioU. Biajden)
UtiO
14146
\m
i4sia
14 056
13 m
23878
11800
7576
6817
5882
6479
'an
7643
8043
9073
9ëâ0
8245
10 896
11670
12400
m
11 200
7726
6515
8636
mz
9943
9325
.8821 -
13 4^6 ]
13 402 I
arhore^nie
12 000
liste
10800
10 160
lUOO
3383
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244 AMÉRIQUE DU NORD. (n" 293-362.)
Aux tableaux qu'il a réunis dans son travail, M. Thomas
ajoute les remarques suivantes :
« L'examen des tableaux qui précèdent, joints à ceux
que Ton trouve dans les rapports de M. Hayden pour 1870
et 71, révèle quelques faits importants touchant la topo-
graphie de rOuest; parmi ces faits, je puis mentionner
les suivants comme étant d'un intérêt général,
« Le LIano Estacado, « la Plaine Palissadée », à son
extrémité nord, immédiatement en deçà de la rivière Cana-
dienne, varie- en élévation de 1000 à 1200 mètres environ
au-dessus de la mer, tandis qu'à l'extrémité sud, où la
ligue du capitaine Pope Ta coupée, le Llano atteint une
élévation de 1430 mètres. Au nord,, le Uano est quelque
peu irrégulier et accidenté, et le point le plus;41evé est vers
le bord occidental; au sud, il est beaucoup plus uni, et le
plus haut point est près de l'escarpement oriental. L'alti-
tude moyenne de ce large plateau est d'environ 1200 mè-
tres au-dessus du niveau de la mer. »
Un fait nouveau dans 'rhypsoinétrie de l'Amérique du
Nord, c'est qu'une portion notable du grand bassin fermé
compris entre les Montagnes Rocbei^es et la Sierra-
Nevada est au-dessous du niveau de la mer. Yoici à ce
sujet ce que nous lisons dans le journal de la société de
Géographie de Genève (n» 3 de 1872), d'après une corres-
pondance de San Francisco.
Dans une séance récente (juin 1872] de l'académie des
Sciences de San Francisco, «-nous apprenons du même
coup que la Californie a maintenant sôii àçadéinie, — le
colonel Gray, à la demande du président, a donné lec-
ture d'un extrait de son rapport comnie ingénieur de la
compagnie « Southern Pacific Railroad. » Se référant au
rapport ïait précédemment par le profeisséur Williamson,
qui montre par des observations barométriques qu'une
^'rande partie du désert du Colorado est au-dessous du
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ETATS-UNIS. S45
niveau de la mer, il a trouvé dans son dernier arpentage
que ce âùt est vrai.
c Les notes que Tinginieur assistant E. A. Phelps a
prises pendant qu'il déterminait les niveaux de la ligne
entre la passe San Gorgonio et le fort Tuma, énoncent
des fidts remarquables, concordant avec le rapport du pro-
fesseur Williamson.
« A une distance de 65 milles du sommet de la passe
San Oorgonioy dans une direction sud, on atteint le ni-
veau de la mer. Descendant par une pente douce de
24 milles 6/10% la route arrive à 203 pieds (62 mètres)
an-dessous du niveau de la mer. La plus forte dépression
(66 mètres) se trouve à 6 [milles plus .loin. Encore 20
milleS) et Ton se retrouve au niveau delà mer.
c La longueur totale de la partie du chemin qui est au-
dessous du niveau de la mer, est de 50 milles 6/10*. »
Un autre fait curieux de la géographie naturelle de la
Galifomip, est Texistence des geysers, ou petits volcans
d'eau chaude, dans une vallée pittoresque k une soixantaine
de milles au nord de la baie de San Francisco. On s'est
beaucoup occupé, dans ces derniers temps, des geysers
californiens; une intéressante excursion de M. Raoul Le
Boy (n"* 313) nous donne des détails précis sur le phéno-
mène et la localité. Le voyageur termine son récit par ces
remarques:
c Ce n'est guère qu'en Islande que le phénomène des geysers
a été étudié de près, hesgeyms d'Islande diffèrent en bien des
points des sources jaillissantes de la Californie; la différence
principale, c'est que l'eau de ces dernières est de composition sul-
fo-alcaline, tandis que celle des geysirs islandais est saturée
d'acide silicique. On explique la formation des geysirs par l'in-
filtration des eaux dans les crevasses des roches volcaniques.
Nul doute que les causes des éruptions ne soient les mômes en
Californie. Tous les sommets voisins des geysers californiens
sont couverts de neiges et de glaciers, donnant aussi naissance
uigiiizeu uy >._j v^ Vv' pc i n^
t4e AMÉRIQUE BU HÛRD. (n"^ 393-362.)
à é^SfimaasM finBititto ci*fiU qw a'iiifiltc^ni dftft^ las fe^tiQs i|t
les cavernes pour ressortir plus tard en qojQniies jaillissantes
pt tb^rtBAlds. En Californie, toutefois, la source est perinà-
nenté, quoique dans dé moindres proportions; en Islande, le
èàraôtëre prédominant Ses gêjsirs est rintermittenee.
Puisque n^mB afo&t eouneré e^ parag^j^b^ m giaicl^
partie à des mesiires d'altitude , disfias etusor^ qu^
MM. Ramier et Baker, effieioTS ds Goest Sunt^y» £tats-
Oiiie,(mt déterminé pouriabaiiteur duai^nt Reinier» point
ealmioant du lerriteire dq Wathiugton, daas le plwne des
Saeeade Mouutains^ 14>444 pieds anglaja (4408 mètres);
c'est 4 pieds de plus que le m^t Shaata (ai}treu(Bud plue
méridional dea monts Cascade, vers 41'' l/24e jatitude). ]je
mont Rainier est èiiué par 46? il' 9" de jatit. $f . e| ISI* ^V
fig'^ de leogit. 0. de &r. ^ U9? 81' la'^û* 4l» Paris.
L'altitude du ment Baker (Gqloml)» «oglaùe) « i\4 ^té-
rieurement trouvée de 3278 mètres.
S 2. Les travaox géodésiquès dahft la région dé l*0uedt.
M. Daniel ôilman, dans une Addrese au sein de lu
société de Gréographie de New York (janvier Wi)t et
VÀmmoanfùurnai of Smneê dans un article spéQial (ei-
dessus, n^ 842-843), oist l'un et l'autre passé en revve lee
travaox géedésîqueB récemment eaéentés on en coors d'exé-
cution dans les territoires de l'Ouest des États-Unis ;
nous avons utilisé ces deux documents en rédigeant le
résumé suivant :
tAafmort du corps des fng^énUurà de Varmèefèdèraie, La
ticht^ prwcipalQ de p§ çorp^ iipienti^qi|Q ^st, en temps de
paix, de surveiller la oonslruelion et l'entretien dès forlie-
cations, d'exécuter les travaux que le conuneree exig#
dans les ports, les rivières et les lacs. ÏI n'est question ici
que de ce qui touche plt^ particulièrement aux choses d^
géographie.
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ETATS-UNIS. ^ 247
— ^ Beoannaùsanoes dei grands tacs. £« TeçannaissaBce
des grands lacs intérieurs, maintenant soi^s I4 direction du
major Gomstoeky du corps des ingénieurs, a été poursuivie
dans le cours de l'année dernière sur les Ucs Supérieur^
Michigan, Saint-Glair et Gfaamplain< et s'est étendue au
fleuve Saint-Laurent. — Dans le lao Supérieur, on a com-
plété le relevé des Àpostle islands. La triangulation fonda-
mentale ^ été portée des Porcupine Mou^tain8 à Duluth, pe
qui fait une distance de 120 milles ; la ligne de base de
Minnesota Point a été mesurée; on a dé^rminé par le
télégraphe électrique l'intervalle en }ongitude entre Duluth
etSaini-Paul; enfin, on af«it des observations azimuthales
de longitude et de latitude aux stations de premier ordre
de l'extrémité occidentale du lac.
Des déterminations analogues ont été faites dans le lao
Miehigan, et l'hydrographie intérieure, a marché de &ont
avec le relevé des côtes. — La triangulation, l'hydrographie
et la topographie du lac Saint-plair sont complétées.
Une reconnaissance a été faite à partir du 45* parallèle
(limite nord de l'État de ]^ew York), jusqu'à l'extrémité
orientale du lac Ontario. Presque tous les signaux sont
érigés pour la triangulation, et une partie des angles sont
mesurés. La topographie et l'hydrographie ont été portées
du 45* parallèle jusqu'à 10 milles au S.-O.d'Ogdensbui^h.
Plusieurs cartes ont été préparées pour la gravure.
La longitude de Détroit (où est placé l'observatoire ac-
tuel pour la reconnaissance des lacs) a été déterminée à
24"» 0"« 12 ± O"** 02, par rapport à Washington. La
bûgitude entre Détroit et Duluth, et entre Duluth et
Saint-Paul, a aussi été déterminée par la connexion télé-
graplyque.
— Nevada et Arizona. Une expédition oi^anisée sous
les auspices de l'administration du génie aux États-Unis,
pour la reconnaissance des territoires inexplorés du Ne-
vada méridional et de FArizona, expédition placée sous la
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248 AMÉRIQUE DU NORD. (n^« 293-362.)
direction du lieutenant G. M. Wheeler, s'est mise en cam-
pagne dans les premiers jours du mois de mai 1871, et a
poursuivi ses travaux jusqu'au mois de décembre. Les
neiges des Montagnes Rocheuses, et d'autres difficultés,
ont reculé jusque vers la fin de janvier l'arrivée de Texpé-
dition scientifique à Washington, où les explorateurs sont
actuellement occupés (mars 1872) à rédiger leur rapport
officiel. L'objet principal de l'expédition était de faire la
carte et la description d'une portion de la contrée inhospi-
talière sur laquelle on n'a eu jusqu'à présent que les rap*
ports incohérents de quelques hardis prospectors.
Le corps entier de l'expédition, y compris l'escorte, etc.,
se montait à 80 ou 90 personnes, divisées en deux troupes
principales qui devaient se réunir chaque mois à des points
désignés. Le parti se subdivisait, d'ailleurs, selon les cir-
constances, de manière à embrasser la plus grande super-
ficie possible. L'expédition ayant quitté le grand chemin
de fer du Pacifique à Carlin et à Battle Mountain, dans] le
Northern Nevada, les deux troupes se dirigèrent rapide-
ment au sud et gagnèrent Belmont, où commencèrent les
travaux sérieux de l'exploration. De ce point jusqu'au Co-
lorado, les lignes à explorer formaient un réseau continu
embrassant toute la laideur du Nevada, et s'étendant même
sur la Californie et TUtah. Les opérations, un peu res-
treintes sur certains points, furent poussées au Sud à tra-
vers l'Arizona, et se terminèrent à Tucson. Un petit déta-
chement explora en bateaux le Colorado sur un espace de
200 milles, depuis le. fort Mojave jusqu'au confluent de
Diamond Creek, plus de 100 milles au-dessus du point
où s'était arrêté le lieutenant Yves, et 40 milles au«des§us
du débouché de Big Canon. De nombreuses vues photo-
graphiques ont été prises sur tous les points intéressants.
Outre les opérations ordinaires au sextant, six points ont
été fixés rigoureusement en longitude et en latitude par des
observations zénithales. On a relevé sur toutes les lignes
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ÉTATS-UNIS, 249
parcourues des profils barométriques et] des observations
météorologiques.
£n histoire naturelle, on a fait de nombreuses collec-
tions qui ne peuvent manquer de fournir une nombre con»
sidérable d'espèces nouvelles, et on a recueilli une masse
d'informations sur la distribution des animaux et des
plantes. En géologie, on a réuni des matériaux pour la
construction approximative d'une carte de la région explo-
rée, qui reliera l'ouvrage de Newberry, Blake et Ântisell
sur l' Arizona à celui de King au 40* parallèle.
À leur retour, M. W. Hamel, ingénieur en chef, et deux
autres membres de l'expédition, furent massacrés par les
Apaches. M.^ Hamel avait la réputation méritée d'un topo-
graphe d'une rare habileté; sa mort est une grande perte
pour la science. Les résultats de son dernier travail ont
pu être recueillis et seront d'un grand usage dans la con-
struction de la carte.
— Levé du 40*' parallèle. Le levé du 40"" parallèle est en
progrès. On a. fait une nombreuse série d'observations sur
les conditions actuelles du cUmat du Grand-Bassin, ses
lignas isothermes, ses moyennes annuelles et mensuelles de
température, etCc Une double collection très-considérable,
botanique et zoologique, a été formée. La reconnaissance
a conduit à un examen scientifique très-complet d'une zone
qui traverse le système presque entier de la Cordillère.
Les roches de notre limite orientale, dit le rapport, sont
déjà celles des formations atlantiques, et doivent être pour
les géologues l'objet d'une longue étude. Les ressources
agricoles du bassin sont très-limitées ; sur 88 000 kilo-
mètres carrés qui ont été examinés dans la région nord du
Nevada, on estime que 2600 kilomètres sont susceptibles
de culture, même en tirant parti pour l'irrigation des
rivières et des cours d'eau. La minute des cartes a été
rapportée à l'échelle de 2 milles au pouce, et on en a fait
par la photographie une réduction de 4 milles au pouce,
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250 AMÉRIQUB DU NORD* (n"^ 293-362.)
formant trois feuilles. Ces feuilles sont en préparation pour
être gravées sur pierre. Les textes sont prêts pour rim*
pression.
— Reconnaissance des rivières de VOuest. La riTÎère de
Gninberland a été levée, d'une part, depuis NashviUe jus^
qu'à rembouchure de la rivière; d'autre part, depuis
Nashville jusqu'aux rapides du cours supérieur. De ce def-
nier point jusqu'à l'embouebure, le cours de la rivière est
de 595 milles (957 kilomètres). Voici quelques altitudes
rapportées à la maré^ moyenne à Mobile s
Au pied des chutes 235 mètres.
Rivière Laurel 209 —
Smith^s shoals, à la tôte 198 —
— au pied 182 —
Pointe Bumside 182 —
Nashville 111 —
Confluent de la rivière 87 *—
On a fait une reconnaissance préliminaire de \% rivière
Wabash, depuis Wabasb jusqu'à l'embouchure.
Le lieutenant Adams, du corps des ingénieurs, a fait
aussi une première reconnaissance de la Fre^ch Broad
river.
On a fait la reconniiisgance d'une ligne propre à l'exé-
cution d'un canal navigi^>le entre Hennepiut sur la rivière
Illinois, et Rock island sur le Mississipi, passant par Cra-
neseo, canal dont la longueur serait d^65 milles^ avec une
branche d'ftUnienHtion navigable d§ 38 milles v^nai^t de
Dixon.
Une série d'études a été faite sous la direction du lieu-
tenant colonel Rajniolds» pour l'amélioratÎQp.du Mississipi
et de ses tributaires.
Sur la côte du Pacifique, des reconnaissances plus ou moins
détaillées de diverses rivières ont été faites dans plusieurs
régions, notamment de la Yillamette au-dessus d'Oregon
Gity, de l'Umpqua, et de plqsieurs parties du Sacramentp.
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ÉTATS-UNIS. , i^l
II. Letâ $0yms de Jetiotostone^ Iss gejaers ai rem»r-
qaa]>Ia8 qui ont été trouYés dans lu vallée du haut Yellow-
stone, la proposition i^doptéa dans la Gougrès de réserver,
pour en faire un parc national, la partie de la vallée la
plus intéressante par aes phénomènes naturels, et enfin
la posiibtlité que la vallée de Yellowstone soi^ adoptée pour
le traeé du Northern Pacifio Railrpad, ont récemment
attiré Fatlentioit générale. Les prineipales sources d*infor-
maliens venues à notre connaissance sont les suivantes :
Description pittoresque de la région des geysers d'uprès
les observations de l'exploration Washburne-Langford,
dans le Scribner's Mmlhly de 1871 ;
La relation de Walter Trumbull^ dans V(h>erlani
Monthly de mai 1871 ;
Le rapport du docteur Hayden, 1871^ dans VAmerican
journal of i$imo^^ voL III, 1872, p. 161 et S94;
La relation d'une reconnaissance (1871) du capitaine
J. W. Barlow du CQrps des ingénieurs, publiée dans diffé-
rents journaux de janvier et de février 1872»
Sur les dernières cartes publiées (jusqu'à la fin de 1871)
par le Bureau des ingénieurs, le cours supérieur des
rivières Tellowstone et Fire Hole est asaex faiblement des-
siné; mais sur la carte de M. de Laey, ingénieur en chef
de la Montana, le tracé de ces deux rivières est mieux
arrêté et la nomenelature plus circonatanciéeà
m« Rmoe du Northtm Pa$iHê Raikoad. Des études
d'un second chemin de fer à travers le continent, par le
haat Missouri et la vallée de la Golumbia» ont beaucoup
ajouté h notre connaissance de ces contrées. Cette région
est celle dont le voyage de Lewis et Glarke en 18Q4, &
et 6, nous donna les premières notions; elle fut de nouveau
recimnue par le général Stevens en 1853, bk et 55 (dont le
rapport forme la 1"^ partie du t. XII de VU. $. Paçifip
Bailroad Report), et elle a été encore examinée avec soin
par le capitaine J. Mnllan, qui a construit, de 1858 à 1862»
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252 AMÉRIQUE DU NORD. (n~ 293-362.)
une route militaire depuis le fort Walla Walla sur la Go-
Imnbia, jusqu'au fort Benton sur le Missouri. Le rapport
du capitaine Mullan a été imprimé par ordre du gouverne-
ment eu 1863.
Le conseil du Northern Pacific Railroad a publié, Tan-
nëe dernière, le rapport d'une reconnaissance de la route
faite en 1869 par le général W. Milnor Roberts. Le même
ingénieur a consacré Tété de 1871 à l'examen du point de
partage des Montagnes Rocheuses, entre lapasse Lewis-and-
Gkrk au nord et la passe Deer-Lodge au sud, distance de
près de 100 milles qui embrasse tous les cols de la grande
chfîîne dont le Northern Pacific Road peut profiter. lia
ensuite descendu la vallée de la Yellowstone, ainsi qu'il a
été dit plus haut.
Dans le même temps, le général T. L. Rosser a reconnu
une route entre le Missouri à fort Rico et la Yellowstone.
M. Frank Wilkeson a également étudié, dans le cours
de Tété dernier, la géologie de la région comprise entre
Cadotte's Pass et Deer-Lodge Pass , au point de Yue du
charbon et du fer.
M. Gh. A. White a traversé la Grande Plaine de la Go-
lumbia et la Grande Coulée.
Ces quatre rapports ont été imprimés en vue d'une pro-
chaine publication.
IV. Carte des routes de transport dans le Minnesota et le
Dakota. Une carte des routes du Minnesota et du Dakota,
comprenant les chemins de fer, vient d'être construite par le
général Holabird, quartermaster en chef du département de
Dakota, et publiée à l'échelle de 10 milles au pouce. Les
courB d'eau, les lacs et les chemins sont soigneusement indi-
qués, de même que les établissements des colons et les vil-
kf^es ; naturellement le relief est dessinéd'une manière moins
précise. Cette grande contrée attire maintenant tellement
l'attention et se développe si rapidement, que cette carte
préparatoire, dont l'exécution présentait de grandes dif-
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ÉTATS-UNIS. 253
ficultës, est d'un intérêt tout particulier. Parmi les indica-
tions notables que donne la carte, nous citerons les lacs,
qui sont un des traits si particulièrement caractéristiques
du Minnesota et du Dakota oriental, la ligne du partage
des eaux entre le golfe du Mexique et la baie d'Hudson,
l'esquisse du a Coteau des Prairies » et du « Coteau du
Missouri, » et enfin lé tracé du chemin de fer du Pacific
du Nord.
S 3. La région dn Far West. Snite. La Californie. Géodésie. État politique
et social.
Parmi les publications, généralement si remarquables,
qui se rapportent aux investigations géologiques et aux
opérations géodésiques poursuivies sur les nouveaux terri-
. toires de TOuest, il en est peu d'aussi importantes et d'aussi
complètes que celles de M. Whitney sur la Californie.
« Tout le monde parle, dit M. Cilman, des immenses res-
sources naturelles du Golden State, ie pays de VOr; mais
peu de gens, même parmi ceux qui l'habitent, se rendent
bien compte des admirables recherches dont ces richesses
ont été l'objet de la part du chef de la commission géolo-
gique, et de la belle exposition qu'il en a faite dans ses
rapports. Il nous parait que si le mot géologie a pour quel-
ques-uns un charme particulier, d'autres n'y attachent
qu'un sens trop restreint. On ne se dit pas assez que sous
cette désignation générale se trouvent compris bien d'autres
objets d'une attribution toute pratique : de belles cartes,
'habilement élaborées, du territoire entier, avec des plans
à plus lai^e échelle des localités d'une importance parti-
culière; une vaste étude de la configuration physique du
pays, comme première base des investigations sur le cli-
mat, sur l'agriculture, sur les facilités de communication
et les conditions de salubrité d'une contrée neuve encore,
et qui appelle tant de développements; une analyse toute
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254 ' AMÉRiOtîK D0 KOftD. (n** 293-362.)
nouvôile au isol et de ses couches inféideul^s, lion-lseuleitient
soDU letir aspect théoriquement scientifique, mais surtout
au point du vue des applications Usuelles; enfin, une étude
complète dés animaux et des plantes indigènes. L'éte&due
de l'État, ses magnifiques ressources, les beautés qu'il
renferme, la ra|)idité merveilleuse de sbn développement,
ses perspectives de ridiesse et d'iDflaence, tout œlâ ren-
dait fort désirable que la nouvelle et complète ezplbratî<m
fût entreprise sur un bon plan, d'après de bonnes mé-
thodes et par des observateurs compétents. Toutes ces
conditions ont été remplies. Il en était une encore tout à
fait nécessaire : des subsides suffisants. Il y a eu quelque
hésiuticm; mais aujourd'hui l'Etat parait déttdé à &ire
achever l'œuvre comme Jslle doit l'être. Quelque aifeiit
qu'elle ait eoûté, on peut affirmer qu'une telle dépense Ae
sera jamais regrettée. Les principes d'une stricte écMO^
mie exigeât eux-mêmes qu'une pareille œuvre soit v%ett-
reusement poursuivie et complètement achevée. » D'après
le relevé qu'en bit M. Gilman, voici quel était l'état des
pubhcatïons au commencement de l'année 1872 :
l"* Une carte de la baiB de San Francisco et de ses envi-
rons, à l'échelle de S tiaiUes au pouce; 2* une carte «i 4
feuilles, à Téchelle de 6 milles an jpouce, comprenapt
60,000 milles carrés environ (155)0<K) kii. carrés), de la
partie centrale et la plus peuplée de TËtat : deux femlles
de cette carte sont i peu près terminée», et les deux autres
sont jMtre les mains des gravefurs; 9^ une earte générale
de l'État, à la fois topo^phiqué et g$elegique,à l'échdle
do 18 milles au pouce, également trè^-avancée; 4» quàti»
volumes dé texte iilus&é^ outre le Guide Yosén^te^ et
diverses brochures, le premier de ces volumes consacré k
la configuration gfeérale de l'Étot, les deux suivante à la
paléontoiegie, le quatrième à Tmlithôlûgie* Il y aumen
1. V. le précédent Vol. de lUniWé Géogrûphiguef p* 110, n«!t4l4
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CALIFORNIE. '255
outre un Volume jpour la botanique, ud autre pour la cou-
ehyliologie, un autre pour la géologie propre. L'œuvre, on
le voit, a des proportionis tout-à- fait monumentales.
A eôté de ces appréciations nationales en ce qui touche le
développement et les remourcés de la Californie, on verra
avec grand intérêt l'appréciation étrangère faite dans de
bonnes conditions d'exactitude. Voici quelques extraits du
rapport adressé au ministre de la Marine et des Colonies
par Taillai commandant en chef la division française de
rOcéan Pacifique. Ce rapport cohtieiit d'ailleurs dés infor-
mations toutes nouvelles sur la colonie française de S&n
Francisco.
D^uis l'^oqne à laquelle je visitai la Californie, en novem*
bre 1857, jusqu'à ce jour, que de progrès en tous genres à con-
stater, aussi bien dans Tordre moral que dans Tordre maté-
riel!
Le comité de vigilance qui avait purgé San Francisco de ses
bandits, }a loi de Lynch, encore en pleine vigueur dans les pla*-
cers éloignés, ne sont plus que des souvenii* qui ne se rçtroft-
ventque dans la conversation des plus vieiq: pionniers. Partpiat,
maintenant, régnent la sécurité et le respect de la loi. San
Francisco, avec sa p(H>ulation de 172 000 habitants dont IQOpo
Chinois, est parfaitement gardé par un corps de cent poUce*
mon, et ce n'est plus que dahs les districts éloignés, les plu$
près des indiens, dans ces parties reculées de TjÉlat o% Tespcit
d'aventures conduit encore des squatters et des chercheurs de
nfines, que se renouvellent Iss scènes de meurtre et les appli-
cations de la loi de Lynch si fréquentes dans les premiers temps
de cette colonisation cosmopolite.
Cette amélioration morale s'est fait également sentir ps^oii
nos compatriotes si fortement mêlés à Torîgine.
En ce moment, il n'existe pas ailleurs un point où Ton puisse
trouver une population française plus patriote, plus travail-
leuse, plus sagement économe que celle qui réside à San Fran-
cisco» Le nombre en a grandement diminué ; de vingt à vingt-
cinq mille auquel on les estimait en 1857, il est peut-être, en
ce moment, dans tout TËtat, réduit à une dizaine de mille, dont
trois ou quatre mille habitent San Francisco* Quelques-uns
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256 AMÉRIQUE DU NORD. (n" 293-362.)
seulement ont acquis une belle position de fortune ; mais l'ai-
sance est générale parmi eux, et Testime dont ils jouissent est
universelle. Cette estime, ils la doivent à leur probité en affai-
res, à leurs habitudes de travail, et aux établissements qu'ils
ont fondés à grands frais au moyen de la mutualité, soit pour
venir en aide à toutes les infortunes, sans distinction de natio-
nalité, soit pour inculquer ou fortifier ces principes d'économie
et de prévoyance....
Grâce à ces institutions si libérales et si utiles, où la diffé-
rence de nationalité n'est jamais une cause d'exclusion, la
colonie française de San Francisco jouit d^une honorabilité jus-
tement méritée, et l'on ne voit, pour ainsi dire, jamais le nom
d'un de nos compatriotes devant la justice américaine.
Pendant la guerre, cette population a donné plus d'un mil-
lion, et plusieurs de ses enfants ont quitté volontairement les
positions les plus belles pour courir à la défense du pays.
Le commerce français est à San Francisco et en Californie
ce qu'il est partout dans le Pacifique. Les nouveautés, les arti-
cles de Paris, les modes, la bijouterie, la parfumerie, le com-
merce des vins, occupent la plus grande partie de nos natio-
naux. Quelques-uns sont à la tôte d'importantes maisons
d'affaires, ou ont fondé des fabriques de lainages qui donnent
de forts beaux résultats ; tandis que par l'industrie de quelques
autres, le jardinage, et surtout la culture de la vigne, se sont
si largement développés, que la production du vin s'accroît
en Californie dans une vaste proportion.
Quant à notre commerce maritime, il a été représenté, en
1870, par 20 navires avec 9760 tonneaux, et en 1871, par 14
navires avec 6328 tonneaux.
Cette diminution dans nos importations directes à San Fran-
cisco n'est point un fait isolé dans le commerce général de
cette place ; la facilité des transports par le chemin de fer
transcontinental a amené un résultat semblable pour toutes les
importations maritimes, et surtout pour celles des ports des
États-Unis de l'Atlantique....
On ne peut parler.de la Californie sans dire un mot de sa
production minière.
Si on ne s'en rapportait qu'aux publications officielles, .cette
production aurait beaucoup décru, car au lieu de 300 millions
de francs environ à laquelle on l'estimait en 1857, nous trou-
vons, d'après ces documents, que les exportations d'or et d'ar-
gent, en 1871, n'auraient été que de U5 millions de francs. Si
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CAUFORNIE.
on y ajoute les 9k millions de francs de pièces d'or et d'argent
frappées cette même année par la Monnaie de San Francisco,
on n'arrive qu'au chi£fre de 239 millions de francs. Mais si l'on
tient compte des découvertes récentes démines très riches d'or
et d'argent, des moyens perfectionnés employés actuellement
pour leur exploitation, des nombreux capitaux qui sont venus en
aide à l'industrie minière, on ne trouve pas exagéré le chiffre
de 400 millions qui m'a été donné comme représentant le ren-
dement actuel des mines de la Californie.
Ne fût-il réellement que de 239 millions de francs, quelle
situation meilleure actuellement pour ce pays, se suffisant non-
seulement à lui-même, mais pouvant exporter 90 millions de
francs des produits de son sol, quand on la compare à celle de
l'époque où les mines lui donnaient 300 millioDS, mais qu'il
fallait échanger contre des objets de première nécessité; main-
tenant nous trouvons qu'il a pu vendre à l'étranger, en 1871 :
Laine 33 750000 fr.
Blé 15 900 000
Farines 8 700 000
Vins 3 660000
Eaux-de-vie du pays 555 000
Fourrures 555 000
Cuirs 1 905000
Peaux 1 730 000
Saumon salé 740 000
Bois de construction 1 610 000
Mercure 4 985 000
Minerais de cuivre 610 000
Minerais d'argent 4 900 000
Métaux divers (l'or non compris). 4 100 000
Produits divers 6 280000
Total 89 980000 fr.
Les exportations générales de la Californie se résument pour
1871 par :
Or et argent 144 770000 fr.
Produits du pays 89980000
Exportations des marchandises
de provenance américaine ou
étrangère ' 55 185 000
Total 289 935 000 fr.
l'année géogr. XI. r- ^^ T
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258 AMÉRIQUE DU NORD. (n°* 293-362.)
Le produit \inicole de la Californie, en 1871, aurait été de
7 millions de gallons, soit 28 millions de litres ou 128 OÛO de
nos barriques » dites ^bordelaises ; mais comme il y a encore
beaucoup de jeunes lignes, que Ton en plante continue Ikment,
que leur rendement est énorme, fabuleux, dirai-}e, on pense
qu'avant cinq ans oe produit rfiera doublé^
iLes plants de France, d'Espagne, d'Allemagne, ;de Madère,
du Levant, n.ôme loeux de la vigne sauvage dfi JCalifoinif., «ont
été mis à contribution; mais, partout, ce ^ sont les .plants fran-
çais qui dominent, ce qui est dû autant à ileur bonne .qualité
qu<'à ce qiie.ee sont nos compatriotes qui ont introduit aaelte
culture en Californie comme bu Gbili.
Jusqu'à (se moment, les vins sont de médiocre tqialitè; ce-
pendant, j'ai trouvé quelcpras bons ordinaires.
S 4. Le dernier recensement des États-Unis.
Le recensement périodique d'une grande nation est tou-
jours un important sujet d'étude à bien des points de vue;
cela est viai .surtout pour un pays tel que les États-Unis, où
tous les éléments nationaux, où toutes les forces sociales
sont dans un travail continu de développement et de trans-
formation. M. le vicomte de Borelli, dans une note commu-
niquée à la Société d'anthropologie de Paris, a mis en saillie
quelques-uns des faits généraux qui ressorlent du neuvième
receii sèment de l'Union américaine (voir à la Bibliographie,
n"349, 350, 35} , 352), particulièrement en ce qui touche à
Taccroissement des diverses classes de la population aux
États-Unis.
, L'augmentation du nombre des Noirs {coloured popula-
tion) depuis la fin du dernier siècle se réssume ainsi :
1790
Esclaves -697 681
Libres. .• 59^27
lh60
Esclaves 3 953760
Libres •.. •. 488 070
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ÉTATS-CNIS. 259
U70 (esclavage aboli)
Nombre total 4 480 000
'Voici, pour la môme période, la progression de la popu-
lation )3lanche :
Immigrants
Date. Population, pendant la décade.
1790 3172006
1800 , 4 306446
1810 5862073
.1820 7 862 166 250000
1830 10537378 151824
1840 14195 805 599 125
1850 19553068 1713251
1860 t:69.:2537 2508214
1870 33586989 2491214
Indiens. Les Indiens îaxedy c*est-à-dire citoyens des
États-Unis et soumis à l'impôt, étaient en 1860 au nombre
de 44,021; il n'y en a p^us actuellement que 25,731. Le
chiffre a donc diminué de près de moitié. C'est dans les
£tats de Californie et de Michigan qu'ils sont le plus nom-
breux :
Eu Californie 7241
Dans le Michigan 4926
Le nombre total des Indiens se décompose ainsi (18' 0):
Taxés 25 731
Nomades (approxmativement) ... ?3i 740
Recensés Iî3 2^1
Total de la population indienne . . . a83 712
En somme, les 33 586 989 hommes de race blanche, les
4 480 000 Noirs et les 383 712 Indiens ,' auxquels il faut
ajouter 63 254 Chinois, donnent aux [Êtatf-Unis, à Ja date
de 1670, unfe population totale de 38 513 955 ame^
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260 AMÉRIQUE DU NORD. (n°' 293-362.)
$ 5. Les Indiens.
Nous avons reproduit sans y rien changer la note de
M. Borelli, à cause des indications intéressantes qu'elle
donne sur plusieurs points ; néanmoins elle présente, en ce
qui regarde la population indienne des États-Unis, des
différences assez notables avec un document spécial d'un
caractère officiel, le Rapport du secrétaire d'État du gouver-
nement de Washington pour le département de l'Intérieur
(ci-dessus, n*» 353 de la Bibliographie). Ce document
mérite d'être reproduit.
Le rapport que nous citons est bien fait pour encourager
ceux qui croient les Indiens capables de civilisation. La
valeur des produits agricoles qu'ont obtenus cette année leurs
différentes tribus, en y comprenant celle des Cherokîs
(pour laquelle les chiffres manquent encore, mais dont, en
se basant sur les résultats de l'année passée, on peut
évaluer la production k plus d'un million et demi de dollars),
s^élève à environ dix millions de dollars. Les Indiens ont
216 écoles, avec 323 professeurs, et 8920 élèves.
Grâce à la politique pacifique adoptée par le Gouverne-
ment, la paix n'a été troublée que par quelques tribus
nomades de l'Arizona, du Nouveau-Mexique et du Kansas
occidental. Elle a été promplement rétablie parles autorités
militaires, et aujourd'hui l'ordre existe chez ces populations
que l'on contiendra plus facilement à l'avenir en obtenant
des plus turbulentes d'entre elles, ce qu'il est permis d'espé-
rer, qu'elles viennent occuper des terrains que leur réserve-
rait la République. Il serait fort à désirer à ce sujet que le
Congrès leur concédât avec libéralité des vivres, des effets
d'habillement, du matériel de culture.
Sur la ligne du Nord-Pacifique, dans le territoire de
Dakota, les Sioux ont fait contre le railway des démonstra-
tions hostiles, que de prudentes dispositions ont heureuse-
ment neutralisées. Il faudra d'habiles ménagements pour
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ÉTATS-UNIS. 261
se concilier l'amitié de cette nombreuse et puissante tribu.
Les faits sont de nature à réjouir les partisans de la poli-
tique actuellement suivie à l'égard des Indiens. Non-seule-
ment ceux d'outre eux qui sont depuis longtemps en
contact avec les blancs, comme dans l'État de New York,
le Michigan et le Wisconsin, mais même les Indiens du
Kansas, du Nebraska, du Territoire indien, dont les rela-
tions avec nous sont plus récentes, ont fait de considéra-
bles progrès dans la civilisation, tant au point de vue de la
culture du sol qu'à celui de l'instruction.
Le nombre d'Indiens sous la juridiction des Ëtats-Unis
est, d'après les données les plus approximatives, d'environ
321 000. Dans ce nombre sont compris les 75000 Indiens
de l'Alaska, et 3663 autres qui ne vivent pas en tribus, et
sont dispersés dans les États de la Floride, de la Caroline
du Nord, de l'Indiana, de l'Iowa et du Texas. Mais ceux-
ci, comme ceux de l'Alaska, échappent en fait à l'action des
nouvelles mesures adoptées par le Gouvernement. Les
242 300 Indiens sont distriSués ainsi qu'il suit :
Territoire de Washington 15 487
— Orégon 24503
— Californie 7 383
— Arizona 5 066
— Nevada 6 000
— Utah 12800
— No uveau- Mexique.. .. 18 640
— Colorado 7 300
— Dakota 27 815
— Idaho 4469
— Montana 18835
— Wyoming 2 400
— Nebraska 6410
— Kansas 6 0.52
Indien 53476
— Minnesota 6337
— Wisconsin \ . . . 6 355
— Michigan 8093
— New York.......... 4804
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262 AMÉRIQUE DU NORD. (n°' 293 -362.)
Lee Ixidien.s sous la juridiction des Étata-Gjais. occupent
aujourd'hui des concessions de torrainfl d'une surface totale
d'3 228473 milles carrés, soit 13.7 8 't6 971 acres. En en
déduisant le Territoire indien au sud du Katnsas, il reste,
pour 172 000 Indiens, une étendue de terrains réservés de
96 155 785 acres, ou 558 acres par habitant. Lsitarrain
de ces concessions' est généralement de bonne qualité, et
susceptible d'une culture* productive. Des traités en garan-
tissent la possession aux Indiens contre l'immigration des
blancs.
L9 Territoire indien proprement dit. est situé h Touest
du Missouri et de TArkansas, etau sudduKansas. D'une
superficie de 44 154 240 acres , il contient environ 60 000
habitants. A Test du 96° de longitude, le sol y est d'excel-
lente qualité, bien, arrosé, et peut largement rémunérer les
travaux du colon, A Totlest du 96% entre ce degré et la
vallée de l'Arkansas, le terrain ^t montagneux et d'une
culture moins avantageuse. Il s'y trouve de riches dépôts
de charbon, et probablement.d'antres mines dont Texploita-
tion serait lucrative. Dans la vallée de l'Arkansas, le sol
est d'une excellente qualité sur une étendue de 10 milles;
plus à l'ouest, quoique moins fertile que dans la partie
orientale du territoire, il est propre à l'exploitation: le
Territoire indien ne compte actuelle ment qu'un habitant
par 630 acres. Si Ton pouvait y transporter tous les Indiens
de la République, à l'exception de ceux de l'Alaska et de
ceux qui sont dispersés dans les États nommés plus haut,
chacun d'eux aurait 180 acres de terrain, c'est-à-dire plus
qu'il n'en faut pour vivre confortablement. Et d'un autre
côté, leur départ des territoires qu'ils occupent aujourd'hui
ouvrirait au travail des blancs une contrée d'une surface de
93 6 '2 731 acres. Réunir toutes les tribus indiennes dans
un territoire comparativement' restreint est le problème qui
s'impose maintenant à nous. De sa solution dépend, en
grande partie, la destinée de la race indienne. Si ses
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ÉTAÎB-UNÎS* 263
membreB amy&Btà se faire une juste idée de leur av^n;
ils reconnaîtront qu^à moin& d'accepter les bons officeti de
notre gouvernement, et de s'efforcer franchement de
travailler pour leur part au progrès, les difficultés et les
dangers de leur existence actuelle ne peuvent que s'aggraver
parsuit&du flot croissant de rémigrstion des^ blanûs. qui
réclament chaque jour avec plus d'in "distance les terrain&de
chasse et les^ concisions actuellement occupés par euz.
Plusieurs tribus le reconnaissent et sont disposées àfieprêter
aur mesure» qne nous suggérera le soin.de. leurs>intécôts :
avec de la prudence- et une rigoureuse: observation des
traités, il n^est pas douteux qu'on ne-puisfie réussir dansle
plan exposé plus haut.
Ajoutons^ d'après la lettre d'un missionnaire (Bibiiogr.,
n^ 323), un détail assezcurieux sur l'organisation intérieure
des Ghérokîs, la principale des tribus group.ée& dans
rindian Territory :
« Les délégués dee douze tribusa}ntinnent.dof se réuniD et
de discuter Ibs lois fondamentales destinées- à senvicde^base
à la Confédération. La- tribu des Ghérokîs paraît ne pas
être favorable à Tadopti on d'une Constitution écrite ^ Son
objet, ainsi que le disaient) tout dernièrement saa délégués,
est de fonder un gouvernement d'opinion^ avant.de songer
à faire un gouvernement de paroles.
« Nous devons, ont dit les chefs de la tribu, noua occu-
c per à graver les institutions dans le: coeur de nos conci*
c toyens-; celles-là seul es sont durables. Quant à les.inscrire
« sur du papier, autant vaudrait les confier à l'éconce de
c l'arbre; Le chêne de la forêt croît tous les an», et il change
« d'éoorce chaque année. li en est de même de. la> nation
c indienne; Il n'y a que deux choses qui ne passent point:
m TeE^rit de. l'homme et le cœur du chêne. Tenonsrnous-en
« à l'esprit, si nous voulons vivre et durer. »
«0 Au départ du. dernier courrier., on était généralement
d'avis délaisser sommeiller les questions.constitutionnelles,
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264 AMÉRIQUE DU NORD. (n*' 293-362.)
pour ne s'occuper que de Torganisation intérieure des
tribus et des rapports qui doivent les lier. »
S 6. Notes archéologiques.
Jetons, avec M. Baldwin (n«355), et avec l'examen sub-
stantiel q/i'une plume compétente en a fait dans YAthe-
nxum de Londres, un caup d*œil sur les anciens temps de
la race américaine.
Ge que nous savons des origines américaines, nous le
devons, en partie, aux observations des récents explora-
teurs, en partie aux récits plus ou moins impartiaux, plus
ou moins dignes de foi des Espagnols du seizième siècle.
Ces observations et ces récits sont consignés dans de nom-
breux volumes écrits en espagnol ou en allemand, en fran-
çais ou en anglais, et beaucoup de ces poudreux in-folios
ne sont pas d'un accès facile pour la généralité des lec-
teurs. Réunir ces matériaux épars et en présenter une vue
d'ensemble, tel est l'objet que s'oÉft proposé M. Baldwin.
Les restes de l'ancienne civilisation américaine — la ci-
vilisation autochthone antérieure à Tarrivée des Européens
— se retrouvent dans trois foyers, dans trois centres sépa-
rés mais presque contigus, ou du moins reliés entre eux
par des vestiges intermédiaires.
Geluji du Nord embras&e la vallée du Mississipi et de ses
tributaires; c'est un large triangle dont le sommet toucha
aux grands lacs, et dont la base s'appuie au golfe du
Mexique.
Le foyer central couvre le plateau mexicain et se pro*
longe dans l'isthme qui relie les deux Amériques ; il com-
mence à la vallée du Nouveau-Mexique et aux plaines
d'Arizona, et se termine au delà du Yucatan et du Guate-
mala.
Le troisième foyer, celui du Sud, occupe une longue
bande de pays entre le Pacifique et les Andes, depuis le
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ORIGINES AMERICAINES. 265
voisinage de Quito, sous l'équateur, jusqu'au delà du
plateau péruvien et aux approches de la frontière du
Chili.
I. Si nous partons de la première de ces trois divisions,
celle du Mississipi, communément désignée, dans la lan-
gue des archéologues américains, sous le nom de région
des « Mound-Builders, » nous trouvons dans les territoires
les plus septentrionaux, dans le Michigan, le lowa, le
Missouri, et particulièrement dans le Wisconsin, — c'est-
k-dire au pourtour méridional des grands lacs, — une
étendue de pays caractérisée par la présence de vastes
monticules artificiels (mounds) auxquels les constructeurs
primitifs ont donné les formes bizarres de divers animaux,
oiseaux, serpents, etc., et quelquefois aussi la forme hu-
maine dans des proportions gigantesques. Puis vient une
seconde région dont l'État d'Ohio peut être regardé comme
le centre, bien qu'elle embrasse la vallée tout entière de
rOhio et de ses tributaires, comprenant la Virginie occi-
dentale, rindiana, une partie du Michigan, Tlilinois, et de
plus le Missouri. Ce qui caractérise cette région archéolo-
gique, ce sont des monticules ou mounds de forme pyra-
midale, hauts habituellement de deux à neuf ou dix mètres,
mais s'élevant parfois jusqu'à vingt et trente mètres. Leur
forme ordinaire est celle d'un carré ou d'un rectangle, et
l'on y monte par des degrés extérieurs. Cette région est
remarquable encore par des lignes de retranchements, des
levées de terre hautes d'un mètre et demi à neuf ou dix
mètres, formant ainsi des enceintes retranchées d'une
étendue très-variable, depuis un hectare jusqu'à vingt et
vingt-cinq, mais s'étendant parfois jusqu'à cinquante, cent,
cent cinquante, trois cents hectares. U ne se trouve pas moins
de dix mule pyramides et quinze mille enceintes retranchées
dans l'Ohio seul. U y a eu là, évidemment, un centre de
population native extrêmement considérable.
Continuons de descendre la vallée du Mississipi. Dans
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266 AMÉRIQUE DU NORD: (n"' 293-362.)
les plaine&fbrtiles qui* bordent. le golfe dii Mexique^ eiiiâW
vançant à l'ouest jusqu'&a delà^ dn Rio fiistudB^ las^eoi-
ceintes deviennent plus petites et moins nombreuses^, en
même' temps que les montioules^ peut-être plns^m)mbreux
encore et conservant le même caractère ^ sont moin s^élevéa.
Gène sont plus que des pyramides^ tronquées, our plutôt des
platée- formes k quatre faces. De laides- terras8BSi,.des pas^
sageB< élevés, des aguadas ou. réservoirs artiôcielS) sont, avec
l'emploi de briquea séchées au soleil^ les- traits particuliers
à cette troisième circonscription; ces< reste» d'anciennes
coH&ftruGtions s'y rapprochent beaucoup plusi que œlleft^ de
rOhio du caractère des monument» de l'Amérique centnde.
G'eet une transition.
£n somme, lesf constructeurs des monticules du Nord»
les mound'-builders^ paraissent être resté&t à un. degré* de
culture inférieur à celle de leurs congénères de la zonfitoen-
traie (l'Anafanac et Tlsthme) et des Andea du Sud. Glétât
néanmoins un peuple agricole; ils avaient l-usag^ de& éJlof*
fes tissées, et leurs poterie» se montrent parfois presque
égales à celles du Pérou. Ou; ai quelque lieu de suppiosar
qu'ils avaient une certaine connaissance de rastronomie^
Leurs outils et. d'autres ustensiles. étaient en. cuivrci en.ar^
gent et en diverses pierres dures^.le porphyre, le greystona-^
Tobsidienne.
II. Au Mexique et dans l'Isthme, nous trouvons ^ale-
nrent les antiquités natives distribuées en trois ciroonscrip <
tiens distinctes. Dans le Ghiapa, le Tabasoo^ l'Oaxaoa^.le
Yucatan, le Honduras, le Tehuantepec et: la. Giiatamada^
les ruines consistent en villes étendues bâties en pierca,. en
palais ornés de riches sculptures, et s*élevant sur de-hautes
plates-formes pareilles à celles du bas Mississipi, les-
quelles, selon toute probabilité, eurent la. même destina-
tion. Cette circonscription contient sans douta les reates^de
la civilisation la plus andsnne de la: zoneoentraie.da l'A»-
mérique; bien • que quelques-unes des citë& du. Yocatan,
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ORIGIN&S AMÉRICAINES. 267
TJxmal par exemple, paraissent avoir été encore habitées
au temps de la conquête, les habitants ne savaient- rien de
Tilles plus anciennes. La plupart de ce8viliesen> ruine ont
été envahies par la végétation, et l'on sait que d'autres
cités gisent ensevelies au milieu des forêts à peu près
inexplorées.
On est' mieux renseigné surla ciiiconscription mencadne^
centre de la civilisation aztèque ^ au- tomp^- de la conquête;
et bien qu'on ait quelques doutes sur certains points des
premières descriptions espagnoles de la ville de Mexico^ il
e^t indubitable qu'un état dé civilisation relativementïéle^^
quoique inférieur à celui du Oaxaca, du Yucatan et du
Guatemala, existait dans la célèbre vallée où s'élevait la ca-
pitale aztèque, avec ses' palais et ses grandes constmotions
religieuses,
La troisième circonscription de la zone centrale, — la
première en partant du nord^ et' la première aussi dans
Tordre des temps, — se trouve dans le Nouv»aurMexique
et r Arizona, parmi les Indiens PaebloS) comme* on lei
nomme, dont l'état sociàF a pour- trait' caractéristique un
mode d'habitation tout. à fait particulier. Qu'où imagine un
vaste bâtiment, un grand massif de forme 'quadrangulaire
et composé de trois ou quatre étages sup^posés, chaque
étage divisé en petites cellules oii sont réparties le&ifamil^
les :* c'est là'j dans cette construction unique^ qu^estiooncea-'
trée toute la communauté. Ce sont des villages d'une nai!-
ture toute spéciale. La construction, dans son ensemble^
n'est pas sans analogie avec quelques-uns des grande édi-
fices qui se voient plus loin dans le Sud, tels que lé^palais
de Palenqué, ou la « Gà«a del Gobemador » à Uxmali.Ges
bâtiments communs étaient en usage au temps- de- la ooa*
quête, et on en trouve encore d'habités en quelques en-
droits. Les Puébios ont un degré de culture trèfl-supérieur
aux.tribus errantes du Nord, avec lesquelles ils sont cons-
tamment en guerre.
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268 AMÉRIQUE DU NORD. (n^* 293-362.)
III. Dans le Pérou encore, les ruines consistent en cités,
en palais, en forteresses, en grands travaux publics, no-
tamment en aqueducs et en routes pavées, admirablement
construites dans toute retendue de TEmpire^. Le caractère
des constructions péruviennes différait de ceux de l'ar-
chitecture aztèque. Elle était généralement unie et d'ua
style massif. Les temples des Péruviens n'avaient pas la
forme de pyramides tronquées, et leurs grands édifices ne
s'élevaient pas sur des terrasses. Leurs outils étaient en
bronze, quoiqu'ils connussent le fer. Leurs notions astro-
nfbiiques paraissent avoir été inférieures à celles des Amé-
ricains du Centre.
En dehors de cet ensemble de faits réunis avec soin et
discernement, nous ne suivrons pas l'auteur dans ses rai-
sonnements sur l'origine et la génération des civilisations
américaines. II admet, ce qui paraît tout à fait manifeste,
que la civilisation péruvienne et celle de l'Ânabuac ont eu
leur développement distinct et isolé; mais quanta la cul-
ture morale et matérielle des diverses régions du Centre
et du Nord, il serait enclin à en tracer la marche du Sud
au Nord, tandis que la contraire parait infiniment plus pro-
bable. Sur un autre point considérable, l'auteur paye son
tribut aux hypothèses qui ont dominé si longtemps dans les
spéculations scientifiques, à savoir, les prétendues analo-
gies fondamentales que des savants sans critique ont cm
trouver entre l'Ancien et le Nouveau-Monde, et les consé-
quences que l'on en tirait sur les origines de la civilisation
plus ou moins développée des indigènes américains. U faut
bien admettre un foyer originel de civilisation au sein de
l'espèce humaine ; mais on semble reculer devant l'idée
que le même fait psychologique ait pu se produire au sein
1. Sur ce sujet des antiquités péruviennes, il faut renvoyer au re-
marquable travail de M. Squier, que nous avons analysé dans notre
précédent volume (p. 162), et à celui de M. Cléments Markham dans
le volume actuel (ci-dessus, p. 213, n* 251).
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SOCIÉTÉS SAVANTES. 269
de plusieurs races, dans la mesure des facultés et des apti-
tudes propres à chaque race. II n'y a là, certes, rien qui
puisse froisser le sentiment religieux non plus que le sen-
timent philosophique; et Ton peut dire qu'aucun phéno-
mène ne s'accuse avec plus d'évidence que celui-là dans
l'histoire de l'humanité.
S 7. Sociétés savantes et associations scientifiques.
La Société de géographie de New York, fondée en 1854
et à qui Ton doit déjà de très-intéressantes publications,
vient de reprendre non pas le cours de ses travaux, qui
n'ont pas été interrompus, mais la suitQ de son Journal
suspendu pendant la guerre de sécession. La deuxième par-
tie du tome II, qui a paru récemment, contient les procès-
verbaux des séances de la Société pour les années 1868,
1869 et 1870, avec YAddress du président, M. P. Daly,
pour la dernière de ces trois années. Sept mémoires sur
des sujets variés de géographie générale complètent cet
important fascicule. Un discours de M. Hayes développe un
plan d'exploration polaire, que jusqu'à présent il ne lui a
pas été donné de réaliser^; un mémoire sur le même sujet
est dû au capitaine Silas Bent, de la marine américaine.
M. de Costa remonte aux premiers voyages des Northmen,
c'est-à-dire des Norvégiens et des Danois, dans les parties
de r Amérique qui avoisinent le Groenland et l'île de Terre-
Neuve. M. Hartt, le savant naturaliste à qui la science est
redevable d'un des meilleurs livres que nous ayons sur
le Brésil (voir notre précédent volume, p. 173, b? 320, et
175), a donné ici un mémoire « sur la géologie du Brésil. »
M. Parker traite « de l'origine astronomique du* magné-
tisme polaire, » et M. Sterry Hunt « des volcans et des
tremblements de terre. » Enfin, notre compatriote Paul du
l. Voir notre précédent volume, p. 405, n» 734.
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270 AMÉRIQUE DU NORD. (n°' 293-362.)
Ghaillu, qui a conquis, il y a quelques années, une .si ra-
pic'e popularité par sa relation de la Terre des Gorilles
(le pays de YOgovai), donne un curieux mémoire « sur la
race défi Pygmées de l'Afrique équatorialei, » peuple dont
le nomest Obongo, et qui semble appartenir à la même
famille que les Dokko elles Akka de l'Afrique' équatoriale*.
Nous avons eu déjà occasion de citer VAddress annuelle de
1872, qui a eu pour auteur M.' Gilman, et qui touche
presque exclusivement à des sujets américains. La Société
de New Yoik embrasse, on le voit, le champ tout entier
des sciences géographiques, sans compter le riche domaine
de l'ethnologie et delà géographie américaines, où il reste
encore tant d'investigations à poursuivre et tant de questions
à résoudre.
Sur ces derniers. sujets, on doit à Tlnstilut Smithsbnien
la publication de précieux travauit. Comme toujours, le
dernier Rapport annuel du bureau de ce grand établisse-
ment scientifique (ci -dessus, n° 257) renferme des mor-
ceaux de rintérêt le plus varié. L'Institut Smithsonien a
^ pour origine le legs fait .par un généreux citoyen au gou-
vernement des Etats- Uois, pour la fondation d'un établis-
sement des'iné à favoriser le pro^^rès et la diffusion de îa
science dans le monde entier ^. Il possède aujourd'hui un
vaste bâtiment contenant une biblioihèque nombreuse, des
instruments nécessaires aux recheiches scientifiques, et
des musées dont les iichesses .s'accroissent xapidement
par les dons et.leséihai^geF. Chaque année, il fait paraître
trois clasfies de publications. La première comprend, sous
le titrcgécéral de Contributions ta knowledge, une série de
volumes in-4*' qui consistent en jnémoires donnant pour
1. Sar les Akkv, vjoir le rapport. d^.iiiu du D' Schweinfurth, ci-
dessus, p, 23.
2. Nous emirui.loni: cette nolice au Journal des savants.
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INSTITUT SMITHSONIEN. 271
la science des Tésultats nouveaux dus à des recherches
originales provoquées ou aidées par riB&titut. La seconde,
qui porte .le:.titre àBjîisadIaneous Collections, est -surtout
destinée à la prop^^gation des «eonnaîssances scientifiques
parmi le grand public; elle se compose de volumes in-S<>
pôlatife, pouriktpluparty àirhistoire înaturelle, à Petbno-
kigie fit à ila météorologie. Les 'Rapports annuels, avec
kurs appendîoes, forment la trmsième série; ils soLt
pcéâentés au Congrès ^t publiés £ux frais du ^ouverne-
mfint.
.Le dernier rapport, .outr^ des renseignements 'sur l'or-
ganisation de rinstitut et diveis documents administratifs,
contient, comme de coutume, un appendice étendu eom-
pjfenant un grand nombre de mémoires ; quelques-uns sont
(Triginaui^ d'autres sont des traductions de travaux étran-
gers, déjà publiés en diverses langues. Parmi ces derniers,
ceux des savants français tiennent une large place; les
noms de MM. Bertrand, Élie de Beaumont, Marey, Ba-
binet, Becquerel, s'y trouvent à côté des noms de plu-
sieurs savants ai glais, allemands, italiens et suisses. On
remarquera, dans le Rapport du stcrélaire, des notes inté-
re^BôantfiS pour l-e^imographie sur divers objets recueillis
récemment ohez un grand nombre de tribus de T. Amérique
du Nnrd, et, dans l'appendice, un travail du généralJ. H.
Simpson sur rexpédition du Coronado, tmvoyée en 1540
par le vioe-roi du Mexique à la recherche des « sept cités
de Gibûla \, » Nous. signalerons encore les uRemarques du
docteur Arthur Schootsur la colossale figure de stuc connue
sous le nom de Gara gigafitesca d Yzamal, et très-imparfai-
tement décrite par Stephens dans ses Incidents of iravel
in Yucaian.
Je jae puis mB .refuser au plaisir de ciier .les réflexions,
aussi censées qu!ûj)porlunes, du.sava.nt secirétai. e.de TAs-
l. Voirtci'-desfius, p.. 239, .i)*> 35*.
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272 AMÉRIQUE DU NORD. (n^* 293-362.)
sociation smithsonienne sur la marche actuelle et la mé-
thode des investigations ethnologiques, heureux de retrou-
ver là des vues (jue j'ai moi-même exprimées en plus d'une
occasion, moins bien et avec moins d'autorité.
c L'ethnologie, il faut le reconnaître, est aujourd'hui
dans une condition élémentaire, je veux dire dans la pé-
riode que toute science doit nécessairement traverser, celle
de la collection des matériaux ; les déductions que Ton
peut actuellement tirer des faits acquis ont donc un carac-
tère essentiellement provisoire. Il est vrai que des témoi-
gnages de rancieûneté de l'homme sur la terre, plus
grande qu'on ne Tavait admis jusqu'à présent, se sont
accumulés d'année en année ; néanmoins, on ne peut dire
en toute sincérité que la question soit pleinement résolue.
On peut trouver d'autres hypothèses que celles qui ont été
mises en avant pour expliquer les faits observés. L'inves-
tigation, dans tous les cas, doit être poursuivie sans s'ar-
rêter à des idées préconçues. Soyons certains que la reli-
gion et la vraie science ne peuvent être en opposition :
Tune bien comprise, l'autre exactement interprétée, s'ac-
corderont dans le résultat final. Nous devons, en un mot,
nous attacher à cette règle posée par l'évêque de Londres,
dans une conférence tenue à Edimbourg, « que l'homme
« de science doit suivre sa marche honnêtement, patiem-
« ment, avec réserve et défiance, observant les faits, en-
ce registrant ses observations, et suivant sans dévier ses
ce raisonnements jusqu'à leurs conclusions légitimes, con-
c vaincu que ce serait trahir à la fois la majesté de la
« science et la majesté de la religion, que de dévier de parti
« pris, si peu que ce puisse être, de la droite ligne de la
« vérité. » Il faut d'ailleurs se garder de prendre pour
vérités absolues les hypothèses provisoires de la science,
et ne pas vouloir expliquer prématurément les contradic-
tions apparentes qtii peuvent se présenter entre les deux
grands domaines de la pensée, contradictions qui, après
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INSTITUT SMITHSONIEN. 273
tout, ne proviennent peut-être que de nos vues incomplètes
de la connexion des phénomènes. »
Il n'est pas sans intérêt de rappeler les principaux docu-
ments, relations ou mémoires relatifs aux sciences géogra-
phiques ou à Tethnographie, publiés depuis sa création par
l'Institut Smithsonien. En voici le relevé :
Grammar and Dictionary of the Yoruba language, wilh
an introductory description of the country and people of
Yoruba; by the Rev» J. Boweii^ 1858. (Smiths. Con-
trib. X.)
A Dictionary of the Chinook jargon (Oregon), by G.
Gihhs, 1863. (Miscell. Collect. VU.)-
Vocabulary of the jargon, or trade language, of Oregon,
byD' Rush Mitchell, 1853. (In-8<>, 22 pages.)
Instructions for research relative to the ethnology and
philology of America, by the same, {Ibid,)
Arcbœology of the United States, or sketches, historical
and bibliographical, of the progress of information and
opinion respecting vestiges of antiquity in the .U. S., by
Sam. F. Haven, 1856. (Sm. Gontr. YIII.)
Publication capitale.
, The antiquities of Wisconsin, by A. Lapham^ 1855.
[Ibid. VII.)
Observations on mexican history and archaeology, by
Br. Mayer, 1856. {Ibid. IX.)
Grammar and Dictionary of the Dakota language, edited
by Rev. R. Riggs, 1852.' (Sm. Contrib. IV.)
Ancient monuments of the Mississipi valley, by E. G.
Squier and E. H. Davis, 1847. {Ibid. I.)
Aboriginàl monuments of the state cf New York, by
E. G. Squier, 1850. {Ibid. II.)
Portraits of North American Indians, with sketches cf
scenery, etc., by J. M. Stanley, 1852, in-8**, 76 pages,
(Miscell. G IL)
L* ANNÉE GÉCGR. XI. 18
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274 AMÉRIOUE DU NORD- (n'»^ 293-362.)
Qoiitributioiis to the physical geography . of. ther United
States. Part. 1. On thôr phy€âeal gwgwfliyt of the-Missi»-
sipi Valley, by Ch. Ellet, 1850, in-4% 64 p. et 1 pi. (Smiths
Gontrib. IL)
Geological researches in China» Mongolià, and Japan,
18^2-65, by Raph. Pumpelly^ 1866, in-4% 173 pages,
9 pi., etc. {Ibid. XV.).
Physical observations in the Arctic seas, by Is. J. Hayes^
1860-61. Published, 1867, in-4, 286 p. {Ibid. XV.)
Physical observations in the Arctic seas, by E. K. Kane,
1853-55. Publ. 1860, in-4«, 340 pages ,''(/6irf. X, XI, XII,
XIII.)
S 8. L'Alaska.
Terminons cet exposé, bien rapide malgré son étendue,
des récents travaux géographiques aux États-Unis, par
quelques mots sur l'Alaska, — ce vaste territoire boréal
qu'on- appelait naguère l'Amérique russe; les renseigne-
ments que nous allons transcrire nous^ sont fournis par
VAddress de M. Qiiman au sein de la Société de géogra-
phie de New York.
La reconnaksance du capitai&e G« W..Raynumd;siirla
rivière Yukon, commencée au printemps de 18619, futr.ter^
minée daos l'été suivant;. et le:.rapf»rtp acoûiQpagnA<â!ime
carte (ci-dessus, n^ 362), a été soumisi au: jQongrà.vâEL avril
1871. Le point principal de Pexploraiion était ia détecmi-
nation astrononmque du. fort Yukon, longitoda et latitude..
L'exploraticKQ devait aussi . poirteri somi attentîoii snr> letcom-
merce de la contréd| et. examinée la condition des. tribsu na-
tives* Il ét9.it également char;g[é de constater, autant' que. pos-
sible, les ressources du fleuve Yukon. et de se&txibutaiiee.
Le fort Yukon, qui marque le point le. plus septofilrio-
nal du fleuve^ était,. jusqu'à ces dërnièree tannées^ la. sta-
tion extrême à l'ouest de la Compagnie de. la baie^d'Had-
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ALASKA. 275 •
son. On le regardait néanmoins comme se trouvant à
Touest^ de- lât limite anglo«riisse^ et dans oe cas son .établis-
sement était contraire aux terme» du traité entre.la Grande-
Bretagne et la Russie. Les Russes avaient donné fort peu
d'attention à cette question. in temationale^ mais il n'en fut
plus dé même des Américains, qui, après Tacquisition de
FAlaska, commencèrent à remonter le fleuve dans un Lut
de commerce. Il devenait donc important de fixer l-exaote
position du fort : le capitaine Raymond s'offrit pour cette
tftche délicate. Un petit steamer fut approprié à ce serriee.
On commença à remonter le fleuve le 4 juillet 1869; le 31
du même mois on atteignait le fort, après un trajet entiè-
rement par eau dcplus de 1600 kilomètres. La latitudi ^nt
déterminée à 66* 33' -(à 7"; et pour la longitude les obsevt-
tions donnèrent 145*» 17' 47" à PO. de Greenwich (147 37'
57* 0. de Paris). La question de nationalité était fixée* ;
le fort est sur le territoire américain. La Commission en
prit possession le 9' août, et ob y arbora le drapeau de
rUnion.
La carte construite par le capitaine Raymond présente
les résultats géographiques de l'expédition. Les cartes an-
térieures étaient basées sur celle du lieutenant russe Za-
goskïn, qui fut levée de 1842 à 1843, avec les corrections
et les additions de Dali, de Whymper, de Smith et d'au-
tres explorateurs de la Compagnie télégraphique^. «Le
rapport du capitaine Raymond, qui forme 110 pages in-8%
est. ttès-clair, plein de faits, et jette une grande lumière
sun la nouvelle acquisition américaine. Les documents sor-
tis de cette reconnaissance, avec l'ouvrage de M. Davidson
1*. Aux tennes du traité de 1825 entre l'Angleterre et là Russie^ la
limite orientale de la ci -devant Amérique rosse suit le 141" degré à
PO. dû méridien de Greenwich (et non pas le 131% oomm^eil est dit,
par. une erreur typographique, au tome VI de V Armée géographique j
p. 388),
24. Voir le précédent volume de VAnnéé, p. 124, n* 2T7, et p. 140.
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S76 AMÉRIQUE DU NORD. (n" 363-371.)
du Goast Survey (ci-dessus, p. 202, n^" 225] /et les relations
de MM. Whymper et Dali, sont les premiers fruits géogra-
phiques de Tacquisition de TAIaska. »
L'Alaska, au total, est un triste pays, — un pays à pel-
leteries, rien de plus. Une région où le thermomètre cen-
tigrade descend jusqu'à 38 degrés au-dessous de zéro, et
où l'on regarde comme des hivers doux ceux qui se main-
tiennent entre — 23* et — 12® cent. — , n'est pas, on le com-
prend, une contrée à colonisation. Les étés sont courts et
chauds, quoique la neige reste sur le sol. Les végétaux
dont la croi&îsance est rapide, tels que les navets, les radis
et les laitues, sont cultivés au voisinage des côtes de Touest
et du sud. Le pays est assez bien boisé dans l'intérieur,
principalement en peupliers et en saules. Sur toutes les
côtes au nord des îles Aléoutes, et sur les bords de la mer
Arctique, la rare population se compose d'Eskimos; dans
l'intérieur, la population, un peu plus nombreuse, appartient
à la grande race des Indians du <^ontinent.
IV
CONFÉDÉRATION DU CANADA.
DOMINION.]
363. H. Barrisse. Notes pour servir à l'histoire^ à la bibliographie
et à la cartographie de la Nouvelle-France et des pays adjacents,
1540-1700; par l'auteur de la BiUiotheca Àmericana vetustis-
sima. PariSy 1872, in-8». xxxni-365 pages. 15 fr., 20 fr. et 25 fr.,
selon le papier (Tross).
Cet oavrage a pour nous un intérêt tout particulier, a dit M. MUler
en présentant à TAcadémie des inscriptions (mai 1872) le beau volome
de M. Harrisse, puisqu'il est consacré à une de nos plus importantes
colonies. L'introduction contient une histoire des archives de notre
marine. On y voit comment les pièces originales concernant cette par-
tie de radministration se sont perdues par suite de Tabus qui permet-
tait aux secrétaires rPËtat de considérer comme propriété privée les
archives des ministères. Celles de la marine ne datent que de la fin
du dix-septième siècle. La première formation en remonte à GoU>ert.
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CANADA. 277
Des 1680, elles offraient déjà une collection de papiers assex considé-
rable poar qu*un commis spécial fût chargé de les mettre en ordre.
Le premier établissement parait avoir été formé à Saint-6ermain-en-
Laye. Les archives furent ensuite transportées à Paris. En 1763, elles
vont à Versailles. Ce n'est qu'en 1837 qu'elles sont définitivement ins
tallées à Paris, au ministère de la marine, après avoir souffert de nom-
breuses déprédations.
Gomme annexe des archives de la marine, il y a encore ce qu'on ap-
pelle le Dépâty qui, depuis 1817, se trouve rue de l'Université; cet éta-
blissement ne contient pas moins de quatre dépôts, distincts de celui
du ministère de la marine.
M. Barrisse ne s'est pas borné à compulser ces précieuses collec-
tions ; il a aussi mis à contribution la Bibliothèque et les Archives na-
tionales, où il a trouvé des documents du plus haut intérêt.
Ce livre donne une description critique de touff les ouvrages publiés
avant 1700 qui traitent du Canada et de la Louisiane, de tous les docu-
ments datés de cette période, mais imprimés depuis, et de toutes les
cartes manuscrites ou gravées relatives à la géographie de ces pays.
Un grand nombre de ces pièces sont décrites pour la première fois. La
plus ancienne remonte à 1545.
C'est un travail important et curieux auquel son auteur a voulu
donner le titre modeste de bibliographie ; acceptons-le, en igoutantque
c'est un modèle de bibliographie érudite. Indépendamment de la des-
cription exacte de chaque pièce, on y trouve de nombreux détails his-
toriques, littéraires et biographiques touchant l'auteur de la relation
ou de la carte. Nous citerons entre autres , comme particulièrement
intéressantes, les aventures de Jacques Cartier et de Roberval, l'his-
toire de Samuel de Champlain, la fameuse relation envoyée par les
jésuites, l'histoire de la colonie fondée par les Sulpiciens à Montréal,
l'histoire critique de la découverte du Mississipi par JoUiet et Mar-
quette, enfin j les aventures du récollet Hennequin.
La cartographie comprend trois parties : 1» cartes inédites ; 2* cartes
gravées non datées ; 3* cartes gravées et datées. Viennent ensuite, sous
le titre de Notes historiques, les indications groupées chronologique-
ment des documents de tout genre qui peuvent intéresser l'histoire de
la Nouvelle-France, tels que ordonnances, fragments, lettres, mé-
moires, etc.; plusieurs de ces pièces sont reproduites intégralement.
364. Ch. Marshall. The Canadian Dominion. Lond., 1872, in-8% 12
sh. 6 d. (Longmans).
365. Capl. W. F. Butler. The great Lone Land; an Account of the
Red River expédition, 1869-70, and subséquent travels and ad-
ventures in the Manitoba couDtry; and a winter journey across
the Saskatchewau valley to the Rocky Mountains. Lond., 1872,
in-8% 10 sh. 6 d. (Low).
Livre plein d'animation, riche en détails attachants et d'un vif in-
térêt.
366. Capt. G. L. Hdyshe. The Red River expédition. Lond., 1871,
in-8», 10 sh. 6 d. (Macmillan).
367. Fr. PooLE. Queen Charlotte islands. Lond,, 1871, in-8" (Hurst),
Récit d'une tentative faite en 1862 et 63, au compte d'une compagnie
uigiiizeu uy >.^« v^ v^' pc i n^
278 AMÉRIQUE DU NORD. (n*** 363-371.)
qui s'était formée pour exploiter les mines que Ton supposait exister
dansies Ues de la Reine-Charlotte. Si les recherches da capt. Peole n'ont
pasrépondu entièrement à l'attente des spéculateurs, elles ont pourtant
constaté l^xistence dn euivre et d'autreamétaux dans quelqaes-nnes
des lies de l'archipel, et elles y ont reconnu^ quantité de bonnes terres,
de 'beaux bois de.construction et deaariB^, un climat doax,^t un
extrême abondance de gibier.
368. R. L. Daswood. Chiploquorgan; or,.lifeby'the camp fire in Do-
miuioa of Canada .and Newfoundlaiid. Dublin, 1872^ in-8*.
369. La province de Québec et Pémigràtion' européenne. Publié par
ordre du gouvernement de la province de Q\ièbec, Québec, im-
primerie de VÉvénement, 1870, in-8?, 142 pages et carte.
'Le but de cette publication est de faire cofinaitre la prorince de Qué-
bec aux émigrants européens. On y troirre de 'nombreux renseigne-
ments sur l'organisation politique et la législation du pays, snr la po-
pulation, le climat, le sol, les productions, etc.
370. Commission des Canaux. Lettre des commissaires des Canaux à
rhonor. secret. d'État, au sujet de ramélioration de la naviga-
tion intérieure du Canada. Oitotwi, 1871, gr. in-8*, 329 pages,
avec carte et pèans.
Un acte de la reine Victoria avait institué, au mois de novembre
.1870, une commission chargée de faire une enquête approfondie sur
les moyens à prendre pour compléter et améliorer le système de navi-
.gationinterieare.de la nouvelle « Puissance » du Cariada. I^e rapport
* de cette commission renferme des renseignements fort abondants sur
les questions de génie civil et de commerce qui faisaient l'objet de
l'enquête, Iss avis des chambres de commerce de la Confédération et
4les pasties limitrophes des États-Unis, et un grand nombre de doca-
.mants-st^tistiqu es dénature à intéresser les économistes et tous ceux
4}ui tiennent à suivre le mouvement de progrès dont les possessions
.britanniques de l'Amérique du Nord sont le théâtre. Une carte détail-
lée accompjtgne le volume. (Notices biographiques du JourmU des 5a-
vanis^)
371. J. W. Trdtch, supveyor gênerai of British GoUimbia.-M^ of
British Columbia, prepared at the LaBds and Works office, Bri-
tish Golumbia, from surveys. 1871. 1 feuille, 25 mill. angl. au
pouce. 7 sh. 6 d.
La grande ligne 'de chemin de fer du Canada. -
On sait que le projet existe depuis longtemps d'ouvrir à
travers le territoire canadien, en proioi^geant à Touest les
voies déjà existantes dans la vallée du Saint-Laurent, une
grande ligne inter-ooéanique qui mette en communication
directe l'Atlantique septentrional et le Grand Océan. Le do-
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CANADA. 279
cninent sum&t, fourni sur ce sujet par les journaux du
Dominion, outre son intérêt technique, contient aussi de
bonnes données sur la configuration, générale du pays.
Diaprés le rapport des ingénieurs canadiens, la nouvelle vcie
ferrée qui doit partir de Québec pour aboutir à l'océan Pacifi-
que traversera un pays plus fertile et sera de beaucoup plus
courte que le chemin de fer américain qui relie New York à
San Francisco. Les détails suivants sur la topographie de ces
régions donnent à cette opinion la valeur d'une certitude.
A partir d'Ottawa, à Tembouchure de la rivière Montréal, sur
une distance d'environ 280 milles, le sol n'offre aucun obstacle
sérieux. Un peu plus haut, vers la chute d'eau qui se trouve
produite par l'angle formé par la rivière Montréal (latitude %8®
6', longitude 81® 20'), point le plus élevé entre la rivière Népi-
jon, le terrain n'est pas à plus de 800 pieds au-dessus du niveau
de la mer.
En se dirigeant vers Touest, à la distance de 280 milles de la
rivière Népijon (longitude 88® 25') et sur un parcours ayant
105 milles de longueur, le pays est des plus favorables à la
construction d'un chemin de fer. De la rivière Népijon, en plon-
geant dans la direction du lac Supérieur, les difficultés devien-
nent plus grandes ; mais aucune n'est insurmontable.
D'Ottawa au fort Garry, au nord du môme lac, jusqu'au pas-
sage de la Tête-Jaune (FeWow? Head Pass), le pays est fort acci-
denté, sanç toutefois présenter des obstacles bien sérieux.
En marchant toujours dans la direction de l'ouest, jusqu^au
lac des Bois, on arrive sur la lisière de la grande plaine de
Saskatchewfto, ayant un parcours de 1000 milles de long à
partir de ce point jusqu'à son extrême limite formée par les
Montagnes Rocheuses.
Cette plaine est une seconde vallée de l'ouest pour la beauté,
la fertilité et l'étendue. Le sol y est couvert de hautes herbes
et, par intervalles, semé de bois qu'arrosent des rivières et des
lacs navigables extrêmement poissonneux. Dans ces régions
l'hiver est, chose assez étrange, plus doux que dans les
États américains du Nord. La neige n'arrive jamais à avoir
plus de douze à dix-huit pouces d'épaisseur» et il est rare
qu'elle. durcisse à la surface* et se revête d'une couche de glace.
Les aninuiux passent l'hiver hors de Tétable, et ils ne sont ja-
mais plus gras que dans cette saison. Les chevaux et les bœufs
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i'80 ' AMÉRIQUE DU NORD. (n**' 363-37 1 .)
que l'on soumettrait à un pareil régime au Canada ou dans
TAmérique du Nord périraient infailliblement.
Il paraîtrait que les ingénieurs canadiens sont tombés d'ac-
cord pour adopter, comme passage à travers les Montagnes Ro-
cheuses, la Passe de la Tête- Jaune ; ce passage, qui se trouve
à la latitude 52® 5V, est le plus court et le plus direct.
Voici maintenant le chiffre des distances à parcourir :
De Montréal à Ottawa 115 milles.
D'Ottawa à Mattawan. 195 —
De Mattawan à Fort Garry 985 —■
De Fort Garry à la Passe de la Tête- Jaune 985 —
De là aux confins de la Colombie anglaise 52 —
Route par le Fraser supérieur (Colombie anglaise) 445 —
Longueur totale de Montréal à l'océan Pacifique. 2777 milles.
Longueur du chemin de fer de New York à San
Francisco 3305 —
Différence en faveur du chemin canadien 528 —
On évalue le chiffre des dépenses à 625 millions de francs.
Sur cette somme, l'Angleterre s'est portée garante de 300 mil-
lions, et le gouvernement canadien d'une somme pareille. Ce
dernier a maintenant 150 millions affectés à la construction de
sa li^ne.
La ligne de démarcation anglo-américaine dans le détroit de Fi;ca. Quelques
détails. La sentence arbitrale de Tempereur Guillaume.
La frontière entre les États-Unis et les possessions an-
glaises dans TAmérique du Nord n'a été qu'en partie déli-
mitée. En 1846, les deux pays conclurent un traité dans
lequel des stipulations furent insérées pour achever la déli-
mitation ; Tun des articles de ce traité, celui qui se rap-
porte principalement à la question actuelle, est ainsi conçu :
« A partir du point du 49« parallèle de latitude nord, oi!i la
frontière délimitée dans, les traités et conventions existants
entre les deux pays se termine, la ligne frontière entre les
territoires de S. M. Britannique eT ceux des États-Unis sera
prolongée à Fouest, le long dudit 49« parallèle de latitude nord.
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DÉTROIT DE FUCA. ' 281
jusqu'au miliçu du canal qui sépare le continent de Pile de
Vancouver, et de là, au sud, en longeant le milieu dudit canal
et celui du détroit de Fuca, jusqu'à rocéan Pacifique. Il est en-
tendu, toutefois, que la navigation entière desdits canal et dé-
troit, au sud du 49* parallèle de latitude nord, reste libre et
ouverte aux deux parties. »
Quelques détails géographiques sont ici nécessaires pour
expliquer Pimportance du différend qui depuis cette épo-
que a séparé l'Angleterre de PAmérique, au sujet du tracé
de la frontière entre Pîle de Vancouver et le continent
américain* Le canal qui sépare cette île de la terre ferme
se compose du golfe de Géorgie au nord, du détroit de Fuca
au sud, et d'un archipel dans lequel se trouve Pîle de San
Juan, gisant entre ces deux points extrêmes. C'est cet ar-
chipel qui cause la difficulté. Il se compose d'un groupe
d'îles séparées par trois canaux : Pun, nommé le canal du
Haro, court entre Vancouver et San Juan ; le second, celui
du détroit de Rosario^ sépare le groupe d'îles du continent
américain ; le troisième, moins grand et moins bien déter-
miné, traverse à peu près le centre du groupe*.
Or, depuis 1846, les commissaires chargés de la délimi-
tation de cette partie de la frontière ont échoué dans leur
t.âche, parce que de chaque côté ils ont voulu tracer la
ligne de séparation de façon que Pîle de San Juan, qui
contient un port magnifique et qui domine l'entrée des
eaux de Vancouver et de la Colombie anglaise, appartînt
au pays que les commissaires représentaient. Les choses
en étaient là en 1871, lorsque l'Angleterre et les États-
Unis conclurent le traité de Washington^ destiné à amener
la solution de tous les différends qui divisaient les deux
pays ; l'article suivant de ce traité, par lequel la question
de San Juan est soumise à l'arbitrage de l'empereur d'Aï-
1. L'Amirauté anglaise a publié, ou plutôt corrigé, en 1872, une
Chart of Haro and Rosario StraitSy surveyed hy capt. G. H. Richards,
1858-59 (au 145,800»), 5 sh.
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28â ABIÉRIQUE DU NORD. (n°* 363-371.)
lemsgne, eiplique claireme&t quelles étaient les préten-
tions respectives des deux parties :
ff Attendu qu'il a été stipulé par Tarticle 1®' du traité conclu
à Washington, le'I5 juin 1846, entre Sa Majesté Britannique et
les États-Unis, que la ligne frontière entre les territoires de
Sa Majesté Britannique et des États-Unis, à partir du point du
49» parallèle de latitude nord, jusqu'où il a déjà été déterminé,
sera continué à Pouest le long audit parallèle de latitude nord,
jusqu'au milieu du oanal qui sépare le continent de Plie de Yan-
eouver, et de là, au sud, en longeant le milieu dudit canal et
celui du détroit de Fuca jusqu'à l'océan Pacifique ;
« Attendu que les commissaires nommés par les deux hautes
parties contractantes pour déterminer cette partie de la fron-
tière qui court au sud par le milieu dudit canal, ont été dans
rimpassibilité de s'accorder à ce sujet ;
« Attendu que le gouvernement de Sa Majesté Britannique
prétend que cette ligne frontière devrait, aux termes du tradté
prérappelé, être tracée à travers le détroit de Rosario, et que
le gouvernement des États-Unis soutient qu'elle devrait suivre
le canal de Haro : il est convenu que les prétentions respectives
du gouvernement de Sa Majesté Britannique et du gouverne-
ment des États-Unis seront soumises à l'arbitrage et à la sen-
tence de S. M. l'empereur d*Allemagne, qui, prenant en consi-
dération l'article prémentionné dudit traité, décidera là -dessus,
finalement et sans appel, laquelle de ces prétentions est la plus
en concordance avec la fidèle interprétation du traité du 15 juin
1846. »
Les Anglais soutenaient que ce qui devait guider la déci-
sion de l'arbitre était la question de savoir laquelle des
deux^lignes rivales devait être considérée comme « le canal »
en 1846, et devait par conséquent être admise comme' eelte
que le traité avait eu en vue. Il est certain, disaient-ils, que
depuis le temps de Vancouver jusque longtemps après
1 846, le détroit de Rosario a été seul employé communé-
ment par les navires se rendant du détroit de Fuca dans
les eaux de la Colombie anglaise ; ce n'est que depuis la
colonisation de Tîle Vancouver que le canal de Haro est
devenu d'un usage fréquent,' Il n'est, en outre, pas dou-
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DÉTROIT DE FUQA, 263
tevx que sur les cartes'dressées.par les géographes anglais,
immédiat emeilt après la conclusion du traité de 1846, la
ligne frontière était tracée de façon à donner San Juan à
l'Angleterre.
Par contre, les Américains n'ont jamais cessé de soute-
nir qu'en concluant le traité de 1846 ils ont uniquement
entendu renoncer à leur prétention que la frontière de-
vait suivre en droite ligne le 49» parallèle à travers l'île de
Vancouver jusqu'à l'océan Pacifique , et que tout ce qui se
trouve au sud de cette ligne, à l'exception de Vancouver,
devait continuer à leur appartenir ; ils peuvent en outre dé-
montrer qu'actuellement tout au moins le canal de Haro
est autant, sinon plus, « le canal » que le détroit de Ro-
sario.
Telle est la -question que les jurisconsultes de l'empe-
reur Quillaume ont étudiée pendant de longs moiç, et au
sujet de laquelle Fempereur vient de prononcer sa sen-
tence.
Celte sentence, dont voici le texte, a donné raison aux
prétentions américaines :
Tïous, Guillaume, par la grâce de Dieu empereur d'Allema-
gne, roi de Prusse, etc., etc.
Après examen fait du traité entre les gouvernements de Sa
Majesté Britannique et des États-Unis d'Amérique, en date du
6-8 mai 1871, en vertu duquel les gouvernements susnommés
ont soumis à notre arbitrage la question pendante entre eux, à •
savoir: si la ligne de frontière qui, suivant le traité de Was-
hington du 15 juin 18(i6, après avoir suivi la direction ouest
du parallèle de latitude nord vers le milieu du canal qui sé-
pare le continent de Tlle Vancouver, se dirigeant ensuite
vers le sud en passant par le milieu dudit canal et des détroits
de Fuca pour aboutir à Tocéan Pacifique, devrait, d'après la
prétention du gouvernement britannique, passer par les détroits
de Rosario, ou par le canal de Haro suivant la réclamation du
gouvernement des États-Unis ;
Considérant que nous sommes requis de décider sans appel
laquelle de ces deux réclamations est la plus conforme à la
saine interprétation du traité du 15 juin 1846 ;
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284 AMÉRIQUE DU NORD. (n^« 363-371.)
Après avoir pris en considération Pavis des experts et des
jurisconsultes chargés parnous de faire un rapport sur les mé-
moires et contre-mémoires des parties, avons formulé notre
décision ainsi qu'il suit :
La prétention du gouvernement des États-Unis, savoir : que
la ligne frontière entre les territoires de Sa Majesté Britan-
nique et ceux des États-Unis doit passer par le canal de Haro,
s'accorde tout à fait avec la saine interprétation du traité con-
clu entre les deux gouvernements, en date de Washington,
15 juin 1846.
Donné et signé de notre main à Berlin, le 21 octobre 1872.
Guillaume.
L'archipel de San Juan, ce petit groupe d'îles qui vient
d'être adjugé aux États-Unis, augmente l'immense terri-
toire de l'Union d'une superficie d'environ 440 kilomètres
carrés. L'île de San Juan est la plus grande; mais quel-
ques autres, Shaw, Ohcas, Lopez, Waldson, Blakeley, De-
catur, méritent aussi le nom d'îles ; elles sont toutes sépa-
rées les unes des autres par des canaux étroits, quoique
profonds et navigables. Presque toute la superficie des îles
est utilisable, soit pour l'exploitation des bois, soit pour la
culture ou pour l'élève des bestiaux. Toutes Jes îles sont
couvertes de collines dont les pentes septentrionales sont
boisées, tandis que les versants tournés vers le midi sont
généralement dépourvus d'arbres et revêtus d'une herbe
, abondante jusqu'aux sommets. Le climat de l'archipel est
beaucoup plus doux et plus agréable que celui du continent
voisin. Il est donc probable que les îles de San Juan, qui
possèdent en outre d'admirables ports, prendront dans l'a-
venir une réelle importance.
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CARTE DF, I/ARCHIPKL SA.N JUA.N
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entre la Colombie Anglaise cl U^^ ÏAnis Tins ^
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''■ITJW Èliri; Ei't»i*rd.
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REGION ARCTIQUE
372. W. Bradford. The Arctic régions. Illustrarted with photographs
taken on an Art Expédition to Greenland. With descriptive nar-
rative, by an Artist. Lond,, 1872, gr. in-folio. 120 pi. photogr,
25 guinées (Low).
Le voyage dont cette publication est le résultat a eu lieu en 1869.
373. Ch. ToMLTNSON. Winter in the Arctic régions, and Summer in
the Antarctic régions. Lond,, 1872, in-S", 386 pages. (Society for
Promoting Christian Knowledge.)
374. Capt. Sherard Osborn. On the exploration of the North Polar
Basin ; with a résumé of récent Swedish, German, and Austrian
attempts to reach the polar circle from tbe Atlantic Océan.
Proceedings ofthe Roy, Geogr. «oc, vol. XVI, n" 3, juillet 1872,
p. 227-240.
On n'a ici que des extraits d*an important mémoire, qui sera sans
doute inséré m extenso dans le prochain voiume du journal de la So-
ciété; mais on trouve à la suite le résumé d*une discussion pratique,
où 8*est produit pour la première fois le plan d'une expédition an-
glaise que la Société de géographie de Londres voudrait organiser, et
sur lequel nous aurons à revenir tout à l'heure.
375. Clem. Markhau. The threshold of the unknown région. Océan
hightmySy juillet 1872, p. 115-116 (les pionniers des explorations
polaires); août, p. 155-157 (Wilh. Barentz) ; sept., p. 181-182
(H. Hudson); cet., p. 215-217 (pêcheurs de baleine dans les mers
du Spitzberg); nov.,p. 254-256 (expéditions modernes à la li-
mite des banquises arctiques); déc. , p. 292-294 (la baie de
Baffin); janv. 1873, p. 322-327 (Smith Sound).
Le savant auteur de cette suite d'articles, écrits dans la même pen-
sée que le mémoire du capitaine Osborn, retrace les antécédents histo-
riques des entreprises actuelles.
371). Papers on the eastem and northern extension of the Gulf
Stream ; from the gerroan of D' A. Petermann, D' W. von
Freeden, and D' A. Mdhry. Translated, in the U. S, Hydro-
Rraph. Office, in charge of Capt. R. H, Wyman, U. S. N., by
E. R. Knorr. Washington, 1871, in-4% 388 p. with maps.
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286 RÉGION ARCTIQUE. (n**' 372-390.)
377. Second Supplément of the papers on the eastern and northero
extension of the Gulf Slream , published by the U. S. Hydro-
graph. Office. Washington^ apr. 1872, in-4% 27 p. cart.
378. Belcher (vice-amiral). Le grand courant équatorial^ nommé
à tort Gulf-Stream; mémoire traduit de Tangl. par M. le capit
de frégate A. Guépratte. Revue marit» et colon., sept. 1872,
p. 403-436.
379. Masqueray.
Voir ci-dessous aux développements, p. 306.
380. K. Kdhn. Ueber die Ursachen des eisfreien Meeres in den Nord-
poJar-Gegenden- Zeitsehr, der. Oesterr. Gesellsch. fur MeUoro-
tofliie,, VU, 1872, n« 10,. et Mittheû, der Geogr. Gesellsch. in
Wien, 1872, n« 5, p. 209-217.
381. H. MoHN. Resultate der Tiefsee-Temperatnr-Beobachtungen im
Mèere zwischen Grônland, Nord-Ettropa und Spitrbergen. Mit-
theilungen de Petermann, 1872, n- 8, p. 315-318 (n" 66 des
Brforschungen der Polar-Regionen, ci-dessous).
382. Th. y. Hedglin. Reisen naoh dem Nordpolâr-Meer, in den Jah-
ren.l87û und 1871. Braunschmeig ^ 1872,,in-8« (t. I"). Wester-
mann.
— O: PïiAAS. von Heuglin's geologische- Untersuehungen in Ost-
Spitzbergen. Miitheil. de Petermann, 1872, n« 7; p. 275-277.
383.. Lieut. Wbypreght. Rapport à TAcadémie imp. de Vienne (sur
son, voyage de 1871, avec le lieut. Payer, dans la mer du Spitz-
berg^« Le. Gio&e, journal de.la^Soc. de. géogr. de Genève, 1872,
n«^3, p. 95.
Traduction d'au document dont nous avons noté Toriglûal dans le
voL précédent de l'Année, p. 402, n» 712. Le mémoire du lient. Wey-
preoht'a.ét6 auasi inséré dans la^^étie des « EïforsfilifLni^a» desift^-
tbtsikmgm, ci-après, p. 289, sous le n« 56 de la série..
384» Qjifilques particularités des régions Arctiques. /&id.', p. 110.
ODQnutts polatree» Miragc^i. Lainières aKetiqiie»4 FaaM.boréale.
385. J. K. J. DE.JONGE. Nova Zembla. De Voorwerpen door de
nederlandsche zeevaarders na huDn« overwintering aldaar in
1597, achetergelaten, en in- 1871, door-capitei» Garlsen, terttg-
gevonden. S*Gravenhage, 1872, in-8", 36 page», avec une
carte et 2 illustr. (Nijhoflf).
386. Mer de Kara (instructions nautiques). AnnaUs hyâtographi-
quesy 1871, 2' semestre, p. 195-203.
LM instruction» ici résumées renferment ies deos rapports ds capit.
■ JOliiMuie0e»(lS69 et 1870'), tradniU des MlttbtiluBg^n do iPetcrmann.
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RÉGION ARCTIQUE. 287
387. B. M. PiBBcaB. A Report on tfreresottrcwoflceland and Green-
land. Washington, 1872, in-8% 72 pages et 2 cartes. 6 fr.
388. D' Pansch (de Texpédition allemande). L'été au Groenland. Le
Globe, journal de la So<x de géogr. de Genève, 1872, n" 1-2, .
Bulletin, p. 39-47.
389. D' I. J. Hâtes* The land of désolation; being a personal Narra-
tive of adventure in Greenland. london,. 187 l^.ia-8% 328 pages.
14 sh, (Low).
Le voyage auquel cette publication se reporte est de 1869 ; c'est
moins une relation proprement dite qu'un livre de vulgarisation.
390. Augustus Petermann. Géographie und 'Erforschung der Polar-
Regionen. Mittheilungen, 1868-1872.
Sous ce titre général, le D'A. Petermaim. publi». depuis 1868, dans
les Mittheilungen^ une suite aujourd'hui considérabU de Mémoires, de
Noticeset de Relations^ accompagnés de «artes originales^ relatifs à la
Région Polaire. La decnière relation publiée de cette longue série {MU-
iheii.i 1872, n* 12, décembre), porte le n« 72. Lie numérotage de la sé-
rie ne date pas de Torigine; M. Petermann n'a songé qu'assez tard à
en former ainsi un ensemble compris dans un même cadre. Le numé-
rotage ne commence qu'au n» 51, au moiii de décembre 1871 ; mais ce
chiffre rattache implicitement à la série tout ce<.qui appartient à la
question polaire, dans les Mittheilungen, depuis le mois de mai 1868 .
Aucune région du monde n'aura été plus complètement étudiée , et
plus à fond. Malgré l'étendue que la série-aiprise, nous croyons faire
une chose à la fois intéressante et utile en donnant ici le relevé com-
plet des morceaux'.daaI.eUe «e oemipose. Noua, traduisons les titres en
français.
<N« 1). A. Petermann^ la Quostlondu Pôle; I868yp. 169-175.
(2). L'expédition allemande an. Pôle Nord ; id., p. 207-228.
(3). L'expédition suédoise de 186éi id., p.298'304«
(4). L'expédition allemande, etc.; p. 332-3<i2. Cartes.
(5). L'expédition allemande; retour, p. 368-372.
(6). L'expédition allemande ; id., p. 426-428.
(?)• L'expédition suédoise^ id.,p. 429-436 .
(8). L'expédition suédoise; id., p. 453-456.
(9). La terre polaire- récemment découverte (Terre de yraogell),et les
voyages à la mer Glaciale au nord du.détroitde Bériog, de 1648 à 1867;
1869, p. 26-37: Carte.
(le). G. BSrgen et R^.Copeland. Histoire saccincte des hivernages
dans les régions Arctiquesâdurant les .cinqnaate deenières années ; id.,
p. 142-152.
(11). W. V. Freeden. Obserrations scientifiques, faites par la pre-
mière expédition- aUemande; id.» p. 201-219. Carte».
(12). Deuxième expédition allemande. . Première? nouvelles; id.,
p. 341-350; Carte.
(13). Nouvelles diverses : Hosenthal, Albert, .Carlsen, etc.; id.,
p. 350-355^
(14). Rob. Brown. Observations sur le. Groenland* Les mammifères;
id., p. 461-465.
(11). R.. Bro WD. Les mammifères du.GreeBland«âinte,i870, p. 41-47.
(16). R. Brown. Les Cétacés des mers du Groenbuui; id., p. 133 139.
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288 RÉGION ARCTIQUE. (no« 372-390.)
(il). Le relief da fond de la^mer Glaciale près .du Spitzberg, d'après
les sondages de l'expédition suédoise; id., p. 142>144. Carte.
(18). Navigation du capit. Johannesen dans la mer de Kara en 1869;
Id., p. 194-199. Carte.
(19). Le Gulf-Stream. État des notions acquises sur la température
thermométrique de la partie nord de l'Atlantique-, id., p. 202-244.
Carte.
(20). C. Irminger. La température du nord de l'Atlantique et da
Gulf-Stream ; id., p. 244-249.
(21). Observations météorologiques faites à l'ile Bâren par M. Tobie-
sen; id., p. 250-254.
(22). A. Petermann. Instructions pour la deuxième expédition alle-
mande à la/ mer Polaire, 1869-1870 ; id., p. 254-264.
(23). La découverte et la reconnaissance des parties les plus septen-
trionales du Groenland oriental, par Clavering et Sabine, en 1823; id.,
p. 320-329.
(24). Voyage de M. de Heuglin et du comte Zeil au Spitzberg; id.,
p. 337-341.
(25). Retour de l'expédition allemande, sept. 1870 ; id., p. 382-385.
(26). La deuxième expédition allemande; id., p. 408-422. Carte.
(27). Explorations de MM. de Heuglin et Zeil au Spitzberg oriental;
id., p. 422-423.
(28). Expédition de M. NordenskjSld au Groenland occidental, mai-
juillet 1870 ; id., p. 423-424.
(29). Explorations de MM. de Heuglin et Zeil au Spitzberg oriental.
Suite. Id., p. 443-451.
(30). Explorations russes dans la mer Polaire ;id., p. 451-453.
(31). A. von Middendorf. Le Gulf-Stream à l'est du cap Mord; 187f ,
p. 25-34.
(32). Navigation du capit. Johannesen autour de la Nouvelle-Zemble,
dans l'été de 1870; id., p. 35-37.
(33). Courses et observations des baleiniers norvégiens dans la mer
de Kara en 1870; id., p. 9.7-110. Carte.
(34). Jul. Payer. La seconde expédition allemande; id., p. 121-
131.
(85). Relevés de M. de Heaglin au Spitzberg oriental ; id , p. 176-182.
Carte.
(36). Payer. La seconde expédition allemande; suite. Id., p. 183-
195. Carte.
(37). Découverte du Fj5rd François-Joseph sur la côte orientale du
Groenlcind, août 1870; id., p. 195-200.
(38). A. Petermann. La seconde expédition allemande. D' Pansch,
sur le climat, etc., du Groenland oriental, etc.; id., p. 217-225.
(39). Expédition russe dans la mer Glaciale ; id., p. 226-229.
(40). Navigation du capit. Johannesen au pourtour delà Nouvelle-
Zemble en sept. 1870; id., p. 230.
(41). Expédition de recherches de M. Rosenthal dans la mer de Sibé-
rie ; id., p. 335-340.
(42). Capit. J. Melsom. La pèche du chien de mer dans la mer Gl«-
ciale; id., p. 340-344.
(43). Expédition de MM. Payer et Weyprecht à la Terre K3nig-Karl,
à 1*E. du Spitzberg ; id., p. 344-350.
(44). Expédition américaine du capit. Hall ; id., p. 351-357.
(45). Expédition de M. Octave Pavy au nord du détroit de Bering;
id., p. 357-358.
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RÉGION ARCTIQUE. 289
(46). Rob. Brown. L'intérieur du Groenland; id., p. 377-389 (voir ci
dessus les n" 14, 15, 16).
(47). Jul. Payer. La deuxième expédition allemande. Voyage en ra-
deau à rinlet Ardencaple; id., p. 401-406. Avec une planche.
(48). Du même : Un hiver sous le cercle polaire ; id., p. 406-413.
(49). Du même : La chasse au Groenland; id., p. 413-423.
(50). Découverted'unemerPolaire libre, par MM.Payer etWeyprecht;
sept. 1871; id., p. 423-424.
51. Notes préliminaires sur l'expédition autrichienne des lieute-
nants Weyprecht et Payer , dans la mer de la Nouvelle-Zemble ;
p. 457-463.
52. Relevé des sommes souscrites pour les expéditions allemandes
à la mer Polaire, et des sommes dépensées; Id., p. 463-466.
53. Expéditions et courses diverses dans les mers Polaires, jusqu'à
la fin de 1871. Lamont, Weyprecht, etc.Id,, p. 466-472. Carte.
54. Expédition américaine du capit. Hall; id., 1872, p. 17-21.
55. Expédition de M. Rosenthal à la Nouvelle-Zemble ; id.,.p. 21-31.
56. Notice adressée à TAcadémie de Vienne par le lient, de vaisseau
Weyprecht, sur son expédition, avec le lient. Payer, aux mers de la
Nouvelle-Zemble; id., p. 69-74.
57. Expédition de M. Rosenthal à la Nouvelle-Zemble. Suite. Id.,
p. 75-77.
58. Les découvertes anglaises et norvégiennes au N. £. du Spitzberg.
Smith, Ulve, etc. Id., p. lOl-lll. Avec 2 cartes.
59. La Terre de Gillis, la Terre du Roi Charles, etc.; état des no-
tions en 1872. Id., p. 111-112. Carte.
60. Expéditions diverses dans la mer Glaciale. Weyprecht et Payer, etc.
Id., p. 145-150.
61. Les bois et les plantes ramassés en mer par la deuxième expé-
dition allemande ; id., p. 150-152.
62. E. L()ffler. Notes sur l'hydrographie du Cattégat; id., p. 175-
176.
63. Hivernage de l'expédition hollandaise de Heemskerck et Barentz
à l'extrémité nord de la Nouvelle-Zemble, 1596-97; id., .p. 177-189.
Avec fig.
64. Expédition de M. Rosenthal à la Nouvelle-Zemble, 1871. Suite.
Id.,p. 217-222.
65. La grande entrée des régions centrales du bassin polaire, etc.
Id., p. 273-280. Carte.
66. H. Mohn. Résultats des observations de température sous-ma-
rine, entre le Groenland, le Spitzberg et le nord de TEurope^ id.,
p. 315-318.
67. Nouvelles des expéditions polaires jusqu'au 2 sept. 1872. — Le
capit. Altmann à la terre du roi Charles (Karls-Land) ; id., p. 353-364.
68. Cinq mois de navigation ouverte dans les eaux de la Nouvelle-
Zemble; résultats de l'expérience acquise par les baleiniers norvégiens,
de 1869 à 1871 ; id., p. 381-395. Avec 2 cartes.
69. Nouveaux relevés de l'extrémité nord de la Nouvelle-Zemble, par
. MM. Mack, D6rma et Carlsen, en 1871 ; id„ p. 395-396. Cartes.
70. A. Wolfert. L'aurore boréale n'est ni un phénomène magnétique
ni un phénomène électrique; id., p. 412-419.
71. Expédition de M. Rosenthal à la Nouvelle-Zemble, 1871; Suite.
Id., p. 420-421.
72. Nouvelles diverses du retour des expéditions polaires de 1872.
Altmann, Smith, Whymper, et3. Id., p. 457-470.
l'année géogh. XI, • 19
ûigitizedbyLiOOgie
290 RÉGION ARCTIQUE* (n^s 372-390.)
L£« lâTfTDIS ET UBS EXPÉDITKHfft PWJUilESw
RÉSULTATS DE 1872. CAMPAGNE DE 1873.
S 1^'. Vue géRécsO^.
Le iBOirvwiiftent qui depuis sept «iw s'est pepoiié d'une
manière &i ronoarquable vers TexploratiQn et Tétnde des
régions boréales, s'organise et s'étend de plus en plus. Les
puJbJicatîûns qui se multiplient ténioîgneat de Tintérét
qu'on y attache (ci-dessus, à la bibliographie, n** 372 et
suiy.}. Le plus fervent des instigateur de ce grand mou-
vement d'investigations du Nord, le docteur Au gustusPeter-
mann de G^ha, eonttuua sans interruption, da&s ses MU-
theilungen, la série imposante de mémoires, de relations et
de notices qu'il a consacrée à t la géographie et à l'explo-
ration des régions polaires » {ibidem^ n° 390). Le grand
but^ l'arrivée au Pôle, n'est pas encore atteint; mais sur
la route, les acquisitions de détail se multiplient. L'hydro-
graphie de rOcéan glacial se perfectionne ; la physique du
globe s'enrichit de faits nouveaux; la carte de ces parties
extrêmes de notre hémisphère s'améliore et se complète.
Le Spitzberg et les terres qui l'avoisinent, la Nouvelle-
Zemble et les mers qui la baignent, le Groenland dans ses
parties orientales, nous sont maintenant mieux connus. La
pensée, qui se familiarise avec les frimas et les glaces,
s'attache aux phénomènes qui s'y dérobent et veut en avoir
le dernier mot. Aussi, chez les hommes de fer, chez les
hardis marins qui se dévouent à cette tâche formidable,
l'ardeur croit avec les obstacles; jamais l'éoergie humaine
ne s'est déployée avec plus de puissance que dans ces redou-
tables entreprises, où il fant affironter tous les périls et
toutes les souffrances.
Qu'a-t-on fait dans l'année qui se tarmine, çt que va-
ûigitizedby Google
EXPÉDITION AUTRICHIENNE. 291
t*-on faire dans rannée qui commence? Quelles expédi-
tion» $e poux8ui)ireiit ou se préparent? Quelles questions ont
été déÏMittues, quels problèmes agités, qaels faite nouveaux
acquis? YoUh ce que nous voulons dire aussi brièvem^ni
que possible, df le cadre et l'espace ne nous persneUenl
pa« de noi^ éteqdre.
S ». L'exp^ditioAiautrifîJMewM .dçB lieatenaats Weyprecht et Payer.
Psarmi les entreprises en coura d'exécution, celle de
MM. Weyprecht etPayer est une de celles sur lesquelles on
fonde les plus grandes espérances. L'objet en est purement
scientifique, et les préparatifs, auxquels une souscription
publique a. largement pourvu, ne laissent rien à désirer.
Nous avons fait connaître l'année dernière les antécédeo^ts
de cette expédition*. Le plan que MM. Weyprecht et Pa^er
en ont développé daiius un exposé adressé aux corps savants^
au gouvernement et au public, a trouvé une vive sympathie
dans le midi de l'Allemagne. L'Autriche a voulu entrer à
son tour dans cette noble compétition scientifique, où sont
aujourd'hui représentées les plus grandes puissances mari-
times du monde. Une somme importante fournie par TÊiat
a formé le noyau d'une souscription promptement remplie,
et qui a, en très-peu de temps, atteint le chiffre de cent
soixante-quinze mille florins — plus de quatre cent trente
mille fcancs. Un steamer de deux cent vingt tonneaux, qu'on
a baptisé le Tegetlhoffy capable, au besoin, de marcher à
la voile, et pouvant naviguer aisément même dans des eaux
peu profondes, a été construit et approprié dans le port de
Breoieii-Haven, d'où Texpédition est partie le 13 juin de
cette année 1872. La machine est d'une force de quatre-
vingt-*quinze chevaux. Les approvisionnements, charbon ^
1. Voir le vc^ume {)récédent de V Année Géogra$khiqu.e ^ p. 41ô»
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292 RÉGION ARCTIQUE. (N<^' 372-390.)
part, sont faits pour trois ans. La première année doit être
consacrée à l'exploration complète du bassin déjà reconnu
Tannée précédente, entre le Spitzberg et la Nouvelle-
Zemble, et l'on se propose d'hiverner dans le golfe de Taï-
mour ou aux environs du cap Tchéliouskïn , le Severo
Yostokooï des Russes, point le plus septentrional de la côte
sibérienne et de tout l'ancien continent (la latitude approxi-
mative est de n^ 1/2). La seconde année sera consacrée
à Tespace compris entre le cap Tchéliouskïn et les îles de
la Nouvelle-Sibérie; la troisième année, à l'intervalle de la
Nouvelle-Sibérie au détroit de Bering, intervalle dans
lequel se trouve la Terre de Vrangell. Tel est le plan que
se sont tracés les auteurs de l'entreprise, sachant bien,
d'ailleurs, qu'en ceci comme en tout, il y a à compter avec
l'iinprévu. Il va sans dire que dans tout ce parcours de la
moitié orientale du bassin Arctique — orientale par rapport
à la mer du Spitzberg — les explorateurs, s'élevant dans le
Nord aussi haut que possible, consacreronjt toutes leurs
forces à constater les conditions de cette partie du bassin
polaire, où le voyage célèbre du capitaine de Vrangell en
1821, d'accord avec leurs propres observations de l'année
dernière au nord de la Nouvelle-Zemble, tendraient à
. établir l'existence d'une mer ouverte au delà d'une zone de
glaces fixes ou flottantes voisine du pourtour boréal des
deux continents. Vraie ou non, cette théorie de la mer
libre au Pôle ne peut que recevoir une vive lumière de
cette expédition, si MM. Payer et Weyprecht parviennent
à Taccomplir. Le but, ici, n'est pas d'aller au Pôle : l'expé-
dition est avant tout un voyage d'observations dans la mer
de Sibérie. Il est bon de rappeler que sauf de pénibles
navigations côtières, et la double reconnaissance de l'ar-
chipel de la Nouvelle-Sibérie et de la Terre de Vrangell
exécutée simultanément il y ajuste un demi-siècle, la mer
qui baigne la Sibérie au nord n'a, jusqu'à présent, été vue
par aucun navigateur. L'expédition de MM. Payer et Wey-
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EXPÉDITION AUTRICHIENNE. 293
precht aura donc toute Timportance d'un voyage de décou-
vertes au sein d'une mer inexplorée, pourvu qu'ils puissent
se maintenir dans des eaux libres à quelques degrés au-
dessus du continent. A ce point de vue, l'expédition prend
une place à part au milieu des voyages arctiques, et mérite
amplement l'intérêt tout spécial dont elle est l'objet.
Il faut dire, cependant, que le voyage, à son début, n'a
pas rencontré un temps aussi favorable qu'on aurait pu
l'espérer. De Bremer-Haven, d'où le Tegetthoff est parti le
13 juin, jusqu'à Tromsô (à l'extrémité nord de la côte de
Norvège), où l'on arriva au commencemeut de juillet, la
mer fut magnifique et la température délicieuse; mais
après le départ de Tromsô, qui eut lieu le 14 juillet, le
ciel ne tarda pas à se montrer moins clément. Les extraits
suivants d'une lettre du lieutenant Payer, écrite du cap
Nassau (sur la côte occidentale de la Nouvelle-Zemble), à
la date du 21 août, donne d'intéressants détails sur cette
première pbase de l'expédition :
Du milieu des glaces^ 16 août. Nous sommes auprès du cap
Nassau, VUltima Thule de la région connue, en compagnie du
navire Vlshjœrn^ vivement pressés par les glafces. Depuis trois
jours, nous avons une tempête de sud -ouest, qui chasse les
glaces en fortes masses confuses plus haut vers le nord-ouest ;
si le vent passe au nord, la position sera plus critique ; avant-
hier, VIshjœrn a été jeté sur le flanc.
Nous sommes partis de Trqpiso le 14 juillet et nous avons
rencontré la glace à 74» 1/2 nord et 48° longitude est, dans
une région où, durant les années ordinaires, on ne trouve, à
cette époque de l'année, sur plusieurs centaines de milles, au-
cun morceau de glace. Sans nous embarrasser autrement, nous
y avons pénétré, et jusqu'au 3 août nous nous sommes avancés
à cent milles plus loin jusqu'à la côte de la Nouvelle-Zemble,
où nous avons trouvé sous le Ik^ degré des eaux libres, mais
qui étaient de nouveau fermées à la presqu'île de l'Amirauté.
Le 7, marche laborieuse à travers les glaces tantôt plus min-
ces, tantôt plus épaisses, et ainsi jusqu'au cap Nassau.
Devant nous s'étend un groupe d'Iles basses, extraordinaire-
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294 RÉGION ARCTIQUE. (n^' 372-350.)
ment désolées, auxquelles s'ftttache encore la ti€%e de Tan der-
nier. Nous attendons toujours un vent favo4fabk.
18 août. Aujourd'hui a été hissé le pavillon de gala. C'est la
fête de Tempereur, qui sera, pour la première fois, célébrée
dans les régions arctiques.
L'état de la glace et de la température est afftreux cette an-
née; tandis que les années précédentes, à cette époque, les
chasseurs de morses ont déjà fait ample récolte sans grands
obstacles, cette fois aucun ne s'est encore présenté. Des trois
navires qui ont tenté l'aventure, il y a trois semaines, deux, à
40 milles de nous environ au sud-ouest, ont été brisés entre les
glaces.
Depuis que nous noua trouvons dans ees parages, la tempé-
rature est rarement montée aurdessus de zéro; ajoutez à oela
beaucoup de neige qui ne fond pas par cette basse tempéra-
ture, ce qui augmente encore les masses de glace. L'an der-
nier, d'ici jusqu'à 2 degrés 1/2 au nord, on n'apercevait pohit
le moindre morceau de glace. Tout pourtant n'est pas encore
perdu ; huit jours de dégel, et nous pouvons avoir devant
nous des centaines de milles libres de glaces; la saison la plus
favorable ne fait que de commencer. Le plus triste, c'est qu'au
lieu d'être sur la côte de Sibérie, nous devons pour la première
fois hiverner ici dans la Nouvelle-Zemble.
Dans les circonstances ordinaires, nous devrions avoir déjà
dépassé ce point ; le principal est que le navire et l'équipage se
portent bien. Nos matelots s'amusent comme des enfants de ce
nouveau genre de navigation, et supportent parfaitement le
climat, quoique plus légèrement vêtus que lés marins de Nor-
vège. Je tiens beaucoup à ce qu'ils ne se dorlottent pas avant
le temps, pendant l'été. Nous avons des vêtements et des pro-
visions pour trois ans, et cela en excellente quantité. Les beef-
teaks de phoques et d'ours font florès.
La machine est excellente et consomme peu de charbon, en
sorte que nous avons de quoi chauffer amplement pendant cin-
quante jours, compris la cuisine et les poêles. Ceux-ci n'ont pas
encore été allumés; étant bien vêtus, nous nous en passons
jusqu'à présent.
On profite de ce séjour involontaire pour exercer les hommes
et les chiens à la manœuvre des traîneaux. Tous les jours^ trois
ou quatre de ces traîneaux s'en vont au delà des lies , et re-
viennent chargés de bois de flottaison, de collections de pierres
et de plantes, de gibier, etc. Quelles sont ces îles? Les cartes
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EXPÉDITION PAVY» 295
de la Nourelle-Zôtnble ne nous renseignent aucunement; à par-
tir de la presqu'île de T Amirauté, lacune complète.
Quand une fois nous aurons tourné le cap Nassau, les points
d'appui nous manqueront totalement. En attendant, nous re-
cueillons des collections et des observations importantes.
Vlf^arn fera connaître l'époque àc laquelle nous serons partis
d'ici.
Il parait que dans les derniers jours le temps s'est assez
aTmélioré pour que le bâtiment puisse quitter le cap Nassau,
oti Ton avait craint d'être forcé d'hiverner. Le comte Wil-
czeka, commandant du navire-conserve (attaché à Texpé- ,
dition), télégraphie, le 20 septembre, de Hammerfest
(Laponie-norvégienne, près du Cap-Nord), où il est de
retour, que le Tegetthoff Bysii gagné le gdfe de Petchora,
quoique les glaces fussent, cette année, plus dangereuses
que de coutume. « Béjk, dit le télégramme, l'expédition a
recueilli une abondante moisson de faits géographiques. »
Maintenant que les baleiniers ont quitté les mers boréales
et que les glaces ont coupé les communications, il ne faut
plus attendre de nouvelles, au moins par mer, jusqu'à la
saison prachaine.
S 3. L^expédition de M. Octafe Favy.
C'est aussi par la mer de Sibérie, mais par son extré-
mité opposée, que M. Octave Pavy s'est proposé d'attaquer
la route du Pôle. Nous avons dit déjà ce qu'est M. Pavy*.
Il est de famille française, quoique né à la Nouvelle-Or-
léans. Il fut jusqu'au dernier moment Tami dévoué, le
coopérateur, le bras droit de Gustave Lambert, une des
victimes de la funèbre journée de Buzenval; et depuis la
mort de celui qui, chez nous, s'était fait le missionnaire
ardent des investigations polaires, il a repris pour son
1 . Voir notre précédent volume, p. 419.
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296 RÉGION ARCTIQUE. (n°' 372-390.)
compte ridée du hasardeux voyage dont Gustave Lambert
fut le promoteur. Il a repris l'idée, mais il a modifié le
plan, tout en choisissant, comme Gustave Lambert, le dé*
troit de Bering et la Terre de Yrangell pour point de
déparf. Au lieu du pesant bâtiment où Gustave Lambert
avait englouti le plus clair de ses ressources, et qui gît
encore inactif, à l'heure qu'il est, dans un des bassins du
Havre, M. Pavy s'est arrêté à un système de radeaux en
caoutchouc, susceptible, selon les circonstances, d'avancer
sur la glace ou de prendre la mer. Il a donné à son appa*
reil le nom c de Radeau-Monitor modifié. » Ge radeau,
construit à Pétropaulovsk, gagnera de là le cap Takân,
vis-à-vis de la Terre de Vrangell, soit par terre à travers
la pointe sibérienne, soit par mer en contournant le Gap
Oriental ; c'est de là que commencera l'expédition. M. Pavy,
comme Gustave Lambert et le docteur Petermann, croit que
le centre polaire est occupé par une mer libre entourée
d'une ceinture de glaces : le problème est de franchir cette
zone de glaces qui enveloppe le bassin central. La Terre
de Yrangell, d'après les données fournies par l'habile ex-
plorateur dont elle a reçu le nom, a paru un point d'attaque
favorable, soit qu'elle ait au nord, comme les reconnais-
sances de M. de Yrangell semblent l'indiquer, une grande
mer ouverte, soit qu'elle se prolonge au loin dans la di-
rection du pôle.
A la fin de juin dernier (1872), M. Pavy exposait son
programme et ses théories au sein de l'Académie de San
Francisco — c'est cette ville qui a dû être son point de
départ — et il devait prendre la mer bientôt après sur le
paquebot de Yokohama, pour, de là, gagner Pétropaulovsk,
oîi se feront les derniers préparatifs. Depuis lors, nous
manquons absolument de nouvelles; il faut encore nous
en tenir au plan de l'explorateur. A partir du cap Ya-
kan, son équipage doit se composer de huit hommes
aguerris aux mers du Nord. Cent rennes et un attelage de
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EXPÉDITION HALL. 297
cinquante chiens lui serviront d'animaux de trait et en
même temps de provisions de réserve. M. Pavy croit à un
courant chaud continu (le courant japonais '), qui part de
l'Océan, franchit le détroit de Bering, coupe le bassin po-
laire, et revient à TÂtlantique par le détroit de Smith.
C'est par cette dernière route que l'explorateur compte opé-
rer son retour. L'expédition, telle qu'elle est conçue, n'en
tirerait^on que des résultats partiels, ne peut être, si elle
aboutit, que très-précieuse pour la solution de cette grande
question préliminaire : la Mer Libre.
S 4. Expédition américaine. Le capitaine HalL
La route par laquelle Octave Pavy se propose de revenir
de sa pointe sur le pôle -— le détroit de Smith et la mer de
Baflin — est précisément celle que l'expédition américaine,
conduite par le capitaine Hall, a choisie pour pénétrer dans
le bassin polaire. Nous avons donné, l'année dernière,
d'amples détails sur le capitaine Hall et ses antécédents,
aussi bien que sur les préparatifs de son voyage actueP.
Le bâtiment qui porte l'expédition a été nommé le Polaris;
il est amplement muni des approvisionnements et des appro-
priations nécessaires pour une course qui est à la fois un
voyage de découvertes et un voyage d'observations scienti-
fiques. L'objectif du capitaine Hall est le pôle; et conmie
moyens d'exploration, là où le Polaris serait arrêté par
une barrière de glaces, il est muni de traîneaux et de bar-
ques propres à sillonner, selon le besoin, la mer gelée ou
les eaux libres. Rien n'a été négligé de ce qui appartient à
la prévoyance humaine. M. Hall a passé plusieurs années
de sa vie parmi les indigènes de la baie d'Hudson et des
parties avoisinantes, sur lesquelles il a publié en 1864 un
1. Ci-dessus^^p. 202, n» 225.
2. P. 420 et suiv. de notre précédent volume.
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298 RÉGION ARCTIQUE. (n°» 372-390.)
livre cari«tfx*« Par les habitiwies matérieHes et t'aeclhna*
tation, le capTtmne se ▼ante d^être devenu tm vérinabk
Esqmmao. Si celte adeptien volomaire dv genre de vie des
baveifrs d'baile a qudqiae ehose qtti répngae ^«elqiie peu
à nelpe pruderie européenne^ on ne saurait diseoD^ieiiir
qu'elfe & dft le préparer admirablement à ses entreprise
actueiie^
Le Pôlaris a quitté le port de New York le 2f6 jrâ 1871;
lee dernières noiarvelles qu'en en ait eues sont du 24 août
suivant, et datées de Tessiussak, le dernier établismment
danois sur la côte occidentale du Groenland (73^ 24' latît.),
à peu de distance au nord d'Upemavik. Le bâtiment était
en partance, se portant au N.-O. vers le détroit de Smith.
D'i^rès le plan primitif tracé pour rexpédition*, le Polaris
devait s'engager dans le détroit de Jones (Jones Sound),
qui débouche à l'entrée du détroit de Smith vers le 76' pa-
rallèle, et qui s'enfonce à l'ouest vers des espaces encore
ignorés, Tenirée du Jones Sound ayamt seule été jusqu*à
présent reconnue: on avait pensé que cette route ineiplorée
offrait un excellent diamp de découvertes et une bonne
voie vers le bassin polaire. Dans sa dépèche du 24 août?
M. Hall informait le département de la marine que des
renseignements reçus à Upernavik lui avaient fait modifier
cette partie de ses instructions^ et qu'au lieu de s'engager à
l'ouest dans le détroit de Jones, ii allait pousser droit au
nord sur le détroit de Smith et le Canal Kennedy.
On v(ài par là que d'ici à longtemps, probablement, il ne
faut pas s'attendre à des nooivelles de l'expédition* Id. Hall
doit être en ce moment lancé en plein inconnu.
1. Life with Esquimaux, 1864, 2 vol.
2. Les instructions tracées pour le voyage ont été traduites, avec
des remarques, dans la JLetue Maritime et Cohniate, juillet 1^72,
p. 685-727.
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EXPÉDITIONS DrVERSBS. 299
S 5. L'ezp6dit}oD «lédoifte dais les meT« du Spiteberg. M. Kordemkj61d. '-
Courses diverses dans les mêmes eaux. M. de Heuglin. M. Smith. Les ba-
Miniers.
L'expédition qtte les SutMois rtnoweltefit cette année
dans le bassin polaire, sous la direction de M. Norfens*
kjôld, nous ramïène anx mers du Spitzberg. M. Nordens-
kjôld est tm des vétéfàne ées expéditiens arctiqtieB : ce
nouveati voyage est potir lui &a moins k sixième. Les
préparatifs, anjrquels le gouvernement suédois a eontribué
pour une grandie part, ont été faits sur une large échelle.
L'expédition se compose de deux navires, le F&lhem et le
Gladan. Le premier est un steamer où sont installés les
observateurs et les instmmeBrts; le second estnn briek,
p orteur des provisions, etc. M, Nordenskjôld se proposait
de consacrer la première partie de la saison à compléter
l'hydrographie du Spitzberg oriental ; puis, au moyen de
barçpres-traîneaux, il veut s'élever aussi haut que possible
dans la direction du pôle, en se maintenant à peu près
sous le même méridien. Le savent Suédois ne croit pas à
l'existence d'une mer libre aux approches du pôle; mais
il croit possible, en combinant les deux moyens de transport
par l'eau et par la glace, d'effectuer l'examen complet
du bassin arciiqne. Il semblerait bien en effet, d'après
tontes les tentatives faites depuis cinquante -ans, que là
seulement serait la voie certaine pour arriver à une solu-
tion, 11 est bon, cependant, de voir à ce sujet les remarques
pratiques consignées dans le journal de la société Géogra-
phique de Genève (te Globe) , au prenrier cahier de !872,
pjçe 47.
Malheureusement l'état de la mer, pour l'expé*tion
suédoise pas plus que pour l'expédition autridûenne, ne
s'est trouvé favorable. Les deux navires, saisis par les
glaces au nord du Spitzberg, n'ont pu même atteindre le
y Google
300 RÉGION ARCTIQUE. (n^' 372-390.)
petit groupe des Sept* Iles désigné comme point de relâche
et de ravitaillement ; les craintes sur le sort de M. Nor-
denskjôld et de ses compagnons ont été assez fortes, pour
qu'un navire de secours, le vapeur YAlbertf ait été envoyé
de Christiania. On paraît rassuré maintenant sur la position
de M. Nordenskjôld; mais Tannée est perdue pour l'expé-
dition. •
Cette année comme tous les ans, de nombreux baleiniers
ont sillonné les parties extrêmes de U mer du Nord ; et
plusieurs en ont rapporté, maintenant que Tattention est
particulièrement éveillée sur les recherches dont cette
région est l'objet, des observations d'un grand intérêt.
M. Altmann le premier a donné des indications un peu
précises sur la Terre de Gillis et la Terre du Roi Charles
(Earls-Land), à Test du Spitzberg; et sur le côté oriental
du Spitzberg lui-même, on possède actuellement des no-
tions toutes nouvelles, non-àeulement grâce aux courses de
M. Âltmann, mais aussi de plusieurs explorateurs intré-
pides, notamment de M. de Heuglin et d'un gentleman
anglais, M. Leigh Smith, qui a lancé son yacht dans ces
parages redoutables. Il a été constaté que la pointe N.-E.
du groupe du Spitzberg est au 80^ degré 10' de latitude
Nord, par 25° 48' à l'est du méridien de Paris. Cet affreux
archipel du Spitzberg, cStte terre de sombres frimas et de
montagnes glacées, nous est devenu depuis quelques an-
nées une contrée presque familière, tant son nom reparait
souvent dans les explorations arctiques dont il est devenu
un des principaux centres.
Un des plus .curieux épisodes de ces courses dans les
mers boréales, a été la découverte de la cabane en bois
construite en 1596 par le célèbre Barentz et ses compa-
gnons, que la pefte de leur navire, écrasé par les glaces,
força de séjourner sur la côte nord de la Nouvelle-Zemble.
Cette découverte a été faite en 1871 par le capitaine nor-
végien Elling Carlsen. Cette cabane, élevée à la hâte par
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EXPÉDITIONS DIVERSES. 301
les naufragés hollandais il y a deux cent soixante-quinze
ans, semblait avoir été construite la' veille, tant elle est
dans un étonnant état de conservation. Elle n'avait évi-
demment été vue par personne depuis que Barentz V^
quittée; tout y était resté comme au moment du départ des
naufragés. M. Carlsen y. a trouvé de nombreux objets
abandonnés, dont le gouvernement de Hollande a fait l'ac-
quisition : c'est un souvenir des premières tentatives qui
ont été faites pour aller en Orient par les mers du Nord.
M. Carlsen a rapporté entre autres l'horloge qui figure
dans la vue intérieure que Gerrit de Yeer a donnée de la
cabane dans sa relation personnelle du naufrage; on y a
trouvé aussi, parmi différents ustensiles, un cadran en
cuivre par le milieu duquel un méridien est tracé, et qui
servait, à ce que l'on croit, à déterminer les déviations de
la boussole. Cet instrument nautique du seizième siècle est
peut-être le seul qui existe aujourd'hui en Europe. Il y
avait là encore différents volumes dépareillés, et jusqu'à
une flûte qui a appartenu à Barentz. On ne peut voir sans
émotion cette collection curieuse.
Il ne paraît pas, en définitive, que la Germania doive
entreprendre cette année un troisième voyage; mais le
directeur des Mittheilimgen ^ M. Augustus Petermann,
l'actif instigateur des deux expéditions de 1868 et 1870,
n'en suit pas moins avec une vigilance infatigable, ainsi
qu'on l'a vu plus haut, les moindres incidents des entre-
prises arctiques, dans la série de notices, de documents et
de mémoires que renferme chaque cahier mensuel du
journal géographique de Gotha. Le comité, de Brème pré-
pare, à ce que Ton nous annonce, la publication prochaine
de la relation des deux expéditions allemandes, où seront
consignés, avec le récit historique, l'ensemble des résul-
tats scientifiques fournis par les deux voyages.
La marine russe avait songé, elle aussi, à entrer dans
la lice ; elle y a renoncé, au moins pour cette année. L'ex-
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302 RÉGION ARCTIQUE. (n°' 372-390.)
pédition de MM. Payer et Weyprecht, qm doit avoir pour
principal théâtre la mer de Sibérie^ n'a peut-être pas été
saQ$ influence sur ceUe al>Âtenlion« Il faut voir, sur les
idées qui se sont produites en Eussie à ce sujet, un bon
résumié dans le journal de la société de Gréographia de
Genève {le Gkbe, t. X, 1871, Bulletin, p. 139 à IH), et
surtout un mémoire de M. Niéviéjine traduit du russe par
M. le capitaine F. Ghardonoeau, dans la Revue Maritime
et Coloniale, octobre 1872, p. 825-847, L'auteur de ce
remarquable travail trace d'abord un aperçu des tentatives
de navigation polaire &ites dans ces derniers temps enlre
le Groenland et le Spitzberg, aussi bien qu'au sud-est du
Spit^Êj^ et à Test de la Nouvelle^-Zemble ; puis il ozpo&e
et discute le rapport de la société de Géographie russe sur
l'exploration des mers de la Sibérie. M. Niéviéjine pense
qu'un des meilleurs points de départ pour la reconnais-
sance du bassin arctique serait l'archipel de la Nouvelle -
Sibérie ou la Terre de Vrangell.
S 6. Résultats géographi^aes.
Malgré les difficultés insurmontables que le ciel et la mer
ont opposées cette année à l'airancement des entreprises
arctiques dans les mers du Spitzberg, il n'y en a pas moins
eu des résultats considérables pour la géographie et la phy-
sique du globe. La carte du S-pitzberg oriental a été com-
plétée par M: de Heuglin et M. Altmann, et Ton a eu pour
la première fois quelques notions positives sur la nature et
la disposition des Terres du Roi Charles et de Gillis (voir
les n*»» 59, 67 et 7â des Erforschungen de la série Peter-
mann, ci*dessus n"" 390 de notre bibliographie^ et poujr
M. de Heuglin nos n°* 382 et 39d, (27 et 28,). Pour la pre-
mière fois aussi, la navigatlooi du pourtour eiotier de la
Nouvelle-Zemble a été accomplie, et la carte de l'extré-
mité nord de cette grande île arctique a subi une tcaos-
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PROJET ANGLAIS. 303
forxoation complète. On a aussi recoimu que la mer de
Eara, à Test de la Nouvelle-Zemble, est presque tous les
ans libre de glaces^ D'importantes éindes sur cette région
jusqu'à présent très-peu connue ont été rapportées, et
sont consignées^ avec des cartes origiojales, dans la série
Petermann (voir particulièrement le n^ 68 des Erforschun-
gen pour la relation de M. Garlsen, les n" 55, "^7 et 64,
où «ont consignées les obsenrations de M. Rosentha!, et
une lettre de M. de Heuglin dans le Bulletin de l'Aca-
démie de Saint-Pétersbourg, t. XVI, 1871, p. 566)* N'ou-
bliâns^ les publireationsida MM. Pansch^ Pierce et Bûb.
Bfowu sur le Groenland (cÎHfecwus, n«* 3i87, 388 et 390,
(i4 à 16) de la bibliographie, et notre volume précédent,
p. 4.04, u^ 729),
S 7. Projet anglais d'une nonyelle expédition arctique.
Nous venons de nommer le Groenland : cette immense
contrée polaire, sur laquelle, jui^u'à priésent, nos infor-,
mations sont si bornées^ va prendre daaas les études arcti-
ques une place toute nouvelle et très-importante, si le plan
de la société de Géographie de Londres pour une nouvelle
expédition au Nord se réalise. Lasse, et presque honteuse,
du rôle inactif auquel elle est depuis longtemps confinée,
en présence de l'activité que déploient pour les investiga-
tions arctiques d'autres nations de l'Europe et de l'Amé-
rique, la société de Londres, à l'instigation persévérante
du capitaine Osborn et d'autres hommes émiments apparte-
nant à la marine royale, a résolu de tenter un nouvel
effort près du gouvernement, pour l'amener k concourir à
une nouvelle expédition polaire. Jusqu'à présent, le trésor
public se monire as&a peu disposé à endosasr cette nou-
velle ckacge, qiuelque engageantes que sodent les raéaons
qu'on lui présent-e ; quoiqu'il arriva, le plan de la société,
en mèmeiemps qu'il est nouveau et se distingue de tous
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30^ RÉGION ARCTIQUE. (n«' 372-390.)
les autres, nous paraît très-rationnel et fort bien conçu.
Actuellement ou plus tard, il sera certainement exécuté. Il
est donc intéressant de le faire connaître.
Voici, en résumé, l'exposé qui a été présenté au ministre,
et quelques-uns des points principaux du programme re-
commandé par les délégués de la société de Londres :
L^opînion collective des marins et des savants ne peut laisser
aucun doute sur Pimportance des résultats d'une expédition
dont le champ d'exploration s'étendra sur près de deux millions
de milles carrés, sous le 80" degré de latitude nord. Cette ex-
pédition doit conduire à la solution de nombreuses questions
relatives à la géographie physique, à la géologie, à l'histoire
naturelle, au magnétisme terrestre, à l'anthropologie et à la
météorologie.
En 1865, le président de la Société de géographie, sirRoda-
rick Murchison, soumit au gouvernement la proposition d'une
exploration des régions arctiques; mais la décision fut ajournée
jusqu'au jour où l'on pourrait déterminer, grâce aux expédi-
tions de la Suède et de l'Allemagne alors parties par le Spitz-
berg, quelle était la route qu'il convenait d'adopter. Sept an-
nées d'efforts infructueux dans cette direction ont confirmé la
preuve recueillie déjà par les explorateurs antérieurs, qu'il
n'était pas possible de pénétrer dans les glaces de ce côté. On
est aujourd'hui à peu près unanime dans Topinion que la route
par la baie de Baffîn et le détroit de Smith est celle qui promet
le plus de résultats favorables à la science, et en même temps
le moins de risques pour la vie des navigateurs.
L'expédition américaine commandée par le capitaine Hall
s'est engagée dans une direction tout à fait différente, par le
détroit de Jones * ; elle doit revenir en 1873. Elle ne consiste
qu'en un petit bâtiment; les résultats qu'elle peut obtenir seront
par conséquent limités.
L'expérience acquise de 1850 à 1872, période pendant la-
quelle des expéditions conunandées par des officiers anglais,
américains, suédois et allemands, ont parcouru dans différents
sens le cercle arctique, a prouvé qu'a l'aide de la vapeur et
des connaissances acquises sur l'ofganisation la plus convena-
ble pour ces voyages, sous la direction d'un chef intelligent,
on n'est pas exposé à de très-grands dangers.
1. On a vu plus haut p. 298, que cet itinéraire projeté a été modifié.
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PROJET ANGLAIS. 305
Depuis 1865, diverses expéditions suédoises et allemandes
ont tenté l'exploration des régions arctiques inconnues, en pé-
nétrant dans les glaces, entre le Groenland, le Spitzberg et la
Nouvelle-Zemble ; les chefs de ces expéditions sont convaincus
que ces routes sont impraticables* Cette conclusion détermine
la route qui doit être suivie. La région inconnue couvre un es-
pace de plus d'un million de milles carrés. On doit chercher ces
trois avantages : la perspective la plus étendue de découvertes
dans les diverses branches de la science, la certitude de par-
courir des espaces encore inexplorés, et la plus grande sécurité
possible pour la vie des navigateurs qui s'engagent dans l'ex-
pédition.
On ne peut trouver ces avantages que là où il existe une Ion
gue ligne de côtes, parce que c'est dans le voisinage des terres
qu'on peut faire les découvertes les plus importantes. L'exis-
tence et la direction d'un courant de l'Atlantique qui descend
le long des côtes orientales du Groenland fait supposer que
cette terre s'étend au nord bien au-delà des points qui ont été
explorés jusqu'à présent. Sa largeur, dans sa partie la plus sep-
tentrionale connue, dépasse 600 milles, et il n'y a pas d'autre
terre offrant des conditions semblables aux confins du monde
inconnu des mers polaires. L'objet de l'expédition au pôle doit
donc être d'explorer les côtes inconnues du nord du Groen-
land.
L'expédition devrait être composée de deux bâtiments à hé-
lice de médiocre grandeur, dont l'un stationnerait à l'entrée
du détroit de Smith, tandis que l'autre s'avancerait le plus loin
possible au nord, en maintenant ses communications avec Tau
tre bâtiment. Du point extrême atteint par l'expédition, des
excursions en traîneau, dès le commencement du printemps,
partiraient dans différentes directions pour explorer les ré-
gions inconnues. Les avantages indirects de ce plan seraient,
outre la découverte d'une longue ligne de côtes, la sécurité du
retour, le bâtiment le plus engagé pouvant toujours trouver du
secours à l'entrée du détroit de Smith et se replier au besoin
jusqu'aux établissements danois du Groenland, comme l'ont fait
de précédentes expéditions.
Les avantages directs seraient la découverte de la partie sep-
tentrionale du Groenland et des résultats importants dans la
plupart des sciences physiques, tels que la détermination des
contours du Groenland, la reconnaissance de l'étendue et de la
nature de la partie septentrionale de cette région, ainsi que
L'AUNÉE GÉOGR. XI. 20
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306 RÉGION ARCTIQUE. (n*^ 372-390.)
de Pexistenôe de forêts qui ont existé jusqu'au pôle, ainsi
que cela est démontré, fait qui dément les théories antérieures
de la géologie sur la température et les conditions du globe
pendant la période tertiaire.
S 8. Étude sur le Gulf Stream.
On sait quel rôle important appartient aa Grulf Stream,
comme agent de température, dans la constitution physique
de TÂtlantique septentrional et d*une partie des mers arc-
tiques, et par suite dans la direction à donner aux explo-
rations polaires ; la mention de «quelques trataux remar-
quables dont ce grand courant océanique a été récemment
le sujet (ci-dessus à la bibliographie, n*'*376 à379), est donc
ici parfaitement à sa place. Parmi ces travaux, nous dis-
tinguons particulièrement celui de M.Masqueray (n^ 379), où
les questions que le sujet soulève sont exposées avec autant
de lucidité que de profondeur : ceux des lecteurs qui n'ont
pas sous les yeux cet excellent travail, nous sauront gré
d'en insérer ici quelques extraits.
M. Masqueray rappelle, en commençant, Timportant
mémoire que le docteur Petermann a publié sur le Grulf
Stream (ci-dessus, n^ 376). « Les nombreuses observations
sur lesquelles l'auteur s'est appuyé, et les conséquences
auxquelles il s'est trouvé conduit, doivent nous engager à
l'étudier de près, si nous osons recueillir l'héritage de
Gustave Lambert ; car les courants dont le docteur Peter-
mann constate l'existence peuvent nous ouvrir ou nous
fermer l'accès du pôle. Sous ces hautes latitudes^ une
connaissance profonde de la physique du globe est la pré-
paration nécessaire d'une expédition maritime. Le ther-
momètre y devient un guide presque aussi important que
la boussole, et le plus mince varech flottant, un animalcule
microscopique, y arrêtent le navigateur ou l'entraînent à
leur suite. Ce n'est pas seulement à force de patience et
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GULF STREAM. 307
d'énergie que Hayes a pu faire flotter la bannière des
États-Unis sur le bord de la mer libre, ni que Ross a
franchi la banquise du pôle sud. »
Après diverses considérations sur les discussions qu'ont
souleyées quelques vues théoriques, l'auteur du mémoire
entre dans l'exposition du sujet. C'est sur cette partie ins-
tructive du travail que nous voulons surtout fixer l'attention
de nos lecteurs.
On sait que les eaux du golfe du Mexique, accrues du Mis-
sissipi, augmentent de volume sous Tardent soleil du tropique,
se gonflent, et se frayent violemment passage vers TAtlantique
plus froid et d'un niveau moins élevé. Ce courant du golfe (Guîf
Stream) roule vers le nord en suivant la côte d'Amérique. Ses
eaux, d'un bleu sombre, se distinguent nettement sur la surface
de l'Océan au-dessus de laquelle son axe s'élève d'environ deux
pieds; il a comme des rives indiquées par des sillons d'écume.
Sa vitesse est telle qu'il file quatre nœuds en trente secondes,
c'est'à-dire k milles marins ou 3 milles géographiques à Theiure,
en sortant du golfe : au cap Hatteras, il file encore trois nœuds.
Il se fait place à mesure qu'il descend vers le nord, et sa lar-
geur, qui n'est que de 2^ milles géographiques dans le détroit
de la Floride, est plus que doublée au nord de Gharleston. Nos
fleuves terrestres ne peuvent donner aucune idée de cet énorme
torrent de l'Atlantique. Suivant la côte d'Amérique, il s'incline
vers l'est par le 45® parallèle, à une certaine distance des côtes
de la Nouvelle-Ecosse et de Terre-Neuve, traverse la moitié de
l'Atlantique, et lance une dérivation considérable vers les Aço-
res, les côtes d'Espagne, de France et du Maroc. Cette dériva-
tion, heurtée par les terres, se replie sur elle-même, et, décri-
vant une ellipse dont le grand axe serait la distance qui sépare
les lies Bahama des Canaries, revient au point de départ du
Gulf Stream par la mer des Caraïbes. C'est dans Tintérieur de
cette ellipse nommée mer des Sargasses^ que Christophe Co-
lomb rencontra ces fameuses prairies de varech, praderias de
yerba^ que tous les navigateurs de ces parages y trouvent en-
core, amas flottants qui demeurent emprisonnés sur la surface
de la mer par le courant qui les enveloppe.
Le courant polaire heurte donc par le travers le Gulf
Stream précisément au point d'où ce dernier envoie vers les
côtes d'Espagne sa dérivation orientale. Les eaux froides et
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308 RÉGION ARCTIQUE. (n°' 372-390.)
ternes font fléchir le tiède courant mexicain sur lequel passent
les icebergs.
Le Gulf Stream résiste et poursuit sa route ; mais il semble
que ses eaux tourbillonnent sous un tel choc. Une partie de
son courant, comme revenant sur elle-même, décrit un arc de
cercle dans la direction du nord-ouest, ne peut traverser le
courant polaire, le côtoie, descend vers le Nord, et s'engage
précisément dans ce canal de Davis que semble remplir son
adversaire. Elle se glisse le long de la côte occidentale du
Groenland, et, bien qu'elle se refroidisse au contact des glaces,
elle se fait encore sentir dans la baie de Melville au débouché
du Smith Sund. L'autre partie du Gulf Stream, de beaucoup plus
considérable, va baigner les côtes d'Irlande et d'Ecosse, les
Shetland, les Forcer et l'Islande.
Il suffit d'avoir visité l'Irlande ou de jeter les yeux sur une
carte de lignes isothermes, pour savoir que le Gulf Stream n'est
point anéanti par le courant polaire à la hauteur de Terre-
Neuve. L'Irlande et les côtes d'Ecosse jouissent d'un climat
constamment doux. Si le raisin n'y mûrit point, bien que les '
hivers y soient moins rudes qu'en Hongrie ei en Moldavie,
c'est que la chaleur de l'été n'est pas suffisante. Mais le myrte
peut y croître, et les troupeaux, aJjrités contre les bourrasques
par des parcs circulaires plantés de pins, y passent en hiver la
plus froide saison ; tandis que sur les côtes de Terre-Neuve et
du Labrador, les phoques s'étendent sur leurs bancs de glace
par une température moyenne de — 8 et — 16 degrés Réau-
mur. La chaleur semble croître en Angleterre à mesure qu'on
s'élève vers le Nord, dans les terres profondément découpées,
parmi les petites lies tout entières baignées par le Gulf Stream.
Sans lui, sans la tiède barrière dont il les enveloppe, elles se-
raient envahies par les glaces du courant polaire, emprisonnées
dans les icebergs. Il les protège môme de son atmosphère ; car,
à proprement parler, il a son atmosphère : il attiédit les lourds
vents d'Ouest qui roulent sur sa surface vers les côtes d'Eu-
rope, il les charge de sa vapeur d'eau, et cette vapeur se résout
en brouillards épais, qui, loin de refroidir les lies, y conser- \
vent la chaleur. Mais plus encore quelles Shetland et les
Faroer, l'Islande, qui touche au cercle polaire, participe à l'in-
fluence bienfaisante du Gulf Stream, notamment dans sa partie
occidentale. Reykjawik donne -{- 1® en janvier , quand , par la
môme latitude, dans le canal de Davis, Lichtenfels donne — 9,
et Gotthaab — 8. c Je dois avouer, raconte le docteur Hander-
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GULF STREAM. 309
son, que je m'effrayais grandement à l'idée de demeurer un
hiver en Islande. Quel ne fut pas mon étonnement de trouver
que non-seulement la température y est plus élevée qu'au Da-
nemark où j*avais passé Thiver précédent, mais encore que
l'hiver islandais ne le cède en rien aux plus doux hivers de la
Suède. Les moutons et les chevaux ordinaires y demeurent
toute l'année en plein air. Les lacs près de Reykjawik ne gè-
lent guère que de deux pouces, et le plus grand froid qu'on y
ait observé pendant treize années est de 12» R. » La tempéra-
ture de la mer qui baigne la côte occidentale de l'Islande est de
-j- 8» en été, et + 2® en hiver....
Le Gulf Stream subit entre l'Islande et les Faroer la même
attaque qu'auprès de Terre-Neuve : moins violente il est vrai,
car le coin du courant polaire est moins aigu cette seconde fois
que la première, mais cependant assez forte pour que dans le
mois de juillet les froides eaux de 0^ fassent plier les lignes
isothermes de 2* de près de soixante-quinze lieues. Le treibeis
(glace flottante en fragments), entrant dans le Gulf Stream
comme les icebergs du Labrador, apparaît sur la côte orientale
de l'Islande. Les résultats de ce second choc sont analogues à
ceux du premier. De même qu'à la hauteur de Terre-Neuve
une mince partie du Gulf Stream, se redressant sous le coup du
courant polaire, a pris une direction Nord et a pénétré dans le
détroit de Davis, de même, au nord-est de l'Islande, au point
où pour la seconde fois le courant polaire heurte le Gulf
Stream, une dérivation assez considérable se détache du cou-
rant mexicain, et, mêlant ses eaux bleues aux eaux vertes du
pôle, descend vers le Spitzberg. Elle refoule les icebergs , at-
teint la côte occidentale du Spitzberg, s'insinue dans ses fjords,
le dépasse, puis, manquant de forces, s'arrête et s'arrondit de-
vant un formidable cirque de glaces qu'elle semble maintenir.
Sans doute, à 80» au nord de l'Equateur, par le parallèle du
Smith Sund, le Gulf Stream ne conserve pas les 6 degrés de
chaleur qu'il possédait encore sur les côtes d'Islande ; mais on
y trouve encore en juillet une moyenne de 2 degrés, et même
de k sur certains points. Grâce à lui l'hivernage est possible au
Spitzberg.
Pendant qu'une branche du Gulf Stream descend ainsi vers
le Spitzberg, le courant principal, toujours tiède de 8 à 6% se
dirige toujours aussi vers le nord-est, enveloppant la côte de
Norvège. iFrûholm, à l'extrémité de la pointe la plus septen-
trionale de l'Europe, jouit en hiver du climat de Toulouse. La
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310 RÉGION ARCTIQUE. (n<^* 372-390.)
Norvège entière , qui dépasse de cinq degrés de latitude le
cercle polaire, vit da Gulf Stream, depuis Lindesnaes dans la
mer du Nord, jusqu'à Yardô, près de la mer Blanche. Elle
lui doit son commerce, sa nourriture de chaque jour, ses sau-
mons, ses bancs de harengs qui couvrent la mer à la hauteur
de Âaswer sous le cercle polaire...*
Deux fois déjà, à l'ouest et à Test du Groenland, le courant
polaire a heurté le Gulf Stream par le flanc : deux fois il est
sorti vainqueur du combat. La première, il a pu atteindre l'Is-
lande, les Faroer et les côtes d'Ecosse; la seconde, le Spitzberg
et les côtes de Norvège. Maintenant il touche à sa fin, ou du
moins il va se perdre en divers courants secondaires difficiles
à suivre, même la sonde et le thermomètre à la main, dans la
mer de Kara, le long de la Sibérie, et jusque dans le bassin
libredelaPoljnia...«
Nous ne suivrons pas plus loin M. Masqueray; c'est au
mémoire même que doivent recourir ceux qui voudront
entrer à fond dans Tétude de cet important chapitre de
l'hydrographie des mers occidentales.
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EUROPE
RUSSIE.
391. Will. H. DixoN. La Russie libre, voyage trad. de Tangl. par
E. Jonveaux. Paris, 1872, gr. in-8*, 488 pages, avec 75 grav.
dans le texte (Hachette).
La Russie libre est une étude complète et vivante de Timmense Em-
pire, tel qae Ta fait sa libération du servage. Ce n'est point par la fa-
çade trompeuse de Saint-Pétersbourg où tant de voyageurs s'arrêtent
d'ordinaire, c'est par Ârkhangel, la porte du Nord, b foyer glacé de la
vieille famille moscovite, que l'auteur a abordé la Russie. Il descend
profondément dans l'intérieur de ce peuple muet et si peu connu ; il
ausculte, pour aiqsi dire, sessoufirances cachées et sesvagues instincts
d'un destin meilleur. Il fait défiler devant le lecteur, en les observant
et en les interrogeant au passage, ses prêtres, ses moines, ses pèle-
rins, ses mendiants, les sectaires de ses hérésies mystérieuses, les Co-
saques et les Kirghis nomades qui chevauchent ^dans ses steppes à
perte de vue. De cette investigation si curieuse résulte un livre rempli
de faits nouveaux et d'aperçus pénétrants, qui, à l'intérêt d'une rela-
tion pittoresque, joint les révélations précises d'une solide enquête.
On ne p^at eonoattre la Russie noaveUe saob avoir lu le voyage de
M» Diion (Paul de Saint- Victor).
392. L. DE FoNTENAY. Voyago agricole en Russie. Paris, 1872, in-8^
393. F. Rem Y. Die K.rim, in ethnograpbiscber, landscbaftlicher, und
hygîenischer Beziehung. Leipzig, 1872, petit in-8% xiv-244 p.
Carte et fig.
394. F. J. WiEDEHANN. Ueber die Nationalitat und die Sprache der
jetrt ausgestorbenen Kree^nen- in Kurland. Mémoires de Va-
cad, impér. as St. PéUrsb,, t. XVII, n" 2, 119 pages, gr. in-4'',
1871.
Monographie complète, ethnographique et linguistique, de cette
tribulive des Krévinghes, qui a joué un rôle assez considérable dans
l'ancienne histoire delà Russie.
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312 ' EUROPE. (n«* 391-400.)
395. H. HowoRTH. The Finns and some of ther allies (Mémoire lu le
3 juin 1871 au sein de rAnthropological înstitute de Londres).
D'après la note analytique insérée dans rAtheuaeum, l'objet de ce
mémoire est, en premier lieu, d'établir nettement la distinction qui
sépare les Finnois des Lapons, deux peuples entièrement difiërents par
les destinées historiques, la configuration physique, les usages et le
genre de vie (quoique les deux idiomes soient de la même famille) ;
et en second lieu, de montrer que les Esthoniens appartiennent à la
branche finnoise plutôt qu'à la branche lapone. L'auteur a réuni une
série de témoignages montrant, contre l'opinion commune, que l'éta-
blissement des Finnois et des Esthoniens dans leurs demeures actuelles
est de date très-récente ; il remonte jusqu'à leur première patrie au-
delà de la Dvina, où les Norses ou Norvégiens les connurent sous le
nom de Biarmiens, et les premiers chroniqueurs russes sous le nom
de Tchoudes Sarvaloks.
396. Bulletin (Isvestïa) de la Société impériale de Géographie russe.
T. VU, cah. 5-8, 1871; t. VIII, cah. 1, 1872 (en russe).
Voici l'indicatipn des principaux morceaux contenus dans ces ca-
hiers :
T. VIII, 6« cah. Notices sur les Turkomans; — Przwalskif Notes
sur le S. E. de la Mongolie (V. ci-dessus, p. 166) ]— Krapotkïn, Études
scientifiques en Finlande. — 7» cah. Vénioukoff, Notice sur la popula-
tion d'une partie de la Dzoungarie (le khanat de Kouldja et la prov. de
Semipalatinsk ou Dzoungarie russe) ;~ du même : Carte du Nord-Onest
de la Mongolie, et Notice explicative (v. ci-dessus, p. 166). — 8* cah.
PalladiuSj les Mantzi de l'Oussouri (v. ci-dessus, p. 165); — Fe'nton-
koffj Éléments de la populationrdu Territoire de l'Amour. — T. VIII,
l«'cah., Fedchenko, sur son voyage à Kokand (v. ci-dessus, p. 157).
397. Compte-rendu annuel des travaux de la Société de Géographie
russe. St. Pétersb., 1872, in-8% 170 p. (en russe).
398. Mémoires de la Société de Géographie russe. Géographie géné-
rale; section mathématique et physique. T. II, rédigé par P.Sé-
ménofif; St, Pétersh., 1869, in-8% 719 pages, avec 3 cartes (en
russe).
Danilefski; Recherches sur le delta du Kouban ; Carte. — Du même,
Quelques réflexions sur la terminologie géographique des Russes, à
l'occasion des mots liman et ilmen. — Extraits d'une lettre du même,
sur les résultats de son voyage à la Manitch. — Helmenen, sur la
question de Tensablement de la mer d'Azof. — P. Teiiékoff, le terri
toire du Touroukhansk.— V. Latkïn, l'industrie du cercle de Ienisseï-
— T. IV, rédigé par P. Krapotkïn. St, Fétersb., 1871, in-8»;
536 p, avec 6 cartes et 7 tableaux*.
J. B. Auerbackf lemontBogdo, étude géologique et paléontologique.
— E. Lenzj Ce que nous savons de l'ancien cours de l'Amou-daria-,
Cartes. — A. Kouchakavitch, Aperçu géographique, ethnographique et
économique du cercle de Kodjend; Cartes. — C. Mischenkoff, Observa-
tions faites durant l'expédition de la vallée de Zérafchàn ; — Archiman-
1. Le 3» volume n'est pas encore paru.
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RUSSIE. în3
drite Palladiue, Notes de Yoyage de Peking à Blagovetchensk à travers
la Mandchourie, en 1870. ^ B»" Maïdel, Notice sur les travaux de l'ex-
pédition de la Mourmàn.
— Section ethnographique, t. IV ; rédigé par M. I. Savélief.
St. Pétersh., 1871, in-8% 634 pages, avec 2 cartes.
Chants religieux de la secte des < serviteurs de Dieu, » recueillis par
M . Barsoff. — A. Galkïn^ Mémoire explicatif de la carte ethnogra-
phique du roy. de Pologne. — P. Mitkoûtzki, Fragments de la langue
des Slaves de TElbe. — Vilîiers de l'hle-Âdam, le village de Knèsnaïa
Gora et ses environs, esquisse ethnographique. — Polonskij les Kou*
riles, aperçu géographique, ethnographique et historique. — N. Mal-
fioffj les Bulgares. — Archimandrite Leonidas, Éclaircissements sur la
carte des trois églises slaves autonomes de la presqu'île de Balkan.
— Section Statistique, t. Il, St, Pétersh. 1871, in-8% 385 p.
y. Makchéïef, Matériaux géographiques, ethnographiques et statis-
tiques sur le Turkestan. — A. Popoff, Mouvement de la population du
gouvernement de Vologda. — Th. Popoff^ Notes de voyage sur Hankao
et les fabriques russes de thé. — N. iroïamki. Notions statistiques
sur la Servie. — v/.'^Radloffj Relations commerciales entre la Russie
et la Mongolie occidentale.
399. J. Spôrer. Die Arbeiten der Kaiserl. Russischen Geographischen
Gesellschaft im Jahre 1871. Mittheilungen de Petermann, 1872,
n^e, p. 211-216.
Dans cet aperçu, M. SpSrer a concentré les résultats des principaux
travaux contenus dans les publications que nous venons d'énumérer.
400. Manuel Militaire et Statistique. Russie. Édité par une société
d'officiers d'État-Major, et rédigé par le G*' Obroutcheff. St. Pé-
tersh, j 1871, in-4*, 1157 pages, avec un atlas de 36 cartes (en
russe).
M. H. Wagner a donné dans les Mittheilungen de Petermann, 1872,
p. 236, un aperçu analytique de cette importante publication.
Un mot sur la géographie militaire de la Russie.
Voici une courte notice qui a son intérêt; elle est em-
pruntée par la Correspondance Slave à une publication du
capitaine Brakenbourg.
La Russie, n'ayant point & craindre d'invasion du côté
de Test, a porté vers TOccident tout J*efiFort de sa défen-
sive.
C'est surtout depuis la guerre de Grimée qu'elle a fait
les plus grands sacrifices. La construction de ses chemins
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314 / EUROPE. ^ (n°» 391-400.)
de fer et de nouvelles fortereeses oo:t été^ à ce point de
vue^ sa préoccupation la plus constante depuis plue de dix
ans.
Les chemins de fer ont^ en effet, en Ruesie, une impor-
tance stratégique considérable*
Quatre lignes se dirigent vers Tonest; quatre autres
lignes vont au sud. Toutes sont disposées de façon à pou-
voir concentrer et transporter rapidement^ en très*peu de
temps, une armée formidable, soit vers les frontières
allemandes, soit sur les rives de la mer Noire.
En outre, les voies ferrées forment un immense réseau
assurant les communications constantes entre les fortes
resses de Kertch sur la mer Noire, et de Kief sur le bas
Dnieper, avec Moscou, aussi bien qu'entre celles du nord,
telles que Sveaborg et Viborg en Finlande avec Saint-
Pétersbourg.
Mais où le génie des fortifications a vraiment fait des
prodiges, c'est en Pologne.
On a transformé ce pays en un quadrilatère aussi redou-
table que celui de l'ancien royaume lombard.
Il est formé de quatre forteresses, c'est-à-dire de
Modiïn, Novogeorgievsk, Ivangorod et Brzesc-Litevski.
Ces forteresses constituent des refuges inexpugnables,
celle de Modiïn surtout. Située au confluent du Bug et de
la Yistule, elle est, suivant l'expression de M. Brakenburg,
la forteresse idéale.
Immense, silencieuse et sombre, aussi propre à l'attaque
qu'à la défense, elle n'a point de population civile. Des
troupes de toutes armes^ voilà ses seuls habitants. Donc
rien k ménager en temps de guerre.
Ivangorod est moins important. Mais Brzesc-Litevski ne
le cède guère & Modiïn. Toute armée s'engageant dans les
plaines de la Pologne devrait immobiliser des forces énor-
mes pour tenir tête à ces forteresses, qui sont ^provision-
nées et armées sur le pied le plus formidable^ Modiïn, rien
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RUSSIE. 315
que dans ses casemates, peut renfermer 20,000 hommes,
et elle n'offre aucune prise à l'ennemi, sinon par la bombe.
^ Cette dernière est l'œuvre du général Totleben, qui a
hérité de la science de Vauban. Ce quadrilatère, placé
dans l'espace que la Pologne occupe au centre de l'Europe,
s'appuie au sud sur la citadelle de Zamosc, qui ferme la
route de Léopold à Varsovie, et sur celle de Bobruïsk, com-
mandant le pays entre la Dvina et le Dnieper, pendant que
le eentre de la défense, par le bas Dni^er, se trouve
à Kief.
Dunabourg protège en arrière la jonction des chemins
de fer de Varsovie à Saint-Pétersbourg, et celle de Riga
protège Smolensk, tandis que Cronstadt couvre la capi*
taie russe.
De plus, c'est à Varsovie que se rencontrent les grandes
voies de Posen et Breslau, de Lemberg et de Craeovie.
Ville fort médiocre par elle-même» Varsovie» au point
de vue xnilitaire, aune importance redoutable que lui don-
nent les travaux dedé&nse de Hodlïn et de Brzesc-Iitevski.
Enfin, commumdant la Vistule, elle ferme hermétiquement
les chemins de Pétersbourg et de Moscou.
Voilà quinze sxxs que le tzar et ses ct^nseillers consacrent
leurs efforts et tout Targent dont ils ont pu disposer à ce
prodigieux et gigantesque travail. A cette heure, la fron-
tière russe vers l'Occident présente un front redoutable de
forteresses, reliées entre elles par des voies ferrées qui
mettent toutes les parties de l'empire en communication.
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316 EUROPE. (n- 401-412.)
II
TURQUIE D'EUROPE.
PRINCIPAUTÉS.
401. Faits commerciaux relatifs aux ports de la Turquie. Annales
du Commerce extérieur, n" 1889. Turquie, n» 30 (avril 1872)-
36 pages.
Ce no présente nn tableaa complet du mouvement de tous les ports
de la Turquie, en Europe et en Asie, pour Tannée 1868 en général, et
pour quelques ports pour 1869 et 1870.
402. Paul Chaix. Le Danube; amélioration de son embouchure. Le
Globe, journal de la Soc. de Géographie de Genève, t. XI, n' 3,
1872, p. 51-56.
« Le Danube est le premier fleuve de l'Europe, sinon par le volume
de ses eaux et retendue de son bass' n, du moins par son importance
commerciale et celle des États qu*il traverse et dessert. Il se décharge
dans la mer Noire par trois embouchures, dont l'intermédiaire, celle de
Soulina, est la seule employée malgré son faible volume d'eau, ses
bancs et ses coudes, parce qu'elle n'est pas barrée. En vertu d'un ré-
cent traité, une Commission nommée par sept puissances européennes
intéressées dans la question, siège à Galatz pour administrer tout ce
qui est relatif à la navigation des bouches du Danube, et la perfection-
ner. Cette navigation avait l'inconvénient de n'être possible que pour
de très-petits bâtiments, d'exiger des transbordements très-incommodes
entraînant une grande dépense de temps et d'argent, d'obliger les vais-
seaux à stationner dans une rade ouverte pendant une mauvaise saison,
ce qui occasionnait d'innombrables sinistres. La Commission s'est mise
activement à l'œuvre. Par des draguages et des coupures aux endroits
convenables, par des digues prolongées fort loin dans la mer, elle a
graduellement creusé et rectifié le chenal. Elle en a ouvert l'accès en
tonte saison à des bâtiments d'un assez fort tonnage. Elle a ainsi dimi-
nué dans une proportion énorme le nombre des sinistres et le temps
requis par les besoins du service, en augmentant parallèlement le
nombre des vaisseaux qui viennent prendre cargaison et le total des
exportations. Les frais de tout genre ont été notablement réduits et le
seront encore. »
403. Ferd. von Hochstetter. Das Vitos-Gebiet in der Central-Tùrkei-
MittheiL de Petermann. 1872, n»' 1 et 3, p. 1-4, 82-100; carte.
Morceau fort important pour l'orographie et l'hypsométriede la Tur.
quie. Nous y reviendrons plus bas dans nos développements. — La
partie historique des voyages de M. de Hochstetter comme géologue
d'une commission d'études autrichienne pour le tracé du chemin de
fer de Belgrade à Salonique (/?ets« durch Humelien, etc.), est au Joor-
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TURQUIE. 317
nal de la Société de Géographie de Tienne (_MiUheilungen der Geogr.
Gesellsch. in Wien)j 1870-1871. — Voir aussi notre volume précédent,
p. 294, n» 476 .
404. À. BoDÉ. Die tûrkischen Ëisenbahoen^ und die Géologie der
Central-Tûrkei. Sitzungsbericht der Wiener Akademiej Lx, 374.
— Du même : BerichtiguDgen zurHahn'schenKarte des Flussge-
biets des Drin und des Yardar, in Nord-Albanien und Macédo-
nien. Ibid.y p. 633.
Voir le vol. précédent de VÀnnét Géogr., p. 294, n» 478.
405. Alb.DuMONT. Souvenirs de l'Adriatique. Revue des Veux Mondes^
l"oct., l"nov., l"déc. 1872. ,
Morceau d'an vif et puissant intérêt, et en même temps d^une haute
valeur comme étude historique, ethnographique et géographique. Mous
y reviendrons ci-après.
406. Lehnert. Zur Kenntniss von !Siid-Albanien. Mittheilungen der
Geogr, Gesellschaft in Wien, oct. 1872, p. 441-471 ; carte.
Les cartes de la côte albanienne, qui reposent toutes sur le levé de
Marieni, datant de 1824, ne sont ni complètes ni d'une exactitude suf-
fisante pour l'usage de la marine ; il a été décidé en 1870 que la côte
de l'Albanie turque serait comprise dans le levé général de la partie
. orientale de l'Adriatique exécuté par les officiers de la marine autri-
chienne. M. Lehnert, lieutenant de vaisseau, chargé de la portion de
ce travail comprenant la baie de Valona et Tembouchure de la
Yoïoussa, a mis à profit les facilités que lui donnait cette mission pour
recueillir sur le pays les notes et les renseignements physiques, géo-
graphiques et statistiques dont se compose son mémoire. La carte, à
l'échelle du 300 000", est une excellente acquisition ; en la comparant
à la récente carte de l'Épire et de la Thessalie de M. Kiepert, on com-
prend quels prodigieux changements un véritable levé de la Turquie
d'Europe apportera dans le tracé de nos cartes actuelles, toutes con-
struites à peu près exclusivement sur de simples renseignements.
407. F. Kanitz. Reise im Bulgarischen Donau, ïimok-und Sveli Ni-
koIa-Balkan-Gebiet. JUittheil. de la Soc. de Géogr. de Vienne,
1872, n"» 2 et 3, p 61-72, 105-112.
Remarques sur les cartes de ces cantons mal connus.''— Voir le pré-
cédent volume de V Année Gébgraphique, p. 293, n» 474.
408. Du même : Zur Synonymik der Orts-Nomenclatur West-Bulga-
riens. Mittheil, der Geogr. Gesellschaft in Wien, mai 1872 (xv,
5), p. 217-220.
Liste de localités de la Bulgarie occidentale, sous la double forme
des noms, turque et bulgare.
409. H. Kiepert. Carte de FEpire et de la Thessalie. Berlin, 1871,
2 feuilles (au 500000').
Cette carte, sauf pour les côtes, n*est à vrai dire qu*une étude basée
sur la combinaison des itinéraires fournis jusqu'à présent par les voya-
geurs. Dans, une certaine mesare, cette combinaison peut conduire à
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318 EUROPE. (n" 401-412.)
placer d*ane manière au moins approiimative les villes principales et
les positions intermédiaires ; mais le figuré du terrain et le tracé des
riyières restent forcément très-incertains et livrés en grande partie à
l'arbitraire. ^ Voir nos remarques ci-dessus, au n° 406.
410. £. D£GUBERRATis. L'Ëpiro; relazione d'un viaggio da Janina a
Yalona. BoUettino délia società Geogr. itcUiana, vol. YIII. Oc-
tob. 1872, p. 1-26.
411. P. Bataillàrd. Les derniers travaux relatifs aux Bohémiens de
l'Europe orientale. Paris ^ 1872, in-8'', 80 pages (Franck).
M. Bataillàrd s'est consacré depuis de longues années à Tétude des
questions qui se rattachent à l'origine, aux migrations, à Tidiome et
aux habitudes de cette race dégradée. On lui doit déjà deux publica-
tions sur ce sujet : De Vapparition et de la dispersion des Bohémimt
en Europe j 1844 ; et Nouvelles recherches sur Vapparition des Bohé-
miens en Europe, 1849.
412. JuBiBN DE LA Grayière. Les mlssions extérieures de la marine.
Délimitation du Monténégro, ii^tme des Deuo; Mondes, l^'avr. 1872,
p. Ô73-596.
Souvenirs d'une mission qui remonte à 1858. Pour qui voit dans rhis- i
toire autre chose que le froid squelette du fait matériel, les lignés soi- '
vantes, qui terminent l'attachant récit de Tamiral Jarien de laGravière, |
ne peuvent être lues sans une sympathique émotion -, et ce passage i
n'est pas le seul où l'auteur de ces pages, écrivain non moins éminent
que brave et savant marin, ait révélé par un mot, par un cri sorti da
cœur, les sentiments qui à l'heure actuelle remplissent Tàme du dé-
voué patriote, du citoyen honnête homme : « Je n'essayerai pas, écrit-
il, de contredire les philosophes qui prétendent que ■ la vertu est si
< nécessaire aux hommes et si aimable par elle-même, qu'on n'a pas be-
* soin de la connaissance d'un Dieu pour la suivre; » je n'en croirai pas
moins cette doctrine tout à fait insuffisante pour entretenir dans les
Âmes le culte exalté de la patrie.... Les plus grandes nations, les plus
nobles races sont exposées à fléchir sous le poids de leurs discordes in
testines. On les voit alors s'éclipser pendant de longs siècles. L'histoire
ne nous ofire que trop d'exemples de ces désastreux effacements ; mais
l'histoire nous apprend aussi que ces nations peuvent renaître da
moindre germe, lorsqu'elles ont conservé le respect de leur langue, la
mémoire des hauts faits du passé, et cette dernière étincelle de vie, la
foi religieuse, capable à elle seule de tout féconder. >
S i*'. Ouverture des chemins de fer dans la Turquie d'Europe. Études
orographiques. M. de Hochstetter. M. Kanitz.
L'Europe voit s'opérer en ce moment, ou tont au moins
se préparer une transformation fort remarquable dans une
de ses parties les moins accessibleS| la Turquie. Ce qui fut
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TURQUIE. 319
autrefois Tlllyrie, la Macédoine et la Thrace, ces pays de
transition entre la civilisation romaine et la barbarie ger-
manique, est resté jusqu'à présent une contrée en dehors
de l'Europe chrétienne et civilisée, au point de vue géo-
graphique jnoins connue que l'intérieur de la Chine. Peu
de voyageurs ont pu l'étudier d'une manière un peu sé-
rieuse; aucune carte régulière n'en a été levée. Cet état de
choses va changer, du moins tout l'indique. Un double
réseau de chemins de fer, convergeant d'une part sur
Ouskoub, au nord-ouest de Salonique, de l'autre sur An-
drinople, va porter la vie dans des provinces jusqu'à pré-
sent sans communications extérieures, comme des voies
spacieuses ouvertes à travers les sombres cités du moyen
âge y jettent tout à coup l'air et la lumière. La Porte a
accueilli les propositions de l'Autriche et concourt à ces
grands travaux. Les études sont déjà terminées pour une
au moins des lignes les plus importantes, la ligne de Bel-
grade à Salonique. II va de soi que ces travaux préparatoires
apportent à la géographie positive et à la cartographie des
matériaux aussi précieux que nouveaux. La hauteur des
montagnes, la forme dss massifs, la direction des vallées,
l'importance des pentes et des points de partage^ le relief
tout entier, en un mot, de ces contrées figurées d'une
manière encore si incertaine sur nos meilleures cartes,
malgré les études méritoires de Boue et de Yiquesnel, vont
enfin reposer sur des levés directs et des mesures précises.
Les communications du géologue de la commission d'études
instituée par l'Autriche, M. Ferdinand de Hochstetter
(ci-desssus, n** 403 de la bibliographie), permettent déjà
d'apprécier Timportance des corrections qu'en recevra le
tracé des cartes actuellement les plus autorisées, telles que
la Turquie d'Europe en 4 feuilles de M. Henri Kiepert de
Berlin, dont la seconde édition, presque entièrement rema-
niée, a paru Tannée dernière. Un savant voyageur viennois,
M. Kanitz, qui réunit à l'habileté pratique de l'ingénieur
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320 EUROPE. (n^* 401-412.)
le savoir dQ l'archéologue et la main de l'artiste, a pu
constater l'extrême imperfection d'une autre partie de la
carie, celle où se trouve la Bulgarie. Cette dernière pro-
vince, que le Danube inférieur sépare de la Yalakhie et
qui s'appuie au midi sur la chaîne des Balkhang, a toujours
été regardée, au reste, comme la plus mal connue de toute
la Turquie. M. Kanitz (n** 407) en a parcouru dans tous
les sens la moitié occidentale, il a traversé les passes du
Balkhan sur un grand nombre de points, et la publication
prochaine qu'il annonce ne peut manquer d'avoir une
graude valeur ^ D'un autre côté, la Russie a obtenu de la
Porte, il y a longtemps déjà, l'autorisation de prolonger
jusqu'à la mer de Marmara la mesure du méridien de
Laponie, ce qui permettra de lever trigonométriquement
toute la Thrace orientale. Cet ensemble de travaux techni-
ques n'intéresse pas seulement les géographes ; les chan-
gements dont ils sont l'indice dans la politique interna-
tionale des puissances, et ceux qu'ils apporteront dans les
relations de l'Europe orientale, ont une portée qui n'échappe
à personne.
Le travail de M. de Hochstetter, que nous venons de
mentionner, mérite que nous nous y arrêtions d'une
manière plus spéciale.
L'auteur était attaché comme géologue, en 1869, à une
commission d'ingénieurs autrichiens chargés des études
préliminaires du chemin de fer de Belgrade à Salonique.
M. de Hochstetter a eu à sa dispositipn, pour la construc-
tion de sa carte, les levés et les études de la commission,
qu'il a pu étendre sur certains points par ses investigations
personnelles. M. de Hochstetter s'est appuyé, au point de
vue de l'ensemble, sur la grande carte en 13 feuilles (au
1. Elle formera le complément naturel d'un très-beau et très -instruc-
tif volume publié par M. Kanitz, il y a quatre ans, sur la Servie :
Serbien, historisch-ethnographische Reisestudien ; Leipzig, 1868, Ivol.
in-8\
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TURQUIE. 321
864 000} de la Turquie et de la Grèce par le capitaine de
Scheda; mais il n'a pas tardé à reconnaître qu'à mesure
que du centre de la Macédoine on s'avance à l'ouest, on
entre dans une région de plus en plus mal connue. La région
du Yitocz, en particulier, était, on peut dire, absolument vide
d'indications sérieuses; tout, sur les cartes, y est tracé à
peu près au hasard.
Sur l'orographie de la Turquie centrale, M. de Hochs-
tetter fait les remarques suivantes :
« Les écrivains de l'antiquité mentionnent comme les
plus hautes montagnes de la Macédoine et de la Thrace
le BertUcus^ le Scardus^ VOrbeltts^ le Scomius ou Scom-
hruSj le Rhodope et VHaemm. Nous trouvons en même
temps chez eux cette idée, que ces montagnes coupaient eu
ligne directe la péninsule Illyrique depuis l'Adriatique
jusqu'à la mer Noire. Cette vue a été non«seulement
adoptée par les modernes, mais on l'a transformée en cette
fausse hypothèse d'une chaîne alpine centrale parcourant
sans interruption la Péninsule depuis les Alpes jusqu'au
Pont; et cette chaîne prétendue a figuré sur les cartes et
dans les livres, jusqu'à ce que les découvertes de Boue, de
Yiquesnel, de Grisebach, de Lejean et deHahn, aient gra-
duellement montré la fausseté de cette conception. Les
travaux des explorateurs dont je viens de rappeler les noms
nous ont fait connaître, au moins dans leurs grands traits,
les montagnes de la Boumélie; mais il n'en reste pas moins
encore un problème des plus difficiles, celui de se rendre
nettement compte du chaos orographique que présente la
Péninsule.
« Déjà Grisebach avait démontré d'une manière péremp-
toire que lé Bertiscusde Strabon répond aux Alpes d'Alba-
nie, et le ScorduSy ou Scardus^ au Ghar-dâgh actuel. On
sait que VHaemus n'est autre que le Balkan, et que le Rho-
dope porte encore aujourd'hid le même nom. Bestent VOr-
helus et le Scomius j le premier ordinairement identifié avec
l'année GÉ0«R. XI. ^ 21
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32â EUftbPliî (n^' 401-412.)
lé I^ériill et iè fiUo-dagli, tjui sôtit les plus hàlltés sotii^
niités diu Rhodopiè à Pbuest et ati iibrd-dùeât, et le sfecotid
avec le mont Vitobz, où Vitbs.
tié Vitobz s'élëvë èiiire le Balkàn et le Rilo. Le ptiissànl
massif ëjrétiitîque ^ui formé bette grande ïnbntagne repose
SÛT une base pi'esqtie circtilaire, et se drëâse, pareil à un
cône volcanique, à la hauteur de 2330 mètrëë au-dessus du
niveau de la mer. Qiatre dés prinbipales titières de la
Turquie d'Europe, la Maritza^ la Strouma^ VIskèr et la
Moravd de BulgàHe (du tnoins par un de âeâ principaux
afiluënts, la Nischdva)^ y oilt leur Origine^ de même que
qiiàlrë systëtnes de motitâghes ont là leur point de i'en-
contre ail cœui* dé là Houiiiélie : le BalkhaUj les montagnes
centrale^ de là Bdùmélie, le Rhodope, et les montagnes de
la haute Mœsië. h
À cette occàsioii, dans un autre ordre d'études^ je rap-
pellerai le trè8-remài*qu?lble voyage que M. Albert Dû-
ment, uh dés élèves aisiingu^ë de noti'e école d'Athènes,
a fait éii Roùmélie (1* ancienne l'hrace) de 1868 à 1869^
dans un but de recherches archéologiques, et dont les ré-
sultats généi-aûx nous sofit connus par tin rapport publie
en 1871 (Voir notre précédent Volume, p. 296). Des tra-
vaux tels qiie ceux de M. Albert DtLmont, tels aussi que
la Mission archéologique m Macédoine dé M. Léon
Heuzey, donl la 8« livraison a paru récemment *, isoutiett-
nent dignement dans la géographie savante le vieil hon-
neur scientilicfue dii liom français. La belle étude que
M. Albert Dumont vient de donner sur l'Albanie, et â
laquelle nous consacrons le paragraphe suivant, est digne
de ses* savantes communications sur la Thrace.
1. Grand in-4% texte et planches. M. Heuzey, déjà connu dans le
monde savant par un voyage intitulé le Mont Olympe et VÀcamaniè,
1860, 1 vol., est, comme M. A. Dulnoht, un élève de rficole d'AtUèlles.
, uigiiizeu uy -^^JV^v^-C i>^
ALBANtË. 323
S 2^. L'Albanie.
Dans Tété de 1872, M. Albert Dumont poursuivait, dans
les parties littorales de l'Albanie, les investigations archéo-
logiques qui lui ont donné en Thrace de si importants
résultats. Il y trouva, comme Français, un accueil dont il
était heureux et fier. « Nous pûmes voir *, dit-il, en Alba-
nie et en Épire, combien les derniers événements ont peu
changé dans ces parties reculées de l'Europe l'idée qu'on
se fait de la France. Ces peuples ont suivi avec une sur-
prenante curiosité tous les incidents de la guerre; pour la
première fois des bulletins turcs, grecs, italiens, les tenaient
au courant des batailles livrées en Occident. Les musul*-
mans sont pour le voyageur français tels que je les avais
vus en 1864 et en 1868. Il m'a été impossible de saisir le
moindre changement dans leur manière de se conduire à
notre égard. Ils ont sur cette guerre une opinion très -sim-
ple et toute fataliste : l'épreuve a été cruelle; il faut atten-
dre le lendemain. Les chiffres de l'emprunt ont pénétré
dans ces provinces. C'est une surprise tout à fait étrange
que d'entendre votre hôte, un paysan ou un petit proprié-
taire qui vous reçoit dans une cabane perdue au fond des
montagnes, à quatre ou cinq jours delà mer, vous parler des
milliards que nous avons souscrits. Ces sommes, dont nul
ne se fait une idée quelque peu précise, sont devenues lé-
gendaires comme les trésors d'un prince aussi riche que
les Francs, le calife Haroun-al-Raschid. Ni les Albanais,
ni les Grecs, ni les Slaves, ne pensent autrement que le»
Turcs. Pour ces contrées nous sommes ce que nous étions
hier^ ce que nous serons demain. La foi dans nos destinées
n'a pas été atteinte. Nous contribuons du reste à la main-
tenir en ne changeant rien en Orient à nos anciennes
1. M. Dumont était accompagné d'un artiste, M. Ghaplain.
uiyiuzeuuy^OOgle
324 EUROPE. {tr^ 401-412.)
habitudes. Si la station navale du Levant a été diminuée,
cette réduction est provisoire/et notre drapeau a para cette
année sur tous les points où il se montrait d'ordinaire. •
. M. Dumont était entré dans le pays par la Dalmatie; il
trace de cette contrée un aperçu qui appartient au géogra-
phe par Texactitade et la précision, à l'artiste par sa couleur
et sa vie. « La Dalmatie a une des formes les plus bizarres
que présente la géographie politique de TEurope, forme
tout artificielle, sans limite naturelle, si ce n'est à l'occi-
dent, où elle s'arrête à la mer. C'est un long triangle dont
la base est tournée au nord, et qui, descendant ensuite vers
le sud, se rétrécit rapidement, au point de n'avoir plus,
quand il se termine, que 3 ou 4 kilomètres de large. Dans
le district de Raguse, tel est ce peu de profondeur, que les
Turcs, de leurs montagnes, pourraientbombarder par-dessus
l'empire d'Autriche une flotte qui naviguerait dans l'Adria-
tique : violation de la neutralité qui n'a pas été prévue
par le droit des gens. Autre bizarrerie : le territoire otto-
man coupe la Dalmatie en trois morceaux. Pour aller par
terre d'Almissa à Slano, et de Gastelnovo à Gravesa, il
faut en demander la permission aux soldats du Grrand-Sei-
gneur.
« Cette province n'est qu'une bande de terre, un véri-
table ruban.. Plus de quatre-vingts îlots forment devant la
côte une guirlande de 200 milles de longueur. On navigue
au milieu des flores. Le sol est pierreux, d'un rouge-brun,
accidenté par de grands rochers, découpé comme une den-
telle. Ces teintes, tristes et pâles quand le ciel est voilé,
s'illuminent de couleurs dorées dès que le soleil, qui se
eache rarement dans ces contrées, les inonde de lumière.
A. l'orient s'élèvent les hautes chaînes de l'Herzégovine et
de la Bosnie ; k l'occident, l'œil se perd sur les flots de
l'Adriatique. Cette navigation a toutes les beautés que peut
donner la triple réunion de la mer, des montagnes et du
soleil, l'intérêt d'un voyage où l'on passe d'un canal à un
uigmzeuuy Google
ALBANIE. 325
autre, sans perdre jamais de vue la terre, les maisons^ les
champs, le spectacle de l'activité humaine. Tantôt le bateau
longe des côtes boisées, découvre de vertes et fraîches val-
lées, comme le canal des Gastelli, que les nobles vénitiens
avaient couvert autrefois de villas ; tantôt, à Sebenico par
exemple, il entre dans des golfes profonds, sinueux, où la
mer encaissée et paisible semble ne plus être qu'un large
fleuve. Partout les jeux de la lumière et de l'eau sont
infinis, dans ces criques, sous ces rochers profonds, sur ces
longs détroits que le ciel colore de teintes toujours variées,
depuis les longues traînées pâlissantes, mêlées de paillettes
brillantes que laisse le soleil couchant, jusqu'à l'éclat des
feux du midi. Plus on descend vers le sud, plus les aspects
ont de grandeur. Les bouches de Gattaro sont un des plus
beaux points du monde. A peine a-t-on dépassé Yitaglina
qu'on ne voit plus l'Adriatique. Elle forme ici un grand
lac, qui lui-même en forme cinq autres, lac entouré de
montagnes à pic, partout couvert de chantiers, de maisons,
de villages, de forteresses. C'est la Suisse, mais sous le
soleil d'Orient, une Suisse où le pied des montagnes
plonge dans la mer.
« Les villes, poursuit le voyageur, sont sur la côte ou
dans les lies. On entre en général en Daimatie par Zara ;
ainsi la capitale de la province est à rextrême nord, sur la
frontière, place singulière pour un chef-lieu, qui du reste
. ne mérite ce privilège ni par sa richesse ni par sa popula-
tion. C'est un centre administratif qui perdrait demain la
moitié de ses habitants, s'il cessait d'être la résidence du
gouverneur. Le moyen âge a légué aux temps modernes
sur cette mer six ou sept cités, dont la plus importante
compte à peine 10 000 habitants. Quand les événements
les réunirent sous une administration commune, le doge
établit un provéditeur à Zara, qui était le point du pays le
plus rapproché de Venise. Le feld-maréchal autrichien
succéda au provéditeur. C'est au temps et à l'histoire, plus
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326 E^RQPE; (n°' 401-412.)
encore qu'à ]§ nq^ispn de HabsJjQiiirg, qu'il f^ut fgprppher
Tabs^nçe en cette pfpyii^pe d'iiq^ capitale naturelle. Zar^fi
4es magasins, up çorso pt de^ fonptioi^naires. SebenipQ,
SpalaiQ, Trau, Ajinissa, Raguse, Caftaro, g^rdpijt çn aefpept
plus original. Ce jBont de vieilles cominui}es 4i? n^pyeîi te®>
perdues sur les derniers rochers dp TEu^ppe, sliurps et
occidentales, p^vilisées et b^rbarps. De petitps rues tor-
tueuses qui grimpent en escalier, pavées de cailloux b]ai}cs
ou de grandes dalles glissantes, — des ma^sops solide^ ^t
noires, bâpes de gyj[?sse8 pierres brunies par Jes siècles,
bardées de barreaux de fer, ornées (l'écussons, de b^
reliefs, de statues, — la place publique où est le palais 4p
Ig. commune, la Jpggia pu siégpait le ji^ge, — ja 4on^n^,
édifice important dans un pays qifi en tirait Ip p}us cl^ff
de ses revenus, — le por};, petit, bien ferpé, fl^pqué 4p
hautes tours, accessible par un goulet étroit, vérita|)le
prison o(j oij meftai); \e^ navires sous plef, -rr le dôme et jf^s
églises, que yipgt génératipps ont cqmblées ^e présent^ :
toutes ces villes pnt le même aspect; elles sppt g.ijjpur4'lmi
ce qu'elles étaient au seizième sièple.... »
« Dès qu'on s'éloigne de la côte, on ne frpuve plu§ que
de grands villages. Knxp, Qbrav^tz, Scardppa mêpae, ne
peuvent prétendre au titre de villes. ÎJomJjre de chpfs-Ueijx
de district^ inscrits en lettres capitales sur la carte, sont
des créations administratives nées 4'Jiîer et qui pourraient
disparaître demain. Le Dalmate moderpp n'aipe pus les
agglomérations; pomme ses ancêtres, donjt le Porphyrogé-
nète disait, c jDe peuple ne peut souffrir que deux cajjapes
soient Tune près de l'autre, » il dispprsp ses n^a^ops çi^
de grands espaces. Vpus arrivez à Zemenico, yous en sor-
tez sans avoir vu autre chose qu'une église et un poste de
spldats. Vous demandez le phef-lieu du canton, on vous
réppnd que vous y è^es; vo^re gi^idp vous montre à 4p^9|
sur une hauteur, cinq ou six maisons; vous en découvrez
quelques autres dans la plaine et sur une seconde collinp :
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ALpfNlE. 327
CQ mot dp Z^mejïicQ ^9t ?^ne ^i^prçssiq^ g^ûg]:.apt)jqaQ. Lps
savai^ts qui cpf^sulfe^t )a c^fjt^ de 1$^ Q^lm^tie publiée rë-
cemQ^e^t en vingt fpi^flles p^r ('^t^ilTmajor autrichien peu-
vent être sArs que tou^ps 1|5§ Jpcalitp§ qui oflt Tfipijneii^r de
figurer ^ur cp docun^pnt f g^sei]a|)lpi^f pl^s ou moipç ^ Ze-
menico. >»
L' Albanie, où M. Albert Pi^pqqnt enfre p?i.f §cutari, le
place ^u milieu d'un nouv^a^ cf^^inp d'ol);$erva^ipff$. ^^
Daimatie, c'est \e pays surtout qu'il étudie ; en Alb;^p|ey c'est
le pppplp. L'Albanais, — le Sfcypétar, cpmme il ^f\ nomme
lui-même, -rr est un peuple vjerge, presque uij peuple pri-
mitif, qui n'a rien d'Pi^pppé^n. Familier ^vep l'antiquité
hellénique, M. Di^ippi^f est^ pf^^que instant frappé, dans
le costume, dans les pœ^r^, dans |es ha})jtudps, d'analo-
gies qi^i lui rappellent les C^f^çs f^ps tei^ips homériques.
liQS Skypétar^ occupent, du feste, ce qpi fut autrefois la
terre des ^pélasges, et il y a gfande apparence qu'une par-
tie au moiqs du sang de la race priuipr4iale cou|e «ncore
dans leurs veines.
« L'Albanajs a une parfai|;e distinction; la tête petite, le
Dez fin, Vœil vjf, ouvert en amande, le cou long, Ip cprps
inaigre, }j38 jambes hautes e^ nerveuses, il r^ppellp le type
pre;p;pf du Grec, tel que la sculpture archaïque l'a repré-
sente sur les marbres d'Égine. Il n'est pa^ jusqu'au cos-
tume qui pi9 fasse souvenir de l'antiquité, l^ fustanpUe
hianphe f^ppe^jp pe que devait être la tuniqup plissée à la
ceinture ; les grandes guêtres qui enveloppant les jambes
jusqu'aux geupux sont |es cnémidps de ykge héroïque. Le
costume p'est^ pas étoffé pt flottant comme à la belle époque
grepque ; mais on voit bien, par les vases d'ancien style,
que les Hellènes 4'^utrefois n'avaient pas sur c^ point les
habitudes des contemporains de Périclès. p'est en Albanie
qu'ilfaut chercher aujourd'hui l'explication des plus anciens
costumes helléniques.
« Il n'y a pas de lien entre les différentes tribus d'Al-
ûigitizedby Google
328 EUROPE. (n" 401-412.)
banîe^ dijt encore M. Albert Dumont. Elles parlent des
dialectes peu différents, portent nn nom commun, se réunis-
sent contre l'ennemi étranger. En temps de paix, chacune
d'elles reste isolée dans sa montagne. Leur pays est divisé
en clans qui s'administrent comme il leur plaît, ou plutôt,
— car le mot administrer est faux, — qui vivent à leur
guise. Aucune organisation n'est plus simple : les vieillards
ou pliaks s'occupent des rares questions qui peuvent se
présenter, par exemple de l'époque où on conduira les
troupeaux au pâturage, de la division de ces pâturages,
des réclamations qu'il faut faire à un clan voisin, des dé-
bats qui s'élèvent entre deux habitants. Ce n'est pas qu'il
y ait une règle établie, encore moins une loi écrite ; mais
les chefs de famille se réunissent naturellement pour les
décisions qui les intéressent. Il en était de même dans
toute la Grèce primitive, où les gouvernants de chaque
tribu s'appelaient les vieillards^ ^épcyTEç. Ces anciens inon-
dent la justice, assis en cercle sur des pierres, comme ceux
qu'on voyait sur le bouclier d'Achille.... »
Le voyageur dit encore : « L'ancien Monténégro et la
Mirditie actuelle font bien comprendre ce qu'était l'état
homérique, réunion de plusieurs clans, déjà plus avancé,
plus près d'une organisation régulière que le pW albanais.
Le gouvernement y était celui de tous, surtout celui des
vieillards ; un chef, dont l'autorité, tantôt contestée, tantôt
acceptée, n'avait rien de défini, gouvernait avec les notables
et avec le peuple. C'était la nécessité, non une constitu-
tion ou même la réflexion, qui avait établi cet état de
choses; il ne prit quelque force que par la consécration reli-
gieuse. Les rois grecs furent puissants quand ils rattachè-
rent leur origine aux divinités de TOlympe ; les princes de
Mirditie et de la Montagne-Noire, quand ils eurent un
caractère religieux. »
Et enfin cet autre passage : « La vie albanaise est très«
simple ; — ces peuples ne sont pas agriculteurs, et ils ont
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ALBANIE. 329
le mépris du travail pénible. Ils conduisent leurs trou-
peaux aux pâturages, comme faisaient les héros grecs, qui
étaient tous bergers. Si la saison est trop mauvaise, ils brû-
lentduboisetenvendentlecharbon.G'estlàcertainementrin-
dustrie la plus primitive que l'historien prisse imaginer. Us
viventdans des maisons misérables ; beaucoup de ces cabanes
possèdent quelques objets précieux, trésor du maître : non-
seulement des armes, mais des aiguières ciselées, des col-
liers d'or, quelquefois d'admirables bijoux. Gomment ces
merveilles se sont-elles égarées dans ces montagnes ? Nul
ne le sait. Les Albanais les pins considérés, ceux qu'on
appelle des pliaksy et que l'on regarde comme l'élite de la
race, prennent part aux travaux les plus vulgaires. Pendant
que le fils conduit les bœufs aux champs, comme Ménélas,
le père construit sa maison lui-même comme Ulysse. Pour
le dîner où il vous reçoit, il tue lui-même le mouton, ce
que faisait aussi Achille. On s'assied par terre, au miUeu
des ustensiles les plus communs; vous voyez circuler de
main en main une coupe prise sur des ennemis civilisés.
Les femmes de la maison vous servent. Le repas fini, le
pliak prend la guzla et en joue lui-même, pendant que les
jeunes gens luttent à la course et aux jeux d'adresse, ou se
réunissent pour le cholo^ cette vieille danse où les hommes
se tiennent par la main et simulent la marche des victimes
dans le. labyrinthe de Crète. Ainsi tout reporte le souve-
pir aux descriptions homériques. >
Nourri ainsi de rapprochements instructifs, et d'ailleurs
plein d'observations et de faits qui font admirablement
conniutre l'état des populations et la situation du pays, le
récit du savant voyageur est un des plus attachants que
m'ait fait rencontrer la bonne fortune de mes lectures.
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330 - EUROPE. (n°413.
m
GRECE.
41S. D'R. ScHiLLBACH.AusflugnachOeniadae inAkarnanien.-^ctohr.
der Gesellsch. fur Erdk. %u BerltUy VIIj^^« cah. (n''38), 1872,
p. 9M19.
Recensement da royaume de Grèce en 1870.
On vient de publier les résultats officiels du recense-
ment exécuté au mois de mai 1870 dans toute retendue du
royaume de Grèce*. M. le conseiller d'État Alexandre
Mansolas, dans son rapport préliminaire, nous apprend
que ce recensement a été pratiqué diaprés le mode géné-
ralement adopté par les États européens depuis le congrès
de statistique de Florence en 1867, au moyen de cartes
individuelles, par conséquent avec des garanties de certi-
tude plus complètes que dans les opérations précédentes.
Mais çur différents points, par suite de difficultés locales
insurmontables, il s'est prolongé bien au delà du term^
fixé par la loi. De plus, pour les citoyens vivant à l'étranger
et particulièrement dans l'empire ottoman, et dont Finscrip-
tion devait se faire aux consulats, au bout d'un an les listes
n'étaient pas encore complètes. Enfin, dans la comparaison
avec les résultats du recensement antérieur, des réserves
doivent être faites au sujet de certains chiffres, notamment
de ceux fournis par les districts montagneux du Nord, sur
la frontière turque. Les populations vivent dans un état de
demi-barbarie, et l'action administrative ne peut s'y exer-
cer avec la même régularité que dans le reste du royaume.
Pour la première fois, on a inscrit dans ce relevé, à côté
1. Plétysmos tés Hellados kata to etos 1870. Athènes^ 1871.
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4îj cbjfire fie |a pppulatîqn ré§î4ftii| djps |^ }ppalit^ (^èî^o-
f(ii), celui (}es çitoyeqç qui lépal|3ïpept ei^ fpRt pt^rtjp, j^jpfs
njême qu'ils h^biteift teipporairement dans 4'aptre§ Ipcfi-
lités o\\ à rétr^pger. Gpmipe dans cette pation, dont une
forte partie s'adonne au commerce et à iVmarinjB, Jes 4é-
pjaceipept^ §on(; noipbreîix et confii)]^pls, i} exi^tq n^tqrel-
lenaent des différences considérablps eptre pe§ ideif^f^ caté-
goriels. Les grapdes yilje^ en particulier, qi»i preçque Coptes
sont des ports de naer, dpnnent popr |a population effective,
qui repferme nombre d'étrangers^^ un chiffre dépassant de
beaucoup celui de 1^ population natipnale.
Aussi placerqps-npus les deux résultats ^p face l'uq ^e
l'autre, et en rapprocherons-nous lej^ cjiiflrep pfficipjs ^n
recensement antérieur, afin que d'un coup d'œil on puisse
sp rendre compte du mouvement qui s'est prp,du|f danç }a
pppulatjpn p^endan^ ces djx dernières année?.
Nômes. Population effective. Née
1861 1870 dans le pays.
Attiqjie et Béptie 116 02^ 136 BOk Jll 65p
Eubée 72 368 82 541 8350^
Locride et Phocide 102 291 108 421 106 426 .
Acarnanie et Étoile 109 392 127 693 121 956
Achaïe et Élide 138 249 149 561 147 149
Arcadie 113 719 131740 140 922
Laconie....; 96 546 105 851 108 342
Messénie.....'. 117 181 130417 128853.
Argolide et Gorinthie. ... 112 910 127 820 138 409
Gyclades 118 130 123 299 123 783
Corfou^ 99 533 96 940 Î5 94Q
Céphalonie 92 929 77 382 80 004
Zante.. 44 760 44 557 44 813
1096810 1 437 026 } 431 761*
1. On retrouve les mêmes chiffres, mais avec un détail de subdivi-
sions où nous ne croyons pas devoir entrer ici, dans là publication de
M. Behm, formant le n- 33 der Ergânzungshefte des Mittheilùngen de
Petermann (Gotha, 1872), p. 27 à 29.
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332 ' EUROPE. (n*413.)
Le nombre total de la population civile effective est donc,
d'après le dernier recensement , de 1437 026 ftmes, se
subdivisant en 1 431 761 nationaux et 5261 étrangers. En
y ajoutant l'armée de terre, 12 420 hommes; la flotte de
guerre, 1315 hommes, et 7133 personnes exécutant des
voyages sur mer, le total s'élève à 1 457 894 âmes. La dis^
proportion entre les deux sexes est frappante, puisque, sur
ce total, il n'y aurait contre 754 176 hommes que 703 718
femmes. L'accroissement de la population depuis neuf ans
n'a pas dépassé une moyenne générale de 1 p. 100. Elle
est plus élevée dans les anciennes provinces, où la popula-
tion s'est élevée de 1 096 810 âmes en 1861, k 1 225 673,
ce qui donne une augmentation de une tète sur 85, que
dans les îles Ioniennes. Dans ces pays annexés, pour nne
période de cinq ans, l'accroissement n*a été que d^une tête
sur 643. Quelques îles, comme Leucade et Zacinthe, ont
même subi une diminution, d'ailleurs insignifiante, de po-
pulation.
Ce fait s'observe, du reste, dans d'autres îles faisant pré-
cédemment partie du royaume et principalement dans celles
d'Hydra, Santorin, Ândros, Âmorgos, Milos, Eythnos,
Eeos, Mykonos, qui ont perdu en moyenne de un douzième
à un sixième de leurs habitants. Gomme leur climat est
d'une salubrité reconnue, cette diminution ne peut s'expli-
quer que par une émigration assez forte vers des places de
commerce pks importantes. Dans le fait, la plus grande et
la plus fertile des Gyclades, Naxos, et la plus commer-
çante, Syra, présentent une augmentation considérable qui
compense presque la perte éprouvée par le reste de l'ar-
chipel.
Ce recensement né fournit pas de renseignements sur la
population propre à chacpie localité, ce qui tient à ce que
le plus souvent la commune {démos) en tant que circonscrip-
tion politique» comprend plusieurs localités distinctes, pa^
fois jusqu'à trente ou quarante. On peut cependant citer
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AUTRICHE. 333
quelques exceptions : ainsi le Pirée qui, de 6452 âmes en
1861, s'est élevé à 11047, et Hermopolis, dans Tîle de
Syra, qui possède 20 996 habitants et n'en avait que 18 511
en 1861. Au contraire, Galaxidi, dans le golfe de Gorinthe,
est tombé de 6185 à 4579 âmes.
Mais la commune formée par la capitale elle-même,
Athènes, renferme 15 autres localités distinctes; celle de
Fatras, la seconde ville du royaume pour l'importance de
son commerce, en contient 27, de sorte que l'accroissement
de 43 371 à 48 107 âmes pour Athènes et de 23 020 à 26 190
pour Patras doit être partagé entre chacune de ces villes
et les bourgades environnantes. Quant aux autres grandes
villes, telles qu'Argos, Sparte, Tripolis, Chalcis, Lamia,
auxquelles sont annexées en moyenne de 10 à 20 bourgades,
les chiffres donnent, ou une augmentation peu considérable,
ou un état stationnaire de la population.
IV
AUTRICHE.
414. Der Golf von Buccari-Porto Rè. Bilder und Skizzen. Pragf, Druck
und Verlag voû H. Mercy, 1871, in-4^, vm-l25 pages, imprimé
sur papier peau-vélin, avec vignettes, eaux-fortes, plans, figures
en couleur, et deux grandes cartes lithochromiques.
Ce beaa volame, œuvre d'artiste et de prince, est da même auteur
que la splendide relation des lies Baléares dont nous avons annoncé
l'apparition en 1869 {Année Géographique^ t. IX, p. S78), et dont nous
aurons tout à Theure à mentionner le 2* volume (ci->après, à l'article
Espagne). Au fond de la mer Adriatique, entre Tlstrie et la Croatie, le
golfe de Quamero se creuse un large bassin qui s'enfonce profondément
dans les terres. Semé d'Iles bizarrement déchiquetées, ouvert au souffle
violent des vents du sud, enveloppé de côtes abruptes et découpées, ce
beau golfe est un de ces lieux que les marins redoutent et que recher-
chent les admirateurs des grands sites. La coupure étroite et assez
profonde qui prend le double nom de ces deux villes, Buccari et de
Porto Rè, est une des rades principales, et des plus pittoresques, de la
côte orientale du Quamero, sur le littoral carintbien; la plume et le
crayon du voyageur en décrivent d'une manière saisissante les aspects
et les localités. Les plans, les vues et les esquisses complètent l'œuvre
géographique. *
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334 EtJJFtbi^È. (n°' 414-425.)
41ô. MoAumenia spectaiitia historiatn Slavoriini méridionàliùm.Hdidit
academia Scientiarum et Ârtium Slavoruin tneridioaalium.
Vol. II. Agram, 1870, in-8% xxxyi-464 pages.
416. K. Keleti, Direktor des kônigl. ungar. Statistischen Bureau's.
Uebersicht der Bevôlkerung des Staatsgebiets, der Wohnver-
hâltnisse und Hausthiere sânltnilicher Lânder der Ungarischen
Krone. Auf Grund der Ërgebnisse der im Jahre 1870 durchge-
fûhrten Voikszàhlung, und anderer amtlichen Daten zusammen-
gestellt. Pest, 1871, in-4% 40 p. 1 fr. % c.
Résultats sommaires du dernier recensement, îïrésentés d'une ma-
nière claire et pratique. Les tableaux comprennent la Hongrie, la Tran^
sylvanie, Fiume, la Croatie, la Slavonie et les Frontières Militaires.
Outre les résultats généraux, on trtiiive ici la liste de toutes les locali-
tés de 5000 âmes et au-dessus'.
417. E. Sayous. Notice sur une carte philologique de la Hongrie.
Bulletin de la Société de Géogr.de Paris^ avr. 1872, p. 440-443.
Le savant professeur appelle dans cette note toute l'attention des
cartographes sur la correction des nomenclatures nationales.
418. W. ObermOller. Zur Ahstammung dei* Magyaren. MittheiL der
Geogr. Gesellsch. in Wien, 1871, n" 12, p» 655-589.
419. Rich. KiEPERT. Die Ruinen von Sarmizegetusa. Zeitschr, der
Gesellsch. fur Erdk, au Berlin, VII, 1872 (n« 39), p. 263-268;
carte.
420. Heimatskunde der Bucovina. Caernow^ilHj 1872, petit in-8»,
vi-61 pages.
Manuel scolaire.
421 é D*^ F, Krackowizer. Heimatskunde von OberôstfeirrBieh. Lins,
1872, in-8% iv-140 p.
Manuel de môme nature que le pirécédètit. O'atltrës provinces de la
Monarchie autrichientie, où les études géographiques sont trè&-encou-
ragées, possèdent des Manuels analogues.
422. K. HoFMANN und J. Stûdl. Wahderiingën in der Glockner-
Gruppe. Mûncherij 1871, in-8'', 391 p., avec éàrte et illustra-
tions. (Extrait de la Zeiischr, des Deutschen Àlpen-Vereins).
2 thl. 1.
423. J. V. :^iNGERLE. Sitten, Branche, uiid Meinungen deâ Tiroler
Volkes. Innshr.j 1871, in-8% 1 thl. 26 sgr. (Wagiier).
1. M. Behm, dans sa récente publication formant, sous le titre die
Bevôlkerung der Erdé, le n*» 33 der Ergànzungshefte ou Cahiers
complémentaires des Mittheilungen de Petermann, a pu donner,
d'après une communication du Bureau statistique do la Coiitonne de
Hongrie, la population des localités de 2000 âmes et au-dessUà (p. 65
et suiv.).
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ALLEMAGNE. 336
424. Àib. WoLFP: Le Tyrol et la CarinthiCi Mœurs, paysages, lé-
gendes. Paris, 1872, gr. in-18. 3 fr. 50 c. (Lévy).
425 Dan.LÉvT; VAutriche-Hongriej ses institutions et ses nationa-
lités Paris/lSn^ in-12, xîxi-3ll pages (Didier) ;
Les difficultés d'organisation intérieure qui divisent en ce moment
les esprits dans l'empire autHchien et attirèntjà si juste titre^ l'atten-
tion du public européen, donnent un intérêt particulier à ce livre, où
elles sont consciencieusement étudiées et exposées avec clarté. M/ Da-
niel Lévy présente d'abord le tableau statistique dés races diverses
réunies sous le sceptre de la monarchie austro-hongroise; puis, après
avoir tracé rapidement l'histoire de la formation de l'empire et celle
des royaumes de Hongrie et de Bohême, il parle avec plus de détails
dd réveil des nationalités, des soulèvements de 1848 et des divers essais
de réorganisation jusqu'à la constitution de décembre 1867. Entrant
alors pleinement dans son sujet, il fait connaître les institutions des
deux moitiés de l'ëm^irëj en deçà et au delà de la Lëiiha, leë parle-
ments, les délégations et les diètes ; il étudie ensuite le programme et
les tendances des principaux partis, et termine en faisant ressortir la
nécessité d'un accord fondé sur des concessions réciproques. Si toutes
les parties du sujet traité par l'auteur n'ont pas été également étu-
diées, si, par exemple, les questions intéressant les populations slaves
paraissent trop peu approfondies, l'ouvrage de M. Lévy n'en est pas
moins, 'dans son ensemble, utile et intéressant, en ce qu'il présente
réiltiies un grand nombre d'informations qui, jusqu'ici, li'étaient pas
facilement à la portée du public français. > (^Noticeê bibliogrûph. du
Journ. des Sav.)»
ALLEMAGNE.
EMPIRE.
426. Jules Zeller. Origines de rAllemagne et de l'Empire Germa-
nique. Paris, 1872, in-8"» (Didier).
Bien que formant un ouvrage complet en tant qu'étude des origines,
cet ouvrage n'est cependant que le l^"^ volume d'une Histoire d'Alle-
magne dont les autres parties paraîtront successirement. — Voy. ci-
après, aux développements.
427. A. Geoffroy. Les origines du germanisme. Reijue des Deux^
Mondes, 1" mars 18'/2, p. 158-187.
Fin d'un savant travail dont nous avons mentionné les deux pre-
mières parties dans notre précédent volume, p. 324, n« 591.
428. W. Kellner. Chatten und Hessen. Ârchiv fût das Studium det
neueren Sprachen. 1871, p. 85.
519. Â. DoFREâi^E. Racé allemande et race française. Dualité de là
.oogle
336 EUROPE. (n* 426-437.)
race Teuto-Germanique. Différence orig^elle entre la race aile»
mande et la race française. Paris, 1872, in -8*, iv-88 pag;es.
Travail d'une yalenr scientifique fort inégale; mais ce qu'on y poor-
ratt reprendre de vague, de hasardé, de mal défini dans les premières
parties, est racheté par le sentiment et Texpreasion des dernières
pages.
43G. £. ScHATZMATR. DeutschlandsNorden undSûden. Skizzenihrer
nationalen Eigentbûmlichkeiten. Braunschweig , 1871, in-8*.
2 fr. 50 c. (Bruhn).
431. H. NOB. In den Voralpen. Skizzen ans Oberbayem. Mûnchen,
1871, in-8». 5 fr. 50 c. (Gummi).
432. H. Frôlich. Die Schwàbische Alb. Stuttgart, 1872, in-8".Carte.
3 fr. (LéVy).
433. A. Wàltenbebger. Orographie der AlgSLuer Alpen. Augshwrg,
1872, in-4*, 20 pages, avec une carte et une coupe. 5 fr.
(Lampart).
434. J. G. Rau und K. A. Ritter. Historische Earte der Rheio-
Pfalz. Nach dem politischen Territorial-Bestand im J. 1792
bearbeitet. Neustadt, 1871, in-f* piano. 1 thl.
435. H. ScHWEBDT und A. Ziegler. ThQringen. Hildburghausen^
1871, in-8% 2 thl.
436. A. J. Barch. Das Rhôngebirge : Wegweiser. Fulda, 1871, in-8*.
3 fr. (Maier).
437. H. MÔHL. Wandkarte der Rheinpfalz. Kaiserslautern. 1871,
9 feuilles (au 100 000'). 18 fr. (Tascher).
L'île Helgoland.
Les détails suivants sur cet îlot de la Mer du Nord, alle-
mand par sa situation géographique, anglais par Tannexion
politique, sont empruntés à la Revue Maritime et Coloniak
du mois de mars 1872.
En Angleterre on donne une attention particulière à l'ile
d^Helgoland depuis que notre puissance maritime commence à
se développer dans la mer du Nord, et que Pimportance straté-
gique de nie a été de nouveau mise en lumière par la guerre
franco-allemande. Que le gouvernement anglais soit loin de
songer à renoncer à cette lie, c'est ce dont on ne saurait dou-
ter, alors même qu'il n'aurait pas commencé à fortiOer Helgo-
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ALLEMAGNE. 337
land comme il Pa fait il y a quelque temps. On sait que plusieurs
canons Armstrong de 12 et de 40 sont arrivés d'Angleterre, et
ont été placés sur TOberland (plateau supérieur de PUe sur le-
quel s'étend une partie de la ville d'Helgoland, et qui du côté
Sud cooûne à la mer par des talus à pic). On y remarquait déjà
quelques fortifications. Les habitants de Plie, dont le gouver-
nement anglais» lors de sa prise de possession en 1807, a con-
servé tous les anciens droits, sur lesquels il ne prélève encore
aujourd'hui aucun impôt, et qu'il abandonne pour ainsi dire à
leur propre autorité, ne désirent pas, dans de pareilles condi-
tions, être réunis au Danemark, dont ils relevaient naguère,
non plus qu'à PAllemagne. Gomme ils ont conscience du danger
dont leur île est menacée par suite des envahissements de la
mer, les questions politiques ont pour eux une importance se-
condaire, car ils sont souvent obligés de s'expatrier et de re-
noncer à leur nationalité. La région haute de PUe, le rocher
proprement dit, consiste en une masse argileuse et molle, que
les intempéries détériorent facilement. La décroissance progres-
sive de Pile s'explique par là, sans que d'autres phénomènes
tels que l'action destructive des hautes marées soient venus ac-
célérer la marche delà nature.... Que le rocher disparaisse, et
sa base se réunissant à PUe du Sable qui s'étend à PEst, créera
pour la navigation des dangers plus sérieux que les Goodwin-
Sands, si redoutés, de la côte anglaise. Il faut dire que ce ro-
cher qui se dresse au milieu des flots est un point de repère le
jour, surtout par temps de brume, de pluie ou de tempête ; la
nuit, par le phare qui y est allumé ; point de repère précieux
pour les navires à destination de l'Elbe, à cause des courants
très-dangereux de Pembouchure, et par cela même indispen-
sable aux navigateurs.
A propo» de rAUemagne. De rimpassibilité philosophique en histoire.
M. Zeller, professeur d'histoire à PÉcole Normale et à
l'Ëcole Polytechnique, vient de publier le premier volume
d'une Histoire d* Allemagne^ qui promet à notre littérature
historique une œuvre d'une valeur sérieuse. L'auteur y
combat plus d'une idée reçue ; mais ses vues s'appuient
toujours sur une solide érudition. Un critique autorisé,
M. Fustel de Goulanges a fait néanmoins, dans la Revue
L'àMNÉB GtiOOR, XI. 23
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338 EUROPE. (no" 426-437.]
des Deux-Mondes^ quelques réserves sur certaines tendances
de Teisprit de Thistorien, auxquelles les derniers événe-
ments ne sont pas étrangers. « Ce ne sont pas nos récents
désastres, dit le critique, qui ont appris à M. Zeller k con«
naître ]a Germanie. Le livre qu'il vient de publier était
écrit il y a dix ans. La préface seule est nouvelle, et ce n'est
pas elle que nous louons ici; nous oserons même dire
qu'elle fait tache, qu*elle dépare un livre de pure science
historique. Elle sent l'ennemi, et nous ne voudrions pas
qu'un historien fût un ennemi. Elle est faite pour la guerre,
et nous ne croyons pas en France que l'histoire doive être
une œuvre de guerre. Dans le corps même de l'ouvrage,
un ton d'amertume perce trop souvent. L'auteur semble
avoir de l'antipathie et presque de la rancune à l'égard de
son sujet. Il ne dit que la vérité; mais il ne se cache pas
d'être heureux quand la vérité est défavorable à l'Alle-
magne. Le fond est d'une érudition exacte et sûre ; la forme
est trop souvent celle de la récrimination et de la haine.
Ce défaut choquera sans nul doute quelques lecteurs fran-
çais ; au moins ne saurait-il choquer les Allemands : quel
est rhistorien d'outre-Rhin qui jetterait la première pierre?
« Assurément il serait préférable que l'histoire eût tou-
jours une allure plus pacifique, qu'elle restât une science
pure et absolument désintéressée. Jîous voudrions la voir
planer dans cette région sereine, où il n'y a ni passions, ni
rancunes, ni désirs de vengeance. Nous lui demandons ce
charme d'impartialité parfaite qui est la chasteté de l'his-
toire. Nous continuons à professer, en dépit des Allemands,
que l'érudition n'a pas de patrie. Nous aimerions qu'on ne
pût pas la soupçonner de partager nos tristes ressentiments,
et qu'elle ne se pliât pas plus à servir nos légitirnes regrets
qu'à servir les ambitions des autres. L'histoire que nous
aimons, c'est cette vraie science française d'autrefois, cette
érudition si calme, si simple, si haute de nos bénédictins,
de notre académie des inscriptions, des Beaufort, des Fré-
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ALLEMAGNE. 339
ret, de tant d'autres, illustres ou anonymes, qui ensei^
gnèrent à l'Europe ce que c'est que la science historique,
et pii semèrent, pour ainsi dire, toute l'érudition d'aujour-
d'hui. L'histoire en ce temps-là nç connaissait ni les haines
de parti, ni les haines de race ; elle ne cherchait que le
vrai, ne louait que le beau, ne haïssait que la guerre et la
convoitise. Elle ne servait aucune cause; elle n'avait pas
de patrie; n'enseignant pas Tinvasion, elle n'enseignait
pas non plus la revanche. Mais nous vivons aujourd'hui
dans une époque de guerre. Il est presque impossible que
la science conserve sa sérénité d'autrefois..., »
M. Giraud, en présentant, au nom de l'auteur, le livre à
l'Académie des Sciences Morales et Politiques, en a donné
l'aperçu suivant:
L'Histoire d'Allemagne de M. Zeller va jusqu'à la fin de la
guerre de Trente ans. Le premier volume, qui traite des Ori-
gines de VAllemagne et de V'empire gerxrianique^ est plein de
science et d'érudition. Après une introduction renfermant des
considérations sur la civilisation, la ppUtique et la science alle-
mandes et sur l'empire allemand et TAllemagne, l'auteur dé-
bute par Tétude du sol sur lequel s'est établie la race germa-
nique, de sa constitution géologique, de sa ççnfiguration
géographique et de ses rapports avec les autres contrées de
l'Europe.
11 s'occupe ensuite de la race elle-même et de ses affinités
avec les deux autres races entre lesquelles elle est, pour ainsi
dire, enfermée : la race slave et la race celliquel Le chapitre
suivant, consacré aux mœurs des anciens Germains, est un sa-
vant commentaire du livre de Tacite, avec des conclusions dif-
férentes. M. Zeller met la race "germanique en présence de Ja
civilisation romaine. Il montre, penda,nt les deux' premiers siè-
cles, Rome contenant et refoulant ces barbares : Ghérusques
Marcomans, Bataves, Daces ; il raconte les campagnes de Dru-
sus, de Tibère, de Germanicus, qui vengèrent sur Marbod et
sur Armin le désastre de Drusus, en forçant la barbarie à re-
culer.
Mais pendant les deux siècles suivants, les Germains repren-
nent l'avantage, et l'on voit l'invasion en marche, puis l'inva-
sion réalisée, devenue définitivement maltresse du sol. Mais à
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340 EUROPE. (n«" 438-456.)
cette période succède celle où la Gaule gallo-franke prend une
sorte de revanche sur la Germanie. Les deux derniers chapitres
(vi« et Yii«) du volume sont consacrés à la Germanie mérovin-
gienne et à TAIlemagne karolingienne. Le vi** est complet; le
vu«, très-étudié, ne se termine pas avec le volume : il ne con-
duit le lecteur que jusqu'à là conquête de la Saxe, et devra se
continuer dans le second volume. Cette première partie de
l'important travail de M. Zeller contient des vues nouvelles et
profondes ; c'est l'œuvre d'un esprit sérieux, patient et lacide.
VI
ROYAUME DE PRUSSE.
EMPIRE D'ALLEMAGNE.
438. G. Neumann. Das deutsche Reich in geographischer^ statisti-
scherund topographischer Beziehung. Berlin, 1872, in-8*.
(MûUer).
Réimpression développée et modifiée de l'ouvrage poblié par l'aa:
teur il y a quatre ans sous le titre de Géographie des Preussùchen
Staates. L'ouvrage formera 2 volumes, publiés en 25 livraisons à 1 fr.25.
U n*a encore paru que les premières livraisons. G*est un travail moins
descriptif que statistique.
439. Militair-Geographie das deutschen Reiches. Frankf, a. Jf. 1872,
in-8«, ix-348 p. 5 fr.
440. N. E. TuxEN. Les nouveaux port» militaires de l'Allemagne;
trad. du danois par Spldi. Revue Marit, et Colon, , cet. 1872,
p. 709-732 (avec additions et carte).
s Jahde, Kiel, etc., etc. Ënumération des ports et de tous les points
militaires de la côte prussienne.
441. G. Berenberg. Die Nordsee Insein an der deutschen Kûste.
Uanover, 1872 (3« édit.), in-8% 153 p. Carte. 3 fr. 75 c.
442. H. A. Meybr. Untersuchungen ûber physikalische Verhâltnisse
des westUchen Theils der Ostsee. Ein Beitrag zur Physik des
Meeres. Kiel, 1871, in-f% 211 pages et 6 tabl. 8 thlr.
443. Lagneau. Sur l'ethnologie des populations du Nord-Est de l'Al-
' lemagne. Bulletins de la Soc. d'anthropologie de Paris, août-
sept. 1871, p. 196-202.
444. RocHET. Sur le type prussien. If«liefms de la Soc, d^anthropol,
août-sept. 1871, p. 188-196.
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PRUSSE, PAYS-BAS, SUISSE. 341
445. Th. FoNTANE. Wanderungen durch die Mark Brandenburg-Ost-
Havellând. Berlin, 1872, in-8% 3 thlr. (Besser).
446. Verzeichniss sammtlicher Ortschaften der Preussischen Provinz
Sachsen. MagdeburQf 1872, in-4*. 2 thlr. (Braensch).
Il se publie actuellement en Prusse des dictionnaires spéciaux de
chaque province. Outre celui dont nous venons de relever le titre,
nous connaissons l'existence de GazetUrs analogues pour les provinces
de Silésie, de Hanovre et de Prusse orientale. Nous présumons que
chaque province doit avoir le sien sur le même plan. Ck>mme nous
n^avons encore aucun de ces Dictionnaires provinciaux entre les mains,
nous n'en pouvons rien dire de plus quant à présent.
447. C. GRiEF. Zur Geschichte der Vermessungen und Kartographie
der Elbherzogthûmer. viii-ix^ Jahreshericht de Vereins fur
Erdkunde su Dresden, Dresden, 1872, in-8% p. 46-59.
448. Preussischen Generalstabs Topographische Karte vom ôstlichen
Theil der Monarchie (au lOOOOO»). Feuilles 45 (Pr. Eylau);
64, Elbing; 89, Arys; 127, Willenberg; 146, Sauldau. Berlin y
1871 (Scbropp). Chaque feuille, 1 fr 25 c.
VII
PAYS-BAS.
BELQIQnFriSUISSE.
449. Topographische Atlas van het koningrijk der Nederlanden, op
den Schaal van 1 : 200 000. Yervaardigd volgens de topogra-
phische en militaire Kaart op het Topographisch Bureau van
het département van Oorlog. s* Gravenhagey Topographisch
Bureau, 1871, in-4% 20 cartes. 12 fl. (Smulders).
' 450. P. BoEKEL. Het Haarlemmermeer, wat het was, en wat het is.
AmsUrdam, 1872, in-8*, 82 p. fl. 0,30 (Funke).
451*** La Hollande et l'Empire Germanique. Hevwe des Deux^Mondes,
15 avr. 1872, p. 737-763.
Article de géographie politique ; la page suivante en renferme la
substance :
Dans une conversation — très-piquante par la forme, très-sérieose
pour le fond — entre un Allemand, un Français et un Hollandais, ce-
lui-ci dit au premier : « Yous partez toujours de l'idée que nous som-
mes des Allemands comme vous, sauf quelques différences extérieures
ne touchant pas au fond. A ce compte, la France aurait le droit de
réclamer comme ses enfants les Wallons de Belgique, les Romands
I de Suisse, les Italiens du nord. Ne confondez donc pas la race et la
I, u,g,uzeuuy^.vJOgIe
I
342 EUROPE. (n'*' 457-467.)
•
nation; autrement on ne saurait ce que l'Europe va devenir. Mous
sommes en majorité d'origine germanique, cela est vrai, bien que nous
comptions aussi de nombreux éléments celtiques dans nos popula*
tions; les Danois, les Scandinaves en général sont aassi d'origine
germanique. Voulez-vous également les annexer? Notre langue est
germanique, comme les leurs et comme l'anglais, mais elle, n'est pas
du tout un dérivé, encore moins un patois de rallemand. Elle est aussi
originale que la vôtre. Elle se rattache comme la vôtre au vieux tronc
germanique, dont elle est une branche ipdépendantè, poussée parallè-
lement aii haut-allemand, lequel n'est devenu (juê peu à peu l'alle-
mand moderne. Il y a même des savants qui prétendent qu'elle est
plus rapprochée que la vôtre du tronc primitif. Un Hollandais et un
Allemand ne se comprennent pas quand ils se parlent chacun dans sa
langue. Notre articulation est inute difîerente. Voyez vous-même : nous
sommes trois ici de nationalité distincte ; pour lier conversation, comme
je ne sais pas parler allemand et que vous ne savez le hollandais ni
l'un ni l'autre, nous avons dû recourir au français. Je ne me .flatte pas
de parler très-purement cette langue, cependant je la parle sans diffi'
culte avec les personnes que mes fautes n'effarouchent pas; des mil-
liers dé mes compatriotes sont dans le même cas, et Je vois combien
vous autres de la haute Allemagne vous ave2 de peine à ne pas estro-
pier tout mot français où se rencontre un /", un p ou un d. Au surplus,
qu'importe cette question de langue? Nous parlerions allemand comme
les Suisses et les Alsaciens que nous ne serions pas Allemands pour
cela. Notre histoire, nos anciennes constitutions, nos mœurs, nos qua-
lités et nos défauts réunis, tout nous distingue de vous, et si rien ne
nous empêche de rester bons amis sur la base du respect de nos droits
réciproques, vous pouvez être certains de nous avoir pour ennemis
irréconciliables dès que vous ferez sérieusement mine de nous «ssn -
jettir.... »
452. Statistique de la Belgique. Population. Recensement général,
31 déc. 1866. Publié par le Ministre de l'Intérieur. BruxelleSj
1870, in-4% 736 pages.
453. Carte topographique de la Belgique, publiée par le Dépôt de la
Guerre (au 40 000«). Feuille 13, Bruges; 14, Lokeren ; 22, Gand ;
23, Malines; 29, Courtray; 37, Tournay. BruxelleSj 1871. La
feuille, 7 fr. 50 c. (Muquardl).
454. F. M. ZiEGLER. Die geograpl^ischen Arbeitep in der Schweiz
wàhrend des Jahres' 1871. Mittheilungen der Geograph, Ge-
sellsch. in Wien, B*» xv, 1872, p. 223-230, 276-289.
455. E. Plantamour, R. Wolf et A. Hirsch. Détermination télégra-
phique de la différence de longitude entre la statiun astrono-
mique du Righi-Kulm et les observatoires de Zurich, et de
Neuchâtel. Genève et Bâle, 1871, m-4", 222 p. et 3 tableaux.
8 fr. (Georg).
456. Carte générale de la Suisse; réduite de la carte de Dufour.
Berne, 1871-72; 4 feuilles, 10 fr. (Dalp).
y Google
ITALIE. 343
VIII
ITALIE.
457. Ferd, Giugni. Dizionario del regno d'lt,alia, comprese le pro-
viiicie délia Venezia, di Mantova ê di Roma, e circoscrjzione
administrativa, électorale e giudiziaria. Firenze , Stamperia
Reale, 1871, iii-8% 892 pages. 5 1. 60.
458. L. Gnegco. Nuovo Dizionario dei comuni del Regno d'Italia,
ampliato con quelli del territorio Romano, colla circoscrizione
amministrativa, e populazione desunta dagli ultimi censimenti.
Savona, 1871, in-8, 272 p. 21:
459. Dizionario classico, storico, çorografico ed archeologico dell*
Italia anlica e modema. Napoli, 1872, 10-4" (Morano). 1" fasci-
cule, 32 p.
Nous nd croyons pas que ce dictionnaire ait été continué.
460. BoUettino del Cliib Àlpino italiàno. Relazioni di eîcursioni e sa-
ille, osservazioni scientifiche ,e particolârità alpestri, pubblicate
per cura deila direzione del club. Vol. V, n* 18. Torino (1872),
p. 221-528, avec Cartes, vues et panorama.
46i. Cav. Luigi Maggiulli e duca Sigi:im. Gastromedxàno. Le inscri-
xioni Messapiche raccolte. Lecce, 1871; in-16, vn-72 pages, et
bxin fac-similé.
D'autres travaux linguistiques sont signalés. On mentionne un Essai
suUa storia délia lingua e dei diaietii d'italiajde M.Napoleone Chaiz;
une Grammaticù. storica délia lingua italianot de M. Fornaciari ; un
ouvrage considérable de M. I. Ascoli, sous le titre de Saggi Ladini ;
enfin, iin travail important de M. J. Flechia sur les dialectes du Pié-
mont. Mais nous n'avons sur ces publications que des indications in-
suffisantes, car les communications littéraires et scientifiques avec
ritalie sont encore imparfaites et limitées. Le journal géographique de
M. Cora va, nous Tespérons; combler ces regrettables lacunes.
462. A. CoviNO. De Turin à CUambéry, ou les vallées de la Dora Ri-
paria et de TArc, et le tunnel des Alpes Gottiennes. I. Notices
topographiques, historiques et statistiques. II. Tunnel du Mont-
Cenis. III. Itinéraire de Turin à Chambéry, et Excursions dans
les Alpes. Turin y 1871, in-8°, ISO pages, cartes et illustr.
3 fr. 50 c.
463. Raffaele Pareto. Relazione suiie condizioni agrariê ed ingie-
niche délia Campagna di Roma. t-Hrenze, 1872.
M. de liaveleye a donné dans la Revue des Peux-Mondes (1" juin
1872, p. 711) lin extrait analytique dei ce travail.
uigiiizeu uy >.^« v^ Vv' pc i n^
344 EUROPE. (n"^ 468-473.)
464. H. Jordan. Topographie der Stadt Rom im Alterthum, Berlin,
1871, 2 vol. in-8^ 7 fr. (Weidmann).
465. A. MoROSi. Ricerche intorno air origine délie colonie greche
nella Terra d'Otranto. Archivio per VAntropologia e Ut Etr^o-
logia, I, 1871, p. 325.
466. A. HoLM. Délia geograiîa antica di Sicilia, prima versione ita-
liana di P. M. latino. Palermo, 1871, in-16, 104 p. 2 1. 50.
467. V. Fréville. Visite aux îles Caprée et Nisita. Limoges, 1872,
in-8% 152 p.
IX
ESPAGNE.
PORTUGAL.
468. Die Balearen, in Wort und Bild geschildert. 2**' Band. Die
eigentlichen Balearen. LeipXig, 1871, in-folio, iY-666 pages,
avec frontispice, planchés en couleur et nombreuses gravures
dans le texte.
Ce deuxième Yolume d*an livre vraiment princier, est digne dui*" vo-
lume paru en 1869 (voir le t. VIII de l'Armée Géographique^ p. 378).
Je puis aujourd'hui joindre an titre de Touvrage le nom de Tauteur que
j'ignorais alors : c'est Tarchiduc Ludwig Salyator, un des fils du ci-
devant duc de Toscane, dépossédé par Victor-Emmanuel, actuellement
roi dltalie, au mois de mars 1860. C'est ajouter encore à Thonneur d'an
grand nom, et faire un noble usage de son indépendance, que de pro-
duire de telles œuvres, auxquelles nous ont d'ailleurs habitués les
princes de la Maison d'Autriche. Le volume actuel est consacré à l*!le
Majorque ; outre la splendeur de l'exécution artistique, c'est certaine-
ment le travail le plus étendu et le plus complet qui existe sur la géo-
graphie, l'histoire politique, la statistique et l'histoire littéraire de
nie.
469. J. Fr. Bladé. Défense des Ëtudes sur Torigine des Basques.
Paris, 1872, in-^% 16 p.
L*an dernier, M. d'Avezac a écrit une critique assez vive du livre de
M. Bladé sur l'origine des Basques (voir le précédent volume de VAn^
née Géographique, p. S39); M. Bladé répond ici à cette critique. Ce
sont des morceaux à lire, aussi bien que le livre lui-même, par tons
ceux qui prennent intérêt à cet ordre d'études.
470. W. Webster. Note au sujet de Touvrage de M. J. F. Bladé sur
Torigine des Basques. Dans les ISxploratiojis pyrénéennes , Bul-
letin de la Société Ramond, Bagnères, avr. 1872, p. 55-76.
Voidan auxiliaire pour M. d'Avezac. La note de M* Webster est
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ESPAGNE. 345
écrite en anglais; eDe 0*étend rartont, et d'ane manière compétente,
sur le côté de la question spécialement traité par Guill. de Hnmboldt.
L'aateur de la note yréftate très-péremptoirement les idées de M.Bladè.
M. Webster est beancoop moins précis et entre moins dans le fond des
faits quand il aborde le côté ethnologique de la question. On sent qu'il
n'est plus là sur un terrain familier.
471. C. KiNG. MountaineeriDg in the Sierra Nevada. Lond. 1872,
petit in-8% 10 sh. 6 d. (Low).
472. E. A. DE BBTTENConRT. Diccionario chorographieo de Portugal,
corn as divisoes administrativa, judicial, ecclesiastica e militar.
Precedido de um resumo de chorogfaphia patria. Lissahon^
1870, in-16, 157 pages. Carte. 7 fr. 50 c.
473. Carta corografîca dos reinos de Portugal e Algarve, 1 : 100 000' .
Feuilles 10 et 22. Lissàb. 1870-71 (chaque feuille, 7 fr. 50 c).
Quelques données sur Torigine des Basques.
A la suite de Tarticle de M. Webster, on trouve un
appendice de M. Ânt. d'Âbbadie (également écrit en
anglais) au sujet des rapports grammaticaux (il y a aussi
des rapports de vocabulaires) qui existent entre l'eskuara
ou basque et le galla. Nous donnons la traduction de ce
morceau, comme pièce à consulter dans une question
d'ethnologie, la parenté originaire des Basques, qui est
bien loin encore d'être élucidée.
c Les botanistes, avec grande raison, donnent seriatim les ca-
ractères de leurs familles. Les philologues semblent éviter cette
marche lumineuse, à tort à ce que je crois. La famille (?) tou-
ranienne, que je n'admets pas comme telle, est ainsi définie par
Brace, the Races of the Old World (New York, 1863) : V En-
semble de caractères qui ne se retrouvent pas ailleurs (défini-
tion négative qui n'en est pas une) ; 2"* agglomération ; 3" faci-
lité de produire des formes nouvelles ; 4** absence d'irrégularité
dans les formes; 5* divergence rapide de dialectes; 6* eupho-
nisme, c'est-à-dbre harmonie des voyelles, idée étrangère aux
Sémites et aux Ariens.
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346 * EUROPE. (n®" 474-484.)
k Je dôntie ci-après lès traits bstractéristiqnes de là famille que
j'appelle hamiiique, par là raison que des §ejzé groupes ou
peuplades que j'ai étadiés le premier se nomme lui-même Ham^
ou Khamtinga, c'est-à-dire « langue de Khani. i Dans cet
idiome, le locatif se forme comme en basque, en ajoutant nue
syllabe après le génitif (basque, amareklD, f avec la mère >}.
Tous ou presque tous mes caractères hamitiques s'appliquent
au basque....
« Pour citer quelques rapports de mots, owio, mère, est basque;
h(U)ury enfant, est basque. Une tribu doggo se nomme Bask^ou
Basketa; une province de TÉthiopie est appelée Àlava.Un Doggo
avec qui je causais en oromo (où gallâ) me donna de nombreux
exemples de doublés, régimes dans ses verbes, précisément
comme en basque. Je suis donc pleinement autorisé à dire à
regard du, basque ce que Linné disait i, Jussieù à la vue d'une
nouvelle plante : faciès afrïcanà, i
. Après avoir récapitulé quelques-unes des particularités
grammaticales dé ce ({u'il â nommé la famille hamitiqne,
M. d'Âbbadie ajoute :
c Arobjection que beaucoup de ces traits caractéristiques sont
ariens, je réponds qu'il en doit être ainsi; que l'àrien est seu-
lement une famille secondaire ; qu'aucune famille n'est absolu-
ment pure, mais que, pareilles à beaucoup de formations géà- .
logiques. Tune passe pluâ ou rnoins dans l'autre. J*explique de
cette manière les racines polylittérales de la famille sémitique.
Elles semblent être d'origine hamitique.
c Cette théorie n'ayant pas éié publiée, n'a ps^s été discutée,
et encore moins acceptée par les philologues. Elle parait néan-
moins expliquer beaucoup de faits anormaux, ou du moins re-
gardés comme tels dans Tétat présent de la philologie. »
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GRANDE-BRETAGNE, 347
■ X
6RANDE-tiRiTA6N£.
ANGLETERRE. ECOSSE. IRLINDE.
474. A. G. Ramsay, Director gênerai of the geological surveysof the
United Kingdom. Physical Geology and Geography of GreatBri-
tain. (3« éd.) Lond, 1872, petit in-8». 7 sh. 6 d. (E. Stanford).
475. Rob. A. "WiLLiAïts. Notes on river basins. Lond, 1873, in-8*,
'r 83 pages (Longmans).
Malgré la généralité de son titre, ce petit traité se rapporte exclusi-
vement à la géographie naturelle de la Grande-Bretagne.
476. White. History, Gazetteer and Direclory of Lincolnshire, and
the city and diocèse of Lincoln. Sheffieldj 1872, in-S». 884 pages-
30 sh.
477. Patr. Walker. Rambles. In the New Forest, Winchester,
Farnham, the Eme, Ballyshannon, Exeter^ Liverpool, Salisbury,
Canterbury, etc. Lond, 1872, petit in-8«. 10 sh. 6 d. (Long-
mans).
Morceaaz successivement publiés dans le Frcisers^s Magasine.
478. Th. NicHOLAS. Annals and antiquities of the counties and county
familles of Wales. Lond, 1873, 2 vol. gt. in-S", 63 sh. (Long-
mans).
479. Cl. Markham. The Ordnance Survey of the Kingdom. Océan
Highways, London Geographtcal Accord ,nov. 1872, p. 256-258;
déc, p. 294-296; janv. 1873, p. 327-329.
Historique de ce grand établissement géodésique, son objet, ses
travaux.
480. Walter Thornbdry. Old and New London. A Narrative of its
history, its people. Lond. 1872, in-8° lUustraled,
481. Tli. Wright. Uriconium; a historical âccount of the ancient
roman city. Lond. 1872, in-8' (Longmans).
482. T. B. JoHNSTON and Colonel J. A. Robertson. The historical
geography of the clans of Scotland. Edinb. J872, petit in-4*,
\ with plans and maps. 7 sh. 6 d. (K. Johnston).
483. R. CowiE. Shetland, descriptive and historical. Àberdeen, ISll,
in-12, 326 p. 4 sh. 6 d. (Smith).
484. Ch. Adderlby. The self-gOTernment in the colonial possessions
uigiiizeu uy >_jv^Vv'^in_
348 EUROPE. (n*** 485-491.)
of England. Review of Colonial Policy. (Article de M. de Blerzy
sur ce sujet dans la Revue des Deux-Mondes, V jany. 1872.
XI
FBiLNGE.
S 1". Généralités.
485. CoRTAifBERT. Géographie élémentaire de la France; ouvrage
rédigé conformément aux programmes de 1872 pour la classe
de septième. Pom, 1873, in-12, vin-120 p., fig.dans le texte.
486. E. Levasskur. Géographie de la France et de ses colonies.
Paris, 1872, gr. in-18, 143 pages.
487. Ad. JoANNE. Petit dictionnaire géographique, administratif,
postal , télégraphique, statistique, industriel de la France, de
l'Algérie et des colonies, contenant, pour chaque commune et
pour les principaux hameaux, le nom de la commune, sa popu-
lation, rindication du département, de Tarrondissement et du
canton auxquels elle appartient, les bureaux de poste ou télé-
graphiques qui la desservent, les stations de chemins de fer qui
y sont établies, les établissements industriels, etc. Parts, 1872,
in-8», iY-799 pages (Hachette),
Abrégé du grand Dictionnaire géographigue de la France' (voir le
t. VIII de l'Année Géographique, p. 419, n» 554), et offrant, sons de
moindres dimensions, les mêmes qualités de recherches approfondies,
de nomenclature complète et d'exactitude scrupuleuse.
488. Ludovic Lalanne. Dictionnaire historique de la France, conte-
nant rhistoire civile, politique et littéraire, Thistoire militaire,
rhistoire religieuse et la géographie historique. Paris, 1872,
gr. în-8% iv-1843 pages à 2 colonnes. 25 fr. (Hachette).
L'immensité des matières renfermées dans cette encyclopédie natio-
nale a obligé Tauteur de se resserrer pour chaque article dans la pins
grande /Concision possible; mais si le Dictionnaire historique de la
France répond brièvement à la plupart des questions qu'on lui adresse,
il est bien peu de questions auxquelles il ne fasse une réponse, et une
réponse nette et précise, c Nous avons voulu résumer par ordre alpha-
bétique, dit Tauteur dans sa préface, ce qui touche à l'histoire des
hommes et des choses de notre patrie. Des faits sans phrases, des
noms et des dates, voilà ce que Ton doit uniquement chercher dans
notre livre.... La partie biographique est la plus considérable, comme
cela devait être. La partie généalogique est très-développée..-.. »
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FRANCE. 349
S 2. Géographie physique. — Frontièrea*
489. Atlas météorologique annuel de TObservatoire de Paris, pour les
années 1869, 1870 et 1871 réunies. Paris, 1872, in-4*,15 pages
de texte et 9 cartes.
Voici la liste des neuf cartes de ce répertoire que dirigeait M. De-
laanay :
1. Carte générale des stations météorologiques de I*Europe;
3. Carte générale des stations météorologiques de la France ;
3. Carte hypsométrique de la France (au 5 000 000*);
4. Carte des orages du 9 mai i86S ;
5. Carte des orages du 17 juillet 1866;
6. Carte des orages du 23 juillet 1867 ;
7. Carte des écarts thermométriques, mars 1872;
8. Carte des températures du mois de mars 1872;
9. Carte des pluies du mois de mars 1872.
490. H. DE Lagrbné, ingénieur des Ponts et Chaussées. Cours de
navigation intérieure. Fleuves et rivières. Ahheville, 1871 , in-4'
de 222 pages. Tome II, texte.
491. Bblgrand, inspecteur général des Ponts et Chaussées. La Seine;
études hydrologiques. Pa/ris, 1872, un fort vol. gr. in-8* illustré,
et atlas de 80 pi. 35 fr. (Dunod}.
Sur l'hydrographie et le régime de la Seine.
A roccasion des crues extraordinaires de la Seine
en 1872, nn journal a publié un article qui contient des
renseignements intéressants sur le régime de la rivière, et
qui résume, dans une certaine mesure, l'important travail
de M. Belgrand, dont nous venons de donner le titre.
On sait que la Seine, avant d'être resserrée dans le lit qu'elle
remplit actuellement, occupait, à la façon d'un bras dé mer,
toute la vallée de laquelle émergeaient, comme des îles, Mont-
martre, les Buttes Ghaumont, et, sur la rive gauche, le sommet
de la montagne Sainte-Geneviève. Les travaux de M. Belgrand
sur ce bassin de notre fleuve ne laissent aucun doute à ce sujet.
Cette largeur était encore considérable au commencement de
Tère chrétienne; et quoique, d'après l'empereur Julien, le cours
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350 EUROPE. (n°' 492-496.)
de la Seine fût des plus réguliers et ne présentât que rarement
des crues extraordinaires, elle s'étendait encore assez loin dans
les prairiea qui la bordaient depuis Bercy jusqu'au Pré-auï-
Clercs, et plus loin, Grenelle et Billancourt.
La première inondation dont il soit question dans nos annales
est celle que rapporte Grégoire de Tours, et qui eut lieu en 583.
« La Seine et la Marne, dit l'historien, causèrent une si grande
inondation autour de Paris que beaucoup de naufrages eurent
lieu entre la cité et la basilique de Saint-L^urept- ^On croit
que l'église Saint-Laurent dont il est question était située snr
l'emplacement de celle jjui existe encore au faubourg Saint-
Martin. Il est en* effet* jjémo'ntrë qu'il y avait pntre l'Ar-,
senal et Saint-Laurent un canal qui occupait à peu près l'em-
placement de notre canal de TGurCij, mais qui recevait les eaux
de la Seine et abritait les bateaux perîdapt l'hiver. '
Nous n'avons pas de détails bien précis sur les inondations
de 821, 886, 1196, 1288, 1296 et 1540. La hauteur des eaux
pour ^615, fjp juillet, est donnée par certains ouvrages comme
i^yant été <Jo 9 mètres 4 : mais cq cHififre est réduit par d'autres
à 8 mètres 4. En 1649, 1651, 1658 et 1690, la Seine atteignit
7 n^ètres Ç4, 7 mètres 83, 8 mètres 81, et 7 mètres 55. En 1711,
elle marqua 7 mètres 62, et ^n décembre 1740, 7 mètres 91.
Cette crue de 1740 est une des plus intéressantes, en ce
qu'elle nous permet de démontrer la possibilité du fait rapporté
par saint Grégoire. C'est surtout sur la rive droite de la Seine
et par le faubourg Saint-Antoine que le jQeuve se répandit dans
Paris. On peut voir encore ou du moins nous avons vu, il y a
quelques années, près de la porte de l'hôpital des Quinze-Vingts
une inscription rappelant ce fait, file est sj^insi conçue :
c X.e 35 décembre 1740, la pointe de Içt rivi&rre est venue vis-
à-vis de cette pierre. Signé : Bouquet, »
Dans notre siècle, les plus hautes eaux ont été : en 1802, 7
mètres 44 centimètres; en 1836, par deux fois, 6 mètres 40 cen-
timètres et 7 mètres; en 1850, 6 mètres 5 centimètrjss ; et en
1866, 6 mètres 20 centimètres.
La comparaison de ces chiffres permet encore de conclure
que depuis l'ère chrétienne les crues de la Seine ont toujours
été de moins en moins considérables. Au-dessus de 8 iiiètres
dans le dix- septième siècle, elles n'atteignent plus une seule
fois ce chiffre dans le dix-huitième siècle, et depuis le commen-
cement du dix-neuvième, elles n'ont dépassé qu'une fois 7 mè-
tres ' . ■
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FRANCE, HYDROGRAPHIE. 351
H est probable que cette diminution constante correspond avec
une diminution équivalente dans le volunae ordinaire des eaux,
lia biauteur naoyenue calculée par Lalande était en effet de
1 mètre 25 centimètres. Les évaluations du commencement du
siècle ne dctnnaient plus que 1 mètre 24 centimètres. Nous ne sa-
yons si de nouveaux calculs ont été faits depuis 1840.
Par contre, les plus basses eaux ont été constatée? en 1858.
Elles ont été alors de 0™85 au-dessous de l'étiage du pont de la
Tournelle, qui avait été établi sur les basses eaux de 1719.
Les années 1731, 1767, 178Ç, 1794, 1800, 1803, 1822, 1863
et 1864^ont été aussi inférieures au niveau de 1719; il n'y a que
1790 qui l'ait exactement reproduit.
492.***Les précipices de la cascade de Gavamie. Explorations pyre-^
nëennesj Bulletin delà Société Ramond, cet. 1872, p. 181-184.
« G*e8t une course insensée, dit l'anteur de la note, dont je ne fais
mention que pour en détourner ceux qui voudraient la faire et qui
tiennent à là vie. »
493. Comte H. Russbll. Le Mont-Perdu (3351 mètres). Son ascension
par l'est. Ibid.j p. 184-192.
494. Gh. Mabtins. Une station géodésique au sommet du Ganigou,
dans lès Pyrénées-Orientales. Revue des Deux-Mondes, 15 déc
1872, p. 867-887.
Sous ce titre un peu limité, le savant auteur de ce travail ne re-
trace rien moins que l'histoire de la géodésie française. Nbus y re-
viendront.
495. Ed. Whtbiper. Escalades dans les Alpes, de 1860 à 1869. Trad.
de Tangl. par Ad. Jeanne. Paris, 1873, gr. in-8", iv-431 pages,
avec 108 gravures et 6 cartes (Hachette)
Je ne sus pas de roman plus émouvant qne les EsccUades dans es
Alpesy de M. Edouard ^hymper, an touriste leste comme un chamois,
•plus hardi qu'un aéronaute, que l'attrait des ascensions a saisi comme
une vocation, et qui est parti de Londres, un beau jour, en déclarant
la guerre aux montagnes. Pour venir à bout de cette gigantomachie
hasardeuse, il avait la volonté à défaut dès bras d'un Titan. Les pics
les plus ardus, les cimes les plus farouches des Alpes du Dauphiné, de
la Suisse^ de Tltalie et de la Savoie ont été domptés par son pied vain-
queur. Je vous recommande son escalade du Cervin, une montagne de
quatre mille quatre cent quatre-vingt-deux mètres d'altitude, inacces-
sible entré toutes, dressée et taiUée à pic, entourée d'une ceinture
d'immenses précipices. M. Whymper assiégea six fois cette forteresse
imprenable de la nature, six fois il fut repoussé. Un jour, entre autres,
il tomba de soixante-dix mètres en sept ou huit bonds. L'artillerie
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352 EUROPE. (n** 497-498.)
même ne manqaa pas à la défense de la place. A défaut de boulets, la
montagne lançait à son assaillant les pierres de ses avalanches. An
septième as