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ScctU)U des
ons aux CiLoyens des quarante- ^epi
Sections de Par- * ' ' '
Je poursuivrai tous les factieux , de quclciue partfetu’ils soient. '
Mira b f a d . . ü f
L:es temps de rëvoîütions amènent
rement de grands compfets , de gran
nemens. Le peuple étoit mécontent
constitution ; cependant il attendoit avec
constance rajournement qu’elle avoit pro-
noncé elle-même pour sa révision. Mai^ le
poùvpir exécutif constitutionnel , haineux '
^malveiliant , stationnaire sur 'ses idans et
conspirateur , iivroit à chaque instant des
attaquesà la liberté jusque dans ses premier^
élémens :^c etoii averti]' la liberté qireîle de,-
voit èlle-méme renverser et. les trônes et
les rois , puisquiis ne pouyoient exister
ensemble. , i ..
Une guerre a donc été proclamée'; des
combats se sont livrés , la victoire s’est déci-
dée pour le peuple ; le peuple triomphe, la
liberté reste, elle est impérissable, elle restera.
. Citoyens , dans les temps ‘de révolutions
•' . A' ■
il faut sur-tout savoir diriger les élans du
courage : les politiques les mesurent , et ils
doivent les faire frémir ; mais les bons pa-
triotes savent les contenir pour les faire servir
au maintien des vertus publiques et des cou-
raees qui , tantôt irréfléchis , tantôt raison-
né! se confondent, se neutralisent , c-omme
pour préparer toujours le succès.
Il est aussi des instans de découragemen
‘ et de lassitude , où les chefs doivent paroitre
téméraires , pour faire renaître une confiance
audacieuse ; c’est dans toutes ces circons-
tances que le cœur humain se déploie et
eue la nation qui agit , se montre ce qu elle
est. Dans ces différentes situations on ne
sait ni où l’on est , ni où l’on va , ni ce qu on
veut , ni ce qu’on doit vouloir ; mais rare-
ment cependant le peuple fait des méprisés .
des partis se forment , mais ils tendent , sans
le savoir, à la sûreté publique , car ils s e-
branlent, ils se détruisent réciproquement
ils peuvent bien être injustes , mais jamais
ils ne peuvent être pernicieux sur la terre
de la Hberté. Ils se balancent , et par leur
propre pesanteur ils nous défendent, ils nous
préservent de tout engouement insensé. La
tactique de leurs froissemens , l’application
des exemples , l’équipondérance du zèle ,
toutes les mesures réciproques des diffeiens
K ?
(}.)
partis (lo^icnnent inliahilcs f't ineapal>le3 do
prévaloir IV^^e sur rautre. Ainsi les divisions ;
' les' ‘haiiie?» ■'t^ambition', la rivalité , les intri'-
filtres', -les faciions, rien de tout cela n^éten-
dra sa puissance sur le peuple , parce C[ue
le^ peuple lie voudra ni de ni de MiXY^
vins. ;À\v^\Antoine \ parce que le peuple ne
voudra' point obéir à un Octave devant le-
^ quel, àrk honte de la liberté de, Rome , tous
les pouvoirs vinrent se courber. ^ «"cq-
Peut être faùt-il, pour que la liberté reste.*
peut-être faiit'il encore que les plaintes con-^
linuent dë circuler sourdement ; que les pas-
sions , tour à tour aigries ou calmées , pr^a-
rent pendant long-temps le régne absolu de
' l’égalité. Cette babitude- menaçante secoue
la paresse-; elle fait sortir les citoyens d’un
état d’inértie funeste à la liberté ; elle* pèse
sur îesCvolontés particulières , et rehausse
» touj ours rla' volonté générale. Ainsi un pre-
mier pas :vers la liberté nous met à même
d’en faire un second ,.pu£s un troisième puis
enfin le derriier. ^
-‘•Est-il nécessaire de le répéter? aumilieu
de la guerre , et de la^guerre pour la liberté ,
au moment où s’ ouvre^> F assemblée conven-
tionnelle de la nation , nous devons -nous
attendre à de nouveaux orages, à des.. agita- ^
( 4 /
tîbns 'salariées ^ à des perl'urLations ambi-
fimises , â des cdmpiots anarchiques liantôt
îikjséront -purement populaires et politiques ;
Koatis d’autres fois aussi ‘ ils auront des vues
profondes 3 et ils tiendront à des inaclima-
tiohs sdriminelles y audacieuses y qui seront
l’ceuvrp^ d^s ennemis extérieurs y réunis aux.
îiommes anxbitieux ou corrompus niais ces
grands. cmis pirateurs y mais leurs . combinai-
sons conjuratrices et toutes leurs réactions
antes » tout disparoitra devant la
vjolonté du peuple , du peuple instruit^ dé-
?el aimant r'exécution des îoix*
“.s(g))fDans des observations contemplatives
Ja. situation politique d’un peuple y situa»
à fait semblable à celle où nous
nous trouvons , Raynal , dans le moment de
îa^. pureté de son cœur et de rénergie de son
anteiy.iSe faisoit cette question : ce , Quel est^-
» alors le rôle des puissances voisines ? Tel|||
» qui! a été dans tous les temps et dans ^
toutes les contrées ; c’est de semer des^
ombrages entre tous les citoyens. ; c’est
5> dé ; ieur suggérer les moyens d’avilir y d’a-
3^ feiisser , d’anéantir rautorité légitime ;
c’est de corrompre ceux memes qui sont
» —
('1.) 13 V. 19- y tome X..
» t'assemblés pôùr T organiser I c^est de faire
3) adopter quelrpies formes d'adniiiiistralion
3) égalemenr nuisibles à tout le corps ntitio-
nal qu’elle àppauv it , sous lè préiexte de
travailler' à sa liberté....
Quel est alors l’élat de la. nation ? Qu^a
D) produit l’influence des puissances voisines?
5) Elle a tout Confondu , tout bouleversé >
35 tout séduit par son argent et par ses me-
33 nées. ]1 11 Y a plus qu’un parti, cest te^
35 parti de V étranger, 33- ‘
Citoyens , défions-nous du parti de Ve--
trnngèr ; il est dans Paris , il est dans nos
murs, ily est plùsredoutaWe’qu’on ne pënàe.
Entourons-nous de défiances , portons-nous
réciproquement la luinièrë pour le combattre*
Ne nous séparons jamais de la chose pu-
blique ; isolons nous de tous les chefs d’o-^
piniôn , qui ne doivent souvent leur répüta-»
tion qu’au parla ge , qu’à de f audace sans
vertu , sans moralité , sans courage ; ne nguà
( sacrifions plus qu’à la chose ; pensons^ réflé-
chissons pat nous-mêmes , ne souffrons plus
que d’autres s’arrogent le droit de penser et
dé considérer pour nous ; car, sans nous en
douter , ce seroit nous donner des maîtres ^
nous serions les janissaires de certains per-
sonnages , et nous cesserions d’étre les sol-
* A3
I
( 6 )
dats de la liberté. . . . Mais , dira-t-on , celui-
là a bien servi son pays.... Il n’a fait que
son de voir -. s’il fût resté dans Tinaction , un
autre citoyen eût occupé son poste , et il
eût peut être servi le peuple avec plus de
gloire ! D’ailleurs , si nous voulons être li-
bres , vraiment li res , ne jugeons les bom-
îiies qn’à la journée , ne nous souvenons
jamais de la ve lie , examinons aujourd’hui ,
et attendons encore demain , car tout est
péril pour ta liberté , si nous avons la foiblesse
de sacrifier aux personnes , et de donner des
préférences.
Mably ( i) , cet écrivain vertueux a su nous
présenter aussi tine situation pareille à celle
qui nous dévore ., comme pour nous repro-
duire. ce Si les citoyens , dit ce philosophe ,
après avoir rendu l’autorité méprisable^
cc parviennent à ne plus craindre et à ne
5 ) plus respecter les magistrats , on tombe
3 ) dans ranarchie. La licence de tout faire
33 produit tous les abus : bientôt tout le
monde est mal à son aise ; on offense ,
33 on est offensé ; on opprime , on est op-
33 primé ; on se lasse à la lin de cette si-
( I ) Dans ses observations prophétiques en son traité
Droits et des Devoirs du Citoyen , page 349.
(?)
D3 tuatîon incommode , on veut recourir aux
loix ; mais leur autorité est avilie ; et dès
» qu’on ne peut en attendre aucun secours ,
D) cliacun pourvoit à sa sûreté particulière
5) en faisant des ligues et des partis : les
» passions deviennent atroces ; chaque ca-
.. balg a son chef quelle regarde comme son
protecteur et son vengeur , et il s élève
33 un tyran sur les ruines de 1 anarchie. 33
Non , citoyens , il ne s’élèvera pas de ty-
ran au milieu d’un peuple libre , ni pour
opprimer un. peuple qui veut des loix , qui '
demande des loix et un gouvernement. Sous
quelque dénomination que ce soit , le peu-
ple français , ^qui vient d’abolir, la royauté ,
ne veut être maîtrisé que par la loi : ainsi ,
si nous voulons vivre etv mourir républi-
cains , défions-nous de tous ceux qui, au
milieu de notre état d’inconstitution , veu-
lent par un accaparement de popularité , se
constituer en chefs; la liberté n’en veut et
n’en reconnoît aucun.
D’autres, plus coupables peut-être, vou-
droient devenir les maîtres par l’effet de la
"‘terreur ; car ils savent que la terreur fait
prononcer les isolemens ; qu’elle détruit les
liens de la société ; quelle sépare les fa-
milles , les amis-, et quelle contraint les
{
( 8 J
cltôyeiis derestef dans leurs maisons , mUétSi
inquiets sur 1 état de la cliosé publique ^
inhabiles à y participer par aucune volonté
active , entreprenante , conrageuse et pitre
eoinme la vertu. Oui , la terreur se jette
âü milieu des Uitoyens par les proscriptions ,
par les eMprisonnemens ,,par les peines >
par le sang: ôr ,
3 ) Une république
3) ceux qui vouloient là renverser ^ il faut
53 se bâter de mettre fin aux vengeances ,
aux peines et aux récompenses mémes.-
33 On ne peut faire dé grandes punitions ^
et par conséquent de grands changemens
sans mettre dans les jnains de quelques
33 citoyens , un grand pouvoir. Il Vaut donc
:o mieux, dans ce cas , pardonner beaucoup,
33 que de punir beaucoup ; exiler pen , qu’exi-
33 1er beaucoup; laisser les biens , qué dé
3) multiplier les conHmatioiis. Soüs prétex:te
33 de la vengeance de la république , on établi--
33 roit la tyrannie des Ye'ngetirS : il fi’ést pas
33 question de détruire celui qui dominé, mais
33 la domination : il faut rentrer , le pîiis tôt
>3 que 1 on peut , dans ce train ordinaire du
33 gouvernènierit, où les loixqirotégent tôut,
33 et ne s’arment contre personne 33.
( I } Esprit des noix , châp. 18.
( 9 •)•
Cependant, oh sait toujours présenter au
peuple ces proscriptions comme une néces-
sité, comme un besoin pénible, enfin , comme
le salut public : en, cela on se reporte, à 1 î^
formule des anciennes proscriptions, ce Et
>> ypus diriez , continue Montesquiep , qu on
yy n’y , a d’autre objet que le bien de la répu-
Dî.Uique , tant ôn y.paile de sang-froid; tant
ai, .on y hiontre d’ayantages; tant les. moyens
qxie^l’on prend sont préférables à d’autres f
:» tant les riches seront en sûreté ; tant Iq
» peuple sera tranquille ; tant on craint de
».;.mettre,en danger la vie des citoyens ; tant
a>^^oh veut appaiser Jes soldats ; tant enfin on
aa sera heureux. .
, p^^IxQiiie^^étoit inondée de sang, quand
aa ,Làpidus triompha ded’Espagne ; et„ par
aa une absurdité sans exemple , sous peine
aa d’etre. proscrit, il ordonna de se réjouir aa^
Citojens , ne nous laissons point , égarer ;
ne nous laissons point abattre : la liberté est
là , 'qui, nous attend. Que la popularité, des
un^ , que la. terreur dont s’entourent les autres ;
qup des proscriptions , c|ue les vengeances,,
que les conjurations , que les défiances , que
sur-tout la crainte de l’anarchie , que rien ne
nous éloigne du chemin de la liberté ; notre
constance nous la promet, nos vertus nous
la prépârènt , noH'e union k garantira.
Que cëtik-là qui ont aide le peuple à renver-
ser ies^frones et à renvof br les rois^ ne puissent
âoîicqanikis , non jamais!...., espérer de së
faire mettfe à leur place : nous ne vôulons de
t}'ràns soits aucune dénomination^ sous aucun
inasque ,‘’pas même sous celui de la vertu:
Nous ne‘ Vôulons ni dictateur ^ ni décemvirs ,
ni iriiimvirs/ ni protecteur, ni pontife : nous
voulons LÀ LOI SUlt'LE^Tîl'Ôix^E', ET RIENqUE^LA.
noi ; et , en signe dô ce ^œu que nous vdus
engageons'à exprimer de nôiiVeau avec' nous,
avec vos frères , nous vous proposons de pUr-
tèf ensemble , au milieu de rassemblée cdn-
ventionelle, un trône somutueux. sur ïerrnel
et se présenteroient eux seuls pour soutenir
la liljerté; comme Atlas portoit l^g. inonde î
La liberté, ïh^^naniic, La justice, t interet
du peuple, assurément ,, ce sont- là de t^rands
mots ; mais ils ue .doivent pas nous, séduire:
mais ce ne sont'^pas^ ceux qui les .profèrent
le plus souvent qui sont les plus ^ dignes de
notre confiance; ni ceux-là qui se cachent
lorsque le dan p^er est imminent , ou qui ne se
montrent que lorsqu Ü n est point encore ar^
rivé', ce ne sont point les désorganisateiirs
qui sont les vrais amis du peuple (i), mais
seulement ceux qui ont pour eux des actions,
et qui ont donné.des. exemples; ceux qui sont
* courageux avec modestie, qui sont persevé-
rans sans audace, et qui ont servi le peuple
avec constance , et sur-tout en lui disant des
vérités sévères. Citoyens , replions et éten-
dons nos pensées* sur tout ce;qui s est passé,
sur tout ce, qui nous environne , et sur tout ce
qui nous attend encore. Pieclierclions , en nous
éclairant mutuellement , quelssontlesiiomines
de courage , et qui ont des vertus ; mais que
ce soit encore sans nous asservir , mais que ce
soit toujours avec cette pensee , que le legis-
(i) Se donner (à soi) le nom i^Ami du Peuple. , pu
bien obtenir ce titre honorable par l’opinion , ce sont deux
choses très- di^ér entes.
lateur n’est pas la loi; que le juge n’est pas la
justice ; quë les ministres des cultes ne sont
point la piete. ....... enfin, que les hommes,
quels qu’ils soient, et quels que soient les noms
qu’ils portent , ne sont pas la chose publique ;
qu’ils ne la seront jamais , èt qu’ils ne doivent
point espérer de nous faire méprendre.
'Les citoyens de la section des Quatre-Na-
, tions , invitent tous leurs, concitoyens de Paris
à prendre un arreté conforme au leur, et de
nommer des commissaires , qui s’assemble-
ront le samedi, 6 octobre , à la maison com-
mune, bureau central , à 9 heures
du matin ^ pour prendre ies ^mesures d’exé-
cution , à l’effet de porter , au milieu des re-
présentans du peuple, le vœu des sections
contre tous les chefs de partis7 car le peuple
SOUVERAIN ne veut avoir, pour régulateur ,
que la loi qui nous garantit la liberté^ léga-
lité ^ le respect des personnes , et la sûreté
des propriétés. Puisse le vœu des citoyens
de la section des Quatre-Nations , être bientôt
celui de tous les peuples de la terre.
Arrête le 12 septembre , et approuvé pour
l’impression, le 20 du même mois, l’an pre-
mier de la république.
J ' '
M U T E li , président'^ T h i e y , secrétaire.